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00:007h46, vous avez la parole, ce matin nous parlons santé et on vous pose cette question, trouver un médecin c'est parfois une sacrée épreuve Théo.
00:07Oui, notamment un médecin généraliste, c'est ce qui ressort de notre grande consultation sur francebleu.fr avec make.org.
00:14Vous avez été plus de 50 000 à participer pour apporter vos propositions sur comment améliorer le système de santé et l'accès aux soins.
00:23On va détailler vos propositions et puis demander son avis à notre invité Débora Kada, bonjour.
00:29Bonjour, merci d'être avec nous ce matin sur francebleu.
00:33Isère, présidente du syndicat MG France en Isère, premier syndicat de médecins généralistes alors qu'on apprend ce matin à Grenoble dans le quartier Gustave Rivet
00:41que pas moins de 7 généralistes vont arrêter leur activité en l'espace d'un an.
00:45Résultat, près de 10 000 personnes vont se retrouver sans médecin.
00:49Comment on en est arrivé là Madame Kada ?
00:52On en est arrivé là, bien disons que ça fait longtemps qu'on sait qu'on va en arriver là.
00:57À commencer par le numerus clausus, donc la limitation du nombre de médecins formés depuis plus de 10 ans.
01:04Donc là aujourd'hui on ouvre un peu plus les portes mais comme il faut 10 ans pour former un médecin, on n'en a encore pas les bénéfices aujourd'hui.
01:11Une profession qui est en souffrance, qui est encore plus en souffrance depuis le Covid et qui n'a cessé de le crier haut et fort.
01:19On était encore en grève il y a moins d'un an pour demander une revalorisation ne serait-ce que de nos honoraires à la juste mission que l'on fait.
01:28La consultation a été revalorisée à 26,50 euros, c'est suffisant ou pas encore ?
01:34Vous savez qu'elle doit être revalorisée à 30 euros à partir du mois de décembre.
01:39La dernière convention c'est ce qu'elle a décidé et malgré il aura fallu plus d'un an et demi pour arriver à un tarif qui aurait dû être celui d'il y a un an et demi.
01:52Donc on prend toujours du retard et depuis beaucoup de médecins ont décidé d'arrêter cette activité.
01:59Non pas que pour des raisons financières mais c'est juste l'équilibre entre le travail, la charge de travail et les charges et la rémunération qui ne sont pas du tout équilibrées.
02:13On va détailler tout cela avec vous Déborah Kada dans un instant, présidente du syndicat MG France en Isère.
02:18Un détour par le standard de France Bleu Isère, Mathieu parce qu'on a plusieurs réactions.
02:21On a Geneviève qui nous appelle, bonjour Geneviève.
02:24Bonjour.
02:25Pour discuter avec vous justement de ces difficultés à trouver un médecin généraliste spécialiste.
02:30Ce seraient plutôt les spécialistes parce que la généraliste j'ai eu la chance de pouvoir l'avoir au moment de l'ouverture de la maison de santé de la butelaise Isère.
02:41D'accord et vous avez je crois Geneviève participé à notre consultation sur francebleu.fr.
02:47Qu'est-ce que vous y avez indiqué ? Quelles étaient vos propositions ? Vous avez voté peut-être pour des propositions ?
02:53Oui mais moi je pense que c'est vrai que le numérosclerosis n'a pas apporté du mieux.
03:02C'est incroyable de faire des économies sur la santé.
03:06C'est quand même la force du pays.
03:09Si les gens sont balades, ils ne peuvent pas se faire soigner, ils ne peuvent plus travailler.
03:15Mais je pense que quand un jeune a fini ses études de médecine, il faudrait l'obliger à aller dans les secteurs où il manque de médecins.
03:29Dans les déserts médicaux.
03:30C'est une des propositions d'ailleurs en milieu rural.
03:32Ça revient régulièrement.
03:33On va poser la question à notre invité. Merci Geneviève Deschirolles de nous avoir appelé ce matin.
03:39Boracada, présidente du syndicat MG France en Isère.
03:42Cette question d'obliger les médecins et les jeunes médecins à s'installer dans les déserts médicaux, ça revient beaucoup dans notre grande consultation.
03:49Quelle est votre position là-dessus ?
03:51Effectivement, ça revient régulièrement.
03:54Ça fait des années qu'on en entend parler.
03:56Et on sait à quel point c'est contre-productif.
03:58Si on reprend l'exemple de Geneviève, de demander l'obligation à un médecin qui sort de la faculté.
04:04Un médecin, quand il sort de la faculté, il a en moyenne une trentaine d'années.
04:07Il a des fois une vie de famille.
04:09Déjà, il n'est pas tout seul.
04:11Lui demander d'aller s'installer dans un désert médical.
04:14Si on parle aujourd'hui de désert, on pourrait même les hiérarchiser.
04:17Puisqu'aujourd'hui, il n'y a aucun des territoires français qui ne soient pas un désert médical.
04:20Puisqu'il n'y a aucun territoire qui est en surplus de médecins.
04:23Ça n'existe pas.
04:24Des médecins au chômage, si je pouvais utiliser cette expression.
04:29Aujourd'hui, ils peuvent s'installer n'importe où.
04:33Ils vont avoir du boulot et n'importe quel lieu est considéré comme un désert.
04:38D'autre part, si on les oblige, ça va plutôt les faire fuir ces jeunes médecins.
04:42Comment accepter à 30 ans de se retrouver obligé d'aller s'installer au cœur d'une région rurale, loin de tout, avec sa famille ?
04:52Ça paraît être une contrainte qui est plutôt non attractive qu'attractive à l'heure d'aujourd'hui.
04:58Peut-être que la proposition de Chris sur francebleu.fr va davantage vous plaire, Déborah Kada ?
05:03En fait, il l'avait formulée un peu différemment.
05:06Il dit qu'il faudrait mettre en avant les avantages de travailler en milieu rural à l'université.
05:10Les communes pourraient préparer cabine et logement.
05:12Il témoigne dans l'obligation d'y aller.
05:13Dans l'incitation, effectivement, et notamment dans l'incitation dès l'université.
05:17Parler des avantages d'être médecin généraliste, notamment en milieu rural.
05:21Qu'est-ce que vous en pensez, ça, Déborah Kada ?
05:23Est-ce que c'est fait aujourd'hui ? Pas assez, peut-être ?
05:26En fait, quand je vous écoute, ça me fait penser à tous ces maîtres de stages universitaires
05:31qui accueillent des étudiants dans leur cabinet, qu'ils soient en ville ou en rural.
05:36Et effectivement, on se rend compte que ceux qui sont en rural arrivent à faire découvrir leur exercice
05:41et à donner envie à des jeunes de s'installer dans leur cabinet ou dans le monde rural.
05:46Donc, effectivement, ça attire.
05:48C'est déjà des choses qui se font un petit peu.
05:50Il n'y a pas d'enseignement au sens propre.
05:53Mais il y a des cabinets qui ouvrent leurs portes et qui accueillent des jeunes étudiants.
05:56Et c'est une façon, effectivement, de faire découvrir un autre exercice que l'exercice salarié.
06:00Déborah Kada est notre invitée présidente du syndicat MG France en Isère.
06:04Je reviens vers vous, Déborah Kada, dans un instant.
06:06Simplement, on a beaucoup de réactions au sondage de France Bleu Isère, Mathieu.
06:09Quelques réactions aussi sur notre page Facebook, juste avant d'accueillir André, qui nous appelle de Valencogne.
06:13Oui, on a des bonnes et des mauvaises nouvelles.
06:15On a Olga, par exemple, qui nous dit, nous avons encore la chance d'avoir un cabinet de 4 médecins à Saint-Vincent-de-Mercuse.
06:20Mais c'est dommage qu'à l'heure actuelle, la France soit en régression au niveau de la santé.
06:25Et puis, on a Colette, qui est en colère ce matin, qui nous dit que son médecin généraliste a annoncé qu'il prenait sa retraite à la fin de l'année.
06:33Ils ont appelé tous les cabinets autour de chez eux.
06:36Toujours la même réponse. Nous ne prenons pas de nouveaux patients.
06:39Ou alors, on vous met sur liste d'attente.
06:42Sauf que quand on est malade, on peut difficilement attendre.
06:45Et on va aller prendre le témoignage d'André, qui nous appelle de Valencogne, juste à côté du lac de Paladru.
06:49Bonjour André.
06:51Bonjour.
06:52Donc André, vous êtes vous aussi dans cette situation.
06:55Je suis dans cette situation actuelle. Je l'ai vécue hier après-midi, où j'ai pris vraiment conscience de ce que ça voulait dire « désert médical ».
07:03J'ai une sinusite qui s'est transformée en otite.
07:08Il m'a fallu une journée complète pour arriver à une visioconsultation.
07:14Et tenez-vous, on m'a dit « Monsieur, pour votre titre, on peut vous proposer un rendez-vous pour juillet 2025. »
07:24Écoutez André, on va partager cette réflexion avec notre invité. Merci de votre appel.
07:31Et puis, ce que je voulais vous dire aussi, parce que ça pour moi c'est important.
07:34Ils vont peut-être m'appeler un vétérinaire.
07:36Parce qu'un vétérinaire, 30 minutes, une heure maximum, on est à la maison pour soigner nos animaux.
07:41Vous voyez, effectivement, la comparaison n'est pas très méliorative.
07:45Notre invité, Déborah Kada, présidente du syndicat MG France en Isère.
07:48Peut-être une réaction ? Et vous vouliez ajouter quelque chose sur l'incitation des médecins à travailler en zone rurale ?
07:54Ce que je voulais rajouter, c'est que l'Atlas démographique, qui est paru de 2024 et qui est réalisé par le Conseil national de l'ordre des médecins,
08:03fait le conseil qu'il n'y a jamais eu autant de médecins en France.
08:07Donc, il n'y a jamais eu autant de médecins en France.
08:10Par contre, la part des médecins libéraux et notamment des médecins généralistes est celle qui est la plus en baisse.
08:16En gros, ce qu'il faut comprendre, c'est que les médecins sont devenus des médecins salariés
08:20ou vont faire des exercices différents de la médecine générale.
08:23D'où, effectivement, la grande difficulté de rencontrer un médecin, notamment quand on a une sinusite.
08:28Vous parliez du nombre de médecins, effectivement.
08:31Le nombre de médecins est reparti enfin un peu à la hausse en 2024.
08:35Il y a 1672 médecins de plus que l'an dernier selon l'ordre des médecins.
08:39C'est une première depuis 10 ans. Est-ce que c'est le début, peut-être, d'un mouvement un peu plus large ?
08:45À condition qu'il s'installe en libéral et qu'il s'installe en médecine générale.
08:50Sinon, la problématique sera toujours la même.
08:53Et votre auditeur qui ne trouvait pas de médecin pour sa sinusite sera toujours en peine pour avoir une consultation.
08:59Qu'est-ce que vous attendez maintenant comme mesure urgente ?
09:04Dans les mesures urgentes, c'est bien faire comprendre que pour rendre notre métier attractif,
09:11il faut réfléchir à une meilleure organisation de la santé et de l'organisation des soins.
09:16De donner envie aux jeunes de venir s'installer et de monter des cabinets médicals
09:22ou de rejoindre des maisons de santé professionnelles et donc de travailler en équipe.
09:26Aujourd'hui, on parle d'unité médicale de proximité où on retrouve un médecin généraliste
09:31qui ne travaille plus tout seul et qui travaille avec une assistante médicale,
09:34avec une infirmière de santé publique, avec une infirmière de pratique avancée,
09:38avec sa secrétaire, un médiateur en santé, donc un médecin à plusieurs bureaux autour de lui.
09:43Et ça, ça lui permet notamment de mieux travailler et de faciliter l'accès aux soins,
09:47puisqu'il n'est plus tout seul, de travailler avec les autres professionnels de santé,
09:51améliorer la coordination, la coopération, rendre les choses faciles
09:55et pas seulement des glissements de tâches sur des tâches qui sont simples.
09:58La problématique aujourd'hui, c'est que le médecin généraliste a besoin d'aide
10:01plutôt sur des tâches complexes et pas sur des tâches simples.
10:04Donc on lui retire, on entend souvent ça, on lui retire les choses faciles,
10:08les consultations simples, ce qui nous fait des fois râler.
10:12Mais finalement, ce n'est pas ces consultations simples qui nous font perdre du temps.
10:17C'est plus ces consultations complexes.
10:20Merci Déborah Kada, présidente du syndicat MG France en Isère.
10:23Écoutez, on vous a entendu ce matin et je vous rappelle la consultation sur francebleu.fr avec make.org.
10:29Jusqu'au 15 novembre.
10:30Jusqu'au 15 novembre, exactement. Merci Déborah Kada, belle journée.
10:33Merci à vous, bonne journée à vous aussi.