Avec Françoise Degois et Elisabeth Lévy
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##DITES_LE_FRANCHEMENT-2024-10-08##
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00:00— Le nom d'Emmanuel Macron, Benjamin, a été hué hier soir lors de l'hommage aux victimes du 7 octobre.
00:07— Oui, exactement. Cérémonie organisée par le CRIF, le Conseil représentatif des institutions juives de France.
00:12Le président de la République n'était pas présent, mais son nom a été cité.
00:16Par qui ? Par le Premier ministre Michel Barnier dans son discours à la Tribune.
00:19— Je veux aussi témoigner, comme je l'ai fait tout à l'heure en recevant leur famille,
00:25mon soutien personnel et l'engagement, qui est aussi celui du président de la République,
00:30à tout mettre en œuvre pour les faire libérer. La France...
00:34— Oui ! — La France... La France n'abandonne jamais ses enfants.
00:43— Le nom du président, vous l'avez entendu, hué une première fois, puis une seconde à la fin du discours.
00:48— Vous pouvez compter sur le président de la République, sur le Premier ministre...
00:52— Sur ! — Sur ! — Sur ! — Vous pouvez compter sur le président de la République, sur le Premier ministre,
00:59sur tous les membres du gouvernement... — Des huées, des sifflets et pas seulement...
01:04— Et des applaudissements aussi. — Des applaudissements ensuite. Alors on sait pas si c'est pour les ministres ou pas,
01:08puisqu'ils parlaient de ces ministres. Ajoutons quand même que... — C'est peut-être pour Barnier.
01:12— Peut-être. En tout cas, selon l'AFP, c'est allé plus loin. Certaines personnes ont également crié des armes.
01:18Réponse directe au président de la République qui, souvenez-vous, avait appelé ce week-end à ne plus livrer d'armes à Israël
01:24pour mener ses combats à Gaza. — Je pense qu'aujourd'hui, la priorité, c'est qu'on revienne à une solution politique,
01:28qu'on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza. La France n'en livre pas.
01:33Et maintenant, notre priorité est aussi d'éviter l'escalade. Je considère qu'au-delà de ça, le peuple libanais
01:39ne peut pas à son tour être sacrifié. Et le Liban ne peut pas devenir un nouveau Gaza.
01:45— Propos tenus sur France Inter, des propos qui ne sont visiblement pas passés auprès d'une partie de la communauté juive de France.
01:50— Bien. Alors, vous étiez hier soir... — Non, non. Je dois dire... Déjà, je trouvais que c'était une journée très triste.
01:56— Oui. — Moi non plus. On n'avait pas envie d'aller là-bas. — Je dois vous dire que d'abord, je n'aime pas les siffler.
02:02Je n'aime pas les huer. Pour moi, c'est le signal faible de la barbarie. Je n'aime pas qu'on hue le président de la République,
02:08malgré tout le mal que je pense de sa position... Enfin de sa position du lundi. — De son intervention.
02:16— De sa position du lundi, parce que la position du mardi, souvent, est bien. Et la position du mercredi...
02:20— Non mais ce qui est extraordinaire, c'est que ce qu'il a dit le samedi, ça a été enregistré le lundi d'abord.
02:26Donc quelle faiblesse de l'Élysée ! — On devient dingue. Je pense que sa position là-dessus ne va pas du tout.
02:31On en a parlé hier. Je sais qu'on a un désaccord sur la raison. Maintenant, il faut savoir aussi...
02:37Et je passe la parole tout de suite à François. Il faut savoir, moi, je suis passé dimanche à la première manifestation pour le 7 octobre.
02:42J'ai regretté. Il y avait des drapeaux français, mais pas assez, à mon sens. Et ça m'a beaucoup heurté.
02:48Et il faut savoir que beaucoup de Juifs en France se sentent pour la première fois...
02:53Parce que je dirais qu'il y a une chose qui a toujours tenu jusque-là, c'est l'État, le gouvernement.
02:57Ils se sentent abandonnés, en tous les cas, par Emmanuel Macron, qui ne tient pas compte du fait
03:04qu'Israël est agressé sur plusieurs fronts par des ennemis qui veulent sa destruction.
03:09Donc dire à la veille du 7 octobre qu'ils n'ont plus le droit d'abord d'armes, excusez-moi, c'est dégueulasse.
03:14— Quelle faute ! En plus, je pense qu'il n'a pas mesuré, en réalité. Le problème, si vous voulez, c'est le caractère erratique,
03:22je le redis, d'Emmanuel Macron sur tout sujet. D'ailleurs, pas sur l'Ukraine, mais sur le Proche-Orient.
03:27— Même sur l'Ukraine, aussi. — Il pédale dans la saoule. C'est-à-dire qu'il chauffe, il souffle le chaud, le froid, etc.
03:35Erreur, évidemment, de tempo. Je sais bien que l'émission a été enregistrée 5 jours avant.
03:39Il n'y a pas un seul type à l'Élysée responsable de com ou femme digne de ce nom qui est capable, si tu veux,
03:46de se rendre compte qu'à un moment donné, à 2 jours du 7 octobre, c'est juste insensé.
03:51Par ailleurs, je ne suis pas sûre que la rupture entre la communauté juive de France et Emmanuel Macron soit aussi forte.
03:57Elle est évidente avec Jean-Luc Mélenchon, qui, de toute façon, a théorisé. Je ne suis pas certaine que si demain,
04:03Emmanuel Macron ne fait pas un geste un peu plus sincère que cela... D'ailleurs, j'ai vu qu'il a essayé de se rattraper.
04:09Il a fait un message du 7 octobre en hébreu, en anglais, en français. Il a fait un message assez humain,
04:15parce que je pense qu'il réalise véritablement sa bêtise, en réalité, et l'erreur diplomatique.
04:21Mais je pense aussi qu'on peut critiquer la politique israélienne...
04:26— Alors justement, je voulais vous poser une question. Est-ce qu'on peut critiquer la politique israélienne sans être accusé d'antisémitisme ?
04:32— Oui. Alors je vais passer la parole. Je refile la balle à Elisabeth. — Je vous pose la question. Elle est un peu provocatrice.
04:37— Non, mais vous avez raison. Regardez. Bien sûr qu'on peut critiquer Netanyahou. Bien sûr qu'on peut critiquer Ben Gvir,
04:43parce que déjà, c'est pas ma tasse de thé. Parce que vous voyez, je ferme la parenthèse, le désastre de ce qu'est la proportionnelle intégrale
04:50quand je pense qu'il y a des gens qui veulent l'appliquer ici en France. Vous êtes otage toujours de quelqu'un ou de quelque chose.
04:56Et deuxièmement, on peut critiquer, mais il ne faut jamais oublier le point de départ. Le point de départ, ce chaos, aujourd'hui,
05:03et le fait du Hamas orchestré par Liron et le Hezbollah. — Bien sûr. Non, mais ça, on est d'accord.
05:07— Mais vous dites « on est d'accord », mais beaucoup de choses... — Non, non, mais excusez-moi. Là, pour le coup, plus soit.
05:12Françoise a parfaitement raison. Si on oublie cela, c'est pas une critique de la politique israélienne. On la trouve absolument insensée.
05:19Mais excusez-moi. J'ai plutôt quand même l'impression que cette question est un peu bizarre, parce qu'en réalité, on devrait plutôt demander
05:25si on a le droit de ne pas critiquer Israël. Ouvrez un journal. Ouvrez une télé. Écoutez les radios concurrentes.
05:33Et notamment, si vous vous infligez une seconde de service public, c'est tous les matins. Le rappel... Parce qu'il faut quand même rappeler.
05:41Je veux le rappeler aux auditeurs qui, peut-être, ont une marge entre... — Mais est-ce qu'on est obligés d'être blanc ou noir dans la vie ?
05:46— On est, à mon avis... Après, sur la méthode... — Alors ça, c'est un vaste débat. C'est un vaste débat.
05:50— Vous pouvez dire la guerre à Gaza a trop duré, surtout que l'armée a annoncé hier que le Hamas était défait militairement.
05:58Donc maintenant, vous pouvez dire qu'il n'y a pas de perspective politique. Vous pouvez dire énormément de choses.
06:03Ce que vous ne pouvez pas dire, d'accord, c'est un qu'Israël comme un génocide, quand c'est la seule armée du coin à essayer autant que faire se peut
06:11de bombarder des civils. Et vous ne pouvez pas oublier une chose qui est très particulière. Dans les guerres, en général, on se bat contre un ennemi
06:19qui veut un bout de territoire. Poutine ne dit pas qu'il veut détruire l'Ukraine. Non, il ne dit pas qu'il veut détruire...
06:26En revanche, vous avez autour d'Israël des gens qui disent très tranquillement « Je veux vous faire disparaître ».
06:32Comment se défend-on contre de tels ennemis ? Est-ce que vous allez négocier, arriver... J'aime bien quand on dit à Nathania,
06:40« Vous faites donc la paix ». Vas-y, Françoise, laissez-le.
06:43Non, mais je suis d'accord. Je plussois complètement. Je le dis clair et net. Il y a une réalité. Aujourd'hui, c'est existentiel.
06:51Donc, on peut critiquer Israël, on peut critiquer le gouvernement, mais il y a des moments pour cela. Israël, c'est assez simple.
06:58Je vais résumer. Soit Israël gagne son combat face à l'Iran, soit Israël le perd et disparaîtra. Est-ce que quelqu'un veut qu'Israël disparaisse ?
07:06Je ne veux pas. Et par ailleurs, j'en ai marre de la faudercherie nationale française qui consiste à taper sur les Israéliens
07:15alors qu'on est tellement contents, finalement, qu'ils fassent le sale boulot. Vous vous en souvenez, en 82, les Israéliens ont été bombardés aux Irak.
07:22Tout le monde a crié, mais tout le monde était heureux qu'on bombarde aux Irak. Voilà.