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00:00Nous sommes le mardi 1er octobre et Georges-Louis Boucher, le président du MR, est l'invité de notre studio Poétique Sud Info.
00:06Bonjour Georges-Louis Boucher.
00:08Bonjour.
00:08Alors, vous avez déjà souvent répété que vous avez un petit peu marre de la mendicité, des gens qui mendient agressivement ou pas agressivement,
00:17enfin surtout agressivement, des vagabonds qui étaient affalés en rue, avez-vous dit.
00:23Quelle est votre solution pour éviter que ça se passe ?
00:25Alors il y a plusieurs solutions. Il y a des solutions qui peuvent être prises au niveau communal.
00:28J'en ai proposé du côté de Mons comme un règlement général de police qui interdit la mendicité,
00:34qui interdit certains comportements comme la consommation d'alcool, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui à Mons.
00:39Mais je pense qu'on doit aussi aller plus loin.
00:42Et donc notre volonté au mouvement réformateur, c'est de réinstaurer la loi qui interdit le vagabondage.
00:49C'est une loi qui a été supprimée en 1993 et c'est en fait une loi qui supprime des outils pour les communes.
00:57Alors bien évidemment, il faut la faire évoluer.
00:59L'époque à laquelle elle avait été adoptée était une époque révolue au 19e siècle.
01:05Et donc le but, c'est de l'adapter aux standards moraux humains, aux standards de la dignité humaine de notre société.
01:13Mais néanmoins, de donner un outil à toutes les autorités pour qu'il n'y ait plus de cette tergiversation,
01:18ces débats pour savoir ce qui est autorisé, dans quel cadre.
01:22Et donc l'idée serait de dire que le vagabondage est interdit.
01:25Il donnerait lieu à une possible arrestation administrative,
01:30puisqu'on ne peut pas avoir de condamnation pénale au nom de la Cour européenne des droits de l'homme,
01:36de la Convention européenne des droits de l'homme pour de l'amendicité ou du vagabondage.
01:39Donc ça serait une arrestation administrative en vue d'une mise en lien avec les services sociaux et le CPS
01:46pour pouvoir réinsérer ces gens dans la société.
01:50Mais aujourd'hui, il n'est pas question de considérer que c'est de la dignité humaine
01:54que de maintenir des gens qui mendient en rue,
01:57des personnes qui se rassemblent parfois à plusieurs sur les marches de grands magasins
02:02sous l'effet d'influence de drogue, d'alcool, des bagarres.
02:05Moi, il n'y a pas un jour dans le centre-ville de Mons où je ne vois pas des gens qui hurlent,
02:09qui se bagarrent dans des états assez lamentables.
02:13Et donc je pense qu'il faut à la fois les prendre en charge et faire en sorte
02:18que tous les autres citoyens ne soient plus importunés par de tels comportements
02:22qui suscitent un sentiment d'insécurité, qui suscitent également par ailleurs
02:26des entraves quotidiennes à de la circulation
02:30ou à simplement passer un bon moment à une terrasse d'un café par exemple.
02:33Oui, parce que vous parlez de Mons, c'est votre expérience,
02:36mais c'est le cas dans toutes les grandes villes, autour des gares par exemple,
02:39qu'on soit à Bruxelles, à Liège, à Anvers ou ailleurs.
02:42Oui, après mon propos a toujours été de dire
02:44moi je suis candidat pour être bourgmestre à Mons et donc je m'occupe de Mons.
02:48Je veux dire, si à chaque fois les bourgmesses disent
02:49oui mais ailleurs c'est aussi comme ça, alors elles ont tout géré.
02:52Par contre, ici je le fais comme président du UMR,
02:55pour effectivement donner un outil dans toutes les villes du pays,
02:58également en Flandre, de pouvoir réinstaurer une législation
03:02qui interdit le vagabondage, ça veut dire dans le même temps la mendicité,
03:06ça veut dire des rassemblements, des attroupements de personnes,
03:10encore une fois sur les marches de magasins,
03:12sur les marches du théâtre ou des éléments de ce type-là.
03:16Je pense que ça n'est souhaitable pour personne
03:19de laisser perdurer de telles situations les abords de gares.
03:21Aujourd'hui quand vous arrivez à la gare du Midi,
03:23mais c'est le cas dans plein de gares à Bruxelles et en Wallonie,
03:26mais aussi certaines en Flandre, c'est devenu totalement invivable.
03:30Et le phénomène s'accroît, c'est-à-dire qu'on a un phénomène
03:33qui ne vient pas d'une paupérisation,
03:35mais il y a des gens qui décident de vivre en tant que marginaux,
03:38il y a aussi le phénomène des sans-papiers
03:41qui accentue ce genre de situation,
03:44et donc une vraie politique sociale c'est de pouvoir les prendre en charge,
03:47en tout cas pour les personnes dans les conditions de pouvoir les former,
03:49de pouvoir les remettre à l'emploi,
03:51mais pas de se dire que les droits de l'homme,
03:53c'est en fait de leur permettre de mendier.
03:55Donc si je vous comprends bien,
03:57c'est une règle qui doit être mise dans le code pénal, c'est ça ?
04:02Mais sans sanctions ?
04:04Alors non, ce n'est pas une règle sans sanctions,
04:05je suis très clair par rapport à cela.
04:08Donc il y avait une règle avant dans le code pénal,
04:10et une loi spécifique.
04:11L'idée étant ici d'avoir une loi...
04:13On parlait même un petit peu de criminaliser la pauvreté,
04:14c'est pour ça qu'on avait retiré.
04:15Exactement, et donc c'est en 1923,
04:17on a eu un grand élan de solidarité,
04:19on a considéré que finalement maintenir des gens en rue,
04:21c'était le grand élan de solidarité.
04:23Donc non, je l'ai bien dit,
04:24il y a des arrestations administratives qui sont prévues,
04:26des peines d'amende qui peuvent également être prévues,
04:29donc il y a des sanctions qui sont prévues.
04:31Mais le point de départ, qu'on s'entende bien...
04:33En fait, mon raisonnement est le suivant,
04:35c'est qu'aujourd'hui, on a une série de gens
04:37qui sont totalement déstructurés sur le plan social.
04:40Et donc la seule solution de pouvoir les aider et de les réinsérer,
04:45c'est de les remettre dans un cadre.
04:47Et ce cadre, il est très simple.
04:48Soit vous ne faites pas preuve de bonne volonté,
04:51et alors c'est la voie de la sanction.
04:53Soit vous faites preuve de bonne volonté
04:55et on vous met des outils à disposition pour vous réinsérer,
04:58lutter contre les addictions, vous former, vous remettre au travail.
05:03Et donc c'est véritablement ce cadre qui est à recréer,
05:06parce qu'uniquement s'appuyer sur la bonne volonté
05:10de personnes qui sont sous l'influence de différentes substances,
05:14de personnes qui sont déstructurées,
05:15de personnes qui ne sont plus rentrées dans un cadre sociétal
05:19depuis de nombreuses années parfois, c'est totalement illusoire.
05:23Et donc on travaille avec à la fois la carotte et le bâton.
05:26Donc oui, effectivement, on recrée une incrimination,
05:30on recrée un processus de sanction par rapport aux vagabonds
05:35qui peut déboucher sur des sanctions pénales à terme,
05:39compte tenu d'un trouble à l'ordre public,
05:41puisque vous pouvez dans un premier temps alors arrêter
05:45au niveau administratif, proposer des solutions.
05:47Si les personnes persistent à ne pas prendre ces solutions
05:50et qu'ils troublent l'ordre public,
05:51alors des sanctions plus lourdes peuvent intervenir en matière d'amende
05:55ou en matière de peine privative de liberté.
05:58Mais je suppose que ça vaut pour tous les mendiants,
06:00parce que trouble de l'ordre public, il y a une différence entre la personne
06:03qui agressivement va vous demander une pièce
06:05et la personne qui se trouve à un endroit,
06:07il y a que son golbet devant elle qui est tout à fait passif.
06:09Oui, mais donc cette personne fera l'objet d'un accompagnement
06:12pour pouvoir être réinsérée et manifestement,
06:15on peut espérer qu'elle ne posera pas de problème.
06:17Alors, dedans, il y a des personnes,
06:19et c'est tout l'intérêt de la restation administrative,
06:22il y a des personnes que l'on pourra prendre en charge,
06:24par exemple, quand elles sont en situation irrégulière,
06:27pour pouvoir les renvoyer dans leur pays.
06:29Il y a des personnes qui souffrent d'addiction
06:30qu'on va pouvoir traiter d'un point de vue médical.
06:33Il y a des personnes qu'on va pouvoir, via aussi des associations,
06:36commencer à reloger progressivement
06:39et puis aller vers la formation et l'emploi.
06:42Mais c'est véritablement,
06:43ça, c'est une législation vraiment sociale.
06:46Mais aujourd'hui, maintenir des gens à chaque coin de rue,
06:49sans solution, sans perspective, dans le dénuement le plus total,
06:52je ne me dis pas que ça, c'est l'apanage d'un pays qui est civilisé.
06:57Vous l'avez dit, ce sont des personnes qui, souvent,
06:59souffrent d'une multiplication de problèmes,
07:02problèmes psychologiques, d'assuetudes, des choses de ce genre-là.
07:06On a, par exemple, une SBL comme Housing First,
07:08qui sort ces gens de la rue,
07:10mais c'est un travail très long, qui prend parfois plusieurs années.
07:14Ils en sortent quelques dizaines par année, peut-être,
07:17ou tous les 2-3 ans.
07:18Ça veut dire quoi ?
07:18Ça veut dire qu'il faut plus de travail social comme celui-là,
07:22qu'il faut beaucoup plus de moyens pour ce genre d'association.
07:25C'est surtout que si vous ne travaillez pas
07:27avec un volet de sanctions sur le côté,
07:30ce travail-là sera toujours extrêmement limité.
07:32Et ce n'est pas une question de moyens,
07:33parce que vous parlez d'Housing First,
07:34mais il y a aussi un travail qui est fait dans les CPAS.
07:37On a plein d'associations.
07:38Il y a des ASBL à Mons, par exemple,
07:40on a la Maison Saint-Paul,
07:41on a des structures qui sont au niveau de la région également,
07:45qui viennent en aide.
07:47Donc, en fait, aujourd'hui,
07:49on a certainement, au niveau des politiques sociales,
07:52un trop grand émiettement des structures.
07:55Et donc, il faudrait peut-être, à un moment,
07:57repenser des stratégies globales,
08:00parce qu'aujourd'hui, on a tellement d'associations,
08:01d'ASBL et de structures,
08:02qu'en général, ils essaient de faire des plateformes
08:04pour se coordonner entre elles.
08:05Enfin, à un moment donné,
08:06c'est peut-être bien alors d'en regrouper certaines
08:08et d'avoir des effets de levier qui soient plus importants.
08:11Mais au-delà de cela, qui est aussi nécessaire,
08:13donc cette réorganisation du paysage associatif
08:17et du paysage social,
08:19la question de la sanction est incontournable.
08:22Parce que, encore une fois, je le disais,
08:24un des éléments qui crée une difficulté,
08:27comme pour les consommateurs de drogue,
08:28je l'ai proposé également,
08:30et nous discuterons de cela au niveau du gouvernement fédéral,
08:32de criminaliser la consommation de drogue,
08:35parce qu'il y a une série de gens
08:36qui, s'il n'y a pas le risque de la sanction,
08:39n'auront jamais le signal d'alarme
08:41qui leur permet alors de se remettre dans la bonne direction.
08:44Et ça, c'est fondamental de pouvoir y accéder.
08:46Encore une fois, ça va remettre un cadre,
08:49ça va permettre à nouveau de pouvoir avoir un cadre
08:53pour que ces personnes puissent se reprendre en main.
08:55Vous parliez de ça.
08:56C'est un modèle, d'ailleurs, excusez-moi de vous interrompre,
08:58c'est un modèle existant aux Pays-Bas.
09:01Aux Pays-Bas, on a tout un processus administratif
09:07qui, justement, vise à sanctionner les personnes
09:11qui ne font pas des efforts
09:12pour pouvoir justement les accompagner plus efficacement
09:15dans un retour à une vie qui est plus structurée.
09:18Donc, je n'invente pas quelque chose,
09:20c'est quelque chose qui existe déjà dans d'autres pays européens
09:23qui sont des pays démocratiques.
09:24Vous parlez d'une sanction, d'une amende éventuellement.
09:27On va vous dire, si ces gens m'ont dit
09:29qu'ils comptaient avoir 10 euros sa journée,
09:30ils n'ont certainement pas 100, 200, 300 euros à payer comme amende.
09:33Eh bien, l'amende peut être commuée
09:35dans le cadre d'un travail d'intérêt général
09:38qui aura une double fonction,
09:40c'est qu'il permettra d'exercer la sanction,
09:42mais en plus de remettre quelqu'un sur le droit chemin,
09:44de remettre quelqu'un sur les rails, en fait, tout simplement.
09:48Mais encore une fois, ça rend des outils
09:51pour permettre alors aux autorités de pouvoir avoir,
09:56au-delà de leur règlement de police,
09:58parce que je constate qu'une série de bourgmesses,
09:59comme c'est le cas à Mons, comme c'est le cas à Charleroi,
10:02comme c'est le cas à La Louvière,
10:02sont beaucoup trop coulants,
10:05sont beaucoup trop laxistes sur le sujet.
10:08Liège, Charleroi, La Louvière, Mons, je l'ai dit,
10:11on a les mêmes phénomènes, on le voit à Namur,
10:13le bourgmestre de Namur, lui, a osé prendre attitude.
10:16Eh bien, plutôt que ça reste des cas particuliers,
10:18je me dis, voilà, pour résoudre le problème
10:21de certains de ces bourgmestres qui n'ont pas le courage d'agir,
10:23eh bien, ayons une législation sur le plan national.
10:26Nicolas Martin s'en défend, il dit que, justement,
10:28il veut une politique beaucoup plus dure,
10:29beaucoup plus répressive.
10:30C'est vraiment dommage, oui, mais Nicolas Martin,
10:32il veut plein de choses aujourd'hui,
10:33mais il ne l'a pas fait les six dernières années.
10:35C'est vraiment dommage,
10:36parce que maintenant, il veut même changer des choses
10:38qu'il a faites lui-même.
10:39Par exemple, sur le ramassage des poubelles,
10:41il a fait en sorte que ça ne soit plus toutes les semaines.
10:43Maintenant, il veut le remettre toutes les semaines.
10:44Il nous explique que la sécurité, tout est formidable,
10:46mais qu'il va faire plus.
10:47Mais si tout est formidable, pourquoi il veut faire plus ?
10:50C'est un petit peu compliqué.
10:51On sent plutôt quelqu'un en panique
10:52et qui veut absolument garder son mandat.
10:54Vous parliez de Namur, justement,
10:56qui, effectivement, a pris un arrêt décommunal.
10:58Je retombe, hier, sur une décision,
11:01un arrêt du Conseil d'État,
11:02à l'époque, concernant ce règlement namurois,
11:05qui disait, je vais le lire pour ne pas trahir le texte,
11:09donc, il disait,
11:10le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine
11:12implique le pouvoir disposer de moyens d'existence,
11:14ce à quoi la mendicité peut concourir à défaut
11:16de meilleures solutions concrètes et effectives.
11:18Donc, si je traduis un peu ce qu'il disait le Conseil d'État,
11:20finalement, la mendicité peut être un droit, quelque part.
11:23Parce que le Conseil d'État s'appuie sur le droit,
11:25mais le Conseil d'État n'a pas à faire le droit,
11:27c'est le législateur qui fait le droit.
11:28Et donc, justement, en adoptant la législation que je propose
11:31pour lutter contre le vagabondage et la mendicité,
11:35eh bien, le Conseil d'État, alors,
11:37pourra estimer que le législateur a décidé
11:39que ce n'était pas une manière digne
11:41de pouvoir assurer ses moyens d'existence,
11:43surtout dans un pays où on a autant de moyens
11:46pour les politiques sociales.
11:47Je rappelle, quand même,
11:48que la Belgique dépense près de 100 milliards d'euros,
11:51100 milliards d'euros chaque année
11:53en politiques sociales de toutes sortes.
11:54Donc, ça inclut les soins de santé, les pensions,
11:57le RIS, le chômage.
11:58On parle de 100 milliards d'euros avec 100 milliards d'euros
12:01si on n'arrive pas à prendre tout le monde en charge.
12:03Alors, je ne sais pas ce qu'il faut faire.
12:04Donc, non, le législateur peut estimer
12:07qu'il a mis suffisamment d'outils de prise en charge
12:10des personnes précarisées sur le côté
12:12pour considérer que la mendicité
12:15ne fait pas partie de la dignité humaine
12:18et ne concourt pas en tout cas à la dignité
12:20des personnes qui sont obligées ou contraintes,
12:24dans certains cas, de s'y adonner.
12:25Parce qu'il y a aussi un autre élément dans cette législation.
12:28Ça va lutter contre toute une série de mafias.
12:30Aujourd'hui, il y a des personnes qui font de la mendicité
12:34parce qu'elles sont dans des trafics d'êtres humains.
12:36On le sait avec des populations
12:39qui viennent d'Europe de l'Est parfois, pas uniquement.
12:43Parfois, ça donne même lieu à des personnes
12:45qui sont mutilées par ces trafiquants
12:48pour pouvoir exercer de la mendicité
12:51et alors jouer un petit peu sur la sensibilité du public.
12:56Donc, ça permettra aussi de faire disparaître
12:58une activité criminelle qui se fait sous couvert de générosité.
13:03Bien évidemment, et je tiens à le préciser tout de suite,
13:06on parle bien de la mendicité au sens strict,
13:08parce que j'ai parfois eu des questions qui me disaient
13:10oui, mais qu'en est-il pour des activités de rue,
13:13du démarchage, de la vente, etc.
13:15On n'est pas du tout dans le même contexte.
13:18Ici, on parle véritablement de gens
13:20avec aucune prestation en contrepartie.
13:23Et encore une fois, j'insiste vraiment
13:24sur le caractère du vagabondage.
13:25Donc, on arrête, j'entends déjà les associations
13:28vous criminalisez la pauvreté, ça n'est pas vrai.
13:30Mais objectivement, on ne peut plus accepter
13:32dans nos centres-villes des bandes de personnes.
13:34Je reviens de Verviers, c'est le cas.
13:36Je vis à Mons, c'est le cas.
13:37Je le vois à Charleroi, je le vois à Liège, à La Louvière.
13:40Des bandes de personnes bruyantes, sous influence,
13:45qui entraient finalement la bonne circulation au quotidien.
13:50Ça ne contribue pas au sentiment de sécurité.
13:54Et ça ne donne pas non plus une image agréable des centres-villes.
13:58C'est aussi une des raisons pour lesquelles
14:00les gens ne veulent plus aller en ville, dans les centres-villes.
14:02Donc, il faut y remédier.
14:04Et dans ce texte que vous prévoyez,
14:07est-ce qu'il y a une définition des critères pour le vagabondage ?
14:10Je me souviens que dans le texte qui a été abrogé,
14:12on disait qu'on est vagabond si on n'a pas autant d'argent.
14:16Je ne sais pas si c'est peut-être 100 francs belges ou 200 francs belges.
14:17Effectivement, il y a des critères.
14:20Il y a des critères déjà par rapport à la pièce d'identité,
14:25à des éléments qui permettent effectivement de subvenir.
14:28Alors, ça ne veut pas dire du cash, ça peut être une carte de banque,
14:30ça peut être son téléphone.
14:31Il y a plein de choses aujourd'hui qui permettent de le faire.
14:34Et donc, il faut bien évidemment adapter les critères à l'époque moderne.
14:37Et donc, il y a des consultations qui aujourd'hui sont faites
14:40pour essayer de trouver des éléments qui sont objectifs
14:44et ne portent pas atteinte à la liberté individuelle.
14:47Parce que bien évidemment que la liberté de flâner,
14:50la liberté de se déplacer en rue sans raison doit être maintenue.
14:53Je veux dire, on ne va pas rentrer dans un état policier.
14:56Mais on travaille sur une série de critères qui,
14:59effectivement, permettent d'établir parmi ceux-là l'identité,
15:05la nécessité de pouvoir prouver son identité
15:11et la question de pouvoir subvenir à des besoins à un moment ou à un autre
15:16font partie de critères qui, effectivement, sont objectivables en la matière.
15:21Pour le reste, vous savez, comme dans toute législation,
15:24il y a aussi l'appréciation du policier qui doit pouvoir intervenir.
15:30Mais vous savez, on peut, et c'est d'ailleurs un des éléments
15:33dont on discutera vraisemblablement lorsque le texte sera déposé,
15:38on peut aussi discuter de la récurrence aussi de certains comportements.
15:40Parce que souvent, dans les centres-villes,
15:42vous retrouvez une série de personnes assez identiques.
15:46Et donc, est-ce que la première arrestation doit tout de suite donner lieu
15:49à la mise en œuvre du mécanisme ou c'est une deuxième arrestation ?
15:52Ce sont des choses aussi qui peuvent faire l'objet de débats.
15:55Mais je compte bien avoir un soutien assez large sur ce texte
15:59parce que j'ai pu constater, on a fait des recherches en rédigeant ce texte,
16:03que dans beaucoup de villes, dans plusieurs formations politiques,
16:07dans toutes les formations politiques démocratiques,
16:10il y a eu plusieurs déclarations indiquant
16:12que ça a été une erreur de supprimer cette loi sur le vagabondage.
16:15Donc maintenant, nous offrons une solution.
16:17Donc j'espère qu'elle sera largement soutenue.
16:18Et donc, c'est quelque chose dont vous avez déjà parlé à la table des négociations ?
16:22On va seulement avoir l'occasion de pouvoir en discuter.
16:25Mais en tous les cas, c'est quelque chose qui pourrait également
16:28faire l'objet d'un travail au niveau du Parlement.
16:30Donc en attendant, on va avancer via le Parlement
16:32et on verra dans quelle mesure les choses peuvent concourir
16:36avec la négociation gouvernementale.
16:37OK, donc c'est un texte qui va être déposé par vous ?
16:39Exactement, à la Chambre dans les jours, les semaines qui viennent ?
16:43Dans les tous prochains jours.
16:45D'accord. Vous parlez des policiers, effectivement, d'appréciation des policiers.
16:49Est-ce que vous ne craignez pas qu'à un moment donné,
16:50les policiers vous disent, vous savez,
16:52nous, on a déjà du boulot par-dessus la tête,
16:54lutter contre les trafiquants de drogue et plein d'autres choses.
16:56Et donc, nous, on ne va pas faire la chasse aux SDF.
16:58Mais au contraire, c'est un boulot qui va...
17:00En fait, c'est un texte qui va leur faciliter la vie.
17:03C'est qu'aujourd'hui, ils ont beaucoup de travail généré par de telles situations,
17:09comme par exemple, dans certains cas, du trafic de drogue,
17:12dans d'autres cas, des dégradations publiques,
17:15des questions d'ivresse sur la voie publique, des bagarres.
17:18Et donc, ici, ils vont avoir un texte qui, au contraire, va être beaucoup plus facile
17:21parce que ça va leur permettre de pouvoir cibler les personnes
17:26qui, en général, sont des bons clients,
17:29sans devoir multiplier le nombre de faits.
17:33Donc, c'est quelque chose qui, à terme, va plutôt les décharger,
17:36les décharger d'un travail récurrent.
17:38Vous savez, quand vous êtes appelé chaque soir,
17:41parce qu'une fois, c'est une bagarre, une autre fois, c'est de la dégradation publique,
17:44une autre fois, c'est de l'ivresse.
17:46Et donc, à la fin, vous vous rendez quand même compte,
17:49il suffit de demander aux policiers que vous avez des groupes de personnes bien déterminées
17:53qui ne sont pas les seuls responsables des actes,
17:56mais génèrent un certain volume
17:58et que, donc, le fait de pouvoir écarter ce volume
18:00permet de se concentrer sur d'autres types de criminalités.
18:03Et vous l'avez dit, c'est des personnes qui, éventuellement,
18:06certains d'entre elles, en tout cas,
18:07peuvent s'y retrouver une fois, deux fois, cinq fois, dix fois,
18:10et peut-être, à un moment donné, avoir le bol toujours d'être intercepté.
18:13Le but, c'est ce que j'ai dit.
18:13J'ai dit au départ, il y a l'arrestation administrative
18:16qui permet déjà d'avoir une première étape.
18:18Durant cette arrestation administrative, il y a une prise en charge administrative
18:21pour rediriger vers le CPS, vers des organes de placement.
18:26Donc là, il y a déjà toute une série de personnes
18:27dont on peut espérer qu'elle va entrer dans un processus
18:31qui est un processus de réinsertion sociale.
18:33Et pour le surplus, la récidive peut donner lieu,
18:35à un moment donné, à des sanctions.
18:37Et donc, au fur et à mesure de ces sanctions,
18:40il est évident que ça décourage.
18:41Vous savez, je suis désolé de devoir le dire
18:43parce que ce n'est pas politiquement correct, mais c'est la vérité.
18:46Si vous voulez effacer ce genre de comportement
18:49dans une série de quartiers aujourd'hui,
18:51il n'y a que la pression policière qui peut intervenir.
18:55Si vous ne faites pas de pression policière,
18:57vous en avez deux ou trois le lundi,
18:59ils sont dix le vendredi et six mois plus tard, ils sont vingt.
19:03C'est comme ça que ça se passe.
19:04Et donc, si par contre, vous avez des contrôles policiers fréquents,
19:07vous avez les arrestations administratives,
19:08que vous avez ce qu'on appelle, en fait,
19:11c'est véritablement un harcèlement administratif.
19:15C'est vraiment une rigueur.
19:18C'est un petit peu comme au football.
19:19C'est avoir un pressing haut, comme on dit au foot.
19:23Mais si vous avez une pression permanente, fatalement,
19:27à un moment donné, vous vous découragez
19:29dans ce genre d'attitude.
19:31Et alors, dans ce cas-là,
19:32vous faites disparaître les phénomènes dans les rues.
19:34Mais qu'est-ce que moi, je dois dire aux citoyens
19:36qui subissent ça au quotidien ?
19:37Leur dire, on n'en peut rien, on ne peut rien faire.
19:39Allez, ça ne va pas.
19:40En plus, on voit que dans les villes où on est plus strict,
19:43par exemple, comme Namur,
19:44on arrive à quelque peu chasser le phénomène.
19:47Et alors, il se retrouve dans d'autres villes.
19:49Donc moi, si je suis bourgmestre de Mons,
19:50je ferai mon boulot et j'assumerai mes responsabilités pour Mons.
19:53Mais pour le reste, je pense que c'est bien de donner un outil
19:56à ceux qui n'ont pas toujours le courage de le faire.
19:58Et ça veut dire que dans des cas extrêmes,
19:59on pourrait aller jusqu'à des peines de prison, par exemple ?
20:01Dans des cas extrêmes, il faut pouvoir sanctionner.
20:03Je ne veux pas de sens d'agressivité, sans coup.
20:05Je l'ai dit, là.
20:06Je l'ai dit, le simple...
20:07Oui, mais en général,
20:10le cas de la personne qui vagabonde tout seul,
20:14qui ne pose jamais le moindre problème,
20:16je peux vous dire que cette personne-là, vous ne l'avez pas vue.
20:18Ce n'est pas possible, en fait.
20:21Il y a des gens, je pense qu'on en connaît tous,
20:24il y a des gens qui, parfois, ont leurs habitudes devant un grand magasin.
20:27Ils sont tous seuls.
20:30OK, mais en général, on ne parle pas de ces personnes.
20:33Donc, c'est pour ça que je vous ai dit qu'il y a une appréciation policière aussi.
20:36C'est un outil qui permet, selon l'appréciation policière,
20:39d'agir de la façon la plus efficace.
20:41Encore une fois, quand j'étais gamin,
20:43il y avait un homme avec un orgue de barbarie qui était devant le bricot
20:47du côté de Glein.
20:48Il n'a jamais dérangé personne.
20:49Il disait bonjour à tout le monde.
20:50Tout le monde lui disait bonjour.
20:51Mais il fournissait une prestation.
20:52En plus, lui, il fournissait une prestation.
20:54Donc, ça, c'est vrai, il ne serait même pas concerné.
20:56Bon, voilà, des personnes de ce type-là ne posent aucune difficulté.
21:01On parle bien ici de rassemblement.
21:034, 5, parfois les chiens en plus, les canettes de bière, sa gueule.
21:08On voit qu'on est blessé de la veille parce qu'on a été se taper dessus.
21:12Parfois, on urine sur les marches du magasin.
21:14Au niveau des marches du théâtre, devant les gens qui viennent avec des enfants sur les terrasses,
21:21là aussi, c'est la foire, ça se bagarre, ça se jette des trucs à la figure.
21:25C'est de ça dont on parle.
21:26Encore une fois, pas de caricature.
21:29Tout dans la législation est une question d'appréciation aussi.
21:34Et donc, bien sûr que de tels groupes comme ceux-là, en général, ça reste rarement paisible.
21:41Et donc, je vous le dis, si vous avez une personne paisible seule,
21:45alors cette personne-là, en général, ce n'est pas pour elle que les gens vont se mobiliser.
21:50– Merci Jean-Joyeux Boucher. – Merci à vous.
21:52– Bonne journée. – Une très bonne journée.

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