• il y a 2 mois

Chaque mardi et mercredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Eugénie Bastié livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Eugénie Bastié - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/eugenie-bastie-les-signatures-deurope-1

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Transcription
00:00Eugénie Bastié est avec nous également, bonjour Eugénie, vous voudriez rebondir ce matin, Eugénie, sur les réactions de la gauche
00:06suite aux propos de Bruno Retailleau sur l'immigration.
00:09Oui, en déclarant que l'immigration n'était pas une chance et que l'état de droit n'était pas sacré,
00:13le ministre de l'Intérieur a déclenché les foudres, celle d'une gauche qui ne veut rien entendre sur ce sujet
00:19et qui nous répète comme un mantra que l'immigration est une chance,
00:22comme si avoir accueilli Marie Curie et Joséphine Baker était la même chose qu'intégrer 300 000 personnes sur notre territoire chaque année.
00:29Alors même que 75% des Français approuvent les mesures proposées par Bruno Retailleau,
00:34une intelligentsia politique et médiatique refuse toujours d'évoluer sur le terrain de l'immigration.
00:39Alors est-ce que c'est une spécificité française ?
00:41Oui, je pense qu'on peut dire que la gauche française est la plus immigrationniste d'Europe,
00:46on peut même dire qu'elle n'a jamais été autant pro-immigration.
00:49On est loin de Jean Jaurès et de Georges Marchais.
00:52Le programme du NFP en juin dernier prévoyait d'abroger les lois et l'immigration de Macron,
00:57de régulariser les sans-papiers, d'instaurer un statut de déplacé climatique
01:01et de faciliter l'abstention de la nationalité française.
01:04Rien sur la maîtrise des flux.
01:06Alors cette tendance française est à l'inverse de ce qui se passe dans les autres gauches européennes.
01:11Au Royaume-Uni, le travailliste Kerst Armer veut s'inspirer des solutions mises en oeuvre par Giorgia Meloni en Italie.
01:17En Suède, la social-démocrate Magdalena Andersson avait dit il y a quelques années que l'intégration des immigrés était un échec.
01:23Au Danemark, la gauche a réduit drastiquement les flux.
01:26En Allemagne, le chancelier Olaf Scholz, social-démocrate, vient de restaurer les frontières
01:30après avoir autorisé des départs de charteurs de migrants pour l'Afghanistan.
01:34On imagine le tollé que susciterait de telles mesures en France.
01:37Et pourquoi, selon vous, a géné cette exception française sur l'immigration ?
01:40C'est vrai que c'est assez mystérieux.
01:42On peut dire que le fait de ne pas exercer le pouvoir fige la gauche dans des positions utopiques, déconnectées du réel.
01:47Mais je pense qu'il n'y a pas que ça.
01:49Ce tabou s'explique par trois raisons, historiques, sociologiques et politiques.
01:53Historique d'abord, c'est François Mitterrand qui a fait de l'antiracisme militant le cœur de la gauche,
01:59notamment après le tournant de la rigueur de 1983.
02:02Ce piège a marginalisé du débat la question migratoire en l'associant systématiquement à l'extrême droite.
02:08La deuxième raison, qui est la plus importante je pense, est sociologique.
02:11La gauche française est devenue le parti de la France des métropoles,
02:15complètement déconnectée des classes populaires, de la France périphérique,
02:18dont elle ne relaie plus les inquiétudes.
02:21La France se caractérise par un taux de syndicalisation très faible,
02:24qui fait que la gauche est coupée des travailleurs.
02:26Dans les pays où les syndicats sont puissants, et proches de la gauche de gouvernement,
02:30le nord de l'Europe et l'Allemagne, la demande du maîtrise des flux migratoires
02:34est davantage prise en compte par les élites de gauche.
02:36La troisième raison, enfin, est politique.
02:39La gauche a fait de l'immigration un vivier électoral,
02:42c'est la phrase de Mélenchon,
02:44il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers populaires,
02:46tout le reste, laisser tomber.
02:48Ces trois raisons se combinent en un cercle vicieux
02:51qui empêcheront pour longtemps la gauche d'arriver au pouvoir,
02:55mais plus elle s'éloigne de la politique, plus elle fait la morale.
02:58Et plus elle fait la morale, plus elle perd des électeurs, semble-t-il.
03:01Exactement, c'est un cercle vicieux.
03:02Moralité, syndiquez-vous et vous changerez la gauche, si j'ai bien suivi.
03:05C'est ça, c'est un appel.
03:07Merci beaucoup Eugénie Bastier, signature Europe 1.

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