• il y a 3 mois
Avec Jean-Michel Blanquer, ex-ministre de l’Éducation, auteur de "La Citadelle" (Albin Michel), désormais professeur à l'université Paris-2

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##LA_VERITE_EN_FACE-2024-09-26##

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Transcription
00:009h-10h, Sud Radio, La Vérité en face, Patrick Roger.
00:05La Vérité en face jusqu'à 10h, on se dit les choses en face et les choses sont dites.
00:11Cache dans ce livre de Jean-Michel Blanquer, je vous en parlais depuis 9h, La Citadelle,
00:15bonjour Jean-Michel Blanquer, sans détour.
00:19C'est vrai, c'est la vérité.
00:22Vous allez me dire d'ailleurs ce que vous pensez aussi tout à l'heure,
00:24sans détour, du nouveau gouvernement, des premiers pas.
00:28Mais quand même, revenons sur, alors il y a Emmanuel Macron, son entourage, on va y revenir,
00:33et puis aussi toutes les questions qui ont traversé votre ministère et vous-même
00:39pendant ces 5 ans, bien sûr.
00:41Vous étiez un moment le chouchou, vous le racontez bien, je vous le conseille ce livre à tous les auditeurs.
00:48Vous étiez le chouchou, donné comme premier ministre, ensuite comme ministre de l'Intérieur,
00:53finalement c'est Darmanin qui a été choisi, etc.
00:56Il y a eu quelques conséquences derrière.
00:58Alors, schématiquement ce n'est pas à cause de vos réformes sur l'école que vous avez été remercié, si je puis dire,
01:07c'est parce que vous avez été classé à un moment trop laïcard, trop dur sur le voile notamment, c'est ça.
01:14Racontez-nous Jean-Michel Blanquer.
01:16Il y a plusieurs choses qui ont joué, mais c'est vrai que la question d'une sorte de fermeté régalienne,
01:26tranquille mais nette sur les enjeux de laïcité ne faisait pas l'unanimité dans la majorité parlementaire.
01:35Il faut se rendre compte d'ailleurs que le mouvement En Marche n'était pas tout à fait dans le même état d'esprit
01:40pendant le premier quinquennat qu'avec le deuxième quinquennat, et qu'à l'époque, c'est-à-dire de 2017 à 2022,
01:46vous aviez une partie de la majorité et une partie du gouvernement et une partie de ceux qui parlent au quotidien au président de la République
01:53qui étaient sur une ligne qu'on pourrait appeler plus coulante.
01:57Plus modérée, moins ferme. Vous vouliez imposer de la fermeté dans les écoles.
02:03Oui, de la fermeté qui va avec de la clarté. Je pense d'ailleurs que pendant les cinq ans il y a eu de la clarté,
02:07c'est-à-dire que tout le monde savait qu'il n'y avait pas de cisnes ostentatoires possibles dans l'enceinte scolaire,
02:14tout le monde savait que nous demandions les signalements quand il y avait un problème,
02:18tout le monde savait aussi que s'il y avait un problème de ce type, nous avions formé des équipes pour intervenir.
02:23Ça ne veut pas dire que tout se passait bien, mais ça veut dire que les principes directeurs étaient clairs.
02:28Vous aviez même envoyé un cognito conseillé pour savoir ce qui se passait pendant le ramadan.
02:33C'est une des illustrations de ça, mais j'ai essayé de voir ce qui se passait sur le terrain,
02:39donc ça m'est arrivé d'envoyer un membre de mon cabinet, un cognito en effet, pour observer ce qui se passait dans tel quartier,
02:45qui faisait régner l'ordre en quelque sorte et quelles mesures nous pouvions prendre pour empêcher cela.
02:51– Et est-ce que vous avez l'impression que finalement, Emmanuel Macron à la fin de son premier quinquennat a cédé,
02:58en nommant Pape Vengeria, ce que vous racontez, qu'il a piétiné en quelque sorte ce qu'il avait mis en place ?
03:05– Ce qui a été très regrettable à la fin de mon point de vue, c'est qu'en gros j'ai vécu 4 années
03:13où j'ai eu la chance d'avoir la confiance du Président et je suis reconnaissant de ça,
03:17parce que cette confiance m'a permis de faire des réformes en profondeur.
03:20Celle dont je suis le plus fier, c'est celle de l'école primaire,
03:23puisqu'on commence à avoir un rebond du niveau de l'école primaire en France.
03:27– Sur le dédoublement des classes, notamment.
03:28– Et avec le dédoublement des classes, mais aussi pour ceux qui nous écoutent
03:31et qui ont des enfants de l'âge du CP, du CE1, du CM1 ou de la 6ème ou même de la 4ème et de la seconde,
03:38ils savent qu'en début d'année, ces jours-ci, il y a le passage d'évaluation de début d'année,
03:43c'est ce que nous avons installé pour avoir une idée beaucoup plus claire du niveau de chaque enfant
03:47et avoir une personnalisation ensuite de ce qui est fait pour cet enfant pendant l'année
03:51et donc d'avoir une hausse du niveau grâce à ça,
03:54parce qu'on a une plus grande conscience des forces et des faiblesses de chacun.
03:56Et c'est ainsi par exemple qu'on a mis en place des programmes de formation
03:59pour les professeurs des écoles en français et en mathématiques,
04:03faits pour tenir compte des réalités de terrain.
04:05Donc on a eu cette politique de l'école primaire en particulier qui a porté des premiers fruits
04:10et malheureusement, elle a été au bout d'un moment assez peu portée au-delà de moi-même, si je puis dire,
04:15c'est-à-dire par le chef du gouvernement et le chef de l'État.
04:18Et ce qui était un peu regrettable, c'est que la 5ème année du premier quinquennat,
04:22donc en 21-22, j'ai senti une espèce de lâchage à mon endroit.
04:28— Pourquoi ? Parce que vous vouliez...
04:31Il y avait des rivalités, de la jalousie peut-être au sein du gouvernement politique, si vous le dites.
04:37— Il y a d'abord une usure de tout le monde, y compris de moi-même, bien sûr.
04:41Et vous savez, dans la crise Covid, là aussi, je suis plutôt fier, je le dis sans prétention.
04:47Mais après tout, si je le dis pas moi-même, je ne vois pas qui, vu ce qui s'est passé.
04:52Beaucoup de gens se sont employés à essayer de dire le contraire. Mais si vous voulez, on est le pays.
04:55— Alors sur... Petite parenthèse, Jean-Michel Blanquer, justement sur la crise Covid,
04:59parce que vous le dites et vous l'écrivez noir sur blanc,
05:02globalement, vous vous opposiez à certains épidémiologistes qui disaient
05:06« il faut du confinement, du confinement, on ne rouvre pas les écoles, etc. »
05:10alors que vous, vous disiez à un moment donné « ben non, il faut y aller, quoi.
05:13Si le principe de précaution multiplie à l'infini, c'est pas possible, quoi. »
05:17— Oui, et cet épisode-là est un des éléments de réponse à votre question précédente,
05:21c'est-à-dire qu'il y a eu une usure, parce qu'au fond, si vous regardez certains épisodes,
05:26comme par exemple début 2021, j'ai des pressions gigantesques pour fermer une nouvelle fois les écoles.
05:31C'est d'ailleurs ce qui va se passer dans plusieurs pays européens,
05:33par exemple en Allemagne, en Italie, en Angleterre aussi,
05:37il y a eu des confinements dans cette période de l'école.
05:39J'ai résisté à ça. On se rend compte a posteriori que j'ai eu raison
05:43et que c'est grâce à ça que les enfants français ont été beaucoup plus à l'école
05:46que les enfants du reste du monde.
05:48Néanmoins, l'espèce de violence qu'il y avait à ce moment-là,
05:51de critiques extrêmes qui ont pu exister, a laissé des traces et créé quand même une usure.
05:56Donc à la fin, une fois que vous sortez de la crise,
05:58on oublie les choses auxquelles on a fait échapper,
06:01parce que de toute façon, ça a été dur pour tout le monde, même comme ça.
06:04Mais par contre, ce qui reste, c'est une forme de nuage de critiques,
06:11même si... Mais c'est un petit peu ce qui se passe aussi à la fin d'une guerre, vous savez,
06:15à la fin d'une guerre, on a un peu marre de ceux qui étaient au pouvoir pendant la guerre.
06:19Et puis pour rester d'un mot sur le Covid, il y a eu cet épisode d'Ibiza,
06:24vous revenez en fait dessus, ça a été le coup qui vous a achevé.
06:29Vous avez pris trois jours, vous êtes allés là-bas, vous étiez en lien.
06:33Ceux qui nous écoutent peuvent en juger.
06:35Je suis probablement une des personnes de France qui a pris le moins de vacances sur cinq ans.
06:39Notamment pour gérer la crise Covid.
06:41Je suis parti pour le Nouvel An dans une station balnéaire hors saison
06:44où il fait douze degrés, où j'étais en télétravail.
06:47J'aurais pu aller dans une station française, évidemment,
06:50mais ça respectait complètement les règles gouvernementales.
06:54J'avais d'ailleurs une autorisation du Premier ministre,
06:56inutile de dire que c'était à mes frais, que d'ailleurs j'y étais allé parce que c'était pas cher.
07:00Et après, si vous voulez, en réalité...
07:04– Mais vous avez été lâché par quelqu'un au sein du gouvernement.
07:07– Oui, j'ai été lâché un peu par tout le monde.
07:09– Qui vous a, entre guillemets, dénoncé, c'est véritablement ça, auprès de médias.
07:13– Qui a cherché à créer la polémique.
07:15Et dans la chaleur de l'époque, on va dire, dans les effusions de l'époque,
07:19on a créé une polémique là où il n'y avait pas lieu.
07:21À l'époque, il y a eu un sondage.
07:2252% des Français pensaient qu'il n'y avait rien à me reprocher.
07:25J'ai trouvé que ce sondage était quand même très favorable
07:28parce que, vu la campagne médiatique gigantesque que j'ai eue sur le dos à cause de ça,
07:32c'est-à-dire qu'un peu plus de la moitié des Français ont été lucides
07:36sur le fait que c'était une fausse histoire, si vous voulez.
07:39Et là aussi, j'étais très seul, finalement.
07:42C'est-à-dire que je n'ai eu aucun soutien.
07:43– Alors oui, c'est ça.
07:44Là, vous n'avez plus eu le soutien parce que, je le disais,
07:47vous étiez le chouchou avant un peu de l'Élysée.
07:49Brigitte Macron aussi venait s'entretenir avec vous.
07:51Elle avait lu son livre.
07:52C'est elle, je crois même, qui vous avait recommandé à Emmanuel Macron.
07:55Bien sûr, parce que vous étiez un spécialiste de l'éducation
07:57pour les gens qui ont un peu oublié.
08:00Vous avez dirigé l'ESSEC.
08:01Vous avez fait beaucoup de rapports.
08:02Vous avez travaillé avec tous les anciens,
08:04beaucoup de ministres de l'Éducation nationale, c'est vrai.
08:06– J'étais l'acteur de la télévision.
08:07– Bien sûr.
08:09Et là, après, vous êtes complètement lâché.
08:12Et notamment aussi Alexis Colère, à l'Élysée, secrétaire général.
08:16– Lui comme d'autres.
08:17C'est-à-dire, si vous voulez, j'ai vu ce que pouvait être le soutien
08:22de la part du président ou de l'Élysée en général
08:25dans des épisodes beaucoup plus compliqués pour des collègues.
08:27Dans mon cas, le fait d'être parti avec ma femme au Nouvel An,
08:32qui encore une fois n'a rien d'extraordinaire,
08:35est devenu une affaire générale.
08:40C'était assez simple à l'époque, pour le Premier ministre en particulier,
08:44de tout simplement dire que la décision qui avait été prise
08:48au lendemain du Jour de l'An avait été prise collectivement.
08:52Ce n'était pas quelque chose que j'avais fait tout seul, évidemment.
08:55Et que le fait que je prenne trois jours
08:57n'avait strictement aucune incidence sur les choses.
08:59– Mais ce qui est intéressant sur un plan politique aussi,
09:01dans vos observations, Jean-Michel Blanquer, sur ce livre,
09:04la citadelle, il faut bien décrire ce qu'est la citadelle,
09:06c'est l'Élysée en fait derrière.
09:08Vous dites qu'à un moment donné, la parole était un peu partagée,
09:12Emmanuel Macron consultait un peu, et qu'ensuite tout s'est resserré,
09:16et que finalement il y a trop de concentration du pouvoir,
09:19tout se passe à l'Élysée en fait aujourd'hui.
09:22Je ne sais pas si c'est le cas encore aujourd'hui,
09:24bien sûr avec le nouveau gouvernement, mais c'est ce que vous décrivez.
09:28– Oui, vous savez, le livre est chronologique,
09:30donc ça permet aux lecteurs d'être un peu dans ma peau, si je puis dire,
09:34et de voir un peu l'évolution des choses,
09:36et de voir aussi les choses lumineuses, les choses positives,
09:38qui sont nombreuses.
09:39– C'est véritablement un récit, c'est passionnant, je le dis aux auditeurs.
09:43– Merci.
09:44Et c'est fait pour ça, pour que chacun vive ma vie, si je puis dire,
09:48et comprenne ce qui se passe.
09:50J'ai mis ce que j'ai vu tout simplement,
09:52donc il y a des choses bonnes, des choses négatives,
09:54il y a des forts, des faiblesses, enfin je mets tout sur la table.
09:57Et ce que j'essaye de montrer aussi,
10:00c'est que cette concentration des pouvoirs dont vous venez de parler,
10:03elle était indispensable au moment de la crise sanitaire.
10:06Et le Président a d'ailleurs été, à mes yeux,
10:08un bon Président de la crise sanitaire,
10:10c'est-à-dire que toutes ces qualités, notamment de travail,
10:12il faut bien se rendre compte qu'Emmanuel Macron,
10:15c'est quelqu'un, vous lui donnez un dossier à minuit,
10:18à 8h du matin, quand vous faites la réunion,
10:21il a complètement assimilé tous les éléments,
10:23et vous pouvez prendre des décisions éclairées.
10:26Il a donc eu à concentrer les pouvoirs,
10:29et c'était indispensable, ça a été le cas dans les autres pays aussi,
10:32et il l'a plutôt bien fait.
10:35Le problème, c'est qu'une fois que la crise s'est estompée,
10:39cette concentration des pouvoirs est restée.
10:41C'est ce que j'appelle le Covid long de l'Élysée.
10:43C'est-à-dire que, et on en est,
10:46c'est ce qui nous a menés aux évolutions peu positives.
10:50– Et la dissolution quoi.
10:51– Oui, exactement, la dissolution étant une sorte d'acmé de ce que je viens de dire.
10:56Et ce qui est intéressant d'ailleurs,
10:58c'est que j'ai écrit ce livre évidemment bien avant la dissolution,
11:01et j'ai simplement rajouté quelques pages pour commenter la dissolution,
11:05mais ce qui est terrible, c'est que ce phénomène de la dissolution,
11:09très difficile à expliquer, d'une certaine façon,
11:12est illustré par tout ce que j'ai écrit précédemment.
11:14C'est-à-dire que le livre aide à comprendre
11:17comment on arrive à cet effet de citadélisation,
11:20c'est-à-dire à une décision assez irracielle,
11:23qui est prise parce qu'il y a un trop grand enfermement à l'Élysée.
11:26Et ceci me pousse à faire des réflexions, dans le livre aussi,
11:30sur le pouvoir en général,
11:32parce que tout ceci ne doit pas se concentrer exclusivement sur Emmanuel Macron.
11:36Il y a un enjeu avec la Ve République,
11:39avec des institutions d'ailleurs que, par ailleurs, je défends,
11:42mais qui méritent d'être une réflexion en tout cas,
11:45sur la manière d'exercer le pouvoir,
11:47les contre-pouvoirs, la collégialité, tous ces sujets-là.
11:50Mais surtout, ce qui est très important,
11:53c'est de voir que tout pouvoir, pour ceux qui nous écoutent,
11:57nous sommes nombreux à exercer un pouvoir,
11:59quel qu'il soit, sur des petites structures,
12:01des moyennes structures, des grandes structures,
12:03et tout le monde est menacé par la citadélisation.
12:05C'est-à-dire qu'on croit bien faire toujours,
12:08on n'écoute pas assez,
12:10on finit par s'enfermer,
12:12alors qu'au début de l'exercice du pouvoir, c'est moins le cas.
12:14C'est un peu ce qui s'est passé de 2017 à aujourd'hui.
12:17Et en 2017, il n'y avait pas cet enfermement.
12:20Et l'élan qu'il y avait en 2017 a permis de faire de grandes choses,
12:23comme les différentes réformes que nous avons menées en matière éducative,
12:26et qui, là aussi c'est le sens de ce livre,
12:29parce qu'elles sont exposées, ont donné des résultats intéressants.
12:32Il faut maintenant ne pas perdre ces résultats.
12:34– Oui, on va en parler dans un instant sur l'éducation,
12:37la vérité en face, et c'est un exercice,
12:39c'est le titre de l'émission,
12:41et c'est un peu un exercice de vérité aussi.
12:44Dans votre livre, la Citadelle, Jean-Michel Blanquer,
12:47on se retrouve dans un instant, jusqu'à 10h.
12:50Et vous pouvez d'ailleurs réagir, 0826 300 300,
12:53on aura peut-être quelques minutes pour prendre vos réactions ou vos questions.
12:57– 9h10, Sud Radio, la vérité en face, Patrick Roger.
13:02– La vérité en face est un exercice de vérité.
13:05Avec Jean-Michel Blanquer qui a écrit La Citadelle,
13:07aux éditions Albin Michel, je ne vous le recommande pas.
13:10Pour voir un petit peu, finalement, toutes les coulisses aussi,
13:13avec l'Élysée, comment ça fonctionne, un ministre à qui il doit parler,
13:19est-ce qu'il a la confiance ou pas.
13:21Et Jean-Michel Blanquer, lui était bien placé,
13:23parce qu'il avait la grande confiance d'Emmanuel Macron,
13:25qui voulait même le mettre, à un moment donné,
13:27Premier ministre à la place d'Édouard Philippe.
13:29Et puis il y avait certains ministres comme Bruno Le Maire
13:31qui vous conseillaient, Jean-Michel Blanquer,
13:33de postuler pour remplacer Édouard Philippe.
13:35Vous l'écrivez noir sur blanc.
13:37– Oui, mais à une époque, c'était un sujet qui était dans l'air.
13:40Et moi je disais que je voulais rester 5 ans à l'éducation nationale.
13:43Je pense que c'est important de creuser les sillons
13:46et de ne pas sautiller d'un poste à l'autre.
13:48Et je suis très heureux d'avoir tenu ces 5 ans et sur ce sujet.
13:54– Même si ça s'est mal terminé, bien sûr,
13:56et que vous avez quand même un peu de rancœur,
13:58allons contre de certains, non ?
14:00– Non, je n'utiliserai pas le mot rancœur,
14:02je dirais sur ce point-là, une forme de tristesse,
14:05parce que ce n'est pas de la rancœur, c'est le fait que je vois très bien
14:08comment les choses auraient pu être autrement.
14:09Vous savez, parfois on peut se dire, c'est la fatalité,
14:11les choses finissent toujours dans le mur,
14:13les histoires d'amour se passent mal en général, etc.
14:15En fait non, il y avait un scénario très simple
14:18qui était d'avoir un plan sur 10 ans, que nous vivions,
14:22de réforme de l'école et du lycée d'abord, puis du collège,
14:25dans le cadre du deuxième quinquennat.
14:28Et donc le scénario normal, c'était de nommer une ministre ou un ministre,
14:32après moi, qui lui aussi ou elle aussi, aurait duré 5 ans.
14:36Et sur une ligne qui aurait été la même,
14:39parce que vous savez, l'éducation, c'est le temps long,
14:41vous avez besoin de 10 ans.
14:42– Oui, et Papesdia n'était pas sur la même ligne.
14:44Gabriel Attal, qui a été votre secrétaire d'État, l'était un peu plus.
14:47Alors entre les lignes, vous dites qu'il a fait un copier-coller
14:50de ce que j'avais commencé à engager, non ?
14:52– Oui, ce qui d'ailleurs n'est pas un problème, au contraire.
14:55Par contre, ce qui est moins bien, c'est d'être resté que quelques mois,
14:58si vous voulez.
14:59Donc c'est des logiques politiques et de communication
15:02qui ne sont pas les miennes, si vous voulez.
15:04Je pense que l'éducation nationale, comme d'autres sujets d'ailleurs,
15:08vous pouvez prendre la défense nationale,
15:10vous pouvez prendre les sujets de sécurité,
15:11vous pouvez prendre les sujets économiques,
15:13tous ces sujets réclament de la suite dans les idées,
15:16des si on l'ont, et pas simplement des effets de communication.
15:19Et je me suis employé à ça, et j'ai par exemple voulu rester
15:22à la barre fermement au moment de la crise sanitaire,
15:25parce qu'on ne doit pas sautiller d'un poste à l'autre.
15:28– Et qui plus est peut-être, parce qu'on peut se planter aussi
15:30sur une réforme.
15:31– Bien sûr.
15:32– On peut rectifier si on reste effectivement sur un temps long.
15:35Est-ce que vous reconnaissez que peut-être sur la réforme du bac,
15:38il y a eu de bonnes choses, la réforme du lycée,
15:40puis il y a peut-être eu des petites choses qui…
15:42– Oui bien sûr, la réforme du lycée, il se dit beaucoup de choses
15:45assez fausses là-dessus, et c'est pour ça que c'est important
15:47de lire le livre pour rentrer un peu dans des choses un peu approfondies.
15:51Mais sur la réforme du lycée, dès le début,
15:53il y a énormément de concertations.
15:54On a consulté des dizaines de milliers de lycéens et de professeurs
15:57pour l'élaborer, c'est pas une réforme que j'ai conçue
16:00sur un coin de table tout seul, ça a été très participatif.
16:04D'ailleurs, elle correspondait aux attentes des lycéens,
16:07notamment en termes de choix, et aujourd'hui encore,
16:10quand vous faites des enquêtes auprès des lycéens,
16:12ils sont très majoritairement favorables à cette réforme.
16:14Pourquoi ? Parce qu'ils ont très bien vu, un,
16:16que ça leur donnait beaucoup plus de liberté,
16:18c'était donc beaucoup plus passionnant d'étudier,
16:20et deuxièmement que c'était devenu plus exigeant.
16:22Un point qui n'est jamais souligné dans le débat public,
16:24c'est que nous avons revu tous les programmes
16:26dans un sens de plus grande exigence.
16:28Ce qui n'est pas arrivé depuis des décennies.
16:30Depuis des décennies, vous aviez eu édulcoration des programmes.
16:32Désormais, les élèves qui choisissent des matières,
16:35les choisissent par passion, et les choisissent par choix,
16:38et ceci permet de dire, puisque tu choisis,
16:41tu vas approfondir davantage.
16:43– Ça c'est le cas par exemple des maths.
16:45– Par exemple sur les maths. – Les maths appliquées,
16:47les maths approfondies.
16:49– Je vous remercie de le dire ainsi,
16:51mais on entend très peu ce que vous venez de dire.
16:53C'est-à-dire que toute la polémique qui a eu lieu
16:55ces deux dernières années,
16:57sans une véritable défense par le gouvernement
16:59de sa propre réforme,
17:01c'est qu'on aurait tué les maths et les sciences en France.
17:03C'est l'exact inverse.
17:05Aujourd'hui, si vous choisissez maths et sciences,
17:07vous faites plus de maths, plus de sciences,
17:09vous êtes donc mieux préparé pour devenir un bon ingénieur.
17:11Il n'y a pas eu, contrairement à ce qu'on entend,
17:13moins de filles préparées à devenir ingénieurs.
17:15Il y en a autant dans les classes prépa
17:17que précédemment, et vous avez même plus de filles
17:19qui font les maths approfondies,
17:21ce qu'on appelle maths expertes, en terminale.
17:23Mais on verra les résultats
17:25au bout d'un certain temps.
17:27C'est-à-dire qu'on n'a pas pu les mesurer.
17:29Tout ça, c'est le temps.
17:31Mais si vous interrogez, par exemple,
17:33des professeurs de classe prépa ingénieurs,
17:35ils commencent à vous dire
17:37qu'ils voient un début
17:39d'amélioration au niveau des élèves
17:41quand ils arrivent. Mais tout ceci,
17:43encore une fois, ça nécessite
17:45d'avoir le sens de la durée.
17:47Ce qui est très compliqué en démocratie
17:49contemporaine, c'est que
17:51en un slogan,
17:53vous pouvez mettre dans la tête des gens des choses fausses
17:55et moi, après, il me faut des pages et des pages
17:57ou de longues minutes pour expliquer
17:59que ce n'est pas tout à fait ce qu'on entend dans les slogans.
18:01C'est la culture un peu du zapping.
18:03L'éducation, c'est l'anti-zapping.
18:05Sarah, Jean-Michel Blanquer est avec nous
18:07et professeur, justement, et voudrait
18:09soit vous poser une question ou une réflexion.
18:11Bonjour, Sarah.
18:13Bonjour, monsieur le ministre.
18:15Bonjour, madame.
18:17Monsieur Blanquer, pour moi, c'est un grand moment
18:19parce que j'ai beaucoup d'admiration pour vous
18:21et je pense que vous avez fondamentalement
18:23raison sur la question du temps long.
18:25C'est-à-dire qu'on passe son temps
18:27à zapper en éducation
18:29par des politiques qui ne pensent qu'à leur avenir
18:31au lieu de penser à l'avenir des enfants
18:33et qui veulent des résultats
18:35à court terme. Or, ce n'est pas possible et vous l'avez
18:37très bien dit. Maintenant, il y a quand même
18:39des choses, mais en tant qu'enseignante de terrain
18:41que je ne comprends pas, en comprenant
18:43vos contraintes. Parce que j'ai exercé de longues
18:45fonctions, je comprends, mais il y a quand même des choses
18:47c'est n'importe quoi.
18:49Vous êtes dans quel
18:51lycée, collège ?
18:53Moi, je suis agrégée de lettres
18:55mais j'enseigne par choix en collège
18:57parce que je pense que tout se passe en collège
18:59c'est essentiel et c'est le maillon
19:01faible actuellement. Et moi, je n'ai
19:03jamais compris que monsieur Blanquer
19:05quand il est arrivé
19:07je comprends qu'il ne peut pas tout faire
19:09et monsieur le ministre, vous avez fait tout ce que
19:11vous avez fait en CP, c'est super, mais
19:13vos dédoublements de CP, c'est seulement
19:15sur l'ESEP. Les autres établissements
19:17n'y ont pas eu droit. Il y a beaucoup d'enfants
19:19de classe moyenne française qui n'ont pas eu droit
19:21à ce dispositif. Déjà, ça c'est une chose.
19:23Et moi, je le vois en collège, si vous voulez.
19:25Et la réforme calamiteuse de madame
19:27Belkacem, qui nous a enlevé des heures de cours
19:29des heures de soutien, on est
19:31à des chiffres catastrophiques
19:33et bien, cette réforme, monsieur le ministre,
19:35aurait pu remettre des heures. D'ailleurs, c'est ce qu'ils ont fait en Espagne
19:37et en Italie. Il n'a jamais remis ses heures.
19:39Il a dit qu'il allait
19:41remettre le latin et il l'a déclaré
19:43de reconnaissance, monsieur le ministre, de ce que vous avez dit.
19:45Mais dans les faits, dans les faits,
19:47ça n'a pas été le cas.
19:49Alors, Sarah, il ne nous reste malheureusement qu'une minute
19:51pour que Jean-Michel Blanquer vous réponde.
19:53Ça va être difficile, mais on a bien compris.
19:55Le collège, c'est vrai que c'est le pivot
19:57peut-être, on vous parlait du primaire.
19:59Je pourrais passer plusieurs heures avec vous.
20:01On vous réinvitera pour passer énormément de sujets.
20:03Et tous
20:05très juste.
20:07Alors, d'abord, un sur
20:09ce qu'on a fait à l'école primaire.
20:11Il y a le dédoublement en éducation prioritaire,
20:13mais on a fait des choses pour les autres enfants, ce que je vous disais
20:15sur l'évaluation, ce que je vous disais sur la formation
20:17des professeurs et même sur le taux d'encadrement
20:19qui s'est amélioré en France partout.
20:21Nous avons été aussi bienveillants que nous pouvions
20:23et nous l'avons été pour le taux d'encadrement
20:25à l'école primaire, notamment
20:27en milieu rural, vous voyez. Chaque année,
20:29dans chaque département de France,
20:31il y a eu une amélioration du taux d'encadrement
20:33à l'école primaire. J'ai mis tous les moyens supplémentaires
20:35que je pouvais avoir, je les mettais à l'école primaire.
20:37Sur le collège.
20:39C'est tout à fait exact de dire que c'est ce que j'ai le moins réformé
20:41parce qu'en effet, on ne peut pas tout faire.
20:43Quand vous voyez toutes les tempêtes que j'ai eues
20:45rien que sur l'école primaire et le lycée,
20:47le collège aurait été dur. Il fallait déjà rectifier
20:49les choses comme l'a dit madame. – C'est le dossier
20:51de Anne Genter. Si vous lui conseillez
20:53quelque chose, c'est de s'attaquer à… – Oui, c'est ce que j'ai conseillé
20:55à tous ceux qui m'ont succédé, le collège.
20:57Et madame a tout à fait raison, bien sûr.
20:59Alors, on a fait des choses, par exemple, Devoir fait,
21:01vous avez parlé de soutien à madame, Devoir fait,
21:03c'est presque un million d'élèves qui en bénéficient
21:05gratuitement dans toute la France
21:07et ça contribue. Mais c'est vrai,
21:09aujourd'hui, le sujet
21:11d'amélioration, c'est maintenant le collège.
21:13– Voilà, Jean-Michel Blanquer, conclusion
21:15La Citadelle aux éditions à la Bain-Michel.
21:17Vous reviendrez parce qu'il y a des questions,
21:19il y a beaucoup d'autres sujets qu'on aurait pu aborder.
21:21Merci, La Vérité en face se termine.
21:23Demain, nouvel épisode, si je puis dire.
21:25Dans un instant, Valérie Expert, André Berckhoff
21:27ce midi, Les Vraies Voix ce soir et demain matin
21:29la matinale de Jean-Jacques Bourdin. Bonne journée.

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