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00:00Et l'histoire tragique.
00:01Ah oui, puisque Bambi, effectivement, c'est une histoire tragique.
00:04Alors, Amandine, Amandine Sanvicenne.
00:09Et là, je ne sais pas si je prononce bien votre nom.
00:11C'est très bien, c'est très bien, merci.
00:13Bonjour ! Alors, on est dans une société où les positions sont souvent radicales.
00:18Et on est parfois étonné, parce que c'est un film qui a été fait,
00:22et sans doute pour la bonne cause, ce film.
00:24Mais évidemment, ils utilisent des animaux.
00:27Et c'est ce qui vous a mis, madame, sans doute en colère,
00:31et c'est pourquoi vous souhaitez déprogrammer l'avant-première de ce film.
00:36Oui, puisqu'en fait, ce film Bambi, carrément, on peut dire qu'il trompe le public.
00:41Puisque, vous voyez, cette belle histoire qui est racontée,
00:43où on peut se dire, où ça donne l'impression, l'illusion,
00:46que les animaux sont heureux dans la forêt, etc.
00:49En fait, c'est tourné avec des véritables animaux sauvages,
00:53qui sont malheureux, puisqu'ils sont placés en captivité.
00:55Donc, on parle de lapins, ratons laveurs, loups, chouettes, sangliers, fangs, évidemment.
01:00Et en fait, pour quelques minutes à l'écran,
01:03ces animaux-là, qui sont des animaux sauvages, qui ont des besoins très importants,
01:08ils sont placés en captivité durant toute leur vie, et ils sont dressés.
01:12Et donc, en fait, si vous voulez, nous, on appelle le monde du cinéma
01:16à prendre conscience que les animaux sauvages ne sont pas des acteurs,
01:19et qu'il est temps de se tourner vers des techniques alternatives qui existent,
01:23comme les effets spéciaux, les banques d'images, l'animatronique, etc.
01:26où on le voit déjà, en fait, il y a déjà des films, des productions
01:29qui font appel à ce type de technique, sans pour autant faire souffrir les animaux.
01:34Vous le savez, en France, on a évolué, puisque le Parlement a légiféré
01:39pour interdire les animaux sauvages dans les cirques, ça rentre en vigueur en 2028.
01:42Là, en fait, c'est la même chose.
01:44Ce qui change juste, c'est le décor.
01:45D'un côté, on a un chapiteau, de l'autre, on a un plateau de tournage.
01:48Dans les deux cas, ce sont des animaux sauvages qui sont dressés,
01:51qui sont placés en captivité, qui sont transportés,
01:54juste pour qu'on s'amuse, en fait, juste pour un divertissement.
01:57Et c'est une vie de souffrance, parce que ce sont des animaux dont leur place,
01:59si vous voulez, elle est en liberté.
02:01Elle est là, en l'occurrence, dans la forêt, à vivre leur vie tranquillement.
02:04Et donc, nous, vraiment, on appelle le gouvernement à légiférer.
02:08Il faut qu'on interdise l'utilisation des animaux sauvages pour la création artistique,
02:11c'est-à-dire pour le cinéma, la publicité.
02:13Et puis, le monde du cinéma aussi, les producteurs, les réalisateurs,
02:16les acteurs, les actrices, à prendre position.
02:19On peut faire autrement, c'est-à-dire que oui, on peut représenter des animaux
02:23en racontant une belle histoire, quelle qu'elle soit,
02:25mais avec des techniques alternatives plutôt que de les faire venir sur un plateau
02:30où c'est du stress, du dressage, où ils n'ont pas leur place, en fait.
02:33– Bon, je rappelle à Mandine Sanvissance que vous êtes co-fondatrice
02:38de l'association PAZ, qui veut dire projet animaux zoopolis.
02:46– Zoopolis, zoopolis, exactement.
02:48– Zoopolis, pardonnez-moi, zoopolis, je lisais mal.
02:51Bon, je suis toujours en difficulté dans ces sujets-là.
02:57Je ne peux pas vous dire autre chose, je suis...
02:59D'abord, parce que vous parlez d'animaux malheureux,
03:03et effectivement, ce concept-là, c'est un concept, le bonheur et le malheur
03:08qui est chez les hommes, et vous le transférez dans un cerveau de raton laveur,
03:12donc dans lequel...
03:13– On imagine que leur place est dans une forêt, en fait.
03:16– Oui, et c'est pour ça que je suis toujours...
03:22Lorsque ce sujet arrive, la place d'un lion, ce n'est pas d'être dans une cage.
03:27Donc je ne peux pas dire autre chose.
03:29Voilà, on est d'accord.
03:30Et c'est toujours une difficulté, la souffrance animale, c'est un sujet qui a été...
03:35qui est assez nouveau dans la société, on n'en parlait pas,
03:40vous êtes jeune, madame, mais moi, quand j'avais 10 ans, dans les années 74,
03:46c'est quelque chose, on ne parlait jamais de la souffrance animale,
03:48on allait au cirque, on était très content, on comptait en avoir...
03:50– Il y a une prise de conscience.
03:51– Bon, il y a une prise de conscience.
03:52Donc je ne sais pas quoi penser, et c'est finalement à l'auditeur.
03:56Parfois, il y a des sujets sur lesquels on n'a pas forcément d'avis,
04:00parce que c'est vrai que...
04:03Alors, ces animaux, qu'est-ce qu'ils sont devenus ?
04:04Ils ont été remis dans la nature, ensuite ?
04:06– Ah non, non, non, pas du tout, c'est des animaux, si vous voulez,
04:08qui sont toute leur vie en captivité,
04:10qui sont dans un port, dans un enclos, dans des cages,
04:13c'est des dresseurs dont le métier est de dresser ces animaux pour des tournages.
04:17– Et ils sont pour le cinéma.
04:18– Voilà, ou la publicité.
04:19Et je tiens, par exemple, à ces exemples quand même importants,
04:21vous voyez la pub Feuvert où il y a un chat blanc,
04:23ce n'est pas un véritable chat, c'est des images d'un chat,
04:26donc c'est possible.
04:27Le Roi Lion de 2019, ce sont, encore une fois, des techniques alternatives.
04:30Le phénix dans Harry Potter...
04:32– Non mais j'entends, j'entends.
04:33Alors là où vous avez raison et là où vous êtes convaincante,
04:36c'est que si on peut faire la même chose avec une technique différente,
04:42là, au moins, il n'y a pas de débat.
04:44Alors, je vais vous mettre avec quelqu'un que vous ne devez pas aimer du tout,
04:47Amandine Sanvissance, c'est un chasseur, il s'appelle Etienne.
04:51Donc, j'espère qu'il ne va pas vous heurter et qu'il restera courtois,
04:55même s'il n'est pas d'accord.
04:57Etienne, que voulez-vous nous dire sur ce sujet,
05:00le film Bambi avec une association de farmes des animaux ?
05:03– Bonjour, bonjour à tout le monde.
05:06Déjà, je ne suis plus chasseur depuis trois ans.
05:09– Ah, écoutez, comme ça vous dirait Olivier Guénet.
05:12– Je ne chasse plus parce que je ne suis pas en accord
05:15avec la politique générale du monde cinégétique par rapport aux grands prédateurs,
05:20à savoir l'ours, le loup et le lynx.
05:23Moi, je suis un chasseur qui pense que tous les animaux ont leur place dans la nature,
05:27surtout quand ils reviennent de façon naturelle
05:30ou un peu aidés par l'homme comme l'ours.
05:33Voilà, donc voilà, c'est bon.
05:35Pour en venir à Bambi,
05:37moi, ce que je trouve complètement un peu aberrant,
05:41alors cette dame nous parle d'animaux sauvages,
05:43en parlant des animaux qui ne sont pas dressés mais éduqués,
05:46parce que quiconque travaille avec des animaux
05:50saura qu'on n'obtient rien par la force, par la fervilité,
05:54simplement par le jeu, par une complicité, par un amour mutuel.
06:00Là, on peut arriver à quelque chose.
06:02Tous les gens qui travaillent avec des animaux vous le diront.
06:04Ceux qui ne le font pas, de toute façon, il leur arrive des bricoles.
06:07Il n'y a pas d'autres choses.
06:08Mais au-delà de ça, ce n'est pas la place d'un animal
06:12objectivement de faire du cinéma, par exemple.
06:15Ce n'est pas sa vocation, ce n'est pas moi qui conviens.
06:18Les chevaux qu'on utilise pour la série Fortunes de France.
06:22Mais de la même manière, on pourrait un jour...
06:25Un jour, le débat se posera.
06:27Dans le temps où est tournée cette série,
06:31il n'y a pas de véhicule à moteur.
06:33On utilise principalement des chevaux, des boeufs de trait.
06:36Donc, on va mettre des chevaux de synthèse,
06:38on va mettre les gens sur des chevaux de synthèse.
06:41Vous savez, il y a plein de chevaux qui sont heureux.
06:43Il y a plein d'animaux...
06:45Comme l'a dit la dame, ce sont des animaux sauvages.
06:46Non, les animaux qui sont utilisés, ce sont des animaux
06:49qui sont en général issus d'élevage depuis très longtemps.
06:54Parce que pour les dresser, de toute façon, comme elle dit,
06:58il faut déjà des animaux qui soient familiarisés avec l'homme.
07:02Un cerf qu'on va attraper dans l'aventure, donc un cerf sauvage
07:05qui n'a jamais connu la vie domestique,
07:08entre guillemets, la vie au contact de l'homme,
07:10on ne lui ferait pas tourner un épisode,
07:12on ne lui ferait pas tourner une série de films.
07:13Si vous allez au bout de la logique,
07:18même les chevaux dont on se sert pour faire de l'équitation,
07:21faire du dressage,
07:23il y a une forme de logique à dire
07:24« Laissez ces chevaux tranquilles ! »
07:26Qu'est-ce que vous voulez que je dise ?
07:27Ça s'entend !
07:28En tout cas, il y a une forme de logique.
07:30Si vous considérez que l'animal a une vie autonome
07:35et des sentiments,
07:38le mot « sentiment » n'est peut-être pas adapté,
07:41mais en tout cas, une sensibilité.
07:45Merci, je cherchais le terme.
07:46Forcément, l'homme doit le laisser en paix.
07:50C'est une philosophie générale.
07:52J'imagine que Mme Sensivan, c'est ce qu'elle pense.
07:56J'imagine.
07:56Alors évidemment, il y a des gens qui adorent les chevaux
07:59et qui ont un rapport au cheval avec l'équitation
08:02qui est très puissant, très fort.
08:06C'est pour ça que je dis que je ne sais pas quoi penser de ces sujets.
08:08Mais il est 12h47, donc on est en retard.
08:11Je remercie Amandine, grandement.
08:14Je remercie Étienne, grandement.
08:16Oui, si on dit qu'un cheval, c'est l'équivalent d'un homme,
08:20si on part de ce postulat-là,
08:22si j'ose dire, en tout cas que c'est proche.
08:24Oui, vous n'aimeriez pas qu'on vous monte dessus ?
08:26Je ne suis pas aussi catégorique.
08:30Pourquoi pas être un cheval, finalement ?
08:34Oui, mais voilà, il n'y a rien demandé, le cheval.
08:37Déjà, il était tranquille dans son enclos.
08:39Et puis un jour, on est venu lui mettre une selle.
08:42C'est particulier comme logique, mais pourquoi pas ?
08:45Bien sûr, c'était pour vous faire rire.
08:47Je n'aime pas vous faire rire.

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