• il y a 3 mois
Bruno Retailleau s'exprime à l'issue de son premier déplacement en tant que ministre de l'Intérieur au commissariat de la Courneuve (Seine-Saint-Denis).

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Transcription
00:00Bruno Retailleau s'exprime en direct à la Cournotte dans un commissariat.
00:04Tout simplement pour être au milieu des troupes.
00:06Je pense qu'elles ont besoin de sentir que leur patron, comment dirais-je, prend soin d'eux.
00:12On a eu dans la soirée de jeudi une interpellation qui s'est mal passée
00:19puisque un des fonctionnaires de police a été grèvement blessé, 42 jours d'ITT.
00:25Une main qui était cassée avec une intervention un peu lourde.
00:31Ils ont réussi à interpeller 4 individus sur le travail de police.
00:36Je suis venu à la fois leur dire que je suis avec eux, les féliciter quand même.
00:41Et puis leur dire, parce qu'on me posait tout à l'heure la question sur un plateau
00:47pour me dire quelles sont les premières mesures qu'il faudrait prendre,
00:50dans quelle direction vous voulez aller.
00:52La première direction pour rétablir l'ordre, c'est d'être aux côtés et, comment dirais-je,
00:58de conforter les forces de l'ordre.
01:00Parce qu'elles font un boulot incroyable dans des conditions qui sont de plus en plus difficiles
01:06parce qu'il y a une ultra-violence et il faut qu'on soit vraiment à leurs côtés.
01:10Moi je ne tolérerai de ce point de vue aucune offense, rien.
01:14Et ceux qui mettent des cibles dans le dos de nos policiers et de nos gendarmes,
01:20je me mettrai en travers de leur route.
01:22Vous dites que vous allez défendre les forces de l'ordre.
01:24Une de leurs inquiétudes, c'est aussi des questions budgétaires.
01:26Qu'est-ce que vous avez à leur répondre ?
01:27Ce sera aussi un autre front.
01:29C'est un front moins dangereux sur le plan physique et autre, mais ce sera un front important.
01:34Il y a eu les JO, il y a eu des engagements qui ont été pris.
01:37Ils ont été très sollicités.
01:39Et je veux dire d'ailleurs, en remerciant le préfet de police et toutes les équipes qui ont œuvré,
01:44la sécurisation des Jeux olympiques et paralympiques, ça a été un immense succès.
01:48Et on a beaucoup demandé à nos forces de l'ordre.
01:51Et ce n'est pas, vous le savez bien, la première fois qu'on leur demande beaucoup.
01:55Ça fait quand même plusieurs années qu'ils sont sur la brèche.
01:58Il y a des engagements, il faut que l'État et la République tiennent ces engagements-là.
02:03Vous leur dites aujourd'hui que les budgets sont maintenus.
02:05Je dis que la passation de pouvoir était à 10h30.
02:11J'essayais de voir exactement où on en est sur le plan budgétaire.
02:16Mais je les défendrai, bien sûr.
02:18Comment lutter contre le narcotrafic ? Vous allez continuer les opérations Plasnet ?
02:23C'est un point que je veux étudier.
02:25Parce que je pense qu'il faut être très pragmatique.
02:27C'est ce que le Premier ministre m'a demandé.
02:29Ou c'est positif, ou c'est pas positif.
02:31En tout cas, j'avais pris l'initiative, moi, il y a moins d'un an, au Sénat,
02:35de créer une commission d'enquête.
02:37Le narcotrafic, c'est entre 3 et 6 milliards.
02:39C'est énorme, c'est en train de gangréner des parties du pays.
02:42Et on voit bien qu'il y a un lien très étroit entre le narcotrafic et l'ultra-violence.
02:48Donc on a fait des propositions, il y en a une trentaine.
02:51Elles ont été d'ailleurs transcrits dans une proposition de loi.
02:54Parmi ces propositions, il y a un parquet national, il y a un statut pour le repenti,
02:59il y a aussi un statut pour ceux qui sont les informateurs,
03:03il y a aussi la préconisation d'enquête de patrimoine.
03:06Vous savez, je le disais tout à l'heure, Al Capone est tombé sur une enquête fiscale.
03:10Il ne faut rien s'interdire.
03:12Simplement, il faut prendre les leviers qui fonctionnent.
03:15Mais le narcotrafic est un vrai souci.
03:18Et il faut s'y atteler, encore une fois, sans esprit de système,
03:22doctrinel, et essayer de voir ce qui fonctionne bien.
03:25Vous dites qu'il faut rétablir l'ordre, ça veut dire que sous votre prédécesseur,
03:28Gérald Darmanin, il n'y avait plus d'ordre tenu ?
03:31Il l'a dit lui-même, Gérald Darmanin, qu'on ne peut pas tout bien faire.
03:36Ce que je constate, moi, c'est qu'il y a quand même une ultra-violence.
03:40Je le disais aussi, on a parlé tout à l'heure avec le préfet de police et le préfet,
03:45des refus d'obtempérer.
03:48Un tout, les 20 minutes.
03:51Chaque jour qui passe, c'est 1000 agressions.
03:54Et je parle de celles qui sont déclarées.
03:57Chaque heure qui passe, c'est une attaque avec arme.
04:01On ne peut pas s'en satisfaire.
04:03Quand on parle avec les policiers tout à l'heure, on voit bien qu'il y a une délinquance
04:07qui sont d'origine mineure.
04:09Pourquoi, d'ailleurs, les trafiquants de drogue utilisent, entre guillemets,
04:13beaucoup de mineurs ?
04:14C'est parce qu'ils savent qu'on a des textes qui sont totalement décalés
04:18avec ces violences des mineurs.
04:20J'entendais tout à l'heure qu'un de ceux qui est à l'origine
04:24des dégâts causés à la main d'un de nos policiers
04:28avait plusieurs dizaines d'antécédents,
04:30dont un où cet individu avait volé avec acte de torture.
04:38Pas un jour présent.
04:39Quelles seront vos relations avec le ministre de la Justice ?
04:42Vous parlez de la Justice sans la nommer là directement.
04:44Elles seront bonnes.
04:46J'en ai parlé, j'ai commencé à lui en parler ce matin.
04:49Et on doit se voir, je pense qu'il faut qu'on institue une relation de confiance.
04:53La Justice, évidemment, elle est indépendante.
04:55Mais je dis ce que j'ai toujours dit.
04:58Je pense qu'en matière d'ordre public,
05:01on ne peut pas tout demander aux forces de l'ordre.
05:04Il faut que l'ensemble de la chaîne puisse fonctionner.
05:07Il faut que lorsqu'un policier, lorsque les gendarmes interpellent,
05:11il faut aussi que la Justice suit son cours.
05:17Soit il y a des textes à changer.
05:19Mais ça c'est le job, ce n'est pas le mien.
05:22Mais en tout cas, ma responsabilité c'est de dire les choses.
05:26Si on revient sur votre fonction de ministre de l'Intérieur,
05:28le dernier à s'être rendu ici, c'était Nicolas Sarkozy en tant que ministre de l'Intérieur.
05:32Il a fait une déclaration que vous connaissez sûrement.
05:35Vous vous rappelez, le coup de Karcher.
05:37Est-ce que c'est un signe ?
05:38Et pourquoi avoir choisi la Courneuve au-delà de ce qui s'est passé jeudi dans la soirée ?
05:42Ça c'est une question de journaliste.
05:44C'est une question qu'on vous pose.
05:46Non, c'est tout simplement parce que quand j'ai voulu faire ce soir une visite à des policiers,
05:53à mes troupes, j'ai eu plusieurs propositions.
05:56Je trouvais que ça avait beaucoup plus de sens.
05:58Je ne sais pas si vous avez vu le jeune policier tout à l'heure avec sa main.
06:0242 jours d'ITT, ça n'est pas rien.
06:04Une opération, la main, on lui a mis un certain nombre de blocs d'acier dans la main.
06:10En plus, il y a eu 4 interpellations.
06:13Donc il y a eu des résultats.
06:14Et c'est ça qu'il faut que les Français sachent.
06:16C'est vraiment opérer de l'intériorité physique.
06:19Mais il y a des résultats.
06:20Beaucoup de résultats.
06:22Et on doit être fier.
06:23On l'a vu d'ailleurs pendant les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques.
06:26On l'avait vu d'ailleurs au moment du terrorisme.
06:29Mais les policiers sont soutenus, les lois sont soutenus, nos forces de l'ordre, par les Français.
06:33Qu'ils les aiment, qu'ils les soutiennent, qu'ils les respectent.
06:35Concrètement sur l'immigration, comment vous pouvez agir aujourd'hui ?
06:39Je vais agir.
06:41Je vais réunir une dizaine de préfets des départements qui sont les plus concernés dans quelques jours.
06:46Je veux que les préfets me disent quels sont les obstacles qu'ils rencontrent, les trous qui sont dans la raquette.
06:51Je vais leur dire aussi qu'il faut aller au maximum de ce que l'on peut faire d'un point de vue réglementaire.
06:56Faire en sorte qu'on puisse régulariser, naturaliser au compte-gouttes.
07:00En revanche expulser le maximum.
07:02Je m'en étais particulièrement occupé.
07:04J'avais fait passer un certain nombre d'amendements.
07:06Notamment sur les articles 9 et 10 du Ternetec sur l'immigration qui concernait les OQTF et les ITF, les interdictions territoire français.
07:15Donc la loi a desserré les contraintes.
07:17D'ailleurs, on a vu, on a commencé à voir la différence sur un certain nombre d'expulsions.
07:22Je me souviens, dans le rapport du Sénat, il y avait un individu, 42 précédents, y compris avec des crimes.
07:30Et on ne pouvait pas le renvoyer, on ne pouvait pas l'expulser.
07:32Donc on a, pour une grande partie, bouché un certain nombre de choses.
07:36Première chose, aller au bout de ce que l'on peut faire avec les textes qu'on a, avec des circulaires, des consignes claires aux préfets
07:44et un soutien aussi à notre administration territoriale de l'État.
07:48Première chose.
07:49Deuxième chose, je ne m'interdis pas une nouvelle loi.
07:54Le Conseil consignonnel a censuré, tout simplement sur de la forme, 35 articles.
08:01Je pense que certains d'entre eux sont essentiels, donc il faut y retravailler.
08:07Donc je parlais tout à l'heure de délit de séjour irrégulier, je peux parler de beaucoup de choses,
08:12mais on peut aller, y compris la ME, il faut voir sur le plan réglementaire, pas seulement sur le plan législatif,
08:18quels sont les contours qu'on puisse engendrer.
08:21Et puis il y a la question européenne.
08:23On a une forme de chance parce qu'au niveau européen, il y a désormais une convergence.
08:26Y compris avec des gouvernements qui ne sont pas conservateurs, qui sont des gouvernements socialistes.
08:31Le dernier étant Monsieur Scholz.
08:33On voit bien qu'il y a beaucoup plus de fermeté, parce que les peuples d'Europe veulent de la fermeté.
08:39Ils veulent qu'on maîtrise ce désordre migratoire.
08:42Et moi je pense qu'il y a un travail à faire, notamment pour réviser un certain nombre de textes,
08:46la directive retour, qui a été pensée au début des années 2000, pour être ensuite, pour entrer en application à partir de 2008.
08:55Mais là encore, elle a été pensée dans un monde qui n'est pas le nôtre.
08:59Et je pense que là encore, c'est fondamental.
09:02Aujourd'hui, ce que je constate, c'est que quand vous prenez un certain nombre de critères,
09:07aide sociale, accès aux soins, hébergement, bien d'autres, asile,
09:11la France est bien souvent un des pays européens les plus attractifs.
09:15Mon objectif à moi, c'est qu'au moins notre pays soit dans la moyenne européenne,
09:19pour qu'il ne se signale pas vis-à-vis des passeurs.
09:23Parce que malheureusement, quand on est trop attractif,
09:26ce ne sont pas les pauvres migrants qui partent du fin fond du Sahel,
09:31ou d'ailleurs qui ont ces informations-là.
09:34Ce sont les passeurs.
09:36Alors, on a le choix.
09:38Soit on délègue aux passeurs notre politique migratoire,
09:42ou soit on reprend le contrôle de la politique migratoire.
09:46Moi, je suis pour la souveraineté.
09:48Ça, c'est important.
09:50Et c'est la politique qu'on entend mener avec Michel Barnier, avec le Premier ministre.
09:54La souveraineté française ou européenne ?
09:56Les deux, mon capitaine.
09:58Moi, je pense, on le voit bien d'ailleurs,
10:02et je l'ai toujours dit,
10:04l'Europe doit faire des efforts.
10:07Il y a même trois membranes, si j'ose dire.
10:10Il y a l'Europe aux frontières extérieures de l'Europe.
10:13C'est fondamental.
10:15Les moyens de frontex et un certain nombre de règles.
10:18Ensuite, il y a des frontières qui ont été partiellement rétablies.
10:23On a parlé de l'Allemagne.
10:24Je veux simplement dire que depuis novembre 2015, la France,
10:28parce que Schengen le permettait en cas de crise,
10:30tous les six mois,
10:31a rétabli un certain nombre de contrôles.
10:33Mais la jurisprudence récente du CGE, vous ne pouvez pas refouler.
10:38Il faut demander aux migrants un délai,
10:41qu'ils partent volontairement.
10:43Donc ça nous désarme.
10:45Et comme je parlais d'une troisième membrane,
10:47je pense, et on l'a bien vu dans le cas par exemple de l'Italie,
10:50et dans d'autres cas,
10:52je pense qu'il faut aller au-delà de l'Europe.
10:54Et je pense qu'il y a des accords.
10:56L'Italie a fait des accords avec la Tunisie, avec l'Egypte.
11:00Je pense, moi, qu'on va avoir un report des entrées
11:06du secteur Est de la Méditerranée, Italie, vers l'Espagne.
11:11Et je pense que le rétablissement de bonnes relations avec le Maroc
11:15doit nous permettre de travailler cette question.
11:17Et c'est un point qu'il faut qu'on travaille avec d'autres.
11:20Mais vous voyez qu'il y a du boulot.
11:22Et bien sûr qu'il y a la question algérienne, il y a les questions d'accords.
11:25Les relations se sont un peu refroidies.

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