• il y a 3 mois
Les invités de cette émission qui nous emmène aux origines de la glisse et sur les plus hauts sommets de la planète
Le réalisateur Didier Lafond, pionnier des films de montagne mettant en scène des nouvelles pratiques. Il a cotoyé de grands aventuriers comme Mike Horn, Jean-Marc Boivin ou Patrick de Gayardon. Il est également le réalisateur du cultissime Apocalypse Snow, un des premiers films de glisse qui a lancé la pratique du snowboard en France dans les années 80 avec Régis Rolland. On appelait ça le surf des neiges à l'époque. Régis Rolland, le gentil surfeur pourchassé par les méchants monoskieurs commente sur le plateau de TéléGrenoble ces images vintage.
Il est né une décennie avant Apocalypse Snow, Jean-Yves Fredriksen
alpiniste, parapentiste, guide de haute montagne, marie souvent voile et piolet dans ces expéditions. Et avec succès. Il a réussi un des exploits de l'été. Un vol en parapente depuis le sommet du K2, le deuxième plus haut sommet de la planète après une ascension en solitaire et sans oxygène. Une première mondiale.
François Carrel, journaliste spécialiste de la montagne, alpiniste également qui vient de publier aux éditions Paulsen «  Himalaya Business, qu'avons nous fait des 8000  » dans lequel il revient sur le tournant commercial qu'a pris l'ascension des 8000 et notamment l'Everest et les conséquences de ces nouvelles pratiques. Il décrypte également l'engouement extraordinaire autour du film évènement «  Kaizen  » du youtubeur Inoxtag. Un film qui a divisé le milieu de la montagne.

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:02...
00:00:24Bonjour à tous. Respirez à fond, c'est Grand'Air,
00:00:27le magazine de la montagne et des sports de pleine nature
00:00:30de Télégrenoble.
00:00:31Aujourd'hui, on va aller se balader
00:00:33aux origines de la glisse,
00:00:35revenir un petit peu en arrière
00:00:37et flirter avec les plus hauts sommets de la planète
00:00:41grâce à nos quatre invités.
00:00:42A mes côtés, le réalisateur et photographe Didier Laffont.
00:00:46Bienvenue, Didier, pionnier des films de montagne,
00:00:49mais en tant qu'enseigne des nouvelles glisses.
00:00:51Vous avez côtoyé des grands aventuriers
00:00:54au cours de votre carrière.
00:00:55Marie-Corne, Jean-Marc Boivin ou Patrick de Gaillardon.
00:00:59Champion des prix dans les festivals de montagne.
00:01:01Vous en avez glané plus de 60
00:01:03au cours des trois dernières décennies.
00:01:06Et puis, vous êtes, j'ai envie de dire,
00:01:08surtout le réalisateur d'une série culte
00:01:11pour les amateurs de glisse,
00:01:13l'Apocalypse Snow.
00:01:14Trois films qui ont révolutionné, on peut le dire.
00:01:17Le film de glisse est marqué toute une génération.
00:01:19C'était dans les années 80.
00:01:21En vedette américaine de cette trilogie,
00:01:23il y avait Régis Roland. Bonjour, Régis.
00:01:25Bonjour.
00:01:27Bienvenue.
00:01:28Vous êtes le pionnier du snowboard.
00:01:30Vous avez effectivement crevé l'écran
00:01:33à l'époque dans cette série.
00:01:35On n'appelait pas ça le snowboard,
00:01:37c'était le surf des neiges, le terme dans les années 80.
00:01:41Vous étiez le gentil surfeur
00:01:43poursuivi par des méchants monosquieurs.
00:01:45On verra évidemment ces images vintage
00:01:48au cours de cette émission.
00:01:50En face de vous, il est né une décennie avant Apocalypse Snow,
00:01:53Jean-Yves Frédéric Seine. Bonjour.
00:01:55Bonjour.
00:01:56Alpiniste, parapentiste, guide de haute montagne,
00:01:58vous mariez souvent la voile et le piolier
00:02:01dans vos expéditions.
00:02:03Avec succès, vous avez réussi un des exploits de l'été,
00:02:06on peut le dire, un vol en parapente depuis le sommet du K2,
00:02:10le deuxième plus haut sommet de la planète.
00:02:12C'était une première mondiale.
00:02:14Vous allez nous raconter ça.
00:02:16On vous surnomme Blutch, ça vient d'où ?
00:02:19Ouh là ! Ça me poursuit depuis les années lycées.
00:02:22D'accord, ça remonte loin.
00:02:24Rien à voir avec les héros de la bande dessinée ?
00:02:27C'est ça, c'est le pénible, c'est Caporal Blutch.
00:02:30Au début, ça ne me faisait pas trop marrer,
00:02:32maintenant que...
00:02:33C'est resté.
00:02:35Vous êtes basé en Haute-Savoie, mais originaire des Vosges.
00:02:38Oui, tout à fait.
00:02:40Ce n'est pas le terrain le plus adapté pour la haute montagne ?
00:02:43Si.
00:02:44Si ?
00:02:45Contrairement à ce qu'on pense, c'est un super terrain de jeu
00:02:48pour faire de l'escalade avec de la mousse et de la terre,
00:02:51et pas forcément gelée comme en Écosse.
00:02:54C'est là-bas que j'ai fait mes armes
00:02:56et que je me suis régalé en allant sur des montagnes.
00:02:59Le point culminant des Vosges, là, votre avis ?
00:03:021 452 m.
00:03:03Ah, pas mal, Didier, pas mal !
00:03:05Régis, plus, moins ?
00:03:08Non, 1 400, ouais.
00:03:09C'est Didier qui n'est pas loin.
00:03:11Vous êtes à peu près à égalité, 1 424.
00:03:14Le grand ballon.
00:03:16Vous êtes pile au milieu.
00:03:19François, vous connaissez la réponse.
00:03:21Altitude des Vosges, forcément.
00:03:23Non, joker.
00:03:25François Carrel, journaliste, spécialiste montagne,
00:03:28alpiniste également.
00:03:30Vous avez publié il y a quelques mois
00:03:32ce livre que j'ai là, aux éditions Paulsen,
00:03:35Himalaya Business,
00:03:36business qu'avons-nous fait des 8 000,
00:03:39dans lequel vous revenez sur le tournant commercial,
00:03:41y compris les ascensions des 8 000,
00:03:43et notamment de l'Everest, ces dernières années.
00:03:46Ça fera écho aussi avec un film
00:03:48qui a un peu bouleversé le paysage en cette rentrée,
00:03:51un film de montagne, insiné par un youtubeur, Inox Tag.
00:03:54On en parlera dans cette émission aussi.
00:03:57Avant ça, Jean-Yves, est-ce que vous êtes allé à l'Everest
00:04:00dans votre carrière ?
00:04:01Non, jamais ?
00:04:02Non, j'ai toujours eu peur
00:04:05de la foule.
00:04:06De la foule.
00:04:08Vous avez fait plusieurs expéditions en Himalaya,
00:04:11notamment parler du Piolé et de la Voile,
00:04:16avec des expés au long cours en vol bivouac.
00:04:19Oui, mais après, c'est que des histoires de belles rencontres.
00:04:22Au départ, j'étais dans le Big Wall avec les copains de Big Wall.
00:04:25Après, j'ai rencontré Jean Troyer,
00:04:27qui m'a fait découvrir la très haute altitude.
00:04:29Après son AVC,
00:04:31je me suis tourné vers les vols bivouacs en Himalaya.
00:04:35Et puis, cette année, j'avais envie
00:04:38de boucler la boucle de la très haute altitude.
00:04:40Ça s'était un peu arrêté avec frustration,
00:04:43avec l'accident de Jean.
00:04:44Et du coup, voilà.
00:04:47Mais aller sur un humile, c'est clair que...
00:04:50Ça veut dire essayer d'éviter les sentiers battus.
00:04:55Là, on voit des images de Blutch,
00:04:57qui est le film qui porte votre surnom,
00:04:59signé Nicolas Alliot,
00:05:01qui racontait justement un périple
00:05:03à travers les montagnes de l'Himalaya
00:05:05en vol bivouac, en parapente.
00:05:07On vous a vu d'ailleurs avec un violon.
00:05:09Vous avez d'autres cordes à votre art que le Piolé et la Voile ?
00:05:12Non, je joue comme une casserole,
00:05:14mais en fait, ça permet d'écouper
00:05:18les périodes de mauvais temps.
00:05:19Ça permet aussi de ne pas trop se prendre au sérieux.
00:05:22Et puis, avec un violon qui pend
00:05:26en dessous le sac à dos, sous le harnais,
00:05:29si on vient à atterrir un peu fort,
00:05:32c'est un petit peu le signal d'alarme
00:05:34qu'il vaut mieux pas se remettre en l'air.
00:05:37Bon, c'est un bon test.
00:05:38Alors, pas d'Everest, mais vous l'avez dit,
00:05:42le 8000 peut-être le plus difficile de l'Himalaya,
00:05:45le K2, qui est le 2e sommet des 14 8000.
00:05:49Ouais, après, c'est vrai que mon cœur balançait
00:05:51entre l'Everest, pas par une voie normale,
00:05:54ou le K2.
00:05:56Et puis, c'est clair que, ne serait-ce qu'au niveau budget,
00:05:59le K2 est vachement moins cher.
00:06:01Le Pakistan propose des 8000
00:06:04qui sont peut-être 2 à 3 à 4 fois moins chers que le Népal.
00:06:09Et puis, c'est vrai que cette réputation de montagne
00:06:13plus difficile et peut-être plus dangereuse...
00:06:16Alors, plus dangereuse, ce n'est pas forcément un bon choix,
00:06:18mais du coup, c'est ce qui m'a attiré, quoi.
00:06:21Et voilà. Mais par contre, c'est clair que je voulais...
00:06:23C'est la 1re fois que je découvrais le camp de base
00:06:26d'une voie normale.
00:06:29Et c'est clair que ça ne m'a pas donné du tout envie
00:06:31de grimper sur la voie normale.
00:06:34Et puis, voilà, j'ai eu la chance, ça s'est bien goupillé,
00:06:36j'ai pu faire un truc tout seul.
00:06:39J'ai pas vu une trace pendant 2 mois.
00:06:43La voie normale, François, notamment en Himalaya,
00:06:47aujourd'hui, quelle que soit l'8000,
00:06:48ça ressemble plus à une via corda,
00:06:50comme on peut connaître dans nos montagnes.
00:06:52J'ai quelques images, d'ailleurs, de cette voie normale du K2,
00:06:55où, finalement, les alpinistes remontent
00:06:57sur ces cordes fixes tout au long.
00:06:59Voilà. Les Népalais qui organisent ces ascensions
00:07:04effectivement installent une succession de cordes fixes
00:07:07sur lesquelles leurs clients vont pouvoir progresser
00:07:13en toute sécurité, sans aucune recherche d'itinéraire.
00:07:17Donc, c'est une forme extrêmement aseptisée d'ascension.
00:07:22Certains, Blotch ne me contredira pas,
00:07:28disent que ce n'est plus de l'alpinisme.
00:07:30C'est une longue marche qui est effectivement éprouvante,
00:07:34difficile, qui reste dangereuse
00:07:38de par les problèmes liés à la très haute altitude
00:07:41et puis au risque de chute de seracs ou de chutes, tout court.
00:07:46Mais, effectivement, c'est devenu une ascension
00:07:51qui n'a plus rien d'un exploit sportif.
00:07:53C'est un produit touristique.
00:07:56Ça s'est mis en place, effectivement, déjà depuis 20 ou 30 ans,
00:08:00sur l'Everest, et depuis 10 ans, il y a une forte augmentation
00:08:03de cette activité-là, totalement maîtrisée par les Népalais,
00:08:08qui ont acquis une expertise et qui sont, aujourd'hui,
00:08:12à des taux de réussite pour leurs clients qui dépassent l'entendement.
00:08:16Au cas d'eux, il y a deux ans, on a eu 200 personnes au sommet,
00:08:19tous avec oxygène, tous avec l'assistance
00:08:22de deux sherpas, en moyenne, et ils sont allés au sommet
00:08:26de ce qu'on considérait jusqu'à peu comme la montagne la plus difficile
00:08:29du monde. Quand on l'a fait dans ces conditions-là,
00:08:32avec ces cordes fixes, avec l'oxygène et une assistante lourde,
00:08:36ça devient plus banal, aujourd'hui.
00:08:38Jean-Yves n'avait pas envie de faire comme tout le monde,
00:08:41donc vous avez choisi un itinéraire un peu original.
00:08:45Vous avez été, d'ailleurs, le seul à l'attaquer
00:08:49durant cette période.
00:08:50Ouais, après...
00:08:53Je suis né en 1975, j'ai grandi
00:08:57avec des Messner,
00:09:00des Koukouchkas, des Cézennes, etc.
00:09:03Et puis la phase sud, la combinaison
00:09:06d'itinéraires que j'ai faits sur la phase sud du K2,
00:09:10ça regroupait un peu un parcours sur les traces des légendes.
00:09:16Et c'était un honneur, c'était trop marrant.
00:09:20On le voit là, votre itinéraire qui emprunte
00:09:23une phase de 3600 m et des bouts de voies
00:09:26ouverts par les noms que vous avez évoqués.
00:09:30Ouais, je regarde, là, ça me va, ouais, c'est juste...
00:09:34Voilà, le souvenir, il est tout frais,
00:09:36mais quand j'étais au camp de base, je me disais que ce serait marrant
00:09:40et que finalement, on arrive à le faire,
00:09:43on se dit, merde, la classe !
00:09:45Quand on voit la phase, c'est pas le terme marrant qui saute en premier.
00:09:49Alors, personnellement, moi, je vais encore en montagne...
00:09:54Pour le plaisir.
00:09:55Pour en prendre plein les mirettes. J'ai pris énormément de plaisir.
00:09:59Je m'étais préparé peut-être à en baver un peu plus et finalement...
00:10:03C'était... J'avais la banane.
00:10:06J'ai eu la banane tout du long, après, peut-être sur les 2-3 dernières heures,
00:10:10j'étais pas tout là, mais je pense que j'avais quand même la banane.
00:10:14Enfin, voilà, je vais en montagne pour me faire plaisir.
00:10:17Ça m'arrive de me retrouver sur une voie normale du Mont-Blanc
00:10:21et je respecte tous les gens qui font la voie normale du Mont-Blanc,
00:10:24mais c'est pas ma tasse de thé, et puis certainement pas pendant mes vacances
00:10:28ou en tout cas pendant mes loisirs.
00:10:30En tout cas, cette ascension, vous aviez prévu de la faire en solitaire,
00:10:33par cette voie particulière et sans oxygène ?
00:10:36Non, pas par cette voie en particulier.
00:10:38Ça s'est décidé sur place ?
00:10:40Bah ouais, voilà, c'est la montagne qui décide.
00:10:42C'est certainement pas nous.
00:10:46C'était hyper pratique parce que l'attaque était à une demi-heure du camp de base
00:10:50et puis je pouvais l'observer, je pouvais un petit peu regarder
00:10:54les avalanches couler à droite, à gauche, machin, etc.
00:10:56Et puis apprivoiser ce géant de l'Himalaya qui me foutait la frousse
00:11:01en arrivant au camp de base.
00:11:02Et puis à un moment donné, il faut essayer d'apprivoiser le truc et voilà.
00:11:07Et certes, ouais, j'ai pas envie d'aller faire la queuleule en tirant sur des cordes,
00:11:14mais tous ces riches, je les respecte et puis ils font vivre une économie.
00:11:20Il y a certes les Sherpas népalais qui maîtrisent vraiment le jeu
00:11:24et qui gagnent leur croûte avec ça et qui prennent 8, 10 000 euros
00:11:29pour aller risquer leur vie 2 à 3 fois par an sur des 8000,
00:11:33que ce soit au Népal ou au Pakistan ou encore au Tibet.
00:11:36Et puis il y a aussi tous les Pakistanais qui en vivent,
00:11:40parce que toute la logistique au camp de base.
00:11:42Et puis il y a aussi des sourdoués au Pakistan
00:11:45qui font les porteurs d'altitude, qui font les guides d'altitude.
00:11:48Et voilà, on ne va pas leur cracher dessus non plus, c'est un business.
00:11:54Il faut leur connaître.
00:11:56C'est des gentils riches qui peuvent se l'offrir.
00:11:59Moi, mon expel me coûte 15 000 euros.
00:12:01Pour ces expéditions commerciales, un client, il va payer entre 50 et 90 000.
00:12:07Oui, ce n'est pas le même ordre de grandeur.
00:12:09Alors pour revenir sur cette voie, vous étiez en solitaire,
00:12:12donc difficile de faire des images.
00:12:13J'ai quand même trouvé des extraits, alors non pas à la montée,
00:12:17mais à la descente, puisqu'un skieur polonais, André Bargiel,
00:12:20a descendu pratiquement la voie que vous avez remontée, Jean-Yves,
00:12:23il y a quelques années. Lui, il était en ski.
00:12:25Oui, j'avais à peu près les mêmes conditions de neige
00:12:30quand je suis monté.
00:12:32Et du coup, là où il est en train de descendre,
00:12:34j'avais de la taille jusqu'au-dessus du nombril,
00:12:36donc je suis quand même passé bien à droite sur les rochers.
00:12:40Et c'est cool, je n'ai jamais vu ces images-là.
00:12:43Vous reconnaissez l'itinéraire ?
00:12:45Oui, carrément. Là, c'est le seul passage où je me suis mis un bout de corde
00:12:49parce que c'est une arête un peu effilée avec des corniches des deux côtés.
00:12:53Ça avait l'air plus pratique, son aller-là.
00:12:56C'était en 2018.
00:12:58Oui, c'est joli.
00:13:00Je suis remonté exactement sur ce petit couloir
00:13:01qui était tout engoblé du sucre jusqu'à la taille,
00:13:05avec en dessous de la glace noire.
00:13:07Et puis là, il est où ? C'est le petit passage du Serac.
00:13:10Alors là, il faut le faire dans l'autre sens,
00:13:11parce que lui, évidemment, il descend et vous montiez.
00:13:14C'était la première descente en ski depuis le sommet du K2.
00:13:18Régis, ça n'a jamais été fait en snowboard.
00:13:19Je ne sais pas si c'est le genre de chose
00:13:22qui vous aurait tenté au début de votre carrière,
00:13:24d'aller ouvrir comme ça des descentes extrêmes.
00:13:26Si vous voulez, moi, en 1986, on avait monté une équipe des arcs,
00:13:30que des guides.
00:13:31J'étais le seul gars qui n'était pas guide.
00:13:34Et le truc, c'était de faire la première descente en snowboard d'un 8000.
00:13:38Donc, c'était sur le Dolagiri.
00:13:40Et on a essayé de faire ça.
00:13:41Mais bon, le Dolagiri, c'est une montagne qui est quand même bien dangereuse.
00:13:44Donc, on a essayé, on est monté au camp de base.
00:13:47Après, on est monté sur les différents camps,
00:13:49on redescendait pour s'acclimater.
00:13:51Puis après, on voyait qu'il y avait quand même des grosses avalanches potentielles.
00:13:54Et un jour, on s'est réveillé à 3 heures du matin, prêt à partir.
00:13:57On a eu des tentes qu'on branlait comme ça.
00:13:58C'était une avalanche qui descendait du Dolagiri.
00:14:01Et on était au camp de base sur le...
00:14:05Donc, on a reçu le souffle.
00:14:08Bon, après, on s'est refoussé.
00:14:12Et puis après, on a quand même essayé de remonter.
00:14:14Mais après, on s'est dit...
00:14:15On est monté jusqu'à 6 300 par là.
00:14:17Et on a abandonné parce que c'était vraiment trop dangereux.
00:14:20Il y avait trop d'avalanches.
00:14:21Vous en avez eu, d'ailleurs ?
00:14:22Je crois que votre camp a été recouvert à un moment
00:14:24par une avalanche pendant l'ascension.
00:14:26Ouais.
00:14:28Faut pas le dire.
00:14:29Faut pas dire que... Non, mais ce qu'il faut pas dire,
00:14:31c'est qu'il y a quand même eu une énorme part de chance sur ces 8 000.
00:14:35Là, on a eu une chance inouïe le dernier week-end.
00:14:38C'était à quelques jours de rentrée à la maison.
00:14:41Voilà, on a eu ce créneau de beau
00:14:42qui a pu profiter à Benjamin, Liv et Zeb.
00:14:45Et voilà, génial.
00:14:47Mais on joue...
00:14:49Faut admettre qu'on joue un tout petit peu avec le feu
00:14:52sur ces grandes montagnes.
00:14:53Et que c'est pas impossible que je remette jamais les pieds sur un 8 000.
00:14:58Ou peut-être.
00:14:59Mais en tout cas, je crois pas que...
00:15:01Enfin, j'ai pas du tout envie de jouer à la roulette russe
00:15:04à cocher les 14 cases.
00:15:06Vous avez passé, je crois, un mois dans votre camp de base
00:15:10à attendre un créneau météo favorable.
00:15:1345 jours de camp de base, ouais.
00:15:14Moi, c'est une longue expédition, c'est plus de deux mois loin de la maison.
00:15:18Et puis, sur les 45 jours de camp de base, 40 jours de neige.
00:15:23Ouais.
00:15:24Donc, c'est bien d'avoir un violon pour s'occuper.
00:15:26Vous l'aviez.
00:15:27Et des aquarelles.
00:15:29Vous aviez monté le violon jusqu'au camp de base.
00:15:31Au camp de base, ouais, tranquillement.
00:15:32Ben voilà, il y a une belle photo.
00:15:34Ben ouais, non, mais c'est...
00:15:35En fait, en exprès, c'est le seul moment
00:15:37où je prends le temps de faire de la musique.
00:15:40Ici, on passe notre temps à courir.
00:15:42Là, c'était un choix volontaire d'aller deux mois en exprès
00:15:46pour prendre le temps.
00:15:49Parce qu'on sait que sur ces exprès,
00:15:51ne serait-ce que pour bien s'acclimater,
00:15:53ben, il faut rien foutre.
00:15:55Et c'est cool de rien foutre, en fait.
00:15:57C'est faire une pause dans la vie, un truc de malade.
00:16:00Je vous le dis bien.
00:16:01Vous pourrez avoir des bouquins.
00:16:03Ouais, aussi.
00:16:04Et par rapport à...
00:16:06Didier, oui.
00:16:07Non, si vous montez une bibliothèque là-haut au camp de base,
00:16:09il va peut-être pouvoir les louer avec tout le monde qu'il y a.
00:16:11Il y a peut-être un business à faire.
00:16:12Il y a bien un business à faire avec une bibliothèque.
00:16:14Ouais.
00:16:15C'est mieux la bibliothèque
00:16:17que ce que tu nous as raconté tout à l'heure.
00:16:19Ouais, on en reparlera.
00:16:20Parce que c'est avant que l'émission démarre.
00:16:22On en reparlera tout à l'heure avec François.
00:16:24Pour revenir justement à ce que disait François,
00:16:26de l'organisation des voies normales, etc.
00:16:29Vous, donc, vous étiez sur un itinéraire
00:16:31où il n'y avait personne, où il n'y avait pas de cordes fixes
00:16:33et où vous avez dû être autonome à monter votre propre tente,
00:16:36vos propres équipements sur la voie.
00:16:39Ouais.
00:16:41Après, c'est ce qui fait partie de l'esprit d'aventure.
00:16:44C'est ça que je vais chercher, en fait.
00:16:46C'est de trouver son itinéraire,
00:16:48trouver ses emplacements de bivouac,
00:16:52plus ou moins protéger des dangers objectifs.
00:16:55J'ai une photo de votre camp.
00:16:57Je crois à plus de 6 600 mètres d'altitude, celui-là.
00:16:59Là, dans une crevasse.
00:17:01Et tout bêtement,
00:17:02je laisse mes affaires signalées avec une grande sonde
00:17:08accrochées à cette crevasse.
00:17:10Et je reviens après une période de mauvais temps de 8 jours.
00:17:14Et non seulement la crevasse s'est ouverte de 2 mètres
00:17:18parce que j'étais un peu trop près du séracle,
00:17:20donc je n'ai plus osé dormir là.
00:17:23Et puis, je me mets 20 mètres à côté sur un petit replat
00:17:27et ça m'a fait la même chose avec une avalanche qui est arrivée du dessus.
00:17:30Ouais, même si on peut prendre toutes les précautions qu'on veut,
00:17:37c'est pénible d'être exposé à ces dangers objectifs.
00:17:42Trois jours pour gravir depuis ce dernier camp,
00:17:45enfin, ce seul camp intermédiaire, le sommet.
00:17:49Pas trois jours ?
00:17:5032 heures.
00:17:51Voilà, 32 heures non-stop.
00:17:53C'est en fait comme ça que j'ai appris avec mon copain Jeannot Troyer,
00:17:58qui m'a appris la très haute altitude.
00:17:59Et du coup, c'est de l'escalade non-stop
00:18:02et où on ne s'arrête surtout pas la nuit pour dormir
00:18:05parce que ça caille la nuit.
00:18:07Donc, on est bien mieux à rester au chaud dans sa combinaison,
00:18:10à continuer à avancer.
00:18:12Et puis ici, il y a un rayon de soleil.
00:18:13Là, par contre, on n'hésite pas à faire une petite sieste,
00:18:16en l'occurrence au sommet, pendant deux minutes.
00:18:18Vous êtes endormi là-haut au sommet du K2 ?
00:18:21Ouais.
00:18:22Je ne l'ai pas vu venir celle-là, par contre.
00:18:23Ce n'était pas volontaire.
00:18:24J'étais à bout de souffle, je viens de rater un décollage.
00:18:28Et je suis tombé un peu à la retour.
00:18:30Je me suis assis et puis là, ça a fait switch off.
00:18:34Hop.
00:18:35Et le plus drôle, c'est que la caméra tournait.
00:18:37Donc, pour moi, j'ai passé la nuit.
00:18:40Et en fait, j'ai dormi une minute trente et je me réveille.
00:18:44Je suis encore là.
00:18:46Ça va mieux.
00:18:50Et là, je prends ma voile en boule et je rétale.
00:18:53Et voilà.
00:18:54J'ai vu que vous aviez passé peu de temps, finalement.
00:18:57Vous êtes arrivé au sommet.
00:18:58Cinq minutes après, vous étiez prêt à décoller avec votre parapente.
00:19:01Vous étiez vraiment focus sur cette deuxième partie du défi.
00:19:05Ouais, il n'y a pas trop de place à l'euphorie.
00:19:07On sait qu'on est quand même dans une zone à la noix.
00:19:12Et qu'il ne faut pas traîner là-haut.
00:19:14Et du coup, on fait un petit selfie.
00:19:17Et puis, on se prépare.
00:19:18On a tellement répété le scénario dans la tête
00:19:21que j'enlève mon sac à dos, j'étale mon parapente,
00:19:24je mets dans mon harnais, je fais mes contrôles.
00:19:26Et puis là, je suis prêt et je réalise qu'il n'y a pas de vent.
00:19:30Et qu'à 8 600 mètres, je n'ai jamais décollé.
00:19:33Et que ça ne va pas être le top.
00:19:35Et du coup, je fais des essais que j'interromps en bas de la pente
00:19:38parce que je n'ai pas du tout envie de sauter dans le trou.
00:19:40Et puis, je m'épuise bêtement.
00:19:42Et l'affaire, elle dure tout bêtement une heure et demie.
00:19:45Moi, je ne sais pas que ça dure une heure et demie
00:19:47parce qu'on perd complètement la notion du temps.
00:19:51Là, c'est un guide, un Sherpa népalais avec une cliente japonaise
00:19:55qui redescend.
00:19:56Après, j'ai le sommet pour moi tout seul.
00:19:58Et voilà, il n'y a pas de vent.
00:20:01J'attends. Et là, je pars à la retourne.
00:20:03Et là, switch off. Bonne sieste.
00:20:08On se fait peur quand même sur quelque chose comme ça
00:20:11parce que si jamais vous n'arrivez pas à décoller,
00:20:13est-ce que vous avez la capacité de descendre ?
00:20:14Vous êtes tout seul là-haut ?
00:20:16Non, je crois qu'en sortant de la sieste, là, je me dis,
00:20:19je me rappelle me dire,
00:20:23il faut peut-être commencer à envisager redescendre à pied.
00:20:25Là, tu te donnes encore un ou deux essais.
00:20:28Et puis, s'il n'y a pas de vent, casse-toi de là parce que...
00:20:32Et à ce moment-là, il y a Liv et Zep qui arrivent.
00:20:35Ils arrivent.
00:20:37Liv Sansoze et Bertrand Roche.
00:20:39Ils sont mariés, ils sont guides d'autres montagnes.
00:20:41Ils arrivent. Liv, arrête, t'es là, blotch !
00:20:43Et là, moi, je viens de passer la nuit.
00:20:46Donc, ce n'est pas possible qu'elle soit là le lendemain.
00:20:48C'est des hallucinations.
00:20:49Je ne lui réponds pas. Je la snob complet.
00:20:51Et là, j'installe mon parapente à 10 mètres 2.
00:20:56Et Zep vient vers moi, il me dit, t'as besoin d'un coup de main, blotch ?
00:20:58Et je lui dis, non, j'attends qu'il y ait du vent.
00:21:01Je suis réaliste, je dis, mais lui, c'est pour de vrai.
00:21:03Ce n'est pas possible. Là, il y a un truc, il est là.
00:21:06Et puis, bienveillant, il m'aide pendant une minute.
00:21:11Et puis, à un moment, il me dit, mais tu ne veux pas y aller ?
00:21:13Je dis, non, j'attends qu'il y ait du vent.
00:21:14Et puis, bon, il part se préparer.
00:21:16Et là, au bout de quelques minutes, deux minutes à peine,
00:21:20je prends une petite rafale, je sens que ça a envie de voler.
00:21:24Et là, je cours, je m'envole et je me barre.
00:21:26Et c'est vrai que finalement, même en arrivant,
00:21:29je me repose à mon camp à 6 600 pour récupérer toutes mes affaires
00:21:33et nettoyer la montagne.
00:21:34Et non, je ne me dis pas que j'ai merdé.
00:21:38Je ne me dis pas que ça fait peur.
00:21:40Je me dis juste que mon corps, il avait juste besoin de faire une grosse sieste.
00:21:44Et puis, cette micro sieste m'a super fait du bien
00:21:47parce que le vol, je n'en ai pas perdu une miette.
00:21:51Je me suis régalé, c'était top.
00:21:52Et si vous en êtes au point d'avoir des hallucinations,
00:21:54c'est que là-haut, vous êtes sans oxygène à plus de 8 600 mètres d'altitude
00:21:58et que, évidemment, on n'est pas dans un état normal.
00:22:01J'ai une petite séquence prise par votre GoPro
00:22:04après justement un essai où là, vous êtes allongé sur la neige
00:22:08et vous récupérez.
00:22:10C'est là où vous vous endormez ?
00:22:11Ouais, 20 secondes après, je...
00:22:14Poum !
00:22:16J'y vais, là.
00:22:18Ça y est, la switch off.
00:22:21Et je dors.
00:22:22Et dans quelques secondes, mon souffle...
00:22:26Va ralentir.
00:22:27Va ralentir et je dors.
00:22:29D'accord.
00:22:30C'est une petite sieste réparatrice.
00:22:32Et...
00:22:34Et...
00:22:36Non, c'est rigolo parce que c'est Jeannot qui m'avait expliqué
00:22:38qu'au sommet de l'Everest en 86, après avoir fait la face nord en 36 heures,
00:22:43si je ne m'abuse, aller-retour...
00:22:44Jeannot, c'est Jean Troyer, un alpiniste suisse qui a réussi les 14 8000.
00:22:48Voilà, avec Hérard Cloretan.
00:22:50Il n'a pas fini ses 14, Hérard les a finis, ouais.
00:22:53Et...
00:22:54Là, je me réveille.
00:22:55Elle n'a pas été longue.
00:22:58Elle n'a pas été très longue.
00:23:00Mais ça fait du bien, un truc de malade.
00:23:03Et Jeannot m'avait dit qu'au sommet de l'Everest,
00:23:06ils étaient persuadés tous les deux qu'il y avait une troisième personne.
00:23:09Mais il n'y a jamais eu de troisième personne.
00:23:10Et ils lui parlaient, tous les deux.
00:23:13Et du coup, cette hallucination, cette histoire, il me l'avait racontée.
00:23:18Et moi, livre, j'ai vraiment cru qu'elle n'existait pas.
00:23:21Je me suis excusé au camp de base.
00:23:24Zébulon, tu crois qu'il n'était pas là ?
00:23:25Hein ?
00:23:26Zébulon ?
00:23:27Si, si, il était là.
00:23:28Je me suis excusé au camp de base.
00:23:29J'aurais dit...
00:23:30Ah, tu crois qu'il a remarqué que je vous ai snobé ?
00:23:34Je suis vraiment désolé.
00:23:35J'étais persuadé que c'était une allure, quoi.
00:23:37Oui, il était là, il m'a dit aussi.
00:23:38On voyait tout à l'heure les images en drone.
00:23:41C'est les images de Sébastien Montaz qui suivait, lui, Benjamin Védré,
00:23:43le quatrième Français à vouloir aussi décoller du K2.
00:23:46Et donc, ce jour-là, il y avait un beau temps
00:23:50qui permettait, justement, ce type de vol.
00:23:54Vous n'avez pas rallumé la GoPro pour le bon décollage ?
00:23:58Celle-là, vous ne l'avez pas...
00:23:59Eh ben non.
00:24:00Oui, non.
00:24:01Ben oui, il y a des trucs, des fois, bizarres.
00:24:03Mais du coup, je décolle et là, je regarde, parfaitement lucide.
00:24:07Je me retourne, je vois Liv et Zeb.
00:24:09Et là, je me dis, ah ouais, ils étaient là pour de vrai.
00:24:11Et je regarde ma GoPro, je dis, merde, elle clignote pas.
00:24:15Et du coup, là, je sais, elle a un petit souci de connexion.
00:24:19Donc, j'enlève les gants, j'ai pas froma.
00:24:22Il y a à peine le vent de ma vitesse du parapente, quoi.
00:24:26Et j'ouvre la GoPro, je retire la batterie avec la petite languette,
00:24:32je la remboite, je la ferme, je la remets en route.
00:24:36Et puis, je filme, voilà, au bout d'une minute.
00:24:38Et c'est là, je suis en train de tourner autour du K2.
00:24:41C'est sublime.
00:24:42C'est dément.
00:24:43Ça va rester un bon souvenir, celui-là.
00:24:46En plus, avec la mer de nuages en dessous.
00:24:48Ouais, ouais.
00:24:5020 minutes de vol, à peu près, c'est ça ?
00:24:5220 minutes de 8600 à 6000.
00:24:55Je me pose pour récupérer mes affaires.
00:24:57Je remballe, tête baissée.
00:24:59Et puis, une fois tout bien rangé, prêt dans mon harnais à redécoller,
00:25:02je m'aperçois que la neige est molle,
00:25:05que le vent est arrière, descend la pente,
00:25:09et que j'ai un sac à dos de 25 kg sur les dos,
00:25:11et que je suis certainement un peu fatigué,
00:25:14et que je vais remonter ma tente pour passer la nuit
00:25:16et attendre le lendemain pour décoller dans de meilleures conditions.
00:25:19Elle n'est pas très grosse, la, au moins.
00:25:22C'est un prototype Niviuk
00:25:26qui a été fait spécialement pour l'occasion,
00:25:28et qui fait 16 mètres carrés.
00:25:30On ne voulait pas moins parce que, justement,
00:25:33pour poser au camp de base à 5000 ou à 6600,
00:25:36on avait un petit doute quand même, et même pour pouvoir décoller là-haut.
00:25:39Et finalement, c'est des monosurfaces.
00:25:41Il n'y a plus de caissons.
00:25:43C'est incroyable la prise en charge qu'il y a.
00:25:46Alors, s'il n'y a pas de vent, c'est la crotte.
00:25:48Mais par contre, là, je décolle certainement
00:25:51avec une toute petite bourrasque de 10 km heure,
00:25:54et je sens tout de suite que ça veut y aller.
00:25:56Mais ça marche à 8600, puisqu'on a fait les testeurs.
00:26:02Personne n'avait jamais décollé en parapente.
00:26:05Ce que je trouve vraiment intéressant, c'est qu'avec ces GoPros,
00:26:08on documente tout. Tu vois ce que je veux dire ?
00:26:10C'est-à-dire ?
00:26:11Tu t'envoles et tu penses juste à remettre la caméra en route
00:26:13pour documenter le truc.
00:26:14C'était absolument impossible.
00:26:16C'était un document exceptionnel.
00:26:17Avant, il ne montait pas qu'une 16 mm pour se filmer.
00:26:20Je trouve que c'est assez fou.
00:26:21Oui.
00:26:23C'est assez troublant,
00:26:26parce que tous ces grands alpinistes himalayistes
00:26:30qui ont fait des 8100 oxygènes auparavant,
00:26:33la bête noire, c'est le poids.
00:26:35Oui.
00:26:36Et là, on abuse, parce qu'on remplace la corde par...
00:26:40Moi, je suis parti sans corde.
00:26:42Je suis parti en solo intégral.
00:26:45Mais mon seul backup, c'est mon parapente.
00:26:47C'est-à-dire que tout au long de l'ascension,
00:26:48s'il y a un souci, si je ne suis pas bien à cause de l'altitude,
00:26:51si je me blesse, si je ne sais pas, si je suis épuisé,
00:26:54je peux me barrer grâce à mon parapente.
00:26:56Et finalement,
00:27:00on se rajoute un kilo de parapente, 200 grammes de sellette
00:27:04et une caméra.
00:27:05Une petite caméra, une petite batterie.
00:27:06Et une perche, parce qu'on se dit...
00:27:08Le selfie, quand tu le sens.
00:27:09C'est quand même vachement plus classe avec la perche.
00:27:11Et ça a marché.
00:27:14On a réussi.
00:27:15Chapeau à Liv et Zeb,
00:27:17parce qu'eux, ils avaient un bi-place à monter.
00:27:20Et là, ce n'est pas la même non plus.
00:27:23Ce n'est pas le même poids.
00:27:24Non, ce n'est pas le même poids.
00:27:25Puis il faut décoller en synchronisation
00:27:28quand on est à deux à courir là-haut.
00:27:31Personne n'avait jamais décollé du K2 en parapente.
00:27:34Et ce jour-là, 28 juillet, vous êtes quatre, quatre Français.
00:27:37Donc Liv Sansoz et son mari Zébulon en bi-place.
00:27:42Vous et puis Benjamin Védrine,
00:27:44qui lui avait fait une ascension record
00:27:46et qui avait aussi le projet de décoller.
00:27:48C'est quand même marrant de se retrouver au même moment,
00:27:51avec la même idée.
00:27:53Vous n'étiez pas concertés forcément.
00:27:54On ne s'était pas concertés.
00:27:56Après, il y avait quand même un certain suspense autour du K2,
00:27:58parce que c'était la...
00:28:01L'Everest a été décollé quatre fois en parapente.
00:28:05On sait bien dire qu'il a été volé.
00:28:07Et puis le K2, ça ne s'était toujours pas fait.
00:28:11C'est vrai que ça faisait quand même une petite dizaine d'années
00:28:12qu'il y avait des alpinistes parapentistes
00:28:16qui allaient se casser le nez sur le K2.
00:28:19Et puis il s'est trouvé que cette année,
00:28:21on était quatre à avoir ce même rêve.
00:28:24Les quatre ont réussi.
00:28:25Les quatre ont réussi, oui.
00:28:27On voit des images de Benjamin Védrine,
00:28:29qui lui avait une équipe vidéo autour de lui,
00:28:31ce qui a permis d'avoir des images de son vol du K2.
00:28:37Il y aura un film, d'ailleurs, Blood, sur votre aventure,
00:28:40où il n'y a pas assez de matière pour construire quelque chose ?
00:28:43Alors, j'ai plein filmé, comme d'habitude,
00:28:46avec même une petite storyboard,
00:28:49parce que j'avais envie de raconter un truc
00:28:50sur la bouffe au camp de base,
00:28:51parce qu'on avait une équipe incroyable de Pakistanais,
00:28:54des cuisiniers, des aide-cuisiniers adorables,
00:28:56rigolos, bienveillants, qui cuisinaient super bien.
00:29:00Et du coup, il y a un petit projet de film,
00:29:02mais ça va être compliqué pour vous l'année prochaine,
00:29:06quand il y aura trois films qui vont sortir sur le K2.
00:29:08Avec la même finalité, il faudra choisir.
00:29:13Si vous cherchez un réalisateur, Didier,
00:29:16je ne sais pas si vous avez déjà tourné en Himalaya dans votre carrière ?
00:29:19Non, jamais. C'est trop haut, trop froid.
00:29:22C'est plutôt dans la décontraction, dans la détente,
00:29:24dans le snowboard, le téléphérique et l'hélicoptère.
00:29:28Ça, ça me va très bien.
00:29:29J'adore les sports de gravité, et si on monte mécaniquement...
00:29:34En tout cas, bravo pour cet enchaînement solo intégral
00:29:40plus descente du K2 avec 25 kg sur le dos.
00:29:42C'est aussi important à préciser, parce que...
00:29:45C'était à la fin, c'est la cerise sur le gâteau,
00:29:50c'est de pouvoir vraiment finir sans marcher.
00:29:57Alors, on va rester en Himalaya.
00:29:58On en a déjà évoqué tout à l'heure avec ce livre
00:30:02de François Himalaya et Business.
00:30:04Vous le disiez, 15 000 euros, le coût de votre expé, Blutch.
00:30:10On est loin des sommes qu'investissent les touristes
00:30:12qui veulent s'offrir un 8 000, François.
00:30:16Oui, oui, pour l'Everest, effectivement,
00:30:19le ticket d'entrée va être, pour les tarifs planchers
00:30:23des agences népalaises, à peu près 30 000 euros,
00:30:27auxquels il faudra ajouter, bien sûr, le prix du voyage
00:30:30et de l'équipement.
00:30:31Mais au-delà de ces questions financières,
00:30:34je crois que c'est quand même frappant d'entendre le récit
00:30:37de Blutch et de deux mois d'expédition
00:30:41pour réussir le K2.
00:30:44Pas d'assistance, pas d'oxygène en bouteille,
00:30:47pas de soutien, pas de traces effectuées.
00:30:50Il faut deux mois pour faire le K2 dans ces conditions,
00:30:53ce qui est très rare.
00:30:55Le K2 sans oxygène, il n'y a pas grand monde qui l'a fait.
00:30:57Tu fais partie d'un tout petit groupe.
00:30:59C'est le seul de l'ETA à réaliser ça en style alpin, on va dire.
00:31:02Voilà.
00:31:04En regard, il y a un espèce d'autre monde
00:31:06qui se passe quasiment au même endroit,
00:31:08puisqu'on est sur la voie normale.
00:31:10Donc à quelques centaines de mètres de l'itinéraire choisi par Blutch.
00:31:14Et là, on a, en 2019, eu un coup de théâtre.
00:31:19On a un Népalais qui s'appelle Nims Dai, Nirmal Purja,
00:31:23qui enchaîne la totalité des sommets de 14 000 en six mois.
00:31:27Deux mois pour le K2, six mois pour faire les 14 000
00:31:32sur l'ensemble de l'Arc Himalaya.
00:31:34Donc ce jour-là aussi, ce type-là est surhumain.
00:31:39Et puis, en fait, je me suis mis à travailler sur le sujet
00:31:42et je me suis rendu compte que, effectivement,
00:31:45derrière ce chrono, cette performance
00:31:48qui a été réalisée avec de l'oxygène,
00:31:52le soutien d'une équipe de Sherpa très, très affûtée,
00:31:57une organisation logistique parfaite
00:31:59pour que tous les créneaux de beau temps correspondent,
00:32:02en arrivant à chaque fois sur des montagnes équipées
00:32:05ou alors que son équipe terminait d'équiper,
00:32:07des transferts en hélicoptère du pied de chaque montagne
00:32:12à une autre montagne, la plupart du temps.
00:32:14Et donc, cette machine logistique-là,
00:32:17elle lui permet de faire les 14 000 en six mois.
00:32:19Et cette même machine, elle est utilisée avec des clients.
00:32:22Et deux ans plus tard, une jeune Norvégienne,
00:32:27la Pone, qui est en grande forme, elle fait la même chose.
00:32:31En achetant son ticket pour les 14 000, elle le fait en trois mois.
00:32:36Trois mois pour faire les 14 000.
00:32:38Donc, on est dans quelque chose qui est aux antipodes
00:32:41de l'alpinisme, de l'himalayisme qui est pratiqué là par Blotch.
00:32:46Et c'est un phénomène absolument fascinant à observer
00:32:52parce qu'on se demande bien quelle est la limite du système.
00:32:58Moi, j'appelle ça l'himalayisme industriel à la népalaise.
00:33:01C'est en plein développement.
00:33:04Ils sont excellents sur les prévisions météo,
00:33:07sur le timing, sur l'organisation.
00:33:09Les occidentaux qui arrivent, y compris les guides,
00:33:13se remettent totalement en leur main.
00:33:15Et on a des taux de réussite qui dépassent les 70 % à l'Everest.
00:33:1970 % des gens qui ont pris leur permis à l'Everest vont aller au sommet
00:33:23parce qu'ils ont une assistance qui est un tapis roulant
00:33:27et qui est une logistique lourde qui leur permet de gravir cette montagne.
00:33:31Et c'est arrivé au cas d'eux.
00:33:32C'est en train de s'exporter sur l'ensemble des 14 8000.
00:33:36Je rappelle, Blotch évoquait tout à l'heure Messner,
00:33:39qu'il a mis 14... C'est le premier à avoir réalisé ces 14 8000.
00:33:42Il a mis une quinzaine d'années ou 14 ans pour...
00:33:44Oui, quelque chose comme ça. Le précédent record était de 7 ans.
00:33:47Donc, on a vraiment... Ça datait d'une vingtaine d'années.
00:33:49Il y a vraiment un choc.
00:33:51Et c'est là qu'on a pris conscience d'une profonde transformation
00:33:56du business de la haute altitude au Népal,
00:34:00sur les Népalais qui tiennent ça.
00:34:01C'est eux, également, qui organisent l'expédition au Pakistan.
00:34:07Au passage, ils se comportent avec les Pakistanais
00:34:09d'une manière assez terrible.
00:34:12Ils sont en terrain conquis,
00:34:14ne laissant aux Pakistanais que des miettes
00:34:16qui n'ont pas, eux, encore acquis tout ce savoir-faire,
00:34:18toute cette logistique, qui n'ont pas ce vécu
00:34:21que les Népalais ont hérité des Occidentaux,
00:34:25qui ont inventé ces méthodes d'ascension lourde sur ces montagnes,
00:34:28qui ont inventé les expéditions guidées,
00:34:31donc ce tourisme des très hautes altitudes.
00:34:33Sauf que là, les Népalais sont en train de le porter
00:34:36à un niveau de maîtrise absolument impressionnant.
00:34:40Sauf que derrière la maîtrise, revers de la médaille,
00:34:43il y a une vulnérabilité toujours plus forte,
00:34:46parce qu'à force de mettre de plus en plus de monde,
00:34:49les grands jours à l'Everest,
00:34:51les jours où il y a vraiment un créneau de beau,
00:34:52il peut y avoir 200, 300, jusqu'à 400 personnes.
00:34:55La photo qui illustre votre livre.
00:34:57Ça, c'est l'arrivée au col Sud.
00:34:59C'est avant un jour de sommet.
00:35:02Mais quand cette même queue,
00:35:04qui peut prendre des dimensions encore bien plus grandes,
00:35:06est à plus de 8 000, tout le monde est sous oxygène,
00:35:09il y a une pression énorme.
00:35:12Ce n'est pas un endroit qui est fait pour accueillir ça.
00:35:15Mais quand j'en ai discuté avec les patrons des agences népalaises
00:35:18que j'ai interrogés pour mon enquête,
00:35:21ils disent mais non, on n'est pas au max, on va faire...
00:35:23Donc là, il y a un système à la montée, un système à la descente.
00:35:26Là, on est sur le Rossolleri, juste sous le sommet de l'Everest.
00:35:31C'est une photo qui a été prise par Nymzay lui-même
00:35:33pendant son record 2019.
00:35:34Et voilà, dans ces conditions-là,
00:35:37on est à la merci d'un pépin.
00:35:41Cette année, le jour où il y a 200 personnes qui ont fait le sommet,
00:35:45dont le youtubeur Inugstag,
00:35:47il y a eu un bout de cette corniche qui s'est effondrée
00:35:49parce qu'ils étaient 50 dessus.
00:35:51Six se sont tombés, quatre ont été retenus par les cordes fixes
00:35:54et deux ont décroché pour des raisons qu'on ne connaît pas bien.
00:35:57On a ces images qui sont du film Inugstag.
00:36:01Là, on atteint peut-être les limites du système,
00:36:04sauf que les autorités népalaises
00:36:07et les agences qui développent ce business
00:36:09n'ont pas l'intention de limiter.
00:36:11Donc, elles essayent d'augmenter leur part de marché
00:36:14et de continuer à augmenter le nombre de personnes.
00:36:16La Cour suprême du Népal a demandé au gouvernement pakistanais
00:36:19de limiter le nombre de Népals cette année,
00:36:20le nombre de permis d'ascension cette année attribués aux étrangers.
00:36:24Ça ne marche pas.
00:36:25On est dans un pays où la régulation est complexe,
00:36:28un jeune pays où l'administration n'est pas très forte.
00:36:31Les patrons, ce sont les patrons des agences d'himalayaïsme.
00:36:36Ce sont les Sherpas qui dirigent ces agences,
00:36:38qui sont désormais le plus souvent des anciens Sherpas d'altitude,
00:36:42climbing Sherpas, qui ont travaillé avec les Occidentaux
00:36:45depuis des décennies et qui, maintenant, ont récupéré le business.
00:36:49Donc, ça, il y a un côté positif.
00:36:51C'est que ce ne sont plus les Occidentaux qui sont les maîtres à bord
00:36:55et que, donc, les bénéfices de ce business vont essentiellement aux Népalais.
00:36:59Après, on est sur un système qui,
00:37:04de l'avis de tous les professionnels que j'ai interrogés,
00:37:07mis à part les patrons d'agences népalaises qui disent
00:37:09« Mais non, on va gérer. »
00:37:11Tout le monde me dit « Il va y avoir, un jour ou l'autre, un énorme carton. »
00:37:14Quand on a 100 personnes dans les seracs,
00:37:16sur la voie normale, sous les seracs du Bottleneck, à 8004,
00:37:21un endroit extrêmement dangereux où il faut vraiment passer très vite,
00:37:24quand on a 50, 60, 80, 100 personnes qui vont rester là des heures,
00:37:28un jour ou l'autre, il y aura, d'un seul coup, 40, 50 ou 80 morts.
00:37:32À ce moment-là, on dira « Mais pourquoi on a laissé faire ça ? »
00:37:36Donc, moi, je trouve qu'on a une dénaturation
00:37:41de ce qu'est l'Himalayisme aujourd'hui.
00:37:43On devrait laisser ces montagnes à ceux qui sont capables
00:37:48de les gravir by fermings, comme Blotch.
00:37:51Voilà, on va m'accuser d'être élitiste.
00:37:53Les jeunes vont dire « Vous êtes des élitistes,
00:37:55vous voulez vous réserver ces montagnes ? »
00:37:57Non, je crois que, moi, je sais où je suis,
00:37:59je suis un tout petit alpiniste, je vais plus bas, plus facile,
00:38:02et je trouve que c'est le dernier endroit de la planète
00:38:05où on devrait développer un tourisme lourd,
00:38:07comme celui qui est développé aujourd'hui.
00:38:09Et il est développé, ce n'est pas de la faute des Népalais.
00:38:11Les Népalais, il ne faut que répondre à une demande.
00:38:14Cette demande, elle est celle de l'Occident,
00:38:16des sociétés riches, pas seulement, les Asiatiques,
00:38:18il y a de plus en plus d'Indiens, de Chinois,
00:38:20qui viennent de ces économies émergentes,
00:38:23qui ont beaucoup d'argent et qui rêvent de s'offrir le toit du monde.
00:38:26C'est devenu le nec le plus ultra de pouvoir dire
00:38:30« J'ai gravi le toit du monde. »
00:38:31Dans ces conditions-là,
00:38:33je trouve que c'est un intérêt relativement limité.
00:38:36On voit le jeune Inox, avec son chapeau, arriver au sommet.
00:38:38C'est une explosion dans le pays.
00:38:42Le film qu'il a réalisé, y compris avec une GoPro,
00:38:45mais pas seulement, il avait aussi des cadreurs, des drones.
00:38:47Lui, il est dans un mélange de générations,
00:38:50ce qui fait qu'il a une super production de 2h20
00:38:53qui est en train d'affoler les compteurs,
00:38:54puisqu'il a dépassé les 20 millions de vues
00:38:56en moins d'une semaine.
00:38:59Les 20 millions étaient atteints en trois jours.
00:39:01Donc, toute une génération découvre l'Himalaya et l'Everest
00:39:05dans ces conditions-là, on trouve.
00:39:07Et même si les choses sont montrées,
00:39:10les files d'attente, les déchets,
00:39:13les cadavres sur la voie normale,
00:39:15le côté un petit peu malsain de cet afflux,
00:39:18ce n'est pas vraiment dénoncé.
00:39:21Et ça continue à entretenir le mythe
00:39:23et à faire rêver de cet Everest.
00:39:25Et aussi à montrer une vision de la montagne
00:39:27qui ne correspond pas à celle qu'on n'aime pas,
00:39:30à celle qu'elle devrait être,
00:39:31à savoir un endroit sauvage où on se confronte à la nature,
00:39:35où on prend des décisions, où on est autonome,
00:39:39où on rate, parce que la plupart du temps,
00:39:41normalement, on rate en Himalaya.
00:39:42Mais là, on ne rate plus en Himalaya.
00:39:44On achète son ticket et on va au sommet.
00:39:45Ça, c'est le col Sud.
00:39:47Voilà, si on arrive au col Sud avec...
00:39:49Il le constate, lui, qu'il est étonné, même.
00:39:51Il le constate, c'est un garçon intelligent et...
00:39:55Il noxtague.
00:39:56Il noxtague, c'est un garçon intelligent.
00:39:57Donc, il montre ce qu'il a vu, il montre la pollution,
00:40:00il montre les files d'attente, mais à aucun moment,
00:40:01il ne se rend compte qu'il est lui-même dans la machine
00:40:04et qu'il va entretenir ce mythe et qu'il va le conforter.
00:40:08Pour toute une génération de jeunes Français,
00:40:10aujourd'hui, la référence sur l'himalayisme,
00:40:14la vision de la montagne, c'est à travers ce film
00:40:15qu'ils vont la voir.
00:40:16Et ce film, il banalise une montagne totalement dénaturée,
00:40:22une montagne polluée, suréquipée, aseptisée,
00:40:27violentée, j'ai envie de dire, et c'est un petit peu triste.
00:40:30J'aurais aimé qu'il noxtague avec les gens qu'il avait autour de lui,
00:40:34les moyens qu'il avait, se disent peut-être que,
00:40:37pour faire rêver les jeunes et pour leur donner envie
00:40:39de lâcher leurs écrans, puisque c'est son objectif
00:40:41et que c'est hyper louable et que c'est génial,
00:40:43et bravo à lui pour porter ce message-là,
00:40:45il aurait peut-être pu aller le faire ailleurs
00:40:47que sur cette Everest totalement commercialisée et dénaturée.
00:40:50Est-ce que les premiers responsables,
00:40:53et là, une question aussi pour Jean-Yves,
00:40:55ce ne sont pas les premiers alpinistes,
00:40:58ceux, là, on voit Pierre Mazot, qui a été le premier Français
00:41:00à gravir l'Everest et qui a été une expédition
00:41:03très médiatisée qui, forcément, a fait rêver beaucoup de monde
00:41:06et on peut comprendre que, quand on rêve de quelque chose
00:41:09et que ça devient accessible quelques années après
00:41:11avec l'évolution technique, avec le travail des Sherpas,
00:41:13on a envie, nous aussi, de toucher ce rêve.
00:41:18Ce qui est embêtant, c'est qu'il n'y a que des grisonnants
00:41:21autour de la table, il aurait fallu avoir un petit jeune
00:41:23pour se défendre parce que le monde change, il évolue
00:41:28et on est bien obligés d'accepter
00:41:31qu'il y a des gens très peu expérimentés
00:41:36qui réussissent l'Everest et qui gagnent vachement mieux la vie
00:41:41qu'un guide de haute montagne, dont c'est le métier
00:41:44depuis des dizaines d'années.
00:41:47Et voilà, c'est une réalité.
00:41:49Mais vous, en tant que guide de haute montagne,
00:41:51si un youtubeur vous demande de l'encadrer
00:41:55jusqu'au sommet de l'Everest, c'est votre premier mot ?
00:41:56Qu'est-ce que vous allez faire ?
00:41:58Je vais l'emmener marcher dans les Vosges
00:42:00et puis après, je vais l'emmener marcher un petit peu dans les Alpes
00:42:03et puis petit à petit, on va aller faire un bivouac par-ci, par-là,
00:42:06au bord d'un lac, on va boire du vin chaud, du génépi,
00:42:10on va reconnaître les plantes,
00:42:12et puis les animaux, les chamois, les bouctins, les marmottes
00:42:15et puis après, on prendra un bout de corde et puis on va...
00:42:18C'est une progression.
00:42:19Mais vous allez finir ?
00:42:20Et puis après l'Everest, c'est le Graal ou le Cadeux,
00:42:22mais on fait ça quand on a 40, 50 balais,
00:42:25c'est la cerise sur le gâteau d'une vie, quoi.
00:42:27Si on commence l'alpinisme par l'Everest,
00:42:31qu'est-ce qu'il y a derrière, quoi ?
00:42:33Il va s'ennuyer, ce pauvre Inokstaïk,
00:42:35pendant les 30 ou 40 prochaines années de sa vie.
00:42:40La démarche que décrit Jean-Yves, il l'a eue dans son aventure d'un an,
00:42:46Inokstaïk, puisqu'il a fait appel à un guide reconnu,
00:42:48il est de Autrontal.
00:42:49Oui, il a été encadré par Mathis Dumas,
00:42:50qui est un jeune guide talentueux
00:42:52et qui sait très bien où il met les pieds.
00:42:54Donc effectivement, il y a en accéléré une formation
00:42:58qui se passe sur quelques-uns des plus grands sommets.
00:43:03Donc il va faire la Dampe du Géant,
00:43:04qui au passage est équipée en corps de fixe.
00:43:07Puis il va aller au Cervin,
00:43:08qui au passage est équipée également partiellement en corps de fixe.
00:43:11C'est pour s'entraîner à manier le jardin.
00:43:13Il y a quand même, là derrière, une trace.
00:43:16Et puis il va à l'Amada Blanc,
00:43:17qui est totalement équipée en corps de fixe du bas jusqu'en haut
00:43:21par les mêmes professionnels Sherpas dont on parlait tout à l'heure.
00:43:24Donc il y a quand même une montagne qui est montrée là à toute une génération
00:43:28qui ne correspond pas à la montagne que nous décrit Blutch
00:43:32et à la montagne qui me fait rêver.
00:43:33Alors effectivement, il a raison.
00:43:35Concrètement, j'ai été un petit peu médiatisé sur ces idées-là.
00:43:40C'est un rejet assez large de toute une génération qui dit,
00:43:43vous êtes des vieux cons.
00:43:45C'est vous qui avez inventé ça.
00:43:46C'est vous qui avez détruit la planète.
00:43:47C'est vous qui avez inventé ces modes d'ascension.
00:43:50Oui, la fascination pour l'Everest, pour les 8000,
00:43:53elle date des générations avant la nôtre.
00:43:55Ça fait un siècle et demi que ça dure et elle résiste à tout,
00:44:00y compris à ces drames, à ces fils d'attente totalement.
00:44:08Mais parce que petit à petit, on se dit que c'est comme ça.
00:44:10Voilà, c'est comme ça l'Everest et ça continue à faire rêver.
00:44:13Donc oui, moi, je pense qu'il y a une responsabilité des médias
00:44:17et je compte notre ami Inox parmi les médias.
00:44:21C'est-à-dire qu'effectivement, oui, il y a une surévaluation
00:44:24de ce qu'est l'Everest aujourd'hui parce que la manière
00:44:26dont il est abordé, dont il est vendu,
00:44:29n'en fait plus ce qu'il a été pour toute une génération.
00:44:33On voit des images du camp de base de cet été,
00:44:36avec près de 5000 personnes, je crois,
00:44:39qui vivent là pendant plusieurs mois.
00:44:42Aujourd'hui, cet appel à la régulation, il faudra,
00:44:45si je vous suis, François, un permis,
00:44:47non pas un permis financier, mais un permis technique
00:44:50pour pouvoir postuler à l'ascension d'un 8000.
00:44:53Ça paraît utopique dans l'évolution de la société.
00:44:56Les solutions, elles appartiennent aux Népalais.
00:44:59C'est eux qui sont désormais à la tête de ce business.
00:45:05C'est eux qui sont en train de l'exporter sur les autres 8000
00:45:07et dans d'autres pays, y compris,
00:45:08et ils sont maintenant sur le marché des Seven Summits,
00:45:11c'est-à-dire les points culminants de toute la planète.
00:45:14Ce sont aussi des expéditions organisées par ces agences népalaises,
00:45:17à la Concagua, au Kilimanjaro.
00:45:21La responsabilité de ce qui se passe au Népal leur appartient.
00:45:24Notre responsabilité à nous, et c'est pour ça que j'écris ce livre,
00:45:27c'est pour ça que je m'engage, pas parce que je suis frustré
00:45:30ou parce que j'aurais la crise de la cinquantaine,
00:45:33comme le pensent un certain nombre de jeunes
00:45:35qui ont vu mes déclarations,
00:45:37mais parce que je pense que notre responsabilité,
00:45:38c'est de se dire, bon, est-ce que vraiment,
00:45:41c'est ça qui est le plus beau, aller chercher en montagne ?
00:45:44Est-ce qu'on ne peut pas essayer d'imaginer
00:45:46qu'il y a autre chose que l'Everest dans l'Himalaya,
00:45:49qu'il y a d'autres montagnes que l'Himalaya,
00:45:51et qu'on peut vivre des aventures fantastiques
00:45:53sur des montagnes moins élevées, moins prestigieuses,
00:45:57et que nourrir cette tendance à la commercialisation à outrance
00:46:02de l'Everest et des sommets de 8000, c'est une impasse.
00:46:05C'est une impasse à tout point de vue.
00:46:07Et c'est bien triste, mais en tout cas, ce qui est sûr,
00:46:11c'est que moi, je n'irai jamais sur un 8000,
00:46:12ça ne fait vraiment pas envie.
00:46:14Bon, je ne sais pas si votre appel fera autant écho
00:46:17que les millions de lus.
00:46:19Absolument pas, mais ça ne nous empêche pas de réfléchir
00:46:22justement au sein du milieu sur comment on travaille à ça.
00:46:25Et la discussion, elle sera aussi à avoir
00:46:27avec effectivement les guides qui sont aujourd'hui,
00:46:30les jeunes guides qui sont aujourd'hui confrontés
00:46:33à cette requête-là.
00:46:34On parlait de ce choix-là pour un jeune guide.
00:46:35Le choix qu'a eu Mathis Dumas, il est lourd de conséquences.
00:46:39C'est lui qui va porter une partie de l'image de l'Himalaya
00:46:41dans les années à venir.
00:46:42On aura l'occasion de discuter avec lui,
00:46:44peut-être aux Rencontres cinéma Grenoble,
00:46:46si tout se passe bien.
00:46:47Il devrait être là, effectivement.
00:46:48On pourra parler de tout ça avec lui.
00:46:50Très intéressant.
00:46:51Il faudra rajouter un chapitre à celui-là,
00:46:52puisque vous l'avez écrit avant le phénomène Inoctag,
00:46:55donc le business de l'Himalaya.
00:46:57Je pense que vous pourrez lui consacrer effectivement
00:46:59un chapitre sur les conséquences qu'aura peut-être,
00:47:03sûrement, si je vous crois, François, ce film sur...
00:47:06Sur les...
00:47:07Le rapport à la nature des jeunes et à la montagne.
00:47:10Il y a deux autres livres, puisqu'on parle d'Everest.
00:47:12Après, on va revenir sur la glisse vintage.
00:47:15Deux autres livres qui viennent de sortir.
00:47:17Rédition en livre de poche de celui-là,
00:47:19Everest, les conquérants.
00:47:21C'est signé Gilles Maudicat.
00:47:23Lui, il s'intéresse au siècle qui a précédé
00:47:25la première conquête de l'Everest,
00:47:27à 1850 jusqu'en 1953.
00:47:31Et puis, I Cream, Crime sur l'Everest,
00:47:34c'est signé Michael Kodas, un écrivain américain.
00:47:37C'est des récits récents, lui, de ces dernières années,
00:47:40où il décrit quelque chose, la face sombre, on va dire,
00:47:44de ces expéditions commerciales,
00:47:45avec des vols sur les camps de base,
00:47:48sur les camps d'altitude, vol de bouteilles d'oxygène,
00:47:50notamment, des menaces, des altercations
00:47:53entre les différentes expéditions.
00:47:55Même la prostitution qui se développerait
00:47:57sur les camps de base.
00:47:58Il y en a qui viennent avec leur violon,
00:47:59d'autres dont on n'est pas tant moins louables.
00:48:02Voilà, c'est, en tout cas, à découvrir
00:48:05aux éditions du Mont Blanc de Catherine d'Estivelle.
00:48:09En tout cas, l'Everest a toujours fait vendre
00:48:11des livres ou des films, et ça risque de continuer.
00:48:16Bon, remercie Innoxtag, au passage,
00:48:19de nous avoir prêté toutes ces belles images de drone,
00:48:21parce qu'il avait des moyens techniques importants
00:48:23sur cet Everest, et ça nous a permis
00:48:26de mettre en scène cette montagne.
00:48:28Vous ne l'avez pas vu, tous les deux, Régis et Didier,
00:48:30le film d'Innoxtag sur l'Everest ?
00:48:33Moi, je n'ai pas Internet.
00:48:34Ah oui, alors ça va être compliqué, effectivement.
00:48:36Je ne vois pas la télé.
00:48:37On l'a dit, c'est deux générations différentes,
00:48:40ces jeunes Youtubers, et puis...
00:48:42Alors, je respecte l'espoir physique.
00:48:44Par contre, moi, avoir un jumar pendant 4000 mètres,
00:48:46je ne vois vraiment pas l'intérêt.
00:48:48Ce n'est même pas... Aucun intérêt,
00:48:49mais absolument zéro intérêt.
00:48:51Je suis sincère, c'est comme faire de la pluie
00:48:53avec des bouteilles de plongée, quoi.
00:48:55Alors, Innoxtag, ça montre aussi que le film de montagne,
00:48:58aujourd'hui, n'est accessible à beaucoup de monde,
00:49:01ce qui n'était pas le cas il y a quelques années,
00:49:03notamment à votre époque, Didier,
00:49:05quand vous avez commencé à filmer les disciplines de montagne,
00:49:09ça ne se faisait pas aussi facilement qu'aujourd'hui.
00:49:13Comment vous comparez, d'ailleurs, nos deux époques
00:49:15où, avec un simple téléphone portable,
00:49:17on peut faire un film de 90 minutes
00:49:18qui passe au cinéma, parfois ?
00:49:20Le problème, bien sûr, c'était le poids,
00:49:22le poids des caméras, la pellicule qu'il faut charger.
00:49:25On n'avait pas une autonomie de filmage qui était très longue.
00:49:28Par contre, maintenant, ce qui se fait en numérique,
00:49:30je trouve ça absolument génial.
00:49:31Quand on critique la GoPro,
00:49:33je trouve que c'est un truc absolument incroyable.
00:49:35Et sur la vue, à notre époque, on l'aurait utilisé,
00:49:37mais ce n'était pas le cas.
00:49:38Donc, il y a des plans qu'on fait maintenant.
00:49:40Tout ce qui est caméra embarquée, je trouve ça vraiment magnifique.
00:49:43On peut vivre des expériences avec des gars
00:49:45qui sont en parapente pendant des kilomètres et des kilomètres.
00:49:47Avant, c'était absolument impossible.
00:49:48Donc, il ramène une émotion qu'on n'aurait pas pu faire avant.
00:49:51J'ai une image à montrer, une obstacle
00:49:53qui nous regarde forcément dans cette émission.
00:49:55C'est les moyens qu'utilisait Didier Laffont à l'époque.
00:50:00Les caméras, vous l'avez parlé.
00:50:02C'est une comme ça, elle est en plastique, mais c'est comme ça.
00:50:05Ça paraît fou.
00:50:07Ça, c'est du 35 mm avec les oreilles de Mickey.
00:50:09Et une caméra comme ça, ça pèse 30 kg.
00:50:12On n'avait pas ça, on tournait en 16 mm,
00:50:14mais déjà, entre la caméra et le pied, ça faisait déjà bien 25 kg.
00:50:19Alors, on parlait de l'impact que va avoir le film d'Innoxtag.
00:50:24À votre époque, quand vous avez démarré
00:50:26et notamment, vous vous êtes lancé dans cette trilogie Apocalypse Now.
00:50:30Alors, pour la trilogie, je n'ai fait que le premier.
00:50:32Oui, vous n'avez fait que le premier.
00:50:33Et deux autres réalisateurs.
00:50:35Mais on va dire que le premier a lancé...
00:50:36Oui, d'accord. Le premier, c'était le départ,
00:50:38mais je n'ai pas fait les trois.
00:50:38J'aurais aimé d'ailleurs, mais Alain Guémard ne voulait plus de moi
00:50:41parce que j'étais insupportable.
00:50:42Non, je rigole.
00:50:43Ça n'a rien à voir.
00:50:43Non, tu n'as peut-être pas cru à la trilogie.
00:50:46Mais j'ai vraiment tout à faire.
00:50:47Je l'ai fait, déjà.
00:50:49Mais c'est un film qui a marqué, en tout cas, lui aussi, une génération.
00:50:53Alors, je ne sais pas si Jean-Yves l'avait, parce que...
00:50:56Ah non, bah si, non, moi, j'étais gamin.
00:50:58Mais après, direct, de toute façon, derrière, Régis et on a tous voulu...
00:51:03On a tanné les parents pour avoir un sort de neige.
00:51:06Oui, c'est ça.
00:51:07Oui, oui.
00:51:07C'était un film de glisse sans paroles, mais pas sans scénario.
00:51:11Il y avait une histoire qui était évoquée à travers ce premier épisode.
00:51:15Il y avait une histoire qui était travaillée pendant plusieurs mois.
00:51:16C'est-à-dire, il y avait un gentil qui était possédé par des méchants.
00:51:19Donc, une fois qu'on a eu ce scénario...
00:51:21C'est un bon point de départ.
00:51:22Il voulait récupérer le génie de la glisse et son secret, en fait.
00:51:26Le gentil était en snowboard, en surf des neiges, à l'époque ?
00:51:29Oui, tout à fait.
00:51:30Et les méchants en monoski,
00:51:32qui, à ce moment-là, étaient encore une discipline qui avait du succès.
00:51:38Et leur but, c'était effectivement d'attraper le gentil snowboardeur...
00:51:42Le génie de la glisse, pour lui voler le secret de la glisse.
00:51:44Parce qu'il allait plus vite qu'eux.
00:51:46Comment vous faisiez pour avoir des terrains immaculés, comme ça ?
00:51:50Vous empêchiez les autres skiers d'aller dans les coins où vous tourniez ?
00:51:55Déjà, il y avait moins de monde à cette époque-là.
00:51:57Quand il y avait une chute de neige,
00:51:58il y avait moins de monde qui se précipitait dès la première cabine à 8h
00:52:01pour dévasser tous les champs de neige.
00:52:03Et puis, on a surtout été assisté par Alain Guémard,
00:52:05qui s'occupait un peu de la promotion en Dark 2000 à ce moment-là
00:52:08et qui arrivait à arrêter le téléphérique de l'Aiguille Rouge
00:52:11pour nous jusqu'à 11h du matin.
00:52:13Et puis, ensuite, on est en hors-piste.
00:52:15Sur les Aisnes-en-Croz, je ne sais pas où.
00:52:17Et puis, on parle des années 80, quoi.
00:52:18Les années 80, c'est quand même... Il y a longtemps, il y a 40 ans, quoi.
00:52:22Mais ouais.
00:52:22Il n'y avait pas d'émeute quand le téléphérique était bloqué
00:52:24pendant 2h, les gens de Poulos ?
00:52:25Il y avait peu de monde à Dark 2000.
00:52:27En fait, c'est surtout sur Dark 2000 et sur Paysanne-en-Croix
00:52:30et puis sur l'envers de l'Aiguille Rouge.
00:52:33Donc, en fait, on filmait par hélicoptère.
00:52:37Parce que, donc, on faisait beaucoup de dénivelé.
00:52:39On descendait, on shootait.
00:52:41Des fois, on avait deux caméras.
00:52:42Souvent, on était sur...
00:52:44D'ailleurs, Apocalypse 2, on était...
00:52:46Apocalypse 1, c'était deux caméras dans les pentes.
00:52:48Après, on était remonté par les hélicos.
00:52:50Donc, on faisait vraiment du dénivelé, quoi.
00:52:51C'est comme ça qu'on a pu progresser aussi
00:52:53avec les copains en monoski et au moins sur le snowboard.
00:52:56C'était les débuts du surf des neiges.
00:53:00Vous étiez pratiquement le premier Français
00:53:02à vous tester sur cette planche.
00:53:04Comment vous avez appris, d'ailleurs, les techniques ?
00:53:06Dès le départ, c'était...
00:53:07Alain Guémard avait fait venir des Américains aux Arcs.
00:53:10Donc, c'était le Team Winterstick.
00:53:12Et les copains, ils étaient en monoski.
00:53:15Puis moi, quand j'ai vu ça, j'ai dit...
00:53:17J'ai acheté un snowboard et j'ai dit, ça, c'est pour moi, quoi.
00:53:20Je sortais du ski de compétition, je suis un jeune moniteur.
00:53:23Et j'ai mis trois mois à comprendre le virage,
00:53:25trois mois à me prendre des gamelles
00:53:27parce que j'essayais de tourner tout de suite sans vitesse.
00:53:31Et au mois d'avril, j'en avais tellement marre,
00:53:35j'ai fait une droite dans une piste noire quand même bien raide.
00:53:39J'ai pris 80 à l'heure, 90 à l'heure.
00:53:41Je n'y avais pas tourné.
00:53:42Ça passe ou ça casse ?
00:53:43Oui, et puis là, je me suis penché en avant.
00:53:45J'ai fait un grand frontside.
00:53:47J'ai dit, ah ouais, trop bien.
00:53:48J'ai basculé sur l'arrière, backside, et clouic !
00:53:50Le déclic est arrivé là.
00:53:53Et Alain Guémard, il montait sur le télésiège.
00:53:55Il m'a vu faire les deux premiers virages.
00:53:56Il m'a dit, ah ouais, trop bien.
00:53:58C'est ça, le lendemain.
00:54:00Et puis, il m'a dit, l'année prochaine, on va faire un premier film,
00:54:02ce qui était Ski-espace, que toi, tu as fait.
00:54:07Et puis après, il y a eu Apocalypse 1, et puis c'était parti, quoi.
00:54:10Et alors, le succès de ce premier opus d'Apocalypse...
00:54:13Alors, effectivement, c'est Glisse surfe des neiges,
00:54:16qui était encore peu connu à l'époque.
00:54:19Très peu connu.
00:54:20Le monoski.
00:54:21Mais vous avez tout de suite mélangé d'autres pratiques,
00:54:24notamment des pratiques aériennes, le vol libre.
00:54:26On voit à un moment le gentil Régis Roland,
00:54:30qui est sauvé sur ces images par un Delta.
00:54:34Parce qu'à l'époque, c'était le Delta qui était l'outil principal du vol libre.
00:54:38Tout à fait. C'était l'outil principal du vol libre,
00:54:41et il n'y a pas grand-chose d'autre.
00:54:42Mauvais souvenir pour moi, quand même.
00:54:43Ah ouais ?
00:54:44Parce que le choc final, j'ai pris un bon palais.
00:54:48Alors ça, c'était pas...
00:54:49Mais qui imaginait ces scènes, justement ?
00:54:51Comment vous faisiez pour... C'est Didier qui avait l'idée ?
00:54:53Beaucoup d'idées.
00:54:54Ça débordait.
00:54:56Tous les soirs, on parlait de ce qui allait se passer le lendemain.
00:54:59On avait un copain qui était très bon en Delta.
00:55:02On prêtait de faire un largage de Delta.
00:55:04Donc Régis n'était pas vraiment d'accord.
00:55:05Il y a même l'heure où, pour de vrai, il se pose des questions,
00:55:08savoir s'il va se larguer ou pas.
00:55:09J'ai la ficelle, j'ai pas de sécurité.
00:55:12J'ai un largueur sans sécurité, quoi.
00:55:14C'est un bout de corde de 8 mm qui tire.
00:55:16Il faut déclencher au bon moment.
00:55:18Ouais.
00:55:19Je l'ai, l'image.
00:55:20Pas trop tard.
00:55:22Là, il y a un cloac.
00:55:23Ouais, ouais.
00:55:24Et là, j'atterris en travers et je prends un gros choc, en fait.
00:55:29Même si c'est en poudreuse, je me suis...
00:55:32C'est un peu plat.
00:55:33Il n'y a pas de cascadeur pour vous doubler sur cette scène-là ?
00:55:35Non, il n'y a pas de cascadeur.
00:55:37Ce qu'il faut comprendre dans ces époques,
00:55:41c'est que moi, j'ai fait quatre films.
00:55:43J'étais tout seul aux arcs.
00:55:45Il n'y avait quasiment personne qui rideait, en fait.
00:55:48Parce que l'industrie du snowboard n'était pas naissante.
00:55:51Il n'y avait pas de produits, rien, quoi.
00:55:53C'était vraiment...
00:55:54La montagne, pour vous, tout seul, c'est un peu le parallèle
00:55:57avec l'Everest il y a 50 ans.
00:55:59Et puis aujourd'hui, dès que la neige tombe,
00:56:02une heure après, on ne peut plus trouver un espace
00:56:04pour filmer la neige et l'âge.
00:56:06C'était vraiment le paradis de l'esquieur.
00:56:08Parce qu'honnêtement, le matin, on décidait où on allait skier
00:56:10par rapport au vent, par rapport à...
00:56:12Là où il y a de la neige d'Avalanche ou pas.
00:56:14Et donc, on se disait, est-ce qu'on va à Bellecôte,
00:56:16à la place nord de Bellecôte ?
00:56:17On avait la montagne, pour nous, pour skier.
00:56:20Donc, c'était vraiment un luxe absolu.
00:56:21Et surtout avec les hélicos.
00:56:22Oui, il ne fallait pas le dire.
00:56:23Ça remontait à pied avec la caméra.
00:56:25On le sait bien que les drones n'existaient pas à l'époque.
00:56:28Un des succès aussi de ce film,
00:56:31c'est l'invention, la créativité,
00:56:33et notamment, vous avez imaginé des disciplines
00:56:36qui n'ont pas forcément toutes eu un grand avenir.
00:56:38Le rugby sur neige, je ne sais pas s'il est encore pratiqué
00:56:41de nos jours dans les stations,
00:56:43mais ça faisait aussi partie, je pense,
00:56:45de l'originalité d'un film comme celui-là.
00:56:48Totalement.
00:56:50Le rugby, il y avait aussi des sports aquatiques.
00:56:53Peu... Je ne sais pas si ces outils-là existent encore aujourd'hui, Didier.
00:56:56Peut-être dans Interlude.
00:56:57Ah oui, peut-être. Interville, c'est...
00:56:59Interville, pardon.
00:57:00Vous étiez précurseur aussi.
00:57:01Il n'y a pas les vachettes, mais il y a le côté...
00:57:03Et puis, Asli, ça, c'est les rafts sur la neige.
00:57:07Ça peut faire mal, non ?
00:57:08Oui, ça déglingue.
00:57:09Il n'y a rien du tout.
00:57:10Donc, oui, on était...
00:57:13On avait beaucoup de...
00:57:15C'était un grand moment de liberté et de folie.
00:57:17On faisait un peu n'importe quoi.
00:57:18On essayait de faire du raft sur la neige.
00:57:20Alain Gamart cherchait des rafts.
00:57:22Il pouvait tout faire.
00:57:23On confiait les rafts.
00:57:24C'était la découverte de tout.
00:57:26On ne savait pas ce qui allait se passer.
00:57:28J'ai même le 4e arrangement.
00:57:29C'était dans le 3, celui-là,
00:57:31mais ça, il fallait aussi y penser, déjà,
00:57:34et puis oser, parce que ça peut mal finir.
00:57:38Il y a un engin de glisse
00:57:39qui n'était pas dans cette petite compilation,
00:57:41mais qui a marqué aussi cette époque.
00:57:44Oui, évidemment.
00:57:45La fameuse ballule.
00:57:46Qu'est-ce qui a eu l'idée ?
00:57:48Ça, je crois que c'est Alain.
00:57:50Oui, la ballule, c'est le gars qui l'a fabriquée.
00:57:51C'est un... Je ne sais plus son nom.
00:57:53Un Parisien.
00:57:54Et il avait fait ça.
00:57:55Parmi de lui, il se servait de ça
00:57:56pour rouler sur la cime des arbres en descendant.
00:57:59Ah oui ?
00:58:00Il était un petit peu allumé,
00:58:01donc on avait récupéré sa ballule.
00:58:03Ça, c'était énorme.
00:58:05Vous l'avez testé, Régis ?
00:58:07Vu que vous avez tout testé.
00:58:08Non, je n'ai pas testé.
00:58:09Là, elle vous poursuit, mais on peut s'imaginer
00:58:11que vous avez peut-être aussi...
00:58:12Non, je n'ai pas monté dedans.
00:58:13Non, dedans, c'est un mannequin.
00:58:14Ah bon ?
00:58:16Moi, j'ai fait un film avec François Garcia
00:58:19pour Assassin's Creed.
00:58:21Dans la Valle d'Italie.
00:58:24Je l'ai monté réellement dedans
00:58:25pour faire une petite descente.
00:58:26Il s'est pété les dents et tout.
00:58:27Parce qu'il a perdu son casque.
00:58:28Dans la ballule, il s'est mangé.
00:58:31Il est sorti et il était comme ça.
00:58:33Il y avait un peu de trucage
00:58:34dans l'Apocalypse Now, forcément.
00:58:38D'ailleurs, Régis Solan a été doublé par un cascadeur.
00:58:40Oui, heureusement.
00:58:44Est-ce qu'on peut dire, 40 ans après,
00:58:46que grâce à ce film,
00:58:48ou à cause de ce film,
00:58:50le snowboard a tué le monoski, Didier ?
00:58:53Oui.
00:58:54Je pense qu'il a tué le monoski,
00:58:56parce que ça a vraiment explosé.
00:58:59Ça a vraiment démarré après ce film-là.
00:59:01Peut-être que c'était en équation du moment,
00:59:04mais c'était le fait de rider en travers.
00:59:06Comment on skateboarde, comment on surfe sur l'eau.
00:59:08Et les gens ont capoté.
00:59:10Ils se sont dit, je vais faire comme lui.
00:59:13Donc la scène à la fin du film...
00:59:14Là, elle est sauvage.
00:59:16Elle est sauvage et prémonitoire, finalement.
00:59:19Le seul snowboardeur à tuer l'industrie du monoski.
00:59:23Je crois que j'avais dû voir La Révolution juste avant.
00:59:25C'était la grosse mitrailleuse.
00:59:26C'est toujours ça.
00:59:28C'était un peu chaud, quand même.
00:59:31Il tirait au réel, c'est ça, le truc.
00:59:33C'est pour ça qu'il est vraiment mort, le monoski.
00:59:36Ils ont flingué les monoskiers.
00:59:37Terminé sur ce pas, c'est arrêté ce jour-là.
00:59:40Premier snowboardeur en France, Régis Roland.
00:59:44Je n'ai pas été le premier.
00:59:45Il y a des gens de la côte landaise
00:59:48qui commençaient à faire un peu de snowboard.
00:59:52Mais moi, j'ai été le premier à développer
00:59:54et à montrer tout ça au grand public.
00:59:57Via Uaina et les...
00:59:59Comment ça s'appelle ?
01:00:01Une Udaglis.
01:00:02C'est ça qui a vraiment développé ça.
01:00:04Pierre Albert et aussi Paul Logston,
01:00:06un Australien qui avait amené un snowboard
01:00:08qui était un winter stick.
01:00:10Il y avait une énorme dérive en aluminium dessous.
01:00:13C'était avec des bottes, ce n'était pas sur deux skis.
01:00:15Vous avez surfé tous les deux longtemps
01:00:17sur cette vague d'apocalypse snow.
01:00:19Ça vous a permis de lancer vos carrières respectives ?
01:00:23En tout cas, ça a aidé, c'est sûr.
01:00:24Oui, ça a aidé.
01:00:25Après, j'en ai fait mon métier.
01:00:28Pendant 35 ans, j'ai été dans l'industrie du snowboard,
01:00:30dans la fabrication.
01:00:31Puis après, à partir de 2008, j'ai fait des skis.
01:00:33Pendant 35 ans, j'étais patron de boîte.
01:00:35J'ai eu des bilans pas terribles.
01:00:39En fait, j'ai fait quatre boîtes.
01:00:41Snowboardeur, ce n'est pas business.
01:00:42Quatre marques.
01:00:43Oui, je n'étais pas forcément...
01:00:45Mais bon, j'ai passé ma vie comme ça.
01:00:48Vous êtes allé tourner des pubs.
01:00:49Les Américains vous ont demandé
01:00:51de tourner des pubs sur les sports extrêmes.
01:00:53Et notamment, on parlait de chute libre tout à l'heure
01:00:58avec un de vos aventuriers, Patrick de Gaillardon.
01:01:02Tout à fait.
01:01:02Ça aussi, c'était très nouveau, ce type d'image.
01:01:04C'est vous qui filmez, là, Didier ?
01:01:06Non, je suis incapable de faire ça.
01:01:07Je fais quelque chose en chute libre
01:01:08et je n'arrive même pas à ouvrir mon parachute tout seul.
01:01:11Je n'aurais pas pu filmer.
01:01:12Ça, c'est Patrick Pass, un chuteur,
01:01:13qui est un ami de Patrick de Gaillardon,
01:01:15qui filmait ça.
01:01:16Et c'est Patrick qui avait un peu déclenché
01:01:19cette histoire de surf en l'air, de sky surfer.
01:01:21Et ça, aux Etats-Unis, ils ont vu le truc.
01:01:24Du coup, on a fait une pub pour Reebok avec ça.
01:01:28C'est sûr que ça a été un mystère.
01:01:30Ils n'avaient jamais vu ça.
01:01:31Ça n'avait pas existé avant les images qu'on avait faites avant
01:01:34avec Patrick de Gaillardon et Bruno Gouvy, d'ailleurs.
01:01:36C'est tous les deux.
01:01:37Et quand ils ont vu ça, c'était un petit peu une révolution.
01:01:40J'aurais bien aimé voir Régis Roland sur la planche de snowboard
01:01:44à pleine vitesse, en chute libre.
01:01:46Non ? Jamais testé ?
01:01:47Il serait passé à l'étage d'en bas, puis il aurait...
01:01:49Ah oui, parce que oui, oui.
01:01:51Bon, il y a eu un retour d'Apocalypse en 2008.
01:01:55Je crois que là, Didier, c'est vous qui étiez à la manœuvre pour...
01:01:592007.
01:02:00On a essayé de faire un revival, mais...
01:02:03Oui.
01:02:04T'as manqué un peu de budget.
01:02:06Oui, il y a un mec qui est parti avec 300 000 euros.
01:02:07Le film s'est arrêté un petit peu.
01:02:09On n'a pas pu faire la fin.
01:02:10Mais bon, ça l'a quand même bien fait, quoi, non ?
01:02:13Oui, c'est vrai.
01:02:14Le bal, bon, c'est un beau film.
01:02:16Il y avait des guests, on voit Marc Véra sur ce petit teaser.
01:02:19Il y avait du monde, c'est vachement sympa.
01:02:22Après, oui...
01:02:24On peut pas refaire quelque chose 30 ans plus tard,
01:02:25ça peut s'être fraîcheur, quoi.
01:02:27On peut pas faire le numéro 1, 2, 3, 4, c'est...
01:02:29Ça ne marche pas pour moi, c'est...
01:02:30Il y a eu la même chose avec les bronzés, 20 ans après, et...
01:02:34C'est presque un peu du réchauffé.
01:02:35La magie est partie.
01:02:36La magie est partie.
01:02:37Il y a des boucles en caméra.
01:02:38Non, mais les gars, c'est tous des supers skieurs,
01:02:40des supers surfers, etc., mais la magie, c'est pas pareil.
01:02:44Il n'y a plus la découverte.
01:02:45C'est plus du tout innocent.
01:02:47Le premier était vraiment innocent.
01:02:49C'était frais.
01:02:50C'était tout frais.
01:02:51Par exemple, on a appelé le film Apocalypse Snow
01:02:53parce qu'Alain Guémard, qui a son atelier vraiment là comme là-bas,
01:02:56il s'occupait des VIP, de tout, et le soir, il arrivait et disait,
01:03:00« Oh, putain, c'est l'Apocalypse ! »
01:03:02Tellement il bossait.
01:03:03Et quand on a fini le film, on a appelé l'Apocalypse Snow.
01:03:05C'était parfait.
01:03:06Tous les jours, il bossait à fond, quoi.
01:03:09Et puis au bout d'un moment, le nom est tombé sous le sang,
01:03:11c'est grâce à Alain Guémard.
01:03:13Il y a encore toute une génération pour qui c'est un film de référence
01:03:16et qu'on n'a pas forcément fait mieux,
01:03:18même si les moyens techniques, même si les glisses ont évolué.
01:03:20Mais cet esprit, effectivement, des premiers G,
01:03:23et là, on peut toujours les voir.
01:03:25Ils sont en ligne sur Internet, maintenant.
01:03:27Sur YouTube, depuis longtemps.
01:03:28Sur YouTube, donc c'est des films, les plus jeunes.
01:03:31Si vous ne les avez jamais vus, je vous invite à aller les voir.
01:03:35Après un petit coup d'Innoxtag,
01:03:36vous vous faites un petit coup d'Apocalypse Snow
01:03:38et comme ça, vous aurez un panel assez complet
01:03:40de la production en montagne sur ces quatre dernières...
01:03:43Quittez vos jumeaux et regardez à boite les pieds.
01:03:46J'aime les gens.
01:03:47Merci en tout cas d'être venus tous les quatre.
01:03:51Je sais que Jean-Yves et Didier étaient membres du jury
01:03:55du festival du film Icard du cinéma, la Coupe Icard, cette année.
01:04:00Vous aurez peut-être, Jean-Yves,
01:04:03un film à proposer l'année prochaine, en 2025 ?
01:04:05Oui, on va voir.
01:04:07C'est toujours faire un film si ça coûte des sous.
01:04:11Prendre...
01:04:12Avoir des bons contacts, trouver des producteurs,
01:04:15c'est mission impossible quand on ne sait pas faire.
01:04:18Même quand on a des cheveux gris
01:04:20et qu'on essaie de faire des films qui font marrer
01:04:23et qui font rêver depuis 20 ans,
01:04:26c'est toujours le même problème quand on n'a pas cette fibre commerciale.
01:04:31On croise les doigts quand même, parce que l'exploit, il vaut le coup
01:04:34et il pourrait aussi avoir sa place dans les festivals.
01:04:39Vous tournez toujours, Didier, aujourd'hui ?
01:04:42On veut plus le mois.
01:04:44Les cheveux gris, ça arrête tout de suite.
01:04:46J'ai jamais réussi à acheter une GoPro, c'est trop cher pour ma bourse actuelle.
01:04:49Je joue encore avec ma caméra, mais il n'y a plus de pellicule à mettre dedans.
01:04:54Si vous ne tournez plus, vous avez marqué l'histoire des films de montagne.
01:04:59Je voulais finir par ces images qui sont liées, je crois,
01:05:02au retour d'Apocalypse Now, en 2007.
01:05:05C'est un plan, un plan-séquence, qu'on appelle ça, dans le cinéma ?
01:05:08C'est un plan de 10 minutes qui part du Dôme du Goûter
01:05:11et qui arrive au Zoo, chez Chamonix.
01:05:13On a pris des morceaux de ce plan-là pour mettre dans le film le retour.
01:05:18Mais quand on a filmé ça avec Pascal Brun, le pilote,
01:05:21ça s'est vraiment bien passé.
01:05:22On a dit qu'on devait juste faire des séquences.
01:05:24On s'est fait embarquer, on a fait le plan du haut en bas.
01:05:26C'était vraiment magnifique, parce que tout s'est bien passé.
01:05:29On tournait du bon côté.
01:05:30Les gars en parapente, en speed riding, n'étaient pas trop près de nous.
01:05:35Ce qui nous a bien fait rire, c'est qu'on ne voit jamais l'ombre de l'hélico.
01:05:39On se demande, on pourrait imaginer, quand on voit ces images,
01:05:41que c'est un drone qui...
01:05:43Pas du tout, monsieur. Ce n'est pas un drone.
01:05:44C'est un drone de 3 tonnes.
01:05:47C'est un hélico qui marche au kérosène.
01:05:50Et vous, vous êtes où ? Vous êtes dehors, sur les pales ?
01:05:53Non, c'est fini. On a les mêmes boules qu'il y a pour le Tour de France.
01:05:56C'est un gars qui est aux manettes et on le dirige.
01:06:00Et c'est lui qui cadre, ce n'est pas moi.
01:06:01Et les speed riders sont en contact avec la prise de vue ?
01:06:05Absolument pas. C'est à l'ancienne, c'est un truc facile.
01:06:09Et là, tu as eu un grand prix ?
01:06:11Non, j'ai eu un prix au Festival du Touvet.
01:06:17Saint-Hilaire du Touvet.
01:06:18Oui, au Zika du cinéma.
01:06:19Et je n'ai plus rien.
01:06:20En tout cas, c'est une séquence qui aura marqué, la même.
01:06:25On peut toujours la voir aussi aujourd'hui
01:06:27sur ces fameux réseaux sociaux et sur YouTube.
01:06:32Merci. Vous avez même une chaîne YouTube, Didier.
01:06:34Pardon ?
01:06:35Vous avez votre chaîne YouTube.
01:06:36Vous n'êtes pas au courant, mais moi, je l'ai trouvée,
01:06:37cette séquence sur votre chaîne YouTube.
01:06:39Si vous tapez Didier Laffont sur Internet...
01:06:41Merci.
01:06:42La personne qui l'a fait, merci.
01:06:44Qui l'a faite.
01:06:46Je ne sais pas.
01:06:47Je n'en ai aucune idée.
01:06:49Je suis sérieux.
01:06:50Merci en tout cas à tous les quatre d'être venus dans Grand-Terre.
01:06:54On a un peu dépassé l'horaire.
01:06:55On termine en images.
01:06:57La séquence fait dix minutes.
01:06:59On ne va pas passer les dix minutes en intégralité.
01:07:02Ce qui est magnifique, c'est qu'on voit toute la face du Mont-Blanc,
01:07:05toute la face nord.
01:07:06C'est presque une visite touristique de la face nord du Mont-Blanc.
01:07:11J'ai envie de dire que ces images-là, on ne peut plus les faire
01:07:12parce que le glacier n'est plus aussi beau qu'il y a vingt ans
01:07:16avec le réchauffement climatique, malheureusement.
01:07:19En tout cas, ça nous fait un peu de...
01:07:20On va le refaire, le glacier.
01:07:22Peut-être, j'espère. Croisons les doigts.
01:07:24Il faut attendre un petit peu.
01:07:26Quand on va retirer toutes les cordes fils sur les Brests.
01:07:30Merci en tout cas à tous les quatre.
01:07:32On termine avec ces images
01:07:34et un petit peu de poésie.
01:07:35Ça ne nous fera pas de mal pour finir Grand Air.
01:09:04...
01:09:34...

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