• il y a 3 mois
(Film Italie France, Drame)
Acteurs principaux
Pierre Richard-Willm
Michèle Alfa
Aimé Clariond
Transcription
00:01:551814, le pharaon regagne Marseille.
00:02:00Le capitaine étant mort pendant la traversée,
00:02:02c'est un matelot, Edmond Dantes, qui a pris le commandement.
00:02:06Il va retrouver son père et sa fiancée, Mercédès.
00:02:11Avant de mourir, le capitaine avait chargé Edmond Dantes
00:02:14d'une mission secrète de l'empereur pour ses partisans.
00:02:18Jaloux de la réussite de Dantes,
00:02:20Cadrousse, avec la complicité de Fernaud, amoureux et conduit de Mercédès,
00:02:24dénonce au procureur du roi l'escale de Dantes à l'île d'Elme.
00:02:29Dès le soir de ses fiançailles, Dantes est arrêté.
00:02:35Le message saisi sur Dantes était destiné à Noirtier de Missolde
00:02:39et père du procureur du roi, M. de Villefort.
00:02:43Pour sauver son père, le procureur brûle la lettre
00:02:47et fait jeter Edmond Dantes dans un cachot du château d'If.
00:02:53Enfermé pendant 20 ans,
00:02:55Dantes réussit à communiquer avec son voisin de cellule, l'abbé Faria.
00:03:00Celui-ci, avant de mourir, confie à Dantes le plan de l'île de Monte-Cristo
00:03:04dans lequel un trésor est caché.
00:03:07La mort de Faria permet à Dantes de s'évader.
00:03:11Recueilli en mer par des contrebandiers,
00:03:13Dantes demande à être débarqué à l'île de Monte-Cristo
00:03:16où il s'empare du trésor de l'abbé Faria.
00:03:26Habillé en moine et sous le nom de Père Busoni,
00:03:29Monte-Cristo retrouve Cadrous.
00:03:31Il apprend par lui ce qu'est devenu Mercedes
00:03:33et le nom de ceux qui l'ont trahi.
00:03:37Il a récompensé les bons
00:03:39et maintenant, accompagné de son fidèle Bertuccio,
00:03:42il va châtier les coupables.
00:03:55Le carnaval est venu, il serait manqué
00:03:57si ça ne se fait pas par un grand balle chez la comtesse Rociano.
00:04:00Car c'est le dernier soir du carnaval.
00:04:02Les meilleures choses ont leur place.
00:04:07Un soir de carnaval, tous les chagrins s'oublient.
00:04:10Il en est peut-être d'inoubliable.
00:04:12Mais il n'y a pas d'inoubliable.
00:04:14Il n'y a pas d'inoubliable.
00:04:16Il n'y a pas d'inoubliable.
00:04:18Il n'y a pas d'inoubliable.
00:04:20Il n'y a pas d'inoubliable.
00:04:22Il n'y a pas d'inoubliable.
00:04:24Il n'y a pas d'inoubliable.
00:04:31Entrez dans la farandole, vous le regretterez.
00:04:42Vos ordres sont exécutés, Excellence.
00:04:44Merci, Bertuccio.
00:04:46Mais lequel de ces danseurs est Albert de Morser?
00:04:49Ce jeune homme qui vient de perdre son masque.
00:04:51D'ailleurs, je l'avais deviné avant de m'en informer.
00:04:53Il a les yeux de Mercedes.
00:04:55Et c'est à ce jeune homme-là que vous voulez du mal?
00:04:57On discute mes ordres, Bertuccio.
00:04:59Que Votre Excellence me pardonne.
00:05:01Où sont vos hommes?
00:05:02Dans le jardin.
00:05:03Combien sont-ils?
00:05:04Quatre.
00:05:05Seulement?
00:05:06Mais décidez, et prêt à tout pour vous satisfaire.
00:05:08Voilà le banc en question.
00:05:09La Colombine amènera ici son jeune homme.
00:05:11Vous serez cachés derrière les arbres.
00:05:13Ne touchez pas à la dame et laissez-la crier.
00:05:15C'est dans les ordres.
00:05:16Pour le reste, vous savez ce que vous avez à faire.
00:05:24Et comment l'attireras-tu dans le jardin?
00:05:26J'ai mis une dame dans mon jeu.
00:05:30Ne perdons pas de temps.
00:05:31Nous éveillons trop de curiosités.
00:05:35Mesdames, vous entendez, mon ami France?
00:05:37Et savez-vous, je l'ai surpris ce matin au petit jour.
00:05:40Albert, je t'interdis de me trahir.
00:05:42Je ne citerai pas de nom.
00:05:43Mais il descendait une échelle de soie
00:05:45fixée à l'un des balcons les plus fameux de Venise.
00:05:49Monsieur de Morserve, je voudrais vous dire un mot.
00:05:53Je suis avec des amis pour qui je n'ai pas de secret.
00:05:55Il s'agit, monsieur, d'une dame.
00:05:58Jolie, au moins.
00:05:59On ne saurait l'être plus.
00:06:00Et que me veut cette personne?
00:06:01Rien de mal à ce que j'ai cru comprendre.
00:06:03Je prévois qu'Albert va m'emprunter mon échelle.
00:06:05Ne fraise pas ta racine.
00:06:07C'est pas une racine.
00:06:08C'est une racine.
00:06:09C'est une racine.
00:06:10C'est une racine.
00:06:11C'est une racine.
00:06:12C'est une racine.
00:06:13C'est une racine.
00:06:14C'est une racine.
00:06:15C'est une racine.
00:06:16C'est une racine.
00:06:17Ne fraise pas par hasard la Colombine.
00:06:19C'est elle, monsieur.
00:06:21Trop tard, le galop.
00:06:23Pardon, cette fois-ci, je n'en suis pas.
00:06:25Lâchez-le.
00:06:26Et où est cette dame, monsieur l'ambassadeur?
00:06:28Dans le jardin, au pied de la terrasse.
00:06:30Vrai qu'il ne s'annonce pas trop mal.
00:06:31Avec mes remerciements, monsieur.
00:06:48Ça vous fait peur?
00:06:50Ah, non.
00:06:53J'aimerais bien connaître au moins deux vues,
00:06:55mon inconnue.
00:07:01Comme le disait monsieur le mort-serf,
00:07:03voilà qui ne s'annonce pas trop mal.
00:07:05Il ressemble à Mercedes,
00:07:07à un coin qui m'émeut.
00:07:09Excellence, il est encore temps que je le sauve.
00:07:11J'espère.
00:07:13Et toi, disparaîs, pour m'attendre où tu sais.
00:07:16À vos ordres, excellence.
00:07:19Il me semble entendre craquer les branches.
00:07:21Ne craignez rien, nous sommes seuls.
00:07:23Ah, monsieur, prenez garde.
00:07:32Au secours! Au secours!
00:07:35On appelle au secours dans le jardin!
00:07:38Dans le jardin?
00:07:43Là, une femme assassinée.
00:07:45Une femme assassinée?
00:07:50Non, elle n'est pas blessée, elle est évanouie.
00:07:52Elle ouvre les yeux.
00:07:54Que vous est-il arrivé?
00:07:56Des hommes, plusieurs.
00:07:58Ils sont sortis de l'ombre.
00:08:00Ils sont jetés sur nous.
00:08:02Vous n'étiez pas seul?
00:08:03Non.
00:08:05Avec qui étiez-vous?
00:08:06Le vicomte du mort-serf.
00:08:09Ils l'ont frappé?
00:08:11Ils l'ont amené.
00:08:12Je ne sais rien d'autre.
00:08:15Notre ami, le vicomte du mort-serf,
00:08:17vient d'être enlevé par des bandits.
00:08:20Mais il conviendrait de savoir si ces bandits
00:08:22n'ont pas trouvé des complices parmi nous.
00:08:24Regardez, monsieur.
00:08:33Il est réclamé pour sa rançon la somme de 20 000 livres.
00:08:37Elles devront être payées demain, avant minuit,
00:08:41où le vicomte du mort-serf sera mis à mort.
00:08:46Ce document est signé?
00:08:48Il est signé Vampa.
00:08:50Vampa?
00:08:51Mais c'est le plus terrible bandit de notre époque.
00:08:53Votre malheureuse amie me paraît être tombée
00:08:55en de bien mauvaises mains.
00:08:57Nous aimerions, monsieur, connaître votre visage
00:09:00et savoir qui vous êtes.
00:09:02Rien de plus légitime.
00:09:06Je suis le comte de Monte-Cristo.
00:09:09Avant 20 minutes, les délais que j'ai fixés auront expiré.
00:09:12Tu sais donc ce qui t'attend.
00:09:14Vous m'avez fait réveiller pour me dire ça?
00:09:16Je dormais si bien.
00:09:19Tu as 20 ans et tu plaisantes à l'idée de mourir.
00:09:24Disons, pour être sincère, que je me force un peu.
00:09:27Avoue que tu espères qu'on payera ta rançon.
00:09:29La somme est beaucoup trop élevée.
00:09:31Demander à des jeunes gens 20 000 livres
00:09:33le dernier jour du carnaval, cher Vampa, c'est imbécile.
00:09:36Ton père est riche.
00:09:38Deux voyageurs viennent de se présenter.
00:09:40Ils apportent la rançon du Français.
00:09:42On les amène.
00:09:44Tu vois qu'on peut trouver beaucoup d'argent
00:09:46dans un délai très court sans être pour cela un imbécile.
00:09:48Que je sois pendu pour de bon,
00:09:50si je sais où France a pu trouver 20 000 livres.
00:09:54Ils n'arriveront pas trop tard.
00:09:56Il est éteint.
00:09:58Enlevez-leur les bandeaux.
00:10:01Vous apportez l'argent?
00:10:03En pièces d'or.
00:10:05Pour éviter toute contestation.
00:10:09Je vous en prie.
00:10:11Je vous en prie.
00:10:13Je vous en prie.
00:10:15Je vous en prie.
00:10:17Je vous en prie.
00:10:19Je vous en prie.
00:10:21Pour éviter toute contestation.
00:10:26Vous trouvez cette petite fortune
00:10:28et sans l'obligence du comte de Montecristo,
00:10:30mais que je te présente à l'homme qui t'a sauvé la vie.
00:10:32Le vicomte de Morserve, le comte de Montecristo.
00:10:35Excusez-moi, monsieur, de ne pas pouvoir vous serrer la main.
00:10:38Dès qu'il a su ton enlèvement, monsieur le comte s'est mis à ma disposition
00:10:41pour obliger un Français dans l'embarras.
00:10:43Mon père, monsieur, vous remboursera très vite cette dette que j'ai dû contracter.
00:10:47Quant à ma mère,
00:10:49j'espère, sans me flatter sottement,
00:10:51qu'elle vous aura une profonde reconnaissance de votre bonté pour moi.
00:10:54C'est en pensant à elle autant qu'à vous
00:10:57que votre ami et moi, nous nous sommes tant pressés.
00:11:02La rançon est payée.
00:11:04Monsieur le Morserve fait libre.
00:11:06Puis j'espérais que vous serez bientôt à Paris
00:11:08et que j'aurais le plaisir de vous présenter à mes parents.
00:11:10Je serai à l'opéra le 10 octobre,
00:11:12dans la première avant-scène, à 10h30 exactement.
00:11:49...
00:12:12Je vous mène à l'opéra et vous ne vous intéressez qu'à cette avant-scène vide.
00:12:15Je cherche à voir comment est fait le comte de Montecristo.
00:12:18Tout Paris ne parle plus que de lui.
00:12:20Quelques aventuriers, sans doute,
00:12:22qui ne brillent que par son absence.
00:12:32En deux minutes, vous aurez perdu votre Paris.
00:12:35J'ai tellement confiance en Montecristo
00:12:37que je vous offre de doubler l'enjeu.
00:12:39Tenez.
00:12:42Alors, il ne vient pas.
00:12:48...
00:13:00J'ai l'impression que cette histoire de brigand
00:13:02a été inventée par vous pour renseigner votre père.
00:13:05C'est mieux que de ne pas l'avoir fait.
00:13:07Père, il est 10h29.
00:13:09...
00:13:35J'ai inventé l'histoire.
00:13:37C'est un homme que je dois avoir encore mon fils.
00:13:39Sans aucun doute.
00:13:40Comment le trouvez-vous?
00:13:41Très séduisant.
00:13:42Romantique, assoué.
00:13:44Et Paris l'adoptera?
00:13:45Il est bien que toute la salle n'a dieu que pour lui.
00:13:47...
00:14:07...
00:14:23Bonsoir.
00:14:24Quelle plaisir pour moi de vous voir à Paris.
00:14:26Quelle exactitude.
00:14:27J'aime à tenir mes promesses.
00:14:29J'y trouve plus de plaisir que d'autres à ne pas tenir les leurs.
00:14:32Ma chère Aïdé,
00:14:33voulez-vous me permettre de vous présenter mon jeune ami,
00:14:35le vicomte Albert de Morser.
00:14:37Madame.
00:14:38Vous n'avez pas gardé trop mauvaise impression de votre séjour à Venise?
00:14:40Je n'en ai rapporté que des souvenirs délicieux.
00:14:42Et de tous, grâce au comte de Monte-Cristo,
00:14:45le dernier en est le meilleur.
00:14:47M'en voudrez-vous beaucoup, Madame,
00:14:48si je vous privais un instant de la compagnie du comte,
00:14:50car ma mère souhaite lui exprimer sa reconnaissance.
00:14:52Mais parle-moi du monde, c'est trop naturel.
00:14:54Madame.
00:14:55...
00:15:03Mon père avait séance à la chambre des pères,
00:15:05mais il a laissé les affaires de l'Etat pour le plaisir de vous serrer la main.
00:15:08...
00:15:14Mère,
00:15:15permettez-moi de vous présenter le comte de Monte-Cristo.
00:15:18...
00:15:26Monsieur, vous avez devant vous une femme
00:15:29qui ne sait comment vous exprimer son émotion.
00:15:32Je la devine, Madame.
00:15:34Dès lors, à quoi bon chercher à la préciser?
00:15:38...
00:15:45Merci.
00:15:46A la gratitude de Madame la Comtesse de Morsurf,
00:15:49je tiens, Monsieur, à ajouter l'expression de la mienne.
00:15:52Êtes-vous seulement de passage à Paris,
00:15:53ou comptez-vous y séjourner?
00:15:55Je suis venu à Paris pour régler
00:15:57quelques vieilles affaires qui étaient restées en suspens.
00:16:00Je ne sais pas le temps qu'il me faudra pour en finir avec elles.
00:16:04Toujours est-il que j'ai acheté un hôtel à Neuilly,
00:16:07où j'espère bien avoir le plaisir de vous recevoir,
00:16:11ainsi que Madame la Comtesse de Morsurf.
00:16:15Je ne vous lâche pas, j'ai des amis que je veux vous présenter.
00:16:18Avec le plus grand plaisir, mon cher Albert.
00:16:20Vous permettez.
00:16:21...
00:16:24Vous êtes souffrante.
00:16:26Jamais je ne vous ai vu si pâle.
00:16:28C'est la chaleur.
00:16:30...
00:16:33À Paris, j'espère qu'il n'y a pas de bandits à craindre?
00:16:35Non, mais des Parisiennes qui sont bien plus redoutables.
00:16:38En tout cas, elles traitent mieux leurs prisonniers
00:16:40que nous ne le faisions pas.
00:16:42D'accord, mais les rançons qu'elles prélèvent sont plus élevées.
00:16:45Mon cher comte, permettez-moi de vous présenter le plus digne de mes amis.
00:16:48Maximilien Morel, lieutenant au 6e chasseur d'Afrique.
00:16:52Très heureux de vous serrer la main, lieutenant.
00:16:54J'ai connu jadis à Marseille un certain M. Morel,
00:16:57qui était un docteur. Seriez-vous de sa famille?
00:16:59Je suis son fils.
00:17:01Mon père est mort depuis huit mois.
00:17:03C'était un homme d'une honnêteté et d'une bonté exceptionnelles.
00:17:07Et j'aurai plaisir à vous recevoir chez moi,
00:17:10dès que mon installation sera terminée.
00:17:12Merci.
00:17:38Excellence, j'ai engagé pour votre service ce garçon
00:17:41qui sort de chez M. le Duc de Tremoy.
00:17:44Parfait. Comment vous appelez-vous?
00:17:46Raoul. Raoul Cotillot.
00:17:48Je ne me mets jamais en colère.
00:17:50Je pardonne toujours une erreur, jamais une négligence.
00:17:54Si j'apprends que vous avez commenté mes actions,
00:17:57surveillé ma conduite, vous sortirez de chez moi à l'instant même.
00:18:01Je n'avertis jamais mes domestiques qu'une fois.
00:18:04Vous voilà prévenu. Allez.
00:18:08M. Bertouchio, soyez dans mon bureau. J'ai à vous parler.
00:18:12Allez, encore un peu de thé, s'il te plaît.
00:18:16Tu me disais que de l'avant scène où nous étions hier soir,
00:18:20tu avais reconnu ce personnage.
00:18:23Oui, je n'avais que douze ans lorsque je l'ai vu pour la dernière fois.
00:18:26Mais dans de telles circonstances,
00:18:29la scène est restée gravée dans ma mémoire.
00:18:32Le conte de mort, c'est bien l'officier qui a trahi mon père.
00:18:35Mais pourquoi ton père avait-il demandé au roi Louis-Philippe
00:18:38de lui envoyer un général français ?
00:18:41Pour organiser notre petite armée.
00:18:43Les Turcs menaçaient de prendre notre ville d'assaut.
00:18:46Le conte de mort Cerf nous a vendus aux Turcs,
00:18:48qui ont payé sa trahison avec le trésor de mon père.
00:18:51Il n'en paiera que plus cher les autres crimes qu'il a commis.
00:18:54Mais pourquoi tarder ?
00:18:56J'ai si peur que de retour en France,
00:18:58tu ne reprennes goût aux habitudes de ton pays.
00:19:01Ne crains rien.
00:19:03Je n'aspira rien d'autre qu'à regagner l'Orient.
00:19:08C'est là-bas,
00:19:10près de toi,
00:19:12que j'oublierai tout le mal qu'on m'a fait,
00:19:15quand je serai vengé.
00:19:17Les femmes de mon pays ne discutent jamais la volonté du maître.
00:19:21Mais dis-moi si nous resterons longtemps à Paris.
00:19:24Eh bien, nous frapperons d'abord M. de Mort Cerf,
00:19:29puis Cadros,
00:19:31puis M. de Villefort,
00:19:34et je crois que tout ira très vite.
00:19:39Il faut que j'aille recevoir quelqu'un qui va peut-être m'aider.
00:19:42Excuse-moi. Bertuccio m'attend dans mon bureau.
00:20:02Bertuccio,
00:20:04j'attends une visite à laquelle j'attache une très grande importance.
00:20:10Et je voudrais beaucoup
00:20:12que tu évites de rencontrer cette personne.
00:20:17J'admire que même en cette occasion,
00:20:20tu ne me poses pas la moindre question.
00:20:22Mais je n'ai pas de questions à poser à Votre Excellence.
00:20:26Et moi, je n'ai pas de secret pour toi.
00:20:28Le monsieur que j'attends, c'est Benedetto.
00:20:31Benedetto?
00:20:33Ton fils, oui, si on peut dire.
00:20:35Avec la permission de M. de Villefort.
00:20:38Mais je croyais cette petite canaille à Toulon,
00:20:41compagnon de bagne de ce cher Cadros.
00:20:43Oui, ils étaient tous les deux aux bagnes il y a encore dix jours,
00:20:46quand j'ai décidé de les faire évader.
00:20:48Mais comment?
00:20:50Avec de l'argent.
00:20:52Pour envoyer Cadros aux bagnes, il ne m'en a coûté qu'un diamant de 50 000 francs.
00:20:56Pour l'en faire sortir, il m'en a coûté le double.
00:20:58Votre Excellence estime que Cadros a été sépuni?
00:21:02Cadros se croit sauvé.
00:21:04Et moi, je sais qu'il va tout faire
00:21:08pour finir assassiné.
00:21:10Assassiné?
00:21:13Par qui?
00:21:16Entrez.
00:21:18Excellence, M. le Marquis de Cavalcanti souhaite rencontrer Votre Excellence.
00:21:24Assassiné par qui?
00:21:26Mais par M. le Marquis de Cavalcanti.
00:21:29Excusez-moi, Excellence, mais je ne comprends pas.
00:21:32Entre là.
00:21:34Je t'autorise à écouter la conversation que je vais avoir,
00:21:36et tu comprendras très vite.
00:21:40Faites entrer.
00:21:47M. le Comte de Monte Cristo.
00:21:49Enchanté de faire votre connaissance, M. le Marquis.
00:21:53Mes compliments à votre tailleur, à votre chemisier.
00:21:56Ils n'ont pas perdu leur temps.
00:21:59M. le Marquis de Cavalcanti souhaite rencontrer Votre Excellence.
00:22:03Mes compliments à votre tailleur, à votre chemisier.
00:22:06Ils n'ont pas perdu leur temps.
00:22:10Oui, ils travaillent pas mal, mais pas pour rien.
00:22:13Et justement, j'ai des factures.
00:22:15Elles seront payées aujourd'hui même, ne craignez rien.
00:22:17Parfait, parfait. Je vous laisse faire.
00:22:20Je vous en prie.
00:22:24Et dites-moi, M. le Marquis,
00:22:26avez-vous eu le temps d'apprendre les noms de vos pères et mères,
00:22:30oncles et grands-parents?
00:22:32Hier soir, avant de m'endormir,
00:22:34j'ai jeté un coup d'oeil sur mon arbre générologique.
00:22:37Mais avant d'apprendre tout ça, j'aimerais toucher une petite somme.
00:22:41Hein? Vous n'avez pas confiance?
00:22:44Tout ce qui m'arrive est tellement drôle.
00:22:47Remarquez bien, moi, je suis pas un tout.
00:22:49Je veux bien être le fils de qui en voudra.
00:22:51Je veux bien apprendre et répéter tout ce qui vous fera plaisir.
00:22:54Mais il me faut de l'argent.
00:22:57Parfaitement légitime.
00:23:03Combien voulez-vous?
00:23:05Il était question de 5 000 francs.
00:23:07C'est trop peu. Je vais vous en donner 10.
00:23:10Je vois que je peux avoir confiance.
00:23:12Dans deux heures, j'aurai par cœur tous les noms et titres
00:23:14de mon cher papa et ceux de ma mère bien-aimés.
00:23:16Dites-moi, est-ce qu'il faudra que je les rencontre?
00:23:18Jamais.
00:23:19Vous les n'aimez pas pour moi.
00:23:21Je veux bien me laisser embrasser par n'importe qui.
00:23:23Moi, du moment qu'on me paye...
00:23:25Seulement, il faudra surveiller un peu votre langage.
00:23:29Et ne pas vous gratter à tout bout de champ.
00:23:31Mon cher Marquis, vous n'êtes plus à Toulon.
00:23:34Vous savez où j'étais il y a deux jours encore?
00:23:36Je sais.
00:23:38Et où vous étiez avant.
00:23:40Et tout ce que vous avez fait.
00:23:42Je connais très bien Bertuccio.
00:23:44Vous connaissez mon père?
00:23:46Pourquoi vous me demandez d'écrire le fils d'Andrea Cavalcanti?
00:23:49Parce que je vous paie pour ça.
00:23:52C'est juste.
00:23:54Qu'est-ce que je dois faire pour vous?
00:23:56Pour moi?
00:23:58Pour moi?
00:24:00Mais rien.
00:24:01Je vous demande simplement d'être très élégant
00:24:03et de vous montrer dans tous les lieux de plaisir.
00:24:05Avec les amis, que vous allez vous faire très vite.
00:24:07Avec les femmes que vous rencontrerez, dépensez sans compter.
00:24:10Mais je n'ai que 10 000 francs.
00:24:12Chaque mois, vous en toucherez autant. Soyez tranquille.
00:24:14Mais alors, en échange, vous allez me demander une chose terrible.
00:24:19Je vous donne ma parole d'honneur que je ne vous demanderai jamais rien.
00:24:22Mais rien.
00:24:24Est-ce que je rêve?
00:24:27Non.
00:24:30Alors, nous sommes d'accord, mon cher Martin?
00:24:32Nous sommes d'accord.
00:24:34Mais puisque vous êtes un homme si riche, si généreux et si original,
00:24:39je voudrais vous demander quelque chose.
00:24:41Je me suis évadé de Toulon avec un camarade.
00:24:45Vous ne pourriez rien faire pour ce pauvre vieux?
00:24:48Ça, non.
00:24:50Ce coup de veine qui m'arrive va le rendre un peu jaloux.
00:24:53Alors, si vous l'aidiez un peu...
00:24:56Mais je ne vous empêche pas d'aider vos amis.
00:25:00C'est vous que ça regarde.
00:25:05Mon cher Marquis, je donne un grand bal 18 de ce mois.
00:25:10J'espère que vous me ferez l'honneur d'y assister.
00:25:14Mon cher comte, avec plaisir.
00:25:18Raoul, reconduisez M. le Marquis de Cavalcanti.
00:25:21Tout à fait enchanté d'avoir fait votre connaissance.
00:25:23Voyez bien que le plaisir est partagé.
00:25:37Virtutio.
00:25:47Tu as compris maintenant?
00:25:49Pourquoi Benedetto en viendra fatalement à tuer Cadros?
00:25:54J'ai compris.
00:25:56Et comment je tiens ma vengeance sur M. de Villefort?
00:26:01J'ai deviné.
00:26:03Son Excellence rentrera-t-elle pour déjeuner?
00:26:06Non, je déjeune avec mon ami le vicomte de Morser au cercle d'Escrim.
00:26:11Au cercle d'Escrim.
00:26:18Touché, bravo.
00:26:199 touches à 2. Je me défendrai jusqu'au bout.
00:26:25Touché. Décidément, vous êtes trop fort pour moi.
00:26:2810 touches à 2.
00:26:29Je vous avais prévenu.
00:26:30Vous avez de quoi comparer.
00:26:32Mais je suis bon tireur et je vous demande ma revanche au pistolet.
00:26:34Je ne peux pas vous la refuser.
00:26:36Mais je vous avertis que je suis beaucoup plus fort au pistolet qu'à l'épée.
00:26:39L'enseignement de cette histoire est que j'aurais tort de vous chercher une mauvaise querelle.
00:26:42Si vous tenez à l'avis, de préférence.
00:26:46Mon cher Albert, vous avez l'humeur joyeuse d'un heureux vainqueur.
00:26:49Celle d'un vaincu qui vient de recevoir une leçon magistrale.
00:26:52Mon cher comte, permettez-moi de vous présenter mon ami René Beauchamp,
00:26:55directeur politique à l'impartial.
00:26:57Le comte de Montecristo.
00:26:58Vous collaborerez, monsieur, à un journal qui me plaît beau,
00:27:00par son indépendance et son esprit mordant.
00:27:03Nous servons la vérité avec une sincérité qui a le mérite de l'enthousiasme.
00:27:06Sans doute.
00:27:07Mais vous osez vous en prendre à de puissants personnages avec une énergie
00:27:11qui relève moins de l'enthousiasme que du courage.
00:27:14Je ne sais comment vous remercier de vos compliments, monsieur.
00:27:16Par exemple, en déjeunant avec nous?
00:27:18Il y a séance à la chambre des pères. Je dois y assister pour l'impartial.
00:27:21Et croyez-vous que les pères de France ne prennent pas le temps de déjeuner?
00:27:24Comme eux, nous mangerons vite, mais comme eux, nous mangerons bien.
00:27:27Bonsoir.
00:27:38C'est toi?
00:27:39Tu viens déjeuner?
00:27:41Je te préviens, il est quart.
00:27:43Oh, j'ai déjeuné en ville.
00:27:45Ah, t'as fait un héritage?
00:27:47Non, je crois que c'est cuit.
00:27:51Oh, ce que t'es beau!
00:27:53Où c'est que t'as trouvé à t'habiller comme ça?
00:27:55Mais... j'ai des habits.
00:27:57T'aurais pu penser à leur demander un pantalon pour moi.
00:28:00Tu leur as pris un peu d'argent, au moins.
00:28:02J'ai pas osé.
00:28:03Allez, enlève tout ça.
00:28:04Je le porterai chez le fripier et nous aurons de quoi parer au plus pressé.
00:28:07Mais c'est impossible. Je suis invité au Café de Paris.
00:28:09Je dois être habillé correctement.
00:28:11Ah, Monsieur déjeune au Café de Paris.
00:28:15Tu te débrouilles bien, toi.
00:28:17Et alors, ton petit camarade, qu'est-ce qu'il devient, lui?
00:28:20Tu parles à chair.
00:28:21C'est qu'on soit à deux dans les ennuis, où est l'avantage.
00:28:24Et j'ai un ami qui m'offre de coucher chez lui.
00:28:27Ah, tu disparais.
00:28:28Les choses ont l'air de bien s'arranger pour moi.
00:28:30Je serais bien bête de ne pas en profiter.
00:28:32Toi-même, naturellement, tu y trouveras ton petit profit.
00:28:35Mon petit profit?
00:28:37C'est pas un vieux ennard comme moi qu'on apprend la musique.
00:28:40T'as trouvé un filon, tu veux le garder pour toi.
00:28:43T'as toujours été un faux chien. Il n'y a pas de raison que ça change.
00:28:47Seulement, mon petit, tu me fous ma part du gâteau.
00:28:51Ou alors, toi aussi, tu te mettras la ceinture.
00:28:57T'imagines alors que je pourrais oublier ce que nous avons souffert aux galères?
00:29:00C'est de la pommade, des mots.
00:29:02Va déjeuner, je te retrouverais toujours.
00:29:04Tu entends?
00:29:06Seulement, dans ton intérêt, il vaut mieux que j'ai toujours de quoi manger,
00:29:11de quoi fumer et de quoi boire à un coup de temps en temps.
00:29:15Il faudra combien pour que tu me fiches la paie?
00:29:19100 francs par mois.
00:29:21Et si je te les profiterais?
00:29:23Tu ne t'occuperais plus de mon existence?
00:29:26Disons, 150 francs tous les premiers du mois.
00:29:29Et je ne sais plus qui tu es, parole d'honneur.
00:29:31Ce soir, tu as raté 150 francs.
00:29:33Comme si tu étais un ami.
00:29:35Mais si tu étais un frère, tu m'en donnerais 200.
00:29:37Comment?
00:29:38Mais tu viens de me donner ta parole.
00:29:39C'est vrai, je t'avais oublié.
00:29:41Et quand Cadrous a donné sa parole de net homme,
00:29:44il ne revient jamais sur ce qui a été convenu.
00:29:48Quelle roue mettez-vous aujourd'hui, madame Lafontey?
00:29:50Celle que tu auras préparée.
00:29:52Il y en a deux nouvelles. La rose ou la bleue?
00:29:55Celle que tu voudras, Nicole.
00:29:57Madame n'est pas souffrante.
00:29:59Qu'est-ce qui te fait penser ça?
00:30:00Je trouve madame très changée depuis quelques temps.
00:30:02Madame Lafontey n'a jamais été très gaie,
00:30:05mais depuis le jour où elle est allée à l'opéra,
00:30:08je m'en souviens très bien,
00:30:09elle ne prend plus plaisir à rien.
00:30:11Un peu de fatigue, ne t'inquiète pas.
00:30:14Entrez.
00:30:17J'espère que je ne vous dérange pas.
00:30:19Non, mais tu m'as fait peur.
00:30:21Quand tu me demandes à me voir si tôt le matin,
00:30:23c'est que le baccarat a coûté cher la nuit.
00:30:25Non, je n'ai pas joué.
00:30:26Et je voudrais vous parler d'autre chose,
00:30:28mais seule à seule.
00:30:30Je te rappellerai dans un instant, Nicole.
00:30:33De quoi s'agit-il?
00:30:34Avez-vous lu l'impartial?
00:30:36Non, mais ton père m'a parlé d'un écho qu'il conserve.
00:30:38Une abominable calomnie.
00:30:41Ce numéro de l'impartial fait quelle reproche à ton père?
00:30:43Tout simplement d'avoir trahi le pacha de Janina.
00:30:46Tiens, ton père ne m'avait pas parlé de ça.
00:30:49Et moi, je n'accepte pas qu'on mette en doute l'origine de notre fortune.
00:30:52Et cette offense à notre nom, je veux la relever.
00:30:55Ce n'est pas moi, mon enfant, qui te conseillerai l'indulgence
00:30:57dans une affaire qui touche notre honneur.
00:31:01Mais que comptes-tu faire?
00:31:03Aller trouver Beauchamp à l'impartial et lui demander des excuses.
00:31:07Et s'il refuse...
00:31:08Oui, ton ami Beauchamp te donnera certainement satisfaction.
00:31:11Tu es assez grand pour avoir mesuré par toi-même
00:31:13les sentiments qui m'attachent à ton père.
00:31:15L'homme a des défauts dont j'ai souffert.
00:31:17Mais le soldat est au-dessus de tout reproche.
00:31:20Voilà l'approbation que j'attendais de vous.
00:31:22Maire, faites-moi confiance.
00:31:27Et demain, l'impartial nous adressera des excuses.
00:31:30Des excuses?
00:31:31A défaut de quoi?
00:31:33Je devrais me tenir pour offenser par vous.
00:31:35Mon cher Albert, ne vous en portez pas.
00:31:37Je vous répète que ces lignes ont paru sans que j'y sois pour rien.
00:31:39Vous avez la responsabilité politique de votre journal.
00:31:42Je ne veux pas croire que vous...
00:31:44On dirait que vous faites exprès d'employer les mots
00:31:46les plus propres à me mettre en colère.
00:31:48Albert, nous sommes de grands amis.
00:31:50Je n'en suis plus sûr.
00:31:52Encore un mot maladroit.
00:31:53Mais je vous prouverai mon amitié, malgré vous.
00:31:55En recherchant l'origine de cette information malheureuse
00:31:57et en rédigeant moi-même l'écho
00:31:59qui vous exprimera les regrets de l'impartial.
00:32:01Ses regrets et ses excuses.
00:32:03Et ses excuses.
00:32:05Suis-je votre ami?
00:32:06Je répondrai à cette question quand j'aurai vu la...
00:32:08Que vous êtes entêté.
00:32:10Laissez-moi le temps de faire mon enquête.
00:32:12Et ce soir, je vous soumettrai mon papier.
00:32:14Ce soir, je vais au bal chez Montecristo.
00:32:16Moi aussi. C'est donc là que nous nous rencontrerons.
00:32:18Sans épée, sans pistolet. Un verre de champagne à la main.
00:32:42En deux mois, le comte de Montecristo a fait la conquête de tout Paris.
00:32:45Tous les corps officiels sont représentés ici.
00:32:47J'ai compté un ministre, deux généraux,
00:32:49un académicien, deux ambassadeurs et trois paires de francs.
00:32:52Monsieur de Villefort.
00:33:00Je suis enchanté, monsieur le procureur,
00:33:02que vous ayez accepté mon appel.
00:33:04Je vous remercie.
00:33:06Je vous remercie.
00:33:08Je vous remercie.
00:33:10Je suis enchanté, monsieur le procureur,
00:33:12que vous ayez accepté mon invitation,
00:33:14alors que je n'avais pas encore l'honneur de vous connaître.
00:33:16Je ne voulais pas être le seul Parisien
00:33:18qui ne connut le comte de Montecristo.
00:33:20Pour moi, il y a longtemps
00:33:22que votre nom m'est familier.
00:33:24Et j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt
00:33:26votre magnifique carrière.
00:33:28J'avoue que je suis de ceux
00:33:30à qui la chance a bien voulu sourire.
00:33:32On ne croit pas à la chance, monsieur le procureur.
00:33:34Non, une réussite éclatante
00:33:36est toujours organisée.
00:33:38Et si l'on se donnait la peine
00:33:40de rechercher sur quoi repose
00:33:42la fortune des grands de ce monde,
00:33:44on en tirerait, je crois,
00:33:46des conclusions intéressantes.
00:33:48Vous n'êtes pas de mon avis.
00:33:50Je pense qu'elle repose
00:33:52sur le goût du travail.
00:33:54Le goût du travail, oui.
00:33:56Et la propreté.
00:33:58Mais voulez-vous me permettre
00:34:00de vous présenter un de mes jeunes amis,
00:34:02le marquis de Cavalcanti?
00:34:04Avec plaisir.
00:34:08Marquis,
00:34:10j'ai le plaisir de vous présenter
00:34:12un monsieur de Villefort, procureur du roi.
00:34:14L'une des plus dignes
00:34:16et des plus intègres figures de votre temps.
00:34:18Je suis enchanté, monsieur.
00:34:20Vous êtes italien, monsieur?
00:34:22Je suis le fils du marquis Andrea de Cavalcanti,
00:34:24de vieille noblesse florentine,
00:34:26épouse en 1812 à Milan,
00:34:28Francesca Berdici, ma mère,
00:34:30fille d'Antonio Berdici,
00:34:32qui fut architecte de sa sainteté,
00:34:34le pape Clément XIV.
00:34:36Il me semble bien qu'une branche
00:34:38se soit fixée en France.
00:34:40Mais je m'excuse.
00:34:42Mes invités me réclament.
00:34:44Je vous laisse bavarder.
00:34:52Ce parent que vous recherchez
00:34:54est vécu à Paris?
00:34:56Oh, j'en sais rien, quand même.
00:34:58Dis ça aux contes.
00:35:00Moi, ce qui m'occupe à Paris,
00:35:02c'est le jeu et les petites barres.
00:35:04J'ai vraiment de quoi s'amuser.
00:35:06Mais c'est pas à vous que je vais apprendre ça.
00:35:08La réputation des magistrats n'est plus à faire.
00:35:10Vous ne trouvez pas, monsieur le marquis,
00:35:12cette plaisanterie du meilleur goût?
00:35:14Oh, je n'ai rien dit pour vous vexer.
00:35:16Tenez, prenez-moi un verre de champagne
00:35:18et je vous raconterai ce qui se passe
00:35:20dans une certaine maison.
00:35:22C'est de quoi vous donner de jolis rêves
00:35:24la prochaine fois que vous dormirez
00:35:26pendant une audience du tribunal.
00:35:28Mon cher advers, il faut que vous arriviez tard.
00:35:30J'ai tenu compagnie à ma mère qui était un peu souffrante.
00:35:32Elle m'a chargé de vous présenter tous ses regrets.
00:35:34Mais vous lui direz que j'en ai été sincèrement désolé.
00:35:36Savez-vous si Beauchamp est déjà arrivé?
00:35:38Oui, il essaie de m'informer de vous.
00:35:40Et il vous attend dans le petit salon de Haïdé
00:35:42qui est fermé aux autres invités.
00:35:44Merci.
00:35:52Vous avez froid?
00:35:54Je ne fais pas du feu pour me réchauffer,
00:35:56mais pour vous prouver à quel point je suis votre ami.
00:35:58Le sens de la démonstration m'échappe.
00:36:00Avez-vous rédigé l'article?
00:36:02Fidèle à ma promesse, j'ai d'abord fait mon enquête.
00:36:04L'écho qui vous attend blessé
00:36:06fut rédigé par mon confrère Vincent.
00:36:08Comme ça, de chic, à la légère,
00:36:10sans mesurer la gravité de ce qu'il écrivait.
00:36:12Non, mon ami, sur la foi d'un dossier
00:36:14très singulier et très troublant
00:36:16qui lui avait été adressé...
00:36:18Par qui?
00:36:20Par une personne qui n'a pas voulu se faire connaître.
00:36:22Alors si bien que sur la dénonciation du premier venu,
00:36:24l'impartial s'autorise à calomnier...
00:36:26Mon cher Albert, ne vous en portez pas, je vous en supplie.
00:36:28J'ai vu le dossier.
00:36:30Je l'ai étudié.
00:36:32Je suis très calme et...
00:36:34je pèse mes mots.
00:36:36Le rôle joué par le général de Morserf,
00:36:38dont l'arredition de Janina,
00:36:40est singulier.
00:36:42Comment?
00:36:44Vous, Beauchamp?
00:36:46Vous prétendez que...
00:36:48Je ne prétends rien.
00:36:50Mais vu l'anonymat du dénonciateur,
00:36:52mon amitié pour vous,
00:36:54je vous offre, Albert, de jeter ce dossier au feu.
00:36:56Mon père n'a rien pu faire de contraire à l'honneur.
00:36:58Voici le dossier.
00:37:00Bon, il ne contient aucune preuve définitive.
00:37:02Prenez-en connaissance,
00:37:04si vous voulez,
00:37:06mais à votre place, je le jetterai au flamme.
00:37:08Pour éviter d'avoir apporté sur mon père
00:37:10un jugement désagréable.
00:37:14Merci, René.
00:37:18Vos propos sont ceux d'un ami sincère.
00:37:20Si votre conscience vous autorise
00:37:22à détruire ces papiers,
00:37:24détruisez-les.
00:37:36Il ne reste plus rien.
00:37:38Mon père...
00:37:40Mon père, que je croyais un grand soldat.
00:37:42Qu'il le demeure dans votre esprit.
00:37:44Nous n'en parlerons plus jamais.
00:37:46Et maintenant, venez.
00:37:54Et...
00:37:56Quelle impression vous a fait
00:37:58le marquis de Cavalcanti?
00:38:00Puis-je être sincère?
00:38:02Oh, je vous en prie.
00:38:04Ce monsieur, qui est terriblement mal élevé,
00:38:06me paraît corrompu, vicieux.
00:38:08Il m'a inspiré plus que de l'antipathie,
00:38:10une espèce de dégoût.
00:38:12Il me paraissait bien sévère à son égard,
00:38:14M. le procureur.
00:38:16Il a du charme.
00:38:18Pour l'éducation, elle laisse un peu à désirer.
00:38:20Mais il faut tenir compte
00:38:22que son père ne s'est jamais occupé de lui.
00:38:24Cela ne m'explique pas, sévice.
00:38:26Faut-il expliquer à un magistrat
00:38:28de votre expérience
00:38:30qu'un enfant abandonné
00:38:32la nuit même de sa naissance,
00:38:34et c'est le cas, ne saurait être responsable
00:38:36d'avoir été mal élevé
00:38:38par des gens de rencontre?
00:38:40Le vrai coupable,
00:38:42c'est le père de ce jeune homme,
00:38:44qui est, vous pouvez m'en croire,
00:38:46une des plus belles canailles
00:38:48qu'on ait vu depuis longtemps.
00:38:50Désirez-vous prendre quelque chose?
00:38:52Merci, je me sens un peu fatigué.
00:38:54Je vous demanderai la permission de me retirer.
00:38:56Vous travaillez trop, M. le procureur.
00:38:58Peut-être.
00:39:00M. le comte, j'espère que nous nous rencontrerons encore.
00:39:02Mais n'en doutez pas,
00:39:04M. de Villefort.
00:39:14M. Beauchamp.
00:39:16Vous étions prévenus qu'un de vos confrères
00:39:18était venu vous demander.
00:39:20On ne m'en a rien dit.
00:39:22Mais ce M. Vincent désirait vous voir,
00:39:24et j'ai cru bien faire
00:39:26en le faisant entrer dans mon bureau,
00:39:28où il vous attend.
00:39:30C'est très aimable à vous.
00:39:32Vous verrez, la pièce est confortable
00:39:34et, détail qui a son importance,
00:39:36elle est pourvue d'une cheminée.
00:39:38D'une cheminée?
00:39:40Oui, où on peut faire du feu.
00:39:42Allez, allez,
00:39:44votre confrère doit s'impatienter.
00:39:48Bonsoir.
00:39:56Mon cher, je n'ai vraiment ni l'heure,
00:39:58ni l'endroit de venir me déranger.
00:40:00Si je me suis permis cette indiscrétion,
00:40:02c'est qu'il s'agit d'une chose importante.
00:40:04Tu ne pouvais pas attendre à bien?
00:40:06Non. Il s'agit de quoi?
00:40:08Du compte de Morserf et de la prise de Janina.
00:40:10Un nouveau dossier, plus détaillé que le précédent,
00:40:12a été porté à l'impartial.
00:40:14Mais cette fois, nos confrères ont eu copie des documents.
00:40:16C'est pour cela qu'on s'intéresse à cette affaire.
00:40:18L'impartial sera-t-il le seul à se taire,
00:40:20après avoir été le premier informé?
00:40:22Vous avez le dossier?
00:40:24Le voici.
00:40:30L'informateur est toujours anonyme?
00:40:32Non.
00:40:34Qui est-ce?
00:40:38Je vous en laisse la surprise.
00:40:46C'est une déception.
00:40:48J'en suis heureux pour vous.
00:40:50D'autant que je crois en découvrir la cause.
00:40:52Non, vous vous trompez certainement.
00:40:54Ça m'étonnerait.
00:40:56Et ce qui m'ennuie le plus,
00:40:58c'est que vous n'êtes encore qu'au début de vos déceptions.
00:41:00Au contraire, tout va s'arranger.
00:41:02Ne l'espérez pas.
00:41:04Je vous en prie.
00:41:06Je vous en prie.
00:41:08Je vous en prie.
00:41:10Je vous en prie.
00:41:12Je vous en prie.
00:41:14Ne l'espérez pas.
00:41:16Votre ami Beauchamp
00:41:18va vous porter un coup
00:41:20très dur
00:41:22que vous ne méritez pas.
00:41:24Je suis le premier à le reconnaître.
00:41:26Je quitte Beauchamp à l'instant.
00:41:28Allez le rejoindre dans mon bureau.
00:41:30Mais si ce n'est pas vous qu'on vise, Albert,
00:41:32ne l'oubliez pas.
00:41:34Et ne prenez pas trop à cœur
00:41:36une querelle
00:41:38où vous n'êtes pourri.
00:41:40Alors,
00:41:42l'impartial ne peut se taire.
00:41:44J'ai donc bien fait de vous alerter.
00:41:46Oui.
00:41:48Les raisons personnelles m'interdisent de m'occuper moi-même de cette affaire.
00:41:50Je vous la confie et je vous laisse carte blanche.
00:41:52Je suis très touché de cette marque de confiance.
00:41:54Ne perdez pas de temps, Vincent.
00:41:56Il faut que votre article paraisse demain matin en première page.
00:41:58Je serai prêt.
00:42:04Montecristo vient de m'avertir d'une manière embarrassée
00:42:06que tu avais une mauvaise nouvelle à me donner.
00:42:08C'est Montecristo lui-même qui t'a prévenu?
00:42:10Et à l'instant?
00:42:12Mon pauvre Albert.
00:42:14Demain matin, tous les journaux seront plaints
00:42:16de cette affaire de Janina.
00:42:18Encore?
00:42:20Oui, mais cette fois-ci, l'informateur s'est fait connaître.
00:42:22Dis-moi son nom et je cours le giflet devant tout le monde.
00:42:24Qui est-ce?
00:42:26Le comte de Montecristo.
00:42:28Lui.
00:42:30Lui qui m'a assuré il y a deux minutes
00:42:32de son amitié,
00:42:34de son affection.
00:42:36Mais ses attaques ne sont dirigées
00:42:38que contre M. de Morserf.
00:42:40Oublie-tu que c'est lui que je porte?
00:42:42Suis-moi et nous allons nous expliquer devant tout Paris.
00:42:52Monsieur le comte de Montecristo,
00:42:54j'ai deux mots à vous dire.
00:42:56Ce n'est pas l'habitude qu'on m'interpelle ainsi.
00:42:58Pour une fois, vous le souffrirez.
00:43:00Beaucoup de vos invités ignorent exactement qui vous êtes.
00:43:02Grec ou portugais, venus d'Orient ou d'Amérique,
00:43:04là n'est pas la question.
00:43:06Je veux que tout le monde sache que vous êtes un menteur
00:43:08et un faux ami.
00:43:14Mon pauvre Albert, vous perdez la raison.
00:43:16Et je vous rappelle
00:43:18qu'au cercle d'escrime, vous vous êtes aperçu
00:43:20que vous n'étiez pas de force à me chercher querelle.
00:43:22J'aimerais savoir à quoi vous sert d'avoir appris les armes,
00:43:24puisque vous frappez vos adversaires par surprise
00:43:26et dans le dos.
00:43:30Très bien.
00:43:32Vous me trouverez demain matin
00:43:34au bois de Vincennes, en face de vous.
00:43:36C'est là la dernière invitation que j'accepte de vous.
00:43:40M. René Beauchamp et France Dépinay me serviront de témoins.
00:43:42Je voudrais bien leur faire connaître les vôtres.
00:43:46Lieutenant Morel,
00:43:48me ferez-vous l'honneur de m'assister dans cette affaire?
00:43:50Je suis à votre disposition, monsieur.
00:43:52Merci.
00:43:54Et vous, M. Le Perrier-Caudreau,
00:43:56puis-je vous demander le même service?
00:43:58Votre choix est bon, M. Montecristo.
00:44:00Merci.
00:44:02Vous voyez,
00:44:04vous avez satisfaction.
00:44:06Et moi, je ne perdrai pas cette occasion
00:44:08de corriger vos écarts de langage.
00:44:26Mesdames, messieurs,
00:44:28je suis désolé de ce petit incident.
00:44:30En vérité, il ne s'est rien passé.
00:44:32Et le bal continue.
00:44:54Le seul ennui de ce duel
00:44:56c'est qu'il va m'obliger à me lever de bonne heure.
00:45:00A tout hasard, j'ai écrit à mon notaire
00:45:02et tu lui ferais tenir cette lettre
00:45:04au cas très improbable
00:45:06où il m'arriverait quelque chose.
00:45:08Excellence, quelle est l'arme choisie?
00:45:10Le pistolet.
00:45:12Je suis l'offensé.
00:45:14Je tire le premier.
00:45:16Tant pis pour le Vicomte.
00:45:18Je ne préviens pas Aïdé.
00:45:20Elle se tourmenterait inutilement
00:45:22et comme je serai revenu pour le petit déjeuner,
00:45:24j'en prendrai l'affaire en même temps que le dénouement.
00:45:28Quelle heure est-il?
00:45:32Mes invités sont restés tard.
00:45:34Une heure de sommeil me fera du bien.
00:45:36Je compte sur toi pour me réveiller.
00:45:38Excellence.
00:45:40Entrez.
00:45:44Comment, Raoul, vous êtes encore là?
00:45:46Non, Excellence, j'allais me coucher quand on a sonné.
00:45:48J'ai pensé que c'était un invité qui avait oublié quelque chose.
00:45:50Mais non, c'était une dame.
00:45:52Oui, j'ai eu beau lui faire observer
00:45:54que ce n'était pas une heure pour les vigites.
00:45:56Elle a tellement insisté que je n'ai pas osé la renvoyer.
00:45:58Mais elle n'a pas dit son nom?
00:46:00Non, Excellence, elle n'a voulu dire que son prénom.
00:46:02Mercedes.
00:46:04Ah.
00:46:06C'est bien.
00:46:08Faites entrer cette dame.
00:46:10Et toi, Bertuccio, laisse-moi.
00:46:12Mais ne t'éloigne pas.
00:46:14J'aurais peut-être besoin de toi tout à l'heure.
00:46:16Votre Excellence n'aura qu'à sonner.
00:46:18C'est bien.
00:46:20Va.
00:46:44Après l'incident de ce soir,
00:46:46je m'étonne que la comtesse de Morserfe
00:46:48rende visite au comte de Montecristo.
00:46:52Laissons ce jeu qui me fait mal.
00:46:56Depuis la première fois, je vous ai reconnue.
00:46:58Si la comtesse de Morserfe
00:47:00et le comte de Montecristo doivent s'éviter,
00:47:02Mercedes a le droit
00:47:04de demander à Dantes de sauver son enfant.
00:47:06Dantes est mort, Madame.
00:47:08Vous avez porté son deuil.
00:47:10Et puis vous l'avez oublié.
00:47:14Ce n'est pas vrai.
00:47:16Ce n'est pas vrai.
00:47:18Vous ne savez pas ce que j'ai souffert depuis 20 ans.
00:47:22J'ai besoin d'une vengeance terrible.
00:47:26Et maintenant que je la tiens,
00:47:28ne me demandez pas d'avoir pitié.
00:47:30Alors frappez les coupables,
00:47:32mais épargnez les innocents.
00:47:36Albert ne vous a rien fait.
00:47:38Et moi, je n'ai fait que vous aimer.
00:47:42Quand vous étiez jeune, je vous ai adoré.
00:47:44Quand je vous ai cru mort, j'ai adoré votre mémoire.
00:47:48Votre vie a été brisée, dites-vous.
00:47:50Et la mienne ne l'avait-elle pas été?
00:47:52Je n'ai jamais été heureux.
00:47:56La vie ne m'a apporté qu'une seule joie.
00:47:58Mon enfant.
00:48:00Cet enfant qui aurait dû être le vôtre.
00:48:04Et vous ne seriez revenu que pour le tuer.
00:48:06Si je ne tue pas Albert,
00:48:08c'est lui qui me tuera.
00:48:10C'est à vous qu'il me fallait aller d'abord.
00:48:12Pour le compte de Morsurf, je ne demande rien.
00:48:16Je suis restée la même, Edmond.
00:48:18Celle qui plaçait
00:48:20l'honnêteté, la bonté au-dessus de tout.
00:48:24Si sa fortune est mal acquise, j'y renonce pour ma part.
00:48:28S'il a volé sa gloire, je ne porterai plus son nom.
00:48:32Mais vous aussi, Edmond.
00:48:34Soyez juste.
00:48:36Soyez juste.
00:48:40Vous m'avez-vous attendu?
00:48:46Je vous ai attendu trois ans.
00:48:48Et c'est quand on nous a dit que Dantez était mort
00:48:52que j'ai enfin consenti à épouser mon cousin.
00:48:54Un homme qui n'hésite pas à charger un innocent d'un crime abominable
00:48:58en l'envoyant pourrir dans un cachot méritait bien, en effet, votre estime.
00:49:00Et votre amour.
00:49:02Que voulez-vous dire?
00:49:06Qu'est-ce que vous avez à me dire?
00:49:08Je ne sais pas.
00:49:10C'est pas possible.
00:49:12Je connais tous les défauts de mon mari, mais ce n'est pas un traître.
00:49:14Ah, Mercedes.
00:49:16Cette générosité
00:49:18que j'aimais tant chez vous.
00:49:20Comme elle vous aveugle.
00:49:22Mais la carrière de votre mari,
00:49:24sa fortune, jusqu'à son mariage,
00:49:26tout chez lui est basé sur l'imposture,
00:49:28la trahison, tout.
00:49:30Alors, je vous en prie, au moment de lui faire payer ses crimes,
00:49:32n'élevez pas pour le défendre
00:49:34la seule voie au monde
00:49:36qui ait encore le pouvoir de me troubler.
00:49:40Je ne suis pas venue plaider pour mon mari,
00:49:42mais pour mon fils.
00:49:46Si la voie de Mercedes peut encore émouvoir Dante,
00:49:50épargnez mon enfant.
00:49:54Ne craignez rien.
00:49:58Je tirerai le premier
00:50:00et je le manquerai.
00:50:02Je vous en prie.
00:50:04Merci.
00:50:06Si Mercedes a vieilli,
00:50:10si sa jeunesse n'est plus qu'un souvenir,
00:50:14vous saurez bientôt que son cœur est mort et celui qui vous a plu.
00:50:22Adieu.
00:50:32Adieu.
00:51:02Adieu.
00:51:16Son Excellence a sonné.
00:51:18Oui, pour te rappeler mes instructions.
00:51:20S'il m'arrive
00:51:22un accident demain matin,
00:51:26tu porteras tout de suite cette lettre au notaire.
00:51:28Je t'ai désigné comme l'exécuteur
00:51:30de mes dernières volontés.
00:51:32Et je ne doute pas que tu ne me serves
00:51:34après ma mort avec la même fidélité
00:51:36que de mon vivant.
00:51:38Excellence, vous tirez le premier.
00:51:40Il ne peut donc rien vous arriver.
00:51:42Un duel vers Tutio
00:51:44est toujours
00:51:46une affaire délicate.
00:51:48Il est tard, Son Excellence, d'avoir se reposer.
00:51:50Non. Je vais chez Aïdé.
00:51:54Son Excellence veut la prévenir?
00:51:56Non.
00:51:58Mais je veux la voir.
00:52:00Pour la dernière fois, peut-être.
00:52:10Messieurs,
00:52:12voici les pistolets.
00:52:14Ce sont des armes neuves
00:52:16que j'ai prises de chez Gosset.
00:52:18Si vous voulez les vérifier,
00:52:20il nous suffit de savoir qu'aucun des adversaires ne les connaît.
00:52:22Naturellement. Quelle heure est-il?
00:52:24Huit heures moins cinq, Messieurs.
00:52:26Et voici le compte de Monte Cristo.
00:52:46Je m'excuse, Messieurs,
00:52:48de vous avoir dérangé par un temps aussi désagréable.
00:52:50Non. Avez-vous eu le temps de vous reposer un peu?
00:52:52Je me sens très bien,
00:52:54très calme.
00:52:56Et d'humeur indulgente?
00:52:58Qu'entendez-vous par là?
00:53:00Si grande qu'était l'injure que vous ayez subie,
00:53:02tous vos amis souhaitent que vous épargniez ce jeune homme.
00:53:04Une simple blessure est la seule correction qu'il mérite.
00:53:08Quand le vicomte de Morsef me tiendra au bout de son pistolet,
00:53:10pensez-vous que lui
00:53:12m'épargnera?
00:53:14Certainement pas, s'il a lu les journaux de ce matin.
00:53:16Toutes les feuilles révèlent la trahison du comte de Morsef
00:53:18à Janina.
00:53:20Je vous en prie, Messieurs,
00:53:22de nous en remettre à la Providence.
00:53:24Mais le voici.
00:53:30En habit?
00:53:32Vous ne vous êtes pas couché?
00:53:34À quoi bon les conseils que je vous ai donnés?
00:53:36Mes amis, vous êtes venus ici pour m'assister,
00:53:38et non pour m'accabler.
00:53:40Si vous cherchez la mort.
00:53:42Je suis venu ici pour faire quelque chose qui est plus pénible que de mourir.
00:53:44Franz.
00:53:46Prévenez le comte que je demande à lui dire deux mots.
00:53:48En particulier?
00:53:50Non, non, devant tout le monde. Allez.
00:53:56Vous n'allez tout de même pas maintenant vous remettre à l'insulter.
00:53:58Vous avez lu les journaux?
00:54:00Hélas, mais cela c'est une autre affaire.
00:54:02J'en supplie, ne vous énervez pas.
00:54:04Je sais mieux que personne ce que j'ai à faire.
00:54:10Monsieur,
00:54:12vous avez encore quelque chose à me dire?
00:54:14Oui, Monsieur.
00:54:16Lorsque j'ai été,
00:54:18j'ai tracé de vous un portrait qui n'est pas exact.
00:54:20Je vous ai blâmé de vous en prendre à mon père,
00:54:22alors que j'ignorais les motifs de votre conduite.
00:54:26Je les connais maintenant.
00:54:28Je n'ai le droit de vous adresser aucun reproche.
00:54:32Et je vous prie, Monsieur,
00:54:34d'accepter mes excuses.
00:54:36Dans ce cas,
00:54:38je ne demande qu'à oublier notre querelle.
00:54:42Et je vous tends la main.
00:54:46Qu'est-ce que vous nous voyez en ce moment?
00:54:50Vous lui direz, Albert,
00:54:52ma reconnaissance
00:54:54et mon profond respect.
00:54:58Quant à la vérité sur l'affaire de Janina,
00:55:00ce n'est pas sur ce terrain-là
00:55:02qu'elle peut être établie.
00:55:04La chambre des pères entendra
00:55:06aujourd'hui même
00:55:08des explications de Monsieur de Morserf.
00:55:16Devant les accusations aussi graves
00:55:18portées contre l'un de ses membres,
00:55:20la chambre des pères se doit à Monsieur de Morserf
00:55:22de vous demander
00:55:24de vous expliquer devant elle.
00:55:26Vous avez la parole pour présenter votre défense.
00:55:28Messieurs,
00:55:30qui je suis, vous le savez.
00:55:32J'ai participé à trois campagnes débattables.
00:55:34Soldats obscurs,
00:55:36tous mes galons,
00:55:38je les ai gagnés sous les feux de l'ennemi.
00:55:40Et le roi Charles X,
00:55:42je l'ai perdu.
00:55:44Je l'ai perdu sous les feux de l'ennemi.
00:55:46Et le roi Charles X m'a fait compte de Morserf.
00:55:48Qui se barresse en face de moi ?
00:55:50Un étranger
00:55:52dont la police ignore encore
00:55:54la véritable identité.
00:55:56Un homme dont nous savons seulement
00:55:58qu'il est très riche
00:56:00et qu'il a conquis Paris par l'étalage d'une fortune
00:56:02dont personne ne pourrait indiquer l'origine.
00:56:04Qui croirez-vous, Messieurs ?
00:56:06L'officier français
00:56:08ou cet aventurier ?
00:56:10Est-ce que j'en viens au fait ?
00:56:12Le sultan Ali Pasha était assiégé
00:56:14dans Janina par les Turcs.
00:56:16Il allait succomber fatalement.
00:56:18Le sultan, dont j'avais la confiance et l'amitié,
00:56:20me charge de négocier en armistice.
00:56:22Je lui en apportais les conditions
00:56:24qu'il refusa.
00:56:26Avant de reprendre le combat,
00:56:28il m'embrassa.
00:56:30Et quelques instants avant de trouver la mort,
00:56:32il me remit cet anneau,
00:56:34signe du commandement,
00:56:36en gage de son éternelle reconnaissance.
00:56:38Voilà, Messieurs,
00:56:40comment j'ai trahi le sultan.
00:56:42Applaudissements
00:56:48Cette dernière entrevue eut-elle des témoins ?
00:56:50Eh oui, Monsieur le Président.
00:56:52La femme du sultan
00:56:54et sa fille Aïdé
00:56:56assistaient en pleurant à cette toute dernière rencontre.
00:56:58Ali Pasha me confia leur destinée.
00:57:00Hélas,
00:57:02les Turcs, en prenant d'assaut le palais royal,
00:57:04firent pire que les Turcs.
00:57:06Hélas, les Turcs, en prenant d'assaut le palais royal,
00:57:08firent périr sous mes yeux
00:57:10cette reine malheureuse et son enfant,
00:57:12malgré tous mes efforts pour les défendre.
00:57:14Et de cette scène,
00:57:16il n'existe aucun témoin vivant ?
00:57:18Personne,
00:57:20à moins que le comte de Monte Cristo
00:57:22n'y ait assisté caché sous la table.
00:57:24Mais je doute que ce personnage
00:57:26ait jamais mis les pieds
00:57:28là où il n'y avait pas d'or à ramasser,
00:57:30mais des balles à recevoir.
00:57:32Applaudissements
00:57:36Monsieur,
00:57:38avant de passer au vote que Paris attend avec impatience,
00:57:40je dois vous signaler
00:57:42qu'un témoin de la scène décrite par M. de Morserf
00:57:44offre de se faire entendre.
00:57:46Quel témoin ?
00:57:48Je donne ma parole d'honneur à l'Assemblée
00:57:50qui n'y avait là que le sultan, la reine, sa fille et moi.
00:57:52Je demande à l'Assemblée
00:57:54de me faire savoir à main levée
00:57:56si elle désire entendre le témoin.
00:57:58Les preuves contraires ?
00:58:00Les preuves contraires ?
00:58:04Fait entrer le témoin.
00:58:22Approchez, madame.
00:58:26Et dites-nous qui vous êtes.
00:58:28Je suis la princesse de Jeannina,
00:58:30fille du sultan Ali Pasha.
00:58:32Qui fut livrée en Turque par la trahison de cet homme.
00:58:34Le sultan n'avait qu'une fille
00:58:36et il est mort d'assassiné.
00:58:38Monsieur le Président, voilà mon acte de baptême,
00:58:40mon acte de naissance.
00:58:42Et, plus étrange,
00:58:44un acte de vente passé avec un marchand arménien
00:58:46qui nous livrait comme esclaves,
00:58:48ma mère et moi, pour la somme de cent mille francs
00:58:50qui furent payés à cet homme.
00:58:52Mensonges et calomnies !
00:58:54Tout mon principe répond !
00:58:56Parlez, madame.
00:59:02Quand Jeannina fut encerclée,
00:59:04mon père envoya le général auprès des Turcs
00:59:06pour obtenir un armistice.
00:59:08Le général, loin de négocier comme il en avait mission,
00:59:10livra les plans de la ville.
00:59:12Quelques instants avant de mourir en combattant,
00:59:14mon père fut appelé le général.
00:59:16Et devant ma mère et moi,
00:59:18il le frappa au visage.
00:59:20Le général était blême, comme en ce moment.
00:59:22Tenez ! Regardez-le !
00:59:24Il a sur son front le sang de mon père.
00:59:28Ce geste vous accuse, monsieur de Morserf.
00:59:30Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
00:59:32Que peut répondre un homme
00:59:34pris dans un filet de mensonges ?
00:59:36Vous nous avez dit vous-même que la femme
00:59:38et la fille du sultan périssent sous vos yeux,
00:59:40malgré vos efforts pour les protéger.
00:59:42Et voici la preuve
00:59:44qu'elles ont été vendues par vous
00:59:46à des marchands d'esclaves.
00:59:48Je conteste la chambre des pères,
00:59:50toute compétence pour juger cette affaire.
00:59:52Je vous remercie.
00:59:54Madame, nous vous remercions
00:59:56de votre zèle à servir la justice.
00:59:58Retirez-vous maintenant.
01:00:00Nous allons procéder au vote
01:00:02qui terminera ces débats.
01:00:04Puisse-t-il venger la mémoire de mon père malheureux ?
01:00:10Messieurs, l'un de vous
01:00:12demande-t-il la parole pour prendre
01:00:14la défense de monsieur de Morserf ?
01:00:16A main levée,
01:00:18déclarez-vous monsieur de Morserf
01:00:20coupable de félonie,
01:00:22de trahison et d'indignité ?
01:00:26A l'unanimité,
01:00:28monsieur de Morserf
01:00:30est chassé de la chambre des pères.
01:00:36C'est le premier qui tombe.
01:00:41Il était comme une loque.
01:00:43Je connais sa suffisance.
01:00:46Tous ses parvenus s'effondrent misérablement.
01:00:50Et monsieur de Villefort, gonflé d'orgueil,
01:00:53sera comme lui aussi.
01:01:01Excellence, le comte de Morserf
01:01:03demande à vous parler.
01:01:05Il n'a pas perdu de temps.
01:01:07Je n'ai pas dit que son excellence
01:01:09n'a pas perdu de temps.
01:01:11Je n'ai pas dit que son excellence
01:01:13était chez elle.
01:01:15Je n'ai pas craint monsieur de Morserf
01:01:17quand il était puissant.
01:01:19Ce n'est pas pour le redouter maintenant
01:01:21qu'il n'est plus rien.
01:01:25Chère Heidi,
01:01:27rends-moi service.
01:01:29Reçois-le à ma place.
01:01:31À votre place ?
01:01:33Oui, tu veux bien ?
01:01:35Ai-je jamais discuté votre volonté ?
01:01:37Merci.
01:01:39Fais entrer monsieur de Morserf
01:01:41et dis-lui que je ne suis pas là.
01:01:55Tu n'es pas peur ?
01:01:57Tu n'as rien à faire.
01:02:09Vous, madame ?
01:02:15J'avais demandé le comte de Montecristo.
01:02:17Il est absent.
01:02:19Puisque les jeunes gens de notre époque
01:02:21refusent de se battre,
01:02:23c'est au père de se battre pour eux.
01:02:25Pouvez-vous me dire où Montecristo se cache ?
01:02:27Monsieur !
01:02:29Ce champion de l'honneur
01:02:31devrait savoir qu'on ne se dérobe pas
01:02:33derrière une femme.
01:02:35C'est lui que je cherche et non pas sa maîtresse.
01:02:37Et par la même occasion,
01:02:39dites-moi pourquoi il me hait.
01:02:43Regarde-moi
01:02:45et tu comprendras.
01:02:49Et pourquoi toi ?
01:02:51Oui.
01:02:53La prison où tu m'as fait enfermer
01:02:55était solide.
01:02:57Mais j'en suis sorti tout de même.
01:03:03Acceptes-tu de te battre avec moi
01:03:05dans un duel qui ne prendra fin
01:03:07qu'avec la mort de l'un d'entre nous ?
01:03:09Mais je refuse de me battre avec toi.
01:03:11Tu en es indigne.
01:03:13Tu n'as jamais cessé de te conduire
01:03:15comme un traître,
01:03:17mauvais soldat, triste officier.
01:03:19Tu as volé tes galons.
01:03:21Toutes les croix que tu portes
01:03:23sont une insulte à ceux qui les ont méritées.
01:03:25Sans dignité, sans honneur,
01:03:27tu es une canaille
01:03:29avec qui on ne se bat pas.
01:03:32Sortez !
01:03:35Monsieur Bertuccio !
01:03:37Faites reconduire par maison
01:03:39M. de Morserf.
01:03:41Désormais, ma porte lui est condamnée.
01:03:49Je n'ose rapporter à madame
01:03:51tout ce qu'on dit dans les journaux.
01:03:53Les commentaires me laissent indifférente.
01:03:55Mais la séance à la chambre des pères,
01:03:57en a-t-il le résultat ?
01:03:59C'est mal pour M. de Morserf.
01:04:01Si mal, madame, que tous les domestiques
01:04:03refusent de rester au service de M. le comte.
01:04:05Quel sens de l'honneur dans mes cuisines !
01:04:07C'est le cocher qui a monté la tête aux autres.
01:04:09Mais moi, bien entendu, je reste fidèle à madame.
01:04:11Et je resterai près d'elle, quoi qu'il arrive.
01:04:13Je te remercie, Nicole.
01:04:15Mais justement, je ne sais pas
01:04:17si je pourrais te garder à mon service.
01:04:19Ma mère, je ne vous dérange pas ?
01:04:21Pas du tout.
01:04:23Laisse-nous, veux-tu ?
01:04:26Mais quel est ce costume ?
01:04:28Grâce à mon ami Maximilien Morel,
01:04:30j'ai pu m'engager rapidement dans l'armée d'Afrique.
01:04:32Je ne voulais pas qu'on me reprochait
01:04:34d'avoir vécu un jour de plus de la fortune de mon père.
01:04:37Me reprochez-vous de ne pas vous avoir consulté
01:04:39avant de prendre cette décision ?
01:04:41Puisque tu étais sûre que je la progresserais,
01:04:43ce n'était pas la peine.
01:04:45Oh, ma mère, comme je vous aime.
01:04:47Et que je vous plains.
01:04:49Sais-tu que je te trouve très beau comme ça ?
01:04:51Beaucoup mieux qu'un jeune homme du monde,
01:04:53inutile et désœuvré.
01:04:55Ma solution me plaît beaucoup.
01:04:57Mais vous, ma mère, quelle partie allez-vous prendre ?
01:05:00Le même que le tien, mon cher Albert.
01:05:02Ne remarques-tu pas que je ne porte plus mes bijoux ?
01:05:04Même mon alliance ?
01:05:06Mes robes et mes meubles seront vendues avant un mois.
01:05:08Mais comment vivrez-vous ?
01:05:10Avant que je ne gagne mes galons d'officier,
01:05:12je ne pourrais vous aider.
01:05:14Le comte de Monte Cristo vient de m'écrire
01:05:17pour me dire qu'il me faisait cadeau de la petite maison
01:05:19où son père est mort.
01:05:21C'est là, normalement, que j'aurais dû passer ma vie.
01:05:24Après un grand détour, je retrouve mon vrai chemin.
01:05:27Je vous y serai seule, désemparée.
01:05:30Non.
01:05:32C'est dans ce décor-ci que je n'étais pas à ma place.
01:05:36C'est le pays de ma jeunesse.
01:05:39Et c'est l'endroit de France le plus près de l'Afrique.
01:05:42J'attendrai là ton retour.
01:05:45Et vois-tu...
01:05:48Que veux-tu, Nicole ?
01:05:50Madame, un grand malheur.
01:05:53Explique-toi.
01:05:54M. de Morsin fait rentrer il y a une heure.
01:05:56Il s'est enfermé chez lui.
01:05:58C'est tué ?
01:05:59Oui, d'une balle de pistolet en plein coeur.
01:06:06Un,
01:06:08deux,
01:06:10trois,
01:06:12quatre,
01:06:13et 500 francs.
01:06:15Tu m'en ajouteras bien un petit sixième.
01:06:17Mais tu m'avais donné la parole que tu aurais assez de 150 francs.
01:06:19Et je t'en donne 500.
01:06:21Tu en as un beau chapeau.
01:06:23Oh, une canne à pomodore.
01:06:26Tiens, donne-moi la canne en supplément,
01:06:28et ça fera le compte pour ce mois-ci.
01:06:30Non, mais tu n'es pas fou, ma canne vaut 800 francs.
01:06:32Oh, tes amis sont si riches.
01:06:34Non, je t'assure, tu te rends pas compte de la situation.
01:06:38Si j'étais sans scrupule, je pourrais te faire chanter.
01:06:40Alors, je ne viendrai plus et je te laisserai choir.
01:06:42Ah, parce que tu t'occupes de moi par bonté d'âme,
01:06:45par pure générosité.
01:06:47Par amitié.
01:06:49Non.
01:06:51Parce que tu as peur.
01:06:53Si tu pouvais me faire disparaître, m'assassiner,
01:06:55tu le ferais tout de suite.
01:06:57Se mentir à l'arrache.
01:06:59Au point que ça me dégoûte de dépendre de toi.
01:07:01Alors, ne me demande plus rien.
01:07:03Si tu veux.
01:07:06Tiens, j'ai une idée.
01:07:08Si tu l'acceptes,
01:07:10à partir de ce moment-là, on ne se connaît plus,
01:07:12et plus jamais tu n'entendras parler de moi.
01:07:14Quelle est ton idée?
01:07:15Ben, c'est simple.
01:07:17Tu me donnes l'adresse de ton ami le plus riche,
01:07:19avec le plan de son appartement,
01:07:21tu me dis où je trouve sa galette,
01:07:23et d'un seul coup, tu me payes tout ce que tu me dois,
01:07:26et on est quittes pour le rire.
01:07:28C'est d'accord.
01:07:30Tu vois que c'est facile de s'entendre avec moi,
01:07:32et ça ne te coûte rien.
01:07:34Mais il faut que tu me donnes une bonne adresse.
01:07:37Chez le comte de Monte-Cristo.
01:07:39Il est justement absent de Paris.
01:07:41Il range beaucoup d'argent et les bises dans un secrétaire qui est dans son bureau.
01:07:43Enfantin.
01:07:45Pas de domestique?
01:07:46Non.
01:07:47Un vieux concierge à moitié sourd qui habite un pavillon.
01:07:49Pas de chien?
01:07:50Non.
01:07:52C'est à Neuilly.
01:07:53C'est bon, Neuilly. Tranquille, discret.
01:07:55Quelle adresse?
01:07:5653, rue de Longchamp.
01:07:58Tiens.
01:07:59Fais-moi un plan de la maison.
01:08:01Une affaire idéale pour un cambrioleur.
01:08:03Une galerie avec des fenêtres,
01:08:05donne sur le jardin.
01:08:08La mort de M. de Morsèvres révèle tout de même un certain courage.
01:08:11Tu te trompes, Aylé.
01:08:13C'est la suprême lâcheté de cet homme.
01:08:15Il n'a pas pensé une minute à sa femme, à son fils.
01:08:21Excellence, un commissionnaire vient d'apporter cette lettre.
01:08:24Il dit qu'elle est repressée.
01:08:25De la part de qui?
01:08:26Cet homme ne l'a pas dit.
01:08:27Il est parti si vite qu'on n'a pas pu le rattraper.
01:08:29Oh!
01:08:31Papier un peu sale, écriture vulgaire.
01:08:33Voilà qui sent la lettre anonyme.
01:08:35Tiens, puisque tu as des gants.
01:08:36Ouvre-la, je te prie.
01:08:41Le nom de cette personne?
01:08:43Quelqu'un qui vous veut du bien.
01:08:45Je m'en doutais.
01:08:46Et quel bien veut-on?
01:08:48M. le comte de Montecristo est averti que ce soir à minuit,
01:08:51un cambrioleur s'introduira dans son hôtel.
01:08:54En abattant sans pitié ce personnage,
01:08:56le comte de Montecristo rendrait service à tous ses concitoyens.
01:09:00Signez une personne qui vous veut du bien.
01:09:03Combien de fautes d'orthographe?
01:09:05Trois excellences et un pâté.
01:09:08Faut-il alerter la police?
01:09:10Non.
01:09:12Au contraire, il faut donner congé à tous les domestiques.
01:09:15Mais c'est peut-être sérieux.
01:09:17Mais c'est sérieux, chère Aïdé.
01:09:20Tu t'enfermeras dans ton appartement
01:09:22et tu éteindras toutes les lumières.
01:09:24Oui, il faut que la maison ait l'air inhabitée.
01:09:27Bertuccio, Ali et moi nous attendrons le cambrioleur
01:09:30Nous ne manquons pas d'armes dans la maison.
01:09:32Surtout, n'y touchons pas.
01:09:34La personne qui me veut du bien
01:09:36parait tenir avant tout à ce que nous fassions mauvais accueil à ce cambrioleur.
01:09:40Si cet informateur tient tant à se débarrasser de quelqu'un,
01:09:43ce n'est pas à nous de faire la besogne pour lui.
01:09:45Donc, achevons de dîner tranquillement.
01:09:47La petite fête n'est que pour minutes.
01:10:00La petite fête
01:10:10La petite fête
01:10:28Excellences,
01:10:30le premier homme a sauté dans le jardin.
01:10:33Je vois.
01:10:35Et l'autre ?
01:10:37Celui qui est resté dans la rue.
01:10:39C'est lui.
01:10:43On dirait Benedetto.
01:10:45Oui.
01:10:46C'est bien ce que j'avais prévu.
01:10:49Va retrouver Ali.
01:10:50Mais surtout, ne faites pas de mal à mon cambrioleur.
01:10:53Benedetto est là pour ça.
01:11:23La petite fête
01:11:53La petite fête
01:12:13La petite fête
01:12:36Quelle sérieuse.
01:12:39C'est pitoyable.
01:12:49Le père Bussoli.
01:13:01Quelle surprise, monsieur Carros.
01:13:04Je vous croyais à Toulon.
01:13:06Je suis venu à la suite de quelques petits ennuis.
01:13:09Mon père, j'ai été délivré par un inconnu.
01:13:12Un beau service qui a rendu ce fou à la société.
01:13:16Si je tenais cet homme-là comme je le tiens...
01:13:19Mon père voulait pas me dénoncer.
01:13:21J'ai fait l'impossible pour trouver du travail.
01:13:24Dans le fond, je suis honnête et travailleur.
01:13:28Et Edmond Dantes, vous vous souvenez qu'il me connaissait bien.
01:13:31Vous l'avez dit.
01:13:33Edmond Dantes n'avait pas de vous une bien belle opinion.
01:13:37Mais il ignorait le pauvre de quoi vous étiez capable.
01:13:41Si j'ai voulu cambrioler le comte de Monte Cristo, c'est que j'ai faim.
01:13:44Mais sûrement pas soif.
01:13:47Faut bien se donner un peu de courage pour entrer comme ça chez les gens qui ne vous ont pas invité.
01:13:52Mais je le regrette, je ne le ferai plus, mon père.
01:13:55Ayez pitié de moi.
01:13:57Ne me dénoncez pas.
01:13:59Votre chance, c'est que je n'ai pas confiance dans la justice humaine.
01:14:04Et je laisse au ciel le soin de vous juger.
01:14:09À la bonne heure, mon père.
01:14:12Voilà qui est parlé comme un saint âne.
01:14:14Vous avez le choix entre deux solutions.
01:14:17Ou je vous livre à la police et vous retournez au bagne.
01:14:21Oh, mon père, dites-moi vite l'autre solution.
01:14:23Ou je vous laisse sortir d'ici.
01:14:26À la seule condition que vous repartirez exactement par où vous êtes venu.
01:14:32Et je serai libre.
01:14:34Si Dieu le veut.
01:14:36Alors ça va.
01:14:37Mon père, vous m'avez sauvé encore une fois.
01:14:39Vous avez bien choisi.
01:14:41Oui, sans hésiter.
01:14:43Alors, allez-vous.
01:14:46Par où vous êtes venu.
01:14:49Merci, mon père.
01:14:57Mon père veut que vous me laissiez passer.
01:15:01Passez.
01:15:26Il est parti.
01:15:36Par où il est arrivé, Excellence?
01:15:39Le temps qu'il traverse le jardin.
01:15:43Qu'il escalade le mur.
01:15:55Le deuxième.
01:16:05Où êtes-vous blessé?
01:16:07Un canin m'a frappé dans la poitrine.
01:16:09Et qui t'a frappé?
01:16:11Ecoutez-moi.
01:16:13Je n'ai plus de force.
01:16:15Mais je ne partirai pas sans l'avoir dénoncé.
01:16:18Benedetto.
01:16:20C'est lui.
01:16:21Benedetto.
01:16:23C'est lui.
01:16:26Il s'appelle le Marquis de Cavalcanti.
01:16:30Vous comprenez?
01:16:31Oui, le Marquis de Cavalcanti.
01:16:33Oui.
01:16:36Maintenant, je peux mourir.
01:16:40Il retournera à Toulon.
01:16:43Et on lui mettra les chaînes au pied.
01:16:47Les chaînes.
01:16:51Les chaînes.
01:17:04Messieurs, d'accord.
01:17:18Mesdames, messieurs.
01:17:28Garde, faites entrer l'accusé.
01:17:40Accusé, levez-vous.
01:17:43Vous vous appelez comment?
01:17:44Ce n'est pas une mauvaise honnêteté de ma part,
01:17:46mais mon nom, je ne le sais pas.
01:17:47Vous êtes condamné à 20 ans de travaux forcés
01:17:48sous le nom de Benedetto.
01:17:50C'est un nom qu'on m'a donné, mais qui n'est pas le mien,
01:17:52car je suis un enfant trouvé.
01:17:54Quelle est la date de votre naissance?
01:17:56Il paraît que c'est dans la nuit du 27 au 28 septembre 1817.
01:18:00Où?
01:18:01Aux environs de Paris, à Hauteuil.
01:18:04Il paraît même que je suis né dans une très bonne famille.
01:18:06J'ai des gens tout à fait comme il faut.
01:18:08S'ils m'ont abandonné, c'est sans doute que ma figure ne leur plaisait pas.
01:18:11Répondez à mes questions sans faire de commentaires.
01:18:13De qui tenez-vous ces renseignements?
01:18:15De mon père adoptif.
01:18:16Car si je n'ai pas connu mon vrai père,
01:18:18je n'ai pas de fantaisie, j'en ai plus que n'importe qui.
01:18:20Ça m'a fait une moyenne.
01:18:22Silence!
01:18:24Je vous dispense encore une fois de faire de l'esprit.
01:18:26Oh, ne croyez pas que ça me fatigue, M. le Président.
01:18:28Ça me vient naturellement. Oui, je parle facilement.
01:18:30C'est un don de naissance.
01:18:31Je crois que mon cher papa devait être un orateur, un avocat,
01:18:33ou peut-être même un magistrat.
01:18:35Silence!
01:18:37Vous pariez à nombreuses insolences.
01:18:39Quel professeur avez-vous eu?
01:18:41Eh bien, j'ai été contrebandier.
01:18:44J'ai fait de la fausse monnaie.
01:18:45J'ai vécu les petits cadeaux d'une fille publique.
01:18:47Et pour finir, j'étais au bain quelques années.
01:18:50Mais je suis parti sans demander de certificat à mon directeur.
01:18:54Les jurés apprécieront le cynisme de l'accusé.
01:18:57Ça aussi, je le dois à mon cher papa.
01:18:59Car si la police donnait la peine de rechercher qui je suis,
01:19:03un peu sérieusement...
01:19:05Il me paraît, M. le Président, que cette discussion
01:19:07sur l'identité du prévenu ne répond à rien,
01:19:09puisqu'il ignore toutes ses origines.
01:19:11Pardon, M. le Procureur Général.
01:19:13La défense attache beaucoup d'importance
01:19:15au fait que le prévenu est un enfant abandonné
01:19:18et qu'il trouva auprès de gens de rencontre
01:19:20les soins et la tendresse qu'un père lui avait refusées.
01:19:23La défense n'en tirera que quelques effets de voix
01:19:25auxquels le tribunal est habitué.
01:19:27Je vous propose, M. le Président, de passer outre.
01:19:31Je demande au contraire que les origines du prévenu
01:19:33soient clairement établies.
01:19:35Sur les déclarations incontrôlables de Benedetto,
01:19:38qui se dit d'aujourd'hui pour émouvoir le tribunal,
01:19:40ont-ils retrouvé, comme il se disait hier,
01:19:42pour éblouir les dames, marquis de Cavalcanti?
01:19:45La défense demande sur ce point l'audition d'un témoin.
01:19:49Faites entrer le premier témoin.
01:20:04Vous jurez de dire toute la vérité, rien que la vérité?
01:20:07Levez la main droite et dites, je le jure.
01:20:09Je le jure.
01:20:10Comment vous appelez-vous?
01:20:11Bertuccio Salvardi.
01:20:13Mais où?
01:20:14Calvi, Corse, en 1790.
01:20:17Votre profession?
01:20:18Majordome, chez le comte de Monte Cristo.
01:20:20Que savez-vous sur la naissance de l'accusé?
01:20:22Qu'il est né à Auteuil,
01:20:24dans la nuit du 27 au 28 septembre 1817.
01:20:27Comment le savez-vous?
01:20:29Parce que j'étais là.
01:20:30Dans la maison?
01:20:31Non, dans le jardin.
01:20:33M. le Président, voulez-vous demander au témoin
01:20:36s'il n'a jamais été condamné?
01:20:38Six fois, M. le Président, pour contrebande.
01:20:40J'ai dit que j'étais corse.
01:20:41J'ai payé trois femmes au temps de prison.
01:20:43Je suis en règle avec la société.
01:20:44Je récuse le témoignage d'un homme
01:20:45qui a été condamné six fois par les tribunaux.
01:20:47M. le procureur devrait savoir que je ne mens pas
01:20:49puisqu'une autre personne se trouvait là,
01:20:50qu'il connaît bien.
01:20:52C'est une personne si honorable, si haut placée,
01:20:54qu'aucun tribunal ne récusera son témoignage.
01:20:56Qui est ce témoin?
01:20:58Un homme à qui j'avais déclaré la vendetta.
01:21:01Je répète que je suis corse
01:21:03et que j'ai frappé d'un coup de poignard en pleine poitrine.
01:21:05L'ancien bagnard n'a trouvé pour le défendre qu'un assassin.
01:21:08Et le tribunal ne peut écouter de telles dépositions
01:21:10qu'aucune preuve ne vienne t'appuyer.
01:21:12La preuve que vous réclamez, M. le procureur,
01:21:14est la cicatrice que porte au-dessus du sein gauche
01:21:16l'homme que j'ai frappé.
01:21:17Et cet homme est d'autant plus facile à trouver
01:21:18qu'il n'est pas loin d'ici.
01:21:19M. le Président, je vous supplie de lever l'audience.
01:21:21Trop tard.
01:21:22Le père de Benetecto,
01:21:24faussaire, assassin,
01:21:26le père est M. de Villefort.
01:21:28Et celui qu'on devrait voir au bois des accusés
01:21:30n'est pas cette petite frépouille.
01:21:31C'est le procureur général.
01:21:36Vous pouvez vous retirer.
01:21:38M. le procureur général,
01:21:40c'est à vous de répondre à de telles insolences.
01:21:45M. le procureur général,
01:21:47je vous adjure de répondre.
01:21:49Votre silence devient accablant pour vous.
01:21:52Ce que vient de dire cet homme est vrai.
01:21:55Je me tiens à la disposition de M. le procureur général.
01:21:58Mon successeur.
01:22:01Dames, rendez l'accusé.
01:22:03La cause est remise à la prochaine session.
01:22:05L'audience éleveille.
01:22:30L'audience éleveille.
01:22:32L'audience éleveille.
01:22:59M. de Villefort,
01:23:01vous n'êtes pas encore.
01:23:03Vous venez de recevoir le coup qui vous abat.
01:23:06Il vous reste à apprendre
01:23:08qui vous l'a porté.
01:23:11Qui êtes-vous?
01:23:16Reconnaissez-moi.
01:23:19Le comte de Monte Cristo.
01:23:21Non.
01:23:24Regardez-moi mieux.
01:23:27Je ne vois pas qui vous êtes.
01:23:29Cherchez bien.
01:23:32Rappelez-vous
01:23:34que le soir de vos fiançailles,
01:23:38le soir des miennes aussi,
01:23:42est de mon dentiste.
01:23:47Est de mon dentiste.
01:23:50Est de mon dentiste.
01:23:57La justice est faite
01:24:02pour la troisième fois.
01:24:08Madame, une visite.
01:24:10Une visite?
01:24:13Il a dit que c'était un ami.
01:24:15Un ami?
01:24:19Oui.
01:24:25Vous...
01:24:26Je vous surprends.
01:24:28J'aurais dû deviner que c'était vous.
01:24:31Je n'ai pas voulu quitter la France
01:24:33sans vous dire adieu.
01:24:35Vous partez?
01:24:37Oui.
01:24:38Pour longtemps?
01:24:39Pour toujours.
01:24:41Ah, pour toujours.
01:24:45Vous avez des nouvelles de votre fils?
01:24:47Oui.
01:24:48Il a gagné son premier galon.
01:24:50Il a été décoré.
01:24:51Il viendra passer sa convalescence près de moi.
01:24:54Quand vous lui écrirez,
01:24:56dites-lui mon amitié sincère.
01:25:00J'espère, Mme, qu'il ne vous manque rien.
01:25:03Je suis très heureuse ici.
01:25:05Grâce à vous.
01:25:08Alors, vous n'avez rien à me demander?
01:25:11Si.
01:25:12Je voudrais vous poser une question.
01:25:14Je vous écoute.
01:25:16Vous l'aimez pour toujours?
01:25:18Avec Aïdé?
01:25:20Oui.
01:25:22Pour toujours?
01:25:25Vous l'aimez à ce point?
01:25:29Je suis de ceux qui n'aiment qu'une fois, Mercedes.
01:25:35D'ailleurs,
01:25:37ma vie est sans intérêt maintenant.
01:25:39J'ai rempli ma mission.
01:25:43Ai-je bien fait?
01:25:46J'en avais le droit.
01:25:50Dieu me jugera.
01:25:58Elle a poussé dans votre pays.
01:26:01Dans le jardin de votre père.
01:26:04Et c'est Mercedes qui l'a accueillie.
01:26:08Je la garderai.
01:26:11Précieusement.
01:26:38Tu ne regrettes pas d'être parti?
01:26:40Non.
01:26:41Mais tu as l'air triste.
01:26:43On ne quitte jamais son pays sans regret.
01:26:46Tiens, regarde là-bas.
01:26:49La dernière image que j'emporte de lui.
01:26:51Qu'est-ce que c'est?
01:27:07Sous-titrage Société Radio-Canada

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