• il y a 3 mois
Écoutez "On refait le monde" avec Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste, Pablo Pillaud-Vivien, rédacteur en chef de la revue "Regards", et Bruno Jeudy, éditorialiste, directeur délégué de "La Tribune Dimanche". Au programme : La dernière réunion décisive avant un gouvernement ?
Regardez On refait le monde avec Yves Calvi du 19 septembre 2024.

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Transcription
00:00Yves Galvi. On refait le monde jusqu'à 20h sur RTL.
00:04Avec une soirée politique bien particulière. A mes côtés Pablo Piovivien qui est rédacteur en chef de la revue Regarde.
00:10Bonjour Pablo. Bonjour, bonjour. Et Bruno Jeudy, éditorialiste, directeur délégué de la Tribune Dimanche.
00:15Bonjour Yves. Bon alors, un gouvernement de 38 ministres, ça vous inspire ?
00:19On est dans la norme de la Vème République si ça se confirme.
00:22On parle d'une quinzaine de ministres de plein exercice et des ministres délégués secrétaires d'État.
00:27J'allais dire, sur l'enveloppe, on est dans le grand classique.
00:32Oui, moi j'ai rarement connu un accouchement aussi difficile quand même.
00:36C'est vrai que ça a été compliqué, sauf ce dernier jour parce qu'a priori la réunion de cet après-midi s'est excellemment bien passée.
00:43On s'attendait à vraiment des portes qui claquent et beaucoup d'orage.
00:48Et puis finalement, tout le monde est rentré dans le rang et tout le monde a priori est sorti assez content de cette réunion.
00:57Après, on va voir la liste de noms.
00:59Vous me faites rire parce que quand vous dites assez content, vous avez vous-même envie de rire.
01:02Oui, j'ai envie de rire parce que ça a quand même été assez compliqué comme équation à établir.
01:07Ce qui est assez normal parce qu'effectivement, trouver une majorité sans majorité, c'est vrai que ça releverait quand même de l'impossible.
01:14Pour l'instant, on ne sait pas combien de temps va tenir ce gouvernement qui n'a pas encore été annoncé, sûrement pas très longtemps.
01:20Non, mais on est dans une situation inédite.
01:22Un, la tâche de Michel Barnier est bien plus difficile que tous ses prédécesseurs réunis.
01:27Pourquoi ? Parce qu'il ne doit pas chercher une majorité absolue qu'il n'a pas.
01:31Il doit construire une majorité relative qu'il n'a pas.
01:34C'est très compliqué avec un parti qu'il soutiendra qui n'est pas son parti.
01:39Et donc, quand vous devez faire un gouvernement, là c'est…
01:42Du coup, excusez-moi, mais on ne sait pas si l'enfance sera viable car il peut rapidement se retrouver en minorité à l'Assemblée.
01:49L'enfance, c'est le gouvernement.
01:50Mais ça, j'allais dire, c'est dès la première minute de sa nomination, il le sait.
01:54Le Président lui a demandé de faire un gouvernement de rassemblement.
01:57Bon, il rassemble grosso modo les partis macronistes, plus LR.
02:03Il ne peut pas faire plus, donc avec ça, il aura une majorité relative assez étriquée.
02:08Qui peut exploser à tout moment.
02:10J'allais dire, ce qui est le plus intéressant, ce n'est pas tellement les noms.
02:13Alors évidemment, nous on se passionne pour les noms.
02:15Mais c'est surtout sur quelle feuille de route va vraiment déployer Michel Barnier.
02:21La question des impôts.
02:23On parle d'une loi immigration.
02:25La question de l'Europe avec la trajectoire financière de la France.
02:29On parle peut-être d'un gouvernement qui irait à Bruxelles pour demander deux ans de délai supplémentaire pour atteindre les 3% de déficit.
02:36Donc non plus en 2027, mais en 2029.
02:39Donc on est quand même sur du lourd et il faudra que tout le monde reste sur cette ligne-là.
02:44Ça ne va pas être simple.
02:45Pablo Piovivien.
02:46Exactement, parce que ce qui est important pour rebondir sur ce que disait Bruno, c'est la solidarité gouvernementale.
02:51C'est-à-dire que c'est bien gentil de nous dire qu'il va y avoir X personnes d'ensemble, X ministres issus de LR, etc.
03:00En vérité, tous ces gens vont être embarqués dans un même bateau qui sera effectivement défini par le Premier ministre lors de son discours de politique générale.
03:09En partie.
03:11A priori, ça serait autour du 1er octobre.
03:14On verra à ce moment-là s'il n'y a pas les premières fêlures.
03:18Parce qu'évidemment, s'il emmène par exemple Ensemble et qu'il dit qu'il va faire une loi...
03:23On appelle que c'est le parti macroniste.
03:25Le parti macroniste, oui.
03:26Parce que je n'aime pas trop utiliser le mot macroniste.
03:28Mais le parti présidentiel, on va dire.
03:30Si vous le voulez.
03:31Choisissez vos mots, il n'y a pas de problème.
03:33Je garderai les miens.
03:36Donc s'il annonce par exemple une loi immigration particulièrement, on va dire, dure à l'égard de l'accueil, etc.
03:45Il peut y avoir une partie d'Ensemble qui fasse défection et qui dise non, on n'a pas signé pour ça.
03:50Vous pensez vraiment qu'une partie d'Ensemble peut faire défection ?
03:52C'est quelque chose qu'on doit en tout cas envisager.
03:56Je pense qu'aujourd'hui, lorsqu'on a entendu Gabriel Attal, qui est aujourd'hui chef du groupe Ensemble à l'Assemblée nationale,
04:06un groupe de 98 députés, dire que ce n'est pas un blanc-seing à ce gouvernement.
04:11Et on pourra, en fonction des lois qui sont proposées, en fonction des directions qui sont prises par le gouvernement,
04:17prendre de la distance par rapport à ce qui est proposé par Michel Barnier.
04:23Moi je pense qu'il faut faire très attention.
04:24Tout le monde peut à tout moment dire, c'est fini pour moi.
04:28Ça peut être le cas aussi des LR.
04:30Je veux dire, s'ils n'obtiennent pas gain de cause dans toutes les idées.
04:34On a entendu Laurent Wauquiez, qui est le patron des LR, qui disait, moi je veux que ce soit un vrai programme de droite sur l'immigration, sur la sécurité, etc.
04:42S'il n'obtient pas gain de cause, est-ce qu'il ne pourra pas dire au bout d'un moment, ça va, nous on quitte le gouvernement,
04:47ou je ne sais quoi, ou éventuellement on vote la censure.
04:50Honnêtement, c'est du grand n'importe l'homme de droite.
04:52Alors dites-moi, d'abord je salue Anne-Charlene Bézina, qui nous a rejoint, constitutionnaliste, spécialiste de notre vie politique,
04:58les méandres de la circulation parisienne.
05:01Vous nous rejoignez avec un tout petit peu de retard.
05:04Alors, est-ce qu'on a quand même des informations sur qui va faire quoi, Bruno Jeudy, et dans quelles proportions ?
05:11Alors, les proportions, il y a eu beaucoup d'ajustements ces dernières heures.
05:15On était parti sur une première liste où les LR dominaient.
05:18Alors bon, il y a eu des interprétations, il y a de l'intox, il faut faire attention.
05:21Là, on serait revenu quand même à une logique qui est que le premier parti qui soutient Michel Barnier aura le plus de ministres.
05:30Donc Renaissance dominera LR, si c'est votre question.
05:33Mais après, il y a la répartition des postes.
05:35En gros, il y a une espèce de Yalta.
05:38A Renaissance, le pôle Bercy travaille.
05:42A LR, le pôle Beauvau.
05:46C'est très important, parce qu'ils tiennent.
05:49Ils ont aussi l'agriculture, semble-t-il.
05:51Ils se battent pour l'agriculture.
05:52Et puis, à la justice, peut-être une personnalité plus extérieure, moins marquée.
05:57On parle de l'ancien premier président de la Cour des Comptes, M. Didier Migaud.
06:03En gros, on est plutôt ancien député socialiste.
06:06Vous avez raison.
06:07Et Iserroi, si je puis me permettre.
06:09Ancien député socialiste.
06:12Vous avez des liens là-bas ?
06:13Non, mais comme Michel Barnier.
06:14C'est ça que je voulais dire.
06:15Ils ont une proximité géographique.
06:17D'ailleurs, on parle aussi d'un autre député de la région,
06:21qui fut peut-être possible entrant comme ministre à Bercy.
06:25Il n'est pas connu.
06:26Il s'appelle Antoine Armand.
06:27Et il est député, je crois, de Savoie ou de Haute-Savoie.
06:30Je ne me souviens pas très bien de M. Antoine Armand.
06:33Ce n'est pas bien.
06:34Alors, dites donc.
06:35C'est la première fois qu'on est confronté à une situation de ce type ?
06:38Anne-Charlene Bézina ?
06:39Mais c'est la première fois qu'on est confronté à une telle Assemblée Nationale.
06:41Donc, c'était assez logique que ce gouvernement soit à ce point-là fracturé.
06:44Ce qui est original, c'est un peu cette idée que tout le monde se tient.
06:49Et dans une logique d'appuyer sur le bouton,
06:51avec la possibilité que des équilibres changent,
06:54que chacun tienne l'autre.
06:56Et je crois que ce qu'on a vécu dans cette séquence entre hier et aujourd'hui,
06:59c'est cette idée qu'en fait, le gouvernement et le Premier ministre
07:03et le Président et l'Assemblée Nationale, dans ce jeu à quatre,
07:06sont dans quelque chose de ce qu'on n'a jamais vécu d'aussi fragile
07:10sous notre Vème République.
07:11C'est ça qui est vraiment original.
07:13C'est cette idée qu'en fait, il n'y a pas de timing précis pour ce nouveau gouvernement.
07:17Sur n'importe quel dossier inflammable, on a un peu l'impression que
07:20les équilibres sont très instables.
07:22Mais c'est aussi le jeu de la démocratie, en fait.
07:24C'est passionnant, on va y revenir.
07:25À l'instant même, Laurent Wauquiez annonce qu'il ne fera pas partie du gouvernement.
07:28Donc, c'est en gros ce que vous nous suggériez.
07:30Voilà, donc en gros, ça veut dire qu'il y a eu une grande bataille
07:33en coulisses ces dernières heures et derniers jours,
07:36qui opposait Laurent Wauquiez comme Bruno Retailleau guignait le ministère de l'Intérieur.
07:42Il nous a fait un immense sketch d'aller-retour.
07:44Parce qu'au départ, il ne voulait pas y aller.
07:46Après, il voulait y aller, mais il voulait choisir son poste.
07:48Il ne voulait rien au début.
07:50Et puis, plus on avançait jour après jour, plus il voulait absolument en être.
07:54Et au final, c'est plutôt Bruno Retailleau qui va devenir ministre de l'Intérieur
08:00et non Laurent Wauquiez qui restera donc président du groupe droite républicaine,
08:04qui est très important dans le dispositif de Michel Barnier.
08:08Parce qu'il faut quand même que les Républicains soient absolument soudés au Premier ministre,
08:14même si c'est un petit groupe.
08:16Et surtout, ce qui s'est passé, c'est qu'il y a eu une vraie discussion entre les deux présidents du groupe,
08:20c'est-à-dire Laurent Wauquiez d'un côté et Gabriel Attal de l'autre.
08:24Et c'est ça qui a sans doute permis de dénouer les difficultés du jour,
08:29même si on attend l'annonce du gouvernement.
08:34Peut-être plus demain matin que ce soir.
08:36La leur tourne.
08:38Vous êtes arrivés tout à l'heure, vous étiez tout excités.
08:40Là, je sens que ça tombe un petit peu.
08:42On annonce rarement un gouvernement après 20h ou 21h.
08:46Moi, je pense que tout est possible.
08:48Oui, il y a le Macron.
08:49Vous avez raison.
08:50C'est ce qui en fait à la fois le jour, mais la perturbation.
08:52Le gouvernement by night.
08:54La réunion, elle aura ses temps forts parce que ce n'est quand même pas une réunion anodine.
08:58Non seulement, c'est une liste de noms, parce que j'entends beaucoup, il soumet la liste.
09:00C'est une négociation pied à pied.
09:02On discute beaucoup des attributions, des noms aussi.
09:04C'est très important.
09:05Franck Louvrier, qui est maire LR de La Baule et qui sait très bien comment fonctionne notre pays,
09:12puisqu'il a eu de grosses responsabilités aux côtés du président Sarkozy, sera avec nous dans un instant.
09:17Yves Calvi, on refait le monde sur RTL.
09:21RTL, s'informer ensemble.
09:25Il est 19h30.
09:27RTL soir, on refait le monde.
09:29Avec Yves Calvi.
09:30L'essentiel de l'actualité avec Aude Vernoud-Chou.
09:3238 noms sur la liste.
09:34Michel Barnier, le Premier ministre, présente ce soir le nouveau casting gouvernemental à venir.
09:38Il est attendu d'une minute à l'autre à l'Elysée.
09:41Sur cette liste, une quinzaine de ministres en exercice.
09:447 postes pour Renaissance, 3 pour Les Républicains, 2 pour les alliés du Modem et 1 poste pour Horizon, le parti d'Aude Doir-Philippe.
09:52Reste à savoir si Emmanuel Macron va cette fois valider la copie.
09:56Ce sera en tout cas sans Laurent Wauquiez.
09:58Il annonce ce soir aux députés LR avoir refusé Bercy.
10:02Paris et Washington appellent ce soir à la désescalade entre Israël et le Liban.
10:06Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, assure que l'ennemi a franchi toutes les lignes rouges.
10:12Il promet un châtiment terrible en représailles.
10:15Et puis ce rendez-vous à ne pas manquer des 20h55.
10:18RTL Foot poursuivre deux affiches de Ligue des Champions.
10:21Brest affronte les Autrichiens du Sturm Graz.
10:25L'AS Monaco fait face au Barça coup d'envoi 21h.
10:28Émission présentée par Éric Sylvestreau.
10:30Merci beaucoup, on vous retrouve bien entendu à 20h.
10:33A tout à l'heure.
10:34Yves Calvi jusqu'à 20h.
10:36On refait le monde sur RTL.
10:39Et donc Michel Barnier est attendu à l'Élysée.
10:42Nous sommes avec Anne-Charlene Bézina, spécialiste de notre vie politique et constitutionnaliste.
10:46Pablo Piovivien, rédacteur en chef de la revue Regards.
10:49Et Bruno Jeudy, éditorialiste, directeur délégué de la Tribune.
10:52Nous nous retrouvons avec grand plaisir.
10:53Le maire-élaire de La Baule, Franck Louvrier, directeur de la communication, je le rappelle, du président Sarkozy.
10:58Comment vous trouvez que ça se danse ce soir, Franck Louvrier, toutes ces histoires ?
11:02Bonsoir Yves Calvi.
11:03J'ai l'impression quand même qu'on voit le bout du tunnel.
11:06C'est vrai que ce sont des jours et des jours de négociations.
11:09Mais ça fait partie aussi des difficultés de la situation politique du moment.
11:12Mais on n'a jamais connu ça.
11:16Il faut quand même le rappeler en tout cas.
11:18Et ce qui est en train de se préparer et les difficultés pour le président de la République.
11:25Ce n'est même pas une forme de cohabitation.
11:28C'est autre chose cette fois-ci.
11:29Vous le percevez comme tel ?
11:30Non, mais vous avez raison.
11:31Parce qu'en fin de compte, on n'a pas connu non plus une situation.
11:34On n'avait ni majorité relative, ni majorité absolue.
11:36Et donc de ce fait là, on est assez proche des négociations qu'on voit dans d'autres pays européens.
11:41Ou en fin de compte, on prend plusieurs mois même parfois pour constituer un gouvernement.
11:44Parce qu'il faut faire des équilibres qui ne sont pas simples.
11:47Parce que tout le monde veut bien évidemment avoir un rôle important au sein d'une coalition qui est une coalition.
11:53Parce que la réalité de tout ça, c'est qu'on est en train de faire une coalition.
11:55Même si elle ne sera pas 100% représentative de l'Assemblée Nationale, c'est une coalition.
12:00Bon, il n'y a que trois Républicains.
12:02Ça vous suffit ?
12:03Je ne suis pas sûr qu'il n'y en ait que trois.
12:05Parce qu'il y en aura peut-être plus au niveau des ministres délégués, des secrétaires d'État.
12:10Mais au-delà de ça, ce n'est pas ce qui compte aujourd'hui.
12:13Je pense qu'il faut un gouvernement de combat.
12:15Il faut être prêt à répondre aux préoccupations des Français sur l'immigration, sur la sécurité et le pouvoir d'achat.
12:22Et c'est là l'enjeu. Ce n'est pas de savoir quels sont maintenant les équilibres.
12:25Je pense que les Français l'auront vite oublié.
12:27Vous en êtes convaincu ?
12:29Ah oui, j'en suis convaincu.
12:30Je pense sincèrement que les Français ne nous attendent pas sur l'équilibre politique.
12:35Pardonnez-moi, les LR se voyaient plus beaux, ils s'espéraient plus nombreux.
12:40Peut-être qu'ils n'auraient peut-être pas dû avoir ce comportement-là.
12:43Vous savez, il faut toujours beaucoup d'humilité en politique.
12:45Et quand on veut avancer, il faut avancer à la fois discrètement, mais de façon déterminée.
12:51C'est un peu, je pense, exactement l'état d'esprit du Premier ministre aujourd'hui.
12:55Laurent Wauquiez ne sera pas membre du gouvernement.
12:58Et il a d'ailleurs refusé Bercy.
13:00C'est avéré et confirmé. Est-ce qu'il a tort ?
13:03Écoutez, d'abord, je pense qu'il a aussi des responsabilités importantes au niveau parlementaire.
13:08Et comme vous le savez, la politique française va se faire aussi beaucoup à l'Assemblée nationale.
13:13Et peut-être au Sénat, mais surtout à l'Assemblée.
13:15Ce ne sont pas ses ambitions par ailleurs qui l'ont empêché de prendre ce poste à Bercy,
13:20qui par définition sera extrêmement difficile.
13:22On pourrait qualifier d'un certain manque de courage.
13:24Mais bien évidemment, il ne faut pas être naïf que le calendrier présidentiel a beaucoup joué
13:29dans le retard qu'a pu prendre aux yeux des Français la composition de ce gouvernement.
13:33C'était une évidence.
13:34Parce que d'un côté ou d'un autre, chacun voit parfois l'étape d'il y a trois ans et pas celle d'aujourd'hui.
13:39Alors que les Français nous attendent sur aujourd'hui, sur les semaines à venir.
13:43Et pas uniquement sur la présidentielle.
13:45Bon, je résume. L'élève Barnier vient de rendre sa copie au professeur Macron.
13:49Visiblement, il est en train de rejoindre l'Élysée.
13:54Vous imaginez qu'on puisse annoncer un gouvernement ce soir ?
13:58En tout cas, je pense qu'il sera bien avancé ce soir.
14:01Peut-être pas en termes de communication.
14:03Je conseillerais plutôt demain matin ou pour demain après-midi.
14:07Mais si c'est prêt.
14:08La seule chose, c'est qu'on est dans la lecture limpide de la Ve République.
14:12C'est le président qui nomme sur proposition du Premier ministre.
14:15Et même quelles que soient les circonstances politiques.
14:17Alors moi, je l'appelais l'élève Barnier, le professeur Macron.
14:20Le professeur Macron a beaucoup de pouvoir sur la copie.
14:23C'est lui qui fait vraiment la note, Anne-Charlene Bézina ?
14:25Oui, je crois qu'on peut dire les choses comme ça quand même.
14:27Parce que c'est vrai que dans l'article 8, le président de la République nomme.
14:31Donc, il y a cette coaptation quand même entre les deux têtes de l'exécutif.
14:35Ça veut dire quoi ? Qu'il a la capacité en fait à dire non ?
14:37C'est une capacité en effet, à mon avis, qui est un peu élargie par la circonstance politique actuelle.
14:41C'est-à-dire que dans la cohabitation, il y a généralement la défense et les affaires étrangères
14:45qui reviennent au président de la République.
14:47Sauf qu'aujourd'hui, ce domaine réservé, il est beaucoup plus large en réalité du président.
14:51Puisque sa majorité est quand même plus large qu'un président battu.
14:56Donc, il y a en effet une marge de manœuvre qui est plus grande.
14:59Et je pense que c'est en effet un pouvoir de dire non, un pouvoir de proposer des non,
15:03un pouvoir aussi de ne pas lâcher en fait finalement.
15:06Donc, cet esprit de la cohabitation est vraiment vivace à mon avis dans ces deux têtes de l'exécutif.
15:12C'est qu'il y a un président qui ne lâche pas quelque chose et le Premier ministre en face non plus.
15:16Donc, à mon avis, on s'oriente vers deux têtes qui vont avoir beaucoup de coaptation,
15:21beaucoup de moments où il faudra se mettre d'accord.
15:23Et ça, ça risque d'être compliqué.
15:24Bruno, jeudi, quelles sont les dernières infos ?
15:26Les dernières infos, d'abord un, le Premier ministre va rencontrer le Président de la République.
15:33Ça doit être imminent.
15:35C'était prévu pour 19h15 initialement.
15:37Normalement, c'est en cours.
15:39Voilà, c'est en cours.
15:41L'architecture du gouvernement, elle se dessine comme ça a été dit tout à l'heure,
15:45comme nous l'avons dit, c'est-à-dire le parti Renaissance domine finalement ce gouvernement.
15:50Et les LR sont un peu moins nombreux qu'ils le disaient.
15:52Pas trois, sans doute plus.
15:54Mais bon, on voit bien la répartition.
15:56Bercy pour les macronistes avec, manifestement, ce que je vous disais tout à l'heure,
16:03le jeune député Antoine Armand, 33 ans, énarque.
16:06Et Ludo de Savoie qui deviendrait le successeur.
16:09Je viens de le revoir.
16:10Le successeur. Vous avez dû le voir, on l'a vu.
16:13Encore pas annulé.
16:14Voilà, très présent.
16:16Vous savez quand il y a deux prénoms ?
16:18Il y a Édouard Philippe qui s'est fait un prénom et un nom.
16:22Et le pôle régalien, Beauvau, le ministère de l'Intérieur,
16:27pour le président des sénateurs LR, Bruno Rotaillot,
16:33qui vient d'ailleurs d'adresser un message aux sénateurs,
16:37leur indiquant qu'il y aurait bientôt une nomination.
16:40Donc on sent qu'il prépare le terrain.
16:42Merci infiniment, Franck Louvrier, d'être resté avec nous.
16:45LR de la baulle et de nous avoir donné votre analyse de la situation ce soir.
16:48Bonne soirée à vous.
16:49On se retrouve dans un instant.
17:01Avec Anne-Charline Bézina, qui est constitutionnaliste et spécialiste de notre vie politique.
17:05Bruno Jeudy, éditorialiste et directeur délégué de la Tribune Dimanche.
17:09Et Pablo Piovivien, rédacteur en chef de la revue Regards.
17:12Alors, je résume.
17:14On aura aux alentours de 38 ministres, 7 chez Ensemble, le parti présidentiel,
17:20puisque vous ne souhaitez pas que je dise macroniste.
17:22C'est l'offert plaisir Pablo.
17:25C'est Roselyne Bachelot qui m'a dit qu'il ne fallait pas dire macroniste.
17:28On suit toujours ce que dit Roselyne.
17:30Ça vous regarde.
17:31Trois républicains, deux modèles, un horizon, un divers droite.
17:36Dites donc, l'ouverture à gauche, c'est totalement niette.
17:41Il a essayé, il a raté.
17:44Et on comprend pourquoi.
17:46En fait, le truc, c'est qu'il y a quand même un petit problème démocratique.
17:49Il a raté ou il a pris un râteau ?
17:51Ah oui, d'accord.
17:52Si, quand on prend un râteau, souvent, c'est parce qu'on rate.
17:55C'est quand c'est raté.
17:56Mais il y a quand même un petit problème démocratique à tout ce qui est en train de se passer.
17:59C'est-à-dire que vous avez quand même un gouvernement sortant,
18:04une majorité sortante ensemble, parti présidentiel qui perd les élections
18:10et qui se retrouve toujours en situation majoritaire dans ce gouvernement.
18:15Avec une alliance LR macroniste, j'utilise le mot, LR macroniste sortante.
18:21Et on se retrouve avec quoi ?
18:22Une alliance LR macroniste.
18:24C'est toujours la même chose.
18:25Vous n'allez pas me dire que Bruno Le Maire avait perdu tous les oripeaux de sa famille initiale
18:31qui était la droite conservatrice, c'est-à-dire les LR.
18:35Vous n'allez pas me dire que le passage entre Gérald Darmanin et éventuellement Bruno Retailleau
18:39va changer vraiment fondamentalement ce qui va se passer à l'intérieur.
18:43Il mène exactement la même politique.
18:45C'est-à-dire qu'on va avoir une continuation totale de ce qui s'est passé.
18:48Et vous pouvez rajouter à cela Yael Brown-Pivet qui est toujours présidente de l'Assemblée nationale.
18:52Elle a été élue, je ne remets pas en question son élection.
18:54Mais dans la tête des Français qui ont rejeté la majorité sortante, c'est quand même un peu bizarre.
18:58Et les lettres de cadrage qui vont être reprises et qui ont été rédigées par l'ancien,
19:03le gouvernement sortant, l'ancienne majorité.
19:05Donc, il y a quand même un gros problème.
19:07En fait, il ne se sera absolument rien changé entre le mois de juin et aujourd'hui.
19:12Il ne se passera rien ?
19:13Alors, moi je rejoins à ce qui a été dit sur la continuité des visages.
19:16Je crois que c'est vraiment particulièrement symptomatique de ce qui se passe.
19:19On a le sentiment que cette élection, elle n'a pas servi à finalement changer beaucoup de choses.
19:23Même si, à mon avis, au moins sur le budget, il ne faut pas laisser dire.
19:28C'est vrai, c'est vrai.
19:30Complètement, parce que c'est vrai que cette idée que la gauche n'ait pas réussi à s'élargir
19:35dans les premiers moments, en fait, de l'élection législative,
19:38amenait en réalité à ce qu'il y ait une forme de cornerisation de ce groupe-là.
19:41Alors pourtant, qu'il a gagné le nombre de sièges.
19:43Mais dans une logique de majorité à ce point-là relative,
19:46il fallait arriver à aller travailler avec un autre groupe.
19:49Et c'est ça que la gauche n'a pas réussi à faire.
19:51Et ce qui a finalement amené à ce qu'aujourd'hui, il y ait deux groupes d'opposition.
19:54La gauche et le RN.
19:55Et ça, c'est vrai que c'est profondément insatisfaisant aujourd'hui pour un électeur de gauche.
20:00Comme vous le dites, parce qu'il y a eu ce front républicain.
20:02Donc il y a une espèce de donne politique qui n'est pas très claire.
20:05Même si sur le budget, je pense quand même qu'il faut vraiment dire
20:08qu'un budget est toujours préparé à partir du mois de janvier.
20:11C'est un principe de continuité, c'est obligatoire.
20:13C'est-à-dire que vous avez tellement de documents qui remontent,
20:15tellement d'analyses qui doivent être faites des mois à l'avance
20:18que le budget est normalement préparé à partir de janvier.
20:21Qu'il y ait eu élection ou pas, il en va de la continuité du bateau présidentiel.
20:24C'est normal qu'on ait un budget avant.
20:26Ils auraient pu faire avec un peu plus de transparence.
20:28Ils ont quand même gardé les documents.
20:29Les lettres de cadrage ?
20:30Jusqu'à aujourd'hui.
20:31Pour le coup, les lettres de cadrage ne sont pas du tout des documents
20:33qui doivent être transmis aux rapporteurs généraux
20:35et aux présidents de la commission des finances.
20:37Vu l'état de nos institutions, ils auraient pu faire cette amende
20:42à la façon dont ça se passe d'habitude.
20:44On va juste terminer par un mot.
20:45Dire que le budget pourra tout à fait être coloré politiquement
20:48différemment que celui d'Emmanuel Macron.
20:50Bruno Joly lève le doigt.
20:51Alors Laurent Wauquiez, là on a des éléments qui nous arrivent.
20:53Laurent Wauquiez a annoncé aux députés LR qu'il n'entrerait pas au gouvernement.
20:58Cette fois-ci, il explique que depuis le début, j'ai dit qu'entrer au gouvernement
21:02n'était pas mon obsession.
21:03C'est ce qu'il a déclaré en substance.
21:06Michel Barnier m'a proposé le ministère de Bercy
21:10et j'ai décliné pour rester à la tête du groupe.
21:12Donc il habille un peu les choses.
21:14Mais en tous les cas, il y a une confirmation.
21:15C'est qu'il ne sera pas à l'intérieur et à Bercy non plus.
21:18Dans le même temps, je vous disais que Bruno Rotaillot avait fait un message.
21:21Donc les choses quand même s'organisent.
21:23Et sur la composition du gouvernement,
21:25c'est vrai qu'il y aurait trois ministres de plein exercice LR
21:28et huit au total dans cette équipe qui compterait 38 membres.
21:34Je croyais que Wauquiez annonçait neuf justement.
21:37Alors là j'en compte huit.
21:38Peut-être que c'est moi qui n'arrive pas à compter jusqu'à neuf.
21:40Est-ce qu'il compte Michel Barnier ?
21:41Neuf dont trois de plein exercice.
21:43Avec Michel Barnier, ça ferait neuf.
21:45Bruno Rotaillot au ministère de l'Intérieur.
21:48Patrick Hetzel qui est un député LR qui serait à l'enseignement supérieur.
21:51Il y aurait également Sophie Prima au commerce extérieur.
21:55Nelly Garnier à la famille.
21:57Jean-Noël Buffet qui est le président de la commission des lois Sénat
21:59hériterait de l'outre-mer.
22:01Alors dites-moi, qui est-ce qui quitte ?
22:04On est où là ? C'est à Matignon ?
22:06Ah ben voilà !
22:07Donc Michel Barnier quitte Matignon, j'imagine pour aller à l'Elysée.
22:11C'est maintenant.
22:12On va le vivre en direct et ensemble.
22:14Il va donner sa liste.
22:15Donc il va donner sa liste définitive.
22:17Exactement.
22:18Il va faire corriger sa copie.
22:19Parce que comme ça a été dit tout à l'heure très justement par Franck Ouvrier,
22:22c'est lui qui nomme.
22:23Mais non mais je veux dire...
22:25Une négociation entre le Premier ministre et le Président de la République
22:28avec un pouvoir qui est donné au Président de la République
22:31qui à mon avis outrepasse la fonction constitutionnelle.
22:35Alors pardonnez-moi, j'explique à nos auditeurs.
22:39On a un mini-convoi, une voiture, police devant, police derrière.
22:42Et maintenant évidemment les journalistes qui sont derrière sur leur moto pour suivre tout ça.
22:47Il va leur falloir quitter tout simplement la rive gauche pour arriver rive droite.
22:51Je leur souhaite bonne chance.
22:52Mais enfin généralement avec un petit gyrophare on y arrive un peu plus facilement.
22:55Et donc oui, alors ça c'est sûr que c'est plus vite que moi en scooter
22:59parce que je suis très raisonnable comme vous le savez.
23:01Mais impossible qu'on ait la présentation du gouvernement ce soir ?
23:06Là ce soir ça me paraît maintenant compliqué compte tenu de l'heure.
23:09Les annonces sont rarement après 20h.
23:12Ça peut arriver, je ne l'exclus pas.
23:14Ils sont d'accord là ?
23:15Non, attendez.
23:16Pablo a raison sur un point, c'est qu'il va présenter sa liste.
23:19Ça marche comme ça dans notre pays.
23:22Le Président effectivement va probablement valider l'ensemble des noms puisqu'il l'a dit.
23:27Il y a discussion sur ce qu'on appelle le domaine réservé.
23:30S'il arrive avec une liste d'un nom de ministre des Affaires étrangères
23:34et des ministères armées qui ne convient pas,
23:37le Président aura sans doute son mot à dire
23:39et il peut demander au Premier ministre de revoir ce point-là.
23:43Il y a quand même des informations contradictoires sur le ministère des Armées.
23:47Beaucoup annoncent Sébastien Lecornu qui s'est reconduit dans ses fonctions.
23:52Auprès des élus LR, il est indiqué que Jean-Louis Thiriot
23:57qui est député de Seine-et-Marne, spécialiste des questions de la défense,
24:01pourrait, disent certaines sources, être ministre des Armées.
24:04J'ai d'autres sources qui affirment Sébastien Lecornu, c'est intéressant.
24:07Je les ai aussi.
24:08Ça n'est pas totalement tranché.
24:10Donc ce n'est pas totalement tranché.
24:12En revanche, sur les Affaires étrangères,
24:14vous avez l'air de s'orienter vers un ministre modem sortant Jean-Noël Barreau.
24:20Très bien, on marque une petite pause et on se retrouve dans un instant.
24:32Yves Calvi, on refait le monde jusqu'à 20h sur RTL.
24:37On refait le monde avec Bruno Jeudy, éditorialiste,
24:40directeur délégué de la Tribune Dimanche,
24:42que vous entendiez en train de me former à la vie politique française.
24:44Non, Pablo Pionnier, vieux rédacteur en chef de la revue Regards.
24:48Et Anne-Charlène Bézina, spécialiste de notre vie politique et constitutionnaliste.
24:53Bon, on est quand même dans une situation particulière,
24:56mais évidemment qui se fait dans le cadre du fonctionnement de notre Constitution.
25:00Il n'y a rien d'absolument... Tout est nouveau, mais rien n'est invraisemblable.
25:03Pas du tout. En fait, on a changé d'alinéa de notre article 8.
25:06On a eu un article 8 alinéa 1, où c'est le Premier ministre qui est la star.
25:09Et l'alinéa 2, c'est la composition du gouvernement,
25:11dont ce sont les deux têtes qui vraiment travaillent.
25:13Et à mon avis, il y a besoin d'une nuit pour tout ça.
25:16Parce que, admettons que nos deux têtes de l'exécutif se mettent d'accord,
25:19il faut encore faire vérifier tout ce beau monde,
25:21par la haute autorité de la transparence,
25:23regarder les casiers, les passés, etc.
25:26Il y a en fait toute une cellule qui va travailler à examiner ces noms
25:29pour voir aussi comment on peut les présenter.
25:32Les conflits d'intérêts, les questions d'argent, les questions des impôts...
25:35Exactement. Tous ces éléments-là, ils ont un peu posé des problèmes
25:39dans les 20 dernières années.
25:40Et donc, on a aujourd'hui un contrôle qui est beaucoup plus sourcilleux,
25:43même si, à mon sens, c'est un regret que je formule
25:45et je trouve qu'on devrait faire quelque chose là-dessus.
25:47Ça se passe trop tard, parce que justement, il peut y avoir des loupés,
25:50parce que souvent, on ne fait pas ce contrôle en amont,
25:52comme d'autres grandes démocraties.
25:53On a une rumeur qui serait vraiment une première,
25:55qui serait la création d'un ministère de la laïcité.
25:57Je dis bien que c'est une rumeur à nos auditeurs.
26:01Je vous avoue que ça me surprend.
26:03Je ne suis pas loin de dire que même ça pourrait me choquer.
26:05Comment vous vivez ça, vous ?
26:06Alors, la laïcité, c'est l'élément fondateur de la République.
26:10Moi, je ne suis pas sûre qu'on ait besoin d'un ministère là-dessus.
26:12Qu'est-ce que c'est que cet effet-là ?
26:13Est-ce que c'est un effet d'annonce ?
26:14Est-ce qu'on va avoir une nouvelle loi sur la question ?
26:16S'ils le font, c'est du pur affichage.
26:18Le problème de tous les ministères de ces 20 dernières années,
26:20c'est qu'en fait, on a à chaque fois changé les appellations
26:23pour à chaque fois créer de l'affichage politique.
26:25Et là, cette idée de créer un ministère,
26:27n'oublions pas qu'un ministère, avant tout, il dirige une administration.
26:29Laquelle ? Pour quelle mission ?
26:31C'est ça qui fait se poser comme question.
26:33Il y a beaucoup qui n'ont pas d'administration.
26:34Ce n'est pas toujours vrai.
26:35Les secrétaires d'État sont là pour seconder des ministères avec des administrations.
26:39On ne peut pas dire tout d'un coup qu'on crée un ministère un peu gadget,
26:42comme ça, sans lui créer de la laïcité.
26:44On imagine qu'il serait rattaché à l'intérieur.
26:47Très bien, mais alors un secrétaire d'État,
26:50avec qui discuterait-il ?
26:52Il aurait un pouvoir sur qui ?
26:54D'abord, il y a...
26:55Les imams, les rabbins, les curéls ?
26:57Il y a peut-être toutes ces questions-là.
26:59Les pasteurs, pardonnez-moi.
27:00Il y a quand même toutes les entorses à la laïcité qui sont concernées.
27:02Ça a quand même occupé beaucoup du temps de Gérald Darmanin.
27:05Il y a d'ailleurs eu une loi.
27:07Mais c'est vrai que c'est de l'affichage politique pour Michel Barnier.
27:12Si on suit exactement le libellé, c'est laïcité et...
27:18Mais c'est pour séduire l'extrême droite ? Quel est le propos ?
27:21En tous les cas, c'est une réaffirmation politique d'une ligne autour de la laïcité.
27:26C'est un affichage qui est aussi une provocation à l'égard notamment de la gauche,
27:32qui défend bien évidemment la laïcité, mais le donner à...
27:37Je ne sais pas si elle la défend si bien que ça, moi, par moment.
27:40Par moment, Pablo.
27:41Mais ce serait un autre débat.
27:42Tu peux penser exactement ce que tu veux, pour le coup.
27:45Je pense que la gauche défend très bien la laïcité,
27:48mais qu'en revanche, le donner, bien sûr, à Othmane Lassrou,
27:53qui est un membre des LR,
27:56qui a en plus une ligne, pour avoir déjà débattu avec lui sur ces questions-là,
28:00qui est particulièrement dure,
28:01qui préfère utiliser la laïcité comme un glaive contre certaines religions,
28:05suivez mon regard, particulièrement les musulmans.
28:07Oui, c'est une provocation.
28:10Et donc, le poser...
28:13En fait, je ne comprends même pas, je le découvre avec vous,
28:16mais ça va bien sûr mettre le feu aux poudres, en fait.
28:18À gauche, ils vont dire « mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ? »
28:20Le RN va dire « c'est super, on l'avait proposé, c'est exactement ça qu'il faut faire »,
28:24mais ils vont surveiller ce que va dire et faire Othmane Lassrou.
28:27Et au moindre truc, ils vont dire « non, non, non, mais là, vous n'avez pas à séparer des musulmans,
28:31allez-y, remettez-en une couche »,
28:33donc ça va devenir un ministère de l'islamophobie.
28:35Moi, je crois qu'il faut être quand même un peu plus mesuré.
28:38Vous y allez un peu fort, Pablo.
28:40Moi, je ne crois pas du tout à ça.
28:41Il n'est pas encore en poste que vous l'agressez déjà durement.
28:44Il est sous le regard du Rassemblement National.
28:47Mais je rappelle quand même que la feuille de route...
28:51C'est un gouvernement de rassemblement, donc il essaie de rassembler large.
28:55Othmane Lassrou, sauf preuve du contrat que je connais très très bien,
28:58qui est un garçon assez talentueux, né au Maroc, arrivé en France à 18 ans,
29:03naturalisé tardivement, il est LR, il n'est pas RN que je sache.
29:07Donc, s'il a accepté cette mission, ce n'est pas pour faire des clins d'œil au RN.
29:13Ils l'ont battu quand même plus d'une fois dans des élections locales.
29:17Donc, je ne crois pas qu'on puisse...
29:19Attendez de voir ce que va dire le RN demain.
29:21Vous allez voir sur ce ministère.
29:22Moi, je crois surtout qu'en termes de messages,
29:24il y a une erreur qui est de considérer que la laïcité ne reviendrait qu'à un ministère.
29:27En réalité, la laïcité, justement, si on veut en faire une priorité,
29:30elle intéresse tous les ministères.
29:32L'intérieur, l'école, l'éducation, l'enseignement supérieur.
29:36Évidemment, il y a une question de laïcité qui anime la République.
29:40Donc, l'idée de spécialiser ça, je crois que c'est presque affaiblir le message.
29:45Mais politiquement, on voit bien à quel point ça va devenir inflammable.
29:48Et c'est là que c'est un peu risqué.
29:50En fait, créer ça, ça va aussi créer beaucoup de questions.
29:53Vous le dites, c'est un ministère à la laïcité et aux discriminations.
29:57Ça me fait penser à cette autorité administrative indépendante
29:59qui s'appelait justement la Haute Autorité de lutte contre les discriminations,
30:02qui voyait très bien qu'en réalité, elle n'arrivait pas à imprimer sa marque.
30:06Donc, le risque, c'est finalement une faiblesse dans l'action.
30:08Et si on veut en arriver à de la dureté ou à des messages forts,
30:12on va tout de suite taxer ça d'un message anti-religieux.
30:15Donc, c'est, à mon avis, sur un équilibre très instable.
30:18En tout cas, si ce ministère existe, effectivement,
30:21c'est un bouleversement dans la vie du pays.
30:23On n'a jamais connu ça.
30:25La laïcité a été beaucoup attaquée quand même ces dernières années.
30:29On peut au moins être d'accord sur ce point-là.
30:31Et que le nouveau Premier ministre veuille réaffirmer une ligne politique,
30:35une défense de la laïcité à toute épreuve.
30:38En passant, c'est toujours discutable par du symbole
30:41que constituerait la création de ce secrétariat d'État.
30:45Oui, ça fait partie aussi d'un affichage politique,
30:48parce que cette loi de 1905 a quand même été beaucoup attaquée ces dernières années.
30:52Je n'ai pas envie de rappeler ce qui s'est passé à Conflans, dans le Nord,
30:57et partout, et dans de nombreux endroits des établissements scolaires en France.
31:01Nous serons en direct de l'Elysée, dans le journal de 20h, avec Thomas Dépré.
31:05Et on va, là encore, apprendre des informations.
31:08Merci infiniment à vous trois d'avoir participé à refaire le monde.
31:12Ce soir, c'était plutôt la France.
31:14Mais on aime bien être un peu prétentieux, nous autres Français.

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