• il y a 3 mois
Le respect et la politesse peuvent-ils s’acheter ? C’est une question plus sérieuse qui n’y paraît.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00En toute subjectivité, Anne, ce matin, deux petites infos de la rentrée qui vous ont fait réfléchir.
00:06Oui, et la première parue fin août dans Nice Matins va peut-être vous sembler très insolite,
00:12chers auditeurs, mais de grâce, attendez avant de me juger.
00:16J'ai donc lu dans Nice Matins que cet été, la révolte avait grondé chez certains vacanciers.
00:21Ils n'en pouvaient plus que des sans-gênes de plus en plus nombreux réservent au petit
00:26matin les meilleures places sur les plages, en y laissant leur parasol, leur serviette,
00:31puis, vac à leurs occupations jusque parfois le début d'après-midi.
00:35Faudra-t-il en passer par la contravention, demandaient certains en référence à la
00:40décision prise par des communes du littoral espagnol de faire payer les inciviques balnéaires
00:46qui privatisent ainsi à leur or leur bout de place au soleil.
00:50La deuxième information, moins anecdotique, concerne la ville de Toulouse.
00:54Depuis la rentrée, une amende de 30 euros est appliquée par la commune aux parents
00:59qui viennent chercher leurs enfants trop en retard, trop souvent, à la sortie de l'école,
01:04celle de 17h30 ou 18h, gérée par les centres de loisirs périscolaires.
01:09Les animateurs n'en pouvaient plus des retards conséquents et quasi quotidiens qui les conduisaient
01:15à de nombreuses heures supplémentaires non rémunérées.
01:18Cela m'a rappelé un exemple frappant que cite l'économiste américain Michael Sandel
01:23dans son livre « Ce que l'argent ne peut acheter ».
01:26Quel est cet exemple, Anne ?
01:28C'est un cas remontant aux années 2000 et qui ressemble beaucoup à l'expérience
01:32toulousaine.
01:33Confronté aux nombreux retards de parents, plusieurs crèches israéliennes avaient décidé
01:37de faire payer les fautifs.
01:39Et paradoxalement, cela a donné lieu à de plus en plus de retards, car le montant dont
01:45les parents devaient s'acquitter n'était pas ressenti comme une amende, mais comme
01:50un frais, c'est-à-dire la contrepartie d'un service qu'ils étaient prêts à payer.
01:55Quand les crèches ont constaté l'effet contre-productif de leur décision, elles
01:59ont tenté de revenir en arrière, mais il n'y a rien eu à faire.
02:02Les parents, même sans amende, ont maintenu leur haut niveau de retard, l'argent ayant
02:07en quelque sorte corrompu l'obligation morale de respecter les horaires.
02:11C'est assez révélateur, je crois, du passage de la société politique à la société
02:16d'individus.
02:17Dans la première, il existe des liens régis par le principe de responsabilité, qui lui-même
02:23implique de s'imposer une contrainte pour l'autre, arriver à l'heure par respect
02:27pour les animateurs, ne pas priver quelqu'un d'une bonne place sur la plage alors qu'on
02:31n'en profite pas soi-même.
02:32Dans la société des individus, en revanche, tout est régi par le contrat.
02:36On se voit comme un client et non comme partie prenante.
02:39Autant vous dire que les implications sociales, culturelles, politiques sont vertigineuses
02:45et que je ne vais pas les développer maintenant, mais parfois quand on veut comprendre ce qui
02:49nous arrive, il faut porter attention aux petites choses.

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