• il y a 3 mois
Avec Philippe Spanghero et Alexandre Priam
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##RUGBY_ECOXPERT

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Sport
Transcription
00:00Le naming de stade est-il aussi lucratif que dérangeant pour l'histoire du rugby ?
00:05C'est la question qu'on se pose sur ce radio avec en guise d'exemple le mythique stade de Twickenham
00:11appelé communément Twickenham, tout simplement.
00:14On ne dit jamais le stade de Twickenham, on dit toujours Twickenham
00:16puisque c'est aussi un quartier de l'ouest londonien.
00:18Et ce stade va donc changer de nom après 117 ans d'histoire.
00:23Il s'appellera désormais le Allianz Stadium après l'Allianz Riviera de Nice ou l'Allianz Arena de Munich.
00:28Et ça a été un choc en Angleterre.
00:30Certains ont même parlé d'insultes au rugby, Philippe Spanguero.
00:34Oui, mais ça fait le lien avec la chronique de la semaine dernière et ce qui se passe dans le rugby anglais
00:38et leur volonté de prendre des joueurs sous contrat.
00:41Il faut de nouveaux revenus et c'est difficile de balayer comme ça un peu l'histoire.
00:46Et c'est vrai que dans le modèle du sponsoring sportif et dans la nouvelle économie du sport professionnel,
00:51c'est le sujet le plus touchy parce qu'on vient toucher à des noms qui sont souvent mythiques,
00:56des noms de stade qui sont rattrés dans le vocabulaire collectif.
01:01Et donc, c'est toujours un peu délicat par moment, surtout pour des stades comme celui de Twickenham.
01:07Mais pour parler de Twickenham spécifiquement, les chiffres sont en train de sortir de façon un peu plus officielle.
01:12Ils sont élevés, plus élevés que ce que j'avais dit la semaine dernière.
01:15Alors après, il y a beaucoup de choses qui vont autour de ce naming propre.
01:20Il y a des activations, il y a le prix du stade plusieurs fois dans la saison potentiellement.
01:24Pour ce qui est de ce contrat avec Allianz, on parle d'un contrat de plus de 150 millions sur 10 ans.
01:29Ça fait 15 millions de revenus par an. La somme est quand même assez considérable.
01:33C'est considérable, effectivement. C'est vrai qu'au-delà de la douleur historique d'un tel choix,
01:38qu'est-ce que ça va rapporter à la RFU ?
01:42Puisqu'on le rappelle, la fédération est donc propriétaire de son stade.
01:45Est-ce qu'elle va avoir 15 millions dans sa poche chaque année pour les dix prochaines années ?
01:50Est-ce que ça marche aussi simplement que ça, Philippe Spanguero ?
01:53Oui, là, c'est du bénéfice direct.
01:56Tu as raison de préciser que la fédération est propriétaire de son stade, donc il n'y a pas de sujet.
02:03Après, on reviendra sur des exemples un peu différents dans des stades qui appartiennent à la municipalité,
02:09notamment le stade de Gerland qui a changé de nom, qui est devenu le Matmut.
02:12Là, il y a des discussions tripartites entre la collectivité et le club locataire du stade,
02:21mais là, pour Twickenham, oui, ça va être une source de revenus directe.
02:25Alors, bien sûr, ils auront toujours les mêmes charges d'entretien de stade,
02:29mais ça vient amener 15 millions de marges parce qu'en face de ça, il n'y a pas de charge, vraiment.
02:34Potentiellement, il y a, je le répète, la possibilité de laisser le stade disponible
02:39quelques fois dans la saison à Allianz pour des événements,
02:42des places pour les événements divers qui sont organisés à Twickenham
02:47parce qu'on l'a dit souvent précédemment, mais ce qui fait la richesse de cette fédération anglaise,
02:52c'est Twickenham, mais bien au-delà du rugby parce que Twickenham,
02:56c'est un stade qui vit près de 150 jours par an avec de multiples événements.
03:01Donc, la fédération anglaise en étant propriétaire, Allianz bénéficiera certainement de prestations annexes,
03:08mais en l'occurrence, oui, là, on parle de nouveaux revenus nets et c'est assez considérable
03:13et on voit pourquoi ça se développe à ce point, même si ça a été très tardif en France particulièrement,
03:20plus que dans tous les autres pays de culture anglo-saxonne.
03:24C'est une pratique qui est arrivée il y a très longtemps finalement aux États-Unis, dans les années 20,
03:30qui ne s'est pas beaucoup démocratisée parce que le sport n'était pas professionnel,
03:34il n'y avait pas besoin d'aller chercher la diversification à ce point de source de revenus.
03:38Et puis, à la fin des années 90, début des années 2000, ça s'est énormément démocratisé
03:44quand on est rentré de plein pied dans le sport business.
03:49Et en France, ça a été long. La règle a changé et la loi a permis qu'on nomme les stades à partir de 2011.
03:57Et le premier test, ça a été au Mans, ça n'a pas été très concluant.
04:01On va évoquer le top 14 de la France dans un instant, mais restons un tout petit peu sur l'Angleterre.
04:06Quand on voit les réactions des supporters, des amoureux de rugby en Angleterre,
04:11il y a une phrase que je retiens d'un supporter, il s'appelait Roger,
04:15je m'imagine que ça doit être Roger en anglais, qui disait « on ne revient jamais d'un aiming ».
04:21On ne revient jamais en arrière sur un aiming, c'est-à-dire qu'à la fin d'un contre-aiming, il y en aura un autre.
04:27Et ce ne sera plus jamais Twickenham tout court. Est-ce que c'est vrai ça, Félix Poinguerreau ?
04:32Est-ce qu'une fois que la boîte est ouverte, c'est terminé ?
04:35Oui, parce qu'en plus…
04:38Ce n'est pas regrettable ça ?
04:40C'est regrettable, oui et non.
04:43Aujourd'hui, quand vous regardez dans le sport professionnel,
04:46qu'est-ce qui permet d'injecter des grosses sommes sur des durées très longues ?
04:51On n'a rien trouvé d'autre que le naming. Rien.
04:55Il y a certains sports qui dépendent beaucoup des droits télé, donc potentiellement il y a les droits télé,
05:01mais aujourd'hui, le naming, c'est le produit qui offre la vision la plus longue qui puisse exister dans le partenariat sportif.
05:09Pourquoi ? Parce que forcément, là, on parle de très grosses marques qui ont des besoins de notoriété et d'image,
05:15et donc pour installer le rapprochement, tu le dis, Twickenham est un bon exemple, ça fait 120 ans,
05:21donc dans la tête des gens, avant qu'ils disent « on va à l'Allianz Stadium », il va falloir beaucoup de temps.
05:28Mais par contre, en effet, une fois que ça sera installé, parce que là, on parle d'un contrat de 10 ans,
05:33l'enfant qui a 7 ou 8 ans, qui n'a pas été…
05:37Il n'aura entendu que l'Allianz Stadium ?
05:39Il n'aura entendu que l'Allianz Stadium.
05:41Alors, est-ce que c'est bien, pas bien ? Je ne sais pas.
05:45C'est sûr que ça enlève un petit bout d'histoire et je comprends que les gens soient malheureux,
05:51mais malheureusement, on est rentré, je le répète, de plein pied dans le sport business
05:55et le naming est le seul levier qui permet aux acteurs et aux ayants droit
06:01de s'assurer des revenus sur une aussi longue période.
06:06Exactement, et c'est vrai qu'en plus, tu le disais fort justement,
06:10un naming qui marche, c'est celui qui dure dans la durée, dans les années.
06:14Est-ce qu'on peut estimer que le naming des stades actuellement
06:18est un symbole de cette un peu croisée des chemins du rugby, de l'économie du rugby,
06:23entre les nouveaux vecteurs de croissance et puis les traditions qui sont parfois difficiles à heurter ?
06:30Oui, parce qu'en fait, dans la culture vraiment de la vie autour des grands stades,
06:35il y a le stade et le foot et le rugby.
06:42Je salue mon copain Kamel Chibli qui nous écoute.
06:47Je t'embrasse Kamel et c'est très sympa de ta part.
06:51Parenthèse refermée, je reviens à notre sujet.
06:54Il y a le foot et le rugby qui ont cette culture des stades et de l'histoire autour des grands stades.
07:01Le foot forcément a pris le virage du professionnalisme avant nous,
07:05donc on est rentré dans le naming un peu plus tôt.
07:09Et puis, on se cache beaucoup moins derrière les valeurs dans ce sport qu'est le foot.
07:14Nous, au rugby, on est réfractaires quand même par principe à toute évolution.
07:19On a envie de garder nos sacros références.
07:26Et là, en l'occurrence, bien sûr que c'est compliqué pour les amateurs.
07:30Mais il y a plein de choses qui interpellent.
07:32C'est le sens de l'histoire, malheureusement.
07:34Et pour moi, on ne fera pas marche arrière.
07:36Et bien sûr que quand le supporter anglais dit qu'on ne fera pas marche arrière,
07:39on ne fera pas marche arrière.
07:40Parce que si dans dix ans, pour x raisons, le marché a un peu évolué
07:44et qu'il n'y a plus d'acteurs possiblement à hauteur de 15 millions par an,
07:49il y aura toujours des acteurs à hauteur de 10.
07:52Et la fédération anglaise préférera prendre 10 que 0.
07:58Et encore une fois, je le répète, dans dix ans, on aura gommé un bout de l'histoire.
08:03Quels sont les clubs de top 14 qui ont déjà recours au naming ?
08:07Tu parlais de Lyon tout à l'heure. Est-ce que c'est le seul ?
08:10Alors non. Ce qui est intéressant, c'est qu'au rugby, on a contourné ça
08:14parce que l'économie aujourd'hui ne nécessite pas d'être obligé de le faire.
08:19On a fait ça sur les campus, notamment à La Rochelle,
08:24notamment à l'UBB.
08:26On a renommé les camps d'entraînement, les centres d'entraînement.
08:30Alors forcément, les revenus ne sont pas du tout les mêmes
08:33parce que ça n'a pas le même impact médiatique et les mêmes retombées presse.
08:36Mais c'est déjà un pas.
08:38Mais ça permet de garder sacré ce nom de stade.
08:41Mais bien sûr qu'il y a des grands clubs qui réfléchissent déjà et de façon importante.
08:46Ceux qui ont pris le virage, on le sait, c'est Gerland avec Matmut,
08:52qui était déjà le naming du stade du Loup à l'époque, principalement,
08:57et Montpellier avec le GGL.
09:01Donc on peut imaginer que d'autres clubs emboîtent le pas,
09:06particulièrement les grands clubs des grandes villes.
09:09Qu'est-ce que ça peut amener en top 14 de façon réaliste ?
09:15Est-ce que ça peut permettre d'amener de la rentabilité à certains clubs
09:21qui ne sont pas très loin d'être rentables ?
09:23Je ne sais même pas si c'est possible, mais d'être rentable,
09:25de combler un déficit qui est un peu lourd
09:28ou tout simplement d'utiliser cet argent pour juste faire, par exemple,
09:33l'exploitation du stade et l'entretien de la pelouse.
09:37Il y a des cas, évidemment, différents pour chaque club.
09:40Qu'est-ce que ça peut amener ?
09:42Aujourd'hui, dans le rugby français, de façon générale,
09:46les stades sont la propriété des collectivités.
09:49Donc c'est un vrai coût pour les collectivités, cet entretien de stade.
09:53Donc ce n'est pas à la charge des clubs.
09:55Après, il y a des discussions entre la collectivité,
09:57le club sur les montagnes d'aide accordées au club
10:01et la part d'entretien du stade est forcément un levier dans la négociation
10:08parce que la ville le fait en partie pour le club résident, en grande partie.
10:12Donc ça, ce n'est pas un sujet. L'objet, ce n'est pas ça.
10:16Mais tu as raison de le dire.
10:17Aujourd'hui, je crois qu'avec la façon dont on construit...
10:20Un club comme Perpignan, qui a bataillé pour sa pelouse pendant des années,
10:25avec des conflits avec la mairie sur les montants à débloquer
10:29pour avoir une pelouse en bon état et ainsi de suite,
10:32une entreprise aurait pu arriver en disant
10:34« Cette année, on veut donner notre nom au stade Émégéral,
10:39mais on s'occupe de l'exploitation et de l'entretien de la pelouse, par exemple. »
10:43C'est quelque chose qui peut arriver, ça ?
10:44Des petits contrats courts comme ça pour des missions précises ?
10:47Non, parce qu'encore une fois, là, on parle...
10:50Le naming, c'est un sujet qui ne peut pas être du one shot.
10:53Donc je ne crois pas.
10:54Par contre, pour répondre à ta première question,
10:56aujourd'hui, je crois que l'économie du rugby est quand même assez raisonnable.
11:00La façon dont on a régulé notre masse salariale
11:03a permis d'arrêter cette spéculation.
11:06Pour le moment.
11:07Oui, pour le moment.
11:08En voyant ce que font les Anglais,
11:09ça peut peut-être mettre un peu le boxon dans notre maîtrise.
11:15Ça va mettre beaucoup de temps.
11:16Ils mettront beaucoup de temps à redevenir des concurrents sérieux
11:19d'un point de vue économique.
11:21Enfin, beaucoup de temps.
11:22C'est au moins du moyen terme.
11:23Donc pour l'instant, on a réussi ça.
11:25Aujourd'hui, quand on regarde le niveau moyen des pertes cumulées de Top 14,
11:30ce n'est pas très élevé.
11:32Et si on parle de naming de stade intermédiaire,
11:36on peut parler de montants peut-être entre un million,
11:40un million, un million et demi,
11:42jusqu'à peut-être quatre, cinq pour les très gros clubs.
11:46C'est peut-être un peu ambitieux, mais autour de ça.
11:48Donc demain, à l'échelle du Top 14, potentiellement,
11:53ça sert à équilibrer ton budget et à avoir un modèle économique rationnel.
11:57Après, la vraie question, c'est est-ce qu'il y a autant de grosses entreprises
12:01et autant de prospects pour donner son nom à tous ces stades ?
12:07Mais sur le papier, économiquement, c'est raisonnable de l'imaginer comme ça.
12:12En tous les cas, quoi qu'il arrive, pour te donner mon point de vue,
12:16les collectivités vont l'encourager parce qu'elles ont de moins en moins d'argent
12:20à mettre dans ce genre d'entretien.
12:22Et ce n'est pas toujours facile pour les collectivités et les politiques
12:26de dire à la population.
12:28Quand tu coupes les vivres à des gens pour des sujets primaires
12:33et qu'à côté de ça, tu continues à accompagner le développement,
12:37bien sûr que le sport a une place importante,
12:41mais quand c'est pour aider à payer des sportifs 30 000, 40 000, 100 000 euros par mois,
12:47il peut y avoir une complexité pour le politique dans la justification.
12:52Donc forcément, le sport doit sans cesse chercher à se réinventer
12:56et à trouver l'argent dans le privé parce que c'est le sens de l'histoire.
12:59Et le naming, c'est le socle économique pour moi de tout ça.
13:03Merci beaucoup, Philippe.
13:05Vraiment excellente chronique, très intéressante sur cette croisée des chemins
13:10dans le rugby moderne et en top 14.
13:13Petit point score, Aurillac, accroche-toi, t'es prêt ?
13:16Je sais pas si tu sais ce qu'il se passe à Aurillac actuellement.
13:19Aurillac Grenoble, Antoine Mazère, c'est hallucinant ce qu'il se passe à Jean-Alrick.
13:23C'est un cavalier seul des Aurillacois, 27-0.
13:27On n'a même pas joué la demi-heure de jeu entre Aurillac et Grenoble.
13:31Pour l'instant, c'est un cavalier seul, comme je vous le disais,
13:33des hommes de Romeo Gontignac qui roulent complètement sur cette équipe de Grenoble.
13:37Ils ne peuvent rien faire.
13:38Ils ne se sont même pas venus une seule fois dans les 22 mètres pour l'instant,
13:41les hommes de Nicolas Nadeau.
13:43Est-ce que vous savez pourquoi cette équipe d'Aurillac est exceptionnelle aujourd'hui ?
13:47Parce que Romeo Gontignac sera notre invité ce soir à partir de 22h.
13:50On lui avait dit qu'il fallait venir avec toi.
13:52Donc a priori, on a donné un petit coup de boost à cette équipe d'Aurillac.
13:55Je dis ça en rigolant, bien évidemment.
13:57Début de match exceptionnel de la part des Aurillacois.
13:59Merci Philippe d'avoir été avec nous. Dans un instant, on accueille William sur Sud Radio.
14:03Il va nous donner son avis sur le naming et puis il va suivre cette première période de multiplex avec nous.
14:08Ça fait seulement trois journées, mais ce Pro D2 nous régale.
14:11Allez, au revoir. À tout de suite sur Sud Radio.

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