Lors de l'Heure des Pros du 13/09/2024, l’écrivaine Nathalie Rheims était invité sur le plateau. Elle a évoqué l’actualité : «Je trouve qu’aujourd’hui il est très compliqué de dire qu’on aime les hommes».
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00:00Parce que je trouve qu'aujourd'hui, il est extrêmement compliqué de dire qu'on aime les hommes,
00:05qu'on a eu beaucoup de chance, qu'on a connu des hommes extraordinaires qui nous ont aidés à nous construire,
00:12que quand on a dû se débarrasser de gros lourds dos, on ne peut pas à la fois vouloir être l'égal des hommes
00:18et se transformer en petit chat quand il s'agit de leur coller une trompe.
00:23J'ai déjà giflé quelqu'un et je trouve qu'il y a des vraies paroles...
00:28Il y a des hommes qui vous ont giflé ?
00:29Non, moi j'ai giflé.
00:30Mais vous, ça n'est jamais arrivé ? Le contraire n'est jamais arrivé ?
00:32Si, mais moi j'ai giflé quelqu'un dans un ascenseur.
00:34J'entends bien, mais le contraire n'est jamais arrivé ?
00:36Mais non, sauf qu'il y a dix ans, j'ai écrit Place Colette et qu'on continue à me dire aujourd'hui que j'ai été abusée.
00:42Je sais aujourd'hui, à l'âge que j'ai, que je n'ai pas été abusée.
00:45Alors, Place Colette, vous avez raconté que vous avez eu une aventure avec un sociétaire de la comédie française.
00:50Vous avez 13 ans.
00:51Non, 14.
00:52Vous avez 14 ans et il en a 40 ?
00:54Oui.
00:55Et c'est vous qui allez d'une certaine manière frapper...
00:58Ça a été fondateur de mon amour pour les hommes.
01:02Mais je sais que c'est un discours qui n'est pas audible aujourd'hui.
01:05C'est-à-dire que le fait de dire qu'à 14 ans on est suffisamment mûrs, deux ans après je rentre au conservatoire,
01:11pour choisir l'homme avec lequel on a envie de démarrer sa vie,
01:16c'est pratiquement pas audible de dire que tous les hommes ont été extraordinaires dans ma vie, même les plus fous.
01:23Je suis d'accord avec vous que dans Ne vois-tu pas que je brûle,
01:26les deux figures masculines sont hallucinantes.
01:29Mais je n'ai trouvé que du bonheur auprès des hommes.
01:34Et je pense qu'aujourd'hui, c'est un discours qui est difficile à tenir.
01:39C'est même...
01:40Et parce que vous êtes cinq, huit...
01:42Enfin, c'est impossible.
01:43Vous ne pourriez pas faire éditer Place Colette ?
01:45Non, mais...
01:46Ah si !
01:47Ah non !
01:48Vous ne pourriez pas faire éditer ?
01:49Non, non, non.
01:50Mais il faut le dire.
01:51Mais évidemment, là, Joseph a raison.
01:52Il y a dix ans...
01:53Mais c'est vous qui l'écrivez ?
01:54Mais oui, mais...
01:56Il y a dix ans, il sort.
01:58J'ai une presse absolument extraordinaire.
02:01On m'invite partout.
02:02C'est un très beau livre.
02:03Aujourd'hui, je suis brûlée en place de grève.
02:05Il y a l'affaire Matzneff.
02:06C'est que...
02:07C'est pour ça que c'est le dernier.
02:09J'arrête.
02:10C'est vraiment le dernier.
02:1124 livres en 25 ans.
02:13Je descends de ce monde.
02:15Je descends.
02:16C'est-à-dire que je ne me retrouve plus...
02:19Alors, la libération de la parole est extraordinaire.
02:22Enfin, les femmes peuvent parler.
02:25Alors, je sais que le mot « mais », déjà, vous voyez, le « mais »,
02:28il devient très, très compliqué.
02:31Alors, je vais quand même oser le dire,
02:34mais il y a quand même des choses, moi, personnellement,
02:38qui m'hallucinent.
02:39Voilà.