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00:00– Bonjour Nicolas Chamontain. – Bonjour.
00:01– Les réactions depuis la mort d'Alberto Fujimori
00:04montrent à quel point cet homme a divisé le Pérou ?
00:07– Oui, déjà ce qu'on peut voir depuis l'annonce du décès d'Alberto Fujimori,
00:12ce sont des rassemblements, un rassemblement en tout cas à Lima
00:16avec des partisans d'Alberto Fujimori,
00:20des personnes pour qui son héritage politique signifie vraiment quelque chose.
00:25Il y a aussi des personnalités du parti qui a été fondé par sa fille,
00:29Keiko, dix ans après son départ du pouvoir.
00:34Le calendrier dans les prochains jours,
00:36ça va être une veillée funèbre au musée national de Lima
00:40qui va durer d'aujourd'hui jeudi jusqu'à samedi.
00:44Samedi, il sera enterré.
00:46Et un deuil national de trois jours vient d'être décrété par la présidence du Pérou,
00:54la présidente actuelle du Pérou, Dina Boloarté,
00:56qui a présenté ses condoléances à la famille d'Alberto Fujimori.
01:02Mais dans le même temps, il y a aussi des réactions moins unanimes,
01:07on va dire, je voudrais notamment attirer votre attention sur cette réaction
01:11d'une présidente d'association de proches de victimes,
01:15de victimes de la répression qu'Alberto Fujimori a orchestrée
01:19contre les guérillas d'extrême-gauche,
01:20avec cette présidente qui dit notamment,
01:23il devait payer pour ce qu'il a fait,
01:24mais maintenant qu'il est mort, que pouvons-nous faire ?
01:27Il n'a pas purgé sa peine, comme le disait Sophie Samay dans son sujet.
01:3116 ans d'incarcération alors qu'il était condamné à 25 ans,
01:34notamment pour avoir commandité des massacres de civils
01:37par un escadron de la mort, un commando de l'armée.
01:41Donc, on voit bien effectivement qu'Alberto Fujimori,
01:45certes, a obtenu des résultats, mais à quel prix ?
01:48Et qu'effectivement, son héritage pose question et est très débattu au Pérou.
01:53– Que reste-t-il de cet héritage aujourd'hui au Pérou ?
01:55– Alors, il y a un pays qui est relativement pacifié,
01:58puisque dans les années 80-90, le Pérou, il y avait des guérillas maoïstes, guévaristes,
02:06on peut notamment penser aux sentiers lumineux d'inspiration maoïste
02:09qui étaient très actives dans le pays.
02:12Alors, Alberto Fujimori, certes, a contribué à mettre fin aux activités de ces guérillas,
02:18mais encore une fois, comme le rappelait Sophie Samay dans son sujet,
02:22en réprimant des opposants, des journalistes, avec des méthodes très contestables.
02:26C'est ce qui lui a valu cette condamnation pour crime contre l'humanité.
02:30C'est à 25 ans de prison.
02:32Il reste aussi aujourd'hui une constitution,
02:35celle qu'il a fait adopter après son autocoup d'État.
02:39Donc, en 1992, il dissout le Congrès, il suspend la constitution
02:44et il en fait adopter une autre, une nouvelle, quelques mois plus tard.
02:48Et c'est une constitution qui, encore aujourd'hui, place l'État péruvien
02:53sous la coupe du secteur privé, en fait.
02:56C'est vraiment une constitution qui grave dans le marbre,
02:59le fait que le Pérou est dans une économie de marché, ce qui est très particulier.
03:04C'est-à-dire que c'est vraiment dans le texte organique, dans la constitution du pays.
03:09Et puis, il reste aujourd'hui un courant politique, le fujimorisme,
03:14qui est un peu un courant populiste de droite, on va dire,
03:18un néolibéralisme un peu autoritaire, qui est notamment incarné par sa fille.
03:23Sa fille est née Keiko Fujimori, qui s'est présentée trois fois à la présidentielle.
03:28Mais paradoxalement, le fujimorisme est toujours présent,
03:31mais n'arrive plus à revenir au pouvoir,
03:34puisque Keiko Fujimori a été défaite à trois reprises
03:37au second tour de la présidentielle, 2011, 2016 et 2021.
03:42Et en 2021, c'était contre un candidat de gauche, Pedro Castillo,
03:47alors que le Pérou est plutôt marqué à droite, historiquement.
03:50C'est un pays où la gauche a du mal à percer, a du mal à enregistrer des succès électoraux.
03:56Et donc, la défaite de Keiko Fujimori, même très mince, même de peu,
04:00contre Pedro Castillo, cet instituteur syndicaliste marqué à gauche
04:06et qui a été ensuite renversé fin 2022 à la faveur de Dina Bolluarté,
04:12ça montre que le fujimorisme est en perte de vitesse quand même.
04:16Et ça se confirmait aussi avant la présidentielle de 2021,
04:20dans des scrutins locaux dans les mois précédents.
04:23– Merci beaucoup Nicolas, OPSEC à suivre.