Lundi prochain, cela fera deux ans que Mahsa Amini est morte après avoir été arrêtée par la police des mœurs iranienne.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite
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00:00Et à 7h22, en toute subjectivité avec vous Anne Rosancher, lundi prochain, Anne, cela
00:05fera deux ans que Marsa Amini est morte après avoir été arrêtée par la police des mœurs iraniennes.
00:12C'est têtu une mèche de cheveux, ça ondule, ça s'emmêle, ça vole au vent et quand
00:17ça s'évade du tissu qui l'en sert, c'est dangereux une mèche de cheveux.
00:22Pour avoir laissé s'échapper trois ou quatre boucles brunes du voile imposé par le régime
00:27des mollahs, la jeune kurde iranienne Marsa Amini a été arrêtée par la police des
00:31mœurs le 16 septembre 2022 puis tabassée jusqu'à ce que mort s'en suive.
00:37La mort pour une mèche de cheveux, ce fut le feu aux poudres, le soulèvement, les chants,
00:42les feux de joie et ses cheveux, tous ses cheveux dévoilés.
00:46C'était trop dangereux pour la république islamique d'Iran, alors ce fut vite la répression
00:51que l'on sait, des manifestants tués, des incarcérations, des femmes violées,
00:57torturées, des hommes exécutés, un soulèvement écrasé en massacrant une jeunesse.
01:02Mais malgré cela, malgré deux ans d'une répression terrifiante, des images continuent
01:07de nous parvenir, encore des femmes et des hommes qui tiennent tête et ses cheveux,
01:12toujours, comme une aspiration, comme dans le poème de Rimbaud quand il dit « je laisserai
01:18le vent baigner ma tête nue ».
01:20Depuis deux ans, des femmes de la diaspora iranienne me disent leur admiration sans
01:24borne pour cette jeunesse, pour son courage.
01:26Les générations précédentes avaient créé des bulles de vie libre dans la sphère close
01:31des appartements.
01:32A l'abri des murs, certains dansaient, buvaient, s'embrassaient déjà, mais leurs petites
01:37sœurs et leurs petits frères ont voulu faire tomber ces murs.
01:41C'est si mystérieux le courage à ce niveau-là, d'où vient-il ? Qu'est-ce qui fait que
01:46certains sont prêts à payer un prix fou pour une idée, un principe, une aspiration,
01:53un droit ? Nous regardons d'ici ce courage-là, et nous ne pouvons pas faire grand-chose si
01:58ce n'est en parler, en parler plus, tout comme il faudrait parler plus du sort des
02:03femmes afghanes.
02:04« Plus réprimées que jamais depuis le 22 août ».
02:07Elles n'avaient déjà plus le droit d'étudier, plus le droit de travailler, plus le droit
02:10de sortir sans tuteur.
02:12Les talibans leur interdisent de faire entendre le son de leur voix dans l'espace public.
02:18Le son de leur voix.
02:20C'est inouï.
02:21Mais sur ce sujet, comme sur la révolte des femmes iraniennes depuis deux ans, il faut
02:25bien dire qu'une certaine discrétion règne dans les rangs d'un militantisme féministe.
02:31Par relativisme culturel, par peur de passer pour islamophobe, de passer pour anti-voile
02:36m'a-t-on dit au sujet des iraniennes, par peur de passer pour réac, et que sais-je
02:40encore.
02:41Ou comme vous voulez.
02:42Cette gêne aux entournures, ces pudeurs sur les combats, si évident, est incompréhensible.
02:48Ici ou ailleurs, il n'y a pas différente définition de l'égalité des droits.
02:54Le cri « Femme, Vie, Liberté » est universel.