• il y a 3 mois
L’échec semble parfois être devenu le nouveau mantra. Autrefois redouté, il est aujourd’hui érigé en vertu. On l’encense, le célèbre, comme s’il était la clé de la réussite. Depuis quand échouer est-il devenu si noble ? Partout, des slogans comme « Échoue encore, échoue mieux ! » masquent une réalité bien plus complexe. [...]

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00:00Dans nos sociétés, l'échec semble parfois être devenu le nouveau mantra. Autrefois
00:14redouté, il est aujourd'hui érigé en vertu. On l'encense, on le célèbre, comme
00:19s'il était finalement la clé de la réussite. Mais depuis quand échouer est-il devenu
00:24si noble ? Partout, des slogans comme « échoue encore, échoue mieux » masquent une réalité
00:29peut-être plus complexe. L'échec, c'est d'abord un rappel brutal, un signal que quelque
00:35chose n'a pas fonctionné, pas une récompense. Apprendre de ses erreurs, oui, bien sûr,
00:41mais en faire un totem, c'est peut-être pousser le paradoxe un peu loin. L'échec,
00:44ce n'est pas une médaille d'honneur, c'est un avertissement. Pourquoi s'attarder sur
00:50ce qui ne marche pas alors qu'on pourrait plutôt se concentrer sur ce qui fonctionne
00:54et essayer de le reproduire sans relâche ?
00:56La sagesse de la réussite réside dans la répétition des bonnes pratiques. C'est
01:02la proposition de Lafley et Martin dans Playin' to Win qui analyse ainsi comment la clé du
01:07succès réside dans l'effort répété, pas dans l'analyse ad nauseum des erreurs.
01:12« L'excellence est une habitude » nous rappellent pour leur partir épique et ses
01:17co-auteurs dans l'art de la performance. Parce que la stratégie vise la victoire,
01:23pas l'échec. Parce qu'il ne s'agit pas de vénérer les faux pas, mais de les
01:27dépasser. Parce que no pain, no gain, comme on dit.
01:32Il existe certes une dimension stratégique à l'échec, lorsqu'on choisit délibérément
01:36par exemple de perdre une bataille, pour mieux « remporter une guerre ». Cet « art
01:41de perdre » montre que parfois il faut savoir sacrifier un pion aujourd'hui pour remporter
01:46la partie demain. Mais cette approche doit rester lucide et calculée, pas célébrée
01:51comme une fin en soi. La glorification de l'échec, c'est un
01:54danger. Ce culte moderne de l'échec frôle parfois le grotesque. Demander après tout
02:00un chirurgien de se vanter de ses échecs serait absurde. Pour lui, seule la victoire
02:06compte. Même s'il faut toujours garder en tête que le succès, s'il est mal géré,
02:11peut conduire à la chute. Danny Miller, élu chercheur le plus influent des 25 dernières
02:16années par l'Academy of Management, ne le rappelle avec l'histoire d'Icar, grisé
02:19par sa réussite qui s'est trop rapprochée du soleil.
02:22Mais arrêtons quand même de glorifier l'échec, c'est la victoire qu'il faut célébrer.
02:27Comme le dit l'adage, ce n'est pas en tombant dix fois qu'on apprend à courir
02:31vite. Le vrai stratège ne s'attarde donc pas sur les défaites, il les accepte parce
02:36qu'il n'a pas le choix, mais il se projette déjà vers les victoires futures, car rien
02:40ne serait pire pour lui que de devenir un self-made loser.
02:44Célébrons donc plutôt la victoire avec les mots de Nelson Mandela.
02:48Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j'apprends.
02:52Ça nous changera.

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