Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00Il y a, bon moi ces mots je l'adore, il y a Philippe Jaenada qui est à la fois dans le Goncourt et le Renaudot.
00:05Philippe Jaenada vous savez c'est l'inspecteur Gadget, c'est un écrivain hyper drôle mais qui enquête sur des faits divers tragiques.
00:12Alors il prend ça tout à fait au sérieux, il va dans les archives, il interroge éventuellement des témoins, il va sur place etc.
00:19C'est très très sérieux, très respectueux des victimes quand il y en a, des faits divers, mais en même temps il nous décrit son enquête
00:26et comment il loue une voiture et comment il arrête de fumer et dans ces parties là c'est hilarant.
00:30Donc ça crée une sorte de contraste génial, à chaque fois il ne peut pas s'empêcher, il fait 5 ou 600 pages.
00:35Là il s'est un peu freiné, il ne fait que 480 pages et il nous raconte le Saint-Germain-des-Prés du début des années 50
00:41parce qu'il est tombé sur un livre de photos d'un mec un peu clodo, un photographe hollandais
00:45qui à l'époque prenait des photos dans le bistrot de Chez Moineau, qu'on retrouve, qui est mentionné par Modiano de temps en temps aussi.
00:52Et donc il a cette photo en noir et blanc où on voit des jeunes traînassés, des jeunes de 18-20 ans
00:57et ce sont des destins brisés qui traînent là parce que les bistrotiers de Chez Moineau les laissent traîner là toute la journée,
01:04y compris la nuit parfois, ils dorment là, ils mangent là, ils font rien de particulier.
01:08Ils ont vécu la guerre, ils avaient 9-10 ans et parmi eux il y a une fille qu'on surnomme Kaki, qui a 20 ans,
01:15qui a été pendant deux semaines mannequin Dior, voyez un peu, très très jolie fille, très solaire, c'est un peu la mascotte du quartier.
01:21Je parle de Saint-Germain-des-Prés des années 50, c'est-à-dire que c'est le gouffre de Paris, c'est vraiment pas cher du tout,
01:27c'est pas du tout le Saint-Germain chic d'aujourd'hui.
01:29Et en fait un jour elle s'est défenestrée de la chambre de son hôtel, elle était avec son petit copain qui était un ancien G.I. américain
01:37et Jaynada veut comprendre pourquoi et ce faisant il nous raconte cette époque-là.
01:43Donc ça c'est votre coup de cœur, rappelez-nous le titre.
01:46C'est « La désinvolture est une bien belle chose », c'est chez Miyalé Barrault, Philippe Jaynada.
01:50Il y a des surprises et des choses très bien aussi dans ce Goncourt et ce Renaud d'eau, il y a par exemple Olivier Norek,
01:56Olivier Norek qu'on connaît bien, ben voilà, parce qu'il fait du polar, super, il y a eu Surface, il y a eu Dans les brumes de Capellan,
02:04Entre deux mondes, enfin il fait partie de ces polardeux qui se classent en tête des ventes comme Bernard Millier et tout ça.
02:12Sauf que là, Olivier Norek je le connais un peu, c'est un type qui a de l'audace, il s'est dit « moi je veux plus paraître au printemps et tout ça,
02:18je veux me mettre sur les rangs comme tout le monde, comme les autres écrivains, sur les rangs de la littérature blanche,
02:23c'est-à-dire la littérature goncourable » et il s'est mis dessus et voilà, et ben il est sélectionné pour le Renaud d'eau et pour le Goncourt.
02:30Et alors c'est pas tout un polar, ça perd les guerriers de l'hiver chez Michel Laffont, je ne l'ai pas encore lu,
02:35donc je ne peux pas vous en dire tellement plus, ça se passe en Finlande, c'est la guerre, voilà c'est beaucoup plus...
02:39Vous lisez d'ailleurs, un journaliste littéraire lit combien de livres par jour ?
02:45Moi j'ai une chronique tous les matins, plus l'émission, ça me fait trois romans à lire parce que le jeudi je fais du poche et le vendredi je fais un classique.
02:52Par jour ?
02:53Non, trois par semaine.
02:54Ah, trois par semaine, d'accord.
02:56Physiquement c'est impossible trois par jour, je vous le dis tout de suite, moi je fais du 90 pages à l'heure, donc vous faites le calcul.
03:01Ce qui est énorme, 90 pages à l'heure, moi je dois faire du 40 pages à l'heure.
03:06Vous avez la chance de lire très tranquillement quand vous rentrez chez vous, c'est bien aussi.
03:09Mais 90 pages à l'heure, vous vous rendez compte, c'est vraiment de la lecture rapide.
03:12En plus qu'on parle de vitesse, j'ai aussi un autre chouchou qui s'appelle Philibert Hume, roman de gare, c'est aux éditions des Équateurs,
03:19il avait fait Roman Fleuve il y a deux ans, qui avait été salué par le Prix Interallié, qui s'est très bien vendu, il nous racontait son périple,
03:26c'est des histoires vraies à chaque fois, il avait acheté un vieux canoë avec deux copains, ils avaient descendu la Seine jusqu'au Havre,
03:32et il nous racontait son périple, c'était génial et très très drôle.
03:35Et là il continue avec Roman de gare, cette fois il a décidé de devenir un hobo, vous savez les vagabonds du rail,
03:40on saute dans un train de marchandises, c'est complètement illégal, on risque six mois de prison, 3000 euros d'amende,
03:45mais lui il l'a fait quand même, et après il nous raconte ça, et c'est très très très drôle.
03:49Et mine de rien, on voyage avec lui, on découvre des endroits, parce que les gares de triage, c'est rarement en centre-ville,
03:55on arrive dans la Pampa au milieu de nulle part, il part de Villeneuve-Saint-Georges, il descend d'abord,
04:00sans savoir où il va arriver d'ailleurs, il arrive du côté de Rion, dans le Puy-de-Dôme, un petit peu au nord de Clermont-Ferrand,
04:06puis ensuite il va partir du côté de Lyon, mais pas du tout à Lyon, je veux dire à 40 kilomètres, au milieu de nulle part,
04:12donc il découvre des campagnes, des bistrots et tout ça, ensuite il repart à une gare de triage, il faut passer sous le grillage,
04:17il est avec un copain, c'est hilarant, c'est génial, Roman de gare.
04:20Cher Nicolas, encore deux ou trois coups de cœur, d'abord, est-ce qu'il y a des grands noms ?
04:26Quand je parle de grands noms, c'est Houellebecq, c'est Budiano, c'est d'autres sans doute.
04:34Il n'y en a pas parce que, par exemple, Houellebecq a déjà eu le concours, Budiano a eu le prix Nobel,
04:38et donc il ne s'aligne pas en septembre avec cette compétition et la course au prix,
04:43parce qu'on ne va pas s'occuper d'eux, on va s'occuper de ceux qui sont sur les listes,
04:46et ils n'y seront pas, et donc ils sortent en janvier ceux-là en général.
04:49Ah, d'accord, effectivement.
04:51Donc là, c'est une… et Emmanuel Carrère, par exemple, que j'aime beaucoup.
04:55Emmanuel Carrère revient de temps en temps, rentrée de septembre, effectivement.
04:58Il n'a jamais eu le concours, Emmanuel Carrère ?
05:00Non.
05:01C'est quand même étonnant, je trouve que c'est un des écrivains que je suis et que je préfère depuis tant d'années.
05:06Immense, mais vous savez, le concours, ce n'est pas de la justice, parfois c'est injuste,
05:10parfois il y a des effets de contexte, parce qu'il y a tel écrivain qui rencontre plus son époque à ce moment-là.
05:15C'était le cas de Brigitte Giraud, notamment, il ne m'avait pas bouleversé son roman il y a deux ans.
05:19Il y a des équipes qui se créent dans les jurys, donc parfois il y a une équipe qui en défend un,
05:24une autre qui en défend un autre, et on se met d'accord sur un troisième qui est un compromis,
05:28qui ne satisfait personne, ça arrive aussi, il y a tout, et parfois on a des belles surprises.
05:32Et là, par exemple, il y en a un que j'aime beaucoup, qui s'appelle Étienne Kern,
05:36qui a eu le concours du premier roman déjà, pour son précédent livre qui s'appelait Les Envolés,
05:40et là il revient avec La Vie Meilleure.
05:42Il est à la fois sur la liste du concours et du Renaud d'Eau, lui aussi.
05:45Étienne Kern, qui nous raconte la vie d'Émile Coué, à l'origine de la méthode Coué.
05:51C'est quand même une idée géniale !
05:54Et qui a créé son truc là, comme ça, de...
05:58Comment on appelle ça ?
06:00D'auto-persuasion !
06:02La méthode Coué !
06:03Où tout va bien, je vais bien, etc.
06:05Et il y croyait vraiment, il y a une sincérité touchante chez ce type-là.
06:08Alors il y a un avantage peut-être à ce bouquin, c'est qu'il doit faire 150 pages.
06:10Ouais, alors 180 je crois.
06:12Donc ça c'est bien pour nos auditeurs.
06:13Il écrit toujours très court, et ça c'est chouette aussi pour moi.
06:15Son précédent, il a souvent des super idées.
06:17La vie d'Émile Coué, c'est génial.
06:19Son précédent, c'était sur la vie du type, je ne sais pas si vous aviez vu cette vidéo,
06:21qui avait circulé sur les réseaux sociaux.
06:23Une vidéo en noir et blanc, où on voit un type qui saute de la tour Eiffel,
06:26avec une forme de parachute, mais qui ne fonctionne pas.
06:28Et le type s'écrase, la vidéo date de 1912.
06:31C'était un type qui avait voulu inventer le parachute et qui a raté.
06:34Et il nous a raconté sa vie.
06:36C'était une super idée.
06:37Et il revient avec la vie d'Émile Coué.
06:39Il y a aussi Maud Ventura qui revient.
06:41Elle avait tout trusté avec Montmary.
06:44Exactement, édition de l'Iconoclast.
06:46Elle revient avec Célèbre.
06:48Et c'est très malin, c'est l'histoire de Cléo,
06:50qui vit dans une famille banale,
06:52et dont le rêve est de devenir célèbre,
06:56comme beaucoup.
06:58Je ne vous raconte pas ce qui se passe,
07:00mais c'est toute une réflexion sur la célébrité aujourd'hui,
07:04et ce délire qu'on a avec la célébrité.
07:06Ça, ça nous intéresse.
07:08C'est un livre intéressant.
07:09Édition de minuit.
07:10Ça, c'est très intello, généralement, édition de minuit.
07:12Pas forcément.
07:13Et Yves Ravet, il revient toujours.
07:15Regardez, c'est pareil.
07:16Lui, il fait 120 pages.
07:17À chaque fois, c'est très court, Yves Ravet.
07:19Mais c'est une ambiance très particulière,
07:21une voix très particulière.
07:22Et là, c'est l'histoire d'un type
07:24dont la voisine le dragouille un peu.
07:29Il ne sait pas trop ce qui se passe.
07:30Et puis, en fait, il comprend au bout d'un moment.
07:31Elle lui propose de cambrioler son propre mari,
07:34et puis de s'enfuir avec elle
07:36en prenant tout l'argent de son mari.
07:38Et lui, il donne une sorte d'ennui.
07:41Pourquoi pas, t'es sûr, on verra.
07:43C'est ça, Yves Ravet, en fait.
07:44Je ne sais pas comment vous dire mieux.
07:46C'est vraiment une atmosphère très particulière.
07:48Yves Ravet, aux éditions de minuit.