• il y a 3 mois
David Louis revient sur la multiplication des refus d'obtempérer, comme celui qui a coûté la vie au gendarme Eric Comyn le 26 août dernier à Mougins. On dénombre pas moins de 25 000 délits de ce type par an, un toutes les 20 minutes en moyenne. Parfois tragiques, ils en deviennent des crimes. Comment lutter contre ce fléau ? Et jusqu'où les forces de l'ordre accepteront-elles d'être ainsi mises en danger ?

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Transcription
00:00Générique
00:25Le 26 août dernier, à Mougins, un chauffard percute et tue
00:29le gendarme Éric Commin lors d'un énième refus d'obtempérer.
00:33Ces derniers se sont multipliés ces dernières années,
00:35au point que l'on en dénombre pas moins de 25 000 par an.
00:39Un, toutes les 20 minutes en moyenne.
00:42Comment peut-on lutter contre ce fléau ?
00:44Et jusqu'où les forces de l'ordre accepteront-elles
00:47d'être ainsi mises en danger avec toujours moins de considération
00:50pour leur intégrité physique et morale ?
00:53Hier soir, près de Cannes, un conducteur en état d'ivresse
00:56a refusé d'obtempérer, il a percuté et tué un gendarme.
00:59Il était 20h40 sur le territoire de la commune de Mougins,
01:03à l'entrée de l'autoroute A8, au niveau d'une zone commerciale
01:06où les contrôles routiers sont réguliers lorsque le drame s'est produit.
01:10Le policier a voulu faire son intervention
01:14et le chauffard, lui, a fait un refus d'obtempérer,
01:17il l'a fauché de plein fouet.
01:20Hier soir, 20h40, la nuit tombe sur Mougins.
01:24Lorsque cette voiture force un contrôle de la brigade motorisée
01:27dans cette zone commerciale.
01:29L'adjudant Éric Comines, 54 ans, est percuté.
01:32Les secours ne parviendront pas à le réanimer.
01:35Voici les images des quelques secondes
01:37qui ont précédé la mort de l'adjudant Comines.
01:39Le gendarme de 54 ans et ses collègues procèdent à un contrôle routier.
01:43Ils ordonnent à des automobilistes de s'arrêter
01:45et limitent la circulation à une seule voie.
01:47Ils sont parfaitement identifiables, donc jusque-là tout est parfaitement conforme.
01:50Et vous avez ce véhicule-ci qui va déboîter,
01:53qui va sortir de sa trajectoire.
01:55Et il percute de plein fouet, ce gendarme placé le plus à droite.
01:59Vu le suspect affirme n'avoir pas vu le gendarme sur la chaussée
02:02et, pris de panique, avoir quitté les lieux.
02:05Pour moi, ce n'est pas un accident.
02:06Quand on voit un barrage de gendarmerie, ça se voit de loin,
02:10c'est quelque chose qui est visible.
02:12Ils sont faits pour être vus, les gens de droite s'arrêtaient.
02:17Ce n'est pas au dernier moment qu'on s'aperçoit qu'il y a un contrôle de gendarmerie.
02:21Si la voiture, à toute vitesse, passe le barrage,
02:26percute un gendarme et le tue,
02:29pour moi, ça ne peut pas être un accident.
02:31C'est mon point de vue, bien sûr.
02:33Mais ça ne peut pas être un accident, c'est quelque chose de délibéré,
02:36c'est-à-dire que c'est fait volontairement.
02:38Sur ces images, on n'a pas l'impression que le véhicule ralentit.
02:41Bien au contraire, on voit qu'il y a une trajectoire qui reste quand même assez rectiligne
02:44et qui, en tout cas sur le plan des images,
02:47dénote plutôt qu'il y a accélération plus que décélération.
02:51Le gendarme, je vous dis, il était en face de moi,
02:545 mètres de la voiture, il lui a fait signe de se mettre sur le côté.
02:58Vraiment, c'est flagrant.
03:00Ah oui, c'est flagrant, il a mis un pied planché,
03:04il l'a écrasé et il s'est enfui.
03:06Franchement, ça s'est passé 5 secondes, c'est grand maximum.
03:10Il a été interpellé à Cannes, à 4h05 précisément,
03:14par les gendarmes de la brigade de recherche.
03:16Selon ses déclarations, il comptait se rendre au commissariat,
03:19mais tout ça est à prendre avec beaucoup de prudence
03:21parce qu'il a bien été interpellé,
03:23il ne s'est en aucun cas constitué prisonnier.
03:26Cet homme en garde à vue ici à la brigade de gendarmerie de Cannes
03:29a été interpellé vers 4h du matin
03:31alors que sa famille venait de le convaincre de se rendre.
03:35Il était en chemin quand les policiers,
03:37grâce à la géolocalisation de son portable,
03:39l'ont cueilli dans une rue de Cannes,
03:41puis remis aux gendarmes qui mènent l'enquête.
03:43Le ministre démissionnaire de l'Intérieur a indiqué
03:45qu'il s'agissait d'un délinquant de la route,
03:47déjà connu pour des refus d'obtempérer.
03:50Le chauffard présumé, un Capverdien de 39 ans,
03:53situation régulière en France,
03:55détenteur d'un permis de conduire valide,
03:57était, semble-t-il, hier soir sous l'emprise de l'alcool
04:00quand il a percuté le gendarme.
04:02Le suspect en garde à vue est un Capverdien né en 1985.
04:06Il possède un titre de séjour valide d'une durée de 4 ans
04:10qui court jusqu'en janvier 2026.
04:13Il était connu des services de police et de la justice,
04:15principalement pour atteinte aux personnes
04:18et pour infraction à la circulation routière.
04:20Il a été condamné dix fois déjà,
04:22notamment pour délit de fuite en 2012,
04:25pour conduite sans permis en 2014.
04:27C'est un problème qui a explosé au moment du Covid,
04:31où il y a eu un accélérateur, si on peut parler comme ça.
04:33Moi, ce qui me frappe, c'est que cette personne
04:34qui a été dix fois condamnée,
04:35que la France lui a ouvert les bras
04:37pour l'accueillir pendant quatre ans,
04:39c'est une personne d'origine capverdienne.
04:41Et ce qui paraît ahurissant, c'est qu'après dix condamnations,
04:47cette personne ne s'est même pas vue retirer sa carte de séjour.
04:50On peut clairement dire qu'il s'agit d'une tentative d'homicide
04:54sur personne dépositaire de l'autorité publique.
04:57A priori, pas d'ambiguïté, en tout cas, l'intention était là, oui.
05:00On patie aussi avec la famille, parce que tous les policiers
05:06ont connu un collègue, soit qui s'est suicidé,
05:08soit qui est mort en service.
05:10Donc, on connaît un peu ce genre de situation,
05:12c'est assez compliqué,
05:13parce qu'on sait tout ce qui va en découler derrière.
05:15Voilà quelqu'un qui est multirécidiviste,
05:17donc qui a été condamné à plusieurs reprises,
05:21qui a été manifestement plusieurs fois incarcéré,
05:25vraisemblablement, pour les délits qu'il a commis,
05:28qui est ressorti.
05:29Et donc, ça, si vous voulez,
05:31infuse quand même dans l'opinion publique l'idée que,
05:34finalement, la justice ne ferait pas son travail
05:37à la hauteur de ce qu'attendent les citoyens.
05:39Il faut réfléchir sur ce qui s'est passé
05:41et comment faire en sorte qu'on sorte, en tout cas,
05:45des schémas dans lesquels on est,
05:49qui font que les politiques de sécurité
05:51et les politiques pénales, qui sont d'ailleurs en parallèle
05:54et qui jamais ne se concertent,
05:56les deux ministères de l'Intérieur et de la Justice,
05:58il faut sortir de ce modèle.
06:00C'est un modèle du XXe siècle, c'est un modèle dépassé.
06:03Tout en respectant l'autorité de la chose jugée,
06:06les décisions de justice,
06:07il faut que les politiques de sécurité
06:09et les politiques pénales s'élaborent conjointement.
06:11Tout ça repose sur une politique des quartiers
06:16où vivent la plupart des jeunes gens en question,
06:21politique, qui fait que, depuis 40 ans,
06:25on commet un contresens absolument énorme
06:28en disant que ce qui pacifiera et fera plaisir
06:33ou sera utile à la majorité de la population
06:37de ces quartiers-là, qui en gros n'attend rien d'autre
06:40qu'on lui fiche la paix et mener ses petites affaires
06:42comme elle l'entend,
06:44par rapport à la minorité dans ces quartiers-là,
06:46qui est une minorité criminalisée,
06:48une criminalité qui se livre au trafic,
06:52une minorité criminelle qui se livre au trafic,
06:54une minorité à qui on peut déverser tout l'argent qu'on veut
06:58et améliorer et repeindre tous les immeubles qu'on veut,
07:01ça n'aura aucun effet sur elle.
07:03C'est-à-dire que la politique de la ville est sans effet
07:06sur la minorité criminelle de ces quartiers-là.
07:09Ça fait 40 ans que la justice, aidée par les politiques,
07:13ont un seul but, c'est de n'envoyer personne en prison
07:16et de faire libérer le plus rapidement possible ceux qui y sont.
07:19Ça date d'environ 40 ans,
07:22et il y a toute une série de mécanismes
07:24qui ont été mis en place depuis les années 80-90,
07:28de libération anticipée, de non-envoi en prison,
07:32de personnes pourtant condamnées à de la prison ferme.
07:34Moi j'ai été blessé sur un refus d'obtempérer à la jambe,
07:36je ne m'en suis jamais remis au mollet.
07:38J'étais sur un saucissonnage où on nous appelle,
07:41puis je cours après le gars à pied et le gars monte dans une voiture.
07:45Je vois le véhicule qui, du coup, vient dans ma direction
07:49et je sors mon arme, à l'époque c'était un Manurhin,
07:51donc c'était un revolver, c'est un barillet,
07:53non pas l'épistole automatique qu'on a aujourd'hui.
07:56Et je me vois en train de le tenir en joues
07:58et de crier arrête-toi, arrête-toi,
08:00et je me souviens du marteau qui se lève
08:05et donc j'allais tirer.
08:07Et le quart de seconde de réflexion que j'ai eue c'est
08:10j'ai un collègue de là-bas qui a tiré à Goussainville il y a trois mois
08:12et il vit un enfer, ma vie ne sera plus la même,
08:16donc je lâche, je saute et le véhicule percute mon mollet.
08:19Mais il est certain que dans la mentalité des gangsters,
08:22le policier d'abord c'est un ennemi,
08:25c'est un ennemi, un empêcheur de tourner en rond
08:29parce que c'est celui qui va vous empêcher d'aller agresser les gens,
08:34d'aller cambrioler, d'aller voler, d'aller violer, tuer éventuellement.
08:38Donc le policier et le gendarme ce sont des ennemis.
08:42Et c'est vrai qu'il y a dans la mentalité des délinquants
08:48l'idée selon laquelle le policier il a choisi,
08:52il n'avait qu'à faire autre chose tant pis pour lui,
08:53le gendarme c'est pareil,
08:55le gendarme il n'avait qu'à ne pas être gendarme et c'est tout,
08:57s'il est gendarme, s'il a choisi son camp
09:00et le fait de risquer sa vie, ça fait partie du métier
09:04et s'il meurt c'est le risque du métier.
09:08La vidéo a fait le tour des réseaux sociaux
09:10de motards de la gendarmerie qui poursuivent à contresens un homme en scooter.
09:15La scène se déroule en plein après-midi à Colmar.
09:18L'individu qui commet un refus d'obtempérer prend dès lors la fuite à pied.
09:22Il est ensuite poursuivi par un automobiliste qui l'a percuté et les forces de l'ordre.
09:27Interpellé, l'homme de 36 ans serait très connu des services de police.
09:32On est tous aujourd'hui formés à ne pas tirer.
09:35On ne pense plus à la vie d'autrui,
09:37parce que quand on tire c'est pour sauver soit sa vie soit celle d'autrui,
09:39c'est le cas de la G7 Défense.
09:41Là on ne pense pas à sauver la vie d'une pauvre gamine qui va traverser la rue,
09:45on ne pense pas à sauver sa propre vie,
09:48on pense tout de suite aux conséquences de notre tir.
09:50Et c'est ça qu'il faut changer,
09:52parce que nous sommes la seule corporation
09:54où on a un quart de seconde pour réfléchir
09:56et quoi qu'il arrive on aura des politiques ou des juges
10:01assis au fond de leur canapé
10:03qui vont nous expliquer comment il aurait fallu faire à ce moment-là.
10:07On va avoir le GPN qui va nous placer en garde à vue
10:09et qui va nous mettre la pression,
10:10qui va nous prendre une prise de sang pour savoir si on n'a pas consommé.
10:14Voilà, la charge de la preuve,
10:17on va tout de suite mettre la pression sur le policier.
10:19Il a tiré, il faut lui trouver quelque chose.
10:22Et aujourd'hui, de mon point de vue,
10:24les policiers ne peuvent plus défendre la population.
10:26Aujourd'hui, le danger, ce n'est plus le voyou qui est en face,
10:29le danger aujourd'hui, c'est le juge, c'est l'administration,
10:33c'est les journalistes, c'est les politiques
10:35qui vont vous appuyer sur la tête si vous avez tiré.
10:37Donc votre seul choix,
10:38c'est soit partir entre quatre murs, soit partir entre quatre planches.
10:41Alors ne tirez pas, voilà.
10:43Et la plupart des policiers ne tirent pas.
10:45Au fond, le citoyen lambda normal, pardon de parler aussi crûment,
10:48il s'arrête.
10:49Je veux dire, Samia, vous, moi, quand on a un policier devant nous
10:52qui nous dit de nous arrêter, on se range, on s'arrête.
10:54On ne commence pas à faire le cow-boy et à foncer dessus.
10:57Donc qui ne s'arrête pas ?
10:59C'est toujours la même chose.
11:00C'est les mafieux, c'est les voyous, c'est les gangsters.
11:02En fait, sinon, on s'arrête.
11:04Qui ne s'arrête pas ?
11:05Je veux dire, qui ne s'arrête pas face à la police ?
11:08C'est ça qui est ahurissant.
11:09Et c'est vrai que c'est forcément qu'on a quelque chose à se reprocher.
11:12Et si vous voulez, moi, j'entends tout ce qu'on dit à chaque fois,
11:14la politique de l'excuse.
11:15Mais là, il n'y a pas d'excuses, en fait.
11:17Il n'y en a pas.
11:18Et donc, c'est vrai qu'après, on se retrouve avec des policiers
11:20qui se retrouvent, comme pour les rodéos urbains,
11:22en se disant, oui, mais si jamais je le poursuis,
11:25si jamais il se casse la gueule, si jamais il se tue,
11:26ça va être de ma faute.
11:27Eh bien, on en crève de ça.
11:29Il faut bien comprendre que pour une catégorie de personnes
11:31qui vivent chez nous, sur notre territoire,
11:33la vie humaine n'a pas la même valeur.
11:36Et la vie humaine d'un gendarme, d'un policier, ça ne vaut rien.
11:42C'est juste une…
11:44C'est comme un jeu, c'est comme un jeu vidéo.
11:46J'avais fait des stages sur ma chaîne YouTube « Touche pas à mon flic »
11:49où je mettais des journalistes et des contradicteurs,
11:51mais je trouve très peu de contradicteurs qui veulent le faire,
11:52et je vous mets en situation réelle.
11:53Et vous allez voir que vous avez un quart de seconde pour sauver votre vie
11:57et que vous n'allez peut-être pas réagir bien.
12:00Et ça, ça va vous emmener en prison.
12:03Alors, quand un chirurgien se trompe, un médecin se trompe,
12:06un juge se trompe, et pourtant, lui, il n'a pas un quart de seconde
12:08pour se tromper, il a du temps pour se tromper.
12:10Mais quand il se trompe, lui, il n'a pas vraiment de conséquences.
12:13Le policier, lui, n'a pas le droit de se tromper.
12:15— Emmanuel De Villiers, on doit durcir les sanctions ?
12:18— C'est le moins qu'on puisse dire.
12:21Ces refus d'obtempérer, c'est la face apparente de l'iceberg
12:26de toutes les incuries, les défauts d'assurance, les défauts de permis.
12:30Non, il faudrait une révolution judiciaire en la matière.
12:33Ce n'est pas simplement un ajustement, il faut revoir totalement les choses.
12:36Il faut sans doute envoyer le curseur,
12:38parce qu'il y a toujours un effet de balancier dans le sens inverse
12:41d'une fermeté extrême,
12:44avec la possibilité de mettre hors d'état de nuire sur le champ,
12:48à l'appréciation des forces de l'ordre,
12:50et puis des niveaux d'incarcertation.
12:51— C'est ce que tu appelles « hors d'état de nuire », c'est-à-dire ?
12:53— La possibilité d'ouvrir le feu, évidemment, de manière mortelle,
12:57puisque là, c'est le policier, le gendarme qui a été assassiné.
13:01Non, il faut aller très, très loin.
13:03— C'est à l'appréciation du policier, c'est compliqué sur une fraction de seconde.
13:06— Bien sûr, mais il faut arrêter d'être dans cette culture,
13:08comme on le dit, de l'excuse,
13:09dans cette culture de la mensuétude, de la victimisation,
13:14parce que les forces de l'ordre ont droit,
13:15dans la difficulté de l'exercice de leurs fonctions,
13:17ont droit au moins à cette protection de leur vie.
13:19— Dès qu'il soit majeur ou mineur, on l'a vu encore à Clamart,
13:24le 3, la nuit du 3 au 4 juin,
13:26où un jeune homme de 14 ans volant d'une voiture volée à 2h50 du matin
13:30a pris la vie d'un homme de 34 ans.
13:32— La clé d'étranglement que Castaner a enlevée au policier,
13:35c'est-à-dire que quand vous battez,
13:36vous devez d'abord réfléchir à ne pas blesser le voyou.
13:40On rentre dans un système complètement fou.
13:42Attention, je vais me battre avec un gars qui est plus gros que moi,
13:44qui est plus balèze que moi,
13:45mais je vais faire attention à ne pas l'étrangler.
13:46Donc là, maintenant, si c'était Pannot,
13:48effectivement, je vais faire attention à ne pas trop le pousser
13:50si je me bats avec lui.
13:51Non, mais imaginez ces gens-là qui n'ont jamais vécu
13:53une situation de conflit ou de bagarre.
13:55Ils ne connaissent ça que par la télé, par la fiction d'ailleurs.
13:58À chaque fois, je les invite, c'est pour ça que je disais,
13:59même pour les juges, les magistrats,
14:03il faut faire des stages, il faut vivre des situations
14:05pour comprendre pourquoi le policier réagit comme ça ou pas,
14:07pourquoi il a mal réagi, ça peut arriver.
14:09Mais si demain, oui, vous avez un Mélenchon,
14:11je ne vois pas des policiers prendre des risques,
14:13mais de toute façon, c'est les instructions qu'ils auront.
14:16Arrêtez d'interpeller.
14:18Moi, je ne vois jamais, à moins qu'il y ait une récidive,
14:20toutes les semaines, je dis bien toutes les semaines.
14:22Si vous voyez l'affaire Nail, il est interpellé déjà le week-end.
14:25Deux jours avant de faire son octempérie,
14:26il regarde à vue dans les locaux, dans les hauts de scène.
14:29Il devait être condamné.
14:31Malheureusement, il est parti entre-temps,
14:32mais il devait passer devant un juge.
14:34Quand on téléphone au procureur d'arrêt public,
14:38toutes les places pour une comparaison immédiate le lendemain
14:40sont déjà à peu près toutes prises.
14:42Le défaire à la justice, c'est donc difficile.
14:44Et puis, quand ils passent en comparaison immédiate,
14:47ils prennent des sanctions qui sont relativement faibles
14:49et puis, en général, qui ne sont pas exécutées,
14:51qui se sont vite transformées en…
14:53La prison ferme est transformée en brasse électronique,
14:55donc ça les fait rigoler, quoi.
14:56Autrement dit, ils n'ont pas peur de la police,
15:01ils n'ont pas vraiment peur de la justice non plus.
15:02On va vous dire que les prisons sont pleines,
15:04on va vous dire que la prison n'est pas la solution.
15:07Alors, je me demande ce que c'est la solution.
15:09Elle est où ?
15:0941% des personnes condamnées à de la prison ferme
15:13ne vont pas en prison, ne mettent jamais un pied en prison.
15:1641%.
15:17Imaginez, on est pratiquement à la moitié.
15:19La France a un appareil régalien.
15:23L'appareil régalien est composé de la police, de l'armée,
15:29de la justice et de l'appareil pénitentiaire.
15:32Cet appareil, on n'est pas en Corée du Nord,
15:35sous M. Kim Jong-un, quelque chose là.
15:38On est dans un état de droit.
15:40Dans un état de droit, il y a des codes qui vous disent
15:43comment vous devez vous conduire.
15:45Pour que tout ce qu'on a vu s'arrête et s'arrête
15:48au premier jour, à la première heure,
15:50il faut et il suffit d'appliquer le code pénal
15:54tel qu'il existe aujourd'hui,
15:56sans y ajouter et retirer rien.
15:59La ruse des gens qui nous gouvernent
16:01quand quelque chose foire de manière irrémédiable,
16:05alors vous faites une nouvelle loi
16:06et elle n'est pas plus appliquée que les autres.
16:08Voilà, donc ce n'est pas la peine de faire une loi de plus.
16:10Je vous garantis que si le code pénal est appliqué,
16:14non pas de manière hystérique, mais simplement normalement,
16:17c'est quand même dur d'avoir le droit de respirer.
16:20Donc déjà ça, si on applique ces règles-là,
16:22eh bien on a résolu 90% du problème.
16:27Depuis 20 ans, on a une multiplication des outrages,
16:31des rébellions.
16:31Certains disent, oui c'est la faute des policiers,
16:35violences systémiques.
16:35Quand il y a des violences systémiques
16:37et qu'il y a des brebis galeuses,
16:38elles sont expulsées de la police ou elles sont sanctionnées.
16:42Il y en a, il y a un travail à faire.
16:43Mais il ne faut pas confondre les trains qui déraillent,
16:46les 0,1% avec les trains qui arrivent à l'heure.
16:49Combien de voyous aujourd'hui se sentent libres
16:51de pouvoir faire des refus d'obtempérer,
16:53de mettre en danger la vie des autres ?
16:55Puisqu'ils savent que la sanction sera moindre,
16:57voire aucune sanction,
16:58et que si par malheur ils sont interpellés,
17:01ils auront de toute façon la France insoumise
17:03qui leur dira que ce sont des victimes.
17:05Donc oui, bien sûr, tout changer, c'est d'abord politique,
17:08c'est aussi les juges.
17:09Moi par exemple, avec mon syndicat,
17:11on avait demandé à ce que les juges aient des formations
17:14de légitime défense,
17:16de savoir ce que c'est d'avoir une arme.
17:18Parce que ce n'est pas contre le juge lui-même,
17:20mais qui peut savoir ce que c'est d'avoir une arme ?
17:23Qui sait ce que c'est que d'avoir un quart de seconde pour réfléchir ?
17:26Nous, on est en colère.
17:28Il y a un refus d'obtempérer toutes les 20 minutes.
17:30La voiture, ça a encore été démontré,
17:32c'est une arme par destination.
17:33C'est quelqu'un qui, volontairement, a tué notre collègue.
17:37Nos collègues, mes collègues,
17:39prennent des risques tous les jours pour assurer la sécurité publique.
17:43Et là, j'espère que l'ensemble de la classe politique,
17:45en tout cas, va présenter ses condoléances
17:47à la famille du collègue qui a été tué,
17:50à toutes les forces de sécurité intérieure,
17:53aux proches de la victime, et au moins être à l'unisson pour dire
17:57que nous sommes là en permanence pour protéger la société,
17:59assurer la sécurité des Français et des Français,
18:02et non pas encore tomber dans un débat
18:04qui ne soit pas à la hauteur, malheureusement, du drame qui vient d'arriver.
18:08L'état d'esprit des policiers et des gendarmes dans ces situations-là,
18:10c'est la lassitude.
18:12C'est-à-dire, on se dit, on arrête toujours les mêmes,
18:14et puis à quoi ça sert ?
18:15Donc, c'est cet état d'esprit-là qui prime.
18:17On a vu des phases très limites.
18:19On a vu des policiers manifester, des fois en tenue,
18:22des fois avec leurs armes de service.
18:23Donc, on a été obligé d'envoyer la gendarmerie en se disant,
18:26les deux seules forces de sécurité intérieure françaises
18:31qui sont plus ou moins face à face.
18:33Et on se dit, là, il ne faut vraiment pas que ça aille plus loin.
18:36Mais ça paraît normal, la tension qui pèse sur les policiers
18:41quand on voit des gars qui les prennent en photo à la sortie du boulot,
18:44qui les repèrent, qui vont chez eux, leurs adresses.
18:47L'école de leurs gamins, etc.
18:48Moi, je me revois jeune dans la police, où je prenais tous les risques.
18:52Aujourd'hui, forcément, les anciens essaient de tenir le jeune comme à l'époque.
18:55Mais pourquoi ?
18:57Alors, on se dit, pourquoi ?
18:58Pourquoi je vais courir derrière ce voyou ?
18:59Pourquoi je vais risquer ma vie ?
19:00Pourquoi je vais risquer ?
19:02Les policiers, ils appartiennent au même monde que nous.
19:04Ils ont des familles, ils ont beaucoup de choses à perdre.
19:10Et donc, soit ils vont arrêter de faire ce métier,
19:14soit ils vont le faire avec de plus en plus de douleurs
19:17et soit ils vont essayer de se rebeller contre ce qui se passe.
19:22Ils vont arrêter d'accepter d'être les médecins urgentistes du fameux vivre ensemble.
19:29Il n'y a pas longtemps, avec un collègue, on m'en propose un autre.
19:32Je vois le gaillard, le gars qu'on se dit qu'il a envie d'aller en bac,
19:36qu'il a envie d'interpeller, qu'on voit que c'est un sportif.
19:41Et je lui dis pas, t'es où, toi ?
19:42Il me dit, moi, attends, je suis dans un bureau.
19:43Il me dit, oh là là !
19:45Il me dit, je suis dans un bureau, moi j'ai une petite gamine, j'ai une femme,
19:48je ne prends plus le risque, je vais dans…
19:50Je lui dis, non mais t'es pas rentré pour ça.
19:51Il me dit, Bruno, c'est mort.
19:54C'est mort, je ne vais pas me mettre en danger,
19:56en danger de ma famille, mes proches, voilà.
19:59Donc moi, j'ai envie d'interpeller, je suis sur la voie publique.
20:01Je ne pourrais pas me retenir de dire, on va le laisser partir, celui-là, on va y aller.
20:05Sauf que si j'y vais et que je suis filmé parce que je l'ai trop secoué,
20:08si le gars tribuche, se sconne la tête, on va dire que c'est moi qui l'ai poussé.
20:12Ou si je lui mets un coup et qu'il tribuche, je serai mis en examen.
20:16Dans mon bureau, je commence, en plus j'ai des horaires sympas,
20:20on ne me rappelle pas quand il y a des emmerdes, bref.
20:22Et c'est malheureux, c'est malheureux.
20:24Mais c'est là où on va.
20:26Moi, les policiers, je les admire, les gendarmes aussi.
20:28Peut-être parce que j'ai été flic, c'est pour ça,
20:31c'est sûr que je les vois avec vraiment beaucoup d'affection et beaucoup de respect.
20:36Parce que je sais que sur l'ordi de la Légion...
20:38Si demain, M. Mélenchon est Premier ministre ou...
20:41J'aimerais...
20:43Moi, le ressenti, c'est que les policiers ne feront plus rien.
20:46Puisqu'on leur demandera de toute façon de ne plus rien faire.
20:49On ne demandera plus d'interpeller, ça sera le chaos.
20:52Le malheur de ça, c'est que les policiers qui ont une abnégation incroyable
20:56et qui, eux, se sacrifient pour leur pays,
21:00en pensant se sacrifier pour leur pays,
21:02malheureusement, ils sont les remparts de l'État, les derniers.
21:06Et ils servent un régime qui ne sert pas du tout leurs intérêts
21:09et qui ne défend pas du tout la même vision de la nation.
21:14Le syndicat, il fait votre carrière.
21:17Vous voulez muter ? Il faut être syndiqué.
21:21Vous voulez prendre du galon ? Il faut être syndiqué.
21:23Et si demain, tu fais une connerie ? Il va vous mettre syndiqué.
21:27Donc le policier, il n'a pas le choix.
21:28Les mecs comme moi qui sont rebellés en allant au syndicat France Police,
21:34alors, moi, je passais dans les commissariats,
21:36on me tapait dans le dos, on me serrait la main et je disais
21:38bah, inscris-toi au syndicat.
21:39Attends, si je m'inscris à France Police, policier en colère,
21:41ma carrière, elle est foutue.
21:43C'est comme ça que ça se passe.
21:45Mais c'est partout, aller à La Poste, à la SNCF, machin,
21:49si vous êtes contre la CGT, je peux vous dire que vous allez avoir des problèmes.
21:53Donc c'est comme ça.
21:54S'il y a une vraie réforme à faire aujourd'hui,
21:55c'est la réforme du syndicalisme en France.
21:57D'abord, ils ont essayé de m'acheter.
21:58Ils m'ont proposé, vous lirez ça dans le bouquin,
22:01ils m'ont proposé un pont d'or pour rejoindre les syndicats majoritaires,
22:04voitures de fonction, même le conseil économique social à 4 000 euros de plus par mois,
22:08le grade de major Rulpe en 5 ans, enfin voilà, ils m'ont tout promis.
22:12Si je veux fermer ma gueule.
22:14Et là, je regrette.
22:16Non, je ne regrette pas, je ne regrette pas.

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