Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
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00:00Bonjour Catherine. Bonjour Dimitri, bonjour à tous. Et bien voilà, 51 jours après le deuxième tour des élections
00:07législatives, la France a donc un Premier ministre, Bécomme Barnier.
00:10C'était donc lui le plan B d'Emmanuel Macron, c'est ça ? Mais oui, en juillet, Alexis Colère, le secrétaire général de l'Elysée, lui avait téléphoné à un
00:17échange politique sans lui dire les choses, ni proposer Matignon, mais Michel Barnier avait compris que Jupiter le testait. Il avait passé le mois d'août
00:24sans fébrilité, dit-il, sachant que l'option Bertrand, Xavier Bertrand, n'était pas jouable en raison du refus conjugué de son ennemi intime,
00:32Laurent Wauquiez, on n'en veut pas, avait-il dit à l'Elysée, et de Marine Le Pen qui le menaçait de censure immédiate.
00:38Non seulement il l'avait battu dans le Nord et en plus il proférait trop d'insultes contre elle. Avec ses
00:43126 députés, elle a les moyens de se venger.
00:47Michel Barnier, lui, s'entend très bien avec Laurent Wauquiez, n'a jamais fait railler avec le Front National ou le RN, vu qu'il ne les a
00:54jamais eus comme adversaires dans son fief. En plus,
00:57l'agressivité et la violence verbale ne sont pas dans sa nature.
00:59Alors, lors de la passation de pouvoir hier entre le Premier Ministre le plus âgé qui arrivait et le plus jeune qui partait,
01:07on a vu à qui on avait affaire. Oui, d'abord à l'arrivée dans la cour de Matignon, vous savez, l'image était forte parce que
01:13l'incarnation
01:13robuste avec ce pas assuré du montagnard qui marche en altitude dans sa chaire Savoie.
01:18Vous savez qu'on ne court jamais en montagne, on accède au sommet pas à pas. Et on assistait à une pièce de théâtre
01:23le partant qui avouait sa frustration. Il faut dire qu'Emmanuel Macron l'aura pas mal
01:28humilié, même pas un coup de fil personnel pour le prévenir qu'il allait d'où saute. Ça, c'est vraiment violent.
01:33Quelle déception pour lui de partir.
01:35Encore une minute, M. Le Bourreau. Alors, Gabriel Attal a dit tout ce qu'il avait sur le coeur, son amour pour les Français, pour ses
01:41parents, vantait son bilan, ce qu'il aurait aimé faire encore, et recommandait des dossiers à son successeur.
01:47Mais tout de même, 16 minutes, c'était long.
01:50Je peux parler à l'HC Michel Barnier ? Et d'abord de dire combien il abordait ce moment avec humilité. Bien sûr, il reprendrait les
01:58dossiers recommandés par son prédécesseur,
01:59mais en y apportant tout de même, si vous le voulez bien, ma propre valeur ajoutée. Et tacler celui qui dit-il à la sagesse
02:06que donnent les cheveux blancs, notant qu'être le Benjamin est un titre qu'on perd très vite,
02:12lui-même ayant été à 27 ans à l'Assemblée Nationale.
02:14Il a, bien sûr, salué le rôle très important que Gabriel Attal aurait à la tête de son groupe, parce qu'il aura besoin de lui aussi.
02:22Barnier, c'est un peu un humour à la britiche.
02:24Ecoutez, pour dire vrai, l'humour, ce n'est pas ce qui caractérise Michel Barnier. Si vous avez envie de rire, c'est pas à lui qu'il faut
02:31appeler en premier. Mais c'est quelqu'un qui sait ce qu'il veut et ce qu'il ne veut pas.
02:35Il n'est pas un grand orateur, encore moins un bavard. Sa devise serait plutôt
02:41trop dire, faire rire, bien faire, faire taire. Et lui, il sait faire taire, surtout,
02:46il sait là, ce que les autres n'ont pas, c'est l'expérience. La politique est chez lui une
02:53vocation. D'ailleurs, le jour de sa communion solennelle, il ressemblait à un préfet. Voyez, jamais jeune, toujours vieux.
02:58À 14 ans, il militait chez les jeunes gaullistes, conseiller général à 22 ans et toujours réélu, député pendant 27 ans,
03:05président du conseil général pendant 16 ans, quatre fois ministre, affaires européennes, environnement, agriculture et pêche, où il a été adoré
03:13des éleveurs bovins et ovins, affaires étrangères, deux fois commissaire européen. Voyez, quel pédigré !
03:19Mais vous dites que ce qui caractérise Michel Barnier, Catherine Ney, c'est sa méthode. C'est quoi la méthode Barnier ?
03:24C'est l'anti-Jupiter, c'est l'écoute, la considération, mettre toutes les bonnes volontés autour de la table,
03:30ne soit pas sectaire, lui disait sa mère,
03:32chercher ensemble, comment on transforme une idée en proposition d'action et après on fonce et on ne lâche pas.
03:38Alors, à propos de méthode, son rôle le plus éclatant,
03:402019, c'est quand l'Union Européenne le nomme négociateur en chef du divorce avec l'Angleterre.
03:44Vous savez comment elle est l'Angleterre, elle vous les rompt, mais en gardant tous les avantages.
03:47Donc, il fallait absolument convaincre les 27 de rester unis. Donc, il les a tous visités
03:53plusieurs fois. En voyant les politiques, les syndicats, les patrons,
03:57il me disait, c'est bizarre, à chaque fois que j'arrivais dans ces pays, un ministre anglais venait de partir.
04:02Et à Bruxelles, toutes les semaines, ses collaborateurs ou lui informaient ses homologues de l'état-avancement, des choses, des blocages, la transparence,
04:10un travail de titan, beaucoup d'écoute, beaucoup de discipline, mais ça a payé.
04:16Ce qui l'attend est très difficile à nouveau.
04:18Oui, mais terrible. Une assemblée nationale en ébullition,
04:21avec la gauche qui va jouer les Trumps à qui on a volé la victoire,
04:24les relations avec le président dont il s'est déjà démarqué, et en tous les cas, lui va jouer l'apaisement,
04:30essayer de faire tomber la pression.
04:33Ce qu'il va tenter, surtout, c'est mettre l'opinion de son côté.
04:37Il part pas gagnant sur ce point-là. Je vous rappelle le sondage CSA Europe 1, CNews et le journal du dimanche.
04:4257% des français, à ce stade des opérations, n'ont pas confiance en Michel Barnier. On va voir comment ça va bouger.
04:48Merci beaucoup. Le regard de Catherine Ney sur Europe 1.