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Un artiste, cela ne se manage pas ? Trois professionnels du monde de la Culture et du spectacle débattent dans le CERCLE RH sur les bonnes pratiques RH et management dans l’univers artistique.

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00:00...
00:12Le cerclérage et le débat de Smartjob pour parler management.
00:16Alors vous allez dire, oui, management, on en parle dans chacune de nos émissions.
00:18Oui, mais les managers de la culture.
00:20Est-ce que ce sont des managers comme les autres ?
00:22Est-ce qu'on manage, je ne sais pas, un orchestre ou un groupe de musique
00:26ou un festival comme on manage dans une entreprise classique ?
00:29Pas sûr. Est-ce qu'il faut créer des filières de formation ?
00:32Est-ce qu'il faut réfléchir tout simplement à la manière dont on encadre
00:35et qu'on accompagne les salariés ?
00:36Et on parlera des intermittents du spectacle
00:38parce qu'il y a aussi parmi les salariés des intermittents du spectacle.
00:42On en parle avec mes invités.
00:43Solène Saint-Gilles, merci d'avoir répondu à notre invitation.
00:46Responsable programme culturel à France TV.
00:49Programme avec un S, c'est-à-dire que vous balayez le spectre
00:52de l'ensemble des chaînes de France TV.
00:54Il y a beaucoup de culture sur France Télévisions,
00:55donc c'est vraiment programme avec un S.
00:57Multichaine, multiculturelle.
00:59Avec France 4 en particulier, Culture Box, qui est une super émission.
01:03Mais sur toutes les chaînes, en fait.
01:05Merci en tout cas d'être avec nous.
01:06Grégoire Furer, vous vous connaissez, je crois.
01:09Vous êtes déjà venu nous rendre visite pour un grand entretien.
01:11Vous êtes fondateur de Montreux Comédie Festival.
01:13Alors, c'est des stand-up. On en parlera peut-être avec vous.
01:15C'est peut-être un secteur, d'ailleurs, qui n'est pas le plus développé
01:18en termes de management.
01:19C'est souvent des artistes qui sont un peu dans leur coin,
01:21dans leur appartement et qui créent leur spectacle.
01:23Est-ce qu'il y a des managers pour votre secteur ?
01:25On en parlera avec vous dans quelques instants.
01:27Et Thierry Teboul est avec nous.
01:29Thierry Teboul, alors, vous êtes vous aussi venu pour un grand entretien.
01:32J'en avais même envie de dire deux grands entretiens.
01:34Directeur général de l'AFDAS, les artistes, la culture et le sport.
01:38Il ne faut pas l'oublier, on parlera culture avec vous.
01:40Et ça tombe très bien aujourd'hui parce que vous sortez un livre
01:42en finir avec les fausses idées sur le management dans la culture,
01:46édition de l'atelier.
01:48Je vous donne la parole.
01:49Pourquoi avoir choisi d'écrire un livre ?
01:51C'était quoi ? Pour secouer le cocotier ?
01:52Pour dire on est un peu en retard par rapport aux Américains,
01:56par rapport peut-être à d'autres pays ?
01:57Et qu'il est temps de créer une filière management culture ?
02:01Peut-être pour mettre fin à une errance du monde de la culture sur le sujet.
02:08Il y a toujours eu un rapport très ambigu à la question du management.
02:11D'abord parce qu'il y a un rapport à la création et à la liberté de création
02:15qui fait qu'au nom de cette liberté,
02:18on ne s'autorise pas toujours à fabriquer un cadre de travail.
02:22Et ça c'est quand même quelque chose qui aujourd'hui
02:25prend des proportions un peu pathologiques.
02:27Si on voit les risques psychosociaux qui sont dénoncés à droite à gauche,
02:32les luttes contre les violences, le harcèlement moral, etc.
02:37Une errance aussi en termes de formation professionnelle
02:39parce que le premier réflexe a été à un moment donné
02:42d'aller voir les écoles de commerce qui étaient des spécialistes du management
02:45en disant qu'est-ce que vous auriez comme recette prête à porter
02:50et dont on s'est aperçu qu'elle n'était pas forcément opérationnelle
02:54dans le monde de la culture pour plein de raisons qu'on pourra aborder après,
02:57mais notamment parce qu'il y a beaucoup de gens de passage dans le monde de la culture
03:03et que c'est compliqué de fabriquer une continuité managériale,
03:06une culture managériale dans le monde de la culture
03:08avec ces personnes qui sont de passage.
03:10Je vous donne la parole et je vous donnerai la parole évidemment solenne,
03:13mais dans votre secteur qui est un peu particulier,
03:16est-ce que c'est une réflexion que vous abordez,
03:19cette question du management où vous dites notre secteur, notre modèle
03:22n'a pas besoin de managers ?
03:24Parce que quand même, il faut soulever le problème et vous l'avez soulevé Thierry,
03:28quand on est artiste, on n'a pas envie d'être mis dans une boîte
03:31avec un manager qui vous explique des process,
03:33parce que le management c'est aussi des process,
03:35c'est aussi une manière de rentrer dans une boîte
03:37et un artiste ne rentre pas dans une boîte.
03:39Non, c'est très complexe comme sujet,
03:41mais moi je pense qu'en fait ça va prendre beaucoup de temps à répondre à cette question,
03:48donc je vais être court, mais c'est vrai que moi j'ai le sentiment qu'on démarre dans ce métier
03:53souvent par passion et on ne se pose pas toutes ces questions.
03:56Je pense que si on se posait toutes ces questions, on ne ferait pas ce métier,
03:59parce qu'honnêtement il y a tellement de choses à régler.
04:02Et puis plus on avance et plus on a besoin de s'entourer de gens,
04:05de garder les talons à nos côtés, de les former,
04:08et souvent quand on est manager d'une entreprise, on n'a pas les outils.
04:12Donc moi je suis ravi de découvrir votre livre et je vais le lire avec plaisir,
04:15parce que ce que vous avez dit est totalement juste,
04:17dès que vous vous tournez vers des cabinets d'experts,
04:20plein de choses dans les entreprises classiques,
04:22ils essaient d'appliquer des méthodes qui viennent du classique dans nos métiers,
04:25ça ne fonctionne pas.
04:26Enfin ça ne fonctionne pas, ça crée même de l'électricité.
04:29Ça crée de l'électricité, ça fait partir des talents, etc.
04:32Donc il faut trouver le bon modèle,
04:34mais je pense que c'est des choses qu'aujourd'hui on a pris conscience quand on dirige une entreprise,
04:43moi en tout cas je l'ai fait et ce n'est pas toujours simple,
04:45on n'a pas toujours les bonnes réponses,
04:47mais vous dirigez une entreprise, vous l'assumez totalement d'ailleurs.
04:49Complètement et j'aime beaucoup d'ailleurs le mot d'entrepreneur culturel,
04:53parce qu'il y a les deux, c'est pour ça que j'ai choisi ce métier.
04:55Après on est nous confrontés par exemple à devoir amener aujourd'hui
04:59des réponses nouvelles au management, notamment avec la nouvelle génération.
05:03Moi je pense que ce qui est vraiment déterminant c'est la nouvelle génération.
05:06Nous aujourd'hui dans notre entreprise on a à peu près une soixantaine d'employés,
05:09on a maintenant pas mal de gens qui sont je dirais la petite trentaine
05:14et on voit que, moi j'en ai le double,
05:17et on voit que ces gens-là aujourd'hui si vous n'en portez pas des vraies réponses de management,
05:22vous n'arrivez pas à les garder.
05:25C'est vrai dans les autres entreprises aussi,
05:26c'est-à-dire que les jeunes demandent du sens, des réponses.
05:28Et nous c'est ce qui je pense nous oblige à évoluer.
05:31Solène, juste une question parce que vous c'est intéressant,
05:33France TV c'est un groupe audiovisuel et vous avez à rencontrer des entreprises de la culture
05:40avec lesquelles objectivement quand on fait une émission de télé, on en fait une là,
05:44elle est cadrée par des processus, par des horaires, par des cadres.
05:47Comment ça se passe cette rencontre et cette relation-là justement ?
05:50Je vais répondre à votre question et après je rebondirai parce que quand même c'est beaucoup de choses intéressantes.
05:53France TV, la particularité c'est que moi je produis à la fois des émissions de plateau,
05:57comme là aujourd'hui,
05:59et en même temps des captations de spectacles vivants.
06:02Et dans les deux cas, la plupart du temps on confie ça à des producteurs extérieurs,
06:05eux-mêmes viennent avec leurs équipes qui eux-mêmes ont des équipes qui tournent beaucoup.
06:09Bon, de notre côté à France TV je dirais qu'il y a plutôt une stabilité managériale,
06:13je ne parle pas forcément au sommet, quoique on a une présidente qui a fait deux mandats,
06:16qui sera un deuxième mandat,
06:17mais moi par exemple ça fait 20 ans que je suis à France TV,
06:19donc on peut parler d'une stabilité managériale en tout cas.
06:21Vous êtes un repère en tout cas à France TV sur ce sujet.
06:24Et de même que j'ai d'autres collègues qui le sont dans d'autres domaines.
06:27Et notre mission, enfin en tout cas moi ma mission,
06:29c'est que vis-à-vis d'équipes qui découvrent en fait,
06:32qui travaillent pour plein de chaînes différentes etc.,
06:34c'est vraiment d'imprimer les valeurs de France TV.
06:37C'est-à-dire que quand on fait un programme pour France TV,
06:38c'est un programme qui a une valeur ajoutée,
06:40c'est-à-dire qu'on est là pour se divertir évidemment,
06:42mais il faut apprendre des choses, il faut qu'il y ait du sens,
06:44il faut qu'il y ait des notions, des valeurs comme l'acceptation de la différence,
06:48enfin tout ce qu'on essaie de mettre en avant en parlant d'un programme.
06:51Et c'est ça en fait qu'on essaie d'infuser.
06:52Et je voudrais quand même rebondir sur ce que disait Grégoire...
06:54Mais ça bug parfois Solène avec des boîtes de prod'
06:57où vous dites s'il y avait un manager, ça irait peut-être un peu plus vite.
07:00Enfin je suis un peu dur mais...
07:01Moi pour rebondir sur ce que disait monsieur,
07:04c'est que c'est vrai qu'on est dans des métiers d'artisanat,
07:06et ça il ne faut pas l'oublier,
07:07c'est-à-dire qu'on aura beau vouloir industrialiser le secteur,
07:09ça n'existe pas.
07:10On a de la matière humaine qui est très très forte,
07:12en plus des artistes, enfin moi j'adore travailler avec eux,
07:15mais je vais rebondir sur deux choses.
07:17Sur le cadre, moi je trouve que c'est très très important la question du cadre
07:19et ça va là pour la vie en général,
07:21c'est qu'en fait on exerce sa liberté quand il y a un cadre en fait.
07:24C'est-à-dire quand il n'y a pas de cadre,
07:25mais ça marche pour tout,
07:27si on pose un cadre et après,
07:29on peut éventuellement évoluer à l'intérieur, en sortir...
07:31C'est vrai pour un artiste aussi d'ailleurs.
07:33Mais les artistes, en fait je crois qu'ils ont besoin,
07:36enfin je ne sais pas comment,
07:37moi je me suis rendu compte d'un truc,
07:38c'est que justement les artistes,
07:41ils ont besoin d'avoir en face d'eux des managers qui sont des cadres,
07:44et qui leur...
07:44Alors on fait juste un cadre,
07:45et puis après ils peuvent en sortir.
07:47Et sur l'idée d'effectivement cette jeune génération qui a besoin de sens,
07:50moi je pense que ça infuse maintenant toute la société,
07:52c'est-à-dire qu'en fait on a tous besoin de sens.
07:54C'est-à-dire que ce n'est plus que cette jeune génération.
07:55Ça c'est clair,
07:56mais c'est transversal à tous les secteurs.
07:57Et encore plus depuis le Covid, depuis le confinement, etc.
07:59C'est-à-dire qu'on a, tout le monde a besoin de sens.
08:02Donc en fait, nous managers, on est là,
08:04et moi c'est ce que j'essaie de faire avec mes équipes,
08:05pour fixer un cap, les emmener loin, rêver,
08:08et puis effectivement...
08:09Et leur donner le cadre nécessaire pour s'épanouir librement.
08:11Exactement.
08:12Juste Thierry Teuboul, je reprends votre titre,
08:14la couverture est très très belle,
08:15le titre, il est presque pour la gratter,
08:17pour les entreprises de la culture qui vont dire,
08:19mais attendez, voilà, il nous met dans le titre du management.
08:22Est-ce que c'est le bon mot finalement,
08:23le mot manager dans le secteur de la culture ?
08:25Est-ce que ce n'est pas animateur ?
08:27Est-ce que ce n'est pas coordinateur ?
08:28Est-ce que ce n'est pas chef d'orchestre ?
08:29Est-ce que le mot manager s'adapte bien ?
08:31Je vois Solène Saint-Gilles qui dit oui, pourquoi pas ?
08:33Vous dites quoi, vous ?
08:34Moi, je me suis battu avec les contributeurs du livre,
08:37puisque nous avons pris une trentaine de dirigeants,
08:41de représentants du personnel, de jeunes générations,
08:45des lauréats, par exemple, de résidences, etc.,
08:47qu'on a fait parler sur leurs attentes.
08:49Et le premier sujet qui est venu sur la table,
08:51c'est est-ce qu'on doit parler de management ou pas ?
08:54Et je me suis un peu battu pour ça,
08:55parce que la question, c'est qu'en niant le terme,
08:59on nie parfois la pratique.
09:00Et je crois qu'il ne faut pas la nier,
09:02ce n'est pas très grave.
09:03Il y a une idéologie managériale
09:06de l'entreprise interprofessionnelle.
09:08C'est un mot dans la culture manager,
09:09parce que dans les tournées, on dit j'ai mon manager.
09:12Et oui, en plus.
09:12C'est un mot qui est utilisé.
09:14C'est juste qu'il y a probablement une incarnation
09:17de ce que c'est qu'un manager dans le monde interprofessionnel
09:20qui colle mal.
09:20Ou un fantasme.
09:21Ou un fantasme managérial qui colle mal
09:23avec la manière dont on a envie soi-même
09:25de l'incarner dans le monde de la culture.
09:27Mais ça ne nous exonère pas d'utiliser le terme
09:30et surtout d'en inventer des pratiques.
09:32Mais vous avez mis dans votre entreprise 60 salariés,
09:34qui est une très belle entreprise.
09:35Vous avez des managers,
09:37vous avez identifié des gens qui sont vos managers
09:40et qui sont là en relation avec les artistes.
09:42Comment vous l'avez structuré, votre boîte ?
09:44Alors, il faut faire attention avec le mot manager dans nos métiers.
09:47Parce qu'un manager, généralement, il gère un artiste.
09:50Exactement.
09:50Nous, on a par exemple un comex.
09:52Moi, j'ai un comex aujourd'hui
09:54dans lequel j'ai 4-5 personnes qui sont mes managers.
09:59Qui vont gérer les finances, le commercial, la production, etc.
10:03Une entreprise classique comme les autres.
10:04Une entreprise classique.
10:05Mais moi, je pense qu'il faut absolument appeler un chat un chat,
10:08comme on dit.
10:09Moi, j'aime le mot management, ça dit bien ce que ça veut dire.
10:11Par exemple, on a créé une fêtière pour l'humour aujourd'hui
10:16qui s'appelle la communauté de l'humour
10:18avec plein de producteurs qui sont tous très puissants dans leur côté.
10:21Et on a buté sur le mot...
10:24Moi, je voulais appeler ça la communauté des industriels de l'humour
10:29ou des entrepreneurs de l'humour.
10:30Et puis, c'est un mot qui...
10:32On a passé toute la séance à parler du mot industrie
10:34parce qu'il y en avait qui étaient d'accord et qui n'étaient pas d'accord.
10:36Donc, c'est vrai qu'il y a ce tabou.
10:39Moi, je pense qu'à partir du moment où on génère de l'argent,
10:42où on a des budgets, des prévisionnels,
10:43il faut parler d'une entreprise, après qu'elle soit culturelle.
10:45Vous êtes la vitrine d'un pays,
10:47parce que la culture, c'est aussi la vitrine de toute la France.
10:49Ce qui est peut-être compliqué par rapport aux besoins de cadre.
10:51Je rejoins Solène et Thierry sur la nécessité d'avoir des cadres.
10:56Dans nos métiers, on reste dans des métiers un peu de précarité.
11:00Même avec, je pense, le budget 2025,
11:03aujourd'hui, que je suis en train de faire avec mes équipes,
11:06il y a plein de paramètres qui vont faire que ça va fluctuer.
11:08Il y a des projets qui vont se faire, pas se faire,
11:09des sponsors qui vont arriver, des partenaires qui vont...
11:12J'évoquais les intermittents du spectacle.
11:13Les intermittents, etc.
11:14C'est un sujet quand même.
11:15Quand vous managez une équipe, une équipe a besoin de stabilité.
11:19Dans nos métiers, il faut être capable de pouvoir dire à une équipe
11:21« Écoute, tu étais prévu sur tel projet, ce projet ne se fait plus.
11:23Est-ce que tu peux travailler sur un autre projet ? »
11:26Ou au contraire, il faut rectifier, réduire la voilure.
11:29Ce qui complexifie parfois les choses.
11:31Nous, on a souvent des jeunes qui viennent chez nous
11:34parce qu'ils sont attirés par le côté sexy, de la culture.
11:38Voilà, des vers d'ancienne.
11:40C'est sympa, on va s'amuser, on va voir des artistes, ça va être cool, ça va être fun.
11:43Et puis qu'après quelques mois, voire quelques années,
11:46ils se rendent compte que ce n'est pas du tout fait pour eux
11:48parce qu'il y a ce côté précaire qui fait que du jour au lendemain,
11:50on peut dire « Voilà, tu bossais sur un projet, ce projet n'existe plus.
11:53Maintenant, ton poste, il est supprimé. »
11:54Il y a des gens qui ne sont pas prêts à accepter cette précarité-là.
11:58Solène Saint-Gilles, un mot et même plusieurs sur l'influence que vous avez
12:02sur les choix des spectacles, la manière dont on va y glisser des idées et des valeurs,
12:06mais sur la manière de manager.
12:07Est-ce que là aussi, vous y apportez un peu votre patte
12:11ou votre cahier des charges France TV ?
12:13Alors, sur les questions de précarité, je vais vous donner la patte.
12:17Je vous disais qu'on fait appel à des producteurs,
12:19qu'il faut appel à des équipes extérieures.
12:20On a également nos équipes internes, de production, j'entends.
12:23C'est la fabrique à France Télévisions, qui elle-même est à moitié des permanents.
12:28Enfin, d'ailleurs, ce n'est pas moitié, mais il y a une partie de permanents
12:30et une partie d'intermittents, et qui bénéficie plutôt d'une convention assez protectrice.
12:34C'est-à-dire que c'est vrai que nous, à France Télévisions,
12:36on est très sensibles à la protection des salariés.
12:38L'autre enjeu, et moi, j'en ai fait vraiment un enjeu personnel,
12:42c'est que moi, je suis très attentive à la place des femmes dans l'ensemble des métiers.
12:47Et la fabrique est assez représentative de ce point de vue-là.
12:49C'est-à-dire des femmes dans tous les corps de métier, y compris technique.
12:52Parce qu'en fait, il y a peu de femmes, en fait, sur les postes des techniques,
12:55et on parle des formations, mais c'est vrai que ça aussi, ça doit se travailler au niveau des formations.
12:59Et c'est très important. Moi, je suis contente d'avoir une steadicameuse femme.
13:02Il n'y en a pas tout le temps, parce qu'on considère que c'est un steadicame
13:06pour nos téléspectateurs, c'est quand on porte la caméra comme ça.
13:09Donc, évidemment, on se dit, c'est plutôt un homme qui va faire ça.
13:11Maintenant, en fait, les femmes, elles peuvent le faire très bien,
13:13et elles vont apporter un autre regard à autre chose.
13:15Donc, voilà, nous, c'est vrai qu'à France Télé, on est très attentifs à des...
13:20Voilà, on n'est pas dans l'exploitation du personnel.
13:23C'est quand même... C'est très protecteur.
13:26Et on est très attentifs sur la question des femmes.
13:28– Il y a une petite phrase, parce que c'est intéressant,
13:30vous faites des contributeurs, « managés », alors c'est des guillemets,
13:32un « managé », ça doit être vertical et descendant.
13:35Ça, c'est Jean-Philippe Cielet, qui est le président du Centre national de la musique.
13:38C'est une petite phrase pour la gratter.
13:40Le modèle héroïque du chef d'orchestre est une figure indépassable du management.
13:45Et ça, ça a été dit dans une colloque que vous avez organisée, l'AFDAS,
13:48sur, globalement, pour être un bon manager dans la culture,
13:51il faut être soit le patron de l'orchestre, soit être un peu le spécialiste.
13:54Vrai ou pas vrai ?
13:55On peut être un excellent manager dans le privé,
13:58sans pour autant être un ingénieur en informatique.
14:00– Oui. En fait, l'allusion sur le caractère héroïque du chef d'orchestre,
14:04elle est venue du constat que c'est incroyable le nombre d'entreprises
14:07qui font appel à des chefs d'orchestre pour faire des séminaires de management.
14:11– C'est vrai. – Sans se poser la question.
14:13– Eux-mêmes sont de bons managers de leurs orchestres.
14:15Je ne vais pas citer de noms, mais on a eu ces derniers temps, en quelques cas.
14:18– Donc on prophétise devant l'entreprise, sans balayer parfois ses dents.
14:22– Évidemment, l'orchestre, c'est formidable, parce que vous avez le chef, ça joue,
14:26on fait cohabiter des gens, c'est une très belle image.
14:29En fait, c'est pour ça que la figure héroïque du chef d'orchestre,
14:32elle est un tout petit peu taquinée dans l'ouvrage,
14:34en disant peut-être qu'on devrait un peu plus s'intéresser
14:37à la manière dont les chefs d'orchestre managent leur orchestre.
14:40– Je suis souvent en référence à Louis de Funès dans « La Grande Vadrouille ».
14:43– C'est pas très bien.
14:45– Ah non mais c'est vrai, ou quand il dit c'est mauvais, très très mauvais.
14:49Voilà, on voit bien que ce ne sont pas toujours des grands spécialistes du management.
14:52Par contre, on aime bien les sortir de la culture pour les montrer à des chefs d'entreprise
14:56en disant allez, on va vous donner une baguette, vous allez voir, c'est formidable.
14:58– Non mais vous soulevez du doigt le fait qu'on a pu avoir des dérapages,
15:01parce que parfois c'est des gens qui sont très habités par leur savoir, par leur talent,
15:06et qui globalement sont de piètre aux managers,
15:09pour ne pas dire des gens très autoritaires.
15:10Est-ce qu'à travers une formation de l'AFDAS,
15:12à travers une professionnalisation, qu'on peut éviter ce type de déviance ?
15:19– C'est l'objet parce que, en fait, pourquoi l'AFDAS s'est intéressé au sujet ?
15:22Parce que finalement, on s'est aperçu que toutes les formations
15:24qu'on dispensait en management, grosso modo, le retour n'était pas terrible.
15:28Le feedback était, il y a du Yaka Faucon, il faut faire des entretiens annuels,
15:34aller faire des entretiens annuels à des comédiens ou à d'autres, c'est hyper facile.
15:39Bref, il y a eu un moment où on s'est dit,
15:40mais en fait, il faut qu'on arrête d'aller chercher des choses qui existent sur le marché,
15:44alors même que c'est une figure exemplaire, la culture,
15:47pour savoir ce que c'est que la gestion des talents.
15:49Dans toutes les entreprises de France,
15:51vous avez d'un temps presque un patron des talents, etc.
15:54– Et c'est de la performance.
15:55– Et pourtant, la culture n'a jamais réussi à faire école sur le sujet,
15:58comme si elle enfouissait quelque chose au plus profond d'elle-même,
16:02en disant, non, non, la création, elle est spontanée, etc.
16:07– Presque une posture politique, un dernier mot, peut-être, Grégoire.
16:11– Non, je voulais juste, par rapport à ce que vous dites,
16:13ce qui est très intéressant, c'est que moi, par exemple,
16:16je n'étais pas destiné à faire un métier dans la culture,
16:18j'étais fait un métier normal, etc.
16:19– Oui, je vous l'avais raconté, ça ne démarrait pas comme ça.
16:21– Je suis tombé dans la culture et j'ai adoré ça.
16:23Et c'est vrai qu'aujourd'hui, j'ai une petite PME,
16:26mais je dois gérer des problèmes médiatiques,
16:28des problèmes d'égo artistique, des problèmes financiers,
16:30je traite avec des très grands patrons, des sponsors.
16:32– Psychologues financiers.
16:33– Oui, puis mes sponsors, c'est des capitaines du CAC 40, d'une certaine manière,
16:37donc tout d'un coup, il faut être capable aussi de discuter avec ces gens-là.
16:39Et je me dis, la compétence que ça prend pour être capable
16:43d'avoir toutes ces cordes, c'est assez exceptionnel,
16:45et c'est vrai qu'on a une liberté qu'on a très peu dans les entreprises.
16:49Mais on n'est pas des surhommes non plus, et moi, par exemple,
16:52je sais qu'il y a des choses que je sais faire et que je ne sais pas faire,
16:54et dans le management, il faut aussi être humble,
16:56de dire, moi, nous, on a par exemple une RH, on a engagé une personne en RH,
17:00parce qu'il y a un moment donné, il y a des choses qu'on ne sait pas faire.
17:02Et même qu'on ne peut pas faire.
17:04Parce que c'est vrai qu'il y a des types de management dans nos métiers
17:08où on doit quand même embarquer les gens, il faut être capitaine joueur,
17:12moi, j'aime mieux le mot capitaine joueur que le mot chef d'orchestre.
17:14– Entreprises qui vont du rêve aussi.
17:16– Il faut y aller, il faut être devant, il faut être devant, faire du rêve,
17:18on a des idées, il faut embarquer du monde, on a du stress,
17:21parce qu'il y a quand même un stress énorme.
17:22– Parfois, ça part d'une idée qui devient ensuite un spectacle sur scène,
17:24c'est ça qui est génial.
17:26– Oui, et puis quand deux semaines avant le festival,
17:27vous avez un artiste majeur qui ne peut pas venir,
17:30ou que vous avez des problèmes d'argent, il faut y aller,
17:31il faut embarquer les gens, il faut les rassurer,
17:33et on ne peut pas être des super hommes.
17:36– Et si je vous réinvitais, parce que j'ai un manager qui est dans mon oreille
17:38et qui me tire les oreilles, bah oui, on a tous un manager,
17:41même à la télévision, vous le savez mieux que moi, Solène Saint-Gilles,
17:44c'était un plaisir de partager ce moment,
17:45moi je serais resté encore bien plus longtemps avec vous
17:47parce que j'avais mille questions à vous poser.
17:49Merci d'être venu nous rendre visite, j'indique ce livre, il vient de sortir,
17:52il est tout chaud, donc il est vraiment tout chaud,
17:55le Management dans la culture, en finir avec les idées fausses
17:58sur ce Management dans la culture, édition de l'atelier,
18:01avec pas mal de, vous tordez le cou, quand même pas mal d'idées reçues,
18:04donc c'est un livre à découvrir.
18:06Merci à vous Solène Saint-Gilles, vous reviendrez si vous le souhaitez.
18:09– Tout le monde a regardé France Télévisions.
18:10– Et France TV, bien sûr ! – Tout le monde regarde France Télévisions.
18:13– Grégoire Führer, Montréeux Comédie-Festival, c'est quand ?
18:16– Du 13 au 23 novembre.
18:17– 13 au 23 novembre, et France TV, c'est tous les jours.
18:19– Tous les jours.
18:20– Et voilà, c'est pour ça que je ne l'ai pas demandé.
18:21On termine notre émission avec Fenêtre sur l'emploi,
18:23mon manager va me tirer les oreilles, c'est tout de suite après le jingle.

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