Cinquante jours après la démission du gouvernement de Gabriel Attal, Emmanuel Macron est toujours à la recherche d'un Premier ministre. Si la nomination se fait attendre, plusieurs noms de candidats potentiels émergent au fil des consultations.
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00:00Le feuilleton sans fin de Matignon, franchement ça tourne Mathieu Croissanteau à la mauvaise série, à chaque jour son nom, hier on disait, pas seulement vous d'ailleurs, que Bernard Cazeneuve était au port de Matignon.
00:12Rien n'était fait hier.
00:14Oui mais bien sûr, mais enfin on disait que c'était quand même le nom qui était dans toutes les discussions.
00:18Là un nouveau nom, Thierry Baudet, président du conseil économique, social et environnemental, tient-il vraiment la corde ?
00:24En fait nous assistons depuis dix jours à la mise en scène d'une impuissance.
00:28Un spectacle qui a la couleur de la consultation, le goût de la consultation, mais qui n'est qu'au final qu'une vaste opération de communication,
00:34destinée à faire passer les choix du président de la République pour des choix discutés, pour des choix raisonnés.
00:41Je peux vous dire que toutes les personnalités qui ont répondu poliment à l'invitation du président de la République,
00:45comme le usage républicain, auront été les complices plus ou moins volontaires de cette mascarade
00:50et que beaucoup auront à la fin de cette séquence le sentiment justifié d'avoir été instrumentalisés.
00:55Parce que le président procède par élimination pour tenter de sauver ce qu'il reste de son quinquennat.
01:00Élimination du RN, ça c'était dans les urnes.
01:02Élimination du nouveau fonds populaire, ça c'était au début des discussions.
01:05Et même donc désormais, pourquoi pas, élimination des politiques, comme semblait l'indiquer hier matin l'hypothèse Thierry Baudet.
01:12Car, vous l'avez dit, pour donner le change, pour gagner du temps, l'Elysée fait fuiter des noms les uns après les autres,
01:17comme les baratineurs offrent des fleurs sur les terrasses des cafés.
01:20Le problème c'est qu'on connaît la fin, les fleurs fanent en une journée.
01:23Et les mêmes qui, hier matin, ne juraient plus que par le président du Conseil économique, social et environnemental,
01:28expliquaient hier soir que finalement, rien n'était fait.
01:31Parce que, pourquoi ? Parce qu'il n'a aucune expérience politique ?
01:34Oui, alors c'est sûr que pour Emmanuel Macron, qui refuse de se résoudre à une cohabitation
01:41que lui impose pourtant le verdict des urnes,
01:43ce choix lui aurait permis de ne pas lui faire d'ombre et de continuer à manœuvrer autant que possible.
01:48Mais quand vous êtes inconnu du grand public, que vous n'avez jamais fait de politique,
01:51que vous n'avez jamais été élu, que vous n'avez pas de projet, que vous n'avez pas de troupe pour le défendre,
01:55ni pour le voter, c'est quand même particulièrement compliqué.
01:58C'est d'ailleurs ce qu'ont fait valoir des macronistes de la première heure,
02:00hier peu favorable à cette hypothèse Thierry Baudet.
02:03Mais au-delà des qualités personnelles du président du Conseil économique, social et environnemental,
02:07je peux vous dire que le seul fait que son nom ait été envisagé,
02:10c'est le signe d'un grand affaissement de la classe politique,
02:13le signe d'une crise qui n'est peut-être pas encore une crise de régime,
02:15mais qui est une crise majeure d'un système à bout de sourds. Pourquoi ?
02:18Parce que notre système n'est plus capable de faire émerger des responsables politiques pour gouverner.
02:22Je rappelle quand même qu'il s'agit du poste de Premier ministre de la France,
02:26ce n'est quand même pas rien. Et quoi ?
02:28L'histoire retiendra que lorsqu'il s'est agi d'aller au turbin, dans une situation particulièrement difficile,
02:33tous ceux qui nourrissent les plus hautes ambitions ont choisi de passer leur tour et de se remettre à des novices.
02:38La gauche avait choisi Lucie Castex pour la représenter.
02:41L'Elysée réfléchit donc à un profil issu de la société civile comme celui de Thierry Baudet.
02:45La lâcheté des uns, les petits calculs des autres ont donc fait que pour gouverner,
02:48on aurait été choisir des gens qui n'étaient même pas candidats
02:51et qui n'auraient même pas osé y penser dans leurs rêves les plus fous.
02:55Vous savez, ça fait penser à la stococratie, ce système de tirage au sort instauré dans la Grèce antique
03:00où donc on confiait les magistratures à des citoyens comme ça tirés au hasard.
03:05On pourrait en rire si ce n'était pas à en pleurer, car pour une fois, je le rappelle,
03:08les Français s'étaient mobilisés comme rarement dans les urnes au mois de juillet dernier.
03:12Et que quoi ? Deux mois plus tard, cette inaction, cette inertie commence à ressembler à un gigantesque bras d'honneur.
03:18Samedi, dans Le Monde, l'Ipsos et le Cevipov publiaient une très grande enquête.
03:23La perception des responsables politiques est épouvantable.
03:2585% des jugements sont négatifs, disait Brice Tinturier.
03:2873% sont déclarés ne pas faire confiance à la nouvelle assemblée issue des législatives.
03:33Je peux vous dire que ce n'est pas comme ça qu'on va les réconcilier.