Pierre Bellemare comme vous ne l’avez jamais entendu ! C’est la promesse de ce nouveau podcast imaginé à partir des archives exceptionnelles du Service Patrimoine Sonore d’Europe 1.
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
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00:00Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Bellemare, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11Ce dossier est l'histoire d'une longue préparation au crime et de son aboutissement.
00:18Il est assez insupportable et je m'efforcerai de vous en rapporter les faits avec toutes les précautions nécessaires.
00:29Alfred B., jeune Allemand de 21 ans, vous fera sûrement peur car c'est un exemple de ce que nous appelons dans les dossiers extraordinaires le pire des hommes.
00:44Mais qui ou quoi est responsable du pire chez l'homme ?
00:53Lui ? Lui tout seul ?
00:58Bien malin, celui qui pourrait répondre à une pareille question sans faire appel au grand classique.
01:04Parents, société, etc.
01:08Société, et qui peut savoir ?
01:11Que je sache, il n'est pas d'exemple connu d'une société sans criminel et pourtant.
01:16Parents.
01:18On les accuse à tout bout de champ, soit de trop aimer, soit de ne pas aimer du tout.
01:24Mais pourtant.
01:27Et pourtant, voici le dossier d'Alfred.
01:30Il servira d'exemple difficile à notre réflexion difficile.
01:39De sa naissance en 1946 à sa majorité en 1967, 21 ans d'une existence qui n'a pas encore fini sa course folle.
01:58Alors j'écoute ?
02:12C'est le journal ?
02:14C'est ça, c'est le journal, qui parle ?
02:17Bonjour monsieur.
02:19Bonjour, qui parle ?
02:21Vous êtes journaliste ?
02:23C'est ça, je suis journaliste, et alors ?
02:26Parce que la fille au standard, elle m'a dit qu'elle pensait à un journaliste, mais je me méfiais.
02:31C'est le genre de fille qui vous promet, et puis crac, elle raccroche parce que ça l'embête.
02:35Qui parle ?
02:37C'est moi, Alfred B., j'ai quelque chose à vous dire.
02:40Mais allez-y, c'est quand même pas une affaire d'Etat, non ?
02:44Vous avez tort de rigoler, écoutez-moi, c'est important.
02:48J'ai tué mon ami, Maria.
02:52Maria Davidenko.
02:55Ah bon ? Maria Davidenko. Et quand ça ?
03:00Hier ? Et comment ?
03:03Je sais pas.
03:05Il s'est passé quelque chose d'étrange et je l'ai tué.
03:08Et où est-elle ?
03:10Ben, dans un bois.
03:12Et où ?
03:14Ben, près d'une ville.
03:17Mais où près d'une ville ?
03:19Ben, près du Danube.
03:22Je peux rien dire de plus.
03:24Bon, et qu'est-ce que vous voulez alors ?
03:27Ah ça, c'est une bonne question.
03:29Car elle est suivie d'un silence stupéfait.
03:33À l'autre bout de la ligne, Alfred reste muet, tout bête, dans sa cabine téléphonique.
03:38Qu'est-ce que veut Alfred ?
03:40Il cherche.
03:42Il cherche désespérément ce qu'il veut.
03:45Ben, je voulais vous le dire, c'est tout.
03:49Eh bien, vous me l'avez dit, après.
03:53Le journaliste se paie de culot.
03:56Ou c'est une blague, et si le type raccroche, ça n'a pas d'importance.
04:00Ou c'est sérieux, et il faut le faire parler.
04:04Or, il n'y a pas de meilleur moyen de le faire parler que de prendre l'air indifférent.
04:08Et ça marche.
04:11Ben, je veux pas qu'on croit que je me sauve.
04:14Je l'ai tué, mais c'est pas de ma faute.
04:17Allez voir la police. Mais ils me croiront pas.
04:21Il faut d'abord que j'explique ce qui s'est passé, il faut que vous l'écriviez dans le journal.
04:25Comme ça, ils seront bien obligés de me laisser parler.
04:29Bon, eh bien, venez me voir au journal.
04:33Vous vous ferez quelque chose ? Ah, on verra.
04:37Il faudra d'abord me prouver que vous l'avez tué, sinon je peux rien faire.
04:41Vous... vous voulez la voir ?
04:45Ben oui.
04:48Vous êtes d'accord, j'arrive ?
04:51Le journaliste n'a pas prévenu la police, pas encore.
04:55Il a d'abord attendu l'arrivée d'Alfred.
04:58Une bien pauvre chose, Alfred.
05:02Pas laid, mais pire que ça.
05:06Malsain.
05:09Une silhouette à la fois maigre et molle, un teint,
05:12graisseux, jaunâtre, des yeux sans vie.
05:15Lui serrer la main doit demander un effort.
05:18La voix, nasillée désagréablement dans le téléphone,
05:22elle continue.
05:26Prenez une voiture, c'est un peu loin, je vais vous montrer où elle est.
05:30Je l'ai tuée hier, à peu près à cette heure-ci.
05:34À dix heures du matin.
05:38Cette fois, le journaliste n'a plus de doute.
05:41Cette chiffre maigre pue l'assassin à des kilomètres.
05:44Il ne se sent pas le courage d'aller plus loin.
05:47Écoutez, mon vieux, si ce que vous me dites est vrai,
05:50je dois prévenir la police.
05:52Je peux pas aller là-bas avec vous, j'ai pas le droit.
05:55Oh, je sais, je m'en doutais.
05:58Bon, tant pis, ça fait rien, je me débrouillerai tout seul.
06:01Attendez ! Attendez, partez pas comme ça.
06:04Racontez-moi d'abord.
06:06Enfin, vous me devez bien ça, hein ?
06:08Je suis journaliste, c'est mon travail.
06:11Qu'est-ce que vous m'avez dit tout à l'heure ?
06:14Il s'est passé quelque chose de bizarre, c'est ça ?
06:17Ben oui, l'éther.
06:20Quoi, l'éther ?
06:22Ben, elle en a respiré.
06:24Elle veut tout le temps respirer de l'éther.
06:26Je la connais bien, vous savez.
06:28Elle est amoureuse de moi seulement pour être heureuse.
06:30Elle a besoin de respirer de l'éther.
06:32Elle dit que ça la fait flotter.
06:35Alfred parle d'une morte et pourtant il vient d'en parler au présent.
06:39C'est vrai que ça fait flotter.
06:41Elle a voulu que j'en respire moi aussi.
06:43Ce matin-là, quand je les rencontrais vers sept heures, elle allait à son cours.
06:46Et au lieu de ça, elle m'a entraîné dans un bistrot.
06:48Elle a versé de l'éther sur un rond de carton.
06:50Vous savez, les ronds qu'on met sous les verres de bière.
06:53Ça a commencé comme ça.
06:55Après, on est allés chez elle, elle a recommencé.
06:58Elle dit toujours qu'elle a besoin de ça pour se mettre au lit.
07:00Au moins, non.
07:02On est restés coucher une bonne heure et puis on est allés dans le bois.
07:05Avant ça, elle m'a fait acheter encore deux flacons à la pharmacie.
07:09On s'est couché dans l'herbe sous un arbre.
07:11Elle m'a dit de verser l'éther dans son foulard.
07:13Tout un flacon, hein.
07:15Mais ça ne lui faisait plus d'effet, alors j'ai renversé le deuxième.
07:19J'en avais partout.
07:21J'ai respiré moi aussi sans le vouloir.
07:23Et cette fois-ci, elle était heureuse.
07:26Et puis moi, j'étais bizarre.
07:29Il m'est venu l'envie de l'étrangler.
07:32Je ne sais pas comment.
07:34Une envie comme ça.
07:36Je l'ai étranglé avec son pullover.
07:39J'étais content.
07:42Et elle aussi.
07:45Et...
07:47Et qu'est-ce que vous avez fait après ?
07:50J'étais content, je vous dis.
07:52J'ai chifflé, je chantais.
07:54Je l'ai attaché à l'arbre avec le pullover et puis je suis rentré chez moi.
07:58J'ai dit à ma mère.
08:00« Maman, j'ai étranglé Maria ce matin. »
08:02Elle a eu drôlement peur.
08:04Ça m'a fait rire.
08:05Après, je lui ai dit.
08:06« Mais non, je te fais marcher. »
08:08Et elle vous a cru ?
08:09Bien sûr.
08:11Je lui ai même demandé de me conduire chez Maria parce que j'avais rendez-vous avec elle.
08:14Elle m'a conduit en voiture.
08:16J'étais encore tout content.
08:18Ça lui a fait rire tout le temps.
08:20Et après ?
08:22Après, Maria n'était pas là.
08:25Et ça ne fait rien.
08:27J'ai rapporté sa serviette de classe à ses parents.
08:29J'ai dit que j'attendrais.
08:31Son parent est reparti et puis moi je suis rentré à pied jusqu'en ville.
08:34Après, je vous ai téléphoné.
08:37Pourquoi moi ?
08:39Pour que vous expliquiez dans votre journal
08:42que c'est à cause de l'éther que j'étais tout drôle.
08:45Ce n'est pas ma faute.
08:48Je peux prévenir la police maintenant ?
08:51Si vous voulez.
08:55Le lendemain, dans le journal, il y a la photo d'Alfred, 21 ans,
08:59où l'on a retrouvé Maria, 17 ans,
09:01un pullover rouge autour du cou bien serré
09:04et deux flacons vides à ses côtés.
09:06Le titre, « Crime sous l'emprise des vapeurs d'éther ».
09:10Le journaliste y raconte sur quatre colonnes
09:13l'étrange confession d'Alfred et leurs conversations.
09:16Pendant plusieurs jours, le public allemand se passionne pour cette histoire d'éther
09:19et les débats vont bon train.
09:22Peut-on, oui ou non, devenir un assassin sous l'empire d'une drogue ?
09:25Un assassin sans mobile, bien entendu, un assassin parfait.
09:28Est-il possible que l'éther, par exemple,
09:31éveille chez certains individus des tendances cachées insoupçonnables ?
09:36Voyons d'abord raisonnablement de quel individu il s'agit.
09:39De la patience, de la méthode.
09:42Nous allons étudier 21 ans de la vie d'Alfred.
09:45Les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast européen.
09:481946, après la guerre,
09:51naissance d'Alfred B. au domicile maternel.
09:54La mère est seule avec une sage femme.
09:57C'est un fils et tous ses voeux sont comblés.
10:00Alfred sait le moyen de mettre enfin le grappin sur son père
10:03et de l'obliger au mariage.
10:06Ah, on va le chouchouter, Alfred.
10:09C'est un petit amour à sa mère,
10:12Ah, on va le chouchouter, Alfred.
10:15C'est un petit amour à sa maman, Alfred.
10:18Il est tout gringalé, mais regardez comme il fait des beaux sourires à son papa.
10:21Regardez comme il se met en colère quand son papa s'en va, hein ?
10:24Qu'est-ce qu'il veut, Alfred ? Il veut son papa, hein ?
10:27Le père résistera cinq ans, puis s'avouera vaincu.
10:30Il épousera en 1951.
10:33Alfred, lui, ne résiste pas.
10:36Il se laisse aller à la douce quiétude d'être indispensable.
10:39Il n'arrête pas de faire les pires bêtises en tant qu'hameçon.
10:42On lui pardonne tout.
10:451950. Alfred est à l'école maternelle.
10:48Il y gagne haut la main son premier dossier de mauvaise note.
10:51Voilà maman convoquée chez la directrice.
10:54Madame, il est de mon devoir de vous signaler que votre petit garçon
10:57se conduit extrêmement mal. Il a des tendances...
11:00exhibitionnistes.
11:03Mon fils ? Exhibitionniste ? Mais c'est une plaisanterie, madame.
11:07Il l'a prouvé à plusieurs petites filles et même une institutrice.
11:10À son âge, c'est inquiétant.
11:13Mais je ne vous permets pas d'inventer des choses pareilles.
11:16Mon fils ne viendra plus chez vous. C'est un scandale.
11:19Alfred change de maternelle et vaille que vaille.
11:22En 1959, Alfred a treize ans.
11:25Le père, qu'il avait obtenu à sa mère, vient de divorcer.
11:28Re-chouchoutage pour Alfred et deuxième dossier.
11:31Cette fois, l'assistante sociale convoque le fils et la mère.
11:35Motif ? A tenter d'abuser d'une petite camarade de dix ans
11:38en profitant d'un cours de gymnastique.
11:41Depuis que le scandale a éclaté, les plaintes de plusieurs gamines
11:44ont été enregistrées.
11:47Alfred est le sadique de la classe du certificat d'études.
11:50Mon fils ? Vous accusez mon fils d'une horreur pareille ?
11:53Alfred ! Alfred dit la vérité !
11:56On n'a rien fait de mal. On joue à la course. Elle a perdu.
11:59Elle raconte ça pour se venger.
12:02C'est une odieuse petite garce. Mais madame, il y a les autres.
12:05Mais toutes des petites garces. Mon fils est pur, madame.
12:08Il ne ment jamais à sa mère.
12:11À quoi bon essayer de convaincre la mère que son rejeton
12:14a l'oeil sournois et vicieux ? L'assistante sociale
12:17abandonne après tout que la mère se débrouille. L'essentiel,
12:20c'est qu'Alfred quitte cette école, qu'il aille porter ce problème
12:23ailleurs.
12:261974 ans.
12:29Alfred n'a pas beaucoup de chance. La vie vient de lui octroyer un beau-père
12:32sans qu'il ait besoin de trépigner pour l'avoir.
12:35Un beau-père qui a pris l'exclusivité maternelle à un beau-père
12:38qui a décidé, Alfred n'est pas doué pour les études,
12:41il ira en apprentissage.
12:44Pas doué pour les études est un euphémisme.
12:47On peut lire sur son carnet scolaire, paresseux, bavard, menteur, prétentieux,
12:50tient des propos vicieux.
12:53Alfred est donc apprenti boulanger, peintre, maçon, mécanicien
12:56et ne passe jamais le stade du pré-apprentissage d'ailleurs.
12:59Quand un patron le garde plus de deux semaines, c'est un record.
13:021971, 15 ans.
13:05Par décision du centre d'apprentissage,
13:08Alfred est retiré à ses parents. Il entre dans une maison
13:11d'éducation surveillée. Maman ou pas,
13:14innocent ou pas.
13:17Un innocent qui, non content d'étaler ses vies, s'est mis à voler
13:20et à se bagarrer avec tout le monde.
13:23La trique, les murs de 10 mètres
13:26et les dortoirs fermés à clé.
13:29Deux ans de ce régime dit de réadaptation sociale.
13:32Et voilà notre Alfred un peu plus jaune, un peu plus mou, un peu plus sournois.
13:35La seule adaptation qu'il ait acquise,
13:38c'est l'habitude de courber le dos, sous les coups,
13:41aussi bien que sous les insultes.
13:441963, 17 ans.
13:47Alfred en liberté. Alfred qui doit retourner chez sa mère.
13:50Le pauvre chéri s'y fait dorloter. Il l'a bien mérité.
13:53Il ne travaillera pas. Maman lui donnera de l'argent.
13:56D'ailleurs, il est devenu raisonnable, Alfred.
13:59Il a des camarades. Il regrette l'école car il tourne
14:02autour sans arrêt. Autour de l'école des filles, surtout.
14:0510 mois de prison pour exhibitionnisme.
14:08« Mais monsieur le juge, c'était une plaisanterie,
14:11j'en suis sûr. Mon fils n'avait pas de mauvaises intentions. »
14:14Vous savez ce qu'on apprend à 10 mois de prison quand on a 17 ans ?
14:18Une foule de choses.
14:21Et je ne parle pas des dessus de chaise en paille tressée.
14:261974, 18 ans. Alfred court la campagne.
14:29On le surprend un peu trop près d'une ferme qui vient de brûler.
14:32On l'arrête à nouveau. Mais il a appris à mentir avec logique.
14:35Sans preuve, il est relâché. Il avouera plus tard.
14:391966, 20 ans. Le bel âge.
14:42Mais Alfred ne peut se regarder dans une glace.
14:45Il ne pourra jamais se trouver beau.
14:48Il n'y a jamais eu que sa mère pour le trouver beau et intelligent.
14:51À ce stade, c'est plus que de l'aveuglement, c'est une obstination.
14:54Cet enfant était un prétexte au départ.
14:57On ne se débarrasse pas facilement
15:00d'un prétexte comme celui-là.
15:03Un prétexte ne peut être que bon.
15:06Alors il faut tenir jusqu'au bout. Et maman tient bon.
15:09Même quand on lui annonce que son fiston adoré
15:12un tiroir caisse et assommé un commerçant.
15:15À nouveau en prison. Bon, la prison des grands cette fois.
15:18Alfred reçoit les visites de maman qui le considère maintenant
15:21comme le martyr de la justice.
15:24Alfred joue le repentir. Maman pleure. Jure que son fils ne le fera plus.
15:27Sceptique, le juge demande un examen psychiatrique.
15:30Du fils, bien entendu. Pas de la mère.
15:33Alfred est un psychopathe.
15:36Voilà, enfin. Qu'est-ce qu'on fait d'un psychopathe ?
15:40On ne peut tout de même pas le laisser en prison.
15:43D'un autre côté, il n'est pas fou et lié.
15:46Maman s'en charge. Maman débarrasse l'administration
15:49d'un problème insoluble.
15:52Prendez-le moi, je veillerai sur lui. Je ferai tout ce qu'il faudra.
15:55En réalité, maman n'admet pas non plus
15:58que son fils soit un psychopathe.
16:01Elle n'admet rien du tout.
16:04Alfred rentre chez lui pour le jour de Noël 1966
16:08Janvier 1967
16:11Il viole une jeune fille arriérée sourde et muette
16:14dans la cour d'un immeuble.
16:17D'après maman, c'est la gamine qui est vicieuse, pas Alfred.
16:20Alors on s'arrange en famille.
16:23Juillet 1967, Alfred s'engage comme apprenti forain.
16:26La fille de son patron, 14 ans, se plaint d'une étrange aventure.
16:29Écoutez bien.
16:32Alfred lui aurait demandé de le suivre au bord de l'eau
16:35et il lui aurait demandé de rentrer dans l'eau jusqu'au cou
16:38pour lui expliquer comment s'y prendre pour se noyer.
16:41La gamine a résisté jusqu'à la limite de ses forces.
16:44C'est Alfred qui, finalement, a lâché sa tête
16:47qu'il maintenait sous l'eau.
16:50Quelques secondes de plus...
16:53Mais là encore, on ne fait que botter le derrière d'Alfred
16:56pour le renvoyer chez sa mère. Personne n'est mort.
16:59Difficile de déterminer où a fini le jeu ou a commencé le sadisme.
17:02Alfred est maintenant à bout de souffle.
17:05Il cherche son aboutissement et il le trouve
17:08au pied d'un arbre, entre deux flacons d'éther.
17:11Mais pas comme il l'a dit aux journalistes.
17:14L'expertise va prouver que Maria n'a pas respiré suffisamment d'éther
17:17pour être en transe, comme le prétend Alfred, ou même simplement ivre.
17:20Elle était tout au plus un peu étourdie
17:23avec 0,1 pour 1000 d'éther dans le sang.
17:26Pour une légère anesthésie, il en faut au moins 0,7
17:29et pour une narcose totale, au moins 1,5.
17:32Donc Maria n'a pas passé la matinée à se droguer à l'éther,
17:35comme le prétend Alfred. Quant à lui, qui prétend en avoir respiré
17:38par inadvertance, il ne pouvait en avoir plus dans le sang
17:41au moment du crime. Sinon, où aurait-il trouvé la force
17:44de serrer le pull-over comme il l'a fait ? Au point
17:47qu'il fallut couper les deux manches pour dégager le cou de la pauvre fille.
17:50De toute façon, les médecins affirment que
17:53même dans l'ivresse que procure l'éther, un individu ne peut faire
17:56ce qu'il ferait de toute façon dans son état normal.
17:59Si on peut appeler l'état d'Alfred à l'état normal.
18:02Le voilà qualifié par l'expert
18:05de psychopathe inné.
18:08Si vous le condamnez à une peine de prison,
18:11il faudra de toute façon le mettre dans une maison spécialisée
18:14dès qu'il l'aura purgé. Ce crime peut être le dernier
18:17comme il peut être le premier.
18:20Quant à maman, elle pleure. Il faut la retenir pour l'empêcher de se précipiter
18:23et pour consoler son malheureux rejeton.
18:26C'est un accident. Il ne savait pas.
18:29Cette fille l'a droguée. Mon fils est innocent.
18:32Alfred n'ait pas peur. Maman est là.
18:35Si seulement maman n'avait jamais été là justement.
18:38Car on condamne Alfred à dix ans de travaux forcés
18:41et à l'internement quand il aura fini.
18:44Mais quand il sortira de prison seulement un pauvre,
18:47on considère probablement que dix ans
18:50de prison seront d'Alfred un homme tout neuf
18:53et plus facile à soigner.
18:56Vous voyez comme le pire des hommes nous embarrassent.
18:59Pourvu que maman ne vienne pas le chercher quand il va sortir.
19:02Pourvu qu'on ne le relâche pas tout à fait,
19:05même si elle pleure.
19:08Pourvu qu'on le garde quelque part.
19:11Pourvu que dans ce quelque part s'arrête enfin la course folle.
19:14Dans ces cas-là,
19:17on espère un miracle.
19:47Réalisation et composition musicale
19:50Productions
19:53Patrimoine sonore
19:59Remerciements à Roselyne Bellemare
20:02Les récits extraordinaires sont disponibles sur le site et l'appli Europe 1.
20:05Écoutez aussi le prochain épisode
20:08en vous abonnant gratuitement sur votre plateforme d'écoute préférée.