• il y a 4 mois
Un gendarme a été tué lundi soir à Mougins prés de Cannes lors d'un contrôle routier. Selon le parquet de Grasse, le suspect, âgé de 39 ans, comptait 10 condamnations à son casier judiciaire pour "des infractions à la circulation routière" mais aussi "des atteintes aux personnes". "Pourquoi cet homme multirécidiviste peut-il évoluer en toute liberté ? Quand est-ce que nos législateurs ouvriront véritablement les yeux ?", s'est interrogée sa femme lors d'un hommage rendu aujourd'hui. Pour en parler, Yannick Alleno, chef étoilé dont le fils Antoine a été tué par un chauffard ivre et sans permis en mai 2022, et Charles Prats, vice-président de l'Association des magistrats.
Regardez L'invité de Yves Calvi avec Yves Calvi du 28 août 2024.

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Transcription
00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Bonjour Yannick Halenau, merci de nous rejoindre dans RTL Soir.
00:06La France a tué mon mari par son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance.
00:12Ces propos sont ceux de la veuve du gendarme tué lundi à Mougins dans les Alpes-Maritimes par un chauffard.
00:17Vous avez perdu votre fils Antoine dans un terrible accident au cœur de Paris dans des circonstances finalement comparables.
00:23Là aussi, il s'agissait d'un chauffard récidiviste.
00:26Quels sont vos sentiments ce soir Yannick ?
00:30Mes sentiments sont toujours les mêmes, c'est-à-dire qu'à chaque fois j'entends,
00:34et ce n'est pas quelque chose qu'on n'entend pas, on l'entend assez régulièrement,
00:42un refus d'obtempérer qui donne finalement la mort de quelqu'un et juste réveille toutes mes colères, on va dire.
00:50C'est impressionnant.
00:52La France ignore-t-elle les drames générés par ces voyous de la route selon vous ?
00:56Je pense que la France ignore. Je vais vous raconter une petite histoire comme ça la France l'aura peut-être entendue.
01:02Je suis allé accompagner une famille avec l'association, je suis allé moi-même, après la mort de mon fils,
01:09une jeune fille qui avait 23 ans qui est morte suite à quelqu'un qui avait fait quatre refus d'obtempérer en plein Paris
01:17le soir de la finale de la Champions League.
01:21Les policiers avaient sorti leurs armes, il ne s'est pas arrêté, il a mis six minutes pour partir,
01:26pour faire le parcours de l'Etoile, pour aller au Pont-Neuf, il a percuté la petite à plus de 100 km heure.
01:32Suite à quatre refus d'obtempérer, quand est-ce qu'on doit réagir, quand est-ce qu'on doit arrêter de laisser faire ça ?
01:41Ce n'est pas possible.
01:43Qu'avez-vous envie de dire à nos auditeurs et finalement à nos responsables politiques ce soir,
01:48à la lumière de ce que vous êtes en train de nous expliquer et qui vous révoltent et qui révoltent à mon avis beaucoup de nos auditeurs ?
01:53Déjà que ça peut toucher l'ensemble des concitoyens français, on a perdu 700 enfants de moins de 25 ans l'année dernière,
02:01700, ça fait deux tous les jours, c'est 27 000 refus d'obtempérer par an en France, c'est-à-dire toutes les 20 minutes il y a un refus d'obtempérer.
02:08Je pense qu'il faut dire aux responsables politiques de siffler la fin de la récré et qu'une voiture doit être,
02:15est peut-être considérée comme une arme par destination.
02:19Et de répréhender sévèrement les gens qui se comportent mal sur la route.
02:25Ceux qui se drolent, ceux qui boivent, ceux qui refusent de se soumettre à un contrôle et qui finalement finissent par tuer quelqu'un.
02:32Yannick Allénaud, si quelqu'un comme vous, avec votre puissance d'écoute,
02:39notamment chez nos responsables politiques, n'a pas encore réussi à obtenir grand-chose,
02:43que faut-il faire aujourd'hui pour les réveiller ?
02:45Vous comprenez ma question ?
02:47Oui, je comprends bien votre question.
02:49On a fait tout un travail l'année passée pour que la loi change enfin.
02:55Elle est passée au Sénat à majorité avec une décision transpartisane.
03:05Donc l'ensemble des responsables politiques étaient d'accord pour le faire.
03:10C'est passé au Sénat qui a validé le texte.
03:13Il devait revenir en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le jour de la dissolution.
03:18On a perdu encore tout l'été pour faire de la prévention, pour faire de la répression sur ces refus d'obtempérer.
03:24Chaque jour qui passe sans décision est une journée dramatique pour notre pays.
03:29Donc je leur demande s'il vous plaît maintenant de se réveiller et de faire en sorte que plus jamais
03:33on laisse impuni quelqu'un qui fait du tort avec un véhicule.
03:39Il faut arrêter.
03:40Je vous ai bien compris.
03:41C'est la dissolution en ce moment qui du coup génère ces morts sur nos routes ?
03:46Non.
03:47Puisque ça a interrompu le cheminement normal du texte si j'ai bien compris ?
03:52Alors le texte devrait être approuvé.
03:55Ce n'est pas ça que je dis.
03:56Je suis en train de dire que quelqu'un qui se comporte mal en voiture,
04:00chaque journée qui passe sans avoir l'occasion de donner au juge de quoi faire leur travail convenablement.
04:08Même vous Yves, vous nous avez parlé d'accidents encore.
04:12Oui.
04:13Nous on parle d'homicides routiers.
04:14Oui.
04:15Vous voyez bien.
04:16Donc c'est dans le discours populaire.
04:20On parle encore d'un accident et un accident c'est un fait involontaire.
04:23Le gars qui refuse aux tempérés, qui tape un gendarme, qui en plus fait une veuve et des orphelins.
04:31Je veux dire, ce n'est pas un accident, c'est un meurtre.
04:33Il faut considérer ces actes-là comme des homicides volontaires, des homicides routiers.
04:40Ce ne sont pas des accidents.
04:42Donc je pense que l'ensemble d'entre nous doit cesser de dire que ce sont des accidents.
04:46Vous nous dites que la France reste un pays au moment où nous parlons,
04:50d'une certaine façon, continue de bénéficier d'une forme de mensuétude.
04:54Mais bien sûr.
04:55Les peines ne sont jamais appliquées.
04:57Regardez celui qui a tué Antoine, il devait être en prison le jour où il l'a tué.
05:00Donc il y a un moment, on peut entendre notre colère quand même.
05:04On peut entendre notre colère.
05:05C'est nos enfants qui restent sur le trottoir.
05:07Il y a des exemples à l'étranger qui vous semblent intéressants ?
05:10Écoutez, oui.
05:11Il y a des exemples à l'étranger.
05:12Regardez en Angleterre.
05:13En Angleterre, il y a deux fois moins de morts sur les routes qu'en France.
05:16La tolérance zéro de l'alcool à travers le monde.
05:19Ça n'empêche pas les gens de boire de l'alcool.
05:22Mais ça les empêche de prendre la voiture
05:24quand ils ont consommé des substances ou de l'alcool.
05:26Je veux dire, ça n'empêche pas les libertés.
05:28Donc oui, il est temps de demander à l'État de faire ce qu'il faut
05:32pour que les gens se comportent convenablement.
05:34C'est un outil de déplacement.
05:36Ce n'est pas un outil qui doit servir à tuer des gens.
05:38Et pourtant, au moment où nous parlons, Yannick Allénaud,
05:41il y a des auditeurs qui sont en voiture.
05:43Je suis sûr qu'ils sont émus de vous entendre
05:45et du drame que nous évoquons aujourd'hui même.
05:48Ça ne les empêchera pas, dans une minute,
05:50de dépasser la limite de vitesse ou de se mettre en danger ?
05:54Écoutez, j'en appelle à chacun de ses responsabilités
05:58de faire attention aux autres, tout simplement.
06:02La mobilité est de plus en plus fréquente et rapide chez les enfants.
06:06Aujourd'hui, les trottinettes, les vélos, etc.
06:08Pensez à eux et pensez, quand vous passez devant une école,
06:11à ralentir parce qu'un enfant peut lâcher son ballon
06:14et vous regretterez toute votre vie de l'avoir percuté avec votre voiture.
06:17Donc un peu de civisme, faites attention
06:21et comportez-vous comme il faut.
06:23Et je pense qu'on évitera...
06:25C'est 4000 morts par an tous les ans,
06:27c'est 700 gamins tous les ans,
06:29et ça ne descend pas.
06:31Donc il faut qu'on ait des réflexions hautes ensemble, je crois.
06:35Merci beaucoup, Yannick Allénaud, d'avoir pris la parole
06:37après ce nouveau drame de la route
06:39et la mort d'un gendarme. Très bonne soirée à vous.
06:41Toutes mes condoléances à sa famille, évidemment,
06:44qui doit être aujourd'hui dans une stupeur absolue.
06:47Quand je suis passé par là, je peux vous dire que ça va être compliqué pour eux.
06:49Merci beaucoup, Yannick Allénaud.
06:51Bonsoir, Charles Prats.
06:53Merci d'être avec nous et de nous rejoindre sur l'antenne d'RTL.
06:55Vous êtes vice-président de l'association des magistrats.
06:57Vous venez d'entendre la colère froide
06:59mais émouvante de Yannick Allénaud
07:01après cet énième drame avec un chauffard récidiviste.
07:03Notre justice
07:05est-elle laxiste avec les chauffards ?
07:09Ecoutez,
07:11ce n'est pas une question de laxisme
07:13envers les chauffards.
07:15La justice n'est pas tellement laxiste
07:17envers les infracteurs
07:19au code de la route.
07:21Je suis moi-même président de la correctionnelle.
07:23J'en ai condamné.
07:25Là, je ne sais pas si vous avez vu les images
07:27de ce qui s'est passé
07:29avec le gendarme à Mougins un lundi.
07:31On n'est pas dans un drame de la route.
07:33Pas du tout. Ce n'est pas un problème
07:35de circulation routière.
07:37Celui qui l'a tué,
07:39lui a délibérément foncé dessus.
07:41J'invite tout le monde à aller voir
07:43sur les réseaux sociaux les images.
07:45On voit très bien que le bonhomme
07:47prend sa voiture, fonce véritablement
07:49et percute de plein fouet le gendarme.
07:51D'ailleurs, il déboîte pour le percuter.
07:53On n'est pas du tout
07:55sur un schéma d'un accident
07:57de la circulation classique.
07:59Là, on est face à un délinquant récidiviste
08:01qui a déjà été condamné de multiples fois
08:03pour violences, outre des
08:05condamnations pour des infractions routières
08:07et qui va aller percuter
08:09volontairement et très rapidement
08:11à grande vitesse, le gendarme
08:13ne lui laissant aucune chance de survie.
08:15On n'est pas du tout au-delà
08:17d'un simple fait de circulation routière.
08:19Quelle est la qualification selon vous
08:21de ce que vous avez vu sur les images vidéo ?
08:23Très clairement,
08:25on est dans un meurtre sur personne
08:27dépositaire de l'autorité publique.
08:29En réalité, le gendarme
08:31est au milieu de la route. Le gars ne peut pas
08:33dire qu'il ne l'a pas vu. Après, il peut dire
08:35« Oui, j'avais bu de l'alcool, j'étais saoul, etc. »
08:37Mais ce n'est pas une circonstance atténuante,
08:39c'est une circonstance aggravante, au contraire,
08:41au regard du code pénal.
08:43Et donc là, ça va être très compliqué pour lui
08:45et pour son avocat de s'en sortir
08:47et de dire que c'était involontaire.
08:49Parce qu'à la vitesse à laquelle il roulait et la manière
08:51dont il le prend et il le percute sur la route,
08:53il sait très bien qu'il va le tuer.
08:55C'est juste
08:57que les choses sont assez
08:59carrées. Je pense que tout ça finira dans une cour
09:01d'assises et que le verdict
09:03sera sans surprise.
09:05Yannick Haleno plaide aujourd'hui
09:07pour un homicide
09:09routier. Qu'est-ce que ça vous inspire
09:11comme commentaire ?
09:13C'est plus compliqué parce que
09:15qui dit homicide dit
09:17éléments intentionnels forts.
09:19Et il y a
09:21tout un débat qui s'était développé
09:23sur est-ce qu'on ne risque
09:25pas justement de priver
09:27de possibilité
09:29de poursuite à certains faits
09:31qui étaient des homicides involontaires
09:33en voulant absolument qualifier
09:35ça de fait très volontaire.
09:37C'est toujours très subtil ce genre de choses.
09:39En revanche, ce qui est certain,
09:41c'est qu'on a un problème
09:43avec les refus d'obtempérer.
09:45Tout le monde le dit,
09:47tous les policiers le disent, les gendarmes, etc.
09:49Tout le monde le reconnaît.
09:51En 2017, il y a eu une tentative
09:53de réforme de la loi et maintenant,
09:55normalement, les policiers et les gendarmes ont le droit
09:57de tirer dans certains cas
09:59quand il y a un refus d'obtempérer. Sauf que la loi
10:01qui a été votée a dit
10:03dans les cas, il faut que ce soit absolument
10:05nécessaire, qu'il n'y ait pas d'autres moyens, etc.
10:07En réalité, les réserves
10:09qui ont été mises dans la loi ont totalement
10:11déshabillé le texte et ça donne d'ailleurs
10:13l'affaire de Nanterre, de Nahel, où
10:15le policier qui pensait, à mon avis,
10:17être dans les conditions d'ouverture du feu
10:19sur un refus d'obtempérer et être dans les
10:21conditions de la réforme de 2017, se retrouve
10:23là à aller bientôt devant une cour d'assises
10:25pour répondre à domicile
10:27volontaire pour avoir tiré sur
10:29cette personne qui était au volant d'une voiture
10:31et qui faisait des rodeos. Donc,
10:33une des solutions, à mon avis,
10:35c'est de permettre, enfin,
10:37aux policiers, aux gendarmes, aux douaniers,
10:39d'avoir des conditions d'ouverture du feu qui soient
10:41très, très simples en matière de refus
10:43d'obtempérer, quitte à ce qu'il y ait
10:45des fois des ouvertures de feu
10:47qui soient plus
10:49répandues que ce qu'on a aujourd'hui.
10:51Vous savez, vous allez aux Etats-Unis, je pense que vous avez déjà voyagé
10:53aux Etats-Unis. Moi, quand je vais aux Etats-Unis,
10:55je peux vous dire que je ne fais pas l'enduit avec les policiers.
10:57Si il y en a un qui me fait le signe de m'arrêter, je vais m'arrêter.
10:59C'est un refus d'obtempérer
11:01parce qu'aux Etats-Unis, je sais que
11:03le policier, il va me tirer dessus et que je vais finir
11:05au cimetière. Ça commence aussi
11:07par la peur du gendarme et je pense
11:09que ça va très loin, ce que je dis, mais je le dis
11:11de manière très volontaire.
11:13Je pense qu'en France, il faut donner
11:15la possibilité aux forces de l'ordre d'ouvrir
11:17le feu en cas de refus d'obtempérer
11:19parce qu'à ce moment-là, je vous garantis que
11:21toutes les petites frappes,
11:23tous les délinquants, parce qu'en fait, ce sont eux qui posent problème,
11:25ce sont eux qui se comportent comme des voyous
11:27et des sauvages sur la route. Ces gens-là,
11:29s'ils savent que s'ils font les endouilles,
11:31ils vont se faire tirer dessus par les forces de l'ordre
11:33et le cas échéant, ils seront blessés, voire même
11:35pire, et bien ils arrêteront de faire ça.
11:37Et on sauvera les vies des gendarmes et on sauvera
11:39aussi les vies des pauvres gens qui parfois
11:41sont écrasés par des gens qui font des rodéos comme ça.
11:43Merci beaucoup, Charles Oprah. Je suis désolé de
11:45vous reprendre la parole. Nous sommes déjà en retard.
11:47Vous êtes vice-président de l'association des magistrats.
11:49Merci d'avoir pris la parole sur notre antenne.
11:51Dans un instant, l'essentiel de l'actualité
11:55paralympique, ça démarre dans une heure et demie.
11:57Et puis, dès la fin de notre journal, nous serons avec Virginie Garin
11:59qui accompagne un groupe de personnes en
12:01situation de handicap, justement, au coeur
12:03de cette soirée, pas comme les autres. A tout de suite
12:05sur RTL.

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