• il y a 4 mois
Dans ce second épisode, la journaliste de Mediapart Jade Lindgaard revient sur l’injustice environnementale et sociale liées à ces JO. Jardins rasés, pollution de l’air, structure inadaptées aux habitants... “Paris 2024 promet d’avoir organisé les Jeux les plus verts de l’histoire, mais en réalité, rien ne s’est passé comme prévu”.

Son livre « Paris 2024 : une ville face à la violence olympique » est disponible aux éditions Divergentes.

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Transcription
00:00Paris 2024 promet d'avoir organisé les jeux les plus verts de l'Histoire,
00:03les plus écologiques,
00:05mais dans la réalité et sur le terrain,
00:07rien ne s'est passé comme prévu.
00:08C'est vraiment un des scandales environnementaux de Paris 2024.
00:11On peut citer le sort triste des jardins ouvriers d'Aubervilliers,
00:15qui sont des jardins potagers,
00:17cultivés par des familles très modestes, très simples du 93.
00:21En fait, il y a une partie de ces jardins
00:23qui ont été détruits en 2022
00:24pour, accrochez-vous, la construction du solarium,
00:28d'une piscine d'entraînement des Jeux Olympiques,
00:30donc un solarium, un espace pour bronzer,
00:32qui a été préféré à des jardins potagers,
00:35qui ont aussi un niveau de fraîcheur
00:37dans des quartiers qui sont très bétonnés
00:38et donc où, quand il fait chaud, il fait encore plus chaud qu'ailleurs.
00:41La justice a arrêté la construction du solarium
00:44au nom de la protection de la biodiversité,
00:45mais malheureusement, c'était trop tard
00:47et ces jardins avaient déjà été détruits.
00:49Autre problème, c'est la construction du village des Médias.
00:52Donc là, c'est un quartier qui a été construit
00:54pour les personnels des Médias pendant les Jeux Olympiques
00:57et il a été construit sur une partie d'un grand parc
01:00en Seine-Saint-Denis qui s'appelle le parc Georges Valbon.
01:02Et là, en fait, pour construire ce village,
01:03il y a des centaines d'arbres qui ont dû être abattus
01:06et ça, ça a des conséquences sur les oiseaux, la faune,
01:09notamment les oiseaux, oiseaux migrateurs et autres
01:11qui avaient l'habitude de se poser à cet endroit.
01:13Il y a un troisième exemple qui est très problématique,
01:15c'est celui de la pollution de l'air.
01:17À côté du village olympique, à Saint-Denis,
01:19se trouve un quartier qui s'appelle le quartier Pleyel
01:21et dans ce quartier a été construit une voie d'accès à l'autoroute A86
01:26pour faciliter les déplacements des athlètes du village olympique
01:29vers l'aéroport ou autre destination.
01:32Or, cette voie d'accès autoroutière a été construite
01:35à quelques mètres d'une grosse école,
01:37un groupe scolaire de 600 élèves qui s'appelle l'école Anatol-France.
01:40Et là, ce qui a été terrible, c'est que des habitantes et habitants,
01:43des parents d'élèves ont essayé de demander aux JO
01:47« Mais s'il vous plaît, construisez votre route un peu plus loin
01:49pour qu'elle soit plus loin de notre école et plus loin de nos enfants. »
01:52Mais on leur a dit « En fait, désolé, c'est les JO, on n'a pas le temps.
01:55Mais ne vous inquiétez pas, comme toutes les voitures seront électriques,
01:58il y aura moins de pollution de l'air. »
02:00Sauf qu'en fait, on sait que même les voitures électriques, elles polluent.
02:03Toutes les voitures ne sont pas électriques, en fait, loin de là.
02:05Donc ça, c'est un troisième exemple de ce qu'on appelle les injustices environnementales.
02:09Et en fait, au bout d'un moment, les JO ont accepté de donner
02:12à l'école Anatol-France un appareil à aspiration de particules de pollution,
02:17sachant qu'ils en ont mis plein dans le village olympique.
02:19Ils ont concédé d'en donner un à cette école,
02:21mais on n'a aucune certitude sur son bon fonctionnement.
02:24Les espaces qui ont été détruits, ils avaient une grande valeur
02:27et une grande importance pour les habitantes et habitants qui les utilisaient.
02:30Une des grandes constructions de Paris 2024, c'est une piscine
02:33qui a été construite à Saint-Denis, qu'on appelle CAO,
02:37Centre Aquatique Olympique, donc qui est une piscine d'ailleurs très coûteuse,
02:40173 millions d'euros.
02:42Pourquoi est-ce que les JO se vantent d'avoir construit cette piscine ?
02:45C'est parce qu'elle est considérée comme un cadeau, un héritage,
02:48offert aux habitantes et habitants de la Seine-Saint-Denis,
02:51qui est un département où la plupart des enfants n'apprennent pas à nager.
02:55Ça, c'est la conséquence du faible niveau de vie des habitants,
02:58du fait qu'il n'y a pas assez de piscines en Seine-Saint-Denis,
03:01pas assez de profs de sport, pas assez de moyens pour l'éducation sportive.
03:04Et donc, à l'entrée en 6e, on estime qu'environ la moitié des jeunes,
03:09des ados ne savent pas nager.
03:10Et en fait, les profs de sport, ce qu'ils disent qu'eux,
03:12ce dont ils ont besoin, c'est des piscines de proximité,
03:15où il est facile d'aller parce que quand on a une heure de cours de sport,
03:19on n'a pas le temps de se taper 20 minutes de bus aller, 20 minutes de bus retour,
03:24pour ensuite avoir juste 30 minutes dans le bassin, ça ne marche pas.
03:27Il y a toute une critique qui est portée par des profs de sport,
03:30des profs de PS du 93, qui disent, nous, avec tout cet argent,
03:34avec ces 173 millions d'euros qu'a coûté la grande piscine olympique,
03:38on aurait pu imaginer des plus petits bassins, plus modestes,
03:42moins spectaculaires, mais qui auraient été plus faciles à utiliser.
03:46Et c'est là qu'on voit qu'il y a vraiment une distance, un écart
03:49entre ce que les JO aiment faire, c'est-à-dire des constructions monumentales,
03:53où on veut laisser une trace, on veut laisser une marque un peu prestigieuse,
03:57un peu admirable architecturellement sur un territoire.
04:00Et un écart entre ça et la réalité des besoins, en fait,
04:04qui sont à la fois plus modestes, plus discrets, plus pratiques,
04:07qui sont demandés par les habitants et notamment par le monde du sport local.

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