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00:00C'est une session qui s'annonce tendue. Jusqu'au 31 juillet prochain, le comité du patrimoine mondial de l'UNESCO se réunit à New Delhi en Inde.
00:08Il examinera notamment les candidatures de 28 sites pour inscription sur la liste du patrimoine mondial.
00:14On en parle avec vous Maria Gravari-Barbas, professeure de géographie à l'université parisien Panthéon-Sorbonne.
00:21Vous dirigez également la chaire UNESCO culture, tourisme et développement. Bonjour à vous.
00:27Une nouvelle liste a récemment été créée par l'UNESCO. Elle concerne spécifiquement les sites en péril.
00:33Les autorités de certains sites concernés s'opposent à une telle inscription. C'est notamment le cas de Venise.
00:38Pourquoi une telle opposition ? Expliquez-nous.
00:41Il existe effectivement cette liste qui a été créée depuis le début de la convention de 1972 pour le patrimoine mondial.
00:50Cette liste réunit aujourd'hui 57 sites qui se trouvent un peu partout dans le monde.
00:56Mais quand même, leur grande majorité se trouve dans le Grand Sud, avec une vingtaine de sites par exemple en Afrique
01:03et environ 16 sites dans le Proche et le Moyen-Orient.
01:06Donc une géographie qui est effectivement très différente de celle de la liste principale de l'UNESCO
01:12qui réunit essentiellement des sites qui se trouvent en Europe ou en Amérique du Nord.
01:18Alors cette liste a de bonnes intentions. En fait, cette liste vise à faire en sorte que les sites qui sont menacés,
01:26qui font état d'un péril prouvé ou d'une mise en péril, puissent en fait profiter des moyens que l'UNESCO peut mettre à leur service.
01:39Par exemple, profiter des fonds du patrimoine mondial.
01:44Mais c'est assez étonnant, la plupart des pays, et notamment les pays de l'Ouest, les pays européens en particulier,
01:51sont très réticents à ce que leurs sites soient inscrits sur cette liste qui est vue à tort de nouveau comme une liste de déshonneur.
02:01Il y a très peu de pays qui eux-mêmes souhaitent faire appel à l'UNESCO pour inscrire des sites sur la liste du patrimoine à péril,
02:11comme par exemple les États-Unis qui ont demandé il y a quelques années à ce que les Everglades,
02:18ces parcs qui se trouvent sur la pointe sud de la Floride, soient inscrits sur la liste.
02:25D'autres pays font des pieds et des mains pour que leurs sites ne soient pas inscrits sur la liste à péril,
02:31parce qu'ils considèrent ceci comme un déshonneur.
02:35Et pourquoi justement ?
02:37Parce qu'être inscrit sur la liste du patrimoine à péril signifie que l'État parti n'a pas fait tout ce qu'il devait faire pour que les sites soient efficacement protégés.
02:48C'est le cas de Venise.
02:49En fait, Venise a été menacée d'une inscription sur la liste à péril en 2023.
02:55L'État italien a fait tout ce qui était possible pour que Venise ne soit pas inscrite.
03:01On sait que la question de Venise n'est pas résolue depuis les mesures, je dirais les mesurettes,
03:08qui ont été mises en place l'année dernière pour calmer un peu l'UNESCO,
03:13notamment ce fameux péage qui est testé en cours d'année et qui vise à décourager les visiteurs de la journée.
03:21Parce que l'inscription sur cette liste de sites en péril comprend des mesures contraignantes pour les sites concernés ?
03:30Alors, en fait, non, pas véritablement.
03:33Oui, bien sûr, contraignantes dans le sens où l'UNESCO somme l'État parti à prendre les mesures nécessaires pour protéger les sites.
03:41Et c'est le cas également de la barrière du corail que vous montrez ici.
03:45Donc, c'est effectivement une liste des mesures que l'UNESCO demande à l'État parti.
03:51Mais en même temps, l'UNESCO apporte également des moyens, apporte aussi cette protection de la communauté internationale,
03:58apporte aussi cette garantie que les sites qui étaient inscrits sur la liste du patrimoine en péril
04:04pourraient concentrer le fort des experts, les efforts financiers parfois,
04:10pour faire en sorte à ce qu'ils puissent être sortis le plus tôt possible.
04:14Puisque l'inscription sur la liste du patrimoine en péril n'est pas une inscription pérenne.
04:19L'idée, c'est de mettre le bien pendant quelques années,
04:22les années pendant lesquelles un certain nombre de nouvelles mesures ont été mises en place,
04:26et de les sortir, évidemment, le plus tôt possible.
04:29C'est par exemple le cas des tombeaux royaux à Kasoubi en Ouganda incendiant.
04:33En 2010, le site a été restauré puis retiré de la liste du patrimoine mondial en péril.
04:38C'est un bon exemple. Pour autant, les pays refusent de s'y plier.
04:44Oui, tout à fait. On a des bons exemples.
04:47On a vraiment des success stories de sites qui ont été très menacés et qui ont pu sortir de cette liste en péril.
04:55Très souvent, les listes sont inscrites pas seulement parce que les États négligent,
04:59les États ne prennent pas un certain nombre de mesures qui doivent être prises,
05:03mais également parce que les sites se trouvent dans des zones de conflits, dans des zones de guerre,
05:07dans des zones de tensions géopolitiques.
05:09Parfois, l'État est lui-même soumis à des situations qui lui échappent entièrement.
05:18Mais dans l'Ouest, et notamment en Europe, on sait que certains États partis n'ont pas fait le nécessaire pour protéger ces sites.
05:27C'est notoirement le cas de Venise.
05:30La ville de Venise et les autorités vénitiennes, mais également les autorités nationales,
05:35ont tardé pendant longtemps pour prendre les mesures qui pourtant étaient claires
05:41pour protéger la ville à la fois du surtourisme et de la montée des eaux dues au changement climatique,
05:49mais également d'une très mauvaise gestion des projets qui visent à protéger la lagune de la montée des eaux.
05:59D'autres sites vulnérables sont eux dans l'attente d'une inscription au patrimoine mondial de l'humanité.
06:05C'est le cas des îles Marquise, notamment l'un des cinq archipels de la Polynésie française.
06:10C'est la première fois depuis plus de 30 ans d'être inscrite sur ce glacement. Comment on explique une telle attente ?
06:15Un dossier, parfois, met des années à être préparé.
06:20Il faut effectivement pouvoir monter un dossier.
06:23Il faut faire en sorte que les communautés locales portent ce dossier.
06:26Il faut faire en sorte qu'il y ait un vrai consensus au niveau de l'inscription.
06:30Ce n'est pas à la portée de tout le monde.
06:32C'est vrai que c'est en général un processus qui est compliqué et qui est long.
06:36Parfois, il est exceptionnellement long.
06:38Je suis vraiment ravie que ce dossier soit actuellement porté à l'UNESCO.
06:43J'espère qu'il sera reconnu cette année.
06:48C'est un très beau dossier.
06:50C'est un dossier qui est très complexe également.
06:52Un site mixte, c'est-à-dire un site qui sera inscrit, s'il est inscrit évidemment,
06:57à la fois selon des critères culturels et naturels.
07:01C'est un environnement qui est très complexe.
07:03C'est un environnement qui sera reconnu dans toutes ses dimensions,
07:06à la fois les dimensions culturelles d'un peuple qui a énormément souffert,
07:10d'un peuple qui a failli être exterminé.
07:12On sait que tout le long du 19e et du début du 20e siècle,
07:17les peuples marxistes ont failli être totalement décimés par la colonisation,
07:26par les maladies, par tout un ensemble d'effets
07:29qui était lié essentiellement à la colonisation européenne.
07:32Très rapidement, avant de se quitter, un mot peut-être sur New Delhi.
07:36Pourquoi ce comité se réunit en Inde cette année ?
07:41Les comités se réunissent dans des lieux différents tous les ans.
07:44C'est très important que le comité puisse être présent dans différents endroits du monde.
07:50Les lieux du comité, de toute façon, changent tous les ans.
07:55Le comité lui-même est un comité qui se rénouvelle entièrement,
07:59très fréquemment, de façon à ce que l'UNESCO et le patrimoine mondial
08:05puissent refléter toutes les sensibilités de tous les États qui sont ses États membres.
08:13Maria Gravari Barbas, professeure de géographie à la Sorbonne.
08:17Merci beaucoup à vous.