Marine Tondelier Secrétaire nationale des Écologistes-EELV est l'invitée de Questions politiques ce dimanche. Elle revient sur les tractations à gauche en vue de former le prochain gouvernement, sur fond d'incertitude sur ce qu'en fera Emmanuel Macron. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/questions-politiques/questions-politiques-du-dimanche-14-juillet-2024-7502174
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00:00Bonjour, ravie de vous retrouver après deux semaines d'absence, deux week-ends d'élections,
00:15élections législatives, on se retrouve dans Questions politiques pour la dernière de
00:19la saison, l'émission politique du dimanche sur France Inter en partenariat avec le journal
00:24Le Monde.
00:25C'est aujourd'hui un drôle de 14 juillet, c'est le moins que l'on puisse dire après
00:30ces coups de feu cette nuit aux Etats-Unis, l'ancien président Donald Trump, victime
00:35d'une tentative d'assassinat en plein meeting, il en est finalement sorti indemne, mais difficile
00:41de ne pas y voir, comme l'a écrit le président Macron, un drame pour toutes nos démocraties.
00:46Et puis, drôle de 14 juillet en France cette fois, avec une assemblée depuis une semaine
00:51totalement paralysée, partagée en trois blocs, incapable de discuter, et la gauche
00:56arrivée en tête aux dernières élections, qui ne parvient pas à s'organiser, elle
01:01n'a toujours pas de premier ministre à proposer, Huguet de Bélot vient officiellement de décliner,
01:06alors le nouveau front populaire va-t-il finir par réussir à gouverner ? On va poser la
01:11question à celle qui a été la révélation de ces élections, Marine Tondelier, secrétaire
01:17nationale d'Europe Ecologie Les Verts, elle est notre invitée ce dimanche, dans
01:21Question Politique, en direct, et jusqu'à 13h.
01:23Question Politique
01:27Karine Bécard sur France Inter
01:31Bonjour Marine Tondelier.
01:32Bonjour et merci de votre invitation.
01:33Merci de l'avoir acceptée.
01:35A mes côtés pour vous interviewer Nathalie Saint-Cricq de France Télévisions et Françoise
01:39Fressoz du journal Le Monde, ça n'a pas changé.
01:42Bonjour mesdames.
01:43Bonjour.
01:44On commence toujours cette émission par des images qui ont marqué l'actualité, difficile
01:49de passer à côté, de cette tentative d'assassinat, cette nuit, de Donald Trump, j'en parlais
01:54à l'instant, visage en sang, mais point levé, fight, combatté, a exhorté le candidat
02:00républicain à l'élection présidentielle américaine.
02:02En quittant donc la tribune du meeting qu'il était en train de tenir en Pennsylvanie,
02:07la classe politique du monde entier a évidemment réagi.
02:10Qu'est-ce que vous avez ressenti vous, Marine Tondelier, en apprenant ce matin ce qui s'est
02:15passé aux Etats-Unis ?
02:16Déjà, j'adresse mes plus sincères condoléances à la victime puisqu'il y a eu un mort dans
02:20cette fusillade.
02:21Et ce n'est pas possible en 2024 de mourir parce qu'on participe à un meeting politique.
02:27Je le dis parce que ce qui se passe aux Etats-Unis, ce n'est pas juste aux Etats-Unis.
02:30Il y a une flambée de violence, une flambée de tension dans nos sociétés qui peuvent
02:34arriver au pire.
02:35Et oui, cette nuit aux Etats-Unis, c'est passé le pire.
02:38Je le dis parce qu'en France, certains partis attisent la haine, attisent les tensions.
02:42Ils veulent une France qui vive face à face et pas une France qui vive côte à côte.
02:47Vous pensez à qui ?
02:48Je pense à l'extrême droite.
02:49Ils veulent une France qui se dévisage et pas une France qui s'envisage.
02:52Moi, je viens d'une famille politique qui a toujours, toujours prôné la non-violence,
02:56toujours, toujours prôné la désescalade.
02:58Mais le bruit, le chaos, c'est vraiment…
03:00Et je le dis tranquillement, c'est la seule attitude responsable à avoir en ce moment
03:04parce que ça, cette tension permanente, ravivée en permanence, plus des lois sur
03:10les armes à feu qui, dans certains pays, il faut le dire aussi, sont largement insuffisantes,
03:15et je pense notamment aux Etats-Unis, peuvent conduire au pire.
03:18Mais on peut comparer comme ça les Etats-Unis et la France ? Parce que là, vous n'êtes
03:21ligué entre les deux pays, la situation de tension, la violence en politique est la
03:25même ?
03:26Il ne faut pas penser que ce qui se passe aux Etats-Unis est propre aux Etats-Unis.
03:29On voit bien que dans le monde entier, pas juste en France et aux Etats-Unis, dans le
03:32monde entier, il y a une tension qui s'accentue parce qu'il y a une crise sociale, une crise
03:37environnementale, une crise économique, que ça tend les rapports de force et que le monde
03:40se durcit.
03:41Et que plus c'est violent, plus on peut choisir d'être encore plus violent et de faire
03:46l'escalade.
03:47Et à ce petit jeu-là, il n'y a jamais de gagnant.
03:50Vous la ressentez particulièrement en ce moment ?
03:52Évidemment.
03:53Soit on prône la désescalade.
03:54C'est ce que les Verts ont toujours fait.
03:55Moi, je vous le dis, on peut choisir la loi du plus fort, elle ne mène jamais à rien
04:00de bon pour nos sociétés et l'histoire de l'humanité l'a toujours montré.
04:03Il n'y a qu'une seule solution, la désescalade, l'apaisement, j'ai souvent dit apaisé,
04:08protégé, réparé.
04:09C'est ça le triptyque.
04:10C'est-à-dire qu'il faut soigner cette société.
04:11Et on le voit en France, je pense que les Français, ils ont besoin de reprendre confiance
04:16dans leur pays.
04:17Ils n'ont pas besoin qu'on ne leur balance que de nouveaux problèmes à la figure.
04:19C'est vraiment la mission des responsables politiques de ce pays, en particulier, mais
04:23en réalité de tous les pays du monde.
04:25Est-ce qu'il y a peut-être une responsabilité plus large, notamment de la France insoumise
04:28quand on voit François Bruffard…
04:29Vous parlez de Trump, vous vous arrivez sur la France insoumise.
04:31Non, vous avez parlé de la France et de la brutalisation.
04:33Je me demandais combien de temps on allait mettre pour arriver sur la France insoumise,
04:36mais allons-y.
04:37C'est une émission politique, on parle de politique, alors allons-y.
04:41Tout simplement pour dire que quand on a appelé à des déferlantes dans la rue, quand on
04:46appelle à éventuellement une marche sur Matignon…
04:48Ce n'est pas moi, c'est François Ruffin qui dit qu'il faut cesser de brutaliser
04:52la vie démocratique.
04:53Est-ce que vous ne considérez pas qu'il y a aussi une part de responsabilité du côté
04:56des insoumis, c'est tout ?
04:57C'est-à-dire les extrêmes, ce n'est pas moi qui invente ça.
05:00Chacun a son style, ce n'est pas le style des écologistes, mais je suis écologiste
05:05et je crois aussi en la biodiversité, c'est-à-dire qu'au Nouveau Front populaire, chacun a
05:09son style, son histoire, ses méthodes.
05:11Je ne veux pas passer mon temps à commenter celle des autres.
05:13Par contre, ce que je refuserai toujours, et je le condamne à nouveau ici sur ce plateau,
05:16c'est une forme de banalisation, de signe égal mis entre la France insoumise qui est
05:22un parti républicain de gauche et le Rassemblement national qui est un parti d'extrême droite.
05:28Quand je vous parle de Trump, attendez, c'est quand même assez symptomatique.
05:30Je vous parle de Trump, je vous parle certes de la France, vous ne me dites pas, tiens,
05:34on va parler de l'extrême droite qui sont les alliés naturels de Trump en France.
05:37Vous me dites tout de suite France insoumise.
05:40Je pense que ce bruit de fond, car oui il y a un bruit de fond là-dessus, à chaque
05:43fois que je viens à cette antenne, on me parle plus de la France insoumise que du Rassemblement
05:46national.
05:47Et ayant été élu d'opposition depuis 10 ans et ça continue à un maire d'extrême
05:51droite, je vous le dis dans les yeux, l'extrême droite, ce n'est pas pareil que les autres
05:55partis.
05:56On peut dire ce qu'on veut des autres partis, leurs fausses, leurs faiblesses, être pas
05:59content de certains trucs, le critiquer, voilà, mais ce n'est pas pareil que l'extrême
06:03droite.
06:04Je vous l'annonce, il y a eu Trump et l'extrême droite, pas de gauche.
06:06Alors revenons maintenant à nos images politiques qui ont marqué ces trois dernières semaines,
06:12depuis la dissolution voulue par Emmanuel Macron, en passant par les résultats renversants
06:16du second tour des élections législatives, et jusqu'à l'arrivée cette semaine de
06:20chaque groupe politique à l'Assemblée, quelle est l'image de ces derniers jours
06:25qui vous a le plus marquée Marine Tendelier ?
06:27Eh bien je vais vous citer évidemment l'image de l'arrivée des députés écologistes
06:31à l'Assemblée nationale, parce qu'il faut quand même se dire qu'on vit un moment
06:34incroyable, tous vos auditeurs l'ont bien en tête.
06:36Quatre semaines avant, on ne savait pas qu'il y aurait une dissolution.
06:38En quatre semaines, il y a eu le choc de l'annonce de la dissolution, l'entrée très rapide
06:43et très intensive en campagne, une belle campagne, je le dis, j'en suis extrêmement fier, parce
06:47que là où Emmanuel Macron avait quand même expliqué à Auradour-sur-Glane, un lieu de
06:53mémoire pour le 80e anniversaire de ce massacre, il était arrivé flamboyant le lundi matin
06:57en disant « Ah, je leur ai jeté une grenade des goupilles dans les jambes ». Il parlait
07:00de la gauche.
07:01Auradour-sur-Glane, c'est un cynisme absolu.
07:03Je dois vous dire que n'importe quel candidat législatif aurait dit ça en France, il aurait
07:07été démissionné par son parti.
07:08Parce que c'est inadmissible de faire ça dans une commémoration avec la charge émotionnelle
07:12de ce lieu, et en plus en disant « Je leur ai tiré dans les jambes », en sachant que
07:15les nazis, oui, Auradour-sur-Glane avait tiré dans les jambes des hommes pour pouvoir ensuite
07:20mettre le feu à leur corps, mais qu'ils brûlent vif pour découpler leur surfrance.
07:23Donc, il y a un moment des propos qui ne sont pas possibles.
07:26Donc, on avait ça, cette surprise, et nous, nous avons fait une campagne concentrée,
07:30déterminée, extrêmement enthousiasmante, une belle campagne, qui aboutit surtout à
07:37accroître la présence des écologistes à l'Assemblée, et je suis très très fière
07:41que la quasi-intégralité des sortants aient été réélus.
07:45Je suis très malheureuse pour Francesca Paschini qui n'a pas été réélue et qui avait commencé
07:50un travail sur le MeToo dans le cinéma qui me paraît essentiel et qu'il faudra poursuivre
07:53sous d'autres formes.
07:54Mais je sais aussi qu'il y a plein de nouveaux qui sont arrivés.
07:56Benoît Abito, notre député européen préféré, éleveur en polyculture en Charente, qui parle
08:05de l'agriculture avec justesse et avec son vécu.
08:08Je pense à Boris Tavernier qui est aussi, que nous avons fait, élu re-député alors
08:12qu'il n'est pas issu de nos rangs, il n'a pas sa carte chez les Verts, mais on
08:15le trouvait hyper intéressant parce qu'il mène un travail incroyable sur l'alimentation
08:18dans les quartiers populaires en proposant des épiceries vrac.
08:20Et puis Cyrille Chatelain, notre présidente de groupe, qui est en train d'animer ça
08:25très bien et je lui accorde toute ma confiance parce qu'elle fait un travail incroyable
08:28depuis deux ans.
08:29Et vous allez voir que ça va continuer.
08:30Les écologistes joueront un rôle clé à l'Assemblée Nationale.
08:32Donc voilà, on voit 33 députés écologistes, les Verts, sur le perron de l'Assemblée
08:38Nationale.
08:39Et vous n'êtes pas au milieu de cette photo ?
08:41J'étais à ma place ce matin-là, en train de faire le reste.
08:45Chacun, vous savez, chez les écologistes, chacun est à son poste.
08:47On mène un travail d'équipe incroyable depuis le début de cette séquence, dans
08:51une grande confiance, dans une grande cohésion.
08:54Et moi, vous savez, j'ai passé mon temps à répondre, à subir des préjugés sur
08:57mon parti.
08:58C'est le jeu politique, il n'y a pas de problème.
08:59Mais je veux que chacun mesure que depuis quatre semaines, personne n'a rien à dire
09:03sur les Verts.
09:04On est à notre poste concentré, déterminé et vous allez voir que ça va continuer.
09:06Alors on va rebondir sur tout ça avec Françoise Fressoz maintenant, qui a choisi la même
09:09photo que vous, mais concernant justement Jean-Luc Mélenchon et le groupe de la France
09:14Insoumise.
09:15J'aurais dû mettre le groupe RN, j'avais des trucs à dire.
09:16Oui, parce qu'aux dernières nouvelles, Jean-Luc Mélenchon n'est pas député,
09:19il ne se présentait pas et il est quand même au milieu de ce groupe.
09:22Et au fond, le paradoxe de la situation actuelle, c'est qu'on le dit en retrait, on le dit
09:27contesté, on voit que François Ruffin a quitté LFI, on voit que certains élus comme
09:32Alexis Corbière, Clémentine Autain se dégagent et en même temps, l'homme est absolument
09:38omniprésent.
09:39Il a donné le la le soir du premier tour des législatives, en appelant au Front Républicain,
09:44il a donné le la le soir du deuxième tour des législatives, en disant « je veux gouverner
09:49en appliquant le programme, tout le programme, rien que le programme ». Et depuis une semaine,
09:53il s'ingénie à faire capoter les négociations pour le futur gouvernement, parce qu'il ne
09:59veut pas voir les socialistes s'installer à Matignon et je pense qu'il ne veut pas
10:04non plus gouverner autrement qu'à ses conditions.
10:07Et donc le paradoxe, c'est qu'il y a une semaine, la gauche avait l'air vraiment
10:13aux portes du pouvoir, une semaine après, elle n'en a jamais été aussi éloignée.
10:17Pour moi, j'appelle ça du sabordage, mais au fond, ça correspond exactement à ce que
10:21veut Jean-Luc Mélenchon, ne pas gouverner et être en confrondation directe avec Marine
10:26Le Pen.
10:27On va évidemment disséquer tout ça tout au long de cette émission.
10:30Non, non, non, non, on va largement en parler jusqu'à 13h, ne vous inquiétez pas, on
10:34va terminer ces images de la semaine avec Nathalie Saint-Cricq.
10:37Alors rien à voir, vous, vous nous parlez de l'éternelle ambition des ambitieux.
10:41Il y a quand même un petit rapport avec tout ça.
10:43Alors dites-nous tout.
10:44C'est une image de Gabriel Attal et de ce qui s'est passé cette semaine, pour simplement
10:50incarner une espèce d'évidence qui est que la macronie n'existe plus vraiment, ou alors
10:55vraiment il y a trois représentants aux côtés d'Emmanuel Macron.
10:59Le symptôme, c'est le comportement de Gabriel Attal, qui a été décidé par trois éléments,
11:04dissolution, déception, émancipation.
11:07Vous avez dit tout à l'heure...
11:08Une petite humiliation aussi, on pourrait même rajouter.
11:10On ne sait même plus qui a humilié qui d'ailleurs.
11:12Et ça a commencé il y a un petit moment quand même, parce qu'Emmanuel Macron a une
11:15forte tendance à ne pas supporter que quelqu'un puisse briller, voire avoir un taux de popularité.
11:18Bon, à côté de lui, je précise que la grenade des goupillets est un propos recueilli et
11:24rapporté, qu'il ne l'a pas dit, par des journalistes de qualité.
11:27Mais ça reste des journalistes, voilà, c'est tout juste au passage.
11:30C'est pas gentil pour vos gros frères.
11:31Non, c'est juste pour dire bonjour aux auditeurs, c'est pas respect pour les auditeurs.
11:35Alors, il est à mer, mais ce n'est pas un perdreau de l'année.
11:38Gabriel Attal, ce n'est pas une victime ni collatérale ni directe.
11:41Donc il a décidé effectivement que le meilleur tremplin, c'était d'être président de
11:44groupe.
11:45Il se trouve que Gérald Darmanin avait décidé la même chose, mais qu'il n'a pas réussi
11:48et compris avec horizon à faire quelque chose.
11:50Voilà, on voit le ministre de l'Intérieur aussi sur la photo d'ailleurs.
11:52Exactement.
11:53Donc, si vous voulez, son but, c'est de partir le plus vite possible pour ne pas s'abimer.
11:55Il considère que sa popularité déjà, c'est bien tenu par rapport à Sénémaniel Macron.
12:00Il ne voudrait surtout pas y laisser des plumes.
12:03Donc voilà, on va avoir la guerre des prétendants.
12:04Alors ça, on savait tous qu'elle était ouverte, mais maintenant, on a des choses concrètes.
12:07Darmanin, Gabriel Attal, Bruno Le Maire et Edouard Philippe, qui pour l'instant, après
12:11ses dîners avec Marine Le Pen, n'est pas en position forcément de satisfaire le plus
12:15de monde.
12:20Alors, elle a fini par renoncer, Huguette Bellot, la présidente du Conseil Régional
12:25de la Réunion, pressentie par une partie de la gauche pour devenir Première Ministre.
12:29Elle a estimé ce matin que sa candidature ne faisait pas suffisamment consensus et
12:35elle considère notamment, c'est ce qu'elle écrit en tout cas dans un communiqué, qu'elle
12:39n'est pas soutenue par le Parti Socialiste.
12:41On ne vous a pas encore entendue, Marine Tondelier, sur le sujet Huguette Bellot.
12:46Est-ce qu'Huguette Bellot a bien fait ce matin de décliner cette proposition ?
12:50Alors non, vous ne m'avez pas encore entendue sur le sujet parce que moi, je ne participe
12:55pas à une émission de télé-réalité.
12:56C'est-à-dire que je considère qu'on est en train de faire quelque chose d'extrêmement
12:59sérieux, nous, au Fonds Populaire.
13:01On décide qui sera le Premier Ministre, comment nous allons gouverner, comment nous allons
13:04appliquer le programme sur lequel nous avons été élus.
13:07Et je regrette que parfois, le débat se fasse plus dans les médias, sur les plateaux télé,
13:11sur les réseaux sociaux, que dans les salles où, je dois vous le dire, pendant 48 heures,
13:15nous avons eu extrêmement mal à mettre les gens.
13:17C'est-à-dire que pendant 48 heures, les instances du Parti Socialiste se réunissaient
13:20et d'eux qui nous disaient qu'on doit attendre nos instances pour venir dans la salle.
13:23Et donc pendant ce temps-là, on attendait, la candidature d'Huguette Bellot est sortie
13:25dans la presse et du coup, le débat s'est fait dans la presse.
13:27Mais vous parlez de qui exactement ? Pardonnez-moi, vous parlez de qui ? Des insoumis ? Des socialistes
13:30? Qu'est-ce qu'il y a trop à manquer ?
13:31Là, c'est le Parti Socialiste parce que je trouve que, vous voyez, il faut qu'on
13:35traite bien les gens.
13:36On se cherche un ou une Première Ministre et si à chaque fois qu'un nom sort, un nom
13:40un peu crédible, un nom qui prend un peu d'ampleur, tout le monde sort les revolvers
13:44pour régler ses comptes sur les réseaux sociaux, alors on s'abîme tous et je regrette très
13:49sincèrement la manière dont Mme Bellot a été traitée par le débat public.
13:53Parce qu'Huguette Bellot, elle n'a rien demandé à personne.
13:55Oui, c'est le paradoxe de la situation, c'est qu'elle n'était pas candidate.
13:59Oui, mais quand son nom est sorti, elle avait quand même été prévenue par Fabien Roussel
14:03et par Jean-Luc Mélenchon qui la connaissent puisqu'elle était communiste et elle a
14:07soutenu les insoumis aux élections européennes.
14:10Et vous, vous la soutenez ou pas ?
14:11Moi, je ne la connaissais pas, je suis allée à La Réunion pendant les européennes et
14:15c'est vrai qu'on avait échangé nos équipes et puis on s'était dit, comme elle soutient
14:18Manon Brie et moi, Marie Toussaint, on ne voulait pas que ça fasse cafouillage et que
14:21ça fasse de la friture sur la ligne.
14:23Donc, on avait décidé d'un accord qu'on se reverrait plus tard.
14:25Moi, quand j'ai vu son nom arriver sur la table, on l'a considéré chez les écologistes
14:30avec beaucoup d'intérêt et beaucoup de sérieux.
14:31C'est une candidature qui est crédible, je dirais même qui est inspirante, qui est
14:35solide.
14:36Elle a été 22 ans députée et elle est présidente d'une région qui, comme chacun
14:39sait, n'est pas simple.
14:40Donc moi, ce que j'ai fait, j'ai eu une réaction, j'estime normale, j'ai décroché
14:43mon téléphone et je l'ai appelée.
14:44On s'est parlé.
14:45Elle vous a dit quoi ?
14:46Vous savez, ce qui m'a touchée, c'est qu'elle me connaissait par France Inter.
14:50Elle me connaissait parce qu'elle avait, comme beaucoup d'auditeurs, bouillonné
14:53en écoutant Benoît Le Maire dans sa voiture.
14:56Renaud Le Maire.
14:57Il m'a tellement énervée que j'ai oublié son prénom.
14:58Dans sa voiture et en me disant pourquoi personne ne l'arrête ? Qu'est-ce qu'il
15:02est en train de faire ? Comment va-t-on faire ? Et si ça commence comme ça, c'est sûr
15:05que le RN a gagné.
15:06Et elle m'a dit avoir été très touchée par ça.
15:08Et on a aussi beaucoup parlé de son parcours.
15:10Moi, je vais vous dire, je pense à toutes les petites filles de ce pays, à tous les
15:14racisés de ce pays, à tous les ultramarins, des personnes qui ne sont pas assez présentes
15:18dans le débat public et qui se sont sûrement dit, en voyant son nom arriver sur la table
15:21« enfin ». Enfin, on va parler de nous.
15:25Moi, juste, ce que j'avais dit à Huguette Bellot et ce que j'avais dit à mes partenaires
15:28politiques, on a encore eu une réunion hier soir, c'est que chez Les Verts, on ne pouvait
15:31pas s'engager pleinement, à 100% à fond, sur la base d'un coup de fil de 10 minutes.
15:36C'est normal.
15:37C'est une manière sérieuse d'aborder les choses.
15:38Et donc, ce que nous avions demandé à Huguette Bellot, c'est de pouvoir la recevoir de manière
15:41un peu collective chez Les Verts, pour faire plus ample connaissance et pouvoir bien défendre
15:46sa candidature.
15:47Ce n'était pas un truc de défiant, c'était vraiment un truc de soutien pour faire proprement
15:50les choses.
15:51Et je pense que chacun comprendra que c'est plus facile pour des insoumis ou des communistes
15:54qui ont déjà travaillé avec elle, que pour nous, on avait très peu de contacts.
15:57Mais vraiment, elle nous semblait cocher beaucoup de cases.
16:00Et moi, je vais vous dire, à un moment, la position des Verts, depuis le début, elle
16:02est simple.
16:03Mon sujet, ce n'est pas que ce soit un insoumis ou pas un insoumis, un socialiste ou un socialiste.
16:08C'est qui ? Quelle histoire ça raconte ?
16:09Est-ce que c'est un gouvernement de quoi ?
16:11On va en parler après, mais juste, je voulais finir sur Huguette Bellot.
16:14C'est une militante, 40 ans de militantisme, tout le monde ne peut pas en dire autant en
16:17politique.
16:18C'est quelqu'un qui participait, très jeune déjà, au lycée, aux marches contre
16:23l'apartheid en Afrique du Sud, qui a une histoire personnelle qui raconte tellement
16:26de choses, que je trouvais ça extrêmement intéressant.
16:29Et pour avoir passé beaucoup de temps en Outre-mer, ça fait 10 ans que je travaille
16:32sur le sujet, mais vous savez que je ne prends pas trop l'avion.
16:33Et donc, pendant les européennes, je me suis dit, bon, allez, il faut y aller, il faut
16:36aller sur place.
16:37On le fait pour la cause, pour aller défendre les sujets.
16:39Je suis allée en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à La Réunion et à Mayotte.
16:43Je me suis pris des baves dans la gueule, vraiment.
16:46Parce que ?
16:47Parce que j'ai eu honte d'être française, j'ai eu honte du sort que réservait la
16:51République française à ces territoires, tout en disant, l'Outre-mer, c'est la France,
16:54on vous aime, on vous aime.
16:55Mais alors pourquoi, si c'est la France, ils n'ont pas les mêmes écoles que nous ? Pourquoi
16:58ils n'ont pas le même accès aux soins ? Pourquoi ils n'ont pas accès à l'eau potable ?
17:01Donc ça aurait été bien qu'une ultramarine devienne la première ministre ?
17:03Et surtout, vous savez les gens, j'ai rencontré notamment des Amérindiens en Guyane, ils
17:07ont été déplacés trois fois pour construire Kourou, le centre spatial, ils n'ont même
17:11pas accès à l'eau potable et à l'électricité.
17:13Alors que la France les a déplacés et qu'ils sont quand même chez eux, on est venus chez
17:17eux, on les a suppliés.
17:18Et attendez, il me disait en pleurant, mais vous savez, est-ce qu'au moins on parle
17:22de nous en Hexagone ? Est-ce que les gens savent ? Et je lui avais dit, moi-même en
17:25pleurant, ben non, ben non.
17:27Et donc j'avais dit que je parlerais d'eux.
17:28Mais c'est dur de parler d'eux, on n'en parle jamais.
17:29Vous auriez été favorable à cette candidature à titre personnel, en tout cas.
17:32Et c'était la position de mon parti, nous en avons discuté hier.
17:35Et évidemment, les gens, ils disaient, mais est-ce qu'on peut préciser ça ? Est-ce
17:38que là-dessus, c'est quoi son avis ? Et moi, je ne pouvais pas être sa porte-parole,
17:40je ne la connais pas assez.
17:41Donc on avait convenu de faire cet échange.
17:42Mais vraiment, c'était accueilli avec beaucoup de bienveillance, d'enthousiasme et on a
17:46décidé de les servir.
17:47Pourquoi vous n'avez pas soutenu la candidature d'Olivier Faure ? Le nom est sur la table
17:50depuis une semaine.
17:51Qu'est-ce qui vous perturbe dans sa candidature ?
17:53Vous savez, une négociation, c'est un rapport au temps.
17:56Moi, j'aime bien la phrase qui dit « le vrai dialogue est celui dont tout le monde
18:00sort changer ». Je pense que c'est comme ça qu'on doit aborder ces négociations.
18:04C'est-à-dire que si on a les Insoumis qui se font un Insoumis, les Socialistes qui
18:07se font un Socialiste, et puis Fabien Roussel et moi qui regardons comme un match de Roland-Garros
18:11les balles passées, ce n'est pas intéressant.
18:13Il faut que tout le monde bouge.
18:14Et vous voyez, les Insoumis, vous en pensez ce que vous en pensez.
18:16J'ai bien compris ce que vous en pensez dans ce studio.
18:18Mais ils sont pros.
18:19C'est-à-dire que quand ils disent une chose, ils s'y tiennent.
18:22Ils ne sont pas dans un mensonge, dans une manipulation.
18:27Vraiment, ils sont réglos et on discute éminents.
18:29Le problème que j'ai eu avec le Parti Socialiste, c'est qu'ils n'ont mis qu'un nom sur
18:34la table.
18:35Olivier Faure.
18:36Dont par ailleurs, je pense beaucoup de bien, sur plein d'aspects.
18:38Il raconte lui aussi une histoire.
18:39Mais quand on nous pose un nom sur la table en disant « c'est lui parce que c'est
18:43notre chef », « c'est lui parce qu'il est premier secrétaire du Parti Socialiste
18:46». Ah bon ? Pourquoi ? C'est quoi cet argument ?
18:49Et donc après, on va dire « nous, c'est Marine parce que c'est la cheffe des Verts
18:52et puis nous, c'est Fabien, il est chef des commises, on ne va pas faire ça, on ne
18:54s'en sort pas ».
18:55Et donc je trouve que les Insoumis, quelque part, ça va vous surprendre, avaient fait
18:59plus de pas dans la discussion et le fait même d'accepter Huguette Bellot, qui n'est
19:03même pas adhérente de leur parti…
19:04Mais ce n'était pas Jean-Luc Mélenchon, ce n'était pas Clément Petit, ils avaient
19:07accepté ce pas.
19:08Il faut maintenant que les autres fassent d'autres pas.
19:10C'est pas accepter Huguette Bellot, c'est qu'on a très bien compris globalement
19:13qu'entre Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon, c'était une personnalité qui avait été
19:17choisie.
19:18Alors, si vous avez mieux compris que moi qui étais dans la discussion, je vous félicite.
19:21Je vais vous dire comment ça s'est passé.
19:22Oui, mais alors méfiez-vous beaucoup, parce que j'ai lu beaucoup de choses, il se trouve
19:28que c'était moi qui représentais les Verts dans cette discussion, et c'était une discussion
19:30entre quatre chefs de parti, donc il n'y avait que moi dans cette pièce.
19:33Alors attendez, juste petite alerte, méfiez-vous beaucoup de ce qu'on raconte sur les uns
19:37et les autres, parce qu'on est dans une entreprise aussi d'un toxe et de contre
19:40un toxe.
19:41Je lis sur les Verts beaucoup de choses qui m'agacent, qui sont rapportées par d'autres
19:43à qui on n'a pas demandé leur avis, et donc je le dis solennellement dans ce studio,
19:47que seuls les écologistes sont habilités à parler sur les écologistes.
19:50Bien sûr, mais je ne parle pas des écologistes, je dis simplement que la candidature d'Huguette
19:54Bellot, pour certains qui sont et avec vous et d'autres du Parti Socialiste ou du Parti
19:59Communiste, ont quand même mis en cause le fait qu'elle avait voté contre la loi laïcité
20:03en 2004.
20:04Elle n'était pas là.
20:05Elle n'est pas là non plus pour le mariage pour tous.
20:07Non mais attendez, on va avancer parce que Huguette Bellot, on a compris qu'elle avait
20:13tourné la page.
20:14Elle a voté une motion à la Réunion que vous auriez pu voter également.
20:17La position officielle d'Huguette Bellot, c'est de vous laisser au vert de proposer
20:20son candidat.
20:21Attendez, s'il vous plaît.
20:22Alors chacun son tour, prenez votre ticket.
20:23Voilà, exactement.
20:24Prenez votre ticket.
20:25J'aimerais bien qu'on essaie d'organiser les choses.
20:26Huguette Bellot, on va tourner la page.
20:27On a compris qu'elle avait décliné.
20:28On a entendu votre réponse, Madame Tourdelier, Marine, pardonnez-moi, j'en oublie votre
20:34prénom.
20:35Je voudrais qu'on parle, qu'on continue à parler.
20:36Pas mon prénom, normalement on l'oublie.
20:37Je voudrais qu'on continue à parler des insoumis parce qu'ils ont décidé, et ce
20:41n'était pas prévu, de se réunir, là, en ce moment, depuis midi.
20:45Je voudrais qu'on écoute Clémence Guettet, députée à l'EFI, très proche de Jean-Luc
20:48Mélenchon.
20:49Elle était ce matin notre invitée sur France Inter.
20:50C'est pour parler du blocage du Parti Socialiste parce qu'à ce stade, nous ne le comprenons
20:54pas.
20:55Nous avons fini par comprendre que le Parti Socialiste ne voulait pas d'un insoumis ou
20:59d'une insoumise.
21:00Puis nous avons fini par comprendre qu'il voulait d'un socialiste.
21:03Puis nous avons fini par comprendre que le socialiste en question était Monsieur Faure.
21:06Hier, il y avait un conseil national du Parti Socialiste.
21:08Nous attendions de comprendre exactement quels arguments politiques ils nous opposeraient
21:12à la candidature de Mme Bellot.
21:14Nous n'en avons eu aucun.
21:15Et donc nous, nous réunissons en effet notre coordination pour discuter et essayer d'analyser
21:20quel peut être le blocage.
21:22Nous attendons davantage d'informations, mais nous allons continuer à nous parler.
21:25C'est une évidence.
21:26Voilà, et nous, on va essayer de continuer à avancer et j'aimerais bien qu'on parle
21:28effectivement précisément du PS qui, visiblement, semble bloquer les discussions.
21:32Est-ce que vous dites la même chose que Clémence Guettet, ce matin, Marine Tendelier ?
21:35Alors, premièrement, j'ai compris que vous vouliez essentiellement que je parle
21:39de tous mes partenaires du NFP pour du nom de fond de boule, après, vous le bienvenus,
21:42je parle de vous.
21:43Mais je rappelle quand même que les premiers responsables de cette situation s'appellent
21:48Emmanuel Macron.
21:49Parce qu'il a lancé une dissolution sans aucune discussion, justement, sans aucune
21:53concertation, comme d'ailleurs il a gouverné depuis 7 ans, dont il n'accepte pas le résultat.
21:57Parce qu'il faut quand même rappeler que les Français, on leur a posé une question,
22:00ils ont répondu très clairement.
22:01Donc maintenant, avançons, vous êtes arrivés en tête dans ces élections législatives
22:04et qui vous voulez mettre à Matignon ?
22:09Est-ce que vous, vous avez un candidat à proposer, étant donné qu'on est en situation de blocage ?
22:14Nous en avons proposé plusieurs, mais la position des écologistes, ce n'est pas d'ajouter
22:20des problèmes aux problèmes, nous on cherche des solutions.
22:22Et donc, quand, avec Fabien Roussel, nous avons pris acte du fait qu'il y avait un
22:26veto insoumis sur les socialistes et un veto socialiste sur les insoumis, nous leur avons
22:31dit, au bout de trois jours, qu'il allait falloir dégager un peu le jeu, ouvrir le
22:35jeu.
22:36Et donc on leur a dit, est-ce que les insoumis ont de nouveaux noms à mettre sur la table,
22:39ce qu'ils ont fait ? Est-ce que les socialistes ont de nouveaux noms à mettre sur la table,
22:42ce qu'ils n'ont pas fait ? Et puis on a dit, si de toute façon ça continue, on va
22:46mettre nous-mêmes des noms sur la table, on va les chercher autre part que chez les
22:49insoumis ou sur les socialistes.
22:50Et donc, beaucoup de noms ont été mis sur la table, parce que nous les écologistes,
22:54notre sujet, ce n'est pas…
22:55Dites quelques-uns, vous soutiendriez.
22:57Oui, quelques-uns, oui, c'est intéressant.
22:58On en a donné plusieurs, parce qu'en fait, il y a beaucoup de noms qui circulent dans
23:00le débat public.
23:01Et ce que nous avons surtout dit, c'est que ce n'était pas des noms ajoutés pour
23:04ajouter du blocage au blocage, mais c'était des noms qui étaient là, au cas où, si
23:08un moment, ça permettait de sortir de cette situation.
23:10Mais nous n'avons pas posé que des noms écologistes, nous avons aussi proposé des
23:13noms de la société civile.
23:14Voilà.
23:15Est-ce que ça peut être une solution ?
23:16Bien sûr, parce que la France a besoin de retrouver confiance, et parce que quand vous
23:20gagnez une élection, il faut toujours se rappeler comment vous l'avez gagnée, pourquoi
23:25et grâce à qui.
23:26Et nous ne l'oublions pas.
23:27Le Front Populaire, ce n'était pas que les quatre partis qui sont dans la salle.
23:30C'était des syndicalistes, c'était des associatifs, c'était des gens des quartiers,
23:34des gens de la ruralité, des Français qui se sont levés.
23:36Alors, Laurent Berger, il a déjà dit non, malgré tout.
23:39Vous avez bien compris que je n'allais pas faire mes pronostics sur ce plateau.
23:42Mais ce que je veux juste vous dire, c'est que pour les écologistes, ce qui est important,
23:45c'est de trouver une solution, et qu'on sera toujours du côté de la solution et
23:47pas du blocage.
23:48Donc, quand nous proposons des noms, ce n'est pas pour s'arc-bouter en disant
23:50« Eh bien, nous aussi, maintenant, on met des noms écolos, et si ce n'est pas nous,
23:53on va hurler sur les plateaux télé ». On propose des solutions, tout en disant « Moi,
23:57j'ai cité des noms qui étaient dans le débat public.
23:59Je ne suis pas, comme ça, à la recherche de la nouvelle star, je ne suis pas chef
24:03de casting.
24:04On a cité des noms qui, avec ma délégation composée de Cheryl Chalclin et de Bruno Bernard,
24:08on a proposé des noms qui étaient dans le débat public.
24:10Et puis, on leur a dit, si vous en voyez d'autres, allez-y, servez-vous.
24:14Vous voyez, c'est vraiment à la recherche du consensus.
24:16Mais sauf que ça fait une semaine que ça discute, et une semaine où il ne se passe
24:20rien.
24:21En tout cas, rien n'est toujours acté.
24:22Ça se débloque quand, tout ça ?
24:23Alors, s'il ne se passait rien, je ne serais pas sur ce plateau, ce matin, en train de
24:25vous raconter depuis 30 minutes.
24:26Donc, oui, il se passe beaucoup de choses.
24:27Et c'est normal.
24:28On est dans une situation politique inédite.
24:30Qui aurait pu prédire cette dissolution ? Qui aurait pu prédire que nous gagnerions ? Qui
24:34aurait pu prédire que nous serions en train de composer un gouvernement ? Moi, je vous
24:38le dis, il faut regarder autour de nous, en Europe.
24:39Le Danemark, ils ont mis un mois et demi pour faire leur gouvernement de coalition.
24:42En Allemagne, deux mois.
24:43En Espagne, quatre mois.
24:44Et aux Pays-Bas, 222 jours.
24:45Et là, on n'est pas dans la formation de la coalition.
24:47Pour l'instant, on est juste sur le premier ministre qui va organiser tout ça.
24:49Oui, mais c'est le problème.
24:50C'est qu'en fait, on se retrouve dans une situation institutionnelle auquel nos institutions
24:53ne sont pas prêtes.
24:54C'est-à-dire que nous, les Verts, on est cohérents.
24:56Ça fait 40 ans qu'on demande un régime parlementaire.
24:58Là, vous avez la possibilité, peut-être, de jouer le jeu du parlement.
25:02Oui, on a la possibilité, mais sans les règles qui vont avec, sans les traditions qui vont
25:06avec.
25:07Et donc, on est tous en train de tâtonner, de chercher des solutions.
25:08La constitution de la 5e est d'une grande souplesse.
25:11Je veux quand même remettre les choses dans la perspective.
25:18On avait trois forces possibles.
25:20Les macronistes qui se sont fait éjecter par les Français.
25:2373% des Français veulent une rupture avec le macronisme.
25:25Il y a dedans nos électeurs, il y a beaucoup d'électeurs qui n'ont pas voté pour nous,
25:28et beaucoup d'électeurs qui n'ont pas voté du tout.
25:3073%.
25:31Ensuite, il y a l'ERN.
25:32Alors, le Rassemblement National, c'est confortable.
25:35Parce que, moi, je l'ai beaucoup dit, Jordan Bardella, ce n'est pas du muscle, c'est de
25:39la gonflette.
25:40Il est venu.
25:41Moi, je suis prêt.
25:42Moi, je suis prêt.
25:43Puis, petit à petit, alors déjà, il dépiautait tout son programme, il refusait de débattre,
25:46ils étaient embarrassés.
25:47Leur candidat n'avait même plus le droit d'aller sur les plateaux télé tellement
25:48c'était un festival de n'importe quoi.
25:50Et il finit par dire, et alors, moi, j'irai à Matignon que si j'ai la majorité absolue.
25:55Royal au bar.
25:56Il faut un tapis rouge, sinon je n'y vais pas.
25:57Comment on fait dans la politique si tout le monde a cette attitude ? Alors, tout le
26:02monde va dire, moi non plus, moi non plus, puis on attend.
26:03Donc, vous, vous dites, on va au gouvernement, mais on n'a pas de Premier ministre, on n'a
26:07pas de majorité.
26:11Quand je dis un gouvernement de combat, ce n'est pas un combat pour brutaliser la société.
26:14C'est un combat pour mener les politiques sur lesquelles nous avons été élus.
26:17Mais avec quelle majorité ? Il manque plus de 100 voix.
26:20Eh bien, les majorités, nous irons les chercher une par une.
26:22Et ça passera à la fois par des recherches, évidemment, de consensus, de discussion,
26:27mais ça marchera aussi par la bataille de l'opinion.
26:29Donc, Emmanuel Macron n'a pas su le faire pendant deux ans, mais vous, vous serez sur
26:33chaque réforme à les chercher.
26:34Et c'est en même temps rien du tout.
26:35D'ailleurs, il est dans le comble du en même temps, dans le paroxysme du en même temps,
26:38parce qu'il a perdu dimanche, il explique qu'en même temps, il a gagné.
26:40Donc, moi, je comprends.
26:41Mais je vais vous expliquer comment nous allons gouverner.
26:44La bataille de l'opinion.
26:45Allons-y, on prend dans l'ordre.
26:46Comment c'est la bataille de l'opinion ? Ça veut dire, ça se passe comment ? C'est
26:49les sondages, c'est par où ?
26:50Je vous donne un exemple.
26:52Le chariot de course de rentrée gratuit, c'est quelque chose, c'est la mesure que
26:55j'avais moi présentée à la conférence de presse, quand j'ai dû en choisir une,
26:58c'est celle-là qui m'avait parlé en tant que maman.
27:00Parce que dans l'école de mon fils, à Énimbaumont, je vois bien que pour la rentrée, il y a
27:05des mamans qui vont devoir dire à leur fils, ce cartable-là, tu ne peux pas, cette trousse-là,
27:08tu ne peux pas, c'est dur, que le prix de ce chariot de course, ça va remplacer peut-être
27:12la journée à la mer qui aurait pu constituer leur seule vacance.
27:15Et donc, en fait, ce n'est pas possible de faire ça à des enfants dans ce pays.
27:18Et donc, nous, on disait que l'école devait être intégralement gratuite et qu'on allait
27:21faire ça à la rentrée.
27:22Il y a un million six de mamans solos dans ce pays.
27:24Il y a aussi des papas solos, puis il y a des familles modestes qui attendent de savoir
27:27si on va réussir à le faire ou pas.
27:29Alors, quand nous aurons constitué ce gouvernement, le plus vite possible, je l'espère, mais
27:32voilà, un pas appelle l'autre, on ne va pas aller plus vite que la musique.
27:35Et puis, ça ne sert à rien de s'énerver en criant sur tout le monde.
27:37Il faut juste se contenter de rester calme et de trouver des solutions.
27:39Nous allons aller à l'Assemblée nationale.
27:41Nous allons demander, je schématise, qui est pour et qui est contre ce chariot de course
27:46gratuit pour la rentrée.
27:47Et donc, on pourra dire, oui, Jean-Michel, tu es contre, vas-y, dis-le, les Français
27:51veulent savoir qui va voter contre ça.
27:54Je vais vous dire, il y a une passion politique française dans ce pays.
27:58Depuis la dissolution, tout le monde s'est dit, tiens, ma vie peut changer maintenant.
28:01Mais ce n'est pas suffisamment mesurable, ça, la bataille de l'opinion.
28:03Ça ne marchera pas sur tous les mesures.
28:05Il y a des choses qui s'appellent les sondages dont vous aimez user et abuser sur vos antennes.
28:09Les super profits.
28:1080% des Français sont pour taxer des super profits.
28:13Des super profits, c'est des super profits qui tombent sur la tête des gens comme ça.
28:17Ils n'ont pas à travailler plus, pas m'irriter plus, pas eu plus de talent, juste parce
28:21qu'il y a une crise énergétique, une guerre en Ukraine.
28:23Tout d'un coup, leurs profits augmentent.
28:24Et donc, on s'était dit, à gauche et chez les écologistes, que ça pourrait être juste
28:28de l'exercer 15 milliards par an.
28:29On peut faire beaucoup de choses avec 15 milliards par an.
28:31C'est une sorte de programme avec des priorités.
28:32Et donc, on va dire, mais les gens prendront les responsabilités.
28:34Ils assumeront devant les Français, car c'est leur travail de député, ce qu'ils votent
28:38et ce qu'ils ne votent pas.
28:39Là, je parle du gouvernement.
28:40Vous allez jusqu'au LFI.
28:41Est-ce que vous êtes jusqu'au LFI ?
28:42Est-ce que vous pourriez prendre des gens, des macronistes, des LR dans votre gouvernement ?
28:46On ne va pas faire le gouvernement du en même temps, parce qu'on sait où le en même temps nous a conduit.
28:51Emmanuel Macron a posé une question claire aux Français, auxquelles ils ont répondu clairement.
28:56Oui, nous voulons une alternance.
28:58Nous sommes en train de construire cette alternance.
29:00Vous trouvez sincèrement que les Français ont dit qu'ils voulaient une alternance ?
29:07Vous arrivez en tête, certes.
29:09Vous avez 182 sièges.
29:11Je veux bien être dans la majorité, mais je ne peux pas être dans le déni.
29:14Emmanuel Macron, qui est président, a un Premier ministre qui est macroniste.
29:18Gabriel Attal, c'était quand il s'entendait encore bien la semaine dernière.
29:21Il dit aux Français, je remets ma confiance en question.
29:24Dissolution.
29:25Grenade des goupilles dans les jambes, rappelez-vous.
29:27Il pose une question.
29:28Les Français répondent en les éjectant du pouvoir.
29:31Je ne vous dis pas qu'on a une majorité absolue.
29:33Je suis quelqu'un de très lucide.
29:35Ils n'ont pas éjecté du pouvoir, ils sont encore 163 à l'Assemblée.
29:3773% des Français disent qu'ils veulent une rupture politique avec le macronisme.
29:40Ils n'en peuvent plus de l'injustice sociale.
29:42Ils n'en peuvent plus de l'injustice environnementale.
29:44C'est ça la réalité.
29:45Et je vais vous dire, par rapport à tout ce que j'ai pu dire entre deux tours,
29:48quand j'ai vraiment été extrêmement inquiète que l'extrême droite arrive au pouvoir.
29:52Moi, on ne va pas me ressortir avec ma veste verte à chaque élection entre les deux tours.
29:56Parce qu'en 2027, si on n'infléchit pas les politiques qui ont été menées, dont les Français ne veulent plus,
30:00ce ne sera pas la peine de venir nous chercher en 2027.
30:02Mais vous êtes d'accord qu'aujourd'hui, il y a trois blocs ?
30:04Ce pays, il est fracturé à cause d'Emmanuel Macron.
30:06C'est ça la question.
30:07Est-ce qu'il n'y a pas des macronistes à récupérer ?
30:09Ou les macronistes de gauche ?
30:11Arrêtez avec les macronistes de gauche.
30:13En 2017, on disait que c'était en même temps.
30:19Il y avait des macronistes de gauche, des macronistes de droite.
30:21En 2017, les macronistes de gauche voyaient ce que c'était.
30:24En 2018, 2019, un peu moins.
30:26Là, aujourd'hui, ceux qui restent encore là, sont quand même bien accrochés aux preniers.
30:30Ce qui a été très secoué.
30:32C'est-à-dire qu'il y en a beaucoup qui sont partis.
30:34Ceux qui restent sont quand même assez déterminés.
30:37L'histoire va s'écrire au fur et à mesure.
30:39Mais vous dire aujourd'hui sur ce plateau
30:41« Ah bah oui, les trois là, moi je suis vraiment sûre qu'ils sont en fond pour le programme du NFP,
30:44alors pourquoi ils l'ont combattu dans les élections ? »
30:46Ma philosophie est très claire.
30:51Le Nouveau Front Populaire a accompli un miracle dans cette élection.
30:55Il nous, il vous a sauvés du Rassemblement National.
30:58On va se le dire.
30:59C'est parce que nous avons fait ce que nous avons fait,
31:01auquel personne ne croyait.
31:03Le lundi 10 ce matin, pendant qu'Emmanuel Macron était à Auradour-sur-Glane,
31:05tous les éditorialistes disaient « La gauche est terminée, ils vont se faire laminer. »
31:09« Le RN a gagné. »
31:11Pendant quatre semaines, tout le monde nous a expliqué que le RN, c'était impossible qu'il ne gagne pas.
31:17Tous les bookmakers, tous, tout le temps.
31:19Pourquoi nous avons gagné ?
31:20Parce que nous avons été concentrés, déterminés.
31:22Le lundi matin, d'ailleurs la nuit du dimanche au lundi, nous avons vu tout le monde.
31:26Le lundi, on les a réunis.
31:28Le lundi soir, on a annoncé « On va le faire ».
31:30Les gens ont dit « Ils vont le faire, on va bien rigoler ».
31:32Ils n'arriveront jamais à se mettre d'accord sur le programme.
31:34On l'a fait.
31:35Ils n'arriveront jamais à se mettre d'accord sur les circonscriptions.
31:37On l'a fait.
31:38Ça, c'était le jeudi.
31:39Vous verrez, ils ne vont jamais réussir à faire campagne.
31:41On l'a fait.
31:42Parce qu'on est restés concentrés.
31:43Je vous rappelle quand même.
31:44Après, on a dit « Bon, ils font campagne, c'est sympa.
31:47Mais c'est sûr, ils ne vont pas gagner. »
31:49Qu'est-ce qu'on a fait ?
31:50On a gagné.
31:51Et donc maintenant, on arrive à l'étape suivante.
31:53Vous nous dites « Attendez ».
31:54Vous êtes arrivée en tête d'une vie politique profondément déstructurée.
32:02Est-ce qu'on est les premiers ?
32:04On n'a pas la majorité, absolument.
32:06On a gagné.
32:07Et je finis mon raisonnement, si c'est possible.
32:09La nouvelle question, après avoir contredit tous les bookmakers, on nous dit « Ils n'arriveront pas à gouverner ».
32:13Et je vais vous dire, moi, je n'attends pas pour faire des choses que Mme Fressoz et Mme Saint-Trich me disent
32:18« On est sûr que vous allez y arriver, bon courage ».
32:20Notre travail, c'est de vous convaincre.
32:22Je vous demande avec qui vous voulez faire un gouvernement.
32:24Notre travail, c'est de vous convaincre et de vous montrer qu'on va y arriver.
32:27De quoi ? Ce n'est pas moi qui fais le gouvernement.
32:29Je suis là pour vous dire qu'on va y arriver pour leur garder cet espoir qui les a fait vibrer, qui les a fait voter pour nous.
32:34Ne désespérez pas, chers auditeurs, on va y arriver.
32:36Alors, attendez, justement, jusqu'où vous allez ?
32:39La ligne des écologistes, elle est claire.
32:42On sait.
32:43Qui il y aura dans votre gouvernement ?
32:44Vous vouliez qu'il y ait Laurent Wauquiez dans notre gouvernement ?
32:46Mais pas du tout.
32:47Je vous ai dit, Laurent Wauquiez a dit par exemple « On fait notre pacte, mais on ne participera à aucune coalition, on ne fera pas ça ».
32:54Mais c'est normal que Laurent Wauquiez, il ne veut pas soutenir la justice sociale et environnementale.
32:58Il ne veut pas contre sa politique, nationalement et localement.
33:00Je me fous de Laurent Wauquiez, ce n'est pas le sujet.
33:02Alors nous, les choses sont claires.
33:03On sait, encore une fois, comment, pourquoi et grâce à qui on a gagné.
33:06Grâce au Nouveau Front Populaire.
33:08Et donc si vous croyez que je vais retourner ma veste verte le lendemain matin en disant « Allez, ciao les gars, on va se faire de nouveaux copains, on vous laisse vous débrouiller », non.
33:14On a une demande d'unité.
33:16Et je vais vous dire, chez les écologistes, notre mandat des négociateurs est très très clair.
33:19Un, d'aboutir.
33:20Deux, de toujours chercher des solutions.
33:22Trois, de maintenir l'unité du Nouveau Front Populaire.
33:25On ne cherche pas une solution.
33:28Si on avait, depuis le début, accepté de prendre parti avec l'AFI contre l'EPS, ce que l'EPS craignait.
33:34Ou avec l'EPS contre l'AFI, ce que l'AFI craignait.
33:36Il n'y aurait pas de Nouveau Front Populaire.
33:38C'est parce que nous avons cette ligne de recherche de consensus.
33:41Parce qu'on veut l'unité des écologistes de la gauche.
33:43Ça fait un an que je le disais.
33:44Nous l'avons fait.
33:45Et on va s'y tenir.
33:46Mais si, je vous résume.
33:47Il n'y a pas de coalition envisagée.
33:49Il n'y a pas de contrat législatif.
33:51Il n'y a pas tout ça.
33:53Nous sommes pour un front républicain à l'Assemblée Nationale.
33:55Je vais vous dire.
33:56Quand j'avais parlé de Yann Rohn privé qui mange avec le RN, je n'ai rien compris à cette histoire.
34:01Le front républicain, il a été très très large pendant les élections.
34:03C'est ça que je ne comprends pas.
34:04Parce qu'en fait, vous voulez un gouvernement de Nouveau Front Populaire.
34:07Ça, on a compris.
34:08Pur.
34:09Voilà.
34:10Mais après, vous dites qu'on veut un gouvernement front républicain.
34:13C'est beaucoup plus large.
34:14Non, j'ai dit à l'Assemblée Nationale.
34:15À l'Assemblée Nationale.
34:16Mais c'est beaucoup plus large.
34:17Ça veut dire que vous êtes prêts à des alliances avec les macronistes.
34:21Mais vous savez comment ça se passe.
34:22C'est sûr qu'Emmanuel Macron nous a déshabitués.
34:24Mais normalement, on a un gouvernement compact, solide et solidaire, autour d'un projet.
34:29Et dans le contexte actuel, il va falloir un gouvernement de combat.
34:32Très déterminé à y arriver.
34:34Pas en brutalisant, mais en étant très ferme sur ses objectifs et en étant à la recherche constante de solutions pour y arriver.
34:40On le doit à toutes celles et ceux qui nous ont élus.
34:42À l'Assemblée Nationale, la réalité est autre.
34:45Et donc, à l'Assemblée Nationale, je pense que ça, c'est la question des groupes.
34:48Et encore une fois, moi, je fais entièrement confiance à Cyril Châtelain pour mener ces discussions.
34:52On ne sait pas aujourd'hui déjà le périmètre exact de chaque groupe.
34:55Ça va continuer un peu lundi et mardi.
34:57Si les macronistes, qui nous ont fait croire ou comprendre, ou qui, sous la force et la contrainte, ont fini par faire un front républicain,
35:05et je les en remercie.
35:07S'ils nous réexpliquent la semaine prochaine qu'en fait, ils vont aller chercher l'ERN pour mettre les nouveaux fronts populaires en minorité à l'Assemblée,
35:13on en prendra hâte.
35:14Nous, notre ligne, et je vais vous dire, chez les écologistes, elle est constante.
35:17C'est que le Rassemblement National, ils ont été élus par deux électeurs.
35:20Et donc, ils ont une légitimité à siéger à l'Assemblée.
35:22Tout ce à quoi ils ont le droit en tant que députés, ils doivent y avoir accès.
35:26Est-ce qu'on doit, par contre, leur construire des ponts d'or ?
35:28Leur faire à courte échelle, y compris pour des intérêts électoraux ?
35:31La réponse, c'est nous.
35:32Nous avions été les seuls, à l'époque, à nous y opposer.
35:35Je vais vous dire, j'étais dans le même état que le matin que Bruno Le Maire, quand j'ai vu ça.
35:39Parce que j'étais, depuis Hélène Beaumont, à me battre un peu seule, un peu dans l'indifférence générale, sauf celle de mon parti, que je remercie,
35:45contre eux, à la mairie d'Hélène Beaumont.
35:47Et je sais quel est leur danger.
35:49Je sais comment ils gagnent.
35:50Je sais ensuite comment ils gouvernent.
35:51Et je sais comment ils conservent le pouvoir.
35:53Et quand je voyais ces personnes qui nous font des grandes leçons d'arc républicain toute la semaine,
35:57venir nous expliquer à la télé que, franchement, le RN était vraiment très crédible et très respectable,
36:02alors que l'Afrique était très méchante, je me disais, franchement, ils sont là, je suis privilégiée.
36:07Ça fait dix ans que je me dis ça.
36:08C'est pour ça que j'ai trouvé ces mots très facilement quand j'ai entendu Bruno Le Maire.
36:10Mais il y a huit à dix millions d'électeurs derrière eux.
36:12Exactement.
36:14Moi, mon maire, j'accepte qu'il soit maire.
36:15Je vais au conseil municipal.
36:16Je m'inscris dans le cadre des institutions.
36:18Mais leur faire des cadeaux, leur faire des courtes échelles pour les contenter et penser qu'ils vont être contents et gentils, ça ne me va pas.
36:24Parce que jeudi, il y a toute l'élection des instants.
36:30Il y a une semaine importante qui s'annonce cette semaine à l'Assemblée nationale,
36:33et notamment jeudi où, effectivement, tous les noms de personnalités à responsabilité vont être élus.
36:39Le président ou la présidente de l'Assemblée nationale, le bureau, les casters, les présidents de commissions.
36:45C'est une semaine effectivement très importante.
36:46Comment est-ce qu'elle va se passer ?
36:47La ligne des écologistes, et nous ne sommes pas les seuls à porter cette ligne au sein du nouveau Fonds populaire,
36:51c'est que nous voulons un front républicain.
36:53C'est toute la gauche qui porte cette ligne ?
36:54Moi, je ne parle pas pour mes partenaires.
36:56Je n'aime pas quand ils le font, donc chacun parle pour soi-même.
36:59Nous sommes bien organisés.
37:00La ligne, c'est un front républicain à l'Assemblée nationale.
37:03Ce n'est pas un poste.
37:05Ils auront les postes auxquels ils ont droit,
37:07mais on ne va pas se mettre dans une petite salle avec eux pour faire des petits comptes sur nos feuilles,
37:11il y a des petits croix, des petits plus, des petits moins,
37:12pour dire si tu te mets là, je me mets là et on gagne ça.
37:15On ne fait pas de combination avec l'extrême droite.
37:17Vous considérez quand même qu'il peut y avoir une forme de légitimité à ce qu'ils aient quelques postes ?
37:21Mais nous, ils auront les postes auxquels ils ont droit, pas plus.
37:25Et la présidence de l'Assemblée nationale, c'est forcément pour le nouveau Fonds populaire ou pas ?
37:30Je laisse cette discussion se mener à l'Assemblée nationale.
37:32D'accord.
37:33Vraiment, c'est leur travail et ils ont ma confiance.
37:36Je ne suis pas en train d'essayer de contrôler tout et de m'imposer partout.
37:39Je suis à mon poste et j'essaye de bien faire ce que j'ai à faire.
37:41Alors, je voudrais vous faire réagir à un tweet de Fabien Roussel qui vient d'être publié.
37:45Il demande instantanément une réunion des chefs de parti le plus rapidement possible,
37:50vu le contexte politique dans lequel on est depuis Guedbelot,
37:55sa décision de décliner le poste de Premier ministre.
37:59Il faut sortir des ambiguïtés, vous êtes d'accord avec lui ou pas ?
38:01Il faut que vous vous dépêchez de vous réunir, il faut assainir la situation, tout devient trop compliqué.
38:06Lui aussi visiblement trouve que c'est compliqué.
38:08Oui, je ressens une grande forme d'impatience chez Fabien et il a raison, c'est légitime.
38:11Moi aussi je suis fatiguée et moi aussi j'ai envie qu'on s'en sorte.
38:14Je vous l'ai dit, on s'est retrouvés plusieurs fois entre chefs de parti à arbitrer un peu le match.
38:20Et avec Fabien, on est celles et ceux qui disent, nous on ne sera pas bloquants.
38:23Les communistes, les écologistes sont sur la même ligne, on ne sera pas bloquants.
38:26Mais si les insoumis ne veulent pas l'un socialiste et ceux-ci ne veulent pas l'un insoumis,
38:28il va falloir chercher d'autres solutions.
38:30Je vous ai indiqué que la société civile pour nous c'était important
38:32parce qu'ils ont tellement été méprisés en plus par Emmanuel Macron,
38:35ce qui fait partie du problème.
38:37On en est aujourd'hui dans une société aussi fatiguée.
38:39Mais là vous décalez, lui parle de double langage par exemple.
38:41Donc vous vous parlez directement ou pas entre les chefs à plume de la gauche ?
38:44Oui, on se parle directement. J'ai échangé encore par texto ce matin avec Fabien Roussel.
38:47J'ai eu Emmanuel Bompard au téléphone, j'avais eu Olivier Faure la veille.
38:49Et on va continuer.
38:51Et il y a les chefs de parti et puis il y a tous les autres qui cherchent des solutions.
38:53Et vous avez l'espoir d'y arriver avant le 18 puisque c'est un terme.
38:57L'espoir et la détermination.
38:59Parce que l'espoir fait vivre.
39:01Plus que 4 jours.
39:03Les socialistes disent le 18.
39:05Le 18 juillet.
39:07Tout le monde va être le maître des horloges, je les admire.
39:09Vous savez les gens qui ont dit lundi, on va y arriver avant vendredi.
39:11Qui jeudi ont dit ce sera avant lundi.
39:13Et qui lundi nous disent avant le 18.
39:15Arrêtez de donner des dates en fait.
39:17Je n'ai donné aucune date.
39:19Je suis quelqu'un de sincère.
39:21Je ne dis pas des trucs faux quand je n'en sais rien.
39:23La personnalité de la société civile dont vous faites partie.
39:25On n'arrête pas de parler tout à l'heure.
39:27On a parlé de candidats.
39:29On n'a jamais parlé de compétences.
39:31On a parlé d'une femme racisée.
39:33Quel est le profit dans une période difficile ?
39:35Avec une inflation qui commence à baisser.
39:37Des incertitudes économiques.
39:39L'Ukraine et tout ça.
39:41Il ne faut peut-être pas uniquement parler de la symbolique des gens.
39:45Vous avez compris.
39:47J'ai tweeté hier une citation de Jean Delafontaine.
39:49Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.
39:53Parce qu'en fait, si tout le monde s'énerve, tout le monde s'énerve.
39:57On peut faire des bras de fer quand en plus il ne se résout pas au bout de 4 jours.
40:00On peut le faire encore une semaine, ça ne va pas changer.
40:02Et donc oui, il faut se remettre autour de la table.
40:04De manière apaisée et sereine.
40:06Si tout le monde crie, on va y arriver.
40:08Et ce n'est pas ça qu'on fait quand on se rencontre.
40:10Et donc il faut prendre les problèmes un par un.
40:12Nous avions, nous écologistes, proposé une méthode au consensus.
40:14Je remarque que d'ailleurs tout le monde nous reparle de consensus.
40:16C'est que cette méthode a été acceptée.
40:18Nous avons ensuite proposé 4 critères.
40:20On les met sur la table.
40:21Celui qui veut en enlever, en rajouter, en fait ce qu'il veut.
40:23Nos 4 critères.
40:24Premièrement, oui, la compétence et l'expérience.
40:26Il y a beaucoup d'hommes et de femmes, et de femmes,
40:28de compétence et d'expérience au sein du Nouveau Front Populaire.
40:30Des gens qui ont fait plein de choses dans leur vie,
40:32qui dirigent de grandes collectivités locales,
40:34qui ont fait même autre chose que de la politique.
40:36Il y en a plein au sein du Nouveau Front Populaire et chez nos compagnons de route.
40:39Ensuite, nous avons parlé d'une personnalité qui fasse consensus au sein du Nouveau Front Populaire.
40:44Parce que quand vous faites un vote,
40:46s'il y a 51% des gens qui de justesse élisent quelqu'un et qui énervent 49% des autres,
40:50ce n'est pas pratique.
40:51Parce que je rappelle que le poste de Premier ministre, dans ce contexte particulier,
40:53ça va être sportif.
40:55Je pense d'ailleurs qu'il y a des gens qui sont prêts à prendre leur responsabilité,
40:57mais quelqu'un qui a envie en disant
40:59« c'est mon moment, c'est mon rêve dans la vie, j'y vais »,
41:01ça va être simple.
41:02Si quelqu'un vous dit ça, inquiétez-vous.
41:04Il y a ce critère-là.
41:05Ensuite, il y a le critère, évidemment,
41:07d'être sincèrement aligné avec le programme du Nouveau Front Populaire.
41:11Lequel ? Celui du début ?
41:13Celui sur lequel on a été élus, qu'on a écrit nous-mêmes.
41:15Ça ne veut pas dire qu'on y va à coup de sabre laser contre ceux qui ne sont pas d'accord.
41:19On va aller rechercher des compromis, des négociations,
41:21mais tenir bon aussi.
41:22Parce que quand vous posez vos fesses sur le toboggan du renoncement,
41:25ça glisse très vite.
41:26Et on a des histoires qui parlent pour nous quand je dis ça.
41:29Et donc il y a ce critère-là aussi.
41:31Et puis dernier critère,
41:32quelqu'un qui soit en mesure d'apaiser le pays.
41:34Parce que ce pays en a grand besoin.
41:36Et donc c'est aussi important comme critère.
41:38Ça me fait rebondir, on n'a pas du tout parlé de lui depuis le début de cette émission.
41:41Emmanuel Macron, ça doit être quoi son rôle ?
41:43Je n'arrête pas d'en parler.
41:45Quel doit être son rôle ?
41:46Lui dit dans sa lettre aux Français cette semaine
41:48« Je jouerai un rôle d'accompagnateur, de facilitateur même, je crois. »
41:51Je dirais qu'Emmanuel Macron, je vais le citer, comme ça, ça vous fera plaisir.
41:55Je pense qu'il doit arrêter de faire le gaulois réfractaire.
41:58C'est une expression qu'il a utilisée pour se moquer un peu de son pays.
42:02Mais aujourd'hui, le gaulois réfractaire, c'est lui.
42:04Vraiment, il nous a mis dans une situation intenable.
42:07Il a posé une question, les Français ont répondu.
42:09Et là, moi je suis très pour que le Nouveau Front Populaire fasse preuve de modestie.
42:13Sans faire cocorico, on a gagné, on est les champions du monde.
42:16Nous avons gagné, nous n'avons pas de majorité absolue.
42:18Ça nous met dans une situation inconfortable.
42:20Mais nous avons le niveau, les solutions et les ressources pour la surmonter.
42:23Emmanuel Macron, lui, non seulement il n'est pas dans la modestie, mais en plus il est dans le déni.
42:27Il explique à tout le monde qu'il a gagné.
42:29Il fait des petites techniques pour aller enlever le pouvoir.
42:32Vous ne répondez pas à la question du rôle qu'il pourrait jouer ?
42:34Le rôle qu'il peut jouer, c'est d'arrêter de mentir.
42:37C'est d'arrêter de ne pas reconnaître ce résultat.
42:39C'est de se soumettre à la réalité.
42:41Ça me paraît normal quand on est Président de la République.
42:44Démissionner ou pas ?
42:46Je ne vois pas trop ce que ça résoudrait.
42:48Je vous rappelle qu'on ne peut pas dissoudre l'Assemblée Nationale pendant un an quand on l'a fait une fois.
42:53Imaginons qu'il démissionne, imaginons qu'on refasse une élection.
42:56Le sujet du Président pourrait changer.
42:58Mais trouver un Premier Ministre qui ait un vote de confiance dans cette Assemblée-là,
43:03la question se poserait dans les mêmes termes.
43:05Il y a aujourd'hui les Insoumis qui ont lancé des rassemblements, le jour du 14 juillet,
43:09pour soutenir la gauche au pouvoir.
43:11Il y a notamment un rassemblement annoncé Place de la Nation à Paris.
43:14C'est une bonne initiative ? Vous la partagez ? Vous avez prévu d'y participer ?
43:19On a eu une longue discussion.
43:20Ce n'est pas l'initiative du Nouveau Front Populaire si c'est votre question.
43:23Après, je vous le dis, encore une fois, chacun pense ce qu'il veut des Insoumis.
43:28Mais quand on a un Président de la République qui refuse de lâcher le pouvoir,
43:31que faut-il faire ? Rester tous chez nous ?
43:34On ne comprend pas très bien. Il refuse de lâcher le pouvoir, mais vous ne voulez pas qu'il démissionne ?
43:39Vous n'êtes pas inquiète du spectacle collectif que vous donnez aux Français depuis une semaine ?
43:45J'ai honte de ce que je vois.
43:47Collectivement ou pas ?
43:49J'allais vous répondre. J'ai honte de ce que je vois.
43:51Parce qu'il y a eu une élection demandée, exigée, même imposée en prenant de court tout le monde
43:57par le Président de la République, qui posait une question aux Français.
43:59Les Français allaient lui répondre « Nous voulons une alternance ».
44:01Et il ne leur donne pas.
44:02Mais attendez, vous n'êtes pas fichus de proposer quelqu'un vous-même ?
44:05Là, pour le coup, ce n'est pas de sa faute.
44:07Nous avons été fichus de proposer quelqu'un, comme vous dites, un peu ou trop fièrement.
44:11Je parle comme les gens dans la rue.
44:13Parfait, moi aussi.
44:15Emmanuel Macron.
44:17La dissolution, je l'ai dit tout à l'heure, on la partage totalement.
44:20Est-ce que vous avez l'impression qu'il a appelé les chefs de parti du Front Populaire
44:24pour nous demander un nom de Premier ministre ?
44:25Parce que moi, je n'ai pas l'impression. Il trouve que mon téléphone n'a pas sonné.
44:28Au contraire, il vous met la balle dans votre camp.
44:30Même si c'est ordu de le faire.
44:32Non, il est en train d'organiser,
44:34nos oreilles bien avisées et les vôtres le sont aussi,
44:37vous savez pertinemment qu'il est en train d'organiser
44:40plein d'autres scénarios possibles
44:42pour essayer de ne pas avoir un Premier ministre du Nouveau Front Populaire.
44:45Comme vous le savez, à vous de le court-circuiter.
44:48Non, il est Président de la République et la logique institutionnelle,
44:51qui est forte quand on est Président de la République,
44:53exige, dicte, que vous appeliez les gens qui ont gagné l'élection législative,
44:58pas la majorité absolue, Madame Fressoz, vous avez raison,
45:00mais qui l'ont gagnée quand même, qui sont arrivés en tête.
45:02Et ce n'est pas lui qui est arrivé en tête.
45:04Non, les textes sont flous et deuxièmement,
45:08normalement le Président de la République nomme un Premier ministre
45:10qui s'est assuré d'avoir la confiance de l'Assemblée Nationale.
45:13Donc voilà, ça on n'y est pas.
45:15Emmanuel Macron ne peut pas jouer avec le feu,
45:17il ne peut pas jouer avec la démocratie.
45:19Il doit reconnaître le résultat de ses élections et nous appeler.
45:22Et nous trouverons des solutions.
45:24Mais ne faites pas semblant que c'est nous le problème.
45:26C'est pas vrai.
45:27Je n'ai pas dit que c'était vous le problème, j'ai simplement...
45:28Non, mais vous avez dit que vous avez 80 noms.
45:30On ne va pas refaire tout le débat qui dure deux jours.
45:3349 minutes. Merci Marine Tondelier.
45:35Vous restez avec nous, bien sûr, c'est le moment d'accueillir
45:37notre seconde invitée pour le livre de la semaine.
45:49Va-t-elle réussir à calmer un peu l'ambiance dans ce studio ?
45:52Bonjour Camille Vigogne-Lecouate.
45:54Merci de nous avoir rejoint dans le studio 511 de la Maison de la Radio.
45:57Vous êtes journaliste, grand reporter au Nouvelle-Hobbes
46:00et vous êtes l'autrice d'un livre qui n'est pas passé inaperçu cette saison.
46:04Son titre, Les Rapaces, paru aux éditions Les Arènes.
46:07C'est une enquête que vous avez menée sur la mafia varoise.
46:11A sa tête, on y trouve un homme, David Racheline,
46:13un très proche de Marine Le Pen, le maire RN de la ville de Fréjus.
46:18Et on s'est dit que ce livre allait peut-être nous permettre
46:21de mieux comprendre ce qui s'est passé ces trois dernières semaines au RN.
46:25D'abord, Camille Vigogne-Lecouate, est-ce que vous avez été surprise, vous,
46:29par le résultat du RN dimanche dernier, arrivé en troisième position,
46:33loin finalement de la majorité absolue qui lui avait été annoncée ?
46:38Surprise ou pas, vous qui suivez de très près tout ce qui se passe au RN ?
46:42J'ai comme règle de ne jamais être ni surprise ni consolidée dans mes convictions pour les élections.
46:46Surtout que j'ai passé toute la campagne à dire qu'on ne savait pas
46:49projeter en siège à l'Assemblée nationale les élections législatives.
46:54En revanche, je pense qu'on a tous constaté la résurgence du fonds républicain
46:59qu'on avait un peu vite enterré, avec des nuances évidemment.
47:03Mais je pense que c'est quand même la grande leçon à retenir de cette élection,
47:06c'est que face à l'imminence d'une possible victoire du RN,
47:09qui était arrivée quand même en tête dans plus d'une circonscription sur deux
47:12au premier tour des législatives,
47:14une partie des Français s'est mobilisée pour dire non.
47:18Et c'est vrai que ce phénomène-là, on pensait l'avoir un peu enterré,
47:21qu'il pouvait être d'une autre époque.
47:23Et ça montre la fragilité du discours du RN qui tente de se présenter
47:28comme un parti ayant achevé sa dédiabolisation, sa normalisation.
47:31Et ce qu'on a vu, c'est que ce n'était pas un processus qui était arrivé à son terme.
47:35Front républicain très fort, effectivement.
47:38On a redécouvert aussi, j'ai envie de dire, le niveau de certains candidats RN,
47:42leur impréparation, leur incompétence aussi parfois,
47:45sans oublier leur antisémitisme et leur racisme.
47:49Vous écrivez dans votre livre, dans les toutes premières pages,
47:52que l'antisémitisme et le racisme ne sont jamais loin.
47:55Est-ce que ça a pesé selon vous dans le choix des Français dimanche dernier ?
47:58Oui, alors quand on suit avec constance ce parti,
48:02on est toujours un peu triste de voir que c'est en toute dernière ligne
48:05d'une campagne électorale qu'on semble redécouvrir le fait
48:08qu'il reste une composante xénophobe, raciste, antisémite au RN.
48:12A chaque fois, c'est dans les derniers jours, à l'élection présidentielle,
48:14ça avait été la même chose, c'est vraiment pendant l'entre-deux-tours
48:16qu'on avait remis l'accent sur cet aspect du parti.
48:20Moi, je suis toujours très attachée à regarder au-delà des discours,
48:22dans les faits, qu'est-ce que c'est que le RN ?
48:24Et pour ça, il faut aller voir, on n'a pas grand-chose pour y aller voir,
48:27il faut aller voir les votes, il faut aller voir le programme,
48:29il faut aller voir les quelques bilans.
48:31C'est pour ça que je me suis intéressée à la ville de Fréjus, parce que...
48:34David Rachlin, vous le présentez comme un antisémite quasi-pathologique.
48:40Alors, il y a énormément d'antisémitisme et de racisme à la mairie de Fréjus,
48:44sous couvert d'humour, sous couvert d'alcool, sous couvert de soirées.
48:48C'est quelque chose qui est diffus, qui concerne le maire, ses adjoints,
48:52mais qui ruisselle, j'aime bien cette expression macroniste,
48:54c'est-à-dire qu'à partir du moment où on s'autorise,
48:56quand on est à la tête d'une collectivité,
48:58à tenir des propos outranciers, des propos sous couvert d'humour,
49:04à faire un salut nazi avec son collaborateur, etc.,
49:08évidemment, d'autres s'autorisent aussi ce même genre de comportement,
49:11et ça pose plus qu'un problème.
49:13Et c'est surtout en contradiction flagrante avec un discours qui,
49:16de façon officielle, je rappelle que David Rachlin,
49:19il est vice-président du Rassemblement National, toujours,
49:21et le discours qu'on entend sur les ondes et à la télévision
49:26des cadres du Rassemblement National n'est plus du tout celui-ci.
49:29Et c'est cette différence entre la vitrine et l'arrière-boutique qui est importante.
49:35Ça ne veut pas dire que tout le parti est antisémite et raciste,
49:38et que le parti n'a pas évolué.
49:41Je suis assez claire sur le fait que le RN d'aujourd'hui n'est pas le RN de Jean-Marie Le Pen.
49:44On comprend qu'il y en a d'autres, et qu'il y en a même beaucoup d'autres, c'est ça ?
49:46Oui, et c'est notamment au niveau local,
49:50où le parti n'a jamais réussi à monter en gamme,
49:54à structurer ses fédérations,
49:56à construire une jeune génération de cadres locaux.
50:00Alors ça a un petit peu changé avec les législatives en 2022
50:03et l'accès de 89 députés RN.
50:07Mais on garde toujours cette fragilité
50:11qui est liée à ce que le parti est, en partie, à son histoire,
50:14et avec laquelle il n'a pas toujours tiré un trait définitif.
50:20Mais ça c'est intéressant, pourquoi le RN finalement ne s'est pas recruté des candidats ?
50:26Pendant longtemps, l'étiquette du Front National
50:29était quand même une étiquette extrêmement affaimante,
50:31qui signait la mort sociale dans beaucoup de régions.
50:35C'était assez difficile de convaincre,
50:37même s'ils pouvaient faire de bons résultats ici et là,
50:40des personnes avec un certain bagage aussi,
50:43de pouvoir incarner, de pouvoir représenter le parti.
50:46Il y a eu toute une série de scissions
50:49qui ont aussi expliqué que le parti ne réussisse pas forcément.
50:52Ça reste une arlésienne, on nous promet tout le temps une école des cadres,
50:55il y en a eu une récemment, à nouveau,
50:57on nous promet des séminaires, etc.
51:00Et ce qu'on voit, c'est...
51:01Mais ça a lieu ou pas tout ça ?
51:02Ça se fait ou pas ?
51:03Il y a trois formations Zoom sur Internet, et puis 120 !
51:07Ce que dit au moins Jordane Bardella,
51:09ou qu'il laisse entendre,
51:10c'est qu'en gros il y a deux lignes.
51:11Il y a la ligne Bardella qui essaie de faire une...
51:13pas une purge parce que le terme est...
51:15mais en gros de se débarrasser de tout.
51:17Il y a la ligne Marine Le Pen qui dit que ce sont des braves gens.
51:20Vous savez ce qu'elle a dit l'autre jour
51:21en parlant de tous les candidats douteux
51:23qui étaient douteux puissance 50 ou 2000,
51:26entre racisme, antisémitisme, tout un simplement bêtise.
51:30Pour vous, il y a une seule ligne qui est de...
51:32en gros, on fait semblant de faire du nettoyage.
51:33Ou il y en a deux, et avec un Bardella
51:35qui serait un peu plus strict dans le ménage ?
51:38Pour moi, il n'y a pas deux lignes.
51:39Il y a une patronne au RN, c'est Marine Le Pen.
51:42Ils forment un duo avec Jordane Bardella.
51:44Après, ils peuvent, en fonction des circonstances,
51:46répartir les rôles.
51:48Le gentil, le mauvais flic,
51:49celui qui tape du poing sur la table
51:51et celui qui caresse et qui rassure les militants et les électeurs.
51:54Il a même exclu mon maire de parti
51:55parce qu'il trouvait qu'ils étaient trop...
51:56Marine Tendelier.
51:57Qu'ils n'étaient pas assez d'extrême droite, pour le coup.
51:59Il n'est pas exclu, mais il a privé de certaines...
52:01Ils ont sorti de la direction.
52:03De la commission nationale d'investiture, etc.
52:05Mais je crois qu'ils sont un peu ravibochés maintenant.
52:07C'est ça.
52:08Mais en l'occurrence...
52:09Non, je pense qu'on aura une réorganisation
52:11comme souvent à l'issue d'une contre-performance.
52:14Dans l'été, David Rachine, on en parlait,
52:17ça ne m'étonnerait pas qu'il perde à cette occasion...
52:19Son poste de vice-président.
52:20Son poste de vice-président, mais je ne suis pas devant.
52:22Ça permettra...
52:23Mais le problème, c'est qui recruter ?
52:25Depuis...
52:26Ça fait deux ans qu'on entend pas mal parler, par exemple,
52:28de la recherche d'un directeur général du parti
52:31qui serait issu d'un grand groupe privé
52:34ou d'une ancienne gestion d'une grande collectivité.
52:37Ils n'arrivent pas à recruter ce genre de profil aujourd'hui encore.
52:39Il faut faire attention à ne pas prendre à la lettre
52:42les discours du parti qui dit
52:44qu'on croule sous les quantitatures,
52:45de gens extrêmement capés, etc.
52:47Quand on regarde le profil des assistants parlementaires,
52:49le profil des collaborateurs de groupe,
52:51on se rend compte que la réalité est quand même encore différente,
52:54même s'il y a des changements, mais ce n'est pas...
52:56Je vous vois noter plein de choses, Marine Tondelier.
52:58Je ne sais pas ce que vous pouvez noter à ce point-là.
53:00Il y a quand même 8 à 10 millions d'électeurs
53:03qui votent pour le Rassemblement National.
53:06Vous l'avez vu évoluer, j'imagine, ce Rassemblement National,
53:09depuis Hénin-Beaumont.
53:10Je ne l'ai pas vu évoluer.
53:11Moi, je l'ai vu me harceler, m'humilier, m'intimider
53:14à chaque conseil municipal,
53:16dans chaque journal municipal,
53:17depuis dix ans.
53:18Comme ça, un par mois, ça en fait 120.
53:20Petite statistique un peu fiable, maintenant.
53:23Oui, ils ont des méthodes d'extrême droite.
53:25Et on a l'impression que ça vous étonne.
53:27Moi, je remercie énormément Mme Wigan
53:29pour le travail qu'elle a mené.
53:30Parce que je sais à quel point on s'expose aussi personnellement
53:32quand on s'oppose à ces gens.
53:33Je suis bien placée pour le savoir.
53:35Je sais à quel point ils ont réussi à endormir une moitié du pays.
53:38Parce que leur stratégie de dédéabolisation,
53:40qui n'est pas une dédéabolisation,
53:42qui est une stratégie de dédéabolisation.
53:44Et moi, je suis bien placée pour savoir qu'outre...
53:46La mèche est bien lustrée.
53:48La stratégie de la cravate.
53:49Le costume est bien ajusté.
53:50Et son noeud de cravate est très bien noué,
53:53comme on dit là, du NFP.
53:54On commente beaucoup les noeuds de cravate du NFP.
53:56D'Olivier Faure, l'autre chose.
53:58Tout le monde a eu des remarques sur son noeud de cravate,
54:00mais on s'en fout du noeud de cravate.
54:01Ce qui compte, c'est quand même que les gens sont arrivés au pouvoir.
54:03Et moi, je vous le dis aussi,
54:05quand vous parlez de l'antisémitisme,
54:06moi, quand ils ont gagné la mairie d'Edimbommon,
54:08une employée municipale, EREN,
54:10a dit à un autre employé municipal, pas EREN,
54:12t'es sur la liste de Schindler,
54:13tu vas bientôt monter dans le train.
54:14Ce qui en plus n'a aucun sens,
54:15parce que c'est dans l'autre sens.
54:16Leur montée en puissance,
54:18leur accession au pouvoir,
54:19libère la parole.
54:20C'est extrêmement violent.
54:21Et juste, je vous fais un petit commentaire
54:22de la part de la Ligue de protection des oiseaux,
54:24parce que quand je dis moi-même
54:25que Marine Le Pen est un vautour,
54:26ils m'écrivent toujours,
54:27la commission rapace de la LPO dit
54:29les rapaces et les vautours
54:30sont des animaux très utiles à l'écosystème,
54:32donc ils disent que c'est diffamatoire pour les vautours.
54:34Mais moi, j'aime beaucoup cette image,
54:35je l'utilise aussi,
54:36mais quand même, un petit mot de soutien
54:37aux rapaces qui n'ont pas mérité cette comparaison.
54:39Merci à toutes les deux.
54:41Merci à vous.
54:42Je rappelle le titre de votre livre,
54:44Les rapaces aux éditions Les Arènes.
54:46Merci Marine Tendelier d'être venue en question politique.
54:49Un grand merci.
54:50Et garder l'espoir surtout.
54:51On a bien entendu la même couleur que la veste,
54:54l'espoir, le vert.
54:55A toute l'équipe en tout cas,
54:56en particulier à Fabienne Lemoyle,
54:57merci pour sa rédaction en chef.
54:59Sans oublier à la programmation,
55:00notre amie Amaury Bauché.
55:02C'était aujourd'hui la dernière émission de la saison.
55:05Merci infiniment pour votre fidélité.
55:07Vous êtes près d'un million huit cent mille auditeurs.
55:09Ça nous fait chaud au cœur.
55:11Je vous souhaite évidemment un très bel été.
55:13On se retrouve à la rentrée.
55:14Bonnes vacances.