À 8h20, la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, est l'invitée du Grand Entretien. Elle revient sur la période d'instabilité politique qui s'ouvre depuis les législatives, et sur les réformes qui pourront ou non en émerger : retraites, Smic, pouvoir d'achat... Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-11-juillet-2024-7431108
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00:00Marie-Lise Léon est l'invitée du grand entretien de la matinale de France Inter.
00:03Bonjour.
00:04Bonjour.
00:05Vous connaissez le numéro du standard 01 45 24 7000 et l'application de France Inter
00:09pour vos questions et vos réactions chers auditeurs.
00:11L'ensemble de la classe politique, Marie-Lise Léon, parle depuis hier soir de cette lettre
00:17d'Emmanuel Macron dans laquelle le Président dit vouloir laisser du temps aux forces républicaines
00:22pour bâtir un compromis.
00:23Alors ça, le compromis, c'est un mot qui vous parle à la CFDT, c'est votre crédo.
00:28Est-ce que vous dites, comme le chef de l'État, que c'est la seule solution ?
00:31C'est sûr que dans le cadre des résultats des élections législatives, il y a trois
00:35blocs qui se dégagent.
00:37Personne, aucun de ces blocs n'a de majorité absolue, donc s'il y a l'un des blocs
00:42veut gouverner, il faut pouvoir construire des alliances ou en tout cas construire des
00:47compromis.
00:48Mais moi, ce qui me frappe dans la lettre d'Emmanuel Macron, c'est qu'il ne parle
00:52pas vraiment au français.
00:53Il parle aux politiques, il parle aux députés.
00:57Et moi, hier, j'ai fait un courrier à l'ensemble des députés pour leur dire,
01:00comme vous le disiez tout à l'heure, il faut compter aussi sur la société civile.
01:05Il faut s'appuyer sur les forces syndicales, les forces associatives, les ONG, pour pouvoir
01:12réparer un peu notre démocratie.
01:14Parce qu'on est vite passé à autre chose.
01:17On a frôlé la catastrophe.
01:18Je pense que si le RN était arrivé au pouvoir, on aurait été dans une toute autre configuration.
01:24Et rien ne peut plus être comme avant.
01:27Vous avez l'impression qu'il y a un air de tambouille dans cette lettre d'Emmanuel Macron ?
01:29Je suis un peu exaspérée d'entendre beaucoup parler d'alliances entre formations politiques,
01:36entre on veut bien travailler avec un tel, mais surtout pas avec un tel.
01:40Moi, ce qui m'intéresse et ce qui intéresse les français et les travailleurs que je représente,
01:45c'est qu'est-ce qu'on va leur proposer concrètement ? Comment on change leur vie ?
01:49Comment on répond à leurs attentes ? Les attentes des travailleurs et des travailleuses
01:53autour du pouvoir d'achat, des conditions de travail, elles ne se sont pas dissoutes
01:57avec les élections législatives.
01:59Elles demeurent.
02:00Et il y a une énorme responsabilité du côté politique de répondre à ces attentes.
02:04Les citoyens, ils ont pris leurs responsabilités.
02:06Pacifiquement, ils ont posé un bulletin dans l'urne, ils ont voté massivement, ils ont
02:12rejeté l'extrême droite.
02:13Et donc, il y a aujourd'hui une très grande responsabilité du côté politique à être
02:17enfin à l'écoute et de vouloir faire un peu différemment.
02:21Ensuite, il faut du concret, il faut des mesures qui parlent aux français.
02:25Il y a un camp qui revendique la victoire, puisqu'il est arrivé en tête dimanche
02:28dernier et qui a un programme clair et qui veut l'appliquer, c'est le Nouveau Front
02:32Populaire, l'Alliance de Gauche.
02:34Pourquoi ne pas lui donner les clés ? Vous dites qu'ils ne sont pas en mesure de gouverner.
02:39C'est pas moi qui décide.
02:41Non mais, clairement, c'est un bloc qui arrive en tête mais qui n'a pas de majorité
02:45absolue.
02:46Donc, s'il veut gouverner et mettre en œuvre ce qu'il a prévu, il est obligé de composer
02:49avec d'autres.
02:50Moi, en tant que citoyenne, je pense que c'est légitime que ce bloc qui arrive en
02:54tête pose les conditions et qu'on parte de leur programme.
02:58C'est quand même ce qu'ont demandé les citoyens.
03:01Je pense que c'est important aujourd'hui de respecter le vote.
03:04Et comme on a, je le dis souvent, l'exercice de la démocratie, c'est pas uniquement
03:09l'élection.
03:10C'est-à-dire que les personnes qui sont élues aujourd'hui, et notamment nombre
03:14de députés, et c'est le message que j'ai voulu leur passer hier, personne ne peut
03:18faire comme si la question de l'extrême droite n'était pas majeure au moment de
03:23l'élection.
03:24Et un député qui a été élu ensemble ne peut pas aujourd'hui prétendre qu'il
03:29n'y a que des citoyens qui ont adhéré à son programme.
03:33Il y a beaucoup de personnes qui ont voté Front Populaire au premier tour qui ont dû
03:38voter ensemble au deuxième tour.
03:39Il faut composer et donc il faut des compromis.
03:42Sans qu'on parle de leur programme, parlons du fond, quelles mesures pour vous sont essentielles
03:50dans ce programme du nouveau Front Populaire ? Parlons de la plus emblématique, l'abrogation
03:54de la réforme des retraites, il faut que le gouvernement de compromis, que vous appelez
03:58de vos voeux, se mette d'accord là-dessus, on abroge la réforme ?
04:02Je pense que c'est, moi je ne fais pas un déplacement sans qu'on me parle de cette
04:06question de l'injustice sociale absolue d'avoir ce recul de l'âge.
04:10Et donc l'abrogation de ce report de l'âge me semble indispensable, c'est une véritable
04:16attente.
04:17Après, ça ne veut pas dire que ça résout tous les sujets, puisque la méthode qui nous
04:23semblerait la plus efficace, c'est de remettre les choses à l'endroit et de se dire qu'est-ce
04:26qu'on voudrait avec une réforme des retraites ? Comment on veut plus de justice sociale ?
04:30C'est ce que veut la CFDT, il y a aujourd'hui de très fortes inégalités entre les hommes
04:35et les femmes par exemple, il y a beaucoup d'inégalités entre les personnes qui ont
04:38un parcours qui passe par le public et le privé, ce qu'on appelle les polypensionnés.
04:42Donc il y a beaucoup de choses qu'il faut remettre à plat, c'est une revendication
04:52de longue date de la CFDT d'avoir un régime universel qui permette enfin de la justice
04:58sociale en fonction des parcours professionnels.
05:00Et donc il faut pouvoir le mettre sur la table, et ça, ça n'est possible que si un gouvernement
05:05a une majorité absolue à l'Assemblée, donc il faut composer.
05:10Vous défendez les travailleurs, vous êtes dans le dialogue social dans les entreprises,
05:16on entend beaucoup de débats sur une autre mesure emblématique du Nouveau Front Populaire
05:20puisque vous dites que c'est leur programme qui doit servir de base à ce gouvernement.
05:25Le Smicnet à 1600 euros, on entend des patrons qui disent en gros c'est la ruine de l'économie
05:33française et puis d'autres comme le patron du groupe Crédit Mutuel qui était ici même
05:38hier à ce micro, qui disent qu'il y a beaucoup d'entreprises qui peuvent le faire, qu'est-ce
05:41que vous dites ?
05:42Moi je pense que c'est le sujet numéro un de préoccupation des travailleurs, c'est
05:46la question du pouvoir d'achat.
05:47Aujourd'hui il y a 17% des travailleurs qui sont au Smic et qui n'arrivent pas à vivre
05:51dignement.
05:52Il faut augmenter le Smic.
05:53Est-ce qu'il faut le faire à 1400, 1500, 1600 euros ? Aujourd'hui il est à 1400,
05:57donc dans quelle mesure il faut l'augmenter ? Je pense que ça se discute.
06:01Ma préoccupation c'est que le Smic c'est un salaire d'entrée dans la vie active.
06:11C'est-à-dire que rester scotché au Smic toute sa vie, ce n'est pas possible.
06:14Donc la question de la dynamique des carrières professionnelles, elle doit être posée.
06:18Et ça c'est aussi un sujet sur lequel par la négociation on peut avancer.
06:23Il y a moins d'un mois on a réussi à négocier dans les services de santé au travail des
06:28résultats concrets, qu'on a obtenu une plus 9% pour les assistantes médicales, pour
06:34des conseillères en prévention dans les services de santé au travail.
06:36Voilà, ça c'est ce que réussit à produire la négociation collective.
06:40Donc il faut que les branches jouent le jeu.
06:42Je pense que le patronat aujourd'hui n'est pas suffisamment dans cette optique de pouvoir
06:48discuter, de négocier et de le faire par branches.
06:50On a parlé de la réforme des retraites, on a parlé à l'instant du salaire.
06:53Pour vous, à la CFDT, les 3, 4, 5 priorités d'un gouvernement de coalition de compromis
06:59d'Union Nationale, on l'appelle comme on veut, quelles doivent être ces priorités ?
07:03Priorité numéro un, pouvoir d'achat.
07:05La question numéro deux, c'est la question du travail, remettre les enjeux du travail.
07:09Transition écologique juste, aujourd'hui on ne parle plus beaucoup de climat malheureusement
07:14mais c'est un enjeu extrêmement important pour beaucoup de travailleurs qui sont confrontés
07:19Encore là, tout de suite maintenant, comment je travaille quand il fait 40 degrés dans
07:23mon atelier ?
07:24Ça c'est une question d'adaptation, il y a aussi la question des reconversions massives
07:29qu'il va falloir accompagner pour faire face à cette transition écologique.
07:32Et puis il y a la question des services publics.
07:35On a parlé de compromis, compromis, compromis, encore une fois vous défendez cela à la
07:41CFDT depuis des années, ça a toujours été votre credo mais franchement pourquoi ce qui
07:48ne marche pas, en particulier depuis sept ans, marcherait aujourd'hui ?
07:51Parce qu'on a affrôlé la catastrophe, on a failli avoir un gouvernement du Rassemblement
07:57National, c'est pour ça que j'ai envie de dire aux politiques, réveillez-vous !
08:00Entre dimanche matin et lundi matin, on a tous eu un soupir de soulagement.
08:06Aujourd'hui, ça veut dire que pratiquer la démocratie, l'exercice de la démocratie
08:12en continu, ça nécessite de faire différemment et ça veut dire qu'il faut accepter parfois
08:17de ne pas savoir, de ne pas savoir tout seul et d'avoir envie de faire avec d'autres.
08:21Ça c'est le message que l'ensemble de la société civile, moi CFDT, mais je parle
08:26aussi au nom du pacte du pouvoir de vivre qui regroupe une soixantaine d'organisations,
08:30il est temps de partager le pouvoir et de nous écouter parce que nous avons des particularités,
08:37nous connaissons des sujets, de lutte contre la pauvreté, sur le logement, sur la question
08:41sociale de façon fine et on a des propositions concrètes à faire.
08:45Vous vous regrettez à nouveau, justement, maintenant qu'on est dans cette situation
08:52d'incertitude et d'inquiétude quant au blocage du pays, d'avoir été, vous, corps
08:57intermédiaire, peut-être pas assez considéré depuis sept ans ?
09:02C'est plus qu'un regret, depuis 2017, on a appelé le gouvernement, je pense qu'on
09:08en est aussi arrivé là aujourd'hui parce qu'il y a eu trop de politiques qui ont considéré
09:13qu'ils avaient raison tout seuls, effectivement.
09:15Emmanuel Macron, le premier ?
09:17Tous ceux qui ont été aux manettes depuis 2017.
09:21Vous appeliez à faire barrage à l'extrême droite, vous avez dit votre soulagement ce
09:28matin à ce micro, comment faire aussi pour montrer aux 10 millions d'électeurs qui
09:34ont choisi le Rassemblement National et ses alliés qu'on ne les oublie pas, qu'on
09:38les écoute ?
09:39Ça, ça fait partie aussi de l'action de la CFDT qu'on a menée pendant la campagne,
09:44c'est-à-dire que moi je n'ai jamais méprisé les électeurs du Rassemblement National,
09:47on a toujours voulu ouvrir et on a noué le dialogue sur les lieux de travail, partout
09:53où on est présent sur l'ensemble du territoire, donc aller au débat et aller au débat d'idées
09:59et à la confrontation, je pense que c'est extrêmement important de pouvoir continuer
10:02de le faire et on le fait encore aujourd'hui.
10:05Et par ce débat, c'est donner à voir le vrai visage de cette formation politique qui
10:10base son projet sur l'inégalité de droit et donc y compris sur les lieux de travail,
10:16vouloir diviser les travailleurs en expliquant qu'en fonction de sa nationalité, on peut
10:20ou pas participer aux élections professionnelles, on peut ou pas occuper un certain nombre d'emplois,
10:25je pense que c'est important que ces questions soient abordées dans le cadre des entreprises
10:29et des administrations.
10:30Très concrètement, c'est là-dessus que les syndicats doivent pouvoir avoir un rôle
10:35aujourd'hui, au-delà des entreprises, comment vous pouvez intervenir et finalement aider
10:41le pays à s'en sortir ?
10:43C'est d'abord être écouté sur notre cœur de métier et nous avons une fine connaissance
10:49de ce qu'est le travail, quels sont les enjeux et quelles sont les attentes des travailleurs
10:53et des travailleuses, c'est valable dans les entreprises comme dans les administrations.
10:57Aujourd'hui, je pense que les deux mots que j'entends le plus quand je rencontre
11:02des salariés et des agents, c'est « je veux être respecté dans mon travail, je
11:06veux vivre dignement de mon travail ». Respect et dignité, je pense que c'est vraiment
11:10le cœur du réacteur, c'est le cœur des attentes et donc c'est pouvoir s'exprimer.
11:15Et donc il faut du dialogue, du compromis et il ne faut pas faire semblant en fait qu'on
11:20nous écoute, il faut pouvoir véritablement contribuer aux propositions et aux solutions
11:24et parce que les défis sont immenses aujourd'hui et la fracture, la crise démocratique que
11:30l'on traverse, elle est loin d'être terminée.
11:32Marie-Lise Léon, secrétaire générale de la CFDT, une question pour vous au standard
11:36inter de Grégoire.
11:37Bonjour Grégoire, on vous écoute.
11:39Oui, bonjour, bonjour à tous, je souhaite vous proposer ce qui avait été dit par M.
11:47Glucksmann il y a quelques temps et en écoutant également l'intervention de Laurent Berger
11:54il y a à peu près un an sur France Inter où après avoir été parti de la direction
12:01de la CFDT, il est intervenu et dans son discours il était parfaitement équilibré, il collait
12:09toutes les cases sur comment réunir et parler à tout le monde et actuellement dans la situation
12:18politique qui est effectivement une situation de crise où tout le monde tire un petit peu
12:24la couverture à soi, l'extrême droite, l'extrême gauche, droite-gauche, enfin tout ça ils
12:30veulent que des politiques.
12:31Vous voyez bien Laurent Berger à Matignon, si je vous comprends bien Grégoire.
12:35Ça paraît une évidence, c'est-à-dire que c'est une personne qui par essence manie
12:41l'art du compromis puisque la CFDT ou les syndicats à l'intérieur des entreprises
12:47sont là pour lier à la fois le patronat, le social, l'humain et puis également la
12:52politique puisque c'est un haut niveau.
12:53Il a du sens commun qui fera plaisir à tous, c'est-à-dire que dans les idées et dans
12:58les positions qu'il va défendre, forcément comme l'extrême droite dit des discours populistes,
13:04l'extrême gauche tout autant, la gauche et la droite essayent de faire la même chose.
13:08Lui il le fait réellement.
13:09Il est à la fois au contact des gens, des êtres humains et son rôle par essence est
13:14depuis toujours de représenter le peuple.
13:17Il colle parfaitement à la fonction.
13:18Grégoire, on a bien compris que vous êtes séduit par le profil de Laurent Berger.
13:22Est-ce que vous verriez bien vous aussi Marie-Elise Léon, votre prédécesseur au poste de Premier ministre ?
13:28Écoutez, je ne vais pas répondre à sa place.
13:30La question, elle lui a été adressée, j'en ai parlé avec lui et il reste fidèle à ses engagements.
13:37Ça a été un très grand syndicaliste.
13:41Il n'est pas d'usage que les responsables de la CFDT fassent de la politique.
13:45D'ailleurs il s'est exprimé sur la question du bon promis.
13:50Je pense qu'il va rester fidèle à la tradition des secrétaires généraux de la CFDT.
13:55Il ne s'engagera pas en politique.
13:57Fermez le banc.
13:58On parlait tout à l'heure du patronat et du programme du Nouveau Front Populaire.
14:03Qu'est-ce que vous pensez de ce que dit le patron du MEDEF, Patrick Martin ?
14:07La mise en œuvre du programme du NFP serait fatale à l'économie française.
14:12Il dramatise volontairement ?
14:14Je pense qu'il dramatise.
14:16Ce qui m'interpelle, c'est qu'il se positionne uniquement sur les questions économiques.
14:20Et qu'à un moment, quand on est une organisation patronale,
14:22je pense qu'on a aussi une responsabilité d'acteur démocratique
14:26et d'avoir aussi une expression sur les attentes des travailleurs et des travailleuses
14:31de pouvoir s'exprimer sur leur travail, de pouvoir avoir des négociations
14:34qui leur changent leur quotidien sur le pouvoir d'achat,
14:37sur les conditions de travail, sur les questions de santé au travail.
14:40Il fait partie des personnes qui se sont positionnées très clairement
14:48à la fois sur le programme du RN et sur le programme du Nouveau Front Populaire.
14:53Moi, ce qui concerne mon organisation, je ne renverrai jamais aucune autre formation
14:59dos à dos avec le rassemblement national.
15:01Le plus dangereux pour la France aujourd'hui, c'est le programme du NFP ou c'est le blocage du pays ?
15:07C'est le blocage du pays.
15:09Les attentes des travailleurs ne se sont pas dissoutes avec ces élections.
15:15Il y a énormément de défis à relever.
15:18Il faut pouvoir y répondre très concrètement sur la question du partage de la valeur,
15:22sur la question des mutations et de la façon dont on fait face à la transformation des métiers
15:28avec l'intelligence artificielle, avec la transition écologique.
15:31Aujourd'hui, on a une mutation phénoménale de la filière automobile.
15:35Il faut pouvoir apporter des réponses concrètes aux travailleurs.
15:38Nouvelle question. Pour vous, Marie-Lise Léon, celle de Gilles. Bonjour.
15:42Bonjour. Je suis un adepte total du compromis.
15:48Je me félicite que la CFDT soit moteur.
15:54Je me demande si la CFDT a l'intention de jouer un rôle fort dans l'incitation au compromis
16:02qui prévaut au Parlement européen mais qui a du mal à arriver à nos partis politiques français.
16:10Par exemple, à propos de la situation actuelle, je ne suis pas particulièrement inquiet
16:15par le fait que les négociations pour composer le gouvernement prennent du temps.
16:20Enfin, si j'avais à rajouter un petit codicil, Laurent Berger aurait été un bon cas de figure, mais il refuse.
16:26Mais moi, je pense toujours à Nicole Nota.
16:29On va faire tous les scatners de l'héros de la CFDT.
16:32Autrement, c'est un terroriste.
16:33Non, mais c'est sûr qu'en tant qu'organisation, je me félicite.
16:37Sur le rôle des syndicats, c'était la question de Gilles.
16:41C'est exactement ce que Gilles a raison de souligner.
16:45La CFDT est déterminée à prendre toute sa part dans cette recomposition politique.
16:51C'est-à-dire qu'on ne peut pas dire à la fois qu'on regrette qu'il y ait eu un exercice vertical du pouvoir
16:55et qu'aujourd'hui, on va rester observateur de ce qui se passe dans la période.
17:00Je pense qu'on a besoin de faire des compromis côté politique.
17:06Et nous, organisation syndicale, on a cette expérience.
17:13Et moi, je suis le témoin que ça fonctionne.
17:16Réussir à faire en sorte que des intérêts divergents puissent converger et trouver des compromis,
17:22je pense que c'est aujourd'hui la seule solution pour pouvoir se sortir de la situation actuelle.
17:27Puisque Gilles nous a ramené sur le rôle des syndicats,
17:29le Rassemblement national a séduit une large partie des ouvriers, 57% selon l'étude de notre partenaire,
17:38une large partie des employés aussi, 44%.
17:41Comment vous expliquez que le vote RN soit si important dans le monde du travail ?
17:45Est-ce que ça vous interroge vous en tant que syndicat ?
17:47Oui, ça m'interroge.
17:48Et je pense que le Rassemblement national a réussi à porter et capter l'ensemble des attentes.
17:57Et probablement mieux que d'autres formations politiques.
18:00Et donc ça interroge aussi sur le fait que les organisations syndicales et le syndicalisme CFDT,
18:07il est aussi en capacité de répondre à ces attentes concrètes dans le milieu de l'entreprise.
18:11Quand vous voyez…
18:12C'est partie prenante.
18:13Donc ça fait partie effectivement des sujets qui nous interrogent.
18:15Par exemple, c'est très symbolique, Frédéric Weber, ex-syndicaliste FO et CFDT,
18:19Darcelle Ormital qui est élue députée sous les couleurs du RN en Meurthe-et-Moselle.
18:24Ça doit vous interpeller Gilles.
18:26Oui, ça nous interpelle.
18:27Mais après, on est une organisation de masse, on a à peu près 635 000 adhérents et adhérentes,
18:34majoritairement d'ailleurs des adhérentes.
18:37On est une organisation aussi qui est à l'image de la société.
18:42Ça veut dire qu'on a un travail aussi à faire avec nos adhérents et nos adhérentes
18:46pour expliquer que non, le Rassemblement National n'est pas un parti comme les autres.
18:50Leur projet est totalement antinomique avec ce que l'on porte en termes d'émancipation,
18:54en termes d'égalité, de solidarité.
18:57Et donc ça fait partie des chantiers qu'on a démarrés depuis un petit moment maintenant,
19:02mais sur lesquels il faut qu'on continue de travailler.
19:04Un dernier mot, Marie-Lise Léon sur les Jeux Olympiques et le climat social à l'approche
19:10de ces Jeux dans deux semaines maintenant.
19:13Est-ce qu'il pourrait y avoir des grèves dans certains secteurs ?
19:15Il pourrait y avoir des grèves dans certains secteurs où le dialogue social est en panne.
19:19Et là, pour le coup, la question...
19:21Je pense notamment qu'il y a eu des grèves dans la sécurité privée.
19:26À ADP prochainement, je crois que c'est le 17 juillet, il y a un mouvement.
19:29Le groupe qui gère les aéroports de Paris.
19:33Là, on est sur, je dirais, des moments de tensions
19:37où le dialogue social n'a pas pu se dérouler comme il aurait dû.
19:41Des blocages notamment du côté des employeurs.
19:44Et donc, lorsque la situation est bloquée, la grève est parfois le seul moyen de pouvoir débloquer des situations.
19:51Mais l'enjeu de la CFDT n'est pas de bloquer les Jeux Olympiques.
19:55Je le rappelle, nous sommes attachés à ce que ce soit un événement qui se déroule bien.
19:59Donc, charge aux employeurs de prendre leurs responsabilités.
20:01Mais vous soutenez le mouvement, par exemple, dans les aéroports mercredi prochain
20:04pour notamment une gratification à l'occasion des JO pour les personnels des embauches
20:09et pour dénoncer la dégradation des conditions de travail.
20:11Ça fait partie des sujets qui sont sur la table depuis très longtemps pour ADP.
20:15Il n'y a pas eu d'évolution du dialogue.
20:17Il y a eu un blocage du côté de la direction.
20:19Et donc, il est légitime que les syndicats qui sont à la manœuvre et aux négociations
20:24puissent activer ce levier lorsqu'ils n'obtiennent pas ce qu'ils veulent.
20:27Marie-Lise Léon, secrétaire générale de la CFDT.