• il y a 5 mois
Emmanuel Macron a demandé aux "forces politiques républicaines" de "bâtir une majorité solide" pour gouverner, scandalisant la gauche qui continue de revendiquer le gouvernement.

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Transcription
00:00La politique Mathieu Croissando, Emmanuel Macron, a donc fini par sortir du silence.
00:04Enfin, on ne l'a pas entendu, cela dit, trois jours après les élections législatives.
00:08Oui, c'était la moindre des choses, après avoir provoqué cette crise politique qui inquiète les Français.
00:13Le président de la République a donc choisi le format d'une lettre pour dire un petit peu « débrouillez-vous maintenant avec la situation ».
00:19Cette lettre, elle est habile, je dirais, d'un point de vue politique, mais elle a des dangers d'un point de vue démocratique.
00:26Politiquement habile, pourquoi ? Parce qu'elle permet au président de la République de s'acheter du temps, d'une certaine manière, et de se remettre au centre du jeu.
00:33C'est une façon de rappeler à tous ceux qui voulaient l'enterrer ou qui voulaient l'effacer en disant « maintenant, c'est le parlementarisme, ce n'est plus un régime présidentiel »,
00:39que c'est lui le président, que c'est lui qui nomme et qu'il le fera quand il l'aura décidé.
00:44Que dit Emmanuel Macron ? Que personne ne l'a emporté dimanche, qu'aucune force politique n'obtient seule une majorité suffisante,
00:50et que les blocs qui ressortent de cette élection sont tous minoritaires.
00:52Ça, c'est vrai, il n'existe pas aujourd'hui de bloc cohérent qui soit assuré à la fois de pouvoir former un gouvernement, ensuite de légiférer au parlement,
01:01sans prendre le risque d'être mis en minorité ou d'être renversé aussitôt par une motion de censure.
01:05De ce point de vue, c'est habile parce que le président profite du contexte et du spectacle désolant qu'offre la gauche,
01:11qui était arrivée en tête dimanche soir et qui est toujours infichue de se mettre d'accord sur un nom pour Matignon quatre jours après.
01:17La lettre permet aussi à Emmanuel Macron de continuer à promouvoir ce fameux dépassement qu'il appelle de ses voeux depuis deux ans.
01:23Il l'avait tenté en 2022, ça n'avait pas marché. Il l'avait tenté avec le Conseil national d'orafondation, ça n'avait pas marché.
01:28Il l'avait tenté avec les entretiens de Saint-Denis, vous vous souvenez, ça n'avait pas marché non plus.
01:32C'est une dernière tentative. Alors, sans surprise, ce large rassemblement qui doit se faire autour de valeurs républicaines, de l'état de droit,
01:38de l'orientation européenne, d'une indépendance française, il ne comprend, il ne dit pas qui en est et qui n'en est pas,
01:44mais on a tous compris que ça serait sans le Rassemblement national ni la France insoumise, évidemment.
01:49Et vous nous dites ce matin, c'est risqué.
01:51Oui, c'est dangereux démocratiquement, à mes yeux, pour trois raisons.
01:54D'abord parce que le président se positionne en arbitre, or il est quand même sur le terrain.
01:59En France, on n'a pas un président de la République italienne qui peut arriver en cas de crise et dire voilà comment on va faire.
02:03Non, il est joueur sur le terrain puisqu'il continue de manœuvrer en coulisses.
02:07Ensuite, parce que ça risque d'une certaine façon de fabriquer du ressentiment.
02:11On a eu trois légitimités qui se sont affrontées dans ces élections législatives.
02:14La légitimité des voix, et elle a plutôt été du côté du RN au premier tour.
02:18La légitimité des élus, et elle a été plutôt du côté de la gauche au second tour.
02:22Et puis il y a la légitimité ensuite des blocs pour gouverner.
02:24Et en zappant les deux premières et en passant directement à la troisième,
02:28le président de la République prend le risque de donner le sentiment français d'une forme de contournement.
02:34Vous savez, c'est un coup de force démocratique, évidemment, à tonner la gauche, c'est un cirque indigne, a dit Marine Le Pen.
02:41Chez les Français, il peut y avoir l'impression que quand élection après élection,
02:45ceux qui devraient gagner ne gagnent jamais et ceux qui devraient perdre ne perdent jamais,
02:48la politique ne sert plus à rien pile au moment où ils s'étaient déplacés dans les urnes comme rarement ils l'avaient fait.
02:55Puis dernier danger, c'est cette idée de dépassement précisément parce que quand vous créez une vaste coalition
03:00qui rassemble tous les partis de gouvernement dans un consensus qui sera forcément un peu mou,
03:05forcément pas très ambitieux d'un point de vue des réformes et forcément un peu bancal,
03:11la seule alternance possible, ça devient quoi après ?
03:13Ça devient les extrêmes, cette grande coalition, c'est l'adversaire rêvé pour le rassemblement national.
03:20Ça peut marcher ?
03:22Ça pourrait marcher si chacun prenait la mesure de la situation, chacun du personnel politique,
03:27chacun haussait son niveau de jeu et chacun n'avait comme objectif que l'intérêt général,
03:33mais ça n'en prend pas le chemin et pour une simple raison, il y a les habitudes bien sûr,
03:37il y a notre culture politique, mais il y a surtout 2027, en France on reste un régime présidentiel
03:42où l'élection présidentielle rend tout le monde fou et donc il y a peu de chances
03:45que cette grande coalition dénuée d'arrière-pensée puisse fonctionner correctement.

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