• il y a 5 mois
2021 fut une année marquante dans la lutte féministe, notamment avec l'entrée de la loi bioéthique en France, qui ouvrait l’aide médicale à la procréation à toutes les femmes. 3 ans plus tard, Judicaëlle Perrot, réalisatrice de la série-documentaire en 4 épisode « PMA pour toustes », nous fait un état des lieux de la situation. Quelles sont les avancées révolutionnaires de cette loi, et quelles sont ses limites ?

Retrouvez la série-documentaire ainsi que toutes les interview intégrales sur la plateforme on.suzane :
https://on-suzane.com/programs/collection-xdplne13ym0

Transcription
00:00Les questions de maternité, elles ont été réglées par nos aînés,
00:02avec la contraception, avec le droit au travail, l'avortement, etc.
00:07Et en fait, pas du tout, il y a encore plein de combats à mener.
00:13Avec Anne-Suzanne, on a sorti récemment une série documentaire
00:16qui s'appelle PMA pour toustes.
00:18Je me rappelle avoir été mobilisée avec les manifestations
00:22en soutien à la loi bioéthique de 2021.
00:24Et ça me tenait à cœur de faire un petit bilan de cette loi,
00:28voir ce qui allait, ce qui n'allait pas.
00:33En 2021, comme beaucoup de féministes,
00:35je participe aux manifestations en soutien au texte de loi bioéthique
00:38qui est débattu à l'Assemblée.
00:40Les couples de femmes et les femmes célibataires
00:42vont enfin avoir accès à la procréation médicalement assistée.
00:45Cette loi de 2021, c'est une grande avancée,
00:48parce que quand même, elle consacre et elle légitime le fait
00:50qu'on peut faire un enfant sans l'autorisation d'un homme.
00:55La question de la PMA, elle est assez complexe.
00:57Il y a l'aspect médical, il y a l'aspect scientifique,
01:00il y a aussi l'aspect légal et l'aspect administratif.
01:03Donc on a des interventions qui sont médicales,
01:06on a des droits qui sont autorisés par la loi
01:09pour certaines personnes et pas pour toutes.
01:10Et il y a la question de la filiation aussi,
01:12donc le droit des parents sur leurs enfants.
01:14Avant la loi de 2021, la PMA était autorisée
01:18uniquement pour les couples hétéros qui avaient des problèmes de fertilité.
01:22Maintenant, toutes les femmes ont le droit à avoir accès à la PMA.
01:26Donc ça, c'est aussi quelque chose de vraiment révolutionnaire
01:29avec la loi de 2021.
01:30Malheureusement, les personnes trans sont encore exclues
01:34de ce texte-là de 2021.
01:36Si je prends un exemple, un couple de femmes lesbiennes
01:38dont une est trans, ne peut pas avoir accès à la PMA
01:41parce que dans le texte, c'est écrit qu'il faut forcément
01:45passer par un donneur extérieur au couple,
01:46alors que la femme trans pourrait donner son sperme.
01:49Si on a un couple de femmes, il faut faire une reconnaissance
01:52conjointe anticipée, ce qui est problématique
01:54parce que les couples hétéros n'ont pas besoin de faire ça,
01:57donc ça rajoute une discrimination.
01:59On ne peut toujours pas faire un don visé, c'est-à-dire que si moi,
02:02je viens avec un ami qui veut bien me donner son sperme,
02:05on ne va pas le prendre, ça ne va pas être possible.
02:08Donc, je vais devoir rentrer dans les délais d'attente du sécoce
02:11qui sont toujours aussi longs.
02:13Il y a un problème de pénurie de gamètes aussi,
02:16ça qui n'a pas été réglé par la loi.
02:19On n'a pas le droit en France de choisir son donneur.
02:22C'est-à-dire qu'il y a des sécoces qui gèrent les gamètes
02:27et qui les attribuent en fonction des demandes.
02:29Il y a une pratique qui s'appelle l'appariement selon le morphotype,
02:33c'est-à-dire qu'on va faire en sorte que le donneur ou la donneuse
02:36ressemble le plus possible à la personne qui va recevoir cette gamète.
02:40Par exemple, si on a un couple hétéro, un homme et une femme qui sont noirs,
02:44les sécoces vont prendre du sperme qui a été donné par une personne noire
02:50pour que ça corresponde bien au morphotype de la receveuse.
02:54Et donc ça, c'est très bien si c'est une volonté des personnes
02:57que leur enfant leur ressemble le plus possible.
02:59Le problème, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de donneurs racisés.
03:02Et donc les personnes racisées vont se retrouver à avoir des délais d'attente
03:06qui sont quasiment le double.
03:08Et donc ça, c'est problématique parce que ce n'est pas une discrimination volontaire de fait.
03:12Il y a quand même une différence de traitement.
03:15Il y a plein de questions philosophiques qui se posent un petit peu autour du don,
03:21notamment autour de la question de la repas.
03:23En fait, ça consiste à, pour un couple de femmes,
03:26à prendre les ovocytes de la femme qui ne portera pas l'enfant,
03:30à les féconder et à ensuite implanter l'embryon dans la personne qui portera l'enfant.
03:37Donc ce qui est sympa, c'est qu'on a un mélange du patrimoine génétique des deux mamans.
03:41Pour autant, en France, ça reste interdit
03:43parce qu'on ne peut pas donner ses ovocytes à quelqu'un qu'on connaît.
03:48Pourquoi ? Parce qu'on considère que ça va favoriser le trafic de matériel génétique.
03:54Ce ne sont pas des questions qui sont très faciles,
03:56mais si on pose un cadre très strict dans lequel on s'assure que tout le monde est consentant,
04:02pourquoi pas ?
04:03C'est très dur parce qu'on ne peut rien faire.
04:06Et c'est vraiment les montagnes russes en permanence.
04:08En permanence.
04:10À quoi s'attendre aujourd'hui en France
04:12lorsque l'on désire plus que tout ce que la vie ne peut nous donner naturellement ?
04:16Un enfant.
04:17Ça va mon amour ?

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