• il y a 5 mois
ÇA - CHAPITRE 2 : Adapter L'imaginaire

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#Clown #Cinema #Podcast #ReservoirVlog
Transcription
00:00Avec la publication du best-seller en 1986, la diffusion d'un téléfilm en 1990 qui
00:11aura traumatisé toute une génération et le succès colossal de son adaptation au
00:15cinéma en 2017, ça s'est fait une place de choix dans la culture populaire.
00:19700 millions de dollars plus tard, tout le monde attendait cette suite cinématographique.
00:23Avec un budget plus conséquent, un casting 5 étoiles et une durée de presque 3 heures,
00:27ça, chapitre 2, était d'ores et déjà aux yeux des gens une réussite annoncée.
00:31Mais qu'en est-il réellement ? Eh bien je vais tenter de vous proposer mon point
00:34de vue à travers une analyse du film, que je mettrai également en perspective avec
00:38le roman.
00:39Généralement, j'ai tendance à isoler les adaptations sans forcément prendre en
00:43compte la fidélité de ces dernières à l'oeuvre originale.
00:45Tout simplement parce que même si l'histoire est identique, on est forcément amené à
00:48la vivre de manière différente en fonction du support sur lequel elle nous est présentée.
00:52Ready Player One par exemple est un film qui diffère beaucoup du bouquin et pourtant
00:56c'est une vraie réussite.
00:57Bref, tout ça pour dire que généralement je ne me prends pas la tête à savoir si
01:00le film respecte ou pas l'oeuvre originale.
01:02Tant que ce dernier reste cohérent et intéressant dans son récit, moi ça me va.
01:06Mais ici avec ça, chapitre 2, c'est la première fois que je me suis retrouvé devant
01:09une adaptation en me disant, est-ce que cette histoire peut s'apprécier autrement qu'en
01:13la lisant ?
01:14J'avais pris un plaisir banal devant le premier opus, j'ai mis longtemps à savoir
01:19si j'avais réellement aimé ou non.
01:20Ici avec ce deuxième film, j'avoue avoir été un peu plus marqué, j'avoue qu'il
01:23ne m'a pas laissé indifférent.
01:25Malheureusement, force est de constater que la qualité indéniable de ça, chapitre 2,
01:29est entachée par ses trop nombreux défauts.
01:31A commencer par sa narration plutôt décousue, qui se développe en 3 actes, tous 3 ayant
01:35des défauts bien distincts.
01:36Le premier acte nous offre une introduction d'une noirceur incroyable et qui entame
01:40le film de la plus belle des manières.
01:41A l'image du premier opus, on se dit que si tout le film est du même akabi, on ne
01:45ressortira pas intact de la séance.
01:46Mais à l'image du premier film, l'humour gras, les incohérences et les jumpscares
01:50prévisibles vont venir entacher ce qui aurait dû être une oeuvre tout aussi malaisante
01:54qu'effrayante dans son ambiance.
01:56L'introduction des personnages via des conversations téléphoniques va se faire sans un réel
02:00impact émotionnel.
02:01On veut offrir à chacun des personnages son petit moment de gloire, et on va se rendre
02:04compte qu'au final, aucun d'entre eux n'a véritablement évolué depuis l'enfance.
02:08Et c'est justifié, oui, par cette métaphore sur la peur qui ne nous quitte jamais vraiment.
02:12Ils retrouvent leur âme d'enfant quand ils sont de retour sur Derry, car la créature
02:15qui représente leur peur les empêche d'évoluer, d'aller de l'avant, de grandir.
02:20Mais il n'empêche que de voir des adultes de 40 ans se chamailler comme s'ils en avaient 12.
02:24Ça enlève beaucoup à l'enjeu dramatique, et ça ne les rend que plus transparents en
02:27comparaison de leurs homologues du premier film.
02:30Dans la seconde partie, l'individualisme de ce qui est censé être un groupe uni continue
02:34avec cette recherche d'easter egg balancée comme un cheveu sur la soupe, afin de justifier
02:38l'existence d'un rituel très très mal introduit.
02:40D'ailleurs, la façon dont Bill récupère le bateau en papier de son frère vous résume
02:44toute l'absurdité de cette partie de l'histoire.
02:46Maintenant sur la forme, tous ces passages sont réussis.
02:49Je pense notamment au passage avec Beverly et Richie qui offrent d'excellentes scènes.
02:53Mais c'est là que réside le problème du film, justement.
02:55Il enchaîne les moments de bravoure sans forcément faire avancer le récit.
02:59Je pense notamment à la scène où Pennywise piège une petite fille en dessous des gradins
03:02durant un match de baseball.
03:04Une scène qui est pour moi la meilleure du film, mais qui ne sert en rien à l'histoire.
03:08Enlevez cette scène et le film continue sans aucun problème.
03:11Cette seconde partie met en avant un Pennywise encore une fois sous-exploité, alors qu'il
03:15est clairement le point fort du film.
03:16Les apparitions du monstre sont toutes superbes, mais amenées de manière aléatoire.
03:20Il n'est malheureusement qu'un motif à balancer des jumpscares par-ci par-là.
03:23Alors que dans le livre, ça ne veut plus affronter le club des losers.
03:26Après son premier échec face à eux, il leur demande de partir, car ce sont les seuls
03:30êtres vivants à lui avoir fait connaître la peur.
03:33Dans le film, rien de tout ça n'est développé.
03:35Ça est simplement relégué au rang de prétexte pour faire peur.
03:38Et même ça, il a du mal à le faire, puisque la menace qui constitue sa puissance mystique
03:42est complètement anéantie quand il passe près de trois heures à seulement faire quelques
03:45pranks aux membres du club des losers sans jamais les mettre véritablement en danger.
03:49Et c'est pareil pour le premier opus.
03:51Combien de fois le clown vient se confronter au club enfants pour disparaître plus tard
03:55sans jamais ne leur avoir rien fait ? Personnellement, ça me sort complètement du récit.
03:59Et ça décrédibilise ce personnage qui se veut pourtant aussi terrifiant que fascinant.
04:03Pennywise qui dévore deux enfants d'un seul coup de mâchoire durant le film, et à côté
04:07de ça, le petit Ben qui reste enfermé avec le clown dans un casier et qui s'en sort
04:12indemne, excusez-moi mais là c'est un cas d'école en termes d'incohérence.
04:15Je veux bien que les personnages principaux aient de la chance pour forcément survivre
04:19et continuer l'histoire, mais faut pas abuser non plus.
04:22Concernant les personnages d'ailleurs, si le traitement de certains comme Richie par
04:25exemple sont une réussite, d'autres se veulent être un véritable échec, notamment
04:29le traitement qui est fait au personnage d'Henry.
04:31Pour vous resituer, Henry qui est le petit jeune dans le 1 avec le mulet et le malade
04:35mental qui sort de l'asile dans le 2.
04:37Et le traitement de ce personnage est non seulement incohérent mais se voudra en plus
04:40inutile.
04:41Le mec va quand même planter un couteau dans le visage d'un des personnages principaux
04:45Et le personnage en question va faire des vannes à ce moment là hein, pour vous dire
04:49il a quand même un couteau dans la bouche.
04:50Et en plus il va s'en sortir indemne.
04:52C'est durant la 3ème partie que je vais tenter de développer mon propos initial.
04:56Est-ce que ça est une histoire adaptable sur grand écran ?
04:59Durant ce long climax, le rituel qui nous est présenté a pour but de simplement enfermer
05:04ça dans une espèce de boîte.
05:06Et c'est tout.
05:07Alors que dans le livre, ce rituel est initialement conçu pour se battre avec l'esprit.
05:11Tout est une histoire de croyance et d'imaginaire.
05:14D'ailleurs le thème est rapidement effleuré durant cette fin quand Eddie est persuadé
05:18que la lance qu'il porte dans ses mains peut blesser le monstre.
05:21Et comme il le croit vraiment, et bien ça fonctionne.
05:24Le roman de Stephen King met en avant un clown maléfique, mais il met surtout en avant la peur.
05:28Ça n'est pas un clown.
05:30Ça est une entité extraterrestre qui n'a aucune forme physique.
05:34Il est la peur au sens large.
05:35Et quand on lit cette histoire, on peut s'imaginer nos peurs les plus terribles.
05:39Ce qui n'est pas possible sur grand écran puisqu'on globalise cette peur en la mettant en image.
05:44Et c'est plutôt bien fait, oui.
05:45L'oeuvre cinématographique se veut relativement fidèle et respectueuse.
05:49On sent qu'Andy Muschietti est amoureux de cette histoire et surtout fier de son travail.
05:53Malheureusement, et en sachant en plus que le film ne va clairement pas aussi loin que le livre,
05:57on se retrouve avec une surenchère d'effets numériques afin de retranscrire au mieux
06:01ce qu'on n'est pas censé voir, mais ce qu'on est simplement censé imaginer.
06:05L'exemple le plus flagrant va être la scène avec les biscuits chinois,
06:08qui est complètement terrifiante et envoûtante à la lecture,
06:11mais assez risible quand on la met en image.
06:13La salle a véritablement ri à ce moment-là, alors que c'est censé quand même être plutôt terrifiant.
06:18La peur n'est pas un élément commun, elle se doit d'être imaginée.
06:22Maintenant, je pense que ça, chapitre 2, est à son maximum en termes d'adaptation.
06:25Je pense pas qu'on aurait pu faire mieux, mais le problème c'est que malgré ça,
06:29malgré que le film soit pas mauvais, il n'est pas super bon non plus.
06:33Parce qu'en dehors de ce problème lié à l'imaginaire, qui ne peut être qu'un problème personnel au final,
06:37le film en tant que film est très mal géré.
06:40La narration est beaucoup trop bancale pour un film de trois heures.
06:43Mêler la science-fiction à l'horreur sans jamais vraiment développer ce point va en perdre plus d'un.
06:47Plus pas mal d'autres défauts, comme les nombreuses incohérences que j'ai déjà citées,
06:51ce triangle amoureux pas très intéressant,
06:53et cette fin qui m'a rapidement paru aussi indigeste que fascinante que ridicule.
06:59La manière dont ça est vaincu à la fin, je comprends la métaphore et c'est très beau,
07:03mais juste en dehors de ça, juste enlever cet élément métaphorique,
07:07la scène en elle-même est assez ridicule.
07:10Parce qu'en gros la solution là, c'est de tuer une araignée de 10 mètres de haut avec une tête de clown,
07:13juste en ayant de la répartie.
07:15Je sais pas si vous vous rendez compte du truc, quoi.
07:17Bref, pour moi ce film est la preuve que ça est une histoire qui se doit d'être imaginée,
07:21au risque de frôler l'overdose.
07:23Mais comme je me suis toujours promis de juger un film comme une oeuvre à part entière,
07:26je vais terminer sur ça.
07:28Sans mauvais jeu de mots, bien sûr.
07:30Ça, chapitre 2, reste quand même une proposition intéressante.
07:33On ne peut que saluer le parti pris du réalisateur et la bravoure de pas mal de séquences.
07:37Bill Skarsgård est encore une fois exceptionnel dans son rôle du clown maléfique.
07:41Sa performance m'aura complètement fasciné durant les deux volets,
07:45et j'espère bien le revoir dans des rôles marquants à l'avenir.
07:48Ce film prouve qu'il est extrêmement difficile d'adapter une oeuvre de Stephen King,
07:51tant ses dernières sont pour la plupart assez spectaculaires.
07:54Mais ça, chapitre 2, reste fidèle à l'imaginaire de l'écrivain.
07:58D'ailleurs, les deux films d'Andy Muchetti restent bien au-dessus des oeuvres horrifiques américaines de ces 5 dernières années.
08:03Mais malheureusement, ces dernières n'auront pas su tirer pleinement profit de ses avantages.
08:07La faute sans doute due à certaines longueurs, à un humour parfois mal placé,
08:11et à trop d'incohérences qui ont tendance à nous sortir du récit.
08:14Bref, ça, chapitre 2, n'est pas un échec total.
08:17C'est même une proposition plutôt intéressante.
08:19Mais malheureusement, le film n'a pas su me marquer comme a pu le faire la version papier du maître de l'horreur,
08:24Stephen King.
08:37Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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