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Tous les soirs à 19h15, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l’actualité politique. Ce soir, Agnès Pannier-Runacher, députée élue du Pas-de-Calais, ministre sortante déléguée auprès du ministre de l’Agriculture.
Retrouvez "L'invité politique d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linvite-politique-deurope-1-soir

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Transcription
00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Et avec nous dans Europe 1 Soir, députée élue du Pas-de-Calais, ministre sortante,
00:10et on l'assume maintenant d'après Gabrielle Attal qui reste Premier ministre,
00:14elle reste également ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture.
00:18Bonsoir Agnès Pannier-Runacher.
00:20Bonsoir Pierre de Villeneuve.
00:21Merci d'être avec nous.
00:22Donc vous êtes à la fois députée et ministre pendant une période donnée, c'est ça ?
00:25Oui tout à fait, tel qu'est aujourd'hui conçu la constitution et les taxes qui en découlent.
00:32Le temps que s'organise un nouveau gouvernement, on a quelques jours où on peut cumuler,
00:39mais il est d'usage que dans ce cas-là les ministres ne votent pas à l'Assemblée nationale,
00:44mais c'est un usage.
00:45Est-ce que votre volonté c'est de rester dans un gouvernement comme celui-ci ?
00:48Ma volonté c'est de siéger, j'ai été élue par les habitants et les habitantes
00:54de la deuxième circonscription du Pas-de-Calais et mon travail aujourd'hui c'est celui de députée.
00:58De députée avant d'être ministre.
01:01Cette coalition justement qui va se former avec le bloc central comme on l'appelle communément,
01:07bloc central qui arrive derrière le Nouveau Front Populaire,
01:10193 pour le Nouveau Front Populaire, 164 pour le bloc central.
01:13Comment est-ce que vous l'envisagez ce bloc central Agnès Pannier-Runacher ?
01:16Alors je crois qu'il faut se dire qu'aujourd'hui le message que nous ont envoyé les Français
01:24c'est un message de recherche, de compromis.
01:29C'est-à-dire qu'aucun des blocs n'a donné satisfaction aux Français,
01:34aucun n'a aujourd'hui la majorité absolue.
01:37Même si le Nouveau Front Populaire a 193, donc il est au-dessus des autres,
01:40mais il n'a pas de majorité absolue, il est loin, il est à pratiquement à 100 sièges de la majorité absolue.
01:44Il est à 100 sièges de la majorité absolue, ce qui veut dire que pour construire une coalition ou un gouvernement,
01:53il faudrait être en capacité de travailler sur des points de convergence
01:59et donc de rebâtir quasiment à partir d'une feuille blanche
02:03ce qui sont les points de convergence entre la vision que peut porter le bloc central par exemple,
02:09la vision que peut porter ce que j'appelle la droite raisonnable,
02:12et la vision que peut porter la gauche responsable.
02:15Donc quand on a le Nouveau Front Populaire aujourd'hui qui nous dit qu'on est 8 juillet,
02:18on va tout de suite appliquer notre programme, le SMIC à 1600 euros, les 14 tranches d'imposition, etc.
02:24Leur risque c'est de ne pas pouvoir passer une loi parce que par construction,
02:30nous n'avons pas changé d'avis sur les propositions économiques avancées par le Nouveau Front Populaire
02:36et nous estimons que ces propositions ne sont pas bonnes pour le pays.
02:39Est-ce que vous êtes d'accord avec Gérald Darmanin qui dit qu'il faut que le Parti Socialiste rompe avec la France Insoumise ?
02:45Je suis d'accord avec le fait que nous ne souhaitons pas faire une coalition avec la France Insoumise
02:51parce que nous avons des désaccords qui ne sont pas surmontables avec les positions portées particulièrement par ce parti.
02:59Mais qu'est-ce que vous dites dans ce cas-là par exemple à Yael Broun-Pivet qui dit qu'en fait on ne peut pas raisonner par étiquette,
03:05on peut également faire du tri dans la France Insoumise,
03:08il y a aussi certaines personnes avec lesquelles on peut travailler et d'autres avec lesquelles on ne peut pas travailler justement.
03:13Alors vous avez deux choses, vous avez le travail pour la construction soit d'une coalition soit d'un projet de gouvernement
03:22parce que ce que tendent les Français ce n'est pas la cuisine politique,
03:25ce qu'ils attendent c'est des mesures concrètes pour leur pouvoir d'achat.
03:28Moi ça fait trois semaines que j'ai fait campagne, j'ai fait des kilomètres et des kilomètres de porte à porte,
03:35ils nous interpellent sur leur pouvoir d'achat, sur l'accès aux services de santé, sur la question des services publics,
03:41sur le fait que le travail doit payer plus par rapport au fait de ne pas être en situation de travailler,
03:49donc tous ces éléments-là il faut les prendre en compte et apporter des réponses concrètes.
03:54Pour apporter des réponses concrètes il faut être capable de construire un projet avec des gens avec qui on pense pouvoir travailler
04:01et avec une certaine forme de stabilité.
04:03Après moi j'ai travaillé à l'assemblée nationale pendant cinq ans en tant que ministre,
04:09j'ai fait passer trois lois en majorité relative donc nécessairement avec les oppositions,
04:14j'ai très bien travaillé avec les républicains, j'ai très bien travaillé avec les socialistes,
04:19avec les écologistes et avec le parti communiste.
04:23Donc projet texte par texte on sait trouver des chemins.
04:27Mais si on veut avoir une coalition stable, c'est-à-dire pas seulement le faire texte par texte comme on l'a fait ces deux dernières années,
04:35mais le faire par exemple sur un ensemble de quatre ou cinq points essentiels sur lesquels on convergerait,
04:42alors il faut le faire aussi avec une construction de groupe.
04:45Et là on le voit, nous on n'est pas capable, on n'a pas été capable ces deux dernières années,
04:49on l'a vu dans la campagne, on a trop d'écarts, trop de divergences avec la France insoumise,
04:55là où il nous semble qu'il est plus possible d'aller trouver un chemin avec le parti socialiste, avec les écologistes et avec les républicains.
05:04On l'a vu, les tractations ont commencé, Gérald Darmanin a clairement aujourd'hui tendu la main à droite,
05:10on sait que les LR sont là, ils sont 66 dans l'hémicycle,
05:14ils ne sont pas nombreux mais ils sont une force, et peut-être une force pivot comme on dit.
05:19À gauche, on l'a dit tout à l'heure et le Nouveau Front Populaire je crois est encore en ce moment en réunion pour savoir qui pourra prendre quelle décision.
05:29Eux, j'allais dire, essayent de se mettre d'accord sur le nom d'un premier ministre.
05:35Tout ça, c'est quand même, vous en consentirez, de la cuisine politicienne.
05:43Les français, vous venez de me dire, veulent une ligne directrice, alors est-ce qu'on va réussir quand même à se mettre d'accord sur un projet
05:49qui va permettre aux français de se dire, bah oui il y a trois blocs centraux, oui ils sont un peu antinomiques les uns et les autres,
05:55mais quand même on va arriver à nos fins.
05:57Vous savez, c'est le propre d'une démocratie parlementaire.
05:59Il n'y a pas un pays en Europe où ce type de système ne fonctionne.
06:04Les français ont choisi. Ils ont voté dimanche, ils ont placé les trois blocs dans des situations où ils n'ont pas la majorité absolue.
06:14Ils nous envoient un message très clair en disant, aucun des projets ne nous convient.
06:18Et forcément, vous devez apprendre à travailler.
06:21On ne peut pas recommencer malheureusement puisque la dissolution c'est dans un an.
06:24Et moi j'ai entendu sur le terrain, là encore, dans les portes à portes, que ce soit à Vimy, que ce soit à Arras, que ce soit à Duisant,
06:35il y a des choses à prendre chez tout le monde.
06:39Chez tout le monde sauf RN et LFI ?
06:43Moi c'est ma position.
06:45C'est-à-dire en tant que bloc central, j'estime que le projet du Rassemblement National est un projet qui est dangereux pour la France,
06:52qui remet en cause notre logiciel, notre pacte républicain.
06:58Lorsqu'on propose de traiter différemment les binationaux des nationaux,
07:04c'est revenir sur le principe même de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen,
07:10l'égalité de chacun, quelle que soit son origine.
07:14Donc ça, ça a été une ligne rouge qui fait que vous n'avez plus envie de travailler avec le Rassemblement National,
07:21même si certains textes...
07:23Ce n'est pas nouveau, mais ce n'est pas nouveau.
07:25Je crois que nous n'avons jamais eu envie de travailler avec le Rassemblement National.
07:29Vous avez eu des voix du RN pour certains textes dans les deux années précédentes.
07:33Tout à fait, mais ça ce n'est pas parce que nous ne les avons pas recherchés.
07:37C'est-à-dire que lorsqu'on passe un bon texte, on peut avoir des voix de tout bord qui viennent sur ce texte.
07:42Lorsqu'on travaille, lorsque j'ai relancé la filière nucléaire,
07:46il se trouve que j'ai eu les voix du RN.
07:49Je n'en avais pas besoin pour relancer la filière nucléaire et je n'ai pas négocié avec eux ces voix
07:54parce que je n'estimais pas que j'avais besoin du RN pour travailler.
07:58En revanche, j'ai prouvé qu'on pouvait travailler de la droite raisonnable jusqu'à la gauche responsable.
08:03Alors, à propos de droite justement, Gérald Darmanin a eu cette phrase aujourd'hui,
08:07le pays est à droite. Vous êtes d'accord avec ça ?
08:10Je ne partage pas cette option.
08:12Je pense que ce que viennent nous dire les Français, c'est qu'en fait nous sommes dans une forme d'équilibre
08:19entre la droite et la gauche et que le chemin se situe au milieu.
08:23Il tend la main vers le parti de droite justement pour faire ce fameux pivot nécessaire à l'Assemblée nationale pour le Bloc central.
08:30Vous savez, il faut être 289 pour avoir la majorité absolue.
08:37Et donc, on ne saurait avoir la majorité absolue uniquement avec le Bloc central et les Républicains.
08:45C'est les mathématiques qui nous le disent.
08:47Mais a-t-il raison d'aller au moins déjà vers les Républicains ?
08:51En déclarant le pays est à droite puisque vous n'êtes pas d'accord avec lui ?
08:55Le travail, là encore, de la démocratie, c'est précisément de trouver le chemin au milieu.
09:01Mais ce chemin, il passe aussi par la prise en compte de ce que nous ont dit les Français sur le fait que le parti socialiste, les Verts existent
09:12et qu'on doit pouvoir trouver ce chemin.
09:14On l'a montré encore une fois ces deux dernières années sur des projets de textes individuels.
09:21C'est à nous d'essayer de trouver les points de convergence, soit en étant dans l'opposition constructive à un groupe qui piloterait le gouvernement,
09:32soit en étant dans une position de coalition construite avec d'autres et avec l'ambition d'avoir plus de 289 députés.
09:39Est-ce que certains socialistes sont capables de se dédouaner de la France insoumise ?
09:45Ça, il faudra leur poser la question.
09:47Moi, je leur souhaite parce que ce que j'entends des conversations privées que je peux avoir avec certains d'entre eux,
09:57c'est qu'effectivement, beaucoup n'adhèrent pas aux déclarations tenues truantes de la France insoumise,
10:09qu'ils ne souhaitent pas que Jean-Luc Mélenchon soit Premier ministre,
10:12parce qu'ils estiment que la France insoumise, en voulant appliquer l'intégralité de leur programme sans bouger une ligne,
10:22n'ont pas compris le message des Français.
10:24Encore une fois, le Nouveau Front Populaire n'a pas la majorité absolue.
10:28Donc, le programme du Nouveau Front Populaire n'est en soi pas applicable.
10:32Il doit nécessairement prendre en compte des compromis.
10:36C'est ce que les Français leur ont dit. C'est la démocratie qui a parlé.
10:39Agnès Pannier-Runacher, plusieurs années de travail au gouvernement.
10:43Vous avez multiplié les postes dans différents ministères.
10:47Ensuite, il y a eu la campagne pour les européennes.
10:49Vous avez été active aussi en soutien de Valérie Ayé.
10:52Ensuite, il y a eu cette dissolution.
10:54Et puis, vous vous êtes représentée à la députation.
10:57Je suis présentée, c'est la première fois.
10:59Pardonnez-moi.
11:00Ensuite, vous voilà à la fois ministre et députée.
11:05Ça s'arrête quand, là ?
11:07On est au mois de juillet. On voudrait avoir un petit peu de répit.
11:09Là, ça va ? Ça se passe bien, Agnès Pannier-Runacher ?
11:12Je pense que ce qui se passe dans le pays vous oblige.
11:16Moi, j'ai envie que mon pays fonctionne bien.
11:19Vous avez le droit de dire que c'est fatigant.
11:22Je vous confirme que c'est fatigant, mais en même temps, c'est passionnant.
11:26Ce qui est en jeu, c'est comment on apporte des solutions concrètes aux Français
11:30à un moment où on doit à la fois gérer la transition écologique.
11:35Qui est une réalité.
11:36Moi, sur mon territoire du Pas-de-Calais,
11:38le changement climatique, c'est des inondations,
11:41c'est des épisodes de sécheresse,
11:43c'est des maisons qui se fissurent,
11:45c'est des agriculteurs qui perdent des récoltes
11:48parce qu'un coup, il fait trop chaud,
11:50un coup, ils ont une pluie torrentielle.
11:53Ça, c'est la réalité du terrain.
11:55Ce sont des Français qui nous parlent de leur pouvoir d'achat.
11:57Ce sont des Français qui nous parlent de l'avenir de leurs enfants.
12:01Et c'est la question de comment on investit dans l'école
12:03pour que chacun ait les mêmes chances.
12:05Et c'est un enjeu qui est particulièrement marqué dans ce territoire du Pas-de-Calais.
12:09Donc, oui, c'est passionnant.
12:11C'est ça qui nous tient debout.
12:12Et effectivement, on va continuer à se battre pour porter un projet
12:15auquel je crois, moi, aujourd'hui.
12:17Et je le ferai, soit en étant dans une opposition constructive,
12:20soit en étant dans une coalition de gouvernement,
12:24en tant que député,
12:26ou plus si on me donne un rôle.
12:28Mais ce que je souhaite porter,
12:29c'est vraiment l'avenir de ce territoire de la Rajoie.
12:32Merci beaucoup Agnès Pannier-Runacher d'avoir été avec nous sur Europe 1 à 19h28.
12:36Dans un instant, le rappel de l'actualité.
12:38Et on passe en revue l'actualité politique avec Paul Melun et Joseph Passé-Scarron.
12:41A tout de suite.

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