La Fabrique Centre d'Art : Soirée « Échos poétiques du trait », conçue et animée par Patrice Bougon, maître de conférence en littérature, accompagnée de lectures d’auteurs (Philippe Comar, Michel Deguy, Jacques Derrida, Jean Genet, Alberto Giacometti, Paul Valery), interprétées par Esther Comar, comédienne.
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00:00Je me suis basé sincèrement sur le livre Premier Cré, donc je vous fais mon
00:29petit propos de cinq minutes. J'ai intitulé cela « Eco-poétique du trait, mémoire d'un
00:36lecteur ». Des mémoires d'un dessinateur, je voudrais vous faire entendre quelques fragments
00:42des mémoires d'un lecteur, doublées d'un spectateur, plus habitués à l'écran du
00:49cinématographe qu'au cadre du dessin. Mais l'attention au détail, au rapport entre visible
00:56et invisible, est identique. Je ne suis donc pas allé en aveugle vers cette œuvre. Ce que
01:03vous allez entendre n'est donc ni un commentaire universitaire, ni un ensemble d'associations libres,
01:10mais j'y insiste, une expérience. Lise en premier trait, au-delà de l'auto-portrait,
01:16le corps abordé sans censure, à la manière de Jeunet. Il se trouve que Jeunet, c'est l'objet
01:25de ma thèse. La figure de l'aveugle, qui m'a toujours fasciné, et aussi le thème de la jeunesse
01:32de l'œuvre, puisque son livre est, pour une part, une réflexion sur l'origine de son désir de faire
01:37du dessin. Alors, ce qui m'intéresse aussi dans mon rapport à cette œuvre, c'est le rapport au
01:43non-propre, qui me sont familiers, là encore, par des hasards de lecture. Par exemple, Durer,
01:48qui est cité, Jeunet, qui est cité, Freud aussi. Ces œuvres, comme je viens de le dire,
01:55que ce soit au niveau des thèmes, des problématiques ou des non-propres, font écho.
01:59Et donc, ce que je voudrais faire, grâce aux lectures d'Esther, c'est vous donner à entendre
02:06les hasards de lecture dont je trouve des traces, visibles ou invisibles, dans l'œuvre de Philippe
02:15Command. Alors, si tu peux lire... C'est un extrait de... De ton père ? Oui, de premier trait.
02:22Exactement. Mais de toutes les lignes que l'on peut trouver à l'état natif, celles qui ont
02:30exercé sur moi la trait le plus durable sont les herbes. J'aimais ces graffes qui poussent dans
02:36la nature. Une herbe est un trait. J'ai beaucoup regardé l'herbe. Autant de types d'herbes,
02:45autant de types de traits. Je tiens pour le plus beau dessin jamais exécuté, la grande touffe
02:53d'herbes de Durer, qui comprend une douzaine d'espèces, toutes identifiables, où chaque brin
03:00d'herbe est un trait, où chaque trait est un brin d'herbe. Jamais le dessin n'avait trouvé avant
03:07et ne trouverait après un sujet qui le réfléchisse en mieux en son essence, où l'objet et l'image
03:14sont en parfaite adéquation. Dessin magistral, grandiose, pourtant exécuté à hauteur d'un
03:24colléoptère. Michel Deguy raconte un souvenir d'enfance, d'adolescence, qui fait écho à ce que
03:35vient de lire Esther. J'aimais dessiner, beaucoup, et passer de longues heures à me noircir les doigts,
03:43occupé à transporter l'image durérienne sur mon beau carton d'abord immaculé, jusqu'à ce que,
03:50plus une herbe sous les chiens de stache, plus un détail de la scène ne manquât d'être transféré
03:57dans l'arche de mon dessin, la miniature. Qu'est-ce qu'un trait qui n'est pas un contour?
04:05Deguy n'est pas spécialement connu, il est encore moins connu pour ses textes sur l'art graphique.
04:13Il a écrit d'autres choses, il a écrit un texte sur les raboteurs de Caillebotte,
04:18c'est très beau aussi. Donc ça c'est un aspect de la relation entre Philippe Comard et un poète,
04:27et un autre auteur dont j'ai parlé, à savoir Jean Genet, lui est nommé dans le texte de Philippe
04:39Comard et dans un autre livre, dans Ventre je crois, et j'ai été frappé au-delà du nom propre de Jean Genet
04:50sur le rapport aux salles, à la souillure et alors même qu'il y a une espèce de fascination pour le
05:00propre, le papier impeccable, le goût du trait parfait, il joue sur deux logiques, la pureté,
05:10le papier blanc, le trait impeccable, et puis aussi un certain intérêt pour le salle, la souillure.
05:19Jean Genet, bon il est connu pour ses romans, son autobiographie, surtout son théâtre, il a aussi
05:25écrit des textes moins connus pour un projet sur Rembrandt dans les années 50, Le secret de
05:32Rembrandt qui est paru dans l'Express en 57, et ce qui est resté d'un Rembrandt déchiré en petits
05:38carrés et foutu aux chiottes dans Tellequelle en 67, numéro 31. Esther va lire le petit passage
05:47où il est question d'un modèle qui s'appelle de façon adéquate Madame Trip, c'est le nom de la
05:57dame qui est peintant, en peinture. Ce sont les deux portraits de Madame Trip. Qu'on débarbouille
06:05sa mère lisant, sous les rides, on retrouvera la charmante jeune fille qu'elle continue d'être.
06:11On ne débarbouillera pas de sa décrépitude Madame Trip, elle n'est que cela, qui apparaît dans
06:20toute sa force. C'est là, éclatant, évidemment d'une évidence qui crève le voile du pittoresque.
06:29Agréable à l'oeil ou non, la décrépitude est donc belle et riche. Il me semble que dans l'oeuvre de
06:43Philippe Comard, ce qui me frappe comme je l'ai dit, c'est le rapport à une vision du monde non
06:50hiérarchisé et à une attention à toutes sortes de choses qui pourraient être exclues de la
06:56représentation ou du discours. J'en vois un exemple dans deux pages dans lesquelles il évoque
07:05une rencontre avec une petite bohémienne sale. Moi qui suis habitué à Jean Genet, ça m'intéresse
07:13tout à fait. Par exemple, dans le journal du voleur, Genet dit... Je ne sais pas si vous connaissez
07:22la biographie de Genet. C'est quelqu'un qui était un mendiant, un prostitué qui vivait très
07:29très pauvrement et qui essayait de survivre avec les moyens qui étaient les siens. Il a un rapport
07:39non hiérarchique aux autres et notamment à ces objets de désir qui peuvent surprendre le français
07:48moyen dont je suis une incarnation. S'il te plaît, les deux pages où il y a un rapport souillure,
07:59sensualité, désir, ambivalence par rapport à la bohémienne. Mes parents possédaient une maison
08:07de campagne où nous passions nos vacances. Un jour, en été, je devais avoir six ou sept ans,
08:12nous vîmes une caravane de bohémiens avec leurs roulottes en bois tirées par des chevaux qui
08:17traversaient le village. L'étrangeté de leur mode de vie associée au fait que les enfants et les
08:24femmes marchaient pieds nus sur la route m'impressionna vivement. Je n'ai pas le souvenir d'avoir désiré
08:30voyager avec ses vannue-pieds, ni vivre sans maison, ni attache. Encore que la perspective
08:36d'échapper au casernement de l'école me séduit. Cependant, l'idée de leur vie errante relevait
08:44d'un conte de fait. Avec ma mère, nous allâmes leur acheter un panier. Les femmes étaient occupées au
08:51travail de la vannerie. Elles tressaient l'osier en maintenant leur ouvrage avec les pieds. Je
08:57m'émerveillais de voir que, à partir de simples tiges ligneuses, elles réalisaient des formes
09:03complexes au galbe parfait. Un panier n'était-il pas une sorte de dessin qui se déployait dans
09:10l'espace ? De plus, le tressage et les ligatures faisaient écho aux entrelacs que j'aimais dessiner,
09:17où les lignes passent alternativement dessous et dessus, comme dans cet enchevêtrement de tiges
09:24et de nœuds que Léonard de Vinci dessina pour le château des Sforzas à Milan. Ce fut une petite
09:30fille de mon âge qui nous montra les paniers et négocia le prix. Elle était toute frêle,
09:35vêtue d'une robe volonté, rouge vif, d'où sortaient ses petits pieds nus et sales. Sous des cheveux
09:44longs, lâchés, épais comme de la filasse, ses yeux noirs intenses me dévisageaient. Moi, le petit
09:53bourgeois propre et sédentaire, je ressentis aussitôt une violente attirance pour elle,
10:01une attirance physique. Sa peau sale me fascinait, et de façon tout à fait imprévisible pour moi,
10:10je fus sujet à une érection, comme si le sale et le sexuel avaient affaire ensemble. Dans ma
10:20confusion, je sentis mon visage rougir. Je dois préciser que mon attirance pour elle,
10:27ce désir intense de la toucher, de la tenir dans mes bras, n'était assortie d'aucune image sexuelle
10:34proprement dite, car, comme je l'ai dit, jusqu'à mes dix ans, ignorant tout de la réalité de
10:40l'accouplement, le pénis n'avait pas d'autre fonction que celle d'uriner, accessoirement de
10:46dessiner. La simultanéité de mon attirance physique et de mon érection me demeurait
10:54incompréhensible. En somme, la découverte de l'outil précédait la connaissance de son usage.
11:03Cette petite fille fut la première personne pour qui j'éprouvais un élan sensuel. Dans mon souvenir,
11:12je désirais intensément la retenir, beaucoup plus que de la suivre. Son image m'a longtemps
11:21hantée. Adulte, je n'ai pas fait de fixation érotique sur la saleté ni sur les odeurs
11:27corporelles qui y sont attachées, mais depuis ce jour, je sais que la souillure est la marque
11:35indépassable de la chair. Aux antipodes de toute idée de pureté ou de forme idéale,
11:41une aphrodite sale et puante tiendrait du contresens. Sur le plan graphique, la ligne
11:53claire de l'épure s'oppose à la salissure. D'un côté, le trait aigu qui cerne, de l'autre,
12:02la tâche qui bave. Le dessin oscille entre ces deux bornes, idéalisme et réalisme. Pour moi,
12:12dessiner, c'est tenter de capter quelque chose qui m'échappe, c'est saisir ce qui fuit. Mes
12:21dessins sont mes petites bohémiennes. Je vais demander à Esther si elle peut lire un texte
12:29aussi peu connu de Genet, qui s'appelle Le Funambu, où il y a ce thème de la souillure en
12:39opposition avec un art qui est sublime, à savoir l'art du funambulisme. Pour le contexte,
12:46il se trouve qu'un des amants de Jean Genet s'appelait Abdallah et qu'il l'a transformé
12:52en funambule. Un des fantasmes de Genet, c'était de prendre des jeunes et de les transformer
12:58en acteurs d'un certain art. Il a eu Abdallah qui est devenu funambule, mais après il a eu un
13:08ou deux accidents et ça s'est arrêté. Puis, il a eu un autre amant qui s'appelait Shaki Maglia et
13:15il en a fait un coureur automobile qui a eu quand même un prix international, peut-être à Monza,
13:22et il a eu un accident et il était aussi handicapé. Donc, il avait un peu ce fantasme de
13:29transformer un des amants un peu ordinaire en personnage un peu sublime, mais tout en leur
13:37disant, dans la vie quotidienne, tout comme moi, Jean Genet, qui n'ai aucune propriété,
13:43qui vit dans des hôtels minables, qui n'a pas de vie mondaine, qui vit un peu au jour le jour,
13:52qui est mort d'ailleurs dans un hôtel tout à fait ordinaire. Tu dois être comme ça dans la vie
13:59courante pour briller quand tu es sur le film, pour un contraste plus et plus fort. Et il y a
14:06un rapport à l'argent. Donc, Genet réfléchit beaucoup à l'argent et c'était aussi un escroc
14:12avec ses éditeurs. Il vendait plusieurs fois le même manuscrit sous des titres différents.
14:17Donc, il a un rapport assez drôle, justement, qui casse un peu l'image qu'on se fait d'un écrivain.
14:24C'est quelqu'un qui a passé son adolescence en colonie pénitentiaire à Maitrée, où les gens
14:34se violaient, se tuaient, et puis les gardiens, c'était des anciens militaires alcooliques. Donc,
14:38voyez la formation qu'il a eue. Et c'est un miracle qu'il ait réussi à écrire de façon
14:43aussi complexe et qu'il ait été commenté par Jean-Paul Sartre, 600 pages, et par Jacques Derrida,
14:50400 pages. Donc, ce n'est pas juste le tollard qui écrit sur sa vie, c'est quelqu'un qui a un style
14:58qui est comparé assez souvent à celui de Proust. Comment il s'est formé, c'est une sorte de miracle,
15:04en lisant. Mais c'est aussi quelqu'un qui a détruit tous les amis qu'il a rencontrés.
15:10C'est pour que tout l'espoir de la journée se trouve exalté par l'approche de la fête. C'est
15:17pour que de cette distance d'une misère apparente à la plus splendide apparition
15:22procède une tension telle que la danse sera comme une décharge ou un cri. C'est parce que
15:27la réalité du cirque tient dans cette métamorphose de la poussière en poudre d'or. Mais c'est surtout
15:35parce qu'il faut que celui qui doit susciter cette image admirable soit mort. Ou, si l'on y
15:43tient, qu'il se traîne sur terre comme le dernier, comme le plus pitoyable des humains. J'irai même
15:50jusqu'à lui conseiller de boiter, de se couvrir de guenilles, de poux et de puée. Que sa personne
15:56se réduise de plus en plus pour laisser scintiller, toujours plus éclatante, cette image dont je parle,
16:03qu'un mort habite. Qu'il n'existe enfin que dans son apparition. L'argent, le pognon, il faudra en
16:16gagner. Et jusqu'à ce qu'il en crève. Le funangule doit en palper. D'une façon comme d'une autre il
16:23lui faudra désorganiser sa vie. C'est alors que l'argent peut servir, apportant une source de
16:28pourriture qui sera viciée l'âme la plus calme. Beaucoup, beaucoup, beaucoup de pognon, un fric fou,
16:34ignoble. Et le laisser s'entasser dans un coin du taudis, ni jamais toucher et se torcher le cuir
16:41avec son doigt. Je lui dirai encore, tu devras travailler à devenir célèbre. Pourquoi ? Pour
16:50faire mal. C'est indispensable que je gagne tant de pognon ? Indispensable. Sur ton fil de fer,
16:59tu apparaîtras pour que t'arroses une pluie d'or. Mais rien n'est intéressant que ta danse. Tu
17:04pourriras dans la journée. On va en venir au dernier thème que j'ai annoncé, c'est le thème de
17:10l'aveuglement. J'ai beaucoup travaillé sur l'oeuvre de Jacques Derrida et il se trouve que ce thème
17:15est récurrent chez lui et qu'il a écrit un catalogue d'exposition qui s'appelait « Mémoire
17:23d'aveugle ». On sait que les aveugles possèdent un remarquable sens de la spatialité. Certains
17:30sont d'excellents géomètres et qu'ils sont capables de se former des images précises des
17:35lieux qu'ils connaissent. Cependant, contrairement aux voyants, l'espace qu'ils se représentent n'est
17:42pas perçu à partir d'un point de vue. Il n'y a donc chez eux aucun effet de perspective. Quoi
17:51qu'il en soit, ces images, qui ne sont pas des images visuelles, possèdent une logique interne
17:57qui permet aux non-voyants de se guider efficacement. Les enfants non-voyants suivent exactement les
18:03mêmes stades de dessin que les enfants voyants, sans toutefois parvenir au dernier stade,
18:10celui du dessin en perspective, c'est-à-dire exécuté à partir d'un point de vue. Ces faits
18:18montrent que le dessin est d'abord une manière d'écrire le monde, une manière de transcrire
18:26par des signes graphiques ce que l'on comprend et non ce que l'on voit. J'en viens à deux extraits
18:35de Valéry, Paul Valéry, où il est question de titre du volume, dont vous allez entendre deux
18:43pages, c'est Degas, danse, dessin. Il y a quelques années, il y a eu une exposition magnifique où on
18:50voyait les carnets ou les cahiers d'écriture de Paul Valéry. Il écrivait tout en ponctuant ses
18:59pages d'écriture sur les mathématiques, les inventions, la rhétorique, le rapport aux mots,
19:05aux mots sans H, aux termes de la langue française. Il ponctuait toutes ces pages innombrables,
19:17c'est des milliers de pages de dessin. Donc il y a un rapport écriture-dessin chez Valéry. Tout
19:24se passe comme si pour penser, chez Valéry, il fallait qu'il fasse du dessin.
19:30Je se jette sur une table un mouchoir que j'ai froissé. Cet objet ne ressemble à rien. Il est
19:38d'abord pour l'œil un désordre de pli. Je puis déranger l'un des coins sans déranger l'autre.
19:44Mon problème, cependant, est de faire voir par mon dessin un morceau d'étoffe de telle espèce,
19:51souplesse et épaisseur, et d'un seul tenon. Il s'agit donc de rendre intelligible une
19:59certaine structure d'un objet qui n'en a point de déterminer. Il n'y a point de clichés ou de
20:05souvenirs qui permettent de diriger le travail, comme on le fait quand on dessine une figure
20:10d'arbre, d'homme ou d'animal qui se divise en portions bien connues. C'est ici que l'artiste
20:18peut exercer son intelligence et que l'œil doit trouver, par ses mouvements sur ce qu'il voit,
20:23les chemins du crayon sur le papier, comme un aveugle doit, en la palpant, accumuler les éléments
20:30de contact d'une forme et acquérir point par point la connaissance et l'unité d'un solide très
20:37régulier. Cet exercice, par l'informe enseigne, entre autres choses, à ne pas confondre ce que
20:45l'on croit voir avec ce que l'on voit. Il y a une sorte de construction dans la vision dont nous
20:52sommes dispensés par l'accoutumance. Nous devinons ou prévoyons, en général, plus que nous ne voyons.
21:00Je vous remercie et posez des questions.
21:03Le mot de la fin, pour vous lire un petit texte d'Henri Foucault, qui est un artiste qui dessinait
21:13beaucoup et que j'ai beaucoup accompagné, et c'est un hommage que je lui rends ce soir parce que,
21:19comme un texte en amène un autre, j'ai envie de faire des dessins pour les non-voyants que je
21:25réaliserai à l'aveugle, en cachant d'une feuille le dessin que je tracerai, et je ne regarderai jamais
21:31le résultat. Ces dessins seraient exposés pour des aveugles qui ne les verraient pas non plus.
21:36J'aurais fait ainsi une exposition radicalement conceptuelle qui mettrait à égalité celui qui
21:42dessine sans regarder et celui qui regarde sans voir. L'artiste aveuglé et l'aveugle voyant
21:49seraient à égalité. Jamais œuvre n'aurait eu le privilège de n'être vue, ni par celui qui l'a
21:55faite, ni par ceux pour qui elle a été réalisée. L'œuvre non vue existerait pourtant, à moins de
22:01pousser l'expérience jusqu'à interdire l'exposition à tous les bien-voyants, il faudrait faire une
22:08exposition qui ne serait vue par personne. Henri Théron.