Tous les matins, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son “Voyage en absurdie”, du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie
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00:00On va passer la parole à Emmanuelle Ducroquet avec nous, bonjour Emmanuelle !
00:04Bonjour Dimitri, bonjour à tous !
00:06Alors on va se pencher sur un feuilleton économique, un rebondissement, ça fait des mois, que dis-je, des années que ça dure.
00:11Les créanciers et les banques du groupe Atos, Atos, sont parvenus hier dimanche à un accord pour reprendre et tenter de sauver le géant informatique français qui est en grande difficulté.
00:23Oui, ça fait des mois qu'Atos et ses 100 000 salariés sont en pleine descente aux enfers.
00:28C'est un des plus spectaculaires naufrages économiques français des 5 dernières années.
00:32Il lui faut d'urgence trouver un peu plus d'un milliard d'euros de liquidités pour tout simplement poursuivre son activité.
00:39Alors reprendre et sauver Atos, ça va sans doute vouloir dire lui faire subir des opérations douloureuses et sans doute le dépecer.
00:47Un petit rappel de la situation d'Atos, Emmanuelle.
00:51Oui, Atos est une de ces sociétés dont on connaît le nom mais dont les activités sont nébuleuses pour le grand public.
00:57C'est le premier groupe de son secteur en Europe, celui du conseil et des services informatiques.
01:02Des centaines de milliers d'entreprises ont recours à Atos pour gérer tout ou partie de leur système, mais c'est un colosse au pied d'argile.
01:08Des orientations stratégiques ratées, des appétits démesurés à l'ère de Thierry Breton qui a présidé Atos pendant 11 ans et une gestion hasardeuse.
01:16L'entreprise a accumulé, tenez-vous bien, 4,8 milliards d'euros de dettes. C'est énorme.
01:22Depuis février, elle a dû enclencher une procédure de restructuration. C'était ça ou la faillite.
01:27Et les tentatives de reprise ont échoué les unes après les autres.
01:30Et oui, en mai, il y avait encore quatre candidats à la reprise.
01:33Atos avait choisi une autre entreprise du même secteur, Winepoint, qui est un de ses actionnaires, pour tenter de la sauver.
01:39Mais laquelle Winepoint a finalement jeté l'éponge la semaine passée devant l'ampleur de la tâche.
01:43Et ce sont finalement des financiers qui vont tenter de renflouer le navire en perdition.
01:48Mais il va falloir aller très vite, ça devrait commencer dès aujourd'hui, 1er juillet.
01:52Et oui, parce qu'Atos, là ça devient un peu croquignolesque cette affaire, c'est un des piliers de l'organisation des JO de Paris 2024.
01:59Bah oui, je ne vous ai pas raconté tout ça. Pour rien.
02:01C'est là que l'histoire économique un peu nébuleuse rejoint une réalité très concrète.
02:05S'il faut sauver Atos au plus vite et lui éviter la banqueroute, c'est que l'entreprise, c'est la colonne vertébrale informatique des Jeux Olympiques.
02:12Toute la cybersécurité de l'événement, c'est Atos.
02:15Le contrôle des accès, c'est Atos.
02:17La gestion de toutes les données des épreuves, la compilation des résultats, c'est Atos.
02:22Et le système qui permet la diffusion des épreuves par les médias, devinez, c'est Atos.
02:27Le groupe n'a pas le droit au forfait, l'effet serait désastreux pour la France.
02:32Après les Jeux Olympiques, est-ce que l'intérêt pour Atos va s'essouffler pour autant Emmanuel ?
02:37Oh non ! Mi-juin, l'État a dû faire une offre de 700 millions d'euros pour acheter les activités d'Atos jugées stratégiques et sensibles.
02:46Parmi celles-ci, il y a des supercalculateurs, des activités de gestion du nucléaire, des contrats avec l'armée française et des produits de cybersécurité.
02:54Les difficultés d'Atos peuvent mettre en danger tout un pan de notre souveraineté nationale.
02:59Signature européen Emmanuel Ducrot. Merci à vous Emmanuel. Il est 8h51 sur Europe 1.