• il y a 6 mois
Cette semaine, Alexandre Delpérier reçoit la cavalière française Camille Condé-Ferreira, spécialiste du saut d'obstacles et l'alpiniste franco-helvético-canadienne Sophie Lavaud.

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Sport
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00:00...
00:18-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:21bienvenue dans votre rendez-vous dédié aux femmes dans le sport.
00:25Je suis ravi de vous accueillir pour un nouveau numéro
00:28avec encore des femmes particulièrement inspirantes.
00:31Voici le sommaire.
00:32Aujourd'hui, on parle équitation avec l'espoir français
00:35du saut d'obstacle Camille Condé-Ferreira,
00:37championne d'Europe junior à 16 ans.
00:39Elle rêve de briller, pourquoi pas, au JO de Paris, déjà en 2024.
00:43Enfin, une femme qui voit grand, Sophie Laveau, alpiniste.
00:46Elle ambitionne de gravir les 14 sommets
00:49de plus de 8 000 m sur la planète.
00:51Elle en est déjà à 11, entretien avec une amoureuse de l'Himalaya.
00:55Là encore, une femme juste, unique, exceptionnelle.
00:58Vous avez vu ces quelques images. Bonjour, mon cher Salim.
01:01Bonjour, Alexandre.
01:03Avec Salim, on est ravis d'accueillir Camille Condé-Ferreira.
01:06Bonjour, Camille.
01:07Bonjour, les garçons.
01:08Tu as 22 ans, tu es cavalière.
01:09Ta spécialité, c'est le saut d'obstacle.
01:12Très rapidement, tu as été championne d'Europe junior en 2015,
01:15championne de France junior en 2015, vice-championne d'Europe junior en 2016.
01:19Ça ne cesse de s'améliorer, tout ça, et il y a d'énormes objectifs.
01:24D'abord, tu nous présentes ta discipline, le saut d'obstacle.
01:27Oui, exactement.
01:28Alors, effectivement, je fais du saut d'obstacle
01:31avec plusieurs chevaux différents.
01:33Donc, nous, le but dans le saut d'obstacle,
01:36c'est de rentrer sur le terrain.
01:40On a un parcours à effectuer.
01:42On a plusieurs barèmes différents,
01:44mais le but, c'est de faire le moins de fautes possibles,
01:47et souvent, en fonction de...
01:49Une faute, c'est faire tomber une barre.
01:51Faire tomber une barre ou faire un refus.
01:52Dans le pire des cas, une chute, éventuellement,
01:54qui peut nous éliminer, mais ça, on évite d'y penser.
01:58Et il y a un chrono qui tourne.
01:59Et il y a un chrono qui tourne.
02:00Alors, en fonction des épreuves, des fois, c'est en deux manches,
02:03des fois, c'est en une seule, mais des fois, il faut être le plus rapide.
02:05Des fois, il faut être ce qu'on appelle sans faute,
02:07donc faire aucune barre, pas de temps dépassé,
02:11pour après accéder à un barrage où, là, on doit être le plus rapide,
02:14sans faire de fautes, pour pouvoir espérer gagner.
02:16Et tout ça, c'est avec ton cheval, hein ?
02:18Oui.
02:19Salim, qui a la particularité d'être non-voyant,
02:22mais de faire du cheval chez les Valides.
02:24Tu connais bien Camille.
02:25Comment tu la qualifierais ? Présente-la, nous.
02:27Camille, c'est... T'as peur, tout de suite ?
02:30Camille, c'est une championne qu'on connaît depuis longtemps, vraiment,
02:35qui sert d'exemple à beaucoup de jeunes cavaliers, de jeunes guerriers...
02:38Et qui n'a que 22 ans, malgré tout.
02:39Voilà, et qui n'a que 22 ans, aujourd'hui.
02:41Et qui est connue depuis un moment, en fait.
02:43Depuis que t'es à Poney, on te suit pas mal.
02:47Et aujourd'hui, en termes d'espoir, je trouve que, voilà,
02:50elle apporte cette image du sport équestre, du cheval,
02:55qui donne l'espoir de partir vraiment du tout début,
02:59de suivre sa passion dès le début,
03:00et d'aller le plus loin possible, en tout cas, on te le souhaite.
03:03Tu te sens expérimentée ?
03:06Oui, je pense que j'ai emmagasiné beaucoup d'expériences.
03:10Dire que j'ai tout vu, tout fait, ça serait extrêmement prétentieux,
03:13et j'estime pas du tout que ça me qualifierait bien.
03:17Mais par contre, j'ai eu la chance de pouvoir
03:19faire beaucoup, beaucoup de choses différentes,
03:22et d'emmagasiner beaucoup d'expériences,
03:24et ça, c'est vraiment bien.
03:25Oui, puisque tes parents sont propriétaires d'écuries,
03:27t'as toujours connu ça.
03:28À deux ans à peine, tu montais ton petit Shetland, Arthur.
03:31Oui, exactement.
03:32Tes premiers souvenirs datent de quelle époque ?
03:35Parce que deux ans, je sais même pas si tu te souviens.
03:36Non, à deux ans, honnêtement, je me souviens pas,
03:38je mentirais à te dire que oui.
03:40Je pense que mes premiers vrais souvenirs,
03:43c'est quand je faisais mes premières fausses compétitions chez nous.
03:47En fait, je suivais mon papa, mon papa prenait un cheval,
03:50et moi, je le suivais avec mon Shetland,
03:53et on faisait un petit parcours,
03:54et donc, le but, c'était d'être derrière lui,
03:56à 5 mètres, par exemple, et de faire la même chose que lui.
03:59Ça, c'est vraiment mes premiers souvenirs.
04:01Et t'avais quel âge ?
04:02J'avais...
04:044-5 ans ?
04:05Oui, 4-5 ans.
04:06J'aurais dû vous envoyer une petite photo,
04:07c'était rigolo, parce que j'avais un style très particulier.
04:12D'accord.
04:13Mais j'en garde un super souvenir,
04:16et j'espère que si un jour, j'ai des enfants,
04:18je ferai la même chose, parce que c'était vraiment chouette.
04:20C'était ludique ?
04:21Oui, extrêmement, oui.
04:23Oui, j'ai beaucoup appris en faisant ça,
04:25et en regardant les autres faire aussi,
04:27quand j'étais petite, parce que souvent,
04:29j'avais pas trop le droit d'accéder à ces cours d'équitation,
04:33parce que j'étais encore trop jeune,
04:36et je savais pas encore faire assez de choses,
04:38mais le fait d'avoir beaucoup regardé les autres faire,
04:41quand je montais, j'avais qu'une envie, c'était de les copier,
04:44et de faire la même chose,
04:46et après, quand j'ai été plus vieille,
04:47c'était de faire la même chose en mieux,
04:49et je pense que ça m'a beaucoup tirée vers le haut.
04:52Salim, c'est important d'être dans le bain, si jeune.
04:54Et c'est ce que je disais, c'est qu'être dans le bain,
04:56ça peut avoir deux effets.
04:57Soit ça donne envie, comme Camille le décrit,
05:00soit au contraire, ça peut blaser un petit peu,
05:02l'air de dire, j'ai toujours connu ça, j'ai toujours vu ça.
05:04Les parents, parfois, qui peuvent pousser un peu
05:07pour que les enfants suivent cette route,
05:09toi, ça a pas du tout eu ce...
05:10À aucun moment, je veux dire, t'as eu ce syndrome-là,
05:12de te dire, ouais, bon, voilà, quoi, c'est bon,
05:15j'ai vu ça tout le temps.
05:17Non, moi, personnellement, j'ai jamais été lassée
05:20d'aller monter à cheval, d'aller à l'écurie,
05:23d'aller m'occuper des chevaux,
05:25parce que j'aime ça, et je pense que, pour pas grand-chose,
05:28j'y changerais ma vie.
05:31C'était vraiment quelque chose de passionnant.
05:35Enfin, l'équitation, c'est un sport passion,
05:37et en plus, j'ai eu la chance d'avoir mes parents
05:39qui étaient derrière moi,
05:40mais qui n'ont jamais vécu...
05:42À travers toi.
05:43À travers moi.
05:45Ils ont toujours respecté ce que je pouvais faire,
05:48ils ont toujours été fiers de ce que j'ai pu faire,
05:50ils le sont encore aujourd'hui,
05:53mais, par contre, ils m'ont jamais imposé quoi que ce soit,
05:56ils m'ont jamais poussée à des endroits
05:58où j'avais pas forcément envie d'aller,
06:00ils m'ont toujours soutenue et suivie
06:02sans vivre à travers moi, et ça, c'était quand même bien.
06:06Tu commences la compétition à 6 ans.
06:08C'est quoi, les compétitions à 6 ans ?
06:10C'est ce qu'on appelle les châtelans,
06:12donc les châtelans, ce sont des petits poneys,
06:14où on fait des épreuves où c'est tout petit,
06:17mais bon, c'est proportionnel à la taille du cavalier et du cheval,
06:20donc ça va,
06:21et donc, c'est des petits parcours,
06:24c'est la même chose que...
06:26On saute un petit peu ?
06:27Oui, on saute, mais on saute...
06:29Ouais, 40 centimètres.
06:30Ouais, 40, 50 centimètres.
06:32Aller aux championnats de France, on saute 60 centimètres.
06:35Et les résultats sont là tout de suite ?
06:37Oui, oui, oui.
06:38La première année où j'ai fait mes premiers championnats de France,
06:41ça s'est bien passé,
06:42mais j'étais un peu déçue parce que j'avais fait une faute,
06:45et la deuxième année, j'ai eu la chance d'être classée
06:48parmi les 8 meilleurs du championnat de France,
06:51qu'on appelait à l'époque A1 Elite,
06:53donc la plus grosse catégorie des châtelans,
06:57et je me regarde, un bon souvenir,
07:00mais j'avais un poney qui était génial, mais qui était très lent,
07:02et ça, c'est des épreuves où il faut aller vraiment à fond, fond, fond,
07:06et moi, pour le coup, j'ai été très lente,
07:08ce qui m'a valu une 7e place.
07:10Salim.
07:11C'est top.
07:12C'est une façon que tu as eue de découvrir aussi la discipline, le jumping.
07:17Est-ce que, alors si jeune que ça,
07:19mais est-ce que tu as eu l'occasion de tester aussi,
07:22d'aller voir ailleurs le concours complet, le dressage,
07:24d'aller voir d'autres choses et de te faire vraiment ton avis sur le CSO ?
07:29Alors oui, j'ai pu tester autre chose.
07:32J'ai eu la chance de pouvoir tester le dressage avec Alizé Froment,
07:35qui est une grande dresseuse,
07:37qui a des chevaux qui sont dressés à merveille.
07:41J'ai beaucoup aimé, parce qu'en plus, ces chevaux sont formidables.
07:45Après, je n'ai pas accroché,
07:48parce que je ne me vois pas faire ça tous les jours.
07:51J'ai adoré, j'ai des sensations et des souvenirs exceptionnels.
07:55Par contre, je ne me vois pas faire ça tous les jours.
07:57J'ai pu tester la voltige aussi.
08:00Pareil, j'ai adoré, mais déjà, je ne suis pas assez souple,
08:02donc ce n'est pas pour moi.
08:04Voilà. Le problème a été vite résolu.
08:06Après, j'ai eu la chance de connaître beaucoup de monde.
08:09Ils m'ont fait tester plein de disciplines différentes.
08:11J'ai testé le polo, j'ai testé le western,
08:13j'ai testé beaucoup de choses différentes,
08:15mais tout me ramène à l'obstacle.
08:18Le cross, ça ne t'intéressait pas ? Le complet, les obstacles ?
08:20Le cross, si.
08:21J'avais deux opportunités pour pouvoir faire des belles compétitions.
08:25Alors moi, j'ai toujours dit que si j'en faisais une,
08:27je voulais faire déjà un niveau où on tremble un peu sur le cross.
08:30Je ne voulais pas faire un niveau trop bas.
08:32Attends, ça veut dire quoi, on tremble ?
08:36C'est-à-dire qu'on a des doutes à des moments.
08:38On a peur de tomber.
08:39On a peur de tomber ou de faire une mauvaise chose.
08:42Je veux des sensations un peu plus fortes.
08:45Et les sensations, elles arrivent très vite,
08:47puisqu'à 14 ans, tu es sacrée championne du monde children.
08:50Vice-championne du monde, oui.
08:52Vice-championne du monde.
08:53C'est un déclic, un changement ?
08:57On prend goût au saveur de la compétition ?
09:00Alors oui, après, les championnats du monde children,
09:02c'est un déroulement un peu différent.
09:05Donc on va très loin.
09:09Là, pour le coup, c'était au Mexique.
09:11On monte un cheval qui n'est pas le nôtre.
09:13Donc on a zéro repère.
09:15On a quelques jours pour s'adapter.
09:18Alors du coup, ça a une saveur particulière
09:21parce qu'en fait, c'est un peu le feeling sur le moment présent
09:25qui fait que ça marche.
09:26Ou pas.
09:27Ou pas, parce que moi, pour le coup, j'ai eu de la chance,
09:30ça a marché, ça ne marche pas pour tout le monde.
09:32Mais ça va très vite.
09:34Il faut se mettre dans le bain tout de suite.
09:39Mais par contre, quand on réussit, il y a encore plus de fierté
09:43parce qu'on vient de loin, j'ai envie de dire.
09:45On arrive là, on ne sait pas sur ce qu'on va tomber.
09:47Du coup, on prend beaucoup d'expérience.
09:49C'est une particularité complètement folle, Salim,
09:51de ces disciplines dans l'équitation
09:54où ton cheval est tiré au sort.
09:56Donc ce n'est pas ton cheval.
09:57Alors tu as du temps pour t'acclimater quelques jours, c'est ça ?
09:59Oui.
10:00Aux Jeux olympiques, c'est ça aussi ?
10:02Non.
10:03OK.
10:05Non, c'est très rare et c'est vrai qu'on en parlait tout à l'heure aussi,
10:08mais la difficulté, et Camille en est la vraie preuve aussi aujourd'hui,
10:14c'est qu'on doit créer non pas juste un athlète,
10:18mais un couple d'athlètes et ce couple doit être encore différent.
10:22Combien de chevaux tu as au total en ce moment au travail ?
10:24En ce moment, j'en ai une vingtaine.
10:26Voilà, donc à chaque fois, il va falloir s'entendre
10:28avec 20 chevaux différents si on les sort tous.
10:30Mais attendez, à quoi ça sert d'avoir 20 chevaux, Salim ?
10:33C'est important d'en avoir plusieurs.
10:35Alors, c'est très important parce qu'on a des jeunes, des tout-bébés.
10:39Tu veux dire parmi les 20, il y en a qui préparent l'avenir ?
10:43Il y en a qui préparent la relève,
10:45on en a qui sont en transition,
10:47qui ont l'âge de prendre le relais des plus vieux,
10:50on en a qui sont en cours de préparation.
10:53Après, on a des vieux qui arrivent un tout petit peu tard
10:55et qu'il faut former pour qu'ils soient aussi bons que les autres.
10:58Et c'est très important, ils sont les compétitions,
11:00sauf dans les très gros championnats,
11:02on ne se déplace jamais avec un seul cheval.
11:03On se déplace toujours avec, en moyenne,
11:06entre 5 et 7 chevaux pour aller à la compétition
11:09parce qu'il y a plusieurs catégories d'ouvertes
11:11et on peut faire évoluer nos chevaux sur plusieurs différentes épreuves.
11:16Parle-moi du lien homme-femme-cheval.
11:21Oui, alors c'est un lien qui est très fort,
11:24que moi, je travaille beaucoup, on va dire.
11:27J'y porte beaucoup d'importance
11:29parce qu'une fois qu'on a une relation,
11:31je pense qu'on peut demander énormément aux chevaux.
11:34Mais tu arrives à avoir une relation avec 20 chevaux en même temps ?
11:36Oui, parce que même en tant qu'humain,
11:40on a de la place pour beaucoup dans notre cœur.
11:42On n'a pas la place que pour une personne, heureusement.
11:44Donc, bien sûr qu'on a des affinités plus importantes
11:48avec certains qu'avec d'autres,
11:50mais c'est ce que j'ai toujours voulu
11:53et je pense que j'y arrive encore bien,
11:56c'est d'avoir des bonnes relations avec tous.
12:00Et je travaille ça tous les jours,
12:02avoir une bonne relation, un bon contact.
12:04Explique-moi, allons plus loin, une bonne relation, c'est quoi ?
12:07On l'aime, son cheval ? Il y a de l'amour pour son cheval ?
12:11Oui, on aime son cheval.
12:12Moi, j'aime mes chevaux
12:15comme quelqu'un peut aimer, je pense, son enfant.
12:19C'est des relations, des liens qui sont très forts
12:21et c'est ça qui nous fait réussir, c'est ça qui nous fait avancer.
12:25C'est les relations qu'on peut créer avec eux.
12:27C'est-à-dire que c'est des animaux, ils ne parlent pas,
12:30mais il faut réussir à les comprendre
12:32et réussir à leur parler,
12:36à rentrer, entre guillemets, en contact avec eux,
12:38sans utiliser la voix, en fait.
12:42Salim, excuse-moi, je voudrais faire une parenthèse sur toi.
12:46Toi qui es non-voyant et qui as probablement tous les autres sens
12:49plus développés que nous,
12:50j'imagine que toi, le contact avec le cheval est encore peut-être plus fort.
12:54Il y a un sens qui est d'autant plus développé avec les chevaux,
12:57c'est celui de la confiance.
13:00Quand tu parles d'échange, Camille, forcément, c'est des choses qui me parlent.
13:04C'est exactement ce que je travaille avec mes chevaux.
13:06Quand il y a de la performance, c'est que derrière, il y a une entente,
13:10c'est que derrière, il y a quelque chose de construit, il y a un vrai lien.
13:13Donc, je ne peux que souscrire et valider à 200 %
13:17ce que Camille raconte là-dessus.
13:20Et d'autant plus que, alors, toi, tu as une particularité
13:22que j'ai toujours appréciée énormément,
13:25c'est que même sur les énormes concours, les gros trucs, 5 étoiles,
13:29où il y a beaucoup de monde, où il y a beaucoup de spectacles, etc.,
13:33il y a énormément de choses à faire,
13:35on te retrouve relativement peu, finalement, dans les allées
13:39ou même aux accueils cavaliers, tout ça.
13:41Tu es très souvent... Tu passes beaucoup de temps avec tes chevaux.
13:44Et c'est quelque chose qui...
13:45Alors, je ne sais pas si c'est rare au sens premier du terme,
13:48mais en tout cas, c'est assez beau pour être remarqué.
13:51C'est quelque chose que tu as toujours voulu cultiver, toi, de ton côté.
13:54Ah oui, absolument, c'était primordial.
13:57Je pense que c'est grâce, quand même, à mes parents
13:59qui m'ont lancé sur cette voie-là,
14:04c'est-à-dire le respect et l'amour du cheval avant tout,
14:07parce qu'on leur demande beaucoup,
14:10ils nous rendent énormément.
14:12Et donc, il faut toujours avoir cette complicité avec eux
14:19pour qu'ils continuent à nous donner.
14:20On leur demande quand même des choses assez importantes et assez dures.
14:24Et c'est la moindre des choses de passer du temps avec eux
14:27et de les aimer.
14:28On va reprendre le fil de ta carrière.
14:30En 2015, tu deviens championne de France et d'Europe junior.
14:33Tu es le grand espoir français.
14:35Un peu de pression, à ce moment-là ?
14:37Un changement de vision, d'appréhension ?
14:41Alors, honnêtement, je pensais que oui.
14:45Je pensais que ma vie allait changer
14:48vraiment beaucoup après mon titre de championne d'Europe, surtout,
14:52parce que c'est un titre qui est quand même assez difficile à avoir.
14:56Oui, et très convoité.
14:57Et très convoité, c'est-à-dire qu'on est entre 110 et 120 à ses lancers.
15:02À la fin, il n'y en a plus qu'un.
15:05Qu'une.
15:06Pour le coup, c'était une, oui. J'ai eu de la chance.
15:08On rappelle que c'est mixte, c'est important de le préciser.
15:11Oui, c'est mixte, exactement.
15:14Et du coup, c'est vrai qu'une fois que j'ai eu ce titre-là,
15:18je me suis dit, alors là, ma vie, elle va changer.
15:21J'ai été énormément sollicitée par les médias.
15:24Du coup, j'étais hyper heureuse.
15:25Je répondais à plein d'interviews, des trucs différents,
15:28des filmés, écrits. C'est génial.
15:30Et t'avais 15 ans et demi.
15:32J'avais 16 ans.
15:3516 ans, oui.
15:36Et je me suis dit, ma vie, elle va changer.
15:38Dans deux ans, je vais être dans les cinq étoiles
15:41et il n'y aura plus que moi.
15:43Et en fait, je suis vite redescendue de mon nuage
15:47et je me suis rendue compte en très peu de temps
15:49que ça ne marchait pas comme ça.
15:51Que, bien sûr, ce que j'avais réussi à accomplir
15:55avec ma jument à ce moment-là était formidable,
15:58mais qu'il y avait encore énormément de chemin à faire
16:01et beaucoup de choses à prouver.
16:03Et que ce n'est pas parce que j'ai gagné une grosse compétition
16:07que ça y est, j'allais être la star de la discipline.
16:09Salim.
16:11Tu as été très remarquée à ce moment-là, notamment.
16:14Quand tu dis que tu pensais que les choses allaient changer,
16:19tu as gardé quand même ces habitudes, ces façons de faire
16:22qui même ne t'ont jamais quitté jusque-là.
16:25C'est-à-dire que la simplicité du lien avec les chevaux,
16:28tout le reste n'a jamais empiété là-dessus.
16:31Non, et je pense que ces titres-là, je les ai eus en partie
16:34parce que j'avais une relation exceptionnelle avec mes chevaux
16:39et parce que j'avais une jument qui était prête à tout donner pour moi.
16:42Et ça, j'en suis hyper reconnaissante.
16:46Et c'est vrai que là-dessus, je n'ai jamais voulu changer.
16:49Je me suis dit que ma vie allait être plus facile en ayant ces titres-là,
16:53que j'aurais des chevaux pour aller rêver de choses olympiques et tout ça.
16:58Mais en fait, j'étais encore une ado, j'étais encore très jeune
17:00et j'avais beaucoup de chemin encore à parcourir.
17:04Tu vois, quand on t'interroge sur ton titre,
17:06tu dis que tu as eu de la chance d'être la première,
17:11d'être celle qui remporte ce titre.
17:12Qu'est-ce qui a joué à part la chance ?
17:14S'il fallait t'embêter, te demander un peu,
17:16qu'est-ce qui fait que ça a été toi et pas quelqu'un d'autre ?
17:18Alors honnêtement, cette année-là, j'avais fait une saison assez exceptionnelle.
17:24J'avais juste avant été championne de France.
17:27J'avais gagné deux de ce qu'on appelle les CSIO,
17:30c'est les plus grosses compétitions qui préparent aux championnats d'Europe.
17:35Je les avais gagnées.
17:37J'étais hyper régulière toute la saison.
17:39C'était une saison de dingue.
17:42J'ai vécu un moment où il fallait me pincer
17:44pour que je me rende compte que c'était réel.
17:46C'était vrai, oui.
17:49Et c'est vrai que du coup, j'ai eu cette chance à la fin.
17:53C'est que...
17:55Au début du championnat, j'étais 17e, en fait.
17:59Petit à petit, je suis remontée.
18:01Et la dernière, au moment de la finale, au dernier parcours,
18:05j'étais deuxième.
18:06Et la dernière concurrente à passer, il fallait qu'elle fasse deux fautes.
18:10Donc, deux fautes, c'est quand même beaucoup...
18:12Sur ce niveau-là d'épreuve, c'est quasiment inimaginable.
18:16Et là, elle passe...
18:19J'ai un coéquipier que je me rappellerai toujours.
18:23Il vient me voir, il met son cheval au paddock,
18:25donc à l'endroit où on s'entraîne juste avant d'entraîner.
18:28Il n'était pas assez bien, il n'est plus en forme.
18:30Je le sens, ça va le faire.
18:32Et moi, je lui dis que deux fautes, tu ne te rends pas compte, c'est énorme.
18:36Non, et puis au pire, je suis deuxième.
18:37Donc, deuxième, c'est déjà dingue, c'est génial.
18:40Rappelle, c'est un championnat d'Europe.
18:41Un championnat d'Europe, et je me dis, c'est déjà génial.
18:45C'est un peu le coup le plus horrible.
18:47Et donc là, la fille passe, elle fait une faute.
18:50Et au tout début du parcours, sur le numéro 2,
18:53et là, on se dit, ouf, peut-être qu'on va y croire,
18:57on va y arriver de ce titre.
19:00Et là, la fille, sur le numéro 5, donc assez tôt dans le parcours,
19:03il y avait dix obstacles à ce moment-là, refait une faute.
19:06Alors là, je vous laisse imaginer les...
19:08Toi, tu te fais passer encore derrière ?
19:09Non, moi, j'étais passée.
19:10Ah, d'accord.
19:11Moi, j'étais passée, et donc, en fait,
19:12il fallait deux fautes pour que moi, je puisse gagner.
19:14Donc, c'était quasiment improbable.
19:16Et elle l'a fait.
19:17Ça, c'est fait. C'est fou.
19:18En même temps, il y a toujours des adversaires.
19:19Donc, il faut le faire aussi avec les erreurs des autres.
19:21Oui.
19:22Aujourd'hui, t'es professionnelle, évidemment,
19:23t'es sur le circuit élite.
19:25Tu t'es fait progressivement une place parmi les meilleures mondiales.
19:28Là aussi, il faut que tu te pinces pour t'en rendre compte ou...
19:33Maintenant, tu t'es habituée, entre guillemets, à ce chemin.
19:35Alors oui, c'est vrai que je suis rentrée dans le grand bain
19:39parce qu'il n'y a encore pas si longtemps que ça,
19:41il y a deux ans, j'étais encore jeune cavalière.
19:43Donc, c'est-à-dire que j'ai rentré encore dans des catégories
19:46pour aller dans des championnats.
19:48Maintenant, je suis dans les seniors.
19:50Donc, je suis vraiment lâchée dans le grand bain.
19:53Le mieux des fautes.
19:54Voilà, c'est ça.
19:55Et là, il faut se battre, il faut faire ses preuves,
19:59il faut continuer à y croire, continuer à s'entraîner,
20:02se remettre en question pour pouvoir évoluer.
20:05J'estime pas, aujourd'hui,
20:08faire de l'ombre au plus grand cavalier mondiaux,
20:10mais j'espère un jour pouvoir...
20:13Mais ça te paraît loin ?
20:15Ça me paraît loin, oui et non.
20:17Ça va dépendre du cheval que je vais avoir au bon moment.
20:20Si, à un moment, j'ai un cheval qui me permet
20:23d'accéder à ce niveau-là d'épreuve,
20:25et j'en ai certainement qui sont déjà en préparation en ce moment,
20:29mais qui sont encore un peu jeunes ou un peu expérimentés...
20:33Ça veut dire que la cavalière que tu es,
20:35tu te dis qu'avec le bon cheval, demain, tu peux tout gagner.
20:38Potentiellement, évidemment.
20:39Je peux y arriver.
20:40Après, j'ai aucune prétention de dire que je vais y arriver
20:43en claquant des doigts parce que j'ai le cheval qui me permet,
20:46parce que c'est un sport qui est assez compliqué,
20:51mais par contre, rien n'est impossible, on va dire.
20:55Salim, c'est un vrai diamant brut ?
20:57C'est une force vive, je pense, vraiment, du milieu,
21:02et tu as des grands acteurs de ce milieu-là,
21:05notamment le Harald Klarbec, qui t'ont témoigné leur confiance,
21:08qui t'ont mis à disposition une super cavalerie, notamment.
21:11Tu y aurais cru, ça, il y a quelques...
21:13Si on revient quatre ou cinq ans en arrière,
21:15tu y aurais cru, ça ?
21:18Je n'aurais jamais cru un jour être la cavalière numéro un
21:21du Harald Klarbec.
21:22La famille Maigret est une des plus grosses familles importantes
21:27dans le sport, les plus gros propriétaires.
21:30Ils ont eu une jument qui a été médaillée aux Jeux olympiques,
21:34qui est championne olympique par équipe.
21:36Ils ont eu des chevaux qui ont fait des performances incroyables,
21:39des finales Coupe du monde,
21:41qui ont gagné les plus grosses compétitions de toute la planète.
21:44Ils ont tout fait, ces gens-là.
21:45Et c'est vrai que je n'aurais jamais pensé qu'un jour,
21:48ça serait moi leur cavalier numéro un.
21:51Alors, bien sûr que tous les chevaux qui performaient à l'époque,
21:53maintenant, sont des chevaux qui sont retraités,
21:56donc, poulinières ou étalons.
21:58Enfin, voilà, ils ont chacun leur rôle.
22:01Mais c'est des gens qui ont l'expérience
22:04de toutes les plus grosses compétitions qui existent.
22:07J'ai besoin de comprendre,
22:08c'est quoi le quotidien d'une cavalière à ton niveau ?
22:11Alors, le quotidien d'une cavalière...
22:12Tu habites quasi sur site ?
22:14J'habite sur deux sites, du coup.
22:16J'habite en Seine-et-Marne, à Jouard, dans notre écurie familiale.
22:20Et j'habite aussi au Harald Klarbec,
22:22donc à Klarbec, pas très loin de Deauville,
22:25pour monter une partie des chevaux de la famille Maigret.
22:28Et donc, je partage mon temps entre ces deux écuries-là.
22:32Et donc, mon but, c'est de monter à cheval quasiment toute la journée.
22:37C'est-à-dire combien d'heures par jour ?
22:39Eh bien, plusieurs heures.
22:41Nous, on compte plus en chevaux qu'en heures.
22:44En principe, c'est à peu près entre 6-7 chevaux par jour.
22:47Donc, il faut compter au minimum une demi-heure minimum par cheval,
22:53mais plus le temps de s'en occuper avant, après, de tout ça.
22:58Enfin, j'y passe mes journées, c'est-à-dire de 8h30,
23:00on va dire, à peu près, jusqu'au moment où j'ai terminé.
23:05Donc, il n'y a pas vraiment d'heures.
23:06Ça peut être 18, 19...
23:08Oui, oui. Encore plus, quand je suis chez moi,
23:10au Harald Klarbec, il y a toute une équipe qui m'aide
23:13et qui s'occupe avec moi des chevaux.
23:15Chez moi, on est une équipe un peu plus restreinte,
23:17donc je passe encore plus d'heures aux écuries.
23:20Mais ça ne me déplaît pas du tout,
23:21parce que je passe du temps avec les chevaux
23:23et c'est ce que j'aime le plus.
23:24Salim, jusqu'où il faut protéger ces champions et ces championnes ?
23:27Ça, c'est toute la question, justement, que beaucoup se posent.
23:30Et il y a ce débat, alors surtout chez les amateurs.
23:34Je suis désolé, je ne suis pas à ton niveau, Camille,
23:36on est sur des questionnements où certains sont partisans
23:39de certaines méthodes, certains plutôt d'autres.
23:41Il ne faut pas tomber dans le syndrome papier-bulles non plus,
23:44au risque de les abîmer par excès de protection.
23:48Il faut avoir, je pense,
23:51mais ça, Camille répondra peut-être mieux que moi,
23:53mais il faut avoir le juste équilibre entre le bien-être,
23:57entre la nécessaire protection,
23:59parce que c'est des chevaux qui, bien au-delà des valeurs
24:02élémentaires et essentielles de bien-être animal,
24:04qui, en plus, ont une valeur financière,
24:06donc qui va, en plus, précipiter toutes ces questions aussi.
24:11Donc je pense que c'est un équilibre.
24:13Après, on a beaucoup de recul aussi là-dessus,
24:16les méthodes ont beaucoup évolué,
24:18ne serait-ce que les voyages en avion,
24:19pour faire voyager les chevaux en avion,
24:20pour les JO, à chaque fois,
24:22on a ces spectacles très impressionnants,
24:24mais qui sont, aujourd'hui, quand même,
24:26mieux maîtrisés qu'à une certaine époque.
24:28Donc c'est des questions qui évoluent.
24:32L'avantage qu'on va avoir, quand même, pour 2024,
24:33c'est de ne pas avoir à faire tout ce chemin,
24:35puisqu'on est déjà sur site
24:38et nos chevaux olympiques seront déjà sur place, donc c'est...
24:402024, justement, c'est loin ou c'est trop près ?
24:46Tu n'as que 22 ans, on rappelle.
24:48Moi, je pense que pour le moment, c'est plus trop près que loin.
24:54Je crois que... Bien sûr qu'on en rêve tous.
24:57Je pense beaucoup d'athlètes,
25:00et pas que dans l'équitation, le CSO,
25:03dans beaucoup de sports, dans toutes les disciplines.
25:06Après, moi, je veux plutôt être réaliste,
25:08et bien sûr que ce serait mon rêve,
25:10et que ce soit Paris 2024,
25:13ce serait encore plus gratifiant,
25:15parce que c'est en France, c'est chez nous,
25:18et je serais presque en voisine,
25:19mais par contre, les Jeux olympiques,
25:22je pense que tout le monde en rêve.
25:23Mais moi, pour le moment,
25:25je n'ai aucune prétention de dire que j'y participerais
25:28ou quoi que ce soit.
25:29Tu en rêves.
25:30Oui, bien sûr, j'en rêve, et je serais bête de ne pas en rêver.
25:33Il te manque quoi, le cheval ?
25:34Il me manque le cheval,
25:36qui pourrait me permettre d'accéder à mon rêve.
25:39Après, ce n'est pas impossible,
25:41et peut-être que le cheval,
25:43il est en train de dormir dans nos box, actuellement.
25:46Tu veux dire qu'un cheval peut se révéler ?
25:47Là, on est début 2022,
25:48il peut se révéler dans l'année qui vient,
25:50et puis, tiens, Camille, on y va, et puis ce fameux binôme.
25:52Exactement.
25:54Après, j'ai aussi un manque d'expérience
25:55par rapport à d'autres cavaliers de l'équipe de France.
25:58On a des têtes de liste, telles que...
26:00Attends, attends, jusqu'à présent,
26:02tu ne m'as jamais dit que la pression glisse sur toi,
26:03tu m'as toujours dit.
26:05Oui, voilà, c'est ça.
26:06Bon, alors, Gio pas Gio, il faut gagner.
26:07Il y a quand même des têtes de liste qui sont bien installées,
26:10et je n'ai aucune prétention de dire que je vais prendre leur place.
26:13Après, si l'occasion se permet, je ne leur laisserai pas non plus,
26:16mais j'ai du chemin à faire,
26:20j'ai encore beaucoup de missions à accomplir,
26:23et après, on verra.
26:25Paris 2024, c'est où ? C'est à Versailles ?
26:27Oui.
26:28Mon Dieu, quel cadre exceptionnel.
26:29Salim, on peut faire comment pour qu'elle y soit ?
26:32On peut croindre les doigts et lui faire confiance, je pense, surtout.
26:35Bon, la question que je me pose,
26:37on est aujourd'hui à une étape entre les Jeux de 2020
26:41qui ont eu lieu en 2021, puisque tout est normal,
26:43et 2024.
26:45Je ne vais pas te poser de questions épineuses sur les Jeux de 2021,
26:48mais qu'est-ce que tu attendrais des Jeux de 2024
26:51en tant que professionnelle, connaisseuse, cavalière ?
26:54Qu'est-ce que ton œil de pro attendrait de ces Jeux-là ?
26:59Alors, j'aurais bien dit le changement de leur système.
27:03Ils ont changé tout le déroulement des Jeux olympiques
27:06au niveau du saut d'obstacle.
27:07Ça n'a plus du tout de rapport avec les derniers Jeux olympiques
27:10où la France a pu être médaillée,
27:13par équipe, médaillée d'or.
27:15C'est mieux ?
27:17Non, c'est moins bien.
27:18C'est moins bien.
27:19Qu'est-ce qu'on a perdu ?
27:20Déjà, c'est l'individuel avant,
27:22et en plus, ça se court pour se qualifier pour l'individuel.
27:25Normalement, c'était un total du championnat
27:28qui nous qualifiait dans l'individuel,
27:30comme dans n'importe quel championnat.
27:32Et dans la logique, exactement.
27:34Maintenant, c'est une épreuve,
27:36ou juste une seule épreuve qui nous qualifie tout de suite
27:41pour la finale...
27:43Il n'y a pas de prime à la régularité.
27:44Non, exactement.
27:46C'est une épreuve.
27:47Si on est sans faute, on va,
27:49et là, c'était le cas à Rio,
27:51euh, n'importe quoi, à Tokyo,
27:54où ils ont couru une seule épreuve,
27:57qui était déjà très difficile et très haute.
28:00Et dans cette épreuve-là,
28:02il fallait absolument être sans faute
28:04ou alors avec du temps dépassé,
28:06donc avoir dépassé un petit peu le chrono accordé,
28:09pour pouvoir défendre sa place en individuel.
28:13C'était même pas une question de régularité des couples
28:17pour nous qualifier.
28:19Ils ont complètement inversé le système.
28:21Pour clore ce débat-là et comprendre,
28:23est-ce que c'est le meilleur ou la meilleure
28:25qui a été champion olympique à Tokyo ?
28:28Alors oui, par rapport à toute la saison
28:30que le cavalier champion olympique,
28:32donc Ben Maher, a fait.
28:34Par rapport à sa saison, oui,
28:35à la fin, on s'en doute un petit peu.
28:37Il aurait pu ce jour-là...
28:39Oui, mais il y a eu des très bons cavaliers
28:42comme Steve Garda, champion olympique à Londres,
28:45qui a fait quatre points dans la première épreuve
28:48et qui s'est vu tout de suite écarté
28:50d'une potentielle médaille.
28:52Et ça, je trouve ça vraiment dommage.
28:54Salim, pour finir.
28:55Il y a eu des vrais collatéraux, là-dessus.
28:58Les conditions n'étaient pas simples non plus.
29:00C'est vrai qu'après, on sait qu'on veut...
29:04On veut que ça se passe beaucoup mieux à Paris,
29:07dans ces conditions ou dans d'autres.
29:09Malheureusement, c'est compliqué.
29:11Il y a l'IJRC qui est chargé de faire entendre sa voix
29:14à la Fédération équestre internationale.
29:16Qu'est-ce que...
29:17Ca peut rebouger d'ici 2024 ?
29:19Je pense que ça ne bougera plus.
29:20Ca a déjà été un peu revoté, revu.
29:22C'est très dur, ces questions-là.
29:24C'est une histoire politique, de gros sous ?
29:27Je n'irai pas jusque-là.
29:28Politique, assurément.
29:30C'est une volonté qui est affichée
29:32de faire place, de laisser un peu leur chance
29:35aux nations émergentes.
29:37Après, il y a des collatéraux, encore une fois, dans tout ça.
29:40Oui, évidemment. Merci mille fois, Camille Commodé-Ferrara,
29:43d'avoir été avec nous. Camille, on te suit, 22 ans.
29:46Mon petit doigt me dit que ça va le faire pour Paris.
29:48On le souhaite.
29:50Merci, Salim.
29:51Ne bougez pas.
29:52Un petit jingle et une aventurière.
29:54On bouge un peu tout ça, une aventurière.
29:56On va partir tout là-haut, plus de 8 800 m d'altitude.
30:03Et notre aventurière de la semaine est Sophie Laveau,
30:06que je suis ravi d'accueillir. Bonjour, Sophie.
30:08Bonjour, Alexandre.
30:09Merci d'être avec nous.
30:11Est-ce que vous connaissez le célèbre adage canadien
30:14qui dit « Mieux vaut 20 bonnes minutes de télé
30:16qu'un 8006 compliqué ? »
30:18Non, je l'apprends, non. Je ne connaissais pas.
30:21Je l'ai inventé, évidemment.
30:238006, je fais référence à la hauteur, à l'altitude,
30:25parce que Sophie a un parcours extraordinaire,
30:28juste incroyable.
30:30Elle a gravi 11 des 16 plus hauts sommets du monde
30:32au-delà des 8 000 m d'altitude.
30:34C'est bien ça, Sophie ? Je ne dis pas de bêtises jusque-là ?
30:37Il y en a 14, il n'y en a pas 16.
30:39D'accord. Donc il vous en manque trois, pardon.
30:42C'est ça.
30:43On va revenir là-dessus.
30:44D'abord, vous avez une particularité,
30:46vous avez une triple nationalité,
30:48suisse, française, canadienne. Pourquoi ?
30:52Alors, c'est possible,
30:55quand on a la possibilité de se faire nationaliser,
30:59de se faire naturaliser.
31:00Et en fait, française d'origine,
31:03un papa qui est migrant au Canada
31:06et qui prend la nationalité,
31:09c'est automatiquement transmissible aux enfants.
31:11Et née en Suisse, donc naturalisée suisse.
31:14Très vite, vous allez vivre dans les montagnes,
31:17pas loin de Chamonix.
31:20C'est ce qu'il reste de votre enfance, les montagnes ?
31:25Oui, en partie, oui.
31:27Mon papa était très...
31:29C'est lui qui nous a amenés à la montagne.
31:31Il a été chasseur alpin.
31:32Il a décidé de venir proche des montagnes
31:36de la vallée de Chamonix.
31:37Donc c'est vraiment un héritage un peu familial quand même, oui.
31:42Pourtant, Sophie, ce qui vous intéresse quand vous êtes petite,
31:44c'est la danse classique.
31:46Effectivement.
31:47Effectivement.
31:49Et d'ailleurs, il y avait une contradiction
31:51parce que la position du ski
31:53et la position de la danse classique
31:55n'est absolument pas compatible.
31:57Et donc, je n'avais pas le droit de faire du ski
31:59et j'y allais quand même.
32:01Et je revenais avec les grosses marques des lunettes
32:03et mon prof me disait que j'avais skié.
32:06Je disais non, non, non, non.
32:07Et en fait, j'allais quand même skier,
32:09même si ce n'était pas autorisé.
32:10Pourquoi ce n'est pas compatible, le danse et le ski ?
32:12Expliquez-moi.
32:14Simplement la position.
32:15Une position de ski, c'est une position parallèle.
32:19Et une position de danse est une position d'ouverture,
32:24essentiellement au niveau du bassin.
32:25Donc, au niveau de la pratique,
32:27ce n'est pas recommandé du tout.
32:30Il y avait quand même l'appel de la montagne,
32:32j'ai bien compris.
32:33L'appel des sommets, de l'altitude,
32:35de la couleur blanche, de la beauté des montagnes.
32:38Et puis, en 2004, il y a eu une sorte de déclic.
32:41Je crois que c'est un ami, c'est ça, qui vous dit
32:43tiens, on va gravir le Mont-Blanc ?
32:47Alors, en fait, oui.
32:48Lui avait le rêve de gravir le Mont-Blanc
32:51et on a fait le pari qu'on y arriverait dans l'année.
32:55Et c'est exactement…
32:56Donc, on s'est entraînés et on est arrivés au sommet du Mont-Blanc.
32:59Donc, lui a réalisé son rêve.
33:02Et pour moi, ça a été vraiment un peu le déclic
33:07et le début de cette aventure.
33:11Je ne le savais pas à l'époque,
33:12mais d'aller toujours un tout petit peu plus haut
33:16et de cette quête d'altitude, en fait.
33:18Vous aviez quel âge à ce moment-là, Sophie ?
33:21Ah, je ne sais pas. Je n'ai pas fait le calcul.
33:24Non, mais vous aviez 15 ans ou 35 ans ?
33:25J'étais dans la trentaine.
33:26D'accord.
33:28Donc, c'est vraiment un truc tardif, quoi.
33:30Parce que quand on va voir et quand on va balayer les sommets gravis depuis,
33:33on sent qu'il y a un avant et un après.
33:37Alors, oui, quand même, j'avais…
33:41L'alpinisme, oui, avec l'apprentissage de l'alpinisme
33:47avec la technique, oui, est venu effectivement sur le tard.
33:50Mais on faisait quand même…
33:51On était toujours en montagne, beaucoup de randonnées, du ski et autres.
33:55Mais l'alpinisme, en tant que tel, oui.
33:57Oui, parce que la randonnée, 2 000, 3 000, on reste en France.
34:02Mais là, on parle vraiment d'autre chose.
34:04Quand vous êtes en haut du Mont-Blanc, vous parlez de déclic, c'est quoi ?
34:08C'est « tiens, je peux aller plus haut parce que physiquement, je sens que je peux »
34:12ou juste « c'est magnifique, ça doit être encore plus beau, plus haut » ?
34:15Qu'est-ce qui se passe dans votre tête ?
34:18C'est un peu un mélange de tout ça.
34:20C'est d'être arrivé au sommet de…
34:25Et en fait, c'est cet objectif,
34:29aller toujours un tout petit peu plus haut.
34:33Et c'est le chemin qui m'intéresse beaucoup.
34:36Et évidemment, quand on est…
34:40Le Mont-Blanc, c'est quand même le point culminant de l'Europe.
34:44Et d'avoir cette sensation de dominer le monde
34:48et d'avoir tout en dessous comme un petit peu des vues d'avion,
34:52j'ai trouvé ça très, très spectaculaire
34:56et ça m'avait beaucoup touchée à l'époque.
34:58Bien sûr.
34:58Ce que j'aimerais comprendre dans votre personnalité,
35:00vous êtes une femme de défi, de challenge ?
35:04Je ne pense pas, non.
35:07C'est fou, ça.
35:09Non mais franchement, c'est vrai.
35:11C'est quand on se dit que vous avez gravi les plus hauts sommets du monde.
35:14J'imaginais quelqu'un qui avait cette adrénaline-là,
35:18ce besoin de sans cesse aller plus loin, de se challenger.
35:24Alors non, la performance en tant que telle,
35:30ce n'est pas mon moteur.
35:35C'est vraiment le chemin, l'aventure.
35:39Du coup, ce n'est pas la performance qui me motive.
35:46Mais c'est quoi le chemin ? Expliquez-moi, je ne comprends pas.
35:50Le chemin, c'est tout.
35:51C'est une expédition.
35:53Il faut comprendre qu'une expédition en Himalaya,
35:55quand on veut aller au-dessus de 8000 mètres,
35:57il faut au minimum deux mois.
35:59C'est une vraie aventure de vie à chaque fois.
36:01Quand on gravit le Mont-Blanc, on a besoin de deux jours.
36:04Et quand on gravit l'Everest,
36:07ou n'importe quel 8000, ou un grand grand sommet en Himalaya,
36:11il faut au minimum deux mois.
36:13Et du coup, c'est vrai que c'est toute la préparation,
36:20c'est toute la mise en place, le choix de l'expédition,
36:25le choix du sommet, l'entraînement, le montage,
36:30la recherche de fonds, la marche d'approche.
36:33Une fois qu'on est sur place, la stratégie d'ascension,
36:36une fois qu'on est au pied de la montagne,
36:38le chemin qu'on va prendre, les décisions stratégiques.
36:42Et finalement, le sommet, ça reste vraiment
36:45peut-être la petite cerise sur le gâteau.
36:48Je comprends bien, Sophie.
36:50Il y a une constitution d'une équipe ?
36:53Ah oui, oui, oui, à chaque fois, oui.
36:56Qui sont souvent les mêmes ?
37:00Pas forcément.
37:02Moi, je retrouve quand même des amis,
37:04parce qu'à force, c'est quand même un petit milieu,
37:06et puis on est quand même...
37:11Très souvent, en début de saison, on se dit qui va où
37:14et qui veut faire quoi et qui veut aller où.
37:17Et puis du coup, on décide du sommet.
37:19Donc, il y a différentes options.
37:22C'est soit moi qui décide du sommet sur lequel je veux aller.
37:25Soit vous vous greffez un autre projet.
37:27Voilà, exactement.
37:29Est-ce que vous considérez que vous êtes une sportive
37:32ou une sportive de haut niveau ?
37:35Alors oui, je suis une sportive de haut niveau.
37:37Je ne sais pas comment on met le curseur
37:39par rapport à cette définition.
37:44C'est très subjectif, mais sportive, aventurière,
37:48himalayaliste, voilà, c'est tout.
37:50Des qualificatifs où je me reconnais, oui.
37:53Alors, vous êtes en haut du Mont-Blanc.
37:54On est en 2004.
37:57On domine l'Europe.
37:58Et là, vous vous dites, tiens, c'est en descendant
38:01ou c'est quand vous êtes en haut que vous vous dites,
38:02tiens, ça doit être quand même assez joli plus haut ?
38:06Tout ça, c'est progressif, en fait.
38:09C'est une fois que je suis redescendue,
38:15j'ai vite eu envie de continuer.
38:18Alors, j'ai fait beaucoup de sommets dans les Alpes, bien sûr.
38:21Et après, ça a été de dire,
38:23qu'est-ce qu'on peut aller faire un petit peu plus haut ?
38:25Donc, le Mont-Blanc, c'est déjà très très haut.
38:27C'est presque 5 000 mètres.
38:28Donc, c'était d'aller un petit peu plus haut que 5 000 mètres.
38:32Donc, c'est organisé.
38:33À l'époque, je travaillais en entreprise,
38:35donc carrière classique.
38:38Et donc, l'idée, c'était d'organiser mes loisirs,
38:41mes vacances autour d'un projet de sommet.
38:45Et puis, il se trouve que vous travaillez dans l'hôtellerie de luxe à Genève.
38:48Puis, il y a une crise financière qui passe par là en 2008.
38:52Est-ce que ça a été un accélérateur dans vos projets de dire,
38:54bon, écoute, puisque c'est ça, je vais me donner à fond là-dedans,
38:57dans ces projets de voyage et d'aventure ?
39:00Alors, après l'hôtellerie,
39:02j'ai travaillé dans le domaine de la cosmétique,
39:05un peu du luxe et de la finance.
39:08Et c'est en fait, à l'époque,
39:10je dirigeais une société avec mon frère
39:13qui gérait des fonds d'investissement
39:17et on organisait des grosses conférences financières.
39:20Et c'est ça, c'est cette activité-là
39:22qui a été rattrapée par la crise économique de 2008
39:25et qui fait qu'on a fermé l'entreprise.
39:28Et on a survécu jusqu'en 2011
39:31et c'est à ce moment-là que, oui, j'ai eu du temps.
39:35Mais en parallèle, donc, entre 2004,
39:37où j'étais au sommet du Mont-Blanc
39:39et la fermeture de l'entreprise qui est en 2011,
39:42pendant toute cette période,
39:43j'ai continué à gravir après 5 000 mètres,
39:476 000 mètres, 7 000 mètres, etc.
39:50J'arrivais à ce moment-là avec,
39:52où j'avais l'envie de tenter de passer la barre des 8 000.
39:58Et ça, on le comprend et ça arrive en 2012.
39:59Alors, je ne vais pas écorcher les noms,
40:01mais il y en a un, le sommet central de Shisha-Pangma,
40:048 012 mètres, 8 012 mètres,
40:08et le Cho-Oyu, 8 201 mètres, dans l'Himalaya.
40:13Ça, c'était des objectifs précis
40:16sur lesquels vous aviez travaillé depuis de longs mois
40:19et ainsi de suite ?
40:21C'est effectivement toute cette progression
40:23de toutes ces dernières années
40:25qui m'ont fait passer la barre des 7 000 mètres.
40:27Et une fois qu'on a passé la barre des 7 000,
40:29on se dit, qu'est-ce qu'on fait ?
40:31Est-ce qu'on tente les 8 000 ou pas ?
40:35Et c'est là où j'ai décidé de tenter cette aventure.
40:41Je suis partie sur une expédition au Tibet
40:45et dans la même saison, le printemps 2012,
40:48non seulement j'en ai gravié un,
40:49mais j'en ai gravié deux.
40:50Donc, c'est le fameux Shisha-Pangma central
40:53et Cho-Oyu.
40:55Il y a un avant et un après ?
40:56Est-ce que vous pensez, dans votre vie,
40:57qu'il y a un avant et un après ?
40:59C'est-à-dire que le jour où on a goûté à la saveur d'un 8 000,
41:02on a envie d'y retourner ?
41:06Alors, je ne pense pas qu'on peut généraliser pour tout le monde.
41:08Il y en a qui ont un objectif très précis,
41:12qui est, on peut dire presque très souvent,
41:15qui est l'Everest,
41:17qui est quand même le point culminant de la planète.
41:21Donc, ça, ça attire beaucoup de monde.
41:24Et puis, une fois qu'ils ont réalisé leur objectif
41:27et leur rêve, ils s'arrêtent.
41:29Ils s'arrêtent.
41:31Moi, ça a été un petit peu différent, quoi.
41:332014, donc, l'Everest se présente à vous.
41:36Où vous présentez l'Everest face à vous ?
41:388 850 mètres.
41:40Racontez-moi cette expédition.
41:43Eh bien, effectivement,
41:46une fois que j'avais fait ces deux premiers,
41:48j'avais...
41:49J'ai très vite eu envie de repartir.
41:55Donc, là, il faut organiser sa vie, organiser son temps,
41:58trouver des financements,
42:00parce qu'un Everest, c'est de nouveau beaucoup d'argent.
42:05Et j'ai...
42:07Au Shishapangma, j'avais rencontré
42:09quelqu'un de très connu dans le milieu,
42:14qui s'appelle François Damilano,
42:15qui est guide de haute montagne,
42:17qui est connu pour des ouvertures en glace performants.
42:24Donc, guide de haute montagne, cinéaste, écrivain,
42:26beaucoup de cordes à son arc.
42:28Et quand j'ai décidé d'aller au...
42:31À l'Everest,
42:33il m'a dit, j'ai envie de t'accompagner pour faire un film.
42:37Et quand vous avez François Damilano qui vous propose ça,
42:39en fait...
42:41On y va.
42:42On y va.
42:43Et donc, voilà, il y a un film
42:46qui est tiré de cette expédition à l'Everest,
42:50qui s'appelle On va marcher sur l'Everest.
42:52Et...
42:55Et voilà.
42:56Donc, nous, on avait choisi l'itinéraire de la face nord,
43:00donc le versant tibétain,
43:02qui est un peu plus austère, qui est plus dur,
43:05qui est un peu moins fréquenté.
43:07Et...
43:08Et voilà, de nouveau...
43:09C'est combien de temps, ça, Sophie ?
43:11J'imagine qu'il y a...
43:14Arriver à 4 000 et puis après, c'est step by step, c'est...
43:18Donnez-moi les différentes étapes
43:20pour qu'on ait une idée un peu du calendrier de cette ascension.
43:25Le départ se fait finalement la plupart du temps par le Népal.
43:30Où sont faits tous les visas,
43:32où sont faits tous les visas,
43:33tout l'administratif pour pouvoir partir en Chine.
43:39On atterrit à Lhasa,
43:42qui doit être autour de 3 600, si mes souvenirs sont bons.
43:46Et après, on remonte les grands plateaux tibétains,
43:49mais ça, c'est une approche en jeep,
43:52jusqu'au camp de base.
43:54Qui est à combien ?
43:55Qui est autour de 5 000 m.
43:57D'accord.
43:58Donc, on est au pied de la montagne,
43:59on est au-dessus du Mont Blanc
44:01et on n'a encore rien fait,
44:02on n'a encore pas mis un pied sur la montagne.
44:04Particularité de l'Everest.
44:05Et donc là, il reste 3 800 m à garder.
44:07Et de tous les 8 000 m en général.
44:09De toute façon, quand on prend le K2,
44:12enfin tous ces grands sommets.
44:14Et après, il y a d'abord toute une phase
44:18de ce qu'on appelle l'acclimatation,
44:21où il faut acclimater son corps à la très haute altitude
44:24pour pouvoir compenser le manque d'oxygène.
44:28Ça dure combien de temps, cette phase ?
44:30Comment ?
44:31Ça dure combien de temps, cette phase d'acclimatation ?
44:36Tout dépend de la météo.
44:38D'accord.
44:39On est très, très tributaires de la météo.
44:41Ce n'est pas nous qui décidons du calendrier,
44:43c'est le ciel qui décide.
44:45Mais le ciel en tant que météo, pas...
44:47Bien sûr, bien sûr.
44:48Et en général, il faut au moins 3 semaines.
44:52D'accord. Donc là, les 3 semaines se passent.
44:54On fait des incursions en altitude.
44:58On dort et après, on redescend.
45:00Et après, on va un petit peu plus haut.
45:01Et en général, sur un Everest, par exemple,
45:04il y a ce qu'on appelle 4 camps d'altitude.
45:08Donc, il faudra 4 jours après
45:11pour atteindre le quatrième camp
45:14avant de pouvoir tenter le sommet.
45:17Vous vous souvenez de l'appréhension du jour où c'est enfin
45:20le jour où on va essayer de gravir ce sommet ?
45:24Alors, ce n'est pas justement un jour.
45:26On fait une prévision, une tentative de...
45:31On reçoit des bulletins météo quotidiens
45:34et on fait une projection à 5 ou 6 jours,
45:39sachant qu'il faut monter premier jour au camp 1,
45:42après le camp 2, camp 3, camp 4, sommet.
45:44Et il faut en tout cas 2 jours de météo clément
45:47pour sécuriser la descente.
45:49Donc voilà, ça, c'est toute la stratégie.
45:52Une fois qu'on est parti,
45:53ce n'est pas parce qu'on est parti qu'on va y arriver, bien sûr.
45:56Des fois, on a la météo qui change et on est obligé de redescendre.
46:00Et puis, des fois, ça passe.
46:03La satisfaction quand on arrive en haut de l'Everest ?
46:07Ah, l'Everest, c'est quand même cette particularité
46:11qui est plus du double du Mont Blanc
46:14et qui est quand même ce point culminant de la planète.
46:20Avoir les deux pieds là-haut, c'est quand même un truc de dingue.
46:26Et derrière, vous allez enchaîner.
46:27Alors, vous m'excuserez si j'abîme ou j'écorche un peu les noms.
46:31En 2015, il y a le Kacherbroum, 2 à 8035 m.
46:35En 2016, le Makalou, 8485 m,
46:39que vous avez déjà tenté en 2015, mais vous n'y étiez pas parvenu.
46:43En 2017, le Manaslu, 8163 m.
46:47Et le Broad Peak, à 8051 m.
46:49Et en 2018, le K2, 8611 m,
46:53déjà tenté en 2016, mais vous n'y étiez pas parvenu.
46:56Le K2 aussi, c'est un sommet mythique.
47:00Ah, c'est le sommet mythique.
47:02Pour quelqu'un qui est comme ça,
47:06dans une dynamique des 8000, c'est le Graal.
47:10C'est le sommet qui a les superlatifs,
47:14qui cumule tous les superlatifs.
47:16Pourquoi ? Pourquoi c'est le Graal ? C'est plus compliqué ? Pourquoi ?
47:19C'est beaucoup plus compliqué, c'est beaucoup plus technique,
47:22c'est beaucoup plus engagé.
47:28Ne serait-ce que déjà, pour arriver au pied de la montagne,
47:30il faut déjà une dizaine de jours.
47:34Il faut remonter ce grand glacier du Baltoro
47:37et ensuite du Godwin-Austen.
47:43C'est dangereux.
47:47Voilà.
47:49Je pense que quand on atteint le sommet du K2,
47:51il y a vraiment une étape qui se franchit, vraiment.
47:57Et vous allez continuer d'enchaîner.
47:592019, le Gasherbroum, 8068 m,
48:02le Kangchenjunga, 8585 m,
48:07que vous aviez déjà tenté en 2018.
48:10Et la Napourna, 2021,
48:14encore un sommet réussi à 8167 m.
48:17Aujourd'hui, vous avez réussi à gravir, Sophie,
48:20et c'est exceptionnel, 11 des 14 plus hauts sommets du monde.
48:25Les trois sont au programme, déjà.
48:27Dans votre tête, au moins, j'imagine.
48:30Alors, dans ma tête, oui.
48:34Je vais aller ce printemps.
48:37Je retourne au Népal sur un sommet qui s'appelle le Lhotse,
48:41qui est un antécime de l'Everest
48:44et qui culmine à 8516 m,
48:48donc c'est un gros pépère.
48:51Et après, on verra.
48:54On verra.
48:55Un mot, parce qu'il y a différentes associations
48:57pour lesquelles vous faites tout ça, et je trouve ça remarquable.
49:04Oui, je suis ambassadrice bénévole
49:06pour une grosse ONG suisse qui s'appelle Terre des Hommes,
49:13sur laquelle chaque année, on met en lumière un des projets
49:18qui se situe soit au Népal, soit au Pakistan,
49:22qui sont les deux pays où je vais le plus souvent,
49:25pour donner de la visibilité sur ces projets
49:28et générer, si possible, des levées de fonds pour ces projets.
49:33Sophie, entre deux expéditions, vous faites quoi ?
49:36On s'entraîne ou, au contraire, on récupère ?
49:39Les deux.
49:40Et quand on s'entraîne, on s'entraîne comment ?
49:42On récupère d'abord et après, on s'entraîne, bien sûr.
49:48Mais c'est continu.
49:50Moi, je suis là, en fait, je rentre en Suisse,
49:54en général, en fin d'année.
49:56Je suis là l'hiver, donc il faut effectivement récupérer,
50:01après redémarrer l'entraînement,
50:03remonter le dossier pour l'année d'après,
50:05retrouver des fonds.
50:08C'est un cycle continu,
50:11parce qu'il y a trois saisons pour lesquelles on peut tenter,
50:16à part l'hiver, moi, je ne fais pas d'hivernal,
50:18mais c'est le printemps au Népal, l'été au Pakistan,
50:21et on retourne à l'automne au Népal.
50:24Merci mille fois, Sophie,
50:25il a vaut d'avoir été avec nous, c'est passionnant,
50:27c'est fascinant, limite incompréhensible,
50:30tellement ça me paraît l'au-delà.
50:32Merci.
50:33Merci. Prenez pas trop de risques quand même, Sophie.
50:36Le but du jeu, c'est de redescendre pour raconter l'histoire.
50:38Génial.
50:40Revenez vite nous raconter d'autres histoires.
50:42Merci, Sophie.
50:43Avec plaisir.
50:44A bientôt. Merci à vous, et merci à vous tous,
50:46et à vous toutes qui nous regardez.
50:48Merci pour votre fidélité, et à très bientôt. Salut.
51:03Sous-titrage Société Radio-Canada

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