• il y a 6 mois
Championne olympique à Tokyo en 2020, championne d'Europe en 2018, championne du monde en 2017, meilleure joueuse du monde en 2009, Allison Pineau est sans conteste la Madame du handball féminin français. "Alli", qui vient de sortir son autobiographie, vient se livrer dans le Club comme rarement, à quelques mois des JO de Paris 2024, qu'elle espère comme le point d'orgue d'une carrière absolument exceptionnelle.

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Sport
Transcription
00:00Salut à toutes et à tous, vous êtes bien dans le Club sur Sport en France, l'ADN de
00:16S.E.F.
00:17Et dans cette émission telle une boule à facettes, on tourne tous les 15 jours pour
00:21vous faire découvrir tout ce qui fait le sport en France.
00:24Les fédérations, les disciplines, les compétitions et les champions.
00:29Cette semaine, c'est l'une d'entre elles, l'une de ces championnes qui est avec nous.
00:33Elle est l'une des plus grandes joueuses de sa discipline, l'un des plus beaux palmarès
00:37tout simplement du sport français, championne olympique, championne du monde, championne
00:42d'Europe.
00:43Elle a même eu la distinction individuelle de meilleure joueuse du monde.
00:46Madame Alison Pinault est avec nous.
00:48Bonjour Alison.
00:49Bonjour Max.
00:50Bon, on n'allait pas passer toute l'émission à décrire ce palmarès, mais merci d'être
00:55avec nous pour nous accompagner pendant cette heure pour parler de votre palmarès, certes,
01:01mais pas que.
01:02Deal ? On est d'accord ?
01:03Deal.
01:04C'est parti.
01:05Alison, passe un plan de balleuse, émission réalisée par François Caudal, c'est parti.
01:13La première rubrique, traditionnellement, l'objet du désir, c'est un gris-gris, un
01:19outil de travail parfois qui vous accompagne.
01:22Cette semaine, on a eu un petit souci d'acheminement du ballon que je voulais vous donner et vous
01:27envoyer, cet objet du désir qui est, oui, pour vous, un outil de travail, mais ce ballon
01:34de handball qu'on va avoir l'occasion de voir en image aussi durant cette émission
01:39qui vous accompagne depuis si jeune.
01:40Est-ce que vous vous rappelez de la première fois où vous l'avez eu entre les mains,
01:46Alison ?
01:47Je pense que c'est la première séance que je fais où je viens m'entraîner, donc je
01:51viens m'entraîner, c'est un grand mot, je vais plutôt dire m'essayer du coup au handball.
01:55C'est la première fois, je pense, réellement, que j'ai touché, j'ai vraiment eu un ballon
01:59de handball dans les mains.
02:00Quel âge vous avez et quelles sensations ça vous procure ? Peut-être l'odeur d'un
02:07gymnase, peut-être accompagner des amis, c'est dans quel contexte d'ailleurs que vous
02:10le découvrez pour la première fois ce sport ?
02:11On m'y a poussé dans ce sport.
02:14C'est un entraîneur qui m'y a poussé, qui m'a dit, t'as des grandes mains, tu devrais
02:17t'essayer au handball.
02:18C'est Daniel Deherme qui était à l'époque l'entraîneur de l'équipe Fagnon de ma ville,
02:23donc au Bervilliers, qui était en deuxième division.
02:25Et le ballon pour moi c'est la colle, c'est ça, il y a l'odeur du gymnase mais souvent
02:30c'est cette odeur de la colle et cet aspect collant qu'on a, cette texture assez spéciale
02:37j'ai envie de dire avec ce ballon.
02:39On va apprendre à travers ce ballon un peu comme un fil conducteur à vous découvrir
02:44Mais avant le ballon, il y a aussi tout simplement la naissance d'Alison Pinault, vous grandissez
02:50du côté d'Aubervilliers en Seine-Saint-Denis, vous êtes au cœur d'une fratrie de trois
02:56enfants au milieu de deux garçons.
02:58Quel est le quotidien, l'enfance d'Alison Pinault ?
03:03L'école, et du coup les copains le week-end, les city-stades, on s'essaye à tous les
03:09sports, on joue beaucoup au foot et au basket au city-stade.
03:13Je suis au milieu, maman veut que je fasse des études, que je sois une élève studieuse
03:19et que j'apprenne bien à l'école, donc je m'attelle à ça.
03:22Votre maman secrétaire médicale, votre papa était routier, Alison, on a sur ce plateau
03:30des invités qui très souvent font de la reproduction sociale, ils sont baignés soit
03:35dans la compétition, soit déjà dans le très haut niveau par les parents, les tontons, que sais-je.
03:39Ce n'est pas trop votre cas, comment le sport vient à vous ? Ce fameux city-stade ?
03:45Il y a ça, mais pas que, après dans ma famille, il y a quand même pas mal de sportifs amateurs.
03:51Je viens d'une famille anti-aise, donc vous imaginez bien que le cyclisme, ma mère a
03:56fait aussi un peu d'athlétisme, mais surtout c'est la télé, comme beaucoup d'enfants
04:01de mon âge, c'est la télé, pour ma part c'est Marie-José Pérec qui m'inspire et
04:08le sport, ça part de là, mais c'est vrai que j'ai toujours été une touche à tout.
04:11Avant de baigner dans le handball, je me suis essayée à plein de sports, j'adorais faire
04:16pendant les camps de vacances d'été de ma ville, les ététhonus, les centres aérés,
04:24et du coup je touchais à tous les sports, je faisais du triathlon, du tennis, de l'escalade,
04:30de l'athlé aussi, je touchais vraiment à toutes les activités, toute la journée je
04:34me blindais mon agenda d'activités, j'y fais aussi un peu de tennis de table, mais
04:38vraiment je m'essayais à tout.
04:39Un peu de tennis de table, alors la dame ce qu'elle ne vous dit pas messieurs dames,
04:42c'est qu'elle a quand même été championne de France du NSS en moins de 12 ans, certes
04:45c'est très jeune, mais quand même, quand vous touchez à quelque chose, vous ratez
04:50assez peu le coche généralement.
04:51Qu'est-ce qu'il y avait de plus justement, dans ce contexte là de grignotage de plein
04:55de sports, qu'est-ce qu'il y avait de plus, le handball, hormis les grandes mains ?
04:58Le collectif et l'aisance immédiatement, après c'est vrai que j'avais de l'aisance
05:02dans plusieurs sports, c'est vrai, à chaque fois que j'allais dans une activité, même
05:07si dès le départ je n'y arrivais pas immédiatement, mais il me fallait 2-3 séances pour me sentir
05:12à l'aise.
05:13Le handball, c'est cet aspect collectif, l'aisance avec le ballon, et puis tout de
05:19suite j'ai perçu que j'avais des qualités pour briller dans ce sport, ces qualités
05:25physiques qui étaient un peu décrites comme hors normes.
05:27Effectivement, c'est ce qu'évoquent les éducateurs, vous parliez de Daniel Deherme
05:32tout à l'heure, aujourd'hui coach en Pro League à Bière, qui parlait de votre physique
05:37et puis aussi un mental, une envie de tout écraser, je paraphrase certains de ses éducateurs.
05:44Depuis toute petite, au-delà de cet aspect physique, vous avez cet instinct de compétitrice
05:51qui ne vous vient pas du coup de la famille forcément, mais que vous cultivez vous ?
05:55Oui, j'ai toujours aimé gagner, d'ailleurs c'est pour ça que je me suis confrontée
06:01aux garçons au triathlon, souvent j'étais la seule fille contre les garçons, j'adorais
06:07ça, me confronter à eux parce que ça m'aidait à repousser mes limites et à être meilleure.
06:13Très souvent, à la nage, j'étais la dernière à sortir du bassin, donc clairement ils
06:20étaient devant, je revenais au vélo sur eux et puis à la course je les dépassais
06:25complètement, je les fumais, pour un langage moins soutenu du coup, le jargon de la street
06:33si je peux le dire de cette manière-là, mais je les écrasais à la course et c'était
06:38jouissif.
06:39J'imagine, effectivement, quand on est dans cette confrontation-là.
06:44On a évoqué le fait que le sport, oui, est présent, mais pas forcément culturel au
06:50sein de la famille et pourtant un jour, dans une interview que vous donnez à nos confrères
06:54de libération, vous dites « mon éducation a toujours fait ma force », toujours fait
06:59ma force.
07:00Quelle clé du succès, et au-delà du succès, de qui vous êtes aujourd'hui, vous retenez
07:05de cette période ? Qu'est-ce qu'on vous a appris et que vous, aujourd'hui, avez
07:10érigé comme une valeur cardinale de votre vie ?
07:12Je pense que ça vient de ma mère, tout simplement, les valeurs qu'elle m'a inculquées depuis
07:18très petite.
07:19Mes parents ont divorcé quand j'étais très jeune, donc ma mère a dû nous élever les
07:22trois à toute seule, comme ça arrive à beaucoup de mamans.
07:24Elle m'a appris ces valeurs de travail, elle m'a toujours dit que quand tu veux quelque
07:29chose dans la vie, il faut te battre pour.
07:30Voilà, c'est une mère courage, elle m'a montré que par la détermination, on pouvait
07:35arriver à ses fins, par les valeurs de travail, d'engagement, et qu'il ne fallait pas lâcher
07:40le morceau.
07:41Ça part de là, ça part de là, je me suis toujours battue pour ce que j'ai eu, pour
07:46ma réussite, pour toutes les choses dans lesquelles je suis engagée, je suis toujours
07:51à fond, je suis généreuse aussi dans l'effort, je n'ai aucun problème à ce niveau-là,
07:57en tout cas on ne va pas dire que je suis feignante, pas du tout feignante dans l'effort,
08:03et ça m'a énormément aidée justement dans la personne que je suis devenue, cette
08:09femme qui s'est façonnée au fil des années.
08:11En tout cas, on sent que le souvenir est là, il y a toujours cette émotion en parlant
08:14de cette figure maternelle, Alison, en vous écoutant, c'est clair.
08:19Dans ce portrait rapide, dressé de l'enfant, à quel moment vous sentez que le handball,
08:26ça va être un petit bout de votre destin ?
08:29Je pense que depuis le départ, je l'ai déjà dit dans plusieurs interviews, j'ai toujours
08:37su que j'allais faire une carrière sportive, parce que j'ai toujours voulu le faire, j'avais
08:42cet amour de l'olympisme, je le sentais, ça me faisait vraiment rêver à la télé
08:45quand je regardais les autres athlètes, quand je lisais les autres histoires, quand
08:49j'ai vu Marie-Jo Pérec sur le podium, ça m'a fait rêver, et c'est toujours ce que
08:54j'ai voulu faire.
08:55Par contre, je ne savais pas dans quel sport j'allais y arriver, mais j'ai toujours
08:59su que j'allais y arriver du coup, donc le handball, c'est venu comme ça, il y a eu
09:04ce feeling immédiat, ce côté groupe, collectif, partager quelque chose ensemble, même si
09:10beaucoup de gens me prédestinaient à un sport individuel, finalement je suis partie
09:13dans un sport co, et j'en suis très fière, je suis très heureuse, aucun regret à ce
09:18niveau-là.
09:19Et puis tout de suite, immédiatement, je me dis, ça va le faire, c'est dans le handball.
09:25Alors j'ai lu que vous débutez pivot, ça vous fait sourire ou ça participe après
09:32à la construction de la joueuse, à l'énorme QI handball que vous avez, qui est décisive
09:37aux deux endroits du terrain, ce qui fait aussi l'une de vos énormes forces, ou c'est
09:41vrai lors de l'anecdote ?
09:42Anecdote, oui et non, j'ai envie de dire, mais c'est sûr que quand j'y réfléchis
09:48maintenant, ça fait sourire les gens quand je leur dis que j'ai commencé pivot, ils
09:53me regardent et disent, sérieux, parce que je n'ai pas le physique d'une pivot qui
09:56est beaucoup plus corpulente, qui impose beaucoup plus par le physique, et moi je suis un peu
10:02finalement en l'antithèse, je suis longiligne, des grandes jambes plutôt fines, donc oui,
10:08ça fait réellement sourire, mais ça fait partie de mon parcours, j'ai commencé pivot
10:12parce que j'avais cette adresse avec le ballon, j'avais des grandes mains pour choper le
10:16ballon, et c'est comme ça que c'est venu, et puis très rapidement, j'ai intégré
10:21le pôle, j'arrive le pôle, la première année je suis sur les deux postes finalement,
10:26je suis pivot et demi-centre, et puis la deuxième année, ils m'ont dit que arrière, parce
10:31qu'ils voulaient exploiter mes qualités physiques, parce que j'avais une capacité
10:34de débordement, de faire la différence en un contre un, et puis j'ai continué comme
10:40ça, et en club c'était déjà le cas sur ma première année au Sudpole, j'étais
10:45arrière, plus arrière que pivot, mais je jouais aussi dans mes catégories jeunes pivot,
10:51mais c'est marrant quand on y repense, aujourd'hui si je devais commencer pivot, je ne ferais
10:57pas l'ombre, ça c'est clair, je me ferais défoncer.
11:01On aura peut-être l'occasion de parler de ce poste un petit peu plus tard, ma chère
11:04Alison.
11:05Pôle Espoir, Île-de-France, à Tournambry, vous venez d'en parler, vous découvrez la
11:10N1 en 2005, à seulement 16 ans à Villemomble, on reste en banlieue francilienne, en banlieue
11:17de Paris pardon, et un an plus tard vous êtes à ici, Paris 92, où vous faites vos débuts
11:21en première division à 17 ans et 4 mois, le 2 septembre 2006, est-ce que vous vous
11:27souvenez de ce premier match face à Myos, club qui n'existe plus aujourd'hui ?
11:33Je m'en souviens, tout à fait, je me souviens du match brièvement, ce n'est pas le match
11:37qui m'a le plus marquée.
11:38Vous vous inscrivez de but, figurez-vous, je vous le dis.
11:41C'était finalement mes premiers pas en première division, donc il y avait beaucoup d'excitation.
11:46Pas d'aboutissement, ça ce sentiment, on a l'impression qu'il vous traverse le
11:51pas.
11:52Non, pas du tout, c'est le début finalement, on n'est qu'au commencement.
11:57Pas de contrat pro, rien.
11:586 mois plus tard pourtant, février 2007, vous êtes convoquée pour la première fois
12:02en équipe de France A, à l'occasion d'un match amical face à la Chine.
12:06Équipe de France Espoir, la case est sautée, pas le temps, celui qui vous fait débuter
12:11à l'époque c'est déjà Olivier Krumbels, et vous assurez quelques mois plus tard un
12:15bac ES malgré tout en parallèle, facile, vous n'avez pas le temps vous non ?
12:19Ça n'a pas été dur honnêtement les études.
12:21Pas dur ou pas simple ?
12:23Pas simple.
12:25Parce que alors là, vous fileriez le seum à tout le monde là.
12:28Non, non, non, c'était pas simple, excusez-moi, pas simple du tout, du tout, du tout, parce
12:33que quand je vois l'équipe de France A.
12:35On voit la photo de la première sélection, effectivement, il y a quelques années, on
12:39dira pas votre âge mais vous avez doublé d'âge, tout seul.
12:43Et vous aviez pris un coup visiblement.
12:45Visiblement, je ne m'en souvenais même pas.
12:46Je ne m'en souvenais même pas.
12:48Qu'est-ce que vous lui diriez à cette jeune Alison d'ailleurs ?
12:51T'as fait un bon bout de chemin ma grande.
12:55Premier mondial en 2007, je passe vite, ce n'est pas aussi linéaire, vous nous avez
13:00dit que ce n'était pas simple et on aura l'occasion de s'attarder sur les petits
13:04moments peut-être ou pas légèrement, c'est plus compliqué.
13:07Puis déjà des JO en 2008 en tant que remplaçante, on a commencé à évoquer vos traits de caractère.
13:13J'imagine que déjà statut de remplaçante, même si vous avez 19 balais, ça ne doit
13:17pas être simple.
13:18Oui, c'est vrai.
13:19Vous le vivez comment ?
13:20Je le vis pas mal parce que je suis jeune et que c'est ma première expérience, je
13:26suis déjà chanceuse d'aller au jeu, mais ça titille quand même.
13:30On a envie de rentrer, on a envie de participer.
13:33Mais malgré tout, j'ai vécu une superbe expérience, j'ai été en dehors du village,
13:37j'ai pu voir d'autres sports, j'ai été assister à d'autres disciplines.
13:43C'était génial.
13:44J'ai vu Maradona qui était assis à deux sièges à côté de moi sur un match argentine
13:50je ne sais plus c'était qui, ce n'était pas la France qui jouait, mais j'ai vu
13:54Usain Bolt, avec lui j'ai fait une photo, j'ai vu Michael Phelps au cube, c'était
14:00incroyable.
14:01Donc c'est vrai que ça a atténué un petit peu la peine que ça avait créée de ne pas
14:07pouvoir entrer en jeu, mais ça gratte, ça titille un peu de se dire moi aussi j'ai
14:13envie d'y être, mais ça a été fondateur finalement.
14:16J'ai compris qu'à travers de cette expérience-là, que les jeux c'était, en tout cas en Chine
14:24c'était le gigantisme, c'était fascinant, mais qu'on pouvait facilement dérailler,
14:30sortir de sa ligne de conduite et que ça pouvait nous emporter finalement du côté
14:36un peu obscur.
14:37Et tout ça, c'est cet environnement qui est assez fabuleux, fascinant, il peut t'emmener
14:42de ce côté-là, mais il peut aussi t'emporter de l'autre côté, donc il fallait faire très
14:46très attention et rester dans sa bulle et focus.
14:50C'était une première expérience pour moi, Olivier me l'avait dit, c'était en gros
14:54l'entraînement pour les prochains JO.
14:57Et force est de constater que Focus voulait rester solide sur les appuis et dans la tête
15:03puisqu'après ces Jeux, la trajectoire reprend à ce qu'on peut qualifier à l'extérieur
15:06d'une ascension fulgurante.
15:08Dernière saison ici avec un quart de finale en Coupe d'Europe, avant que vous ne soyez
15:12débauchée par Metz, qui est et demeure toujours la meilleure équipe française médiatiquement.
15:17Évidemment, ça n'a pas les conséquences et la résonance d'une sélection, par exemple
15:24en bleu, mais j'imagine que pour le Serail et pour vous, connaisseuse de Horn, c'est
15:28déjà une attention et un intérêt qui sont bons à prendre.
15:33Tout à fait, d'autant plus que Metz avait essayé de m'enrouler déjà quelques années
15:38auparavant au centre de formation.
15:40Ma mère ne l'avait pas voulu parce qu'elle voulait que je reste proche de la maison.
15:44Donc elle avait dit ok, mais ce sera à Issy-les-Moulinots, Paris 92 maintenant.
15:49Et puis c'est la deuxième étape Metz pour moi.
15:53À ce moment-là, je quitte le club d'Issy-les-Moulinots qui n'était pas dans de bonnes dispositions
15:58financières.
15:59Et je me dis que c'est le moment pour moi de me diriger vers Metz, un level au-dessus
16:04dans le meilleur club français qui me faisait les yeux doux à cette époque-là.
16:08Et je saisis l'opportunité parce que je sens que c'est le bon moment pour moi.
16:13Et puis c'est l'étape supérieure pour gravir des échelons.
16:18Et des échelons en club et arrive aussi un nouveau mondial quelques mois après en 2009
16:24en Chine au sein d'une équipe de France où les joueuses d'expérience cohabitent
16:27à l'heure avec des pépites dont vous faites partie.
16:30Évidemment, cet amalgame qui vous fait grandir encore plus vite, on en parle dans la deuxième
16:36partie d'émission.
16:39La rubrique suivante s'appelle « Je te rappelle ». « Je te rappelle », c'est une expression,
16:46une phrase que vous connaissez forcément, Alison, qu'un sportif de haut niveau qui
16:50est très occupé dit souvent au détour d'une sortie de vestiaire à une adversaire
16:54ou à une amie parce qu'il y a un train, un avion à prendre, on n'a généralement
16:58pas le temps.
16:59On va le prendre ensemble ce temps pour se rappeler ou s'appeler puisque nous avons
17:04un témoin particulier pour parler avec vous dans cette partie.
17:08Il s'agit d'Amélie Goudjot.
17:10Bonjour Amélie !
17:11Salut !
17:12Ah, vous nous entendez ! Alison est avec nous, Amélie, comment ça va ?
17:16Au top, je suis contente de vous rejoindre pendant l'émission spéciale sur Ali, ça
17:22fait plaisir.
17:23Avant d'être la voix du handball à la télé, vous avez connu évidemment plus de
17:27100 sélections en équipe de France et vous avez été la coéquipière à la fois en
17:30club et donc en sélection d'Alison.
17:34Amélie, est-ce que vous vous souvenez de votre première rencontre à toutes les deux ?
17:39Je ne suis même pas sûre que ce soit en équipe de France, vous jouiez ensemble en
17:43club.
17:44Oui, je me souviens très bien parce qu'en fait Alison était venue faire des tests pour
17:50rentrer dans deux clubs, donc elle en a parlé, mais il y avait Fleury-les-Aubrais, à l'époque
17:54j'étais à Fleury-les-Aubrais et puis ensuite je suis passée à ICI Paris l'année suivante
18:02donc je l'ai retrouvée puisqu'elle avait fait les tests dans les deux clubs il me semble
18:06et donc la première fois c'était sur ça, c'était ce qu'elle faisait où je la découvrais
18:11pour la première fois.
18:12Première rencontre, avant que vous nous appeliez Amélie, on évoquait l'ascension fulgurante
18:20au fil des clubs effectués, des sélections d'Alison, est-ce que le micro-causement balistique
18:26bruit de ces performances aussi ? Est-ce qu'à cette époque-là, vous savez que la France
18:32tient probablement une pépite ?
18:33Oui, c'est clair.
18:35Je crois qu'on a perdu Amélie, elle a été censurée au moment de tresser des louanges
18:45A votre égard, Amélie Alison, en attendant qu'on la retrouve, qui deviendra ensuite
18:53capitaine de cette équipe de France, elle pèse au moment de votre émergence, de votre
18:59arrivée.
19:00Est-ce que c'est quelqu'un qui compte dans ces jeunes années déjà ? Vous regardez
19:05un petit peu ce qu'elle fait, vous copiez une routine, des choses comme ça ?
19:08Oui bien sûr, Amélie a été importante dans mon apprentissage au-delà de son rôle
19:13de capitaine.
19:14En club, ça a été comme une maman, elle m'a énormément conseillée, guidée aussi.
19:21La force de l'expérience, c'est quelqu'un qui compte énormément pour moi.
19:29D'ailleurs, on a toujours gardé cette relation, on est proche, on a tissé des liens qui sont
19:34assez forts, déjà par mon histoire, mais elle m'a énormément apporté justement
19:38à la suite de ce titre de meilleure joueuse du monde qui n'a pas été simple à gérer
19:42pour moi.
19:43Elle m'a vraiment protégée, guidée, elle a été forte de bons conseils et même aujourd'hui,
19:50c'est quelqu'un vers qui je sais que je peux me tourner si à un moment donné, j'ai besoin
19:54d'un conseil.
19:55Elle a toujours cet œil avisé, ce recul et cette sagesse que j'apprécie énormément
20:02chez elle.
20:03Et qui vous a permis de regarder un poste aussi que vous connaissiez un petit peu, celui
20:10de Pivot.
20:11Et à une époque où on avait eu des championnes du monde et où on était aussi en reconstruction
20:18cette équipe de France, donc il y avait forcément, j'imagine, des attentes aussi de la part
20:23de ces aînés de vous voir émerger là.
20:25Oui, mais ça n'a pas été simple.
20:27C'était une autre génération, une autre manière de fonctionner.
20:31Il n'y avait pas énormément de jeunes qui arrivaient en équipe de France aussi jeunes
20:35à cette époque-là.
20:36Il y en a eu deux avant moi, je pense, mais il n'y avait pas beaucoup.
20:41Donc, ce n'était pas simple.
20:43Ce n'était vraiment pas simple en voûtant pas la main facilement.
20:47C'étaient les barricades, mais il y a toujours des gens qui ont…
20:51Ce n'est pas négatif, c'est surtout…
20:54On montre qu'il y a une certaine force, qu'il faut mériter sa place et on ne va
21:00pas déballer le tapis rouge.
21:02Tu ne passeras que si tu es bonne, que si tu as mérité.
21:05Amélie est de retour avec le sourire.
21:08Vous avez été arrêtée alors qu'en plus vous nous disiez du bien d'Alison, ce qu'on
21:13n'avait pas prévu.
21:14Oui, mais c'est vrai que j'ai comme ça un souvenir très net avec Alison sur ses
21:21débuts où justement elle n'était pas forcément toujours accompagnée, je dirais,
21:27d'une manière positive par quelques anciennes.
21:31Après, c'est vrai que pour le coup, j'ai toujours eu beaucoup cette…
21:36Par rapport à Alison, beaucoup d'affection pour elle.
21:41C'était vraiment une joueuse attachante quand elle était jeune.
21:44Je me souviens d'une fois où elle était en difficulté, un peu dans le dur sur la
21:49fin de saison.
21:50Puis, j'étais allée la voir et je lui avais dit, tu sais…
21:53Donc, elle n'avait que 17 ans et je lui ai dit, tu sais, tu seras une des meilleures
21:56joueuses du monde.
21:57Et elle m'a regardée comme ça avec les grands yeux et elle a juste écouté.
22:02C'est vrai que j'avais un peu les frissons en leur parlant, mais elle avait tellement
22:07de qualité.
22:08En fait, c'était une des joueuses, je pense, les plus complètes du circuit.
22:13C'est la première fois qu'émergeait une joueuse aussi forte en défense à tous les
22:18postes.
22:19Utilisable vraiment sur plein de postes défensifs, en attaque, pareil sur la montée de base
22:24et sur son jeu rapide avec un physique exceptionnel.
22:26Et donc, j'avais perçu ça.
22:28Je ne l'ai pas dit à beaucoup de joueuses, je l'ai dit à Alison parce qu'en plus
22:32de tout ça, elle avait une certaine discipline, une maturité qui était incroyable pour son
22:36âge.
22:37Et puis, je l'avais dit à Stineux après quand je l'ai découverte quand elle arrivait
22:41aussi à ICI Paris quelques années après.
22:43Et donc, c'est vrai que pour le coup, j'étais là le jour où on lui a annoncé.
22:48Alors, je ne sais pas si vous l'avez évoqué entre-temps, mais le jour où on était en
22:51Islande.
22:52J'ai l'image très, très nette.
22:53Meilleure joueuse du monde.
22:54En Islande.
22:55Et là, ils lui disent que c'est la meilleure joueuse de l'année, la meilleure joueuse
23:04du monde.
23:05Elle n'a que 19 ans.
23:06Et je me souviens qu'elle avait été interrogée à ce moment-là et puis elle avait dit à
23:09quoi vous pensez Alison ? Et elle a dit à ma maman et puis à Amélie parce qu'elle
23:15me l'avait dit il n'y a pas si longtemps que ça.
23:17Donc, deux ans après, c'était quand même une annonce assez incroyable et à la fois
23:22quelque chose de formidable et pas un cadeau facile à porter parce qu'elle était en
23:27pleine construction et qu'elle était au tout début de sa carrière et qu'il fallait
23:31qu'elle arrive à continuer à se construire avec cette nouvelle statue, ce titre qu'elle
23:40avait eue de manière très jeune.
23:42Et justement, à cet âge-là, cette pression que donne une forme de statue qui tombe là,
23:51meilleure joueuse du monde.
23:52C'est ce que retiendront les gens.
23:54Comment, justement, on le digère Amélie ? Elle a le jour J.
23:59Est-ce qu'il y a dans un entourage proche des besoins de se confier, des besoins de
24:05se soulager de cette décision ?
24:07Sur le moment, il y a l'effet un peu de surprise, de choc de la prendre.
24:12Et puis tout de suite, je suis traversée par quelques émotions et je me dis c'est
24:17dingue.
24:18C'est dingue, j'ai réussi un truc, mais finalement, ce n'est pas le truc que je veux
24:22le plus.
24:23Et puis, c'est là et tu te dis wow, il y a une sensation de vide.
24:30Ça me refait penser un peu au titre de Tokyo.
24:32Il y a cette sensation de vide parce qu'il s'est passé un truc assez extraordinaire
24:37auquel tu as envie d'aspirer au travers de tes résultats avec l'équipe.
24:42Mais ça vient tout seul parce que c'est la finalité, c'est la récompense du travail.
24:50Et puis là, c'est là et je ne sais pas trop comment le prendre sur le moment.
24:58Je pense que je suis un peu hilarée de moi-même à ce moment-là.
25:04Avec le statut de vice-championne du monde, un statut que vous retrouverez entre guillemets
25:11malheureusement, même si ça reste magnifique, une deuxième place deux ans plus tard, toujours
25:16évidemment aux côtés d'Amélie qui est même promue capitaine de cette équipe de
25:20France.
25:21Désormais, une finale contre la Norvège avec un coup dur puisque vous ne pouvez pas
25:26la jouer.
25:27Vous êtes comme Mariam Assignaté, il me semble, blessé le jour de cette finale contre
25:31la Norvège.
25:33Ça commence à devenir relou, c'est assez linéaire ces finales là, malheureusement
25:38pour vous.
25:39C'est relou, bien relou, surtout que j'ai vraiment la sensation sur cette compétition
25:44au Brésil qu'on a l'équipe et on peut aller titiller la Norvège et faire un truc.
25:51Je sentais que le groupe avait mûri par rapport à 2009, à 2009 je pense qu'on était vraiment
25:55juste.
25:56Mais en 2011, j'ai vraiment cette sensation qu'on peut aller au bout, qu'on peut faire
26:00un truc.
26:01On avait fait une très bonne compétition et puis on a rencontré justement ces embuts,
26:07ces obstacles sur la fin.
26:08Il y a eu donc sur cet entraînement, si mes souvenirs sont bons, c'était avant le match
26:14France-Suède, je crois, en quarts de finale.
26:17Il y a l'entraînement de la veille, l'entraînement la veille, Mariam Assignaté se blesse avec
26:26un contact avec Camille, du coup avec Camille Aiglon et donc Mariam Assignaté est impactée
26:33au niveau de son oeil, elle a du sang dans son oeil et donc elle ne pourra pas participer
26:36à la fin de compétition.
26:37Donc ce sera Saint-Mariama qui a été à l'époque titulaire sur le poste d'arrière-gauche.
26:42Il faut qu'on réussisse à manager le match et la fin de compétition sans Mariam Assignaté.
26:49Donc les cartes sont redistribuées et puis on passe les quarts et puis on arrive en demi
26:55et en demi on joue le Danemark qui était à cette époque-là toujours, même si on
27:00sentait la fin de cycle, mais qui était toujours justement sur la continuité de ces années
27:03précédentes avec une nation très forte.
27:08Donc le match commence et puis à cinq minutes je me pète le genou et tout de suite je sais
27:15que la compétition est terminée, tout de suite je sais qu'il s'est passé quelque
27:18chose, parce que je reste longtemps au sol et puis je sens que dans le genou il s'est
27:22passé quelque chose.
27:23C'est vrai que j'avais habitué les gens à tomber, je restais au sol, mais je m'offensais,
27:28je me relevais et là je ne me relève pas et du coup tout le monde comprend que c'est
27:32sérieux et je ne finis pas cette compétition donc je suis dégoûtée et tout de suite
27:37je pense aux Jeux de Londres et je me dis, je fais un roulement de tambour dans ma tête,
27:44je compte les mois et je me dis, c'est dans six mois et donc qu'est-ce qui va se passer,
27:49comment ça va être ?
27:51Et ce n'est pas simple et donc les filles extra-extraordinaires, on perd du coup, j'étais
27:59aussi titulaire à mon poste, une joueuse supplémentaire out, on va en finale, on se
28:06qualifie, les filles fantastiques se qualifient pour la finale et puis en finale on était
28:09trop juste, bien sûr c'est comme si dans une équipe titulaire on enlève deux pièces
28:14maîtresses du dispositif, du système, vous imaginez que ce n'est pas simple.
28:21Donc les filles ont été extraordinaires et courageuses en réussissant cet exploit
28:26de se qualifier pour la finale mais malheureusement on n'a pas réussi à décrocher ce titre
28:31qui n'était selon moi pas très loin de nous tendre les bras.
28:36Vous étiez championne du monde Amélie avec deux personnes en plus sur le parquet, vous
28:40avez le même feeling ?
28:42Oui c'est sûr, je me souviens que sur la demi-finale on y est vraiment allé au courage
28:47justement quand on a perdu Alison et j'entends les mots d'Olivier Krumbolz qui disait
28:53« faites-le pour Alison », on avait ça, les filles qu'on avait perdues, on a vraiment
28:59livré les dernières forces pour se qualifier sur la finale et même Tory Riggerson avant
29:06le Mondial il avait dit « ce sera la France qui sera championne du monde » parce qu'on
29:09avait vraiment toutes les qualités et puis c'est sûr que quand on perd nos deux meilleures
29:13joueuses on arrive un peu à poil à la fin et c'est vrai qu'elles nous ont énormément
29:19manquées mais ça reste des aventures humaines incroyables avec les filles et c'est vrai
29:25que sur ces deux championnats du monde 2009 et 2011 c'était juste incroyable.
29:302011 le Brésil, vous avez visité un petit peu toutes les deux, si je vous pose cette
29:34question c'est parce que vous avez ça aussi en commun, vous vous évoluez d'ailleurs à
29:39l'époque en 2011 avant ces monts durs en Espagne, ma chère Amélie, ce sens du voyage,
29:46de la découverte, vous l'avez toutes les deux chevillé au corps, c'est quelque chose
29:51sur lequel vous avez échangé, cette expérience, vous n'étiez pas encore à l'étranger
29:55vous Alison, elle a pu par cette expérience vous inspirer Amélie ou vous n'en aviez
30:01jamais parlé toutes les deux ? On n'en a jamais parlé vraiment mais c'est
30:05vrai qu'on a souvent échangé au niveau du voyage, des vacances, Amélie adore ça,
30:12elle me transmettait entre guillemets la manière dont c'était enrichissant pour elle et c'est
30:18ça qu'elle a réussi à me transmettre au travers des discussions qu'on a eues, quand
30:22elle me disait là-bas j'ai vu ça, j'ai rencontré ça, j'ai rencontré des gens,
30:26c'était super et puis toujours avec ce sourire, cette énergie qu'elle m'a toujours transmis
30:32au travers de ces années, même au travers de nos différentes discussions et c'est vrai
30:37qu'on partage ça.
30:38Roumanie, Monténégro, en club vous voyagez donc également, vos premières expériences
30:43à l'étranger et puis crime à Ljubljana, la Slovénie où il y a déjà quelqu'un qui
30:48est avec nous, qui était installé du côté de Ljubljana, une anecdote commune j'imagine
30:55quand on est expat entre guillemets, toutes les deux ça soude.
30:59Je sais ce qu'elle va me dire.
31:03Elle va me parler du chai latte, c'est sûr.
31:07On veut tout savoir sur le chai latte, Amélie Goudjo.
31:10Alors à Ljubljana, c'est vrai que c'est une jolie petite ville et on s'était trouvé
31:13un QG au centre de la ville où on aimait beaucoup se retrouver parce que c'est vrai
31:18que, et encore maintenant quand on se retrouve, on a des discussions hyper intéressantes
31:24et c'est vrai qu'Alison là-dessus, c'est vraiment une des choses qui m'a le plus impressionnée.
31:29Joueuse et femme aussi, on dort sur la manière dont elle continue à se cultiver, à avoir
31:36plein de choses en tête et de mettre en place une certaine discipline aussi pour progresser
31:41et avancer.
31:42Et donc j'adore voir cette jeune fille que j'ai connue à l'époque qui s'enrichit,
31:46qui m'apprend plein de choses aussi maintenant, qui me dit voilà il y a ça qui se fait sur
31:50plein de domaines.
31:51Et donc c'est toujours des moments hyper agréables, on a des discussions, elles n'ont
31:54plus fini, ça dure trois heures, on se fait un petit restaurant de temps en temps et c'est
31:58vrai que j'ai vu cette jeune fille grandir et devenir une femme maintenant très épanouie
32:03et très cultivée.
32:05Je crois qu'elle ne veut pas vous faire dommage sur le chai latte mais qu'est-ce que c'est
32:07que cette histoire là ?
32:08Le chai latte, j'adore ça, j'adore ça, je ne bois pas de café, je n'aime pas le
32:13café donc je bois du thé et j'ai découvert le chai latte et on partage ça, le chai latte
32:18et à Ljubljana, c'était le seul endroit à l'époque où il y avait du chai et elle
32:23aussi du coup, elle adore le thé et elle adore aussi le chai donc on partage ça vraiment
32:28et à Ljubljana, c'était vraiment notre petit QG, notre petit moment où on partageait
32:33ce chai et c'était vraiment agréable, sous le froid, c'était super, j'adorais ce genre
32:40de moment.
32:41Il y a le chai latte et puis il y a le retour en France aussi parce qu'on est partis de
32:47Ljubljana en même temps avec un camion, la camionnette s'est conduite en matin et c'est
32:53la neige, oh la la, je l'avais oublié ça !
32:54C'est fini pour deux dernières heures dans le camion de Ljubljana à Paris quoi.
33:00Vous êtes rentré en stop ?
33:01C'est de la folie, j'avais oublié.
33:03C'était la fin de ma carrière et puis pour Alison, après elle a encore roulé sa
33:07boss pas mal mais c'était le dernier épisode.
33:09C'était l'époque où Ljubljana du coup avait des problèmes financiers et puis on
33:13n'a pas été payé et c'était contractuel et on avait dit si on n'est pas payé, on
33:18part et puis il n'y avait plus de raison qu'on reste si on n'était pas payé et
33:21puis c'était la fin de la carrière d'Amé et puis je lui dis, tu sais quoi, moi j'avais
33:26des affaires à cette époque-là, j'adorais me trimbaler avec tout mon chez-moi et je
33:31dis Amélie mais tu sais quoi, je vais rentrer, je vais prendre un camion, je vais rouler
33:35jusqu'à Ljubljana donc si tu veux, tu viens avec moi dans le camion et puis je te ramène
33:40tes affaires aussi comme ça tu ne galères pas et voilà, mais un trip c'était à mourir
33:46de rire.
33:47Maintenant quand je repens, je me dis, on était complètement barges parce qu'en plus
33:51moi j'avais du coup, j'étais rentrée à Paris, j'avais pris l'avion, j'avais récupéré
33:56puis après j'avais roulé pendant 13 heures, un truc comme ça jusqu'à Ljubljana et puis
34:01il ne nous restait pas beaucoup de temps, je crois, je lui dis ouais, viens à telle
34:04heure, je suis arrivée le matin hyper tôt, j'ai dû vider l'appart et tout etc.
34:08Et puis elle m'a rejoint et on a laissé la voiture, on a tout laissé au club et on
34:13est parti, on a roulé comme ça, mais je me rappelle de nos têtes en arrivant à Paris.
34:18Amélie, ça dit pas mal du caractère d'Alison tout ça, une qualité, un défaut aussi peut-être
34:26remarquable chez cette grande personne à ma gauche.
34:30Ma qualité je dirais vraiment sa discipline et sa perspicacité.
34:38Elle a toujours allé, malgré les épreuves, elle a fait des choses quand même incroyables
34:46et je crois que pour moi c'est vraiment la plus grande handballeuse française de tous
34:51les temps.
34:52Elle a porté le handball encore sur les JO et à chaque fois elle a rajouté plein d'étapes.
34:57Donc oui, il y a ce côté-là parce qu'elle était capable d'aller se faire des prépas
35:01physiques pendant que tout le monde était en vacances, elle se rajoutait des couches,
35:05elle allait vers les meilleurs, à s'entourer des meilleurs pour vraiment se donner les
35:08moyens et ça c'est un leitmotiv dans sa carrière, donc là-dessus je l'ai toujours
35:12énormément admirée.
35:13Quand elle prenait des décisions, elle allait jusqu'au bout, donc perspicace, persévérance.
35:17Je crois qu'on aura même l'occasion d'en parler pour une compétition un peu plus tardive
35:21qu'on évoquera ensemble.
35:23Juste avant, une discussion que vous auriez, même s'il y en a eu beaucoup visiblement,
35:27y compris autour d'un chai latte, que vous auriez aimé avoir et que vous n'avez pas
35:30osé avoir avec Amélie.
35:31Est-ce qu'il y en a une ? Peut-être plus jeune, quand justement les conseils ne sont
35:36pas forcément faciles à demander, je ne sais pas.
35:42Pas simple.
35:43Pas simple parce que je pense que c'est vraiment l'une des personnes très tôt dans ma carrière
35:49qui a compris qui j'étais en tant que personne, qui avait compris où est-ce que je voulais
35:54aller et ça a été vraiment… elle a vraiment été importante dans ma vie.
36:00Ça a été un vrai guide et elle m'a vraiment… elle a amené des pièces dans le puzzle,
36:08réellement parce que j'avais besoin de m'entourer, j'avais besoin de soutien
36:13et elle avait ce côté un peu protecteur, protectrice du coup, où elle me disait « mais
36:18attention, mais voilà, mais crois en toi ». Ça, elle a vraiment su le percevoir chez
36:27moi et c'est vrai que ça m'a permis aussi de me créer ma propre identité, de me poser
36:34les bonnes questions, d'avoir cette réflexion.
36:36Je pense que c'est vraiment l'une des premières personnes dans ma carrière vraiment
36:43que j'ai rencontrées dans le handball à qui je me suis dévoilée, vraiment, parce
36:47qu'elle a cette écoute et ce que j'apprécie énormément, c'est quelqu'un qui trouve
36:52toujours les mots justes.
36:53Merci.
36:54Merci beaucoup pour cet hommage à Amélie, finalement Amélie, vous en recevez autant
36:59que vous en avez donné.
37:00Oui, non, mais c'est clair, c'est… voilà, c'est génial de me dire, parce que du coup
37:07je l'ai vu vraiment sur son… c'est 17 ans là, c'est 16-17 ans et puis là je
37:12la vois jusqu'à bientôt la fin de sa carrière, donc c'est une sacrée histoire
37:17Alison.
37:18Merci Amélie d'avoir été avec nous, d'avoir partagé ce moment et je crois que vous allez
37:23vous rappeler bientôt du coup.
37:24Et nous on va poursuivre en vous souhaitant une très belle soirée, Amélie, on va poursuivre
37:32la suite de cette ascension chronologique, on est déjà pas mal près du pinacle.
37:36Bye bye.
37:37Salut, merci beaucoup.
37:38Salut Ali.
37:39Salut Em.
37:40La suite avec ses grandes mains donc, qui vont toucher beaucoup, beaucoup de titres
37:47ensuite.
37:48Oui, beaucoup de titres dans la suite, après c'est quelques deuxièmes places, mais avant
37:58les titres il y en a une autre de deuxième place.
38:00Et c'est encore au Brésil, c'est Rio en 2016, double vice-championne du monde, vice-championne
38:07olympique.
38:09Rio, ça vous évoque quoi, au-delà de l'amertume de passer à côté du titre, il y a quand
38:15même beaucoup de choses qui se passent pendant cette quinzaine brésilienne là.
38:22Le Brésil, c'est un sentiment mitigé, entre deux, paradoxal, j'ai envie de dire.
38:29Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison, c'est historique parce que c'est le moment
38:37où on commence à écrire l'histoire olympique de l'équipe de France féminine.
38:42C'est la première fois dans l'histoire du handball féminin français qu'on remporte
38:48une médaille olympique.
38:49Après de multiples échecs, après l'échec d'Athènes, après l'échec de Pékin, de
38:53Londres, et les fameux quart de finale et la troisième place, je pense notamment aux
38:59filles qui avaient été championnes du monde en 2003 et qui vont à Athènes et qui finissent
39:05au pied du podium contre la Corée, un match très difficile.
39:08Et je me dis, waouh, on est en train de faire un truc de malade, sauf qu'on perd en finale
39:20contre la Russie, dans un match très âpre et difficile, ça a été un réel combat pendant
39:2560 minutes.
39:26Je suis heureuse mais je suis mitigée parce que souvent on a du mal à mesurer, à se
39:34dire, ouais c'est super, c'est génial parce que toi t'as une médaille olympique mais
39:40d'autres n'en ont pas.
39:41Et puis de l'autre côté tu te dis, mais tu ne sais pas si tu seras là dans 4 ans,
39:46tu ne sais pas si tu vas être dans le groupe, tu ne sais pas si la France va se qualifier
39:50pour les JO, tu ne sais pas si tu vas retourner dans le dernier carré et moi tout de suite
39:54c'est ce que je mesure, les opportunités, tu ne sais pas si, il y en aura toujours mais
39:59tu ne sais pas si elles se représentent et d'ailleurs c'est pour ça que sur les photos
40:02du podium, toutes les photos, on ne voit que moi qui est en larmes et les gens ne comprennent
40:07pas.
40:08Ils me disent, mais pourquoi ? Je dis, mais vous ne vous rendez pas compte parce que moi
40:10mon rêve c'était d'emmener mon sport sur le toit de l'Olympe, c'était ça, j'avais
40:15envie de faire comme Marie-Jo, c'était mon but ultime, c'était mon rêve ultime et donc
40:21je mesure ça, il y a cette déception qui est très forte et puis surtout je prends
40:27de l'âge et puis je me dis, on ne sait jamais, on ne sait jamais, on ne sait jamais et je
40:32surtout, après avoir vécu les déceptions de Londres, j'ai mis énormément de temps
40:37à me remettre de ce quart de finale perdu, je repense à la souffrance que les filles
40:44ont eue à Pékin, voilà, ça fait partie de l'histoire mais on était un groupe qui
40:51n'avait pas vécu toutes ces déceptions, il n'y avait pas énormément de filles qui
40:53avaient vécu ça, cette douleur de perdre et de ne pas finalement au bord du premier
41:00carré et peut-être d'accrocher une médaille mais moi j'avais ça accroché au cœur, j'avais
41:04ça accroché aux chevilles et j'ai essayé de transmettre ça aux filles à Rio en leur
41:09disant, on ne sait pas, donc mesurez cette chance parce que peut-être que dans quatre
41:15ans, vous ne serez pas partie de l'aventure et on ne sait pas si on sera qualifié, même
41:22si ce n'était jamais arrivé, on ne sait jamais et voilà, et donc grosse, grosse douleur,
41:28grosse, grosse douleur parce que je prends de l'âge, il ne faut pas se mentir et donc
41:34je mesure qu'à quatre ans c'est long et puis qu'il peut se passer encore beaucoup
41:39de choses.
41:40Intéressant que vous évoquiez ce cycle olympique parce que finalement, il va être jalonné
41:46de rose, ça je ne sais pas, mais jalonné de succès derrière ce que vous qualifiez
41:49d'échec et vos larmes le disent puisque quelques mois plus tard, vous êtes non pas
41:56au Panthéon de l'Olympe, mais vous êtes enfin le monde à vos pieds avec ces championnats
42:02du monde en 2017, les deuxièmes de l'histoire des bleus, vous le dites, 2003 avait été
42:07un souvenir d'enfant, là vous êtes plus qu'actrice de ce rendez-vous en 2017, en
42:13plus face aux tenantes du titre norvégienne, ça quand on a la cocarde un peu, on est tous
42:18très heureux à ce moment-là, si je dis, vous êtes champion du monde, enfin, est-ce
42:23que j'abuse ? Non, c'est votre sentiment, il y a une forme de soulagement, d'accomplissement.
42:27De soulagement, deux fois avant cette finale, on joue deux finales, on perd deux fois sur
42:35coup du coup, et puis là c'est la délivrance quoi, enfin, enfin ce fameux titre, enfin
42:44un truc qui vient marquer définitivement l'empreinte.
42:48Alors, on l'évoquait brièvement tout à l'heure avec notre témoin Amélie, c'est
42:54qui plus est un mondial qui, je suis désolé de vous le dire, comme ça, dans des termes
42:59de très bassement humain, qui ne vous est pas promis, quatre mois avant, le 10 juillet,
43:05vous êtes sur une table d'opération en train de vous faire chatouiller une cheville,
43:09rupture ligamentaire en juillet, 100 jours plus tard, vous êtes en Allemagne pour disputer
43:15ce championnat.
43:16On parlait de cette capacité qui force le respect à braver l'impossible, là c'est
43:23un exemple assez tangible.
43:25Qu'est-ce qui se passe dans votre tête quand vous faites le point avec le chirurgien là,
43:29et que vous avez cette possibilité qui arrive ? Est-ce que la possibilité survient déjà
43:34? J'ai gratté surtout ! J'ai gratté, honnêtement
43:38je ne pensais pas du tout participer à ce mondial-là, parce qu'on avait, avec le
43:42chirurgien, il en avait déduit que j'en avais pour 6-9 mois, mais ça c'était avant
43:48les examens, avant qu'il aille trifouiller dans la cheville, donc c'est des médecins
43:55et c'est des chirs, donc ils ne voient plus toutes les choses du côté pessimiste, justement
44:00pour éviter que les athlètes prennent ça pour un argent comptant, et puis je me fais
44:07opérer au mois de juillet, et puis là je me fais opérer par Stéphane Guillot à la
44:12Clinique des Sports à Bordeaux, super chir, et puis il me dit, tu sais maintenant on n'opère
44:18plus la scelle ouverte, donc on ne vous ouvre plus complètement la cheville comme ça se
44:21faisait avant, et il me dit, on te fait une ligamento, c'est un truc, voilà, c'est
44:26Arthro, on te fait, c'est plus, exactement, c'est plus rapide, moins douloureux, et puis
44:32du coup tu peux très rapidement, immédiatement reposer le pied, donc pas à 100%, t'as une
44:39botte, mais c'est ce qui fait la différence par rapport aux techniques, aux anciennes
44:44techniques.
44:45Ce n'est pas tomber dans l'oreille d'un sourd.
44:46Exactement.
44:47Et puis il me dit, je le vois après le soin, il me dit oui, bah super, il m'a dit écoute
44:52c'est moins grave que ce que je pensais, ça s'est très bien passé, il me dit 6
44:56mois, la rééducation se passe super bien, je recours après 2 mois, à 2 mois je recours,
45:02et je sens que ça cicatrise bien, et je n'ai pas d'embuts, je n'ai pas d'obstacles
45:06sur la rééducation, et je me dis, on prévient le sélectionneur peut-être, génial, donc
45:09déjà je pars au chir, il me dit ouais c'est possible, il me dit attention, il me dit prochaine
45:14étape, c'était fin septembre, début octobre, c'était le moment, le feu vert pour savoir
45:19si je peux justement engager cette préparation, éclair, préparation physique, il donne le
45:26feu vert, il voit ma cheville, il me donne le feu vert, et donc là du coup je pars juste
45:30après pendant 3 semaines avec un staff, une de mes meilleures amies qui est kiné,
45:34et je lui dis ouais ça te tente, il me dit ouais ça me branche, on y va, donc je pars
45:37dans les Alpes à Tingues, et j'avais mon préparateur physique que j'avais rencontré
45:41quand j'étais à Bayamaré en Roumanie, qui était super, et il m'a dit ouais ça me
45:44bosse, ça me tente, et je prends les deux, et je pars à Tingues pendant 3 semaines,
45:48et je me retape, je me prépare, montagne bien choisie bien sûr, vous n'imaginez pas
45:53au hasard, puisque j'ai du retard et donc je vais en altitude.
45:59C'est du roquis ce que vous nous racontez là.
46:01Non mais, c'est moi finalement, moi ça me surprend pas, c'est normal, j'appelle
46:07Philippe Banna qui était d'ETN à l'époque à la fenêtre, et il me dit ouais pas de
46:12souci, en plus on a un partenariat, on a un truc, voilà, et il me dit ouais c'est
46:16du comme d'hab, et voilà, et donc il me dit pas de souci, j'ai le feu vert, Olivier
46:21est autocourant, il m'a dit on fera un check sur le début de la préparation du
46:28mondial, j'arrive, ça se passe bien, je suis en place, petit à petit je reprends
46:33mes marques, je fais pas le premier match de préparation, je fais celui du dimanche,
46:39je me rappelle c'était à Coubertin, ça se passe bien, et puis départ pour le mondial.
46:44Départ pour le mondial, et cette compétition qui est remportée, cette rubrique s'appelle
46:50la tête et les jambes, parce qu'elle interroge les jambes et cette préparation, et puis
46:55elle interroge aussi votre réflexion par rapport à ce que vous faites et à votre
46:58discipline.
46:59Vous remportez ce titre, c'est donc un soulagement, un aboutissement, vous êtes reçu à l'Elysée,
47:04et grosso modo le discours du président Macron à ce moment-là c'est non mais ne vous relâchez
47:10pas, il y a un euro à venir en France, pas question, entre guillemets, évidemment ce
47:14ne sont pas les mots pour mots utilisés, mais en gros, gagnez-le, il n'y a pas de
47:20question d'échec.
47:22Banaliser cet exploit, après avoir entendu le récit de votre retour comme ça, c'est
47:28compliqué à accepter, ou vous avez conscience d'être dans un sport qui a besoin de résultats
47:32pour faire pâdler de lui, vous, pour faire parler de vous, mener votre carrière à bien,
47:36et c'est un peu fataliste que vous vous dites « ok, on va remettre le nez dans le guidon
47:40alors ».
47:41Oui, on n'a pas le choix.
47:42Je l'ai accepté, ça fait partie du cheminement et de tout, j'ai vraiment cette sensation
47:49qu'on ne peut pas faire sans.
47:51Vous y arrivez en tout cas.
47:57Oui, c'est marrant, quand on fait toute cette introspection de tout ce qui s'est passé,
48:04on retourne dans le passé et on se dit « j'ai fait ça aussi, ça » et puis il y a des
48:09choses qu'on finit par oublier.
48:11Parce que vous foncez vers un titre de championne d'Europe à domicile, en 2018, une compétition
48:20assez exceptionnelle à tout point de vue, mais il y a quand même encore des larmes
48:24de tristesse en tout cas, parce qu'il y a ce rendez-vous et un pénalty que vous inscrivez
48:31au début de la deuxième période, un geste, un shaballah des plus anodins, sauf qu'on
48:38juge, un arbitre juge qu'il est volontairement dirigé vers le visage effleuré de la gardienne
48:44adverse.
48:45Vous prenez un carton rouge.
48:46Tout à fait.
48:47Votre rencontre est terminée.
48:48Exactement.
48:50J'ai tendance, je ne crois pas du tout au déterminisme ou au fatalisme, ça fait encore
48:53une fois beaucoup pour les finales, mais surtout les photos de ces larmes, elles disent quoi ?
48:58Elles disent du fait de ne plus pouvoir influer sur la rencontre, elles disent de l'injustice
49:03du moment.
49:04Qu'est-ce qui vous traverse ?
49:05Il y a trois choses.
49:06Le premier sentiment, c'est de pénaliser l'équipe, c'est le premier sentiment qui
49:12me traverse, c'est de dire que tu pénalises ton équipe.
49:16Deuxième sentiment, c'est celui d'injustice et le troisième, c'est celui de m'avoir
49:23enlevé, de m'avoir privée de ce moment si particulier dans une carrière.
49:28De pouvoir aller au bout d'un match, de pouvoir le célébrer.
49:33Et c'est d'autant plus fort que c'est le premier titre de champion d'Europe, de
49:39la France.
49:40Par rapport à ce que vous nous avez dit sur votre mimétisme avec Marie-José Pérec,
49:46d'aller chercher des records, des nouveautés avec votre… Oui, il y a quelques frissons.
49:49C'est quand même fait, même si c'est dans un contexte particulier.
49:54Puis, il y a le Saint-Graal, donc, dans la foulée.
49:56C'est à Tokyo, c'est 2021, c'est les JO, première médaille d'or, là encore,
50:03de l'histoire, des bleus.
50:05En finale face aux Russes, tiens, tiens, encore une fois, des habitués au final comme vous,
50:09comme les Norvégiennes, vous prenez votre revanche sur Rio, vous finissez meilleure
50:14marqueuse de la finale.
50:15Et puis, vous allez au bout, sept buts dans cette finale.
50:19Là, dans le rétro de ces trois minutes où on parle de ces trois titres majuscules, quel
50:27est l'accomplissement dont vous êtes le plus fier ?
50:29Question très journalistique, ça.
50:32Je suis désolé, je retrouve…
50:35Indéniablement, c'est Tokyo.
50:38Indéniablement, c'est Tokyo.
50:41Ce sentiment de libéré-délivré, il tient bien son propos à ce moment-là.
50:51C'est le plus bel accomplissement.
50:55J'ai réussi, j'ai réussi ce que je voulais réussir, avec cette équipe, avec cette
51:02équipe de France.
51:03J'ai cette médaille, enfin, en or.
51:09Donc, c'est très dur à décrire.
51:12Ce n'est pas la Reine des Neiges, mais c'est la Reine d'Aubert, quand même, du coup,
51:16qui rejaillit là.
51:17Et une carrière dont vous avez voulu parler aussi.
51:22Vous êtes la première joueuse de handball en France, en tout cas, à sortir un livre,
51:26« Ali, histoire d'une championne » aux éditions Les Sportives.
51:29Il est encore à l'imprimerie, à l'heure où nous nous trouvons, mais il sera sorti
51:34au moment où nos téléspectateurs découvriront cette émission et cette interview.
51:39Quel était l'objectif, en l'écrivant, de vous raconter, de transmettre certaines
51:49choses qui ont fait la championne que vous êtes aujourd'hui ?
51:51Exactement.
51:52C'est donner des réponses, finalement, à énormément de questions, me réconcilier
52:00avec certaines choses.
52:01Je ne me suis jamais épanchée sur tous les obstacles que j'ai rencontrés dans ma carrière.
52:09J'ai entretenu quand même une relation assez compliquée, je dirais, avec le public français.
52:15Je pense que pendant longtemps, j'ai été incomprise et c'est donner des réponses
52:22à tout ça.
52:23Est-ce que le handball vous a apporté autant que ce que vous lui avez donné et qu'on
52:28a pu voir en 50 minutes, tous les deux ?
52:30Oui, je pense.
52:32Vous êtes là où vous voulez en être, tant qu'il y a quelque chose très jeune ?
52:37Oui, je pense.
52:38Honnêtement, ce que le handball m'a apporté, ça ne se mesure pas qu'avec les médailles,
52:46les titres, les injustices, mais ça aussi, c'est toutes les personnes que j'ai rencontrées
52:51sur mon chemin.
52:52Le sport, c'est l'école de la vie pour moi.
52:57Donc oui, le handball m'a énormément apporté, m'a façonné, m'a aidé à devenir la femme
53:03que je suis aujourd'hui.
53:04Si on refait une émission dans cinq ans, ensemble, vous aimeriez autre chose de plus
53:12dans cette carrière, dans cette partie-là, en tout cas, le handball ?
53:16Oui, oui.
53:17Tout à fait.
53:18Un titre olympique à la maison, histoire de faire un doublé et puis de partir la tête
53:23haute.
53:24Je pense à la hauteur de ma carrière.
53:28Vous n'avez pas participé au dernier mondial.
53:31Paris 2024 est encore bien ancré dans votre volonté, je l'entends.
53:36Vous êtes toujours en lien avec le sélectionneur Olivier Krumbels, vous vous échangez ?
53:40Ça fait quelques mois que je ne l'ai pas eu au téléphone, on n'a pas échangé.
53:45Mais de toute manière, ce n'est pas là que ça se situe, c'est plutôt le terrain.
53:50Ça se passe donc du côté de la Slovénie pour vous.
53:54À Crimees, est-ce qu'il y aura un retour en France pour boucler la boucle, un nouveau
53:58retour au club français, peut-être après Paris ?
54:02Je ne pense pas, je ne pense pas honnêtement, à part grand revirement de situation.
54:08Vous voyez un point final parisien, c'est ça ?
54:10Voilà, je pense.
54:11J'ai commencé ma première compétition internationale, c'était le mondial 2007 en France.
54:16La meilleure des manières, la plus belle des manières aujourd'hui de clôturer ce
54:19livre de ma première vie, ce serait à Paris en 2024.
54:24Avec un livre aussi tangible, concret.
54:27C'est une belle histoire.
54:29Je crois que la suite d'ailleurs est déjà plus ou moins préparée avec un cursus finance.
54:32Pas que, mais ça en fait partie.
54:35Très bien, on suivra vos innombrables projets évidemment.
54:40Vous vous êtes trouvée comment pendant cette heure ? Vous vous mettez une note à cette
54:44interview ? Vous vous êtes trouvée bonne ?
54:47Je me suis trouvée bonne.
54:48J'ai trouvé que c'était vraiment sympa et cool cet échange.
54:51C'est toujours un exercice assez particulier de retracer sa carrière, les différents moments,
54:57les bonnes périodes, les périodes moins bonnes, et puis de toujours ajouter un petit
55:02peu ce côté anecdotique, de faire intervenir quelqu'un qui nous connaît bien.
55:06C'est vraiment cool comme format, j'aime bien finalement ce regard détaché de tout
55:12ce qui s'est passé.
55:13Et cette photo qui figure dans votre livre donc, avec ce palmarès, mais on l'a dit,
55:18pas que.
55:19Une question rituelle qu'on a posée aux champions qui se sont succédés.
55:24Alexis Pintureau, Steven Dacosta, qui ont été dans ce fauteuil avant vous.
55:28C'est quoi pour vous un champion, une championne ? Vous avez tout à l'heure dressé le portrait
55:33de Marie-Jo Pérec, qui incarne j'imagine du coup ses valeurs.
55:37Comment vous les verbaliseriez ? Justement, qu'est-ce qu'elles représentent pour vous
55:43Pour moi, Marie-Jo, c'était iconique, c'était l'icône.
55:49C'est une femme qui est venue de son île, qui a fait quelque chose d'extraordinaire.
55:58Elle demeure jusqu'à aujourd'hui, c'est la seule athlète à avoir remporté trois
56:03titres olympiques sur la même Olympiade.
56:06C'est extraordinaire et c'est fabuleux.
56:11L'athlète, on sait aujourd'hui combien notre athlétisme souffre.
56:18C'est pour dire la grandeur de ce qu'elle est, mais aussi la difficulté que c'est
56:24d'accomplir une telle chose.
56:27Un champion, c'est beaucoup de choses.
56:31On parle beaucoup de l'athlète, mais il faut aussi parler de l'être humain qui
56:37se cache derrière cette athlète.
56:39Un champion, c'est quelqu'un qui arrive à aligner toutes ces choses ensemble.
56:47Cet athlète, l'être humain, ses émotions, et toujours repousser ses limites.
56:53Il y a ce côté, il faut travailler dur, mais il faut être intelligent.
57:00Et il ne faut pas l'oublier.
57:02Avant, on fonctionnait beaucoup de cette manière, on faisait beaucoup de volume,
57:05de travail.
57:07On se rend compte qu'aujourd'hui, ce qui fait la différence, c'est le détail.
57:12Il y a un dicton que je me dis souvent, c'est quand tu as fait ce que tu as toujours fait,
57:19tu obtiens le résultat que tu as toujours obtenu.
57:22Si tu veux réussir à faire quelque chose que tu n'as jamais fait, commence à faire
57:26quelque chose que tu n'as jamais fait.
57:28Je crois que c'est un dicton qui dit beaucoup de l'athlète et surtout de la personne
57:32que vous êtes, Alison, à l'aune de tout ça.
57:35Je pense qu'on peut dire que vous faites partie, comme Marie-Jo, des championnes de la France
57:40et que la France a connue.
57:42Marie-Jo Perret, qui préface d'ailleurs votre livre sorti le 16 janvier.
57:48Merci d'avoir été avec nous pour partager ce moment, Alison Pinault.
57:52Merci à toi.
57:53Ça a été un vrai plaisir.
57:54Merci aussi à François, à Gwendoline, à Julien, à Amélie, à Sandrine,
57:59qui dans les coulisses ont permis à cette émission de se réaliser.
58:03Vous restez connectés de votre côté évidemment à toute l'actu de Sport en France
58:07sur l'appli et sur le site internet.
58:10Quant à nous, on se retrouve dans 15 jours pour un nouveau numéro du Club.
58:13Bye bye.
58:29Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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