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Transcription
00:00Europe 1 spéciale législative de 14h à 16h la suite avec l'interview de Patrick Cannaire qui répond aux questions d'Alexis Delafontaine.
00:11Bonjour monsieur Cannaire. Bonjour monsieur Delafontaine. Vous êtes président du groupe socialiste au Sénat, tout d'abord est-ce que vous êtes inquiet à l'approche de ce premier tour ?
00:20Oui, vraiment très inquiet. Très inquiet, je pense que le pays est en train de passer d'un état de sidération
00:27à une forme de colère
00:30et la colère n'est pas toujours la meilleure conseillère.
00:34Monsieur Macron a pris une décision terrible le 9 juin
00:38contre l'avis de tout le monde. Manifestement, vous savez, moi j'ai eu un contact avec Gérard Larcher qui à 20h10 a été appelé par Emmanuel Macron.
00:46Vous savez que la Constitution prévoit qu'il doit
00:50consulter le Premier ministre et les présidents des deux chambres. En fait, il n'a fait qu'informer Gérard Larcher de sa décision, il n'y a même pas eu
00:58moindre dialogue. Donc voilà, un président jupitérien sûrement
01:03choqué du fait que les Français lui ont montré un désamour
01:08le 9 juin dernier avec différents moyens électoraux et voilà comme...
01:14Excusez-moi, je vais être un peu direct, on est sûr, comme un sale gosse, il a cassé son jouet.
01:20Mais ce n'est pas démocratique, ce n'est pas démocratique de redonner la parole au peuple ?
01:25Je voulais... Donner la parole au peuple doit tenir compte aussi du contexte.
01:31Ce n'est pas une dissolution de confort comme celle qu'on a pu connaître de fait en 1997 avec des résultats étonnants pour
01:39Jacques Chirac. Mais là, tout d'abord, les Français,
01:43qu'est-ce qu'ils souhaitaient les Français ? Ils souhaitaient d'abord être tranquilles, après avoir exprimé leur mécontentement,
01:49penser à regarder tranquillement l'Euro, de regarder le Tour de France,
01:51de regarder les Jeux Olympiques, de préparer les vacances. Et là, bada-boum, on crée un climat d'anxiété
01:58totale qui, et bien sûr, est un acte démocratique au sens constitutionnel du terme,
02:03prévu par article 12, moi j'ai aucun problème là-dessus. Mais je le dis très simplement,
02:08on crée un climat d'anxiété qui est source aujourd'hui de colère, de libération de parole,
02:14de mots forts, voire même très forts, on en reparlera tout à l'heure, qui sont inquiétants pour
02:20le bon fonctionnement de la République. La démocratie fait partie intégrante de la République, mais
02:26la République n'est pas bonne.
02:27Est-ce que, comme Al Nidalgo, vous auriez préféré que le Président dissout l'Assemblée Nationale après les Jeux Olympiques ?
02:33Moi, ce que j'aurais préféré, c'est que cette dissolution
02:38ne soit pas l'acte d'un homme seul, mais finalement la conséquence politique
02:43d'un acte parlementaire qui aurait pu être une motion de censure.
02:47Voyez, le Parlement, encore une fois, est totalement passé à la trappe, parce que bon, il a toujours passé à la trappe, et ainsi que le corps intermédiaire.
02:54Emmanuel Macron, c'est vraiment l'homme seul sur son piédestal et qui pense à ma raison, surtout tout le temps, contre tout le monde.
03:00Et là,
03:02manifestement, il s'est dit, je suis le maître des horloges, vous vous rappelez cette expression, du maître des horloges, et je vais
03:09dissoudre et je vais leur balancer.
03:12Je pense que cette phrase a été contestée, mais je ne suis pas certain qu'elle n'ait pas été prononcée.
03:16Je vais leur balancer une grenade dégoupillée dans les jambes, et on verra bien ce qu'on verra.
03:21C'est dit le 10 avril, le 10 juin, pardon, dit le 10 juin
03:26à Radio-Sur-Glane.
03:28Le symbole n'est pas neutre en la matière. Donc Emmanuel Macron est un apprenti sorcier, un aroseur arosé,
03:34un pompier pyromane, vous choisirez, vous allez peut-être d'ailleurs les trois à la fois.
03:39Et notre pays aujourd'hui n'avait pas besoin de ça, ni sur le plan économique, vous avez vu un peu la réaction du monde économique,
03:45ni sur le plan social.
03:47Voilà, il fallait tranquillement attendre le moment de vérité qui était, c'est vrai, le projet de loi de finances pour
03:532025. On a voté un projet de loi de finances 2024 qui n'est ni juste ni sincère.
03:59Et on aurait pu avoir une sanction, mais qui passe par, j'ai envie de dire, les fourches codines naturelles dans une démocratie, à savoir le Parlement.
04:08Emmanuel Macron a voulu créer un dialogue immédiat entre lui et le peuple,
04:13très bien, et il transforme finalement, permettez-moi l'expression,
04:16les deux tours de législative en second tour de l'élection européenne. Et quelque part, il transforme son rôle
04:23dans une logique de plébiscite. C'est moi ou le chaos ?
04:26C'est moi ou le chaos ? Non, monsieur Macron, c'est pas possible.
04:29Justement, en parlant du chaos, dimanche soir, Marine Le Pen dit craindre des manifestations, voire des émeutes,
04:34s'ils sont partis, le Rassemblement National, remporter ce premier tour. Est-ce que vous comprenez ses craintes ?
04:40En tout cas, moi, je condamnerai toute forme de violence.
04:42Je vous le dis, la démocratie s'exprimera dans les conditions que je viens de vous évoquer, qui ne sont pas idéales, loin de là,
04:48provoquées par un homme trop seul et mal conseillé, si ce n'est par lui-même.
04:53Mais alors, vous dites qu'il faudra respecter l'ordre républicain et le résultat des urnes, peu importe le prix ?
04:58Bien sûr, écoutez, moi, je suis un social-démocrate, je respecte nos institutions.
05:03Le Président a dit tout, les Français vont s'exprimer.
05:07Moi, je ne souhaite pas de débordements, je dirais même que je les condamne, comme j'ai pu condamner les débordements d'il y a à peine un an maintenant,
05:14dans certains quartiers de notre pays. La violence n'est en aucun cas une réponse. Par contre, que les partis
05:22de gauche, les partis républicains, qui ne seront pas dans cette éventuelle majorité, que je continue à me battre contre elle,
05:28je tiens à vous le dire, moi, j'étais ce matin dans le Dunkerquois, je serai tout à l'heure
05:32dans une circonscription lilloise, dans des manifestations ce soir aussi à Lille.
05:38Même si les sondages
05:40commencent à donner une tendance,
05:42moi, je considère que le jeu n'est pas plié.
05:44Justement, parlons des sondages. Dans le dernier sondage Europe 1, l'Euro-Assemblée nationale est à 35 %, le Front Populaire derrière à 28 %
05:50et la Macronie à 20 % en 3e place. Mais aucun de ces trois blocs n'obtient de majorité absolue.
05:56Est-ce que alors, le 7 juillet, la France sera ingouvernable sans majorité absolue ?
06:00Il y a un risque. Il y a un risque d'avoir une situation improbable sous la 5e en public.
06:07Certains mêmes évoquent la notion d'un gouvernement technique pour tenir un an jusqu'à une prochaine dissolution.
06:13Vous voyez dans quel état le pays sera, alors qu'on doit sortir des crises successives que nous avons connues, y compris les crises sanitaires,
06:20qu'on va accueillir les Jeux Olympiques, la plus grande manifestation qui va être regardée par 3 milliards, voire 4 milliards de personnes dans le monde,
06:27et on serait dans une situation politique ingérable.
06:30Mais c'est quoi cette plaisanterie ? Voilà, encore une fois, on ne joue pas la République au dé, comme l'a fait Emmanuel Macron.
06:37Donc, moi, je souhaite qu'il y ait une majorité, et moi, je me bats pour que ce soit une majorité de progrès.
06:43La Macronie est morte le 9 juin dernier. La Macronie est morte, je le répète, le 9 juin dernier, par une décision brutale et sûrement incontrôlée,
06:53qui est quasiment une sorte de réflexe de survie de M. Macron, mais encore une fois, j'ai envie de dire, la vie politique de M. Macron ne m'intéresse pas.
07:02Moi, ce qui m'intéresse, c'est l'avenir du pays, c'est pas les, entre guillemets, les...
07:08Vous ne lui demandez pas de démissionner, le 7 juillet, s'il y perd ?
07:12Non, non, non, parce que là, je veux dire, ce serait rajouter, excusez-moi l'expression très populaire, du bordel au bordel.
07:18Enfin, vraiment, je pense qu'il doit tenir et qu'il doit assumer sa décision. D'ailleurs, parfois, je me demande si son rêve secret, inavoué,
07:28ce ne serait pas de gouverner le pays, enfin, en tout cas, d'être dans une logique de cohabitation et d'être le seul face à l'extrême droite.
07:37Le dernier rempart, c'est ça.
07:39Le dernier rempart, mais je vais vous rappeler quelque chose, quand même.
07:42M. Macron n'a pas été élu comme, par exemple, François Hollande face à un candidat de droite classique, Nicolas Sarkozy.
07:49Et le mot classique n'est pas péjoratif dans ma bouche.
07:51Il a été élu deux fois face à l'extrême droite et avec les voix de qui ? Avec les voix d'un front républicain qui n'a pas hésité.
07:58Moi, j'ai voté deux fois au second tour, Emmanuel Macron et ma main n'a pas tremblé,
08:01comme des centaines de milliers, des millions de Français qui ne voulaient pas de l'extrême droite.
08:06Donc, il oublie comment son élection s'est faite, tant en 2017 qu'en 2022.
08:11Et moi, je n'oublie pas, par contre, et j'ai retrouvé cette phrase terrible de son élection, je crois que c'était le 7 mai 2017,
08:21où il dit devant la pyramide du Louvre, j'ai la phrase sous les yeux, je vous la donne à nos auditeurs,
08:27je ferai tout dans les cinq années qui viennent pour qu'il n'y ait plus aucune raison de voter pour les extrêmes.
08:32Bravo de retour là.
08:34C'est sûr qu'il a échoué.
08:35Au second tour, il y aura certainement soit des triangulaires, soit des duels avec des candidats du Rassemblement national.
08:41Est-ce que vous, vous souhaitez, ou du moins vous plaitez, pour un accord avec la majorité présidentielle,
08:47pour un retrait systématique des candidats en troisième position, pour justement faire barrage au Rassemblement national,
08:53comme par exemple l'a demandé Marine Tendelier, la chef des écologistes ?
08:56Je vous réponds avec un élément arithmétique.
08:59On annonce environ 65% de participation, ce qui serait beaucoup plus qu'en 2022 où on avait atteint à peine les 50%.
09:06Les fondeurs estiment que 65% de participation, c'est grosso modo une centaine de triangulaires.
09:11Eh bien moi, je le dis à votre antenne, comme les leaders socialistes l'ont toujours dit et l'ont toujours pratiqué,
09:18s'il y a une triangulaire et si nous arrivons en troisième position et qu'il y a un risque,
09:22Rassemblement national, il faut se légister au profit du candidat républicain le mieux placé.
09:26Voilà, c'est clair.
09:27Et je dis bien « désistement ».
09:29Je dis bien « désistement », je ne dis pas aucune voix au RN.
09:33Parfois, j'entends nos partenaires de l'EFI dire « aucune voix au RN », ça ne suffit pas.
09:38« Aucune voix au RN », ça peut être une simple abstention ou un vote blanc.
09:42Donc moi, je dis « désistement », c'est-à-dire qu'on va se déplacer et on vote pour le candidat qui est le mieux placé pour battre le Rassemblement national.
09:50On l'a toujours fait, personne ne peut nous accuser d'avoir pratiqué l'inverse dans toutes nos décisions depuis la Ve République.
09:57Et je demande, je demande effectivement à celui qui a été élu grâce à ce fonds républicain,
10:04je lui demande de pratiquer un retour sur investissement puisqu'il a dit « fou », qu'il assume cette dissolution et qu'il dit « il faut faire barrage au Rassemblement national ».
10:14Lui qui a fait du Rassemblement national son, enfin je ne vais pas dire son partenaire, le mot serait trop fort,
10:19mais c'est un duo qui est devenu un duel ou un duel qui est devenu un duo, il a mis en valeur le RN,
10:26y compris dans le débat sur les européennes.
10:28Justement, Emmanuel Macron vous répond, il semblerait que la ligne actée par la majorité présidentielle soit ni RN ni LFI en mettant les deux extrêmes sur le même plan d'égalité.
10:40Est-ce que vous comprenez cette position lorsque le Président de la République dit « RN, LFI c'est les mêmes choses ».
10:46Non, je ne comprends pas, je condamne cela parce que LFI est un parti politique qui a signé un accord avec nous,
10:54avec quatre autres formations politiques, les Verts, le PS, le PC et Place Publique,
10:59et que donc dans cet accord, je ne sais pas combien il y aura de LFI dans d'éventuels triangulaires, et bien nous sommes solidaires.
11:05Donc si LFI, je souhaite que LFI soit claire aussi sur la notion de désistement,
11:10il n'y a aucune raison qu'il y ait une sorte de tri entre les bons et les moins bons ou les mauvais qui se situerait à gauche.
11:19Il faut savoir quel est le danger, il faut hiérarchiser les priorités,
11:23et moi je demande à Emmanuel Macron et à tous ceux qui l'accompagnent, puisqu'il est encore une fois responsable de la situation dans laquelle nous sommes,
11:28qu'il demande de prendre ses responsabilités.
11:30Patrick Cannaire, président du groupe socialiste au Sénat, répond aux questions d'Alexis de La Fontaine du service politique de repeint.

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