• il y a 6 mois
Une maison des femmes va ouvrir lundi prochain au CHU de Montpellier.
Un lieu d'accueil, adossé à l'hopital, réservé aux femmes, et destiné à effectuer une prise en charge médicale et psychologique de femmes victimes de violences physiques, sexuelles, psychologiques et même administratives.

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00:00retrouver sur notre site internet francebleu.fr.
00:03Notre invité, Guillaume Rouland, c'est le docteur Marion Garbet, au CHU de Montpellier.
00:09On va parler d'une maison des femmes qui va ouvrir lundi.
00:12Bonjour docteur Garbet, merci d'être venu nous rejoindre.
00:15C'est une première, premier lieu de ce type à Montpellier, même dans le département de l'Hérault,
00:20une maison des femmes qui ouvre donc ce lundi, lundi prochain, à Montpellier,
00:25en collaboration aussi avec des associations, notamment le centre d'information sur le droit des femmes et des familles,
00:33qui est très impliqué, et cette maison des femmes a pour but d'assurer une prise en charge de toutes les violences
00:39subies par les femmes, violences physiques, sexuelles, psychologiques et même administratives.
00:43Alors c'est parti, comment cette affaire-là ? Expliquez-nous.
00:46Alors, on n'a rien inventé en fait, c'est quelque chose qui est né en Seine-Saint-Denis,
00:50sur l'initiative de Gada Hatem, qui est gynécologue obstétricien.
00:55Et qui a monté la première maison des femmes en Seine-Saint-Denis.
00:58L'idée était de proposer sur un même lieu une prise en charge pluridisciplinaire de ces femmes,
01:04et donc de pouvoir leur proposer à la fois un accueil médical, un soutien psychologique,
01:10des assistantes sociales et l'accès aux associations.
01:13Ça a extrêmement bien marché, si bien que ça a donné naissance à un collectif.
01:18Il y a aujourd'hui 12 maisons des femmes répertoriées sur le territoire, si je ne dis pas de bêtises.
01:24Et donc, on s'est inspiré de ce mode de fonctionnement, pour calquer ça dans les rots.
01:30Et c'est quand même 2000 femmes victimes de violences déclarées en 2022 dans les rots.
01:37Dans notre département.
01:38Dans notre département.
01:392000 femmes sur l'année 2022, 600 vues en médecine légale.
01:43Et donc c'est ce qui a poussé la direction du CHU de Montpellier,
01:46sur l'initiative d'Alexandre Alamy, qui est la marraine de notre maison des femmes,
01:50à monter ce projet.
01:52Le fait que cette maison soit adossée au CHU de Montpellier, ce n'est pas anodin ?
01:56Ce n'est pas anodin et c'est indispensable.
01:58C'est une caractéristique de toutes les maisons des femmes en France.
02:02C'est indispensable parce qu'on peut recevoir des femmes qui sont en situation d'urgence.
02:07On va avoir par exemple les femmes victimes de viols,
02:10qui doivent pouvoir recevoir les services de la médecine légale rapidement.
02:14C'est indispensable pour les traces ADN.
02:16C'était le cas avant, mais sauf que ça se faisait peut-être un peu plus
02:18dans une forme de confusion, de lenteur administrative, on va dire.
02:22Également, c'était très compliqué.
02:25Alors, il faut savoir que quand même tous les acteurs de soins
02:27sont toujours très volontaires pour faire le lien.
02:30Mais c'était très difficile pour ces femmes de passer d'un service à l'autre.
02:34Typiquement des urgences au commissariat pour porter plainte,
02:37à la médecine légale pour faire les prélèvements.
02:40Les psychologues étaient encore sur un autre lieu.
02:42Là, l'idée c'est vraiment de faciliter le parcours de ces femmes
02:45pour qu'elles puissent venir sur un seul lieu.
02:47Et que ce soit nous qui venions à elles.
02:49– Alors, violences physiques, sexuelles, on le disait.
02:51Violences psychologiques aussi ?
02:53– Oui, évidemment.
02:54C'est vraiment toute forme de violence, intrafamiliale, l'inceste, le viol.
02:58Mais aussi les violences psychologiques qui sont, je pense,
03:01souvent sous-estimées, sous-déclarées.
03:04– Ça veut dire quoi ?
03:04Qu'il y ait des psy de l'hôpital qui vont être là pour répondre à l'urgence ?
03:08– Oui, on aura des psychologues, évidemment, qui seront là.
03:11Et je pense que ce qui est très important aussi,
03:13c'est que ces femmes puissent se rendre compte qu'elles ne sont pas toutes seules.
03:17Bien souvent, elles pensent qu'elles vivent ça dans leur coin et qu'elles sont seules.
03:20Et donc, on aura aussi des groupes de parole, grâce aux associations,
03:23grâce aux bénévoles qui vont faire un très gros travail dans notre maison des femmes,
03:27pour qu'elles puissent être en lien et discuter entre elles,
03:30ce qui va les aider aussi à avancer.
03:32– J'ai même vu « violences administratives ».
03:35– On a vraiment tout type de violences, parce que ce n'est pas les mieux représentées.
03:37– C'est quoi la violence administrative, docteur Gervais ?
03:40– En fait, il y a vraiment beaucoup de choses.
03:41Souvent, dans le domaine intraconjugal,
03:44les violences peuvent prendre beaucoup de formes différentes.
03:47Quand le conjoint est en possession des documents administratifs de sa compagne,
03:51il a un énorme poids sur elle, en fait.
03:54Quand c'est lui qui garde ses papiers d'identité,
03:57quand c'est lui qui garde sa carte bleue,
03:59elle est complètement dans l'impossibilité de faire une quelconque démarche,
04:03ne serait-ce que pour sortir de son lieu de vie
04:07et essayer de prendre ses distances avec ces formes de violences.
04:10Et il ne faut surtout pas oublier les enfants
04:12qui sont systématiquement co-victimes de ces violences.
04:15– Du coup, vous allez faire quoi par rapport à ces problématiques-là ?
04:18Il y a des gens aussi qui seront capables d'intervenir
04:21en soutien de ces femmes totalement administrativo-dépendantes, on va dire ?
04:27– Je pense que ce qui est important de souligner,
04:28c'est qu'on va pouvoir prendre en charge ces femmes,
04:31quel que soit leur statut administratif,
04:33qu'elles soient en possession de leurs papiers ou pas.
04:36L'objectif, c'est qu'on puisse prendre en charge tout le monde.
04:39Sur place, elles vont bénéficier de l'aide,
04:41notamment des associations juridiques.
04:44Vous avez parlé du CIDFF, il y a France Victime 34,
04:47on espère avoir des permanences d'avocats,
04:49le lien avec la justice va être très fort,
04:51on a une convention qui doit se signer aujourd'hui.
04:54Et l'objectif, oui, c'est de pouvoir accompagner ces femmes,
04:57même quand elles ne sont pas en possession de leurs papiers.
04:59– C'est vraiment très très complet ce que vous proposez comme prise en charge.
05:01– C'est notre objectif, et c'est un très très beau projet
05:05qui va se monter petit à petit, comme tout projet.
05:07– Ça ouvre lundi, mais là, je démarre.
05:09– Ça ouvre lundi, on reçoit les premières femmes à partir de lundi.
05:12– Et ce sera du 7 jours sur 7, et j'irai même du 24h sur 24 ?
05:15– Malheureusement, pour le moment, non.
05:17Après, comme tout projet, on a pour objectif qu'il l'augmente.
05:21Pour le moment, ce sera du lundi au vendredi, de 9h à 16h30,
05:25sachant qu'évidemment, il y a toujours une astreinte,
05:28grâce aux urgences du CHU et grâce à l'astreinte de médecine légale,
05:3124h sur 24 et 7 jours sur 7.
05:34– Oui, c'est-à-dire qu'éventuellement, pour une arrivée ou une présence nocturne,
05:38c'est des urgences qui peuvent gérer dans un premier temps
05:40et rebasculer ensuite le lendemain matin sur la maison des femmes.
05:44– Oui, parce qu'on sait bien que les violences,
05:46elles ne s'arrêtent pas le week-end,
05:47voire même, elles peuvent avoir une recrudescence le week-end.
05:49Ces femmes peuvent être accueillies aux urgences
05:51et être réorientées vers notre maison des femmes le lundi matin
05:55pour la suite de la prise en charge.
05:57– Eh bien, merci d'être venue nous en parler ce matin,
05:59docteur Marion Garbet, gynécologue au CHU de Montpellier
06:02et donc une des chevilles ouvrières, on va dire,
06:05de cette maison des femmes qui ouvre ses portes lundi.
06:07Où exactement au CHU ?
06:09– 1065 Avenue de la Pompignane,
06:11donc c'est lié au CHU mais c'est hors les murs.
06:14– Très bien, merci d'être venue nous en parler ce matin, bonne journée à vous.
06:16– Merci.

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