• il y a 6 mois
Le programme économique du Nouveau Front populaire prend le revers de ses concurrents Renaissance et Rassemblement national, en misant sur une "relance keynésienne" qui stimulerait l’économie en augmentant la dépense publique. Jean Pisani-Ferry, professeur d’économie à Sciences-Po et responsable du programme de la campagne d’Emmanuel Macron en 2017, et Michaël Zemmour, chercheur en économie à l’université Lumière-Lyon 2, en débattent devant les caméras du "Nouvel Obs".

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Transcription
00:00Personne ne se dit que le programme va être appliqué en creusant davantage le déficit.
00:04Le Nouveau Front Populaire dit qu'on va réduire le déficit par deux moyens,
00:07les recettes et la croissance,
00:09et ça nous donnera des marges de manœuvre pour faire aussi des dépenses.
00:12Les mesures du programme, si on suit cette trajectoire-là,
00:15sont conditionnelles en partie au succès au fur et à mesure que ça avance.
00:19Alors après, est-ce que c'est pertinent d'avoir une politique de ce type ?
00:22Oui, certainement, parce qu'on est quand même en vraie phase de ralentissement macro.
00:27Donc dire qu'on va faire de la relance maintenant,
00:30c'est plutôt le bon moment de la faire.
00:32Ce qui est un pari à long terme, c'est qu'on a une productivité qui s'est effondrée.
00:35C'est-à-dire que la précédente stratégie pour gagner de la productivité n'a pas marché.
00:39On a augmenté l'emploi, mais on a quasiment dégradé la productivité d'autant.
00:43Et du coup, l'idée, c'est de dire qu'on va remonter en productivité
00:46en étant ambitieux sur les salaires.
00:49On va pousser les entreprises à mettre en place des processus de production
00:53qui créent davantage de valeur,
00:55et en faisant des investissements à long terme sur l'éducation,
00:59à court terme notamment sur la transition.
01:01Donc ça, ça me paraît une stratégie intéressante,
01:03mais ça reste un pari, parce que c'est à 2 ans, 3 ans, 4 ans qu'on va laisser ça marcher.
01:08Oui, je pense que vous avez raison de parler de productivité.
01:11Sur le contexte actuel, évidemment, on subit l'effet de la hausse des taux de la BCE.
01:19C'est ce qu'elle a fait pour répondre au pic d'inflation.
01:22Et elle a entamé la baisse des taux, elle va continuer la baisse des taux.
01:26Donc de ce point de vue-là, normalement, on devrait avoir un contexte qui s'améliore.
01:32Ça, c'est une chose.
01:33Sur l'état du chômage keynésien,
01:36moi, j'ai de la sympathie pour l'idée qu'il faut tester les limites de l'économie.
01:43Il faut aller voir jusqu'où on peut pousser la réduction du chômage
01:47et l'augmentation du taux d'emploi.
01:49Parce que les Américains appellent la stratégie de la haute pression.
01:51Et ça donne des résultats aux États-Unis.
01:53La grande différence, c'est qu'en France, on est dans une union monétaire.
01:56Pour l'Union européenne dans son ensemble, il faut effectivement aller dans cette direction.
02:01Pour la France toute seule, je pense que ce n'est pas une bonne idée.
02:04Le problème de productivité, c'est un problème européen.
02:07L'écart de productivité avec les États-Unis est devenu extrêmement important.
02:11Les réponses, elles sont en partie européennes.
02:14Je trouve que dans le programme, il y a aussi une absence à peu près complète d'idées
02:19sur ce qu'il faut faire en Europe.
02:21C'est plutôt, on fait en France et on essaie de se protéger
02:24des mauvais coups que pourrait nous porter l'Union européenne.
02:27Je suis d'accord sur le ralentissement économique.
02:30Il vient en partie de la hausse des taux.
02:33Il y a eu un arbitrage en disant, on va refaire un peu de chômage pour juguler l'inflation.
02:38C'était un choix politique en tant que tel et c'était le choix de l'ABCE.
02:43C'est là où la trajectoire du gouvernement actuel est peu discutable.
02:46C'est qu'on ne peut pas dire, on va faire de la croissance
02:48et en même temps, on va couper les dépenses publiques fortement.
02:51La trajectoire alternative, c'est plutôt une trajectoire de relance.

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