Le temps a presque effacé l'histoire que je vais vous raconter aujourd'hui. Ce fut pourtant l'un des crimes les plus épouvantables du début de l'été 1983. Une vieille dame des plus modestes assassinée dans une commune normande, à la périphérie de Cherbourg, de la façon la plus barbare qui soit. Décapitée après avoir été attaquée. Elle s'appelait Antoinette Lenepveu et était âgée de 80 ans. Une affaire non élucidée que le pôle dédié aux cold cases, à Nanterre, vient de récupérer.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 26 juin 2024.
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00:0014h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL, Jean-Alphonse Richard.
00:06Le crime de la vallée de Quinquempoix, l'enquête avance.
00:10D'après les témoignages recueillis, la police commence à mieux cerner la silhouette de l'homme
00:14qui pourrait être l'agresseur de madame Leneveux.
00:17Il pourrait s'agir d'un vagabond qui aurait séjourné dans un ancien hangar du dépôt SNCF.
00:23Bonjour, le temps a presque effacé l'histoire que je vais vous raconter aujourd'hui.
00:27Ce fut pourtant l'un des crimes les plus épouvantables du début de l'été 1983.
00:32Une vieille dame modeste assassinée près de Cherbourg,
00:35de la façon la plus barbare qui soit.
00:38Décapitée après avoir été attaquée, elle s'appelait Antoinette Leneveux et était âgée de 80 ans.
00:45A l'époque, l'enquête va suivre bien des pistes.
00:47Celle d'un mystérieux promeneur en bleu de travail, jamais identifié.
00:51Celle d'un déséquilibré, d'un squatteur marginal ou encore du tueur en série Francis Holmes.
00:56Sans résultat.
00:57Les policiers vont finir par se pencher sur la personnalité de la victime.
01:01Une mamie bienveillante, prévenante, amicale, dont on va s'apercevoir qu'elle cachait bien des choses.
01:08Enquête désormais confie au pôle des Colcays.
01:11Le corps a été exhumé en novembre 2023, va-t-il parler ?
01:15Le passé obscur et inavouable de la vieille dame l'a-t-elle entraîné dans la mort ?
01:20Comment expliquer un tel sadisme, un tel acharnement ?
01:24Question posée aujourd'hui à nos invités.
01:26Antoinette Le Neveu, les secrets de la décapitée de Cherbourg.
01:31Il nous suffisait de suivre les traces de sang.
01:34On la retrouvait très déshabillée, sans tête.
01:37C'était très choquant.
01:39L'enquête de l'heure du crime.
01:40La seule émission radio 100% fait divers.
01:42A tout de suite sur RTL.
01:55Aujourd'hui, dans l'heure du crime.
01:57Retour sur une affaire non résolue.
01:59La mort d'Antoinette Le Neveu.
02:01Au premier jour de l'été 1983, cette veuve tranquille et sans argent
02:05est découverte sans vie dans une commune de la Manche.
02:08On s'est acharné sur elle au point de la décapiter.
02:12Mardi 21 juin 1983, début de matinée.
02:16Deux femmes ne cachent pas leur embarras et même un début d'inquiétude
02:20devant la porte close d'une petite maison de la rue Louis-Lançonneur
02:25à la glacerie commune Limitroff de Cherbourg.
02:29L'une des femmes avait rendez-vous avec Antoinette Le Neveu.
02:32Mais celle-ci, âgée de 80 ans, ne répond pas au coup de sonnette.
02:36Chose inhabituelle, les volets du rez-de-chaussée côté rue
02:40sont depuis la veille restés ouverts.
02:42Une fenêtre est comme entrebâillée.
02:44Le commissariat de Cherbourg, puis les pompiers sont alertés.
02:47La demeure silencieuse est plongée dans la pénombre.
02:50En entrant, on repère vite de nombreuses tâches de sang très abondantes.
02:54Et ce, dans plusieurs pièces.
02:56Les chambres, le salon, la cuisine semblent sans dessus dessous
03:00comme si l'habitation avait été retournée.
03:02Dans le jardinet, qui donne sur la divette une rivière appréciée des pêcheurs de truite,
03:07on retrouve le gilet et le dentier de la vieille dame.
03:11On pressent le pire.
03:12Le corps de la malheureuse est retrouvé dans la divette.
03:15Antoinette, le neveu, porte ses bas et une espèce de robe tabliée bleue.
03:20Elle est en partie dénudée.
03:21Sa chemise de nuit flotte dans la rivière.
03:24Sa tête a disparu.
03:25La décapitation a été très franche, comme pourrait procéder un boucher professionnel.
03:30Il y avait incontestablement eu lutte.
03:33Notamment sur le lit, va raconter l'ancien commissaire et chef de la Sûreté Urbaine de Cherbourg
03:38au journal La Presse de la Manche, ajoutant
03:42Il nous suffisait de suivre les traces, son corps ayant été, me semble-t-il, défenestré,
03:46puis traîné dans le jardin jusqu'à la rivière.
03:49Nous étions tous très choqués.
03:53Antoinette, le neveu, a été attaqué.
03:55Frappé à l'arme blanche, des coups de couteau ou d'une espèce de ciseau.
03:59Les policiers font le tour de l'habitation.
04:01Il se peut que l'agresseur soit entré par le jardin.
04:03Le mastique d'une vitre a été enlevé.
04:05Dans le petit garage, totalement indépendant de la maison,
04:08le meurtrier a pris soin de sectionner les fils du téléphone
04:11et même de détériorer le compteur électrique,
04:14dans le but manifeste de couper la vieille dame de l'extérieur.
04:17Selon le légiste, la mort remonterait à la veille au soir, aux alentours de 21h30.
04:22Ce soir-là, un chauffeur de taxi a déposé Antoinette chez elle vers 18h30.
04:28Elle revenait du salon de coiffure.
04:30Les policiers ne croient pas à un cambriolage.
04:32Quelques billets de banque n'ont pas été touchés, tout comme une poignée de vieux bijoux.
04:37Antoinette, le neveu, touchait une pension des plus maigrelettes.
04:41Elle n'avait pas d'argent, vivait chichement, chaussée de bottes.
04:44Les pompiers fouillent la petite rivière à la recherche de la tête manquante.
04:49En début de soirée, la tête d'Antoinette est finalement retrouvée
04:53à proximité de la maison, dans un entrepôt désaffecté de la SNCF,
04:57dans une fosse à huile, une tête entourée d'un morceau de tissu.
05:03Les enquêteurs pensent tout de suite à l'acte d'un déséquilibré.
05:06Même si une mise en scène n'est pas exclue.
05:09Les premiers suspects concernés sont ces marginaux
05:12qui squattent les entrepôts ferroviaires, désertés du secteur.
05:15Une faune que certains riverains qualifient d'inquiétante.
05:18Un tueur est-il dans la ville ?
05:20L'angoisse est palpable, car dans tous les cas de figure,
05:22on se demande qui pouvait bien en vouloir à Antoinette.
05:25Ici, tout le monde l'aimait bien, tout le monde la connaît.
05:27Ses voisins, ses amis louent sa gentillesse, sa générosité.
05:31Une femme toujours prête à rendre service.
05:33Présentée comme une veuve sans enfant,
05:35vivant dans cette maison depuis le début des années 60,
05:38on sait que son mari, inspecteur central des douanes à Cherbourg,
05:42est décédé en 1964.
05:45On ne sait rien d'autre, car la vieille dame ne parlait jamais de son passé.
05:49Même ses intimes ignorent tout de sa vie.
05:55Et on va voir au fil de cette heure du crime
05:57que l'existence, le passé d'Antoinette Le Neveu
06:00est bien plus complexe qu'il n'y paraît.
06:02Reste à savoir s'il se passait un lien avec cet assassinat
06:05ou plutôt cette tuerie, cette boucherie.
06:08Tout le monde, pompiers, policiers,
06:10journalistes locaux arrivés sur les lieux
06:12sont tous choqués par cette scène de crime
06:15qui est véritablement épouvantable.
06:18Bonjour Ludivine Lanieps.
06:20Bonjour Jean-Alphonse.
06:22Merci infiniment d'avoir accepté l'invitation de l'heure du crime.
06:25Vous êtes journaliste à la presse de la Manche
06:28et votre journal, la presse de la Manche,
06:30a sorti, sous votre signature,
06:33une très longue enquête sur la mort d'Antoinette Le Neveu.
06:37C'est d'ailleurs une enquête qui est disponible sur votre site internet,
06:41le site de la presse de la Manche,
06:42le mystère de la femme sans tête.
06:44Alors évidemment, quand nous, à l'heure du crime,
06:46on a vu cette série dans ce journal,
06:49on a tout de suite tilté parce que cette affaire,
06:51on ne la connaît pas.
06:52Et effectivement, elle est un petit peu passée aux oubliettes
06:55avec les années qui se sont découlées.
06:57Cela fait 40 ans que le meurtre
06:59a été commis.
07:01Ce qui marque, Ludivine Lanieps,
07:03vous la connaissez parfaitement cette affaire,
07:05ce qui marque tout de suite, c'est l'extrême violence des faits.
07:08Oui, parce que, déjà, ce qu'on peut dire,
07:11c'est que c'est un crime qui est peu commun
07:13pour la ville qui est Cherbourg au début des années 80,
07:16où il y a peu de crimes de sang.
07:18Un magistrat de l'époque me disait,
07:20à cette époque-là, il y avait un crime de sang par an,
07:22police et gendarmerie réunies.
07:24C'est très peu.
07:25Donc c'est très très peu.
07:27Le légiste lui-même me disait,
07:29on faisait une poignée d'autopsies par an,
07:31à cette époque-là, des crimes violents
07:33pour lever des doutes sur des morts suspectes.
07:35Donc oui, d'abord, c'est inattendu
07:37et c'est extrêmement violent
07:39parce qu'on constate que cette octogénaire
07:41est agressée dans sa chambre,
07:43elle reçoit des coups de couteau.
07:45On sait qu'elle s'est vigoureusement défendue,
07:47que son corps a été traîné, décapité,
07:49a priori post-mortem,
07:51au bord de cette rivière.
07:53Et ça ne s'arrête pas là,
07:55j'ai envie de dire, en plus,
07:57sa tête est jetée dans ce dépôt
07:59désaffecté de l'autre côté de la rivière.
08:01Donc c'est beaucoup pour cette femme
08:03sans histoire de 80 ans,
08:05et c'est beaucoup pour Cherbourg.
08:07Évidemment, c'est acharné, c'est un euphémisme
08:09lorsqu'on voit la scène de crime.
08:11Mais on a presque l'impression
08:13qu'on a voulu l'humilier,
08:15elle est à moitié déshabillée,
08:17on a enlevé sa tête,
08:19on l'a jetée un petit peu comme un paquet
08:21dans cette rivière.
08:23J'ai essayé
08:25de chercher à comprendre ce que pouvait
08:27signifier cette décapitation,
08:29sa portée symbolique.
08:31J'ai parlé à des psychologues
08:33qui sont spécialisés dans ces questions-là.
08:35Et oui,
08:37souvent la décapitation
08:39n'intervient pas par hasard,
08:41c'est quelque chose de personnel,
08:43presque d'intime,
08:45ou en tout cas qui traduit une proximité émotionnelle
08:47entre la victime et son auteur.
08:49En tout cas, il y a la volonté de supprimer
08:51son identité, son visage.
08:53Et là, il y a beaucoup de choses qui s'empilent,
08:55sa tête, son corps.
08:57Donc on a du mal à
08:59faire un peu le tri dans tous ces éléments.
09:01Évidemment, on pense, je l'ai dit,
09:03à un déséquilibré.
09:05Le fait est, c'est que ce déséquilibré,
09:07encore une question Ludivine Lanièvre,
09:09ce déséquilibré,
09:11il semble bien connaître
09:13la disposition de cette maison,
09:15les habitudes de la maison, puisqu'il va trafiquer
09:17le compteur électrique, couper les fils
09:19du téléphone, il faut savoir où ça se trouve tout ça ?
09:21Tout à fait, parce que c'est une maison
09:23un peu particulière,
09:25vous l'avez dit, ce garage indépendant
09:27sur le côté, il fallait quand même savoir
09:29que les fils du téléphone et le compteur étaient
09:31à l'intérieur, et puis il donne sur la route,
09:33c'est une route assez passante,
09:35on est au mois de juin, à 21h30,
09:37a priori dans ces eaux-là, il fait jour.
09:39Pour ce qui est de la maison,
09:41oui, elle est un peu
09:43biscornue, on entre en réalité par le
09:45premier étage côté route, il y a les chambres
09:47de chaque côté, on descend un escalier,
09:49on arrive à l'étage inférieur,
09:51où on a cuisine,
09:53salon, cellier, etc.,
09:55et là, ça donne
09:57sur le jardin qui descend,
09:59sur cette rivière et sur le dépôt de l'autre côté,
10:01donc on est dans un mouchoir de poche,
10:03mais c'est une maison
10:05quand même un peu particulière, oui.
10:07Bonjour Philippe Bertin. Bonjour
10:09Jean-Alphonse Richard. Merci infiniment d'être
10:11aujourd'hui avec nous dans le studio de l'Or du Crime,
10:13alors vous êtes également normand,
10:15travaillez-vous journaliste pour la Manche Libre
10:17et Tendance Ouest. Évidemment,
10:19cette affaire dans la région, on en a entendu
10:21beaucoup parler, et vous aviez
10:23été évidemment
10:25au courant de cette
10:27histoire qui est non résolue. Parlez-nous
10:29un petit peu de...
10:31La Niépce disait que c'était un coin très
10:33tranquille, cette petite vallée
10:35là qui est pour le Cherbourg. Oui, alors c'est un coin
10:37à la fois tranquille, mais qui a aussi
10:39une assez mauvaise réputation,
10:41en tout cas à l'époque.
10:43Aujourd'hui, ça a peut-être
10:45changé, mais c'est un lieu encaissé
10:47qui fut autrefois un lieu de promenade
10:49pour les Cherbourgeois, il y avait des
10:51guinguettes, vous avez parlé de la rivière
10:53Ladivette, on aimait
10:55aller s'y promener, on aimait aller
10:57y pêcher. C'était un endroit plutôt sympathique.
10:59Et puis, au fur et à mesure,
11:01cet endroit est devenu un peu glauque,
11:03voire même carrément glauque.
11:05Moi j'y suis allé, évidemment,
11:07voir cette maison dont parle
11:09Ludivine.
11:11C'est un endroit
11:13sombre, même s'il est
11:15passant, il ne l'est pas tant que ça.
11:17En tout cas, ce n'est pas l'axe principal
11:19qui mène à Cherbourg.
11:21Et si j'ose dire,
11:23c'est la rue où
11:25habite la
11:27pauvre femme qui s'est fait assassiner,
11:29qui a été assassinée. Elle porte
11:31le nom d'un poète, Louis
11:33Lansoneur, qui a vécu
11:35à cet endroit-là. Mais le lieu n'a rien
11:37de poétique.
11:39Ludivine Lanieps, elle ne se méfiait
11:41pas, Antoinette, le neveu ?
11:43Elle ne se confiait pas beaucoup, mais ça on va le voir
11:45dans la suite de l'heure du crime, mais
11:47elle n'avait jamais fait part de ses craintes, à qui que ce soit,
11:49à ses voisins ?
11:51Des craintes, a priori, non.
11:53Mais est-ce qu'elle se méfiait ? Oui et non.
11:55C'est-à-dire que, comme toute personne âgée
11:57qui vit seule,
11:59elle n'ouvrait pas sa porte à ceux qu'elle ne connaissait pas.
12:01Ça, ses proches ont été formels
12:03avec moi. Il y avait d'ailleurs
12:05une chaînette, vous savez, à sa porte
12:07d'entrée. En revanche,
12:09elle avait une vie sociale
12:11qui était assez riche. Elle recevait
12:13ses amis,
12:15ses voisins, des membres de la famille
12:17de son défunt mari.
12:19Il n'était pas rare de la voir recevoir
12:21du monde, notamment le midi,
12:23de tous ces gens-là, mais aussi
12:25leurs copains.
12:27C'est une vieille dame qui aime la jeunesse,
12:29qui aime être entourée, et on l'imagine
12:31très bien, qui aime cuisiner et recevoir.
12:33L'enquête s'oriente donc
12:35vers quelqu'un qui connaît le coin,
12:37mais pourquoi une haine si féroce ?
12:39Antoinette Leneuve,
12:41les secrets de la décapitée de Cherbourg,
12:43n'a vu ce type en bleu de travail
12:45traverser les voies. Il a gardé la tête
12:47basse quand il est passé près de nous.
12:49L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve dans un instant sur RTL.
13:01Au programme aujourd'hui de l'heure du crime, un
13:03pays, la mort atroce d'Antoinette Leneuve
13:05près de Cherbourg à l'été
13:0783. La vieille dame,
13:09paisible, 80 ans, a été poignardée
13:11puis décapitée. Le tueur la connaissait
13:13ou l'avait repérée.
13:15Plusieurs individus sont ciblés par la police.
13:17Quelques jours après
13:19la découverte du corps sans tête d'Antoinette Leneuve,
13:21une information judiciaire
13:23pour assassinat commis avec acte
13:25de torture et barbarie est
13:27ouverte. C'est une affaire qui a ébranlé
13:29tout le monde. Population, enquêteur,
13:31magistrat, une décapitation, c'est peu
13:33banal. Il y avait beaucoup d'émotions,
13:35racontera l'ancien procureur
13:37de Cherbourg au journal La Presse de la Manche.
13:39Les policiers locaux, épaulés
13:41par leurs collègues du SRPJ de
13:43Caen, ne perdent pas une minute.
13:45Un homme qui était en relation avec la victime,
13:47décrit comme un esprit un peu simple,
13:49instable, est le premier arrêté,
13:51placé en garde à vue. Ses déclarations
13:53sont fluctuantes, confuses,
13:55difficiles à suivre. Certes,
13:57il connaît Antoinette, mais ce qu'il raconte
13:59sur le crime est incohérent et ne concorde
14:01pas avec d'autres témoignages.
14:03Il est relâché.
14:05Il fallait vérifier le voisinage.
14:07Les gens du coin, au départ, ont pensé qu'on trouverait
14:09quelque chose dans l'entourage géographique
14:11ou parmi des jeunes connus de la
14:13police. Mais très vite, nos premières
14:15pistes ont été abandonnées, concède
14:17l'ancien procureur Jean-Jacques Zirnelt.
14:19Les enquêteurs de Cherbourg,
14:21emmenés par le commissaire Bernard
14:23Finance, vont demeurer concentrés
14:25sur la piste locale.
14:27Un signalement
14:29parvenu très tôt dans le dossier
14:31les intrigue au plus haut point. Le lundi
14:3320 juin, feuille de la découverte du
14:35corps, entre 21h15 et 22h15,
14:37des pompiers combattent un
14:39feu de broussaille. En surplomb
14:41de la rivière Ladivette et de la rue Louis,
14:43l'ensonneur, le domicile de la
14:45victime. Il voit alors passer
14:47à pied un homme, seul, en bleu de travail,
14:49plutôt jeune, trapu. Il traverse
14:51les voies, enjambe une barrière,
14:53s'éloigne en direction de Cherbourg.
14:55Il a gardé la tête basse quand il est passé
14:57près de nous, va indiquer un pompier.
14:59Quelques minutes plus tôt,
15:01l'homme en bleu de travail a été
15:03aperçu par des pêcheurs, des riverains
15:05en train de roder de part et d'autre de la
15:07rivière. Des voisins d'Antoinette
15:09l'ont vu, en contrebas du
15:11jardin. Autant de témoignages précieux.
15:13C'est en effet à cette heure-là que la vieille
15:15dame a été assassinée. Les recherches
15:17pour retrouver cet inconnu vont se
15:19multiplier, sans succès.
15:21Deux ans plus tard, un portrait robot,
15:23au visage rond, cheveux bruns, mi-long,
15:25est publié dans les journaux. L'appel
15:27à témoin demeure sans écho.
15:29On avait cette piste, cela correspondait
15:31au cheminement des événements, mais
15:33cela ne nous a pas mené plus loin,
15:35admet le commissaire finance.
15:37La piste Francis Holm
15:39est elle aussi étudiée. Le tueur
15:41en série avait beaucoup sillonné la région.
15:43À l'été 89, il avait même
15:45été interpellé dans le secteur de Cherbourg
15:47pour une autre affaire, mais
15:49Holm sera mis hors de cause.
15:51Les mois,
15:53les années vont ainsi s'écouler, sans
15:55qu'aucun suspect ne soit arrêté. Au fil
15:57du temps, les témoignages se font de plus en plus
15:59rares, et les langues vont avoir toujours plus
16:01de mal à se délier. Les rumeurs,
16:03elles, continuent à courir sur la victime.
16:05Ses voisins et ceux qui la côtoyaient
16:07sont dans l'incapacité de dire qui
16:09elle était vraiment. Avec le recul,
16:11il s'avère qu'Antoinette ne racontait jamais
16:13sa vie, ne livrait aucune
16:15confidence. Était-elle plus riche
16:17qu'on ne le croyait ? Détonnait-elle une fortune ?
16:19Ou des documents compromettants
16:21dans la maison retournée par le tueur ?
16:23Beaucoup de bruit courait autour d'elle,
16:25va dire un enquêteur à la presse de la Manche.
16:27Ce qui étonnait, c'était
16:29la complexité de cette femme.
16:31Elle avait une histoire
16:33derrière elle.
16:35Et cette histoire, les policiers
16:37et les magistrats vont essayer de la remonter
16:39pour voir si la clé de l'assassinat
16:41ne se cache pas dans cette vie pleine
16:43de secrets. On va voir ce que vont découvrir
16:45les enquêteurs dans la suite de l'heure du crime.
16:47C'est plutôt surprenant.
16:49Pour l'instant, revenons à l'assassinat.
16:51Ludivine Lagnèpes, journaliste
16:53à la presse de la Manche, est l'une de nos invitées aujourd'hui
16:55dans l'heure du crime. C'est vous qui avez sorti cette grande
16:57enquête dans le journal La Presse de la Manche
16:59sur le mystère
17:01de la femme sans tête. C'est comme ça
17:03qu'était formulé votre titre.
17:05C'est la piste locale
17:07qui est privilégiée, Ludivine.
17:09C'est quelqu'un qui connaît le lieu.
17:11Il n'y a pas d'autre solution.
17:13Et cet homme en bleu, il fait beaucoup parler, en bleu de travail.
17:15Oui,
17:17je pense que vos auditeurs
17:19commencent à comprendre la mécanique.
17:21C'est évidemment d'abord la piste locale.
17:23On élargit ensuite le cercle.
17:25Il y a ses neveux, par alliance, qui sont
17:27entendus tout de suite, mais comme ils n'étaient
17:29plus en relation avec elle depuis une bonne dizaine
17:31d'années, ils sont exclus assez rapidement.
17:33On auditionne
17:35également ses voisins les plus proches.
17:37On va dire qu'ils sont une dizaine à l'époque.
17:39Il y a des commerçants dans cette rue
17:41et il y a des marginaux aussi. Et cet homme
17:43en bleu de travail. Donc il y a plusieurs
17:45choses à exploiter.
17:47Les marginaux, ce n'est pas inintéressant ?
17:49Parce qu'effectivement, il y a ces dépôts
17:51quasiment pas en ruines, mais enfin,
17:53qui sont abandonnés par la SNCF.
17:55Et là, il y a beaucoup de monde qui dort,
17:57qui passe, etc. Ça, c'est intriguant
17:59pour les policiers.
18:01Il y a deux choses. Il y a effectivement ce dépôt
18:03qui est absolument gigantesque
18:05et dans lequel il y a effectivement des bâtiments qui tombent
18:07en ruines et une insalubrité
18:09absolument édifiante.
18:11Il y a quelques personnes qui squattent ce dépôt.
18:13Et dans l'autre
18:15versant, il y a
18:17un quartier qu'on appelle la Roche qui pend
18:19où il y a une
18:21population qui est en grande misère
18:23sociale à ce moment-là. Il y a des bagarres,
18:25il y a des trafics. Donc voilà,
18:27il y a plusieurs points comme ça autour de la maison d'Antoinette
18:29avec des personnes
18:31entre guillemets un peu douteuses, effectivement.
18:33Il y a ce témoignage que vous rapportez,
18:35Ludivine Lagnep,
18:37c'est qu'effectivement, aujourd'hui encore,
18:3940 ans après,
18:41il est intéressant ce témoignage sur cet homme
18:43en bleu de travail. Parce que là, beaucoup de
18:45personnes ont vu ce personnage
18:47qui passait dans cette rue
18:49et pile au moment,
18:51en tout cas à l'heure présumée, du crime.
18:53Oui,
18:55c'est quelque chose de très important,
18:57peut-être même de capital,
18:59mais c'est aussi la pièce qui manque dans le puzzle.
19:01C'est-à-dire qu'on a ce
19:03jeune homme en bleu de travail qui porte des baskets
19:05blanches, qu'on voit aller et venir
19:07avec, à un moment donné,
19:09un sac à la main.
19:11C'est un témoin numéro un, officiellement,
19:13mais on imagine bien qu'on aurait quelques questions à lui poser
19:15parce qu'il est là le jour du crime, au moment du crime.
19:17Il y a des voisins d'Antoinette
19:19qui le voient dans le jardin,
19:21il y a des pêcheurs à la truite qui le voient dans la rivière,
19:23il y a d'autres riverains
19:25qui sont un petit peu plus loin dans la vallée,
19:27il y a des pompiers également qui sont en intervention
19:29ce soir-là, un peu plus loin.
19:31Voilà, et cet homme va passer
19:33à côté, entre guillemets, de tout ce beau monde.
19:35On va le voir.
19:37Il ne va pas réellement se cacher, mais il ne va pas engager
19:39de conversation non plus.
19:41Et voilà, ça reste
19:43un mystère, cet homme.
19:45Ça reste un mystère parce qu'il faut bien le préciser, Ludivine,
19:47personne ne le connaît,
19:49cet homme, ou plutôt personne ne le reconnaît.
19:53A priori, non. En tout cas,
19:55pour ce que je sais,
19:57il ne s'est jamais manifesté ou n'a jamais été...
19:59Il n'y a pas eu de témoignage qui a dit
20:01c'est le fils machin ou c'est monsieur machin,
20:03etc. Aucun.
20:05À ma connaissance, non. Mais je ne suis
20:07pas dans les secrets de l'enquête. Mais à ma connaissance, non.
20:09Si tel avait été le cas, je suppose
20:11que des vérifications auraient été entreprises.
20:13Évidemment.
20:15Philippe Bertin, vous êtes également l'un de nos
20:17invités aujourd'hui dans l'heure du crime. Journaliste pour
20:19La Manche Libre et Tendance Ouest.
20:21Vous connaissez très bien ce coin, cette région.
20:23Et vous connaissez très bien la
20:25glacerie, l'endroit où est morte
20:27Antoinette Le Neveu.
20:29Tout de suite, mais ça on n'y échappe pas,
20:31les rumeurs.
20:33Dès qu'on ne trouve pas, dès qu'il n'y a pas de piste,
20:35tout le monde s'excite.
20:37Les rumeurs, les fantasmes ne vont cesser de courir.
20:39Absolument. Il y a des rumeurs
20:41et il y a une psychose qui s'empare aussi
20:43de la ville. Mais avant
20:45tout cela, avant les faits que vous avez
20:47décrits, Antoinette
20:49elle est connue
20:51de ses voisins, évidemment, d'un petit
20:53cercle qui la trouve
20:55très coquette, aimable. Elle aime bien
20:57recevoir. C'est une bonne cuisinière.
20:59Donc, elle est, si j'ose dire,
21:01sans histoire.
21:03C'est une bonne mamie.
21:05Et puis, en effet, après
21:07le crime, il va se passer deux choses.
21:09La psychose, il y a beaucoup de gens
21:11du même âge qu'Antoinette, qui vont
21:13appeler le commissariat parce
21:15qu'ils sont très inquiets de ce qui
21:17s'est passé. Ludivine tout de suite
21:19le disait, c'est quand même pas un crime
21:21courant et c'est un crime, pour le moins,
21:23hors normes, à Cherbourg
21:25comme ailleurs, mais c'est un crime hors normes.
21:27Et donc là, les gens prennent
21:29peur. Et puis, il y a un deuxième
21:31phénomène. En effet, on commence
21:33à parler et on se dit que
21:35cette femme cache
21:37peut-être des secrets.
21:39Peut-être qu'elle a un magou chez elle.
21:41Peut-être qu'elle a beaucoup d'argent et peut-être
21:43que c'est pour cela que
21:45en effet, elle a été
21:47attaquée et assassinée de la sorte.
21:49Mais ce ne sont que des rumeurs.
21:51Et les rumeurs, c'est comme la divette, ça couvre
21:53le long de la vallée de Quinquempoix.
21:55C'est une belle image. Ludivine Lagneps,
21:57ces rumeurs qui courent
21:59justement le long de cette petite rivière.
22:01Évidemment, les policiers sont informés, mais c'est compliqué
22:03pour eux parce que c'est de la victime
22:05dont il s'agit et c'est toujours compliqué
22:07d'enquêter vraiment très profondément
22:09sur une victime.
22:11C'est toujours compliqué, d'autant
22:13qu'elle a eu
22:15une vie assez
22:17riche dans plusieurs départements,
22:19régions différentes, donc il faut remonter tout ça.
22:21C'est une femme qui est née en 1902, donc qui a
22:23connu les deux guerres mondiales,
22:25qui a eu une vie
22:27de famille aussi compliquée,
22:29donc il faut remonter tous ces éléments
22:31avec des zones d'ombre et jusqu'à aujourd'hui
22:33il persiste des zones d'ombre, oui.
22:35Et il y a très peu de témoignages d'ailleurs
22:37sur ce passé, puisque juste en un mot,
22:39elle ne se confiait pas,
22:41Antoinette.
22:43Elle était arrivée à Cherbourg
22:45en 1953, après son mariage
22:47avec Auguste, le neveu.
22:49Donc, tous les gens
22:51qui commencent à fréquenter à Cherbourg,
22:53ces personnes-là,
22:55elle ne dira jamais rien de sa vie d'avant
22:57à ces personnes-là.
22:59L'enquête cherche un assassin,
23:01pas d'autre choix que de fouiller dans la vie
23:03de la victime. Antoinette
23:05le neveu, les secrets de la décapitée
23:07de Cherbourg, on pensait qu'elle n'avait
23:09jamais eu d'enfant, elle en avait deux,
23:11qu'elle n'avait plus jamais revu.
23:13L'enquête de l'heure du crime, la vérité est-elle
23:15dans le passé de la vieille dame ? C'est à suivre
23:17dans un instant sur RTL.
23:21L'heure du crime sur RTL.
23:25L'heure du crime.
23:27Jean-Alphonse Richard.
23:29Jusqu'à 15h30 sur RTL.
23:31Le mobile, disons le plus apparent,
23:33le mobile serait très vraisemblablement le vol.
23:35Elle était connue dans le voisinage, enfin, on disait
23:37que c'était une personne qui était riche.
23:39Mais en réalité,
23:41c'est une personne qui ne détenait pas d'argent
23:43chez elle. Dans l'heure du crime,
23:45aujourd'hui, nous revenons sur l'assassinat d'Antoinette
23:47le neveu, en 1983,
23:49de Cherbourg. La vieille dame, 80 ans,
23:51a été décapitée. Un déferlement
23:53de violence, mais aucun suspect.
23:55La police s'intéresse à ses relations,
23:57à sa vie privée, des plus secrètes.
23:59À la glacerie,
24:01rue Louis-Lançonneur,
24:03aucune des connaissances d'Antoinette
24:05le neveu, même les plus anciennes,
24:07n'est en mesure de savoir si la victime
24:09avait toujours de la famille.
24:11On sait qu'elle était veuve depuis 19 ans,
24:13mais personne ne connaît sa vie passée.
24:15Elle ne faisait jamais aucune confidence
24:17à son enfance, sa jeunesse.
24:19Les enquêteurs vont ainsi aller de surprise
24:21en surprise, en remontant le fil
24:23de cette existence cachée.
24:25Antoinette, originaire de l'Est
24:27de la France, a été mariée une première fois
24:29à un mécanicien originaire de l'heure.
24:31Elle a eu deux enfants,
24:33une fille, Janine, puis un garçon,
24:35Paul, mais elle a soudain
24:37disparu après la naissance de celui-ci.
24:39Antoinette aurait été
24:41chassée par son mari
24:43et sa belle famille pour une sombre affaire de vol
24:45dans une maison où elle travaillait.
24:47Elle ne reviendra plus jamais au domicile familial.
24:49Une chape de silence
24:51va retomber sur cette histoire.
24:53Antoinette se remarie en 1953
24:55au fonctionnaire des douanes
24:57Auguste, le neveu.
24:59Elle n'aura pas d'autres enfants.
25:01Entre-temps, depuis son départ de chez elle,
25:03jusqu'à la fin de la guerre,
25:05personne ne sait quelle a été
25:07la vie d'Antoinette.
25:09Pour beaucoup,
25:11c'est dans ce passé mouvementé
25:13et très sombre
25:15qu'il faut rechercher la cause de la mort d'Antoinette.
25:17Quelque chose de son passé
25:19serait venu la rattraper.
25:21Ici, ce qui expliquerait qu'on ait fouillé la maison
25:23dit un témoin. Une psychologue,
25:25interrogée par la presse de la Manche,
25:27confirme que le sentiment de vengeance
25:29peut durer dans le temps, sauter des générations.
25:31La psy poursuit. Dans le cas d'Antoinette,
25:33il y a une violence haineuse
25:35qui se poursuit jusque sur son cadavre.
25:37Mais qui donc
25:39aurait voulu faire payer à Antoinette
25:41une quelconque trahison ?
25:43Les enquêteurs n'ont pas obtenu
25:45de réponse à cette question.
25:47Et dans cette
25:49heure du crime, on retrouve l'une de nos invités
25:51qui est au téléphone de l'heure du crime
25:53aujourd'hui, Ludivine Lanieps,
25:55journaliste à la presse de la Manche.
25:57La presse de la Manche, c'est le journal qui a
25:59refait toute cette enquête et qui sort une formidable
26:01série d'articles
26:03qu'on peut retrouver d'ailleurs sur Internet,
26:05sur le site de ce journal, la presse de la Manche.
26:07Ludivine Lanieps,
26:09ce passé,
26:11on l'évoquait tout à l'heure, ce passé
26:13d'Antoinette, de la victime,
26:15il a été fouillé, non sans
26:17mal, parce que cette histoire familiale
26:19elle est chaotique.
26:21Du coup, on va s'interroger, est-ce que ce n'est pas là
26:23la clé du crime ?
26:25Oui, il y a
26:27des questions à se poser, parce que
26:29effectivement, où
26:31était-elle pendant la seconde guerre mondiale ?
26:33Comment a-t-elle subvenu,
26:35a priori seule, à ses besoins ?
26:37Est-ce qu'elle a été
26:39amenée à faire des choses pour survivre ?
26:41On peut se poser
26:43tout un tas de questions.
26:45C'est une période trouble, elle était
26:47a priori à Paris, mais sans certitude.
26:49C'est difficile de refaire ce passé.
26:51Elle sortait de cette
26:53première relation où elle a eu
26:55deux enfants, on imagine le traumatisme
26:57pour elle de les abandonner,
26:59de divorcer 15 ans plus tard,
27:01après 15 ans de séparation et d'absence.
27:03On imagine bien qu'en 1945,
27:05elle ne doit pas en être très fière
27:07non plus, et peut-être qu'on comprend mieux
27:09aussi pourquoi, quand elle arrive à Cherbourg
27:11en 1953, elle ne va pas
27:13faire étalage du fait
27:15qu'elle a perdu ses droits parentaux et de son divorce.
27:17Alors, elle a perdu ses droits,
27:19puis à l'époque, c'est quelque chose qui compte.
27:21Aujourd'hui, j'allais dire, c'est devenu banal,
27:23mais enfin, on n'y fait plus trop attention.
27:25Mais à l'époque, c'est quelque chose de très grave
27:27et presque un peu d'infamant.
27:29Est-ce qu'elle continue à voir
27:31sa famille, ou plus du tout
27:33sa famille
27:35avec ses enfants ?
27:37Alors, ce que je sais, ce qu'on a pu retracer
27:39avec ses descendants, c'est que
27:41elle a tout de même vu ses deux
27:43enfants, une fois ou deux,
27:45alors qu'ils étaient, disons, adolescents.
27:47Donc, elle avait quand même visiblement été autorisée
27:49à venir leur rendre visite.
27:51Donc, on les voit sur des photographies
27:53très endimanchées,
27:55bien apprêtées pour rencontrer leur mère.
27:57Mais ce qui est certain, c'est que
27:59après ça, et à partir du moment où elle est à Cherbourg,
28:01il n'y a plus aucun contact.
28:03Alors, c'est extrêmement intriguant
28:05ce que vous nous racontez, Ludivine Lagnèvre.
28:07Je comprends que les policiers se soient
28:09penchés sur ce mystère.
28:11Philippe Bertin, vous êtes journaliste pour
28:13La Manche Libre et Tendance Ouest.
28:15Est-ce que
28:17ce passé cache
28:19vraiment un secret,
28:21indicible ? On n'a pas encore
28:23la clé. Il y a des indices
28:25comme ça, mais on a du mal à...
28:27C'est la question, c'est une des grandes questions
28:29que soulève cette affaire.
28:31Parce qu'en effet, entre
28:331929,
28:35remettre dans le contexte, où elle quitte...
28:37Où elle est chassée.
28:39Elle est chassée pour
28:41un vol qu'elle aurait commis
28:43peut-être dans cette maison,
28:45où travaille également son mari
28:47comme chauffeur.
28:49Elle est employée de maison, elle fait le ménage,
28:51et tout d'un coup, elle doit quitter
28:53cette maison, elle doit quitter
28:55son mari qui la chasse, et elle doit quitter
28:57son enfant. Et à partir de ce moment-là,
28:59et jusqu'en 1945,
29:01où le divorce est prononcé
29:03à cette heure, on ne sait pas
29:05ce qui se passe, on ne sait pas où elle est,
29:07on ne sait pas ce qu'elle fait, comme le disait
29:09et comme le soulignait justement Lydie Wynne,
29:11et peut-être dans ce laps de temps
29:13là, se situe
29:15une des clés de cette histoire.
29:17C'est peut-être pas la seule, mais c'est peut-être
29:19une des clés, une des pistes. Et ce sur quoi
29:21on peut s'interroger, en effet,
29:23c'est le rôle qu'elle a pu jouer
29:25sur ce moment où
29:27elle est chassée.
29:29Qui elle a vu, etc. Absolument.
29:31Qui elle a vu, qu'elle a rencontré, ce qu'elle a fait,
29:33où était-elle, comment elle a subvenu à ses besoins,
29:35toutes sortes de questions qui se posent,
29:37et sur lesquelles elle n'est jamais intervenue.
29:39À ma connaissance, en tout cas, on n'a jamais su
29:41ce qui s'était passé dans
29:43ce laps de temps de plus de 15 ans.
29:45Lydie Wynne, la niepce en mots
29:47là-dessus. La piste du passé,
29:49elle intéresse ? Les policiers
29:51réellement, ils vont vraiment
29:53plonger là-dedans ?
29:55Oui, ça c'est une certitude.
29:57Ils vont remonter dans sa vie.
29:59Je ne sais pas jusqu'où et dans quelle mesure,
30:01mais ils l'ont fait, ça c'est certain.
30:03J'ai
30:05fait mes propres recherches,
30:07donc c'est aussi le sujet de cette série.
30:09Je pense qu'il y a des zones d'ombre
30:11pour tout le monde.
30:13Cependant, je reste assez
30:15prudente sur ce point,
30:17sur l'idée
30:19d'une vengeance ou de quelque chose qui serait
30:21venu la rattraper. C'est tout à fait
30:23plausible, mais le commissaire
30:25Bernard Finance a tiré mon attention là-dessus
30:27en disant, attention aussi aux fantasmes
30:29qui peuvent naître autour de ça.
30:31Une ancienne,
30:33une personne qui travaillait
30:35à l'époque sur le dossier en 1983,
30:37elle aujourd'hui, cette personne,
30:39balaye totalement cette hypothèse.
30:41Je reste
30:43quand même extrêmement prudente sur cette période-là,
30:45mais sans plus
30:47d'éléments non plus pour juger. On peut se poser la question,
30:49c'est ce que vous nous dites.
30:51La piste privée aboutit à une impasse,
30:53mais la justice ne va pas baisser les bras.
30:55Antoinette Le Neveu, les secrets de la décapité
30:57de Cherbourg, tout le monde s'est cassé les dents
30:59sur le dossier. En un moment pourtant,
31:01on n'était pas loin de la vérité.
31:03L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant
31:05sur RTL.
31:07Jean-Alphonse Richard sur RTL.
31:09L'heure du crime.
31:1114h30, 15h30.
31:13L'heure du crime sur RTL.
31:15Jean-Alphonse Richard.
31:17L'heure du crime consacrée aujourd'hui à un assassinat
31:19sans coupable, celui à l'été
31:211983, près de Cherbourg,
31:23d'Antoinette Le Neveu, 80 ans.
31:25Cette veuve, qui vivait seule, a été décapitée.
31:27Aucune piste, y compris celle
31:29d'une vengeance, n'a abouti.
31:31La justice va continuer
31:33à chercher.
31:352012, 29 ans.
31:37Après la découverte du corps décapité d'Antoinette Le Neveu,
31:39le dossier est transféré au parquet
31:41de Coutances, dans la Manche.
31:43Trois ans plus tard, le procureur relance l'enquête.
31:45Le magistrat estime que des éléments
31:47dignes d'intérêt, des témoignages
31:49notamment, méritent d'être vérifiés.
31:51Une juge d'instruction est désignée,
31:53la police judiciaire de Caen mobilisée.
31:55Beaucoup de procureurs
31:57ont tenté de faire aboutir l'affaire, mais
31:59ils se sont tous cassés les dents,
32:01indique un proche de l'enquête,
32:03la presse de la Manche.
32:05Témoin qui certifie,
32:07en 2016, ils ont frôlé
32:09la vérité, mais par manque de preuves,
32:11ils n'ont pas pu aller plus loin.
32:13Au fil des années, dès que les enquêteurs
32:15avaient une idée, ils essayaient.
32:17Ils n'ont jamais cessé de faire des recherches,
32:19de signer des actes pour repousser
32:21le délai de prescription, ajoute
32:23un autre témoin.
32:25La PJ de Caen,
32:27toujours en charge du dossier,
32:29est désormais épaulée
32:31par l'OCRVP, l'office de police
32:33spécialisé dans les affaires non élucidées.
32:35La chasse au témoignage est ainsi
32:37relancée. Mai 2023,
32:39le parquet de Coutances transmet
32:41la procédure au Pôle des
32:43Cold Case à Nanterre. Le dossier
32:45ne sera donc pas prescrit.
32:47Depuis cette date,
32:49les juges du pôle ont toute latitude
32:51pour entendre des témoins
32:53et exploiter les indices
32:55recueillis
32:57à l'époque.
32:59Et effectivement, des indices,
33:01en fait, il y en a beaucoup
33:03sur cette scène de crime, scène ancienne.
33:05Alors évidemment, à l'époque, on ne recueille pas les indices
33:07de la même manière qu'aujourd'hui.
33:09On est sans doute un petit peu plus brouillon,
33:11on est un petit peu moins prudent.
33:13Ludivine Lagnèpes, journaliste
33:15à la presse de La Manche, et c'est vous
33:17qui signez cette très longue enquête
33:19sur la mort d'Antoinette Leneveux,
33:21enquête qu'on peut retrouver sur le site
33:23internet de la presse de La Manche.
33:25Je le disais, il y a des indices,
33:27il y en a des empreintes
33:29en pagaille dans cette
33:31maison où est morte Antoinette Leneveux.
33:33Est-ce que ces indices,
33:35on est 40 ans après, est-ce que ces indices peuvent
33:37parler déjà ? Est-ce qu'on a conservé
33:39toutes ces pièces ou pas dans l'enquête ?
33:43Les indices, effectivement, il y en a eu.
33:45On parlait tout à l'heure du
33:47billet qui avait été trouvé
33:49dans sa chambre.
33:51Il y avait du son dessus.
33:53Le billet de banque, c'est ça ?
33:55Parfait.
33:57Je peux également dire
33:59Guy Mabir, qui était
34:01le reporter de la presse de La Manche en
34:031983, qui était sur les lieux et même
34:05dans la chambre,
34:07la vue des empreintes digitales ont été
34:09relevées, ça m'a été confirmé
34:11dernièrement. Est-ce qu'on peut
34:13encore faire quelque chose avec ? Je vous avoue
34:15que je ne sais pas. Est-ce que des scellés ont été
34:17conservés ? Je n'ai jamais réussi
34:19à me faire confirmer l'information, donc je ne sais
34:21pas. Mais ce qu'on peut dire, évidemment,
34:23c'est que si ça a été le cas,
34:25ça peut nourrir de très
34:27grands espoirs au vu des progrès
34:29de la police scientifique, oui.
34:31Même si ces empreintes, à supposer qu'on
34:33puisse détecter de l'ADN,
34:35si par bonheur
34:37des vêtements, par exemple, d'Antoinette
34:39avaient été conservés,
34:41ça sera déjà compliqué de le faire matcher
34:43parce qu'effectivement, il n'est pas sûr que
34:45la personne qui a commis le crime soit
34:47aujourd'hui fichée. Mais
34:49on ne sait jamais. On peut, avec
34:51l'ADN de parentèle,
34:53la généalogie, on peut remonter parfois très loin
34:55aujourd'hui et élucider
34:57des crimes.
34:59Alors, Philippe Bertin, vous êtes vous
35:01journaliste pour la Manche Libre et Tendance
35:03Ouest.
35:05C'est compliqué aujourd'hui
35:07parce qu'on est en carrefour de l'enquête.
35:09Alors, le Paul Colquet, il a du courage même
35:11de reprendre ce dossier, parce que c'est un dossier
35:13ancien, mais où il y a encore beaucoup de témoignages.
35:15Il y a eu notamment un témoignage
35:17important, mais
35:19je ne sais pas ce qu'il vaut, mais
35:21la personne qui a témoigné est
35:23décédée aujourd'hui, mais
35:25qui s'est vantée, sur son lieu
35:27de travail, de connaître
35:29celui ou celle
35:31qui a fait
35:33ce coup.
35:35Je ne sais pas s'il est crédible.
35:37En tout cas, ça a été rapporté
35:39et c'est un voisin
35:41d'Antoinette.
35:43Aujourd'hui,
35:45la seule solution, peut-être,
35:47la seule issue ou le seul chemin
35:49possible, c'est que, en effet,
35:51des gens puissent parler autour
35:53de ce qu'ils ont pu voir,
35:55ou de ce qu'ils peuvent savoir
35:57de cette histoire.
35:59Il y a l'histoire secrète
36:01d'Antoinette
36:03dans une autre vie, qui est celle
36:05de sa première famille,
36:07et puis il y a aussi son histoire avec
36:09sa belle famille, dont elle
36:11était en froid.
36:13Effectivement,
36:15on peut en dire un mot, parce que
36:17ce n'était pas non plus l'amour.
36:19Ce n'était pas le grand amour.
36:21D'ailleurs, c'est un peu un fil rouge
36:23de cette vie
36:25mystérieuse, secrète d'Antoinette.
36:27Cette vie de fâcherie,
36:29peut-être,
36:31contrainte avec son premier
36:33mari, et puis peut-être
36:35quelques difficultés
36:37avec sa belle famille.
36:39Elle avait, comme ça, plusieurs
36:41vies qu'elle dissimulait.
36:43Enquête toujours ouverte, donc confiée
36:45au pôle des Colcais, et qui va
36:47peut-être ramener, pourquoi pas, son lot de surprises.
36:49Antoinette, le neveu,
36:51les secrets de la décapité de Cherbourg,
36:53ils sont venus vérifier, et ils ont dû voir à sa tête
36:55qu'il tombait des nues.
36:57L'enquête aujourd'hui de l'heure du crime, on se retrouve tout de suite
36:59sur RTL.
37:01L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard,
37:03jusqu'à 15h30 sur RTL.
37:05L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard,
37:07jusqu'à 15h30 sur RTL.
37:09Dans l'heure du crime
37:11aujourd'hui, l'affaire Antoinette, le neveu.
37:13En 1983,
37:15une vieille dame décapitée,
37:17dans sa maison près de Cherbourg,
37:19de multiples pistes explorées,
37:21y compris la vie secrète
37:23de la victime. Sans résultat,
37:25en mai 2023, le dossier est confié
37:27au pôle des Colcais, lequel ne va
37:29pas traîner à diligenter
37:31une spectaculaire opération.
37:35Mardi 7 novembre 2023,
37:37une juge du pôle des Affaires
37:39Non Résolues de Nanterre
37:41fait procéder à l'exhumation,
37:4340 ans après sa mort,
37:45du corps d'Antoinette, le neveu.
37:47L'opération s'est déroulée dans le plus
37:49grand secret, dans le cimetière de la
37:51Chapelle Saint-Laurent, sur les hauteurs
37:53de Nackville, à une trentaine
37:55de minutes de Cherbourg.
37:57Une petite fille de la défunte confirme
37:59dans le journal La Presse de la Manche
38:01avoir donné son accord verbal
38:03pour que le cercueil soit retiré,
38:05mais elle n'avait pas été informée
38:07de la date effective
38:09de l'exhumation.
38:11Une nièce d'Antoinette, le neveu,
38:13qui avait découvert l'exhumation en se rendant
38:15au cimetière pour y déposer des fleurs,
38:17n'avait pas non plus été prévenue.
38:19Pour les enquêteurs, il s'agit
38:21de procéder à une nouvelle
38:23autopsie médico-légale, afin
38:25de déceler si un élément
38:27aurait échappé au précédent légiste.
38:29De nouvelles expertises
38:31ADN doivent être également effectuées.
38:33Le pôle de Nanterre effectue
38:35une sélection rigoureuse des affaires
38:37qui n'ont pas abouti. S'ils rouvrent
38:39ce dossier, c'est forcément qu'il y a de nouveaux
38:41éléments, indique François
38:43Angevin, chef de service
38:45au SRPJ de Caen.
38:47Le pôle judiciaire
38:49des Colcays ne s'est pas arrêté
38:51à la seule exhumation dans le cimetière
38:53de La Manche. Les enquêteurs se sont
38:55discrètement redéployés depuis
38:57des mois sur le terrain.
38:59Les policiers de l'APJ de Caen et ceux de
39:01CRVP, l'office qui s'occupe
39:03de nombreuses affaires non résolues,
39:05effectuent des vérifications
39:07dans la vallée de Quinquempoix.
39:09A la recherche de déclarations et de détails
39:11qui pourraient mettre la justice sur
39:13de nouvelles pistes, malgré le temps,
39:15de nombreux témoins continuent
39:17à se manifester. La famille d'Antoinette
39:19Le Neveu avait été rapidement
39:21exclue à l'époque du champ
39:23de l'enquête. Le premier mari de
39:25la défunte, qui en 1983
39:27avait 81 ans, avait
39:29été parmi les premières personnes
39:31questionnées.
39:33Les gendarmes lui avaient appris la nouvelle.
39:35Ils ont dû voir à sa tête qu'il
39:37tombait des nus, indique l'un de ses fils
39:39issu d'un second mariage.
39:41Je suppose que tous les gens qui ont
39:43eu un lien avec Antoinette étaient des
39:45suspects potentiels. Donc,
39:47ils sont venus vérifier, ajoute-t-il.
39:49Le mardi 23 juin 1983,
39:51les obsèques d'Antoinette
39:53Le Neveu se déroulaient à l'église Notre-Dame
39:55du Roule, à Cherbourg.
39:57Jeannine et Paul, ces deux
39:59enfants nés d'un premier mariage
40:01et qu'elle n'avait jamais élevé,
40:03étaient dans l'assistance.
40:05Ils se sont ensuite rendus à la maison
40:07de leur mère, où ils ont simplement
40:09récupéré quelques photos et un
40:11livret de famille qui était dans un
40:13sac à main. Hélène, fille de
40:15Jeannine et petite-fille d'une grand-mère
40:17qu'elle n'a jamais connue, s'interroge dans
40:19la presse de la Manche. Quel crime
40:21avait-elle pu commettre pour qu'on
40:23se permette de lui retirer ses enfants ?
40:25J'ai besoin de savoir
40:27ce qui lui est arrivé à Cherbourg
40:29en 1983.
40:31Pour cela, il faut que l'enquête continue.
40:33C'est une enquête difficile
40:35parce que nous disposons de très
40:37peu d'éléments et
40:39je vous dis, je reste réservé sur l'issue
40:41et au moins la rapidité de l'issue.
40:43Ce n'était pas du pessimisme, mais en tout cas de la clairvoyance
40:45de la part du commissaire Bernard
40:47Finance, dont on entend la voix
40:49dans ce document sonore, parce
40:51qu'il ne savait pas effectivement, il n'y avait pas beaucoup
40:53de pistes pour savoir comment
40:55allait pouvoir être élucidée
40:57cette affaire.
40:59Ludivine Lanieps, on vous retrouve
41:01dans cette heure du crime. Journaliste à la presse de la Manche,
41:03le journal qui a fait toute une enquête sur
41:05cette histoire. Vous avez,
41:07lors de votre enquête, pu
41:09approcher la famille
41:11d'Antoinette Le Neveu, une famille
41:13qu'elle ne voyait plus, et notamment ses
41:15enfants. Qu'est-ce qu'ils disent
41:17de la mort de leur mère ?
41:19Alors, je
41:21n'ai pas approché ses enfants pour la simple
41:23et bonne raison qu'ils sont décédés, mais en revanche, j'ai
41:25approché ses petits-enfants.
41:27Oui, oui.
41:29De ce que
41:31eux rapportent des propos des enfants
41:33d'Antoinette à l'époque, en réalité
41:35ils n'en disent pas grand-chose, Janine et Paul
41:37et ses enfants, puisqu'ils n'avaient
41:39pas vu leur mère depuis des décennies.
41:41Mais ils sont allés à son enterrement,
41:43ils ont rencontré
41:45les voisins les plus proches d'Antoinette qui lui
41:47ont parlé de leur mère, ils sont allés
41:49dans cette maison, ils ont pris quelques affaires
41:51mais
41:53ils n'en diront pas
41:55plus à leurs propres
41:57descendants par la suite.
41:59C'est aussi un trait de cette affaire, c'est que
42:01quelle que soit la famille dans laquelle on est
42:03à toutes les époques de la vie d'Antoinette,
42:05il y a beaucoup de silence, beaucoup de secrets,
42:07des jeunes qui n'osent pas forcément
42:09poser des questions aux plus anciens, donc
42:11voilà, beaucoup de choses qui sont restées
42:13entre guillemets dans des boîtes en carton.
42:15Oui, c'est ça.
42:17On n'a toujours pas ouvert ces boîtes en carton
42:19comme vous le dites. Alors Ludivine
42:21Lanieps, juste un petit
42:23retour dans le chapitre
42:25précédent, lorsque l'affaire était
42:27au parquet de Coutances, il y a
42:29un des témoins qui vous a dit qu'on n'était
42:31pas très loin de la vérité.
42:33Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ce témoin ?
42:35Ils ont vraiment, à un moment donné, ça a
42:37failli basculer cette affaire ?
42:39Je ne peux pas
42:41le dire, je n'ai pas toutes les réponses à ces questions-là
42:43mais effectivement, il semblerait
42:45qu'il soit passé proche
42:47d'un début de vérité, peut-être.
42:51Mais c'est aussi une affaire qui, depuis 40 ans
42:53souffre aussi
42:55du silence des enquêteurs et des procureurs.
42:57C'est difficile d'avoir
42:59des informations.
43:01Alors oui, il y a le secret de l'instruction,
43:03c'est une chose, mais
43:05je crois qu'il faudrait
43:07commencer à lever certaines choses pour avoir
43:09davantage de témoignages, peut-être.
43:11Et ça, vous avez tout à fait raison, parce que cette enquête,
43:13c'est l'archétype même du secret.
43:15Alors, on a le secret d'un passé avec cette
43:17vieille dame décapitée, c'est quand même
43:19pas banal, et puis il y a le secret
43:21dans le dossier qui a été permanent.
43:23Effectivement, ça veut dire
43:25qu'il y a peut-être des choses qui sont très intéressantes
43:27dans le dossier, et là, effectivement, au pôle
43:29des Colcays, on ne va pas passer à côté parce que
43:31il y a vraiment une task force, il y a une
43:33équipe qui va s'emparer
43:35de ce dossier. Philippe Bertin,
43:37journaliste pour la Manche Libre et Tendance
43:39Ouest, alors les témoins, ils sont...
43:41Il y a peu de personnes qui se sont exprimées
43:43même à l'époque, les témoins.
43:45Mais aujourd'hui, on peut trouver un témoin
43:47qui va parler parce qu'il aura peut-être entendu
43:49dans sa famille quelque chose là-dessus, etc.
43:51Vous parliez tout à l'heure de
43:53certains témoignages qui étaient troublants.
43:55Oui, absolument. Le
43:57voisin qui avait fait cette confidence
43:59à ses collègues de
44:01travail et qui dit, moi
44:03je l'ai lu dans la presse, et qui
44:05dit, je sais qui a
44:07fait la chose, mais je ne le dirai pas.
44:09Alors peut-être que par
44:11ensuite, par les filiations, peut-être que
44:13on va trouver d'autres
44:15témoignages de la sorte.
44:17Il y avait la voisine aussi,
44:19Solange, qui avait
44:21elle-même été accusée du
44:23crime, dont les
44:25descendants peuvent parler aussi, peut-être,
44:27je n'en sais rien. En tout cas, c'est une affaire
44:29à tout point fantastique.
44:31Moi qui ai suivi pas mal
44:33d'affaires dans le département de la Manche
44:35et en Normandie, je peux vous dire que c'est l'une
44:37des grandes affaires qui perdurent
44:39encore aujourd'hui. Et effectivement,
44:41ces témoins qui peuvent toujours se manifester, il y a
44:43un appel à témoins qui est diffusé en ce
44:45moment, qui est toute personne qui dispose
44:47d'informations. On va vous donner
44:49le numéro et puis on le mettra sur le site de L'Heure du Crime
44:51aussi. On peut appeler le
44:530 835 83
44:5535. On
44:57vous donnera les coordonnées aussi des boîtes
44:59mail, où on peut joindre
45:01effectivement, où on peut témoigner de manière
45:03anonyme, Ludivine Lanieps.
45:05On peut même s'adresser à votre journal,
45:07finalement, si on veut témoigner.
45:09C'est pas trop tard ?
45:11Il n'est jamais trop tard que tu sois
45:13vers nous, vers les enquêteurs.
45:15Je voudrais ajouter une petite chose.
45:17Depuis des mois, voire des années que je travaille sur
45:19cette affaire et également au fil
45:21de la publication de notre série cet été,
45:23ce que j'ai pu constater
45:25avec joie, entre guillemets, bien évidemment,
45:27c'est qu'on reçoit des témoignages.
45:29À chaque fois qu'on reparle de cette affaire,
45:31on a de nouvelles personnes qui se manifestent,
45:33soit vers nous, soit vis-à-vis des enquêteurs.
45:35Et ça, c'est bien et c'est vraiment ce dont
45:37on a besoin aujourd'hui.
45:39Merci beaucoup Ludivine Lanieps et Philippe Bertin
45:41d'avoir été les invités de l'Heure du Crime.
45:43Merci à l'équipe de l'émission, rédaction en chef
45:45Justine Vigneault, préparation Marie Bossard, réalisation
45:47Jonathan Griveaux.