Le documentaire "8 milliards d'insatisfaits" diffusé en 2023 explore les diverses sources de mécontentement et de frustration à travers le monde. Il examine comment, malgré les avancées technologiques et économiques, une grande partie de la population mondiale continue de ressentir un profond sentiment d'insatisfaction. Le film aborde plusieurs thèmes clés :
Inégalités économiques : La disparité croissante entre les riches et les pauvres, et comment cette inégalité alimente le mécontentement.
Crise environnementale : Les préoccupations croissantes concernant le changement climatique et la dégradation de l'environnement.
Santé mentale : L'augmentation des troubles mentaux et du stress dans les sociétés modernes.
Politique et gouvernance : La défiance envers les institutions politiques et les gouvernements, souvent perçus comme corrompus ou inefficaces.
Technologie et isolement : L'impact des technologies numériques sur les relations humaines et le sentiment d'isolement social.
Le documentaire met en lumière les témoignages de personnes de différents horizons, illustrant comment ces divers facteurs contribuent à un sentiment global d'insatisfaction. Il propose également des pistes de réflexion sur les moyens de remédier à ces problèmes et de construire un avenir plus équitable et satisfaisant pour tous.
Inégalités économiques : La disparité croissante entre les riches et les pauvres, et comment cette inégalité alimente le mécontentement.
Crise environnementale : Les préoccupations croissantes concernant le changement climatique et la dégradation de l'environnement.
Santé mentale : L'augmentation des troubles mentaux et du stress dans les sociétés modernes.
Politique et gouvernance : La défiance envers les institutions politiques et les gouvernements, souvent perçus comme corrompus ou inefficaces.
Technologie et isolement : L'impact des technologies numériques sur les relations humaines et le sentiment d'isolement social.
Le documentaire met en lumière les témoignages de personnes de différents horizons, illustrant comment ces divers facteurs contribuent à un sentiment global d'insatisfaction. Il propose également des pistes de réflexion sur les moyens de remédier à ces problèmes et de construire un avenir plus équitable et satisfaisant pour tous.
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00:00L'espèce humaine est fascinante, dotée d'une grande intelligence capable de pouvoirs technologiques et médicaux.
00:08Elle a su, au fil des ans, aller sur la Lune et même sauver la vie d'un grand prématuré.
00:15Par contre, quand il s'agit de protéger la planète...
00:19Désolée, tous nos préposés sont présentement occupés à magazine et se divertir.
00:26Comment l'humain est-il devenu à ce point son ennemi, pour ne pas dire son propre prédateur ?
00:32Et si je vous disais, c'est en partie la faute d'un organe logé dans notre système nerveux
00:39et qui pilote notre génétique d'insatisfaction.
00:42Le striatum, c'est cet avantage évolutif d'hier devenu un véritable bug humain des temps modernes.
00:56Le striatum
01:04On connaît mieux notre voiture que notre corps.
01:07Par exemple, il y en a qui pensent que le cœur, c'est le moteur.
01:10Mais non, le cœur, c'est juste une pompe.
01:13C'est le cerveau qui dirige, c'est lui le grand patron.
01:16Et au centre du cerveau, il y a ce tyran qui s'appelle le striatum et qui est responsable de tous nos excès.
01:23Et moi, je vais aller voir si j'en possède un.
01:37Ça y est, c'est confirmé, j'ai un striatum.
01:40Il est bulimique, c'est un insatiable, un impatient et un éternel insatisfait.
01:46On a un petit condo, on veut un gros bungalow.
01:50On a un bungalow, on rêve d'un grand château et d'un chalet au bord de l'eau.
01:54Il y a moins d'un siècle, les vêtements de toute une famille québécoise pouvaient tenir sur une seule corde d'allonge.
02:02Aujourd'hui, nos placards débordent.
02:05À chacune de mes acquisitions, mon striatum jubile sous l'effet de la dopamine et me félicite à coup de « tu le mérites ».
02:13Faut bien se faire plaisir dans la vie, mon bouquin.
02:21On organise des sommets pour tenter de réduire la pollution, mais pendant ce temps,
02:26chaque année sur la planète, on relâche 50 milliards de tonnes de CO2 dans l'atmosphère.
02:36Chaque humain en produit annuellement 4,4 tonnes.
02:40Si j'avais eu connaissance de ce boc de notre cerveau qui est au centre de son livre,
02:44j'aurais gardé la tête bien froide devant celui qu'on nous prédisait avant 2000.
02:49Il est là, enfin il est là, Sébastien Bolaire, ça va bien ?
02:52Ça va et toi ?
02:53Merci de nous accueillir à Paris.
02:54C'est un grand plaisir.
02:55Quand tu regardes les gens marcher à Paris, il y en a qui rentrent dans les centres d'achat,
03:01d'autres qui rentrent dans les centres d'affaires,
03:03d'autres qui sont en vélo, il y en a qui rentrent dans les boulangeries, qui prennent un café.
03:07Tu vois le streatum en action.
03:09Ils sont pilotés par leur streatum.
03:10Oui.
03:11Ils ne se prennent pas compte.
03:12Paris, c'est la ville des gens pilotée par leur streatum.
03:16Il n'y a pas que Paris, je pense que tout l'univers, le monde, la civilisation consumériste,
03:21elle est pilotée par le streatum.
03:23Ce qu'on va faire, c'est qu'on va aller prendre un café,
03:26et on va aller voir ce qu'il y a à Paris.
03:28Le café, ça agit sur le streatum.
03:30Oui, le streatum, c'est vraiment la monnaie d'échange, c'est la dopamine.
03:34Oui, c'est le système de récompense.
03:39On est aujourd'hui dans un monde moderne avec un cerveau ancien.
03:42Oui.
03:43Notre cerveau s'est construit pendant des millions d'années
03:45avec ce streatum qui donne du plaisir quand on mange.
03:48Voilà.
03:49Ça fait que, quand on mange, on est en train de manger,
03:51on est en train de manger, on est en train de manger,
03:53on est en train de manger, on est en train de manger,
03:55on est en train de manger, on est en train de manger,
03:57c'est ça qui fait que les humains ont toujours continué à manger pour survivre.
04:01Heureusement que ce système existe, d'accord ?
04:03Et surtout, ce système, il n'est pas fait pour s'autolimiter.
04:06Parce que nos ancêtres paléolithiques, s'ils trouvaient une proie à manger,
04:11ils avaient intérêt à manger le plus possible.
04:13Parce qu'on ne sait pas ce que demain nous réserve.
04:15Oui, on ne sait pas ce que demain nous réserve.
04:16Il n'y avait pas de moyens de conserver la viande.
04:18Il y a des prédateurs qui peuvent nous prendre la viande aussi.
04:20Donc, pour survivre, il faut manger le plus possible, le plus vite possible.
04:24On arrive aujourd'hui dans un monde moderne
04:26qui a été construit par une autre partie de notre cerveau
04:29qui s'appelle le cortex cérébral, qui est très intelligent,
04:31qui a permis de construire des machines, des moissonneuses batteuses,
04:34des engrais, des OGM pour créer des rendements de l'agriculture.
04:38Et donc, on se retrouve avec une agriculture industrielle qui produit énormément.
04:43Donc, il y a une offre pléthorique.
04:45Et le striatum, lui, tombe devant des quantités gigantesques de nourriture
04:48et il ne sait pas s'arrêter.
04:49Maintenant, si on regarde au niveau de la sexualité,
04:52parce que le striatum, c'est aussi passer ses gènes à la génération suivante.
04:57Il y a une récompense.
04:58Bien sûr, c'est la machine à survie des animaux.
05:02Depuis des millions d'années, tous les mammifères
05:05et puis ensuite les grands singes et ensuite les humains
05:08ont transmis leurs gènes en se reproduisant.
05:11Et à chaque fois, la récompense, c'est le plaisir.
05:14Et on voit les gens, quand ils ont des relations sexuelles,
05:17c'est le striatum qui les récompense avec de la dopamine.
05:20Il y a aussi ce besoin d'avoir sa place dans la société.
05:24On va s'acheter un statut social en consommant.
05:26Donc, la société de consommation repose en grande partie là-dessus.
05:29Tous les besoins qui sont secondaires, des désirs totalement superflus.
05:33On n'a pas besoin d'avoir 50 000 sacs à main
05:35ou d'avoir une grosse voiture ou d'avoir des baskets de marques.
05:39Non, c'est pour affirmer son statut, parce que ça nous donne cette fameuse dopamine.
05:47Mais qu'est-ce qui se passe sous notre calotte glaciaire ?
05:49Je m'arrête ou je continue ? Stop ou encore ? Encore ? OK.
06:07Le striatum de cette autrice va inciter à accumuler des objets précieux à ses yeux
06:12au point d'embrasser la faillite.
06:16Mon cœur bat vite.
06:18Quand ?
06:19À la vue de certains objets.
06:21Pour vrai, là ?
06:22Justement, pas parce qu'il y a des affaires, je veux les acheter,
06:26mais il y a beaucoup de nostalgie ici,
06:28beaucoup de vieux objets qui me rappellent mon enfance.
06:30C'est souvent ça qui m'intéresse et qui me porte à dépenser.
06:35Toutes ces merveilles se retrouvent aussi en ligne.
06:37Il y a énormément de marchés au bus en ligne.
06:40Moi, c'est ça mon problème.
06:42Dans mes pires moments où je compulsais,
06:45mes endorphines étaient vraiment dans la recherche d'un objet.
06:49C'est quand tu cherches que ton système dopaminergique est en action.
06:52Moi, c'est ça.
06:54Là, ça me prend une bouilloire avec une tulipe, un colibri.
06:58Je cherche et c'est comme l'aventure.
07:01Toi, c'est là que se trouve ta récompense,
07:04beaucoup plus qu'à la réception de l'objet.
07:06Beaucoup plus qu'à la réception.
07:07À l'achat, oui, un peu aussi.
07:09Mais déjà là, surtout maintenant, je ressens déjà de la culpabilité en achetant.
07:15Mais quand même ça, c'est bien.
07:17Oui, je veux dire, c'est un bon cycle.
07:19Parce que ça veut dire que je prends conscience que là,
07:21pourquoi j'achète ça?
07:23Ça me permet aussi des fois avant de quitter un instant.
07:27Ai-je besoin de cette bouilloire à tulipe et colibri?
07:30Oui.
07:31Oui? Parfait, on l'achète!
07:34Je te dirais qu'il fut un temps où quand le gars de la poste arrivait,
07:38c'était le moment de honte pour moi.
07:40Ah oui, tu t'es flashlée.
07:43Oui, mais c'est sûr.
07:44Des fois, le gars arrive avec plein de boîtes.
07:47Souvent, il m'a dit « C'est Noël ».
07:49On était au mois d'avril, je suis comme « Ah oui, c'est Noël ».
07:52On m'a déjà demandé « Avez-vous une entreprise? »
07:55Ah oui, pour vrai là, parce que t'avais une boîte qui arrivait.
07:58Oui, mais c'est ça.
07:59Il y a une entreprise.
08:00Je me souviens déjà avoir salué le gars du PS sur la rue,
08:04parce qu'on se connaît.
08:06C'est un peu les envies, les désirs de l'espèce humaine
08:09qui te disent « Vas-y, vas-y, tu vas avoir la dopamine,
08:12tu vas en avoir, mais ça ne durera pas longtemps. »
08:15C'est court.
08:16Une fois que c'est acheté, je ne suis plus comme
08:19« Ah, j'ai acheté quelque chose de précieux, j'ai gardé mes sous,
08:23c'est fini, je n'y pense plus. »
08:26Ma grand-mère avait une formule, elle disait ça,
08:28elle disait « L'argent, c'est important, mais n'oubliez pas,
08:31le bonheur acheté est aussi éphémère qu'un pète de lièvre
08:34dans une savane. »
08:36J'ai trouvé ça très fort.
08:37C'est exactement ça.
08:39Dès que ça arrive, ça se dissipe assez vite,
08:41puis il faut recommencer.
08:43Un pète de lièvre dans la savane.
08:45Je pense que je vais écrire ça sur mon mur.
08:57Aujourd'hui, on achète 60 % plus de vêtements qu'en l'an 2000.
09:02Imaginez, la fabrication d'un seul tee-shirt
09:05exige 2500 litres d'eau.
09:08En 2019, trois millions de tonnes d'eau
09:11ont disparu de la calotte glaciaire,
09:13c'est environ six piscines olympiques à la seconde.
09:17Aujourd'hui, on achète 60 % plus de vêtements qu'en l'an 2000.
09:21Imaginez, la fabrication d'un seul tee-shirt
09:24olympique à la seconde.
09:26J'en ai un pour chaque jour de l'année.
09:30L'industrie textile occupe la deuxième place du podium
09:34des industries polluantes de la planète après le pétrole.
09:37Elle pollue plus que l'aviation et le transport maritime réunis.
09:43Ce spécialiste du marketing dirait certainement
09:46que les publicitaires regardent le consommateur
09:49un peu comme Pavlov observer son chien.
09:54Ce système de récompense est très relié à l'addiction.
09:57C'est les mêmes mécanismes que l'addiction au jeu,
10:00à la cigarette ou à l'alcool.
10:02Les publicitaires, les gens qui font du marketing,
10:05le savent très bien.
10:07Ils vont utiliser tous ces mécanismes
10:10pour éveiller nos sens et nous faire acheter
10:13des produits ou des services.
10:15Toutes les entreprises qui utilisent le neuromarketing,
10:18c'est l'utilisation de la science,
10:22du cerveau au profit du marketing,
10:25donc de nous vendre quelque chose.
10:27Aucune entreprise veut dire publiquement
10:30qu'elle utilise ces technologies-là,
10:32parce que ça serait comme laisser penser
10:34qu'elles vont jouer dans notre cerveau.
10:36Est-ce que vous savez ce que vous allez acheter?
10:38Oui, je sais, mais non, pas réellement.
10:40Je vais regarder. Je suis sûre que je vais trouver quelque chose.
10:43Est-ce que vous vous laissez tenter une fois à l'intérieur?
10:46Oui. Spécialement, pour une chose, je sors avec 10.
10:49Au moins, au moins.
10:51Et avec la carte de crédit.
10:53Si on parle de raccoler le striathum,
10:55le système de récompense, on est ici,
10:57on est stimulé de partout.
10:59Oui, mais si on est dans l'entre de la consommation,
11:02on peut dire ça.
11:04C'est-à-dire qu'il y a plein de choses
11:06qui font qu'on veut acheter,
11:08on veut découvrir, on veut regarder.
11:10Déjà, c'est très grand.
11:12C'est très lumineux. Les plafonds sont très hauts.
11:15Et en même temps, il y a aussi des plafonds
11:17qui sont rabaissés, qui sont plus bas,
11:19qui font sentir peut-être que tu es plus confortable,
11:21tu es un petit peu chez toi.
11:23Et il y a beaucoup de stock.
11:25Mais moi, j'ai envie de te faire monter cet escalier.
11:27On est quand même dans un magasin de sport.
11:29Je ne sais pas si tu as remarqué,
11:31il y a un escalier mécanique.
11:33Donc ça, c'est une autre stratégie.
11:35Il faut essayer de faire le moins d'efforts possible,
11:38même dans un magasin de sport.
11:40Mais ça, c'est le dictat du striathum.
11:42Voilà.
11:44Si tu veux ramasser le pactole en faisant moins d'efforts,
11:46ton cerveau va dire que c'est fantastique.
11:48S'il y avait eu des escaliers pour monter,
11:50probablement qu'on se serait dit qu'on va rester en bas.
11:52Oui.
11:54Regarde ça.
11:56Donc là, on arrive dans l'espace des souliers de course.
12:00Oui.
12:02C'est comme une religion, les souliers de course,
12:04pour ceux qui font de la course.
12:06Donc là, il y a une autre stratégie de marketing,
12:08c'est d'avoir énormément de souliers.
12:10Regarde ça.
12:12Tu ne peux pas dire qu'ils n'ont pas ce que je veux.
12:14C'est sûr.
12:16Si tu ne trouves pas ta père ici, il ne la trouvera pas ailleurs.
12:18Exactement.
12:22Pour la première fois en 2019,
12:24le nombre de décès liés à la suralimentation
12:27a dépassé le nombre de décès dus à la famille.
12:30Il y a un proverbe qui dit
12:32« Celui qui mange quand il n'a pas faim
12:35creuse sa tombe avec ses dents. »
12:37Qui de mieux que cette crème de la crème des chimistes
12:41pour nous parler des aliments
12:43qui raccordent notre cerveau.
12:45On est vraiment choyés.
12:47Merci beaucoup.
12:49En fait, quand on sent nos récepteurs olfactifs
12:52dans notre nez,
12:54il y a des substances chimiques volatiles
12:56qui rentrent dans notre nez.
12:58Ce n'est pas ça qui nous dit que ça sent les ailes de poulet,
13:00les frites ou les chips comme ça.
13:02Ce sont des petits signaux électriques
13:04qui sont envoyés à notre cerveau.
13:06On a emmagasiné tous ces souvenirs-là.
13:09Et là, notre cerveau va décoder ces signaux-là.
13:12Il va dire « Ça sent les ailes de poulet. »
13:14« Ça sent les frites. »
13:16Les chips, c'est l'exemple parfait.
13:18La composition chimique de ça, elle est parfaite.
13:21Suffisamment de gras, de lipides.
13:23Le gras.
13:24Suffisamment de glucides.
13:26Cette combinaison-là avec le sel.
13:29Les trois éléments.
13:31Ça va stimuler dans notre cerveau
13:34des parties du cerveau qui sont associées
13:36au phénomène de la récompense.
13:38Le circuit de la récompense.
13:40Et surtout, la dopamine.
13:43Quand on croque une de ces chips-là,
13:47dans notre cerveau, il va y avoir un stimuli
13:50et on va produire de la dopamine.
13:52Ça va nous dire « C'est vraiment bon, ça. »
13:55« Vraiment, vraiment, c'est bon. »
13:57Le problème avec la dopamine,
13:59c'est que cette espèce d'augmentation subie de dopamine,
14:04ça ne dure pas longtemps.
14:05Ça décroît très rapidement.
14:07Qu'est-ce que tu fais?
14:08C'est le circuit de la récompense.
14:09Il faut que tu y ailles.
14:10Tu peux retrouver ça et tu vas en prendre une deuxième.
14:13C'est pour ça qu'on dit que quand t'en manges une,
14:16tu vois le fond du sac.
14:18Cette combinaison-là de molécules lipidiques,
14:21glucides, ensemble comme ça,
14:23ça nous fait faire l'hyperphagie édonique.
14:27L'hyperphagie édonique.
14:30C'est très beau, ça.
14:32Et qu'est-ce que c'est l'hyperphagie édonique?
14:34C'est quand on mange seulement par plaisir
14:37que ça va contrecarrer toutes nos hormones,
14:40toutes les molécules de satiété, etc.,
14:43elles vont être contrecarrées.
14:45Et là, notre cerveau nous dit « Tu dois en manger encore plus. »
14:48Donc, c'est le circuit de la récompense.
14:50C'est quoi la solution, mettons?
14:52Si on veut vraiment dompter le céréatome, on fait quoi?
14:54Je pense qu'une des bonnes façons,
14:56ça nous vient de nos amis des Premiers Peuples.
14:59Oui.
15:00Parce que tu fais beaucoup de travaux dans le Nord.
15:04Et quand on a la chance d'être invité,
15:07on va aller manger.
15:09C'est long, on prend le temps.
15:11On mange lentement.
15:12Ça a l'avantage de laisser notre appétit se contrôler,
15:16de reprendre le contrôle sur notre cerveau,
15:19sur nos papilles digestives.
15:22Et ça, je pense que c'est une bonne façon.
15:24On doit s'inspirer des Premiers Peuples, je pense.
15:34Quelle pulsion rivalise avec celle de se nourrir?
15:37La pulsion sexuelle, évidemment.
15:39D'ailleurs, quand on aime quelqu'un,
15:41on le dévore du regard,
15:43on boit ses paroles,
15:44et on a même parfois envie de le croquer.
15:48L'industrie de la pornographie nous dit
15:50« C'est le buffet ouvert pour tout le monde. »
15:52On est venus dans ce monde technologique
15:55avec un cerveau,
15:56avec un cerveau,
15:57avec un cerveau,
15:58avec un cerveau,
15:59avec un cerveau,
16:00avec un cerveau,
16:01avec un cerveau,
16:02avec un cerveau,
16:03avec un cerveau.
16:04Ce monde technologique,
16:05avec un striatum qui est assoiffé de sexe
16:07depuis des millions d'années,
16:08et d'un seul coup,
16:09qui se retrouve devant une offre de sexe pléthorique.
16:11C'est 136 milliards de vidéos pornographiques
16:13visionnées par an.
16:15En 2019,
16:16le site Pornhub a proposé à lui seul
16:19plus d'un million d'heures de nouveaux contenus.
16:22Il faudrait 169 ans
16:24à une seule personne pour les visionner en continu.
16:27Les vidéos représentent 30% du trafic internet.
16:31Les serveurs qui accueillent toutes ces vidéos
16:34créent un effet de serre gigantesque.
16:36Le porno a dépassé l'aviation de ce côté-là.
16:40S'envoyer à l'air devant son écran,
16:42ça pollue.
16:48Quand vous êtes un chasseur-cueilleur,
16:50il y a, mettons, 150 000 ans,
16:52si vous voulez survivre,
16:53vous devez manger,
16:54vous devez vous reproduire,
16:55et vous devez avoir du statut social.
16:57Plus un individu a du pouvoir dans son groupe,
17:00plus il a accès à de la nourriture,
17:02et plus il a accès à des partenaires sexuels.
17:04Là encore, ça l'aide à survivre,
17:05à court terme et à moyen terme.
17:07Notre striatum nous récompense avec de la dopamine
17:09à chaque fois qu'on arrive à s'élever
17:11dans la hiérarchie de notre groupe.
17:13Le problème, c'est qu'on est 8 milliards
17:15avec un striatum qui veut avoir du pouvoir.
17:17Comment on fait ?
17:18On invente, par exemple, les réseaux sociaux
17:20où chacun peut s'imaginer qu'il a du pouvoir.
17:23Un statut dans une petite commune.
17:25Et on voit, il y a des expériences d'imagerie cérébrale
17:27qui montrent que quand on gagne des likes,
17:29par exemple, sur un réseau social,
17:31le striatum nous donne de la dopamine.
17:33Quand on obtient notre première centaine de likes
17:36sur les réseaux sociaux,
17:38notre striatum est heureux.
17:40Le problème, c'est que le lendemain,
17:42on en veut encore plus.
17:44On est éternellement insatisfait.
17:54Et si les créateurs de Facebook
17:57connaissaient le fonctionnement du cerveau humain ?
18:00Qu'est-ce qu'un like exactement ?
18:02Un like procure un sentiment de satisfaction
18:05et de reconnaissance de son clan virtuel.
18:09En fait, un like répond à un besoin
18:13dopamino-récompensé vieux comme le monde,
18:16celui d'appartenir à une communauté.
18:23...
18:31Vulgarisatrice du numérique,
18:33elle connaît mieux que quiconque
18:35la différence entre développer des liens d'amitié
18:38et former une clique,
18:40et cliquer sur des liens pour devenir amie.
18:42Est-ce que les Facebook et compagnie
18:44qui nous ont offert les médias sociaux
18:46ont eu affaire à des gens,
18:48des spécialistes du cerveau,
18:50pour leur dire,
18:53qui titillent le cerveau et qui créent de la dépendance ?
18:56En fait, c'est plus complexe que ça.
18:58On a tendance à vouloir mettre ça noir et blanc,
19:00des méchants qui ont voulu nous manipuler, etc.
19:03Mais on est dans un écosystème
19:05où la manipulation est presque obligatoire.
19:09Ça s'appelle le marketing.
19:11On est dans une société capitaliste
19:13où ces plateformes-là, pour fonctionner,
19:15pour se monétiser,
19:17utilisent les voies de la publicité,
19:19de la vente et du ciblage de consommateurs.
19:22Et le problème avec tout ce qui est en ligne,
19:24ce n'est pas l'hyper-citoyen.
19:26C'est l'hyper-consommateur pour lui vendre des affaires.
19:29Et toutes les infrastructures,
19:31qui parfois donnent des résultats merveilleux,
19:33on peut socialiser là-dessus.
19:35Moi, je peux échanger avec des gens du monde entier.
19:37Ça a agrandi plusieurs de mes possibilités
19:40de connaissance du monde et de conscience du monde.
19:42Sauf qu'il y a plein de structures
19:45qui viennent renforcer mon striatum,
19:47manipuler mes pulsions,
19:49parce que ça vient nourrir le profit.
19:52Alors, je pense pas que c'est des gens
19:54qui volontairement ont voulu manipuler des humains,
19:56mais disons qu'ils se retournent dans un système économique
19:58où, pour t'en sortir en tant qu'entreprise,
20:00t'as pas le choix.
20:02C'est quoi la boucle de dépendance?
20:04Qu'est-ce qui fait que, quand on est là-dedans,
20:06on s'en sort pas parce qu'on le voit avec les ados?
20:08Ça aussi, il faut faire attention,
20:10parce qu'il y a des choses
20:12qui sont clairement une boucle de dépendance.
20:14Par exemple, c'est sûr que TikTok
20:16et Instagram,
20:18quand tu tombes dans ce qu'on appelle les reels
20:20ou les vidéos qui sont à la chaîne
20:22et qu'on fait juste swiper par en haut...
20:24Qui sont toujours les plus courts, le plus court.
20:26Faut pas que ce soit long, parce que si c'est long...
20:28C'est toi qu'ont rallongé, parce qu'ils se sont rendus compte
20:30que les formats plus longs fonctionnaient mieux,
20:32quand même, sauf qu'on voit pas l'heure.
20:34Déjà, ça, c'est un enjeu.
20:36On fait exprès pour pas que tu vois l'heure,
20:38parce que sinon, t'aurais peut-être plus de levier
20:40pour t'autoréguler.
20:42C'est sûr qu'il y a des éléments qui sont problématiques,
20:44mais si tu travailles avec des jeunes,
20:46tu peux justement les aider à gérer cet aspect-là,
20:48à gérer les alertes.
20:50Ça, c'est la pire chose.
20:52Toutes les applications.
20:54Viens voir, tes amis ont publié.
20:56Et là, dans des moments où t'étais justement
20:58en train de vivre autre chose,
21:00ton téléphone vient t'attirer tout le temps
21:02comme si t'avais toujours des gâteaux au chocolat
21:04à proximité.
21:06Quand tu écoutes des gens de ma génération,
21:08ils vont dire, avant, on développait des liens d'amitié
21:10pour former des clics.
21:12Aujourd'hui, il faut cliquer sur des liens
21:14pour devenir amis avec nous.
21:16Pour moi, ma génération,
21:18on a vraiment des problèmes avec ça.
21:20Oui, mais non, justement.
21:22Pour moi, déjà, c'est pas parce que tu dis à quelqu'un
21:24que tu détestes ou que tu l'aimes dans un texto
21:26que ça a moins d'effet que si tu lui dis
21:28par d'autres voix.
21:30Il y a une part de vérité dans ce que nous appelons
21:32l'amitié ou les relations virtuelles.
21:34Exactement.
21:36Pour moi, il y a le virtuel et le concret,
21:38mais dans tous les cas, c'est vrai.
21:40Il n'y a pas de fausse vie et de vraie vie.
21:58Il s'est passé quelque chose dans l'histoire de l'humanité
22:00avec un moment charnière
22:02qui est la transition du néolithique.
22:04Oui, la sédentarisation.
22:06Les humains se sédentarisent
22:08et ils arrêtent d'être des chasseurs-cueilleurs
22:10pour devenir des éleveurs, des agriculteurs.
22:12On commence à avoir des petites villes
22:14avec des gens qui gouvernent
22:16ces agglomérations
22:18et qui possèdent des terres.
22:20Celui qui possède des terres, il devient important.
22:22Il accumule les récoltes
22:24et commence à accumuler des biens.
22:26Ça peut être de l'huile, ça peut être des poteries,
22:28ça peut être des tapis, ça peut être des chevaux,
22:30des têtes de cheptel.
22:32Le marqueur de statut social, ça devient
22:34la possession.
22:36Ça, c'est nouveau.
22:38Comme on accumule des biens, il faut pouvoir les échanger
22:40et là apparaît la monnaie.
22:42Celui qui accumule de la monnaie
22:44accumule des biens virtuels.
22:46Le marqueur de domination sociale
22:48devient l'accumulation
22:50d'argent.
22:52Là, on passe dans un autre monde.
22:54Avec l'argent, on devient important.
22:56La dopamine devient associée
22:58à l'argent.
23:02Quand on voit un logo d'une marque qu'on reconnaît,
23:04on veut la posséder.
23:06Il y a quelque chose qui fait qu'il y a un rapport émotif
23:08avec cette marque-là.
23:10La marque est importante parce que c'est aussi
23:12une forme de statut social.
23:14Par exemple, si je suis un fan de voiture,
23:16que j'achète une Porsche,
23:18ça veut dire quelque chose sur moi.
23:20Je fais partie d'un clan.
23:22On va prendre Harley-Davidson pour les motos.
23:24Quand j'achète une Harley, je n'achète pas juste une moto.
23:26Je fais aussi partie d'une communauté.
23:28Il y a des marques pour des gens qui ont un petit peu d'argent.
23:30Il y a des marques pour des gens qui ont beaucoup d'argent.
23:32Il y a des marques pour des gens qui veulent
23:34montrer qu'ils ont beaucoup d'argent.
23:36Ceux qui travaillent là-dedans
23:38nous organisent des messes.
23:40Parce que moi, je vois la consommation aujourd'hui
23:42comme la nouvelle religion.
23:44On peut penser au magasin Apple,
23:46qui vend des ordinateurs et des téléphones Apple.
23:48C'est des cubes en verre qui ressemblent à des temples.
23:50Moi, la première fois, je dois t'avouer
23:52que j'ai vu des trucs comme le Black Friday.
23:54Vraiment, ça m'a déstabilisé.
23:58Dans quelques secondes,
24:00une nirvana s'ouvrira.
24:06Trois, deux,
24:08un, et voilà.
24:10Et ce n'est pas tout.
24:12Ici, les employés forment une raie d'honneur
24:14et applaudissent les premiers
24:16striatums qui franchissent la porte.
24:18Donc, double dose
24:20de dopamine pour ces vainqueurs.
24:22Dépense et reconnaissance.
24:30En 1960,
24:32un ménage sur trois possédait un téléviseur.
24:34Aujourd'hui, on en trouve
24:36deux à trois gros formats par famille.
24:38Trois enfants sur cent
24:40vivent en Amérique du Nord.
24:42Et ces enfants-là, les nôtres,
24:44possèdent 40 % de tous
24:46les jouets vendus dans le monde.
24:48Ça veut dire qu'à 10 ans,
24:50chaque enfant en Amérique du Nord
24:52aura accumulé en moyenne 238 jouets.
24:54Comme quoi,
24:56le Père Noël, c'est le lutin du striatum.
25:00Sous-titrage Société Radio-Canada
25:08Quand est-ce que t'as réalisé que c'est trop?
25:10Est-ce que t'as eu,
25:12concrètement, eu besoin
25:14de quelqu'un pour faire ça,
25:16pour dire décroche de la surconsommation
25:18des achats et des boîtes qu'on livre?
25:20Le gouvernement Revenu Québec.
25:22Ah, ça, ça...
25:24Ça, c'est pratique.
25:26Non, mais c'est violent.
25:28Oh là là! Là, tu fais comme...
25:30OK, non, on n'est plus...
25:32On ne peut plus...
25:34Une petite lettre que tu n'ouvres pas.
25:36Après ça, tu mets quelque chose dessus.
25:38C'est écrit Revenu Québec, là?
25:40C'est ça. J'étais consciente
25:42qu'il y avait un problème.
25:44Mais c'était tellement bizarre.
25:46Dans les pires moments
25:48où j'étais le plus dans la chenoute,
25:50admettons que je recevais, je ne sais pas moi,
25:52un chèque de 200 $,
25:54je dépensais 175.
25:56J'espérais la crise du fait que j'étais dans la...
25:58Mais c'est ça de combler une espèce de vide.
26:00J'achetais alors que je devais plein d'argent.
26:02Je sais que ça n'a pas de bon sens.
26:04Je sais que c'est niaiseux.
26:06Mais en vérité, d'après ce que tu racontes
26:08et ce que ça provoque dans ton cerveau,
26:10c'est une vraie dépendance
26:12comme l'autre qui est dépendant de la nourriture
26:14et qui compense parce qu'il y a des problèmes existentiels.
26:16Comment on fait
26:18pour vivre en équilibre
26:20avec la biosphère,
26:22pour ne pas la charcuter quelque part?
26:24J'ai posé des bonnes questions.
26:26Consommer en fonction de ses propres valeurs.
26:28Se poser la question
26:30est-ce que j'ai vraiment besoin?
26:32D'où vient ce besoin-là?
26:34Souvent, ce n'est pas un besoin, c'est une envie.
26:36On a envie, on désire quelque chose.
26:38Puis faire des tests.
26:40Moi, ça m'est souvent arrivé d'aller acheter
26:42ce que je désirais pour me rendre compte
26:44qu'une fois que je l'avais acheté,
26:46non seulement je n'en avais pas besoin,
26:48mais le plaisir qu'il me procurait
26:50était un plaisir très, très court.
26:52Les gens les plus éduqués
26:54sont des consommateurs mieux avertis,
26:56donc ils vont faire des bons choix
26:58au moment d'acheter ou pas un produit.
27:00Il a fallu que j'admette un moment donné,
27:02même après avoir frappé mon mur,
27:04je n'admettais pas que je n'étais pas capable
27:06de contrôler mes finances.
27:08Maintenant, il y a une personne qui s'occupe de ça pour moi.
27:10Qui s'occupe de tes finances.
27:12Il a fallu que je l'admette.
27:14Ça a été difficile.
27:16Je comprends ce que je dois faire.
27:18Je sais exactement ce que je dois faire.
27:20Tu es une fille intelligente.
27:22Tu as vécu l'abîme. Tu ne veux pas y retourner.
27:24Mais il a fallu que je me...
27:26Regarde, Catherine.
27:28Tu es capable de faire plein de choses dans la vie.
27:30Tu es occupée de tes sous.
27:32Pour l'instant, je ne peux pas me faire confiance.
27:34Maintenant, j'en parle parce que je le sais
27:36que je ne suis pas toute seule avec ce problème-là.
27:38Il y a énormément de honte attachée à l'argent
27:40et la difficulté de gérer les choses.
27:42Beaucoup de gens qui jouent en ligne.
27:44On dépense.
27:46On s'endette dans la plus grande normalité.
27:48Oui.
27:50Sans se rendre où je me suis rendue,
27:52la plupart des gens autour de moi sont là.
27:54Mais c'est normal.
27:56C'est juste normal.
28:02Quand vous avez le réflexe
28:04de vous précipiter sur votre carte de crédit
28:06quand c'est les soldes,
28:08si vous dites que c'est mon striatum,
28:10on se dit que l'on n'aime pas
28:12être gouverné par un petit ressort
28:14au fond de son cerveau.
28:16Et j'aime bien avoir ma liberté.
28:18Et je fais intervenir à ce moment-là
28:20une autre partie de mon cerveau,
28:22le cortex préfrontal, qui est le siège de la conscience.
28:24Est-ce que ça, on peut le considérer
28:26comme un modérateur ?
28:28Le cortex préfrontal est un modérateur.
28:30Une de ses grandes fonctions, c'est de dire stop.
28:32Et ce qu'on sait, ce qui est très important,
28:34c'est que le pouvoir de résistance
28:36dépend du collectif.
28:38Il y a une expérience qui est connue
28:40qui s'appelle l'expérience du marshmallow.
28:42On met un enfant devant un marshmallow
28:44et alors tu attends un quart d'heure
28:46et tu en as deux.
28:4880% des enfants craquent,
28:50ils sont incapables d'attendre.
28:52Par contre, quand on les met en groupe
28:54et qu'on dit maintenant
28:56si tout le monde arrive à patienter un quart d'heure,
28:58tout le monde a une double récompense.
29:00Et s'il y en a un qui craque,
29:02tout le monde est pénalisé.
29:04À ce moment-là, ils y arrivent.
29:06Le collectif permet de mieux résister.
29:08Donc si un jour on voulait aller vers une société
29:10qui récupère le contrôle du futur,
29:12qui arrive à se modérer, à se contrôler,
29:14c'est par le groupe qu'on y arrive.
29:18Chaque jour, le cerveau reçoit
29:20des milliers de stimulus
29:22dont beaucoup interpellent directement notre créateur.
29:24Regardez, on ne peut plus actionner
29:26son GPS
29:28sans qu'on nous rappelle où se trouve
29:30le hamburger le plus proche.
29:32Essayez de lire le journal sur une tablette
29:34et il vous clignotera une publicité
29:36à tous les deux paragraphes.
29:38C'est pas compliqué, la course aux informations
29:40est la plus rapide et la plus valorisée
29:42du temps moderne.
29:44Comment est-ce que tu peux t'impliquer
29:46dans la gestion du numérique
29:48quand, comme la grande majorité des parents
29:50qui nous écoutent, tu connais rien là-dedans?
29:52Comme Bukhar.
29:54Moi, mes enfants,
29:56on est incompétents pour faire ça.
29:58En fait, c'est pas vrai.
30:00Déjà, ça, c'est un mythe. On pense qu'on était compétents
30:02parce qu'on connaît pas tous les tenants et les aboutissants.
30:04Mais ton esprit critique,
30:06il est bon dans n'importe quelle situation.
30:08Mon esprit critique, c'est juste de t'enlever
30:10ton iPad, de ramasser le téléphone
30:12et de mettre ça dans un cadenas.
30:14Si t'accompagnes le jeune et qu'il t'explique
30:16et que tu comprends un petit peu plus ce qu'il fait,
30:18ça va pouvoir l'aider lui-même à développer
30:20son sens critique.
30:22Parce que ce qui se passe, c'est quand on dit
30:24que tout est pas bon, les jeunes finissent
30:26par pas attribuer de crédibilité
30:28à ce que tu dis, parce que pour lui,
30:30mon amitié est pas bonne, ma relation amoureuse
30:32est pas bonne, tout ce que j'aime est pas bon.
30:34Alors, il va rejeter complètement
30:36tout ce que tu pourrais lui apporter.
30:38Ce qu'il faut, c'est apprendre à développer
30:40justement son fameux cortex
30:42sur ces questions-là, d'avoir un statut social
30:44qui serait associé au fait
30:46d'avoir un comportement sain,
30:48du mot d'Éric. Et il va falloir
30:50qu'on se développe des règles de civisme aussi
30:52en ligne. Il y a comme plein de problèmes
30:54qui font que c'est arrivé trop vite. C'est comme si 100%
30:56de tout ça était justement géré par la striata
30:58et qu'on avait pas pris le temps de prendre
31:00conscience, de développer des normes.
31:02Est-ce qu'il y a quelque chose qui se développe
31:04dans ce sens-là, des réseaux sociaux
31:06qui font la promotion de l'empathie,
31:08de la bienveillance, du respect de l'autre?
31:10Est-ce que tu penses que ça marcherait?
31:12Ça marcherait si c'était
31:14financé par autre chose que Coca-Cola.
31:16Eux, ce qu'ils veulent, c'est vendre.
31:18Et c'est ça qui fonctionne pas. Mais si
31:20soit t'encadres ces
31:22plateformes-là, tu le finances pour vrai
31:24en tant que société, moi je pense
31:26qu'on pourrait faire en sorte d'augmenter
31:28la visibilité de la connaissance,
31:30d'avoir un espèce de code de déontologie
31:32ou éthique dans...
31:34À quoi tu donnes de la visibilité,
31:36dans quel contexte?
31:42J'ai une auto, un bungalow,
31:44des grosses économies,
31:46des pilules pour dormir,
31:48du café pour me réveiller,
31:50du vin pour m'étourdir.
31:52C'est quoi la question encore?
31:54Qu'est-ce qui me rend heureux?
31:56Bien, j'ai une auto, un bungalow,
31:58des grosses économies,
32:00des pilules pour dormir,
32:02du café pour me réveiller,
32:04du vin pour m'étourdir.
32:18Ça fait du bien au corps et à l'esprit
32:20d'être présent dans la nature,
32:22je pense.
32:24Oui, c'est très apaisant.
32:26Ça donne aussi une sensation de connexion.
32:28On a une partie de notre cerveau
32:30qui s'appelle le cortex singulaire antérieur.
32:32C'est une partie du cerveau qui cherche
32:34à être en accord avec soi-même,
32:36en accord avec le monde,
32:38la représentation du monde, la cosmogonie,
32:40et en accord avec les autres
32:42dans le groupe social où on vit.
32:44On a maintenant des études qui montrent
32:46qu'être dans un milieu naturel qui provoque
32:48un sentiment de connexion,
32:50voire d'émerveillement,
32:52ça joue sur cette partie du cerveau
32:54qui cherche de l'harmonie.
32:56On sait bien que l'être humain a un gros problème,
32:58c'est l'anxiété,
33:00c'est la peur de la mort,
33:02c'est la peur de manquer.
33:04Il semblerait qu'on ait deux façons
33:06de réagir par rapport à ça,
33:08soit en se rassurant, en étant important,
33:10en achetant des choses,
33:12en consommant des drogues,
33:14en s'abrutissant, et là c'est par le striatum,
33:16soit par la recherche
33:18d'harmonie.
33:20Et là c'est le cortex singulaire antérieur,
33:22c'est le sentiment d'appartenir
33:24à un groupe,
33:26c'est le sentiment d'appartenir au monde.
33:28Et c'est vrai qu'il y a la connexion à la nature,
33:30et il y a la connexion aussi à la beauté en général,
33:32à travers l'art, à travers la musique.
33:34Alors là, pour le coup,
33:36la musique active le striatum.
33:38Est-ce que c'est un effet vraiment observable,
33:40mettons qu'on rentre quelqu'un
33:42dans un IRM et on met une musique qu'il aime,
33:44on le voit ? On le voit directement.
33:46C'est vraiment un des effets les plus puissants
33:48sur le striatum, c'est dopamine,
33:50c'est très visible, c'est très localisé,
33:52c'est comme un bon vin,
33:54un shoot de cocaïne,
33:56c'est la même chose.
33:58La musique, c'est un truc...
34:00Ce qui est bien avec la musique,
34:02c'est que ce n'est pas juste un striatum,
34:04parce que celui qui joue la musique,
34:06il est récompensé,
34:08mais les gens qui écoutent la musique sont récompensés.
34:10Puis on a dit la même chose
34:12de l'altruisme, il y a des expériences
34:14qui ont montré que quand tu fais un geste
34:16vraiment altruiste, même les gens
34:18qui sont témoins du geste peuvent être récompensés.
34:22Je sais que vous vous dites,
34:24pourquoi faire des efforts
34:26quand le reste de la planète ne contribue pas ?
34:28Ben si tu te penses trop petit
34:30pour changer les choses,
34:32essaye de dormir dans une tente
34:34avec un moustique,
34:36ainsi disait le Dalai Lama.
34:38Après avoir gagné à la loto,
34:40cette infirmière au cœur immense
34:42a choisi de consacrer
34:44tout son temps et son argent
34:46au bien-être des autres.
34:48Vous voyez le frigo, il est vide.
34:50Fait qu'on va remettre peut-être
34:52le tiers dans le frigo.
34:54Ça c'est un frigo que les gens peuvent ouvrir.
34:56C'est gratuit.
34:58C'est gratuit, les gens ouvrent le frigo,
35:00ils prennent un repas puis ils s'en vont.
35:02C'est super.
35:04On pose pas de questions.
35:06T'as faim ?
35:08Oui.
35:10Même les gens peuvent venir la nuit.
35:12Puis il n'y a aucun risque
35:14à ce que quelqu'un ouvre
35:16puis il remplit son sac,
35:18ils font pas ça.
35:20Non.
35:22Qu'est-ce que ça provoque chez toi ?
35:24Tous ces gens que tu fais sourire,
35:26à qui tu donnes des choses,
35:28qui sont contents,
35:30qu'est-ce que toi ça te fait ?
35:32En fait, moi ce que j'ai réalisé,
35:34c'est que quand on s'achète un nouveau chandail,
35:36on est content pour une à deux journées seulement.
35:38Une voiture, ça peut aller jusqu'à deux semaines.
35:40Mais quand tu fais une bonne action,
35:42tu mets ça dans ton coffre au trésor
35:44et ça, ça dure longtemps.
35:46Moi je me souviens
35:48d'actions en Haïti,
35:50un peu partout,
35:52que je m'en souviens comme si c'était hier.
35:54Encore ?
35:56Encore, c'est comme très très présent.
35:58Et je le dis là, puis regarde !
36:02Moi je fais des voyages humanitaires
36:04depuis 32 ans.
36:06Mais à un moment donné,
36:08les gens ont dit « Rachel, c'est beau aider ailleurs, mais... »
36:10Il y a des besoins ici aussi.
36:12C'est ça.
36:14J'ai dit oui, mais on la voit moins, la misère au Québec.
36:16Donc j'ai été dans les parcs
36:18ici à Saint-Jérôme et j'ai commencé à donner
36:20des manteaux, de la soupe.
36:22Salut !
36:24Et j'ai créé le Bouc humanitaire.
36:26En fait, le Bouc humanitaire, c'est un organisme
36:28qui met en lien des gens de cœur
36:30et des gens dans le besoin,
36:32en situation d'urgence.
36:34On est un organisme complètement bénévole,
36:36non subventionné,
36:38on travaille juste avec les dons privés.
36:40C'est un VR 33 pieds que j'ai modifié
36:42en clinique médicale. On fait des sorties
36:44chaque semaine pour soigner les gens
36:46qui n'avaient pas accès aux soins de santé.
36:48Tu sais, autrefois, au Québec,
36:50il y a peut-être 50-100 ans,
36:52une femme accouchait,
36:54les plats arrivaient devant sa porte.
36:56Une personne passait au feu,
36:58le village arrivait.
37:00Pour l'aider à reconstruire.
37:02Aujourd'hui, on est tous, chacun,
37:04sur nos téléphones, iPad,
37:06on ne connaît pas notre voisin.
37:08On a perdu ce lien-là,
37:10on est rendu tout seul.
37:12Quand tu arrêtes ces liens-là,
37:14c'est la misère.
37:26Bon, ça travaille fort, hein?
37:28Qu'est-ce que ça vous fait
37:30d'être là, de travailler?
37:32Tellement de bonheur.
37:34Parce que c'est direct.
37:36On reçoit la réponse tout de suite.
37:38Puis on rencontre plein d'amis.
37:40C'est toujours agréable ici.
37:42Et toi, c'est toi la plus jeune?
37:44Oui, c'est moi la plus jeune.
37:46J'ai déjà vécu ça,
37:48puis je trouve qu'aider le monde,
37:50ça me fait de quoi?
37:52Ça me fait de la tristesse,
37:54mais de joie. Je les haine,
37:56puis ça me fait du bien.
37:58Ça, ça veut dire que tu crées doublement du bonheur.
38:00Ça te fait du bien,
38:02et tu fais du bien aux autres.
38:04Ma mère disait que partager
38:06et donner, c'est pas la même chose.
38:08Quand tu donnes,
38:10de temps en temps, ça peut être juste
38:12une façon de te débarrasser de quelque chose
38:14que tu voulais plus. Mais quand tu partages,
38:16tu regardes la chose, tu dis ça, j'aime ça.
38:18Mais j'accepte quand même
38:20d'envoyer une partie
38:22de laquelle tu es d'accord avec ça.
38:24Pourquoi?
38:26Combien de temps, toi, t'es là?
38:28C'est ma première journée.
38:30C'est ta première journée?
38:32Qu'est-ce qui t'a poussé
38:34à venir t'impliquer ici, au Beau?
38:36Ma grand-maman.
38:38Ah!
38:40Et aussi, à Vancouver, j'ai mon père,
38:42et sans avouer aussi.
38:44Je me trouve
38:46qu'il y a un travail vraiment important.
38:48Et votre grand-mère vous dit,
38:50viens t'impliquer.
38:52Oui, oui, oui.
38:54Lui, c'est un âge.
38:56C'est un âge. On le voit dans ses yeux, tu sais.
38:58On le voit dans ses yeux.
39:00Si tu t'assoies
39:02puis tu regardes la guerre à la télé,
39:04tu sais, t'as l'impression que tout va mal
39:06puis tu absorbes.
39:08Ça va pas, ça va pas, ça va pas.
39:10C'est terrible, terrible.
39:12Mais quand tu agis, t'as l'impression
39:14de faire déjà partie du changement.
39:16Oui.
39:18Et ça, ça fait du bien.
39:20Ma fille, elle a fait ça pour toi.
39:22Je lui ai dit.
39:24Je peux l'emmener?
39:26Oui. Elle a dit, je vais lui mettre
39:28et j'ai dit à Joelys,
39:30tu savais ce qu'elle fait, cette dame?
39:32Si un jour, on devrait donner son cœur à quelqu'un,
39:34il va falloir lui enlever des côtes
39:36pour augmenter la cage thoracique.
39:38Voilà.
39:52Les arts, la nature,
39:54tout ça, ça donne un sens à notre vie.
39:56Mais comment on va faire
39:58pour préserver ça?
40:00Il y a deux siècles, on était un milliard
40:02à peu près sur la planète.
40:04Aujourd'hui, on s'approche du 8 milliards
40:06sur une terre aux ressources limitées
40:08avec une croissance illimitée
40:10qu'on nous chante tous les jours.
40:12Comment on va faire pour préserver ça?
40:14Il y a quand même un espoir.
40:16Oui, bien sûr. Je pense qu'il faut miser
40:18sur notre plus grande richesse
40:20qui n'a pas encore été exploitée,
40:22qui est notre cerveau.
40:24On revient au cerveau,
40:26mais pas dans le striatum, ailleurs.
40:28Éduquer, c'est-à-dire la prise de conscience.
40:30On n'est encore qu'à mi-chemin
40:32de la prise de conscience des humains du problème.
40:34Il y a encore beaucoup de gens qui ne comprennent pas,
40:36qui ne réalisent pas
40:38à quel point on est en train de scier la branche
40:40sur laquelle on est assis.
40:42Et ensuite, aller vers une conscience agissante.
40:44La capacité de notre intelligence humaine
40:48de travailler sur nos désirs.
40:50L'humain, pour l'instant,
40:52n'a pas encore travaillé pour transformer le monde à l'extérieur.
40:54Il n'a pas encore travaillé
40:56pour se transformer de l'intérieur.
40:58Et je pense que ce sera la grande révolution.
41:00Ça, c'est un vrai défi.
41:02Il faut voir qu'envisager une baisse
41:04du niveau de stimulation,
41:06c'est insupportable.
41:08Oui, il faut que ça fasse mal.
41:10Ça fait très mal au striatum.
41:12Ce qui permet de surmonter ça,
41:14c'est de connaître ces mécanismes
41:16pour s'infliger, peut-être par moment,
41:18des moments de vraie austérité, de vraie sobriété
41:20qui sont des récompenses.
41:22Parce qu'on sait que quand on a fait un effort,
41:24les personnes qui font du jeûne, par exemple,
41:26savent qu'après, quand on revient
41:28vers une alimentation normale,
41:30on goûte mieux les choses.
41:32Tout est une question de contraste.
41:34Nous, les humains, on a toujours dit,
41:36même dans les sciences du vivant,
41:38que l'être humain est au sommet
41:40de la hiérarchie du vivant.
41:42Si on juge l'homme par le résultat
41:44sur sa planète, il est tout en bas.
41:46Il est le plus grand destructeur.
41:48L'amour propre va se réveiller pour dire
41:50« Non, je ne me satisfais pas de ça.
41:52Je ne veux pas être la pire espèce sur Terre. »
41:54Il faut aussi se renarcisser
41:56dans le bon terme,
41:58en disant « Qu'est-ce que je peux faire
42:00pour ne pas nuire ? »
42:04Lorsqu'un bébé venait au monde
42:06dans mon village, plus que la richesse
42:08et le succès, ma grand-mère lui souhaitait
42:10de la santé et de la compassion
42:12pour ses semblables.
42:14Le bonheur, disait-elle,
42:16à quiconque voulait comprendre
42:18le sens de son souhait,
42:20arrivent par la famille,
42:22les amis et les autres
42:24auxquels on tend la main
42:26pour partager des avoirs,
42:28des joies et des larmes.
42:30Je vous souhaite la même chose.
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