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Sources
Porcher https://www.youtube.com/watch?v=Q1uIXQ-DyRU
Musique https://www.youtube.com/watch?v=39PVEaSytpo

Réponses au quiz de fin :

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Est-ce que la suppression de l' ISF s'est transformé en investissement ?
Non.

Quel part du profit des entreprise du CAC40 est récupéré par les actionnaires?
60% des profits.

Combien Apple paye-t-il d’impôt ?
0,005% (en Irlande).

#porcher #économie #libéralisme #marché #smith #maininvisible #concurrence #monopole #loi #jungle #économiste #économistesatterés #conférence #extrait #mollat #ethiqueettac
Transcription
00:00A propos d'économistes, vous expliquez qu'il s'agit probablement le plus facilement, le
00:13mot le plus facilement, le plus attribuable dans l'espace médiatique.
00:16J'aurais tendance à vous dire qu'il n'y a pas que les économistes qui partagent ce
00:22privilège.
00:23Il y a d'autres mots, y compris en hogue, qui sont pareils, mais vous regrettez surtout
00:30dans le débat médiatique, il est souvent arrivé que des éditorialistes économiques
00:35soient tous sur la même ligne.
00:37Expliquez-nous un petit peu, c'est cette homogénéité que vous remettez en cause,
00:43évidemment.
00:44Alors sur le titre économiste, parce que moi, et les économistes atterrés de manière
00:47générale, j'aime bien les mettre, parce que c'est pour ça que j'ai fait une entrée
00:49atterrée à part.
00:51Les économistes atterrés, ils sont tous économistes, c'est-à-dire qu'ils ont tous fait huit ans
00:55d'études, ils ont tous un post, ils ont tous des publications académiques, mais vraiment
00:59tous.
01:00Dans des revues.
01:01Voilà, dans des revues classées, etc.
01:02C'est-à-dire tous, y compris ceux qui trouvent que ce n'est pas utile, on monte quand même
01:07toujours dans leur CV, où on a eu un moment dans leur vie.
01:09Donc on est économistes, et pourtant on s'en prend plein la tête en nous disant qu'on
01:14n'est pas économistes.
01:15C'est quand même assez marrant ça.
01:16Les gens qui vous disent ça, parfois, ils ont fait un bac plus cinq d'économie, alors
01:19moi j'ai dit qu'un bac plus cinq, on peut se présenter quand même comme économiste,
01:22je le dis.
01:23Mais vous avez des gens parfois qui n'ont jamais fait d'économie, c'est-à-dire qu'ils ont
01:25fait Sciences Po ou une école de commerce, et puis ils se disent économistes.
01:28Ben non, l'économie, ce n'est pas que des chiffres que l'on prend comme ça sur Eurostat
01:33et on dit il y a ce chiffre-là, ce n'est pas que des comparaisons entre deux pays,
01:36il y a aussi des raisonnements derrière.
01:37Il y a aussi des raisonnements.
01:38Et c'est ça qui fait la différence.
01:39Et il y a beaucoup de gens parfois qui sont à la tête de think tanks, je vais dire, qui
01:45n'ont fait aucune année d'études d'économie, qui font passer leur think tank pour une espèce
01:49de laboratoire de recherche en se donnant des titres directeur de recherche du think
01:52tank, truc mûche, alors que ce ne sont pas des directeurs de recherche, et qui en fait
01:57donnent l'impression de connaître, parce qu'ils citent deux chiffres, mais en réalité
02:00ils ne connaissent pas, ils citent des choses qui vont répéter à droite et à gauche,
02:06et qui servent des intérêts, souvent, parce qu'ils sont financés, c'est souvent des
02:11lobbyistes plutôt.
02:13Donc c'est important de rappeler, oui, ce que doit être un économiste.
02:16On ne peut pas se présenter un médecin, il y a aussi des titres, des études qui ont
02:20été faites, on ne peut pas se présenter médecin comme ça, et là, économiste, ça
02:23devrait être pareil.
02:24Et pour les éditorialistes, qui sont eux des journalistes économiques, il est vrai
02:28que sur un certain nombre de débats, quelle que soit la chaîne, quelle que soit la radio,
02:34quelle que soit sa tendance, soit lisons de gauche ou de droite, les débats étaient
02:37les mêmes.
02:38Sur l'ISF, je n'ai vu aucun éditorialiste qui nous a dit que c'était une mauvaise idée,
02:41ou que, tout simplement, qui a mis même des doutes, qui a dit que la transformation
02:44de l'ISF n'allait pas se transformer en investissement, ce qu'on dit les atterrait
02:48dès le début, et ce qui a été vérifié aujourd'hui par 4 rapports de France Stratégie,
02:53dont la plupart des économistes ont été des soutiens de Macron, donc on ne peut pas
02:57leur dire, mais nous, on leur avait dit bien avant.
03:00Pourquoi on leur avait dit ? Pas parce qu'on a une boule de cristal, mais parce que ça
03:02a été fait dans d'autres pays, ça n'a pas donné lieu à des investissements, donc
03:05on avait des doutes.
03:06Et là, aucun éditorialiste n'a critiqué ça.
03:08Aucun éditorialiste n'a critiqué le CICE, et aucun éditorialiste ne vous dira un jour
03:14qu'il faut augmenter l'investissement public ou la dépense publique.
03:18Donc il y a quand même partout, sur des ondes, le même discours, et ça aussi c'est un peu
03:22problématique.
03:23Un mainstream, quoi, réellement.
03:24Oui, il y a un mainstream.
03:25Après, les atterraits font partie du débat public, et moi je suis aussi souvent à la
03:29télé, donc je ne vais pas non plus critiquer, mais c'est vrai que sur les éditos matinaliers,
03:33qui sont quand même des moments où tout le monde regarde, il y a quand même une uniformisation
03:36du discours, ce qui est problématique.
03:38Autre, j'allais dire, «tribu», entre guillemets, dans un terme qui n'est pas sociologique du
03:44tout, les actionnaires.
03:46Alors là, c'est assez passionnant, parce qu'il y a de l'humour dans votre livre.
03:51Votre définition des actionnaires, ce sont des rentiers qui placent leur argent et qui
03:56récupèrent la majorité des profits générés par les entreprises.
04:01En quoi est-ce que leur comportement et leur jeu économique, comme vous le dites, page
04:05et perdant pour les états, les entreprises et les salariés ?
04:09Déjà, il faut quand même voir une chose, c'est que les actionnaires aujourd'hui,
04:15par exemple dans le cas de 40, ils récupèrent minimum 60% des profits.
04:18Il y a 30% qui va à l'investissement, à peu près, et 10% aux salariés.
04:22Parfois, ça monte à 80%, ça n'a pas toujours été le cas.
04:27Il y a des moments dans l'histoire où les actionnaires récupéraient une part un peu
04:31plus normale, c'est-à-dire 45%.
04:33C'était pas mal, 45% c'est déjà pas mal.
04:35Là, quand on monte à 60-80% du profit, on peut se dire voilà.
04:40Après, il y a aussi une chose, c'est qu'il y a une grosse partie des actionnaires qui
04:45placent leur argent, mais ce qui se passe dans l'entreprise, ça ne les intéresse
04:49pas plus que ça.
04:50Ils peuvent changer si ça ne les intéresse pas.
04:52Il y a eu un changement dans les années 80, c'est que le salaire du dirigeant dépend
04:57de ce qu'il va donner aux actionnaires.
04:58Vous l'expliquez bien.
04:59Un certain nombre de mécanismes que vous pouvez détailler.
05:03Grâce au stock option, ce qu'il va donner aux actionnaires va faire augmenter fortement
05:09son salaire.
05:10Donc, le dirigeant a plus intérêt à des investissements de court terme ou à développer
05:14parfois même des filiales qui vont s'intéresser au mouvement des actions, à tout ce qui est
05:20financiarisation de l'économie, parce que ça va rapporter plus que de faire un investissement
05:24de long terme qui parfois met un certain temps à être rentable et qui va faire gagner
05:31moins aux actionnaires.
05:32Donc, on est toujours dans une espèce de vision de court terme et aussi de compression
05:37des coûts quand l'activité va mal.
05:39Quand l'activité va mal, parce que pour que ça aille bien, soit vous vendez plus,
05:42et là c'est génial, soit vous vendez pareil et là il faut compresser les coûts pour
05:46dégager plus de profits.
05:47Et quand vous compressez les coûts, vous compressez quoi ? Heureusement qu'il y a
05:50la loi travail qui fait que les salariés peuvent devenir des meubles, heureusement
05:53qu'il y a des délocalisations parfois, parce qu'on a vu des gens parfois qui fermaient
05:56des usines en France.
05:57Il y en a trois d'usines de plus de 50 salariés qui ferment par mois en France, depuis 2008.
06:01Et vous en fermez une, quand vous la fermez, déjà vous ne savez pas pourquoi ça ferme
06:06puisque l'entreprise est souvent bénéficiaire, mais vous la fermez pour l'installer dans
06:09un pays où il y a un coût du travail beaucoup plus faible, et là vous allez avoir le cours
06:13de l'action qui va s'envoler.
06:14Donc, on a vu cette déconnexion entre la sphère réelle et la sphère financière
06:18depuis longtemps.
06:19Donc, cette logique actionnariale qui s'est imposée dans les années 80, qui veut que
06:25ce soit aujourd'hui l'actionnaire finalement le premier servi dans l'entreprise, a eu
06:30un effet, mais que tout le monde dit, a eu un effet négatif sur l'investissement, a
06:35eu un effet négatif sur les salariés, parce qu'il y a eu de plus en plus de pression
06:38pour que les coûts diminuent, et ça a créé pour le manager, dans l'entreprise, un conflit
06:45d'intérêt parfois très fort, et on l'a vu avec l'affaire Total, un conflit d'intérêt
06:49très fort entre les salariés et les actionnaires et la direction.
06:53Une notion qui est très connue, même quand on n'est pas spécialiste en économie, c'est
06:59la main invisible.
07:00Donc, on rappelle qu'on la doit à Adam Smith, l'économiste britannique, qui repose
07:07dans un petit cimetière avec une tombe très modeste à Edinburgh, je ne sais pas si vous
07:10connaissez, si vous êtes allé sur la tombe d'Adam Smith, vous ferez le pèlerinage.
07:16Cette fameuse main invisible, dont vous dites qu'elle est à l'origine de la régulation
07:20naturelle des marchés, une des thèses fondamentales des libéraux.
07:23Ce qui est très intéressant, et là c'est presque une surprise, c'est que vous citez
07:26Adam Smith lui-même, dans la théorie sur la richesse des nations, « Il est rare, dit
07:32Smith, il est rare que des gens du même métier se trouvent réunis, fusent pour quelques
07:36parties de plaisir ou pour se distraire, sans que la conversation finisse par quelque conspiration,
07:42contre le public ou par quelques machinations pour faire hausser les prix ». C'est un
07:46vrai gauchiste, cet Adam Smith.
07:50Oui, Adam Smith, on l'a retenu pour la main invisible, mais c'était beaucoup plus,
07:53je ne suis pas un spécialiste d'Adam Smith, j'ai enseigné ça de manière, en première
07:57année, mais c'est vrai qu'Adam Smith a été résumé à cette main invisible et
08:02c'était beaucoup plus profond que ça.
08:04Mais la main invisible, c'est quoi ? Alors, c'est de dire que les intérêts égoïstes
08:08font l'intérêt général.
08:10Je suis égoïste, tu es égoïste, je suis le boulanger, je veux seulement gagner de
08:13l'argent, donc je te fais un bon pain et toi, comme tu aimes bien mon pain, tu n'en
08:17as rien à faire de moi, mais tu l'achètes et on est égoïste, ça fait l'intérêt
08:20global.
08:21Et c'est le marché, en fait, à la fin on nous dit, le marché, finalement, fait l'intérêt
08:25global.
08:26Et ce qui est dingue aujourd'hui, c'est grâce à une main qui est invisible, que
08:28personne n'a vu, qui est une main invisible, qui va bien organiser le marché.
08:31Et vous regardez aujourd'hui, en fait, quand vous avez parfois des rapports de la Commission
08:38européenne, vous élisez, on vous dit, oui, il faut laisser plus de place au marché.
08:41Mais c'est qui le marché ? C'est qui ? Le marché, en fait, c'est ce que dit à
08:47la fin Smith, c'est le plus fort, le marché, un marché, c'est quoi ? C'est le plus
08:51fort qui est le leader de marché.
08:53En fait, regardez, par exemple, je vous donne un exemple.
08:56Si moi, je suis le nouveau Karl Lagerfeld, de la mode, et je dis, l'année prochaine,
09:03ça va être la mode du pate d'éléphant, du pantalon pate d'éléphant, que va-t-il
09:07se passer ? Tout le monde va dire, ouh là là, Thomas Porcher, le nouveau Karl Lagerfeld,
09:10a dit que c'est la mode du pate d'éléphant.
09:11H&M va faire du pate d'éléphant, Zara va faire du pate d'éléphant, et in fine,
09:15prophétie autoréalisatrice, le pate d'éléphant va être à la mode.
09:18Le leader de marché décide, prophétie autoréalisatrice, ça se passe.
09:23Si je suis Thomas Porcher, l'économiste, et que je dis, l'année prochaine, c'est
09:25du pate d'éléphant, rien ne se passe.
09:27Voilà.
09:28Et donc…
09:29Pardon, sauf que Keynes disait, dans la théorie générale de la monnaie…
09:33Je finis juste là.
09:35Si vous ouvrez un parapluie, en économie, il se va pleuvoir.
09:38Non, oui, mais je finis juste là-dessus, et donc, en réalité, ce qui se passe, c'est
09:41quand on dit c'est le marché, c'est en fait la loi du plus fort, et c'est le
09:45plus fort qui impose le marché aux autres.
09:48Voilà, c'est tout.
09:49C'est pas une offre comme ça, atomique, avec des gens de demande atomique qui font
09:53qu'il y a un prix.
09:54Non, non, c'est le plus fort qui impose sa loi aux autres.
09:57Et quand l'Europe dit, il faut laisser plus de place au marché, en fait, il laisse
10:00plus de place au plus fort qui est en place.
10:02Aujourd'hui, le plus fort sur la téléphonie mobile, c'est qui sur le marché ?
10:05C'est Apple.
10:06Apple, c'est le plus fort, on lui laisse plus de place, il paye en Europe 0,005% d'impôts,
10:12en Irlande.
10:13Voilà.
10:14C'est ça la loi du marché.
10:15Il paye moins d'impôts que n'importe quelle boulangerie de Bordeaux ou n'importe
10:18quel petit PME de Bordeaux.
10:19Et c'est ça l'injustice.
10:20Peut-être que vous allez là aussi me contredire, mais on peut presque dire qu'il y a eu un
10:23récit ou il y a des récits sur la dette publique.
10:25Et c'est l'entrée, parce qu'on vous a employé le mot à plusieurs reprises depuis
10:30que nous avons cette conversation, l'entrée de dette publique.
10:35Vous dites que cette dette et celle de l'État est souvent utilisée dans le débat public
10:38comme un épouvantail.
10:40C'est très intéressant ce parallélisme.
10:43Vous dites qu'on utilise l'argument qu'on ne peut pas laisser une dette publique pour
10:49les générations futures parce que ça leur fait peser sur leurs épaules un poids, une
10:54charge trop lourde.
10:55Mais vous dites étrangement qu'on ne parle pas des générations futures à propos du
10:58réchauffement climatique sur des mesures qu'il faudrait prendre de manière urgente.
11:02Je ne vous le dis pas dans le texte, mais c'est ça l'esprit.
11:06Vous dites que c'est un sujet sérieux, tout autant que celui de la dette privée,
11:12mais il est trop souvent utilisé à des fins politiques visant à promouvoir des mesures
11:19d'austérité budgétaire.
11:21Je me posais la question, est-ce que ce n'est pas la dette publique, le débat sur la dette
11:26est-ce que ce n'est pas un peu l'illustratif de tous les débats d'économistes, en particulier
11:31qui s'envoient des chiffres à la figure, ce n'est pas à votre école du tout, mais
11:35vous vous souvenez sans doute de la citation de l'aphorisme de Chonu qui disait que les
11:39statistiques sont des êtres fragiles à qui on peut faire à dire à peu près tout
11:42ce qu'on veut, mais on peut qu'on les torture un petit peu.
11:45Oui, c'est vrai.
11:46Et puis c'est vrai qu'on n'a jamais eu autant de chiffres, on n'a jamais été autant perdu,
11:49je trouve.
11:50Mais après, sur la dette, c'est très important parce que la dette, en fait, quand vous baissez
11:58la fiscalité sur les entreprises, les plus riches, vous faites plus de 50 milliards de
12:02baisse de fiscalité, donc de baisse de rentrée fiscale.
12:04Si la dette est très importante, pourquoi on fait ça ?
12:06Non, mais c'est vrai, là, il n'y a pas de problème.
12:09Là, la dette, ce n'est pas un problème parce que ça va nous faire de l'activité hypothétiquement.
12:12Et puis, on n'a pas eu l'activité qui avait été énoncée au départ, mais bon, c'est
12:15quand même bien, il faut attendre, etc.
12:18Par contre, quand il faut retirer 25 milliards sur la sphère sociale, 15 milliards sur l'assurance
12:23maladie, la santé, 10 milliards sur l'assurance chômage, là, on n'a pas le choix, c'est
12:28la dette.
12:29Donc, il y a une inégalité d'utilisation de la dette.
12:34Parfois, elle est agitée, quand les réformes sont difficiles, là, la retraite, la dette
12:38revient.
12:39Si vous comprenez, la retraite, on va économiser tant de milliards, par exemple, une dizaine
12:45de milliards, parce qu'on a baissé les impôts de production encore de 10 milliards, mais
12:49on ne peut pas faire, on doit financer d'autres choses, donc il faut faire ses économies
12:52sur la dépense publique parce que la dette, etc.
12:55Donc, la dette, c'est quand même un argument qui ressort tout le temps, mais pensons un
12:59petit peu.
13:00Si on avait fait tous les investissements nécessaires, c'est-à-dire que réclamait
13:04l'hôpital, parce que l'hôpital était en grève depuis longtemps, et en 2018, on a eu
13:07une des plus grosses cures d'austérité sur l'hôpital, 1 milliard en tendance d'économie
13:11sur l'hôpital, 1 milliard en tendance.
13:13Si on avait lâché un peu, il ne s'agit pas de mettre des paies, il s'agit juste de lâcher
13:20un petit peu quelques milliards qui changent la vie des gens sur le terrain et qui fait
13:24passer peut-être notre déficit, qui fait prendre un point de déficit, ce qui ne change
13:28absolument rien, en réalité, au coût, au taux d'intérêt, etc.
13:33Si on avait fait ça avant le Covid, combien de vies on aurait sauvées ?
13:36Moi, c'est vraiment la question que je me pose tout le temps, parce qu'on l'a fait
13:38après coup, de toute façon.
13:40On a creusé nos dettes, on a creusé nos déficits, voilà, donc on l'a fait.
13:44Donc ça, c'est de la mauvaise économie, c'est-à-dire, quand vous ne faites pas les
13:46investissements supplémentaires, et puis après, vous réagissez au dernier moment,
13:49dès qu'il y a le moindre choc, en vous disant, il faut faire ça, et vous colmatez
13:51les brèches avec encore de l'argent public, comme on l'a fait en 2008, comme on l'a fait
13:54en 2020. Moi, je me pose toujours la question, qu'est-ce qui se serait passé si, avant,
13:58on avait fait ces investissements ?
13:59Combien de vies on aurait sauvées ?
14:00Comment l'hôpital aurait été face à la crise ?
14:02Il y aurait eu des morts, parce que là, c'était une pandémie.
14:05Mais on aurait peut-être, notre personnel hospitalier aurait peut-être été mieux
14:09préparé. Et vous savez, dans toute crise, il faut une analyse, il y a l'analyse du
14:14moment, effectivement, il y a l'état de l'économie telle qu'elle est,
14:20quelles que soient les réformes qui ont été faites et les décisions que nous
14:22pouvons prendre à ce moment-là, ça, c'est une vérité.
14:24Mais après, il faut toujours avoir une analyse rétrospective.
14:28Par exemple, sur l'énergie, l'énergie, là, nous avons une guerre à côté, très
14:31bien, avec un des premiers producteurs de gaz, un des premiers producteurs de
14:34pétrole, donc ça impacte les marchés de l'énergie.
14:37Nous sommes tous d'accord.
14:39Maintenant, on peut se poser la question de à quoi a servi la libéralisation,
14:43c'est-à-dire la casse de nos monopoles publics, qui fonctionnaient très bien.
14:47Pourquoi on a fait ça ?
14:48On a créé, on a voulu que EDF, qui fonctionnait très bien,
14:51on a voulu créer des concurrents fictifs d'EDF, alors que les Français restaient
14:55majoritairement attachés à EDF.
14:56On a encouragé les gens à aller chez ces fournisseurs alternatifs en leur
15:00disant que les prix allaient baisser, parce que l'économie de marché fait
15:02baisser les prix.
15:03Manque de pots, ils ont augmenté, ils étaient plus élevés que les prix de
15:05DEF.
15:06On a créé des tarifs transitoires, les Tartam, pour les faire revenir aux
15:10prix régulés.
15:11Quel intérêt, quelle utilité, à part vouloir un marché, ce qui
15:16ressemblerait à un marché ?
15:17Quelle a été l'utilité pour nous ?
15:18À part du brainstorming qu'on conservait ?
15:21Rien, en fait, rien, vous voyez ?
15:23Donc, il faut avoir cette analyse rétrospective.
15:25Si on avait fait la rénovation des bâtiments, depuis le Grenelle de
15:28l'environnement, Sarkozy, qui demandait 500 000 de rénovation, de
15:32rénover 500 000 logements par an.
15:33On n'a jamais rénové 500 000, on est toujours à deux fois moins.
15:36On pourrait peut-être aujourd'hui se passer du gaz russe.
15:38Vraiment, il faut se poser ces questions.
15:39Pourquoi ça n'a pas été fait ?
15:41Et là, il y a une crise et après, on dit en fait, on va accélérer là-dessus,
15:44on va accélérer là-dessus.
15:45Oui, très bien, mais il y a quand même des gens qui, depuis longtemps, il y a
15:48des gens qui, depuis longtemps, disaient que les prix de l'énergie étaient
15:52augmentés, étaient structurellement vers la hausse et donc qu'il
15:57fallait rénover probablement les bâtiments pour consommer moins d'énergie.
16:01Des économistes, même libéraux, Patrice Geoffron, Jean-Marie Chevalier,
16:05ce sont des gens qui ont été mes professeurs, eux-mêmes vous disaient
16:08que les prix du gaz, les prix du pétrole, les prix de l'électricité
16:10étaient orientés à la hausse.
16:11Monsieur Demargerie, il y a dix ans, il nous disait que le prix de l'essence
16:14serait à deux euros.
16:15Qu'est-ce qui a été fait ?
16:16Je ne sais pas, moi, pour changer la fiscalité des prix des carburants et
16:19qu'elles soient plus justes, qu'elles ne pèsent pas de la même façon sur
16:21quelqu'un qui vit à Paris, en centre-ville ou quelqu'un qui vit dans
16:25une petite ville et qui fait 50 kilomètres.
16:26Rien, rien n'a été fait, rien n'a été pensé.
16:29Et dans l'urgence, on fait des petites mesures comme ça d'aide.
16:32Donc, c'est important d'avoir aussi ce recul sur les choses.
16:55Sous-titrage MFP.

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