• il y a 6 mois
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00:00Je chemine solitaire sur cette terre depuis longtemps détachée du plaisir de la vie.
00:20Nul compagnon ne partage le secret de mon cœur.
00:23Jamais aucune âme n'a su me comprendre.
00:26Je fuis le monde et toutes ses joies.
00:28Je suis bien loin aujourd'hui des humains.
00:30Leur bonheur et leur peine me restent étrangers.
00:33Je chemine solitaire comme sur une autre planète.
00:37Ô vous, chères âmes de ces temps lointains auxquelles s'adresse aujourd'hui mon âme,
00:43bien souvent elle vous accompagnera et vous la ferez vivre grâce à mes poèmes.
00:48Chaque année, à l'approche du printemps, le duc Maxent Bavière et son épouse la duchesse Ludovica
00:58quittent Munich pour Posenhofen sur les rives du lac Steinberg.
01:07Depuis son mariage en 1828, le couple a donné naissance à huit enfants.
01:11Sissi est le troisième de cette union heureuse.
01:15Elle est née la veille du jour de Noël 1837 et on la baptise Elisabeth en l'honneur de sa tante, la reine de Prusse.
01:34Mais elle sera cependant toute sa vie surnommée affectueusement Sissi.
01:38De tous ses frères et soeurs, Elisabeth est la plus turbulente.
01:42« Il y avait des moments, écrit la baronne Walfen, où il lui fallut littéralement la ficeler sur une chaise. »
01:52Dans cette famille un peu bohème, Elisabeth grandit entourée d'affection, insouciante et libre.
02:05Son père, le duc Maximilien, est un prince excentrique, aimant par-dessus tout la nature, poète à ses heures.
02:11Il est en outre un excellent joueur de sitar.
02:14Cavalier hors père, il a fait construire dans sa résidence de Munich un manège où il dresse lui-même ses chevaux.
02:20Son épouse, quant à elle, est une femme modeste et pieuse.
02:24Elisabeth est sensible au paysage romantique de sa bavière natale et confie déjà ses secrets à son journal intime.
02:31Très proche de son père, elle l'accompagne dans ses promenades à cheval.
02:35Le duc Maximilien confiera un jour à sa fille
02:38« Si toi et moi nous n'étions pas nés princes, nous aurions été écouillés dans un cirque. »
02:44Pendant l'été 1853, la duchesse Ludovica, accompagnée de ses filles Hélène et Elisabeth,
02:50rend visite à l'archiduchesse Sophie, qui est en villégiature à Bad Hinschor.
02:55Ce petit village perché dans les montagnes est la résidence d'été de la famille impériale d'Autriche.
03:01D'annoncer ses fiançailles officielles avec sa cousine Hélène.
03:05Ce sérieux jeune homme de 23 ans est devenu depuis le 2 décembre 1848 le nouvel empereur d'Autriche.
03:12Mais à la surprise générale, la charmante Sissi éclipse Hélène aux yeux du jeune empereur.
03:17« Ce sera Elisabeth ou aucune autre femme », annonce François-Joseph à sa mère.
03:21Cette Sissi est si charmante avec cette magnifique couronne de cheveux autour de son visage,
03:26cette exubérance de petite fille encore et pourtant cette douceur.
03:31Le jour de leur fiançaille, François-Joseph offre à Elisabeth une couronne de rose et lui dit
03:37« C'est le plus beau jour de ma vie, je te dois mon bonheur et je te remercie d'avoir éclairé mon existence ».
03:42Les noces sont fixées au mois d'avril 1854. Un avenir exceptionnel s'ouvre alors devant Elisabeth.
03:49Pourtant, la veille de son départ pourvienne Sissi écrit dans son journal
03:53« Adieu demeure silencieuse, adieu vieux château et mes premiers rêves d'amour.
03:58Vous saluerez encore le mois de mai, mais aujourd'hui je vous dis adieu maison chérie, je vais être si loin de vous ».
04:09Vienne est en fait pour saluer l'arrivée de la future impératrice.
04:12Des drapeaux aux couleurs de la Bavière flottent au vent
04:15et un nouveau pont sur le Danube a été spécialement construit en son honneur.
04:20Alors qu'elle traverse la ville dans un carrosse vitré, aux panneaux peints par Rubens et aux roues incrustées d'or,
04:26chacun essaye de la voir de plus près, de lui voler un sourire.
04:50Le mariage a lieu le lendemain, le 24 avril 1854.
04:55Coiffée d'une couronne d'opale et de diamants, Elisabeth porte une robe de dentelle blanche tissée de fils d'argent.
05:10Pâle et angoissée, la jeune mariée de 17 ans arrive au seuil de l'église des Augustins
05:16où l'attendent tous les membres du clergé et les représentants de la famille impériale.
05:23Lorsque les futurs époux échangent leurs alliances et leur consentement, le cardinal prononce un serment éloquent.
05:30« Aux côtés de François-Joseph, héros et sauveur de l'Autriche,
05:33son impériale compagne resplendira comme la première entre toutes les femmes
05:37par les vertus qui du haut de son trône répandront sur le peuple leur douce et attirante lumière ».
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05:59Très vite, Elisabeth est confrontée à la rigidité de l'étiquette espagnole
06:03qui règne à la cour des Habsbourg et qui règle en détail ses moindres faits et gestes.
06:08En effet, la jeune impératrice est trop spontanée pour se plier sans réticence aux exigences du cérémonial de Charles V.
06:16A la table impériale, tout le monde est muet, personne n'a le droit d'interroger l'empereur.
06:21Si sa majesté pose une question, on doit y répondre en quelques mots, toute conversation générale est proscrite.
06:29Ses plaisirs d'autrefois, comme boire de la bière à table, lui sont désormais interdits.
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06:48Dans les grands salons impersonnels du palais de Schönbrunn, Elisabeth a du mal à trouver sa place.
06:54« Quelle angoisse j'ai ressentie dans ce monde d'étrangers, de grandes personnes, comme tout me paraissait différent. »
07:00Cependant, elle trouve la force de jouer son rôle d'impératrice dans l'amour que lui porte François-Joseph.
07:07L'empereur manifeste à chaque instant une grande tendresse à celle qu'il appelle « mon ange adoré ».
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07:23De temps à autre, Elisabeth réussit à se soustraire à ses obligations et s'échappe pour de longues promenades.
07:34Elle écrit alors un poème dont le titre est un aveu, Nostalgie.
07:38« Que m'importe à moi le charme du printemps dans ce pays d'exil, je me languis de toi, soleil de mon pays,
07:44de vous, rive de l'Isard, de vous, arbre sombre, et de toi, fleuve vert qui doucement la nuit dans mes rêves m'a chuchoté un au revoir.
07:54Sous le ciel bleu, je languis dans ma prison, les froids barreaux de mes fenêtres insultent à ma nostalgie. »
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08:06Dès l'arrivée des beaux jours, Elisabeth découvre le château de Luxembourg, à quinze kilomètres de Vienne.
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09:01Enfin seule, loin des obligations officielles, l'empereur et l'impératrice partent à cheval sans escorte dans l'immense parc de 250 hectares qui entoure le château.
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09:27Mais Elisabeth va devoir renoncer aux promenades à cheval car elle attend un enfant.
09:33En effet, le 5 mars 1855, l'impératrice donne naissance à une fille, prénommée Sophie. L'année suivante, nouvelle déception, elle donne le jour à une seconde fille, Gisèle.
09:46Après chaque naissance, avec autorité, sa belle-mère l'archiduchesse Sophie fait installer l'enfant dans ses propres appartements.
09:59Trop accaparé par les obligations de sa charge, François-Joseph n'a pas conscience du déchirement et de la frustration que cela provoque chez son épouse.
10:06En 1856, le couple impérial se rend en Italie. François-Joseph espère que la présence d'Elisabeth saura apaiser le ressentiment qui y règne contre l'Autriche.
10:17L'accueil à Venise est glacial. La jeune impératrice prend conscience des brutalités commises par le gouvernement autrichien et incite François-Joseph à la clémence.
10:26Un revirement se produit dans l'opinion et les Vénitiens disent d'elle. Elle a la figure d'une madone et le cœur d'un ange.
10:37Mai 1857, le voyage se poursuit en Hongrie. Elisabeth est sensible aux charmes de Budapest, à ses lumières qui se reflètent dans le Danube.
10:47Elle a immédiatement le sentiment d'avoir un rôle de protectrice à tenir dans ce pays. Elle apprécie la culture hongroise et très vite, les Hongrois comprennent qu'elle va défendre la cause de leur patrie.
11:07Dès qu'elle dispose d'un peu de temps libre, l'impératrice galope dans la campagne et se délecte de la beauté des paysages.
11:17Un drame survient alors, la petite Sophie décède déçue d'une dysenterie laissant Sissi désespérée. Sa terrible belle-mère l'accable de reproches.
11:27Heureusement, l'impératrice va mettre au monde un nouvel enfant, un petit garçon, Rodolphe, donnant ainsi à la couronne l'héritier si ardemment attendu.
11:35« Nous avons un garçon superbe, je suis extrêmement heureux », dit alors l'empereur à sa femme. « Quel homme ce sera notre petit prince de la couronne ? »
11:44Au début de l'année 1859, la situation en Italie se dégrade et François-Joseph part sur le front. Plus seul que jamais, Elisabeth passe ses journées à visiter les hôpitaux et à réconforter les blessés.
11:57A chaque instant, elle songe à l'empereur qui pourrait être allongé parmi les victimes de la guerre. Elle songe à la mort et est folle d'inquiétude pour celui à qui le destin l'a lié.
12:09Elle se sent impuissante dans son grand palais, tellement seule et abandonnée. Un jour, enfin, elle reçoit une lettre tant attendue. François-Joseph lui annonce son retour.
12:19« J'ai appris à connaître les sentiments d'un général battu. Ma seule consolation, ma seule joie est maintenant d'aller te rejoindre, mon ange. Tu imagines combien je me réjouis. Ton dévoué, François.
12:32Fuir, fuir la cour, telle est la nouvelle obsession d'Elisabeth. Nerveuse et malade, elle rêve d'une île au milieu de l'océan où le printemps serait éternel. Ce sera Madère.
12:45Dans sa villa qui surplombe la mer, les yeux fermés, elle écoute le vent qui froisse les feuilles des oliviers et les vagues déferlantes. Enfin seule, elle se nourrit de beauté et d'exotisme.
12:57Lentement, elle se sent revivre. Mais cette jeune femme de 25 ans, sensible et fragile, est déjà d'une étrange et profonde gravité. L'impératrice lit souvent, mais surtout, elle écrit parfois des textes d'une surprenante beauté.
13:14Nous devons tous nous pencher sur le cœur de la terre et en écouter les battements. Là, confluent comme une conque mystique les grandes harmonies, tous les rayons du soleil qui jamais ne s'éteignent et les rêves qui ne sont pas encore nés.
13:28Après Madère, la Grèce sur les traces d'Ulysse. Voyageuse passionnée, Elisabeth gagne corfou. Sur cette île couverte d'orangers en fleurs qui émergent des flots, elle est apaisée. Avant de partir, elle écrit.
13:44Un dernier regard sur toi, mère bien-aimée. Quand demain les rayons du soleil te caresseront d'un coup d'aile rapide, j'aurai volé au loin.
13:53Venise. Elisabeth, avant de rentrer à Vienne, s'accorde encore un peu de répit. Elle redécouvre avec plaisir l'élégance de cette ville bâtie sur les eaux. Elle retrouve ceux qu'elle a laissés derrière elle, ces chiens châteaux et plateaux que François-Joseph lui a fait envoyer pour qu'elle ne soit pas seule.
14:10Et bientôt, c'est avec un immense bonheur qu'elle retrouve l'empereur et surtout ses enfants, Gisèle et Rodolphe, âgés à présent de cinq et trois ans. Durant ses voyages, elle n'a cessé de leur écrire. Et ses lettres se terminaient toujours par ces mots.
14:24N'oubliez pas votre maman. Pensez quelquefois à votre maman.
14:31Plus mûre peut-être, Elisabeth a décidé de vivre en paix avec sa belle-mère. Sur le bateau du retour, elle songe déjà au fardeau des obligations qui l'attendent à Vienne.
14:46Deux ans déjà. Deux ans qu'Elisabeth n'est pas revenue à Vienne. Elle retrouve ses lieux avec une assurance nouvelle. Elle va montrer à tous qu'elle est l'impératrice.
15:02Dans les balles de la cour, Elisabeth est plus superbe que jamais. On se bouscule pour la voir danser ou admirer son élégance.
15:13Derrière cette fine silhouette et ce gracieux visage se cache une âme généreuse. Elisabeth se sent proche de son peuple et se penche sur le malheur de chacun lorsqu'elle rend visite aux pauvres.
15:26Inlassablement, elle visite les institutions charitables et apporte à tous réconfort et chaleur.
15:36Ainsi est faite la vie d'Elisabeth, partagée entre les fêtes somptueuses et les obligations. Entraînée par la vie comme par une vale s'enivante, elle sait qu'elle ne peut pas échapper à cette destinée qui fit d'elle la femme de l'empereur d'Autriche.
15:511866. La guerre éclate à nouveau et très vite l'armée autrichienne subit l'écrasante défaite de Chadova. Elisabeth écrit.
16:03L'empereur est admirable, toujours calme et résolu.
16:07Malgré son désir de rester près de François-Joseph à l'heure du péril, Elisabeth doit partir avec ses enfants chercher un refuge en Hongrie car l'armée ennemie est aux portes de Vienne.
16:18A Budapest, l'impératrice est reçue avec enthousiasme.
16:28Elle habite le palais royal et les hongrois la considèrent très vite comme leur reine, à tel point que les parlementaires l'apprient officiellement de se laisser couronner en même temps que l'empereur.
16:37Elle leur déclare alors.
16:39La veille du couronnement, comme le veut le cérémonial, la future reine de Hongrie raccommode de ses propres mains le manteau du sacre.
16:56Et, le 8 juin 1867, sous les cris de joie de la foule, le couple royal traverse la ville.
17:04Puis François-Joseph accomplit les rites traditionnels et promet de défendre la Hongrie contre ses ennemis.
17:10Le souhait d'Elisabeth est réalisé, n'a-t-elle pas déclaré.
17:13Si les affaires de l'empereur vont mal en Italie, cela me peine.
17:17Si elles vont mal en Hongrie, cela me tue.
17:24Rayonnante, dans la robe que le couturier parisien Worth a créée sur le modèle du costume traditionnel hongrois, Elisabeth suscite l'admiration de tous.
17:32Un témoin du couronnement, le compositeur Liszt, dira « Je ne l'avais jamais vue si belle, elle apparaissait comme une vision céleste dans le déroulement d'un faste barbare ».
17:40L'empereur en uniforme maillard est fier d'être couronné aux côtés de cette reine à laquelle un poète hongrois déclare « La plus grande politique est de gagner le cœur d'une nation ainsi que votre majesté la fée de la Hongrie ».
17:51Grâce à l'influence d'Elisabeth, le comte Gyula Andrassy est nommé ministre des affaires étrangères.
17:56Elisabeth se crée un nouveau cercle intime, ses 14 dames d'honneur sont toutes hongroises.
18:01Ida Ferensi est la préférée d'Elisabeth qui ne l'appelle que « Ma douce Ida » et la comtesse festétique à qui Elisabeth a dit simplement « Soyez franche et loyale » est pour elle une confidente et une amie d'une fédélité à toute épreuve.
18:22En 1867, le couple impérial reçoit en présent de la nation hongroise le château de Guedeleu situé à 28 km de Budapest.
18:31Dans la campagne hongroise, elle espère enfin avoir trouvé un havre de paix, un lieu dans lequel elle puisse y vivre parmi ceux qu'elle aime et oublier cette tristesse qui jamais ne la quitte tout à fait.
18:51Dans ce très beau palais, elle a fait aménager à sa convenance nombre de petites pièces intimes au mur recouvert de tissu couleur lila, sa teinte favorite.
19:21Assise à son secrétaire, Elisabeth écrit de longues lettres aux êtres qui lui sont le plus chers.
19:26« Ma douce Ida, ce matin j'ai reçu ta lettre et je suis très heureuse que tu te portes bien. Quand tu reviendras, je serai encore à Guedeleu. Il fait si beau que je me réjouis de monter à cheval en toute liberté, surtout maintenant car j'ai reçu la permission d'aller seule voir les écuries. Adieu maintenant et je te prie d'écrire de nouveau à ta chère amie Elisabeth. »
19:48Guedeleu est entouré de forêts et au-delà des épaisses fuitées, une immense plaine entraîne le regard à perte de vue.
19:56De jeunes aristocrates, sportifs et fortunés comme le prince Niki et Stérazi, le prince Rodolphe de Liechtenstein ou le comte Gula Andrassi forment la société habituelle de Guedeleu où l'on chasse trois fois par semaine.
20:09Elisabeth participe à toutes les chasses, n'hésitant pas à prendre des risques et suscitant l'admiration des nobles maillards prêts à se rompre le cou pour escorter leur belle reine.
20:19Lorsqu'elle ne chasse pas, Elisabeth, brillante cavalière, se perfectionne en équitation.
20:25Comme son père autrefois, elle a fait installer un manège dans lequel elle s'entraîne durant de longues onze heures à exécuter des figures de haute école.
20:33Moulée, elle s'éloigne de l'école et s'adapte à la situation.
20:36Moulée, dans sa robe noire d'Amazon, un chapeau de soie perché sur sa chevelure, avec ses hautes beauté lassées, Elisabeth ressent une joie incomparable à monter ses plus beaux chevaux.
20:50Pour avoir une silhouette irréprochable, la coquette impératrice fait coudre ses robes d'équitation sur elle, à même le corps.
20:56À la joie des rues de Rosmar, la science revive dans les palais.
21:00silhouette irréprochable, la coquette impératrice fait coudre ses robes d'équitation sur elle,
21:04à même le corps.
21:05Dans le cadre enchanteur de Guedeleux, les obligations lui pèsent moins et elle prend
21:28plaisir à organiser des balles.
21:29Le 22 avril 1868, la petite Marie-Valérie voit le jour.
21:57L'enfant ne tarde pas à devenir la préférée d'Élisabeth, qui l'élève avec un soin
22:02jaloux.
22:03Elle expliquera un jour à sa fille.
22:05« Pour mes autres enfants, ma belle-mère avait pris ma place.
22:10Mais je me disais qu'avec toi, cela devait changer dès le premier instant.
22:13Tu devais m'appartenir en toute propriété, être le bijou sur lequel nul ne devait avoir
22:18de droits.
22:19Or, moi seule, j'ai ensuite déversé sur toi toute la capacité de mon cœur jusque-là
22:23à fermer.
22:24»
22:25À Vienne, Élisabeth lutte pour préserver son intimité.
22:38Narcissique, elle a le souci extrême de son corps.
22:42Dans ses appartements de l'Haufburg, elle s'est fait installer un véritable temple
22:50de la beauté.
22:51Au grand scandale des archiduchesses, l'impératrice prend des bains entièrement dévêtus.
22:56Elle fait quotidiennement de longues séances de gymnastique dans une salle équipée de
23:02bars et d'anneaux.
23:03Son professeur de grec la surprend un jour.
23:05« Je la trouvais en train de faire les anneaux.
23:08» Elle portait une robe de soie noire à longue traîne.
23:10Bordée de superbes plumes d'autruche noires suspendues aux cordes, elle faisait un effet
23:15fantastique, tel un être entre le serpent et l'oiseau.
23:18Dans le parc de Schönbrunn, Élisabeth fait de longues marches à pied et se rend tous
23:25les matins à la ferme.
23:26Là, elle boit lentement un verre de l'effret, c'est parfois le seul aliment que s'autorise
23:33l'impératrice qui s'astreint aux régimes les plus extravagants.
23:36Dans ce cadre champêtre, elle goûte en secret un peu de quiétude, loin des contraintes
23:42de son quotidien.
23:43La beauté d'Élisabeth fait alors l'unanimité.
23:47Le jeune Guillaume II est fasciné.
23:49« Je regardais ce beau visage encadré de cheveux noirs, j'étais médusé par cette
23:54apparition.
23:55L'impératrice ne s'asseyait pas, mais se posait majestueusement.
23:57Elle ne se levait pas, mais s'élevait.
24:00Le chat de père s'est enthousiasmé.
24:02C'est la femme la plus adorable que j'aie jamais vue.
24:04Quelle dignité, quel rire, quelle bonté ! Si je revenais, ce ne serait que pour la
24:09voir, elle ! »
24:10En septembre 1875, l'impératrice, à qui son médecin recommande l'air de la mer,
24:17loue un petit château à Sasse-Tau, le Mouconnoui, près de Fécamp.
24:21Élisabeth est enchantée à l'idée de séjourner quelques semaines dans la campagne normande.
24:29Ses appartements privés et ceux de sa fille Marie-Valérie sont installés au premier
24:35étage.
24:36Dans le vaste parc de Sasse-Tau, l'impératrice s'adonne joyeusement à l'équitation sous
24:48la direction d'un écuyer nommé Alaine.
24:51Téméraire, elle ne se laisse impressionner par aucune difficulté.
24:57Un jour, elle ne peut résister à la tentation d'essayer un cheval qu'elle lance sur
25:06une haie.
25:07Le cheval se cabre, tombe sur les genoux et, dans le choc, brise la sangle de la selle.
25:18Après une chute extrêmement violente, Élisabeth reste sans connaissance sur le sol.
25:21Lorsqu'elle reprend ses esprits, elle n'a aucun souvenir de sa chute.
25:26Le médecin craint alors une commotion cérébrale, mais quelques jours plus tard, Élisabeth
25:31retrouve heureusement la mémoire.
25:32En mars 1876, l'impératrice part pour l'Angleterre, la patrie des sports équestres.
25:39Elle s'installe dans les Midlands, où elle se procure les meilleurs chevaux.
25:49Avec François-Joseph, qui est venu la retrouver, il galope dans la forêt anglaise.
25:58En compagnie du capitaine Baye Middleton, qui ne tarde pas à devenir l'un de ses
26:08meilleurs amis, l'impératrice aime organiser des parties de chasse.
26:12Non loin de Vienne, existe un lieu enchanteur dans lequel Élisabeth peut s'adonner à
26:25ses rêveries.
26:26Tel le palais de la belle aux bois dormants, la villa Hermès se trouve au cœur d'un
26:31immense parc.
26:32Sissi aime passionnément cette majestueuse villa, offerte par l'empereur et construite
26:36spécialement à son intention.
26:37Accompagnée dans ses promenades par le dieu messager Hermès, l'impératrice compose
26:41des vers.
26:42« Je me hâte vers le royaume des songes, ô mon maître, c'est là que tu es, mon
26:46âme enthousiasmée déjà vole vers toi. »
26:49Le monogramme d'Élisabeth orne chaque recoin pour nous rappeler à quel point ce
26:59lieu est imprégné de l'âme de sa propriétaire.
27:01Sa chambre à coucher est dédiée à l'œuvre de Shakespeare.
27:09Les fresques peintes par le jeune Gustave Klimt, alors inconnu, illustrent des scènes
27:17du songe d'une nuit d'été, la pièce préférée de l'impératrice.
27:21On y voit Titania caresser la tête d'Anne de ses illusions.
27:24Dans de nombreux poèmes, Élisabeth s'identifie à Titania.
27:27« Chère âme du futur, c'est à toi que je lègue mes écrits.
27:30Le maître me les a dictés.
27:32Ils devront être publiés soixante ans après cette année.
27:35Il n'y aura pas dans soixante ans plus de bonheur et plus de paix, c'est-à-dire de
27:39liberté sur notre petite planète.
27:42Peut-être sur une autre quand tu liras ces lignes ? Avec mon cordial salut, car je sens
27:47que tu me veux du bien, Titania. »
27:51C'est une impératrice lasse qui promène sa mélancolie dans les jardins de la villa
27:56Hermès.
27:57En 1880, Élisabeth donne l'ordre de vendre ses chevaux et de fermer ses écuries.
28:02À 43 ans, elle renonce à l'une de ses plus grandes passions et s'enferme plus
28:06que jamais dans sa solitude.
28:07Les seuls compagnons qu'elle accepte sont ses chiens, Shadow et Plateau.
28:15Elle les aime tant qu'ils posent avec elle sur toutes les photos.
28:28Après leur mort, elle les fera enterrer tous les deux dans le parc de Guedeleux.
28:37À Feldhafing, Élisabeth rencontre régulièrement son cousin, le roi Louis II de Bavière, avec
28:43qui elle entretient une correspondance exaltée.
28:55Les deux personnages se ressemblent fortement.
28:56Louis II est monté sur le trône à la mort de son père, le roi Maximilien II à l'âge
29:01de 19 ans.
29:02Délicat et sensible, le jeune roi voue à sa cousine une véritable passion.
29:06Il ne manque jamais de lui rendre visite lorsqu'elle séjourne en Bavière.
29:15Louis II est excentrique et dépensier à outrance.
29:24Sa passion pour Wagner et les châteaux extravagants qu'il fait construire le mènent à sa ruine.
29:28Considéré comme fou, il est forcé d'abdiquer et interné dans le château de Bergues.
29:33Atterré par cette nouvelle, Élisabeth déclare « Est-ce donc être fou que de fuir la société
29:39des hommes et d'aimer vivre dans la solitude ? »
29:41Le 4 juin 1886, le roi sort du château en compagnie de son médecin pour une promenade
29:46vers le lac de Starnberg.
29:47L'impératrice a mis au point avec lui un plan d'évasion.
29:50Louis II doit traverser le lac à la nage et retrouver la liberté de l'autre côté.
29:54Élisabeth attend longtemps sur l'autre rive.
29:59Et la nuit est tombée lorsqu'on ramène sur le rivage les deux corps sans vie du roi
30:03et du docteur Guden.
30:04Louis II disparaît ainsi de la scène de ce monde, enseveli dans les flots comme le prince
30:09de ses légendes qu'il aimait tant faire revivre dans ses écrits.
30:13Pendant de longues semaines enfermée dans une solitude complète, l'impératrice pleure
30:18cette affection fraternelle est si tragiquement brisée.
30:20Elle écrit en mémoire de son cousin adoré « Oui, j'étais un roi de légende, trônant
30:31sur un haut rocher, un lisse gracieux était mon sceptre, de scintillantes étoiles était
30:36ma couronne.
30:37Des profondes et douces vallées, des vastes et riches cantons, le peuple respectueusement
30:42se tournait vers son roi.
30:44Mais la lâche racaille de cour et la famille elle-même en secret tissaient perfidement
30:48leur filet, ne souhaitant que ma chute.
30:51Ils envoyèrent sbires et médecins s'emparer de l'insensé, comme traîtrement le braconnier
30:57prend d'en serrer le noble cerf.
30:59Cette liberté qu'ils voulaient me ravir, cette liberté je l'ai trouvée dans les
31:03flots.
31:04Mieux valait qu'ici mon cœur s'arrête, que de dépérir dans un cachot.
31:08»
31:09Elisabeth, l'âme en peine, cueille sur les lieux où vécut Louis II des roses et les
31:14gardera précieusement dans des enveloppes, se souvenant des vers que lui écrivait son
31:18cousin.
31:19« Il y a des années que je n'ai pu moi-même me rendre à l'île aux roses.
31:22Dès que j'ai appris qu'elle joua m'attendait là-bas, j'ai volé à tir d'aile vers
31:25l'ier idyllique et j'ai trouvé le précieux salut de la mouette marie.
31:29»
31:30Rodolphe, le fils unique du couple impérial, a été élevé par sa grand-mère.
31:45Il possède la personnalité tormentée si caractéristique des membres de la maison
31:50royale de Bavière.
31:51En 1880, sur l'ordre de François-Joseph et malgré la désapprobation d'Elisabeth,
31:58Rodolphe épouse la princesse Stéphanie de Belgique.
32:01Le couple ne s'entend pas et Rodolphe ne tarde pas à fuir son angoisse existentielle
32:08en menant une vie d'excès en tout genre.
32:10Le 30 janvier 1889, Rodolphe, très déprimé, s'enferme dans son pavillon de chasse à
32:19Meierlin.
32:20Il vient d'apprendre que le noix qu'il a activement soutenu est rejetée, ses ambitions
32:24politiques sont anéanties.
32:25L'unique héritier de la couronne va prendre alors une décision irrémédiable.
32:29Un homme naissante, des coups de feu retentissent dans le pavillon, puis le silence retombe,
32:35terrifiant.
32:36Avant de mourir, il a laissé cette lettre à sa femme « Chère Stéphanie, tu es délivrée
32:41de ma funeste présence, sois heureuse dans ta destinée, sois bonne pour la pauvre ou
32:46la petite qui est la seule chose qui subsiste de moi, j'entravai le calme dans la mort
32:50qui, seule, peut sauver ma bonne réputation.
32:53T'embrassant de tout cœur, Rodolphe.
32:57»
32:58Selon la version officielle, Rodolphe s'est bien suicidé, cependant il est possible qu'il
33:02ait été victime d'un assassinat politique.
33:04Il sera d'ailleurs enterré religieusement alors qu'à l'époque l'église refuse
33:09d'accorder sa bénédiction au suicidé.
33:12Près du corps de Rodolphe, visait un autre corps, celui de la baronne Marie Wetzera.
33:18Éperdument amoureuse du prince, sa jeune maîtresse l'a suivie dans la mort.
33:24Elle a écrit une dernière lettre à sa mère « Nous sommes à présent très curieux de
33:28savoir comment est fait l'autre monde.
33:30Pardonnez-moi ce que j'ai fait, je ne pouvais résister à l'amour.
33:34Marie.
33:35»
33:36Elisabeth ne sera plus jamais la même.
33:37Comme l'a décrit l'un de ses proches, « Elle ne rit presque jamais, un muet sourire qui
33:42souvent rayonne de ses yeux, et plus qu'un simple sourire, mais un épanouissement de
33:46calice, tristesse sans nom qui fleurisse sous un rayon du noir soleil du destin. »
33:59Plus que jamais, Elisabeth a le désir de se retirer du monde.
34:02Elle sillonne l'Europe à bord d'un long wagon-salon de 9 mètres qu'elle fait rattacher
34:06aux expresses internationaux.
34:07En mer, elle vogue à bord du Miramar et lors des tempêtes les plus effroyables, elle
34:15se fait attacher au mât pour ne rien perdre du spectacle.
34:17« Je fais comme faisait Ulysse, parce que les vagues m'attirent.
34:21La vie à bord est plus qu'un simple voyage, c'est une vie plus vraie, une vie idéale,
34:26chimiquement pure, cristallisée, sans désir et sans conscience du temps.
34:31Oh mer, à toi je ferai don de toutes mes pensées, et je plongerai en toi mon être
34:36égaré.
34:37Tu es mon premier espoir au matin, et vers toi, au crépuscule, va mon dernier regard.
34:43»
34:44Sur l'île enchanteresse de Corfou, l'impératrice fait construire en 1892 un palais de marbre,
34:50l'Aquiléon.
34:51« J'ai déjà vu beaucoup de belles choses, mais rien au monde ne dépasse cette île,
34:56mon cœur n'arrive pas à se rassasier de tant de beauté.
34:58»
34:59Constantin Christomanos, qui lui enseigne le grec, découvre le palais.
35:03« Elle me fit voir tout le château pièce par pièce, c'était comme un conte de fées.
35:08Dans ces pièces, elle a mis toute son âme.
35:10Elles sont la chose la plus exquisement poétique que l'on puisse imaginer et que l'on rêverait
35:15de trouver en cet endroit.
35:16J'ai tout arrangé moi-même, dit-elle, et moi-même choisi chaque objet.
35:20Il y avait là des sièges bien façonnés comme celui qu'a Drast, offri à Hélène,
35:27incrusté d'argent et d'ivoire.
35:28De chaque coin de ces pièces, le chantant de tristesse rayonne.
35:39Partout des teintes fines et rares, des parfums qui expirent des ors ternis d'autrefois,
35:47des lumières qui pâlissent.
36:18En ce lieu, chaque matin ressemble au premier matin du monde.
36:28C'est l'heure où, après une brève nuit, l'impératrice quitte ses appartements pour
36:31goûter les premières lueurs de l'aube, dans le bruit mélodieux des fontaines et
36:35le parfum des jasmins.
36:36Devant chaque colonne du péristyle se dressent des muses de marbre grandeur nature.
36:42Au milieu d'elles, Élisabeth apparaît à Constantin Christomanos comme une déesse.
36:47Je reconnaissais que les sources à son approche chantaient d'autres sortes, que les contours
36:52des rochers s'infléchissaient en pures lignes de beauté, que les pierres elles-mêmes exhalaient
36:57un odorant souffle, que les feuilles des arbres à son apparition pressaillaient comme lorsqu'elles
37:03attendent le soleil, et désolées s'affaissaient quand elles s'éloignaient.
37:17A l'extrémité du jardin, tout au bout, une tâche blanche resplendit.
37:21C'est Achille mourant auquel j'ai consacré mon palais parce qu'il personnifie pour moi
37:26l'âme grecque et la beauté de la terre et des hommes.
37:28Je l'aime aussi parce qu'il était si rapide à la course, il était fort et haletier et
37:34il a méprisé tous les rois et toutes les traditions et comptait les foules humaines
37:38pour rien, bonnes seulement à être fauchées par la mort comme des épis.
37:41Il n'a tenu pour sacré que sa propre volonté et n'a vécu que pour ses rêves, et sa tristesse
37:47lui était plus précieuse que la vie entière.
37:48Un matin, elle trouve Constantin sur la terrasse avant l'aube et lui dit
37:53« Je suis toujours ici avant le lever du soleil pour voir comment la nature s'éveille.
37:58Veuillez ne plus y venir à cette heure, c'est le seul moment où je suis tout à fait seule.
38:02»
38:03Dans ce jardin de rêve, Élisabeth relit les poèmes de Henri Haïn.
38:06« Il me semble que parfois une nostalgie secrète trouble ton regard.
38:10Oh, je connais bien ton mal, existence manquée, amour manquée, tu consenses avec tristesse.
38:17Non, je ne peux pas te rendre ta jeunesse, ton mal n'a pas de remède, amour manquée,
38:22existence manquée.
38:24»
38:25L'impératrice se dérobe alors à tous les regards et chaque apparition suscite l'admiration.
38:29Soudain, elle fuit devant moi sans que je l'eusse entendue venir, si elle était droite.
38:34Sa tête se détachait sur le fond d'une ombrelle blanche irradiante de soleil, d'où naissait
38:39une sorte de nymbe vaporeuse autour de son front.
38:41Ses yeux d'or clair me regardaient fixement.
38:44Comme elle ressemblait peu à tous les portraits que je connaissais, je me trouvais devant
38:48une apparition des plus idéales et des plus tragiques de l'humanité.
38:52Élisabeth est poursuivie par l'idée de la mort.
38:54« Si j'étais arrivée n'importe où et que je susse que je ne pourrais m'en éloigner
38:58jamais plus, le séjour dans un paradis même me deviendrait l'enfer, la pensée d'abandonner
39:04bientôt un endroit m'émeut et me le fait aimer.
39:07Ainsi j'enterre chaque fois un rêve, trop tôt évanoui, pour soupirer après un autre
39:12qui n'est pas encore né. »
39:13Malgré son désir de fuir la vie factice des cours, une fois encore Élisabeth remplit
39:18son rôle d'impératrice reine pour la célébration du millénaire de la Hongrie, le 30 avril
39:231896.
39:24Toute de noir vêtue, elle est toujours belle mais semble étonnamment lointaine au milieu
39:30de ce peuple qu'elle aime tant.
39:32Le cardinal primat de Hongrie lui rend un hommage appuyé en ses thèmes.
39:36De sa main tendre et maternelle, la reine Élisabeth a tissé le lien doré qui relie
39:41à présent la nation à son roi bien-aimé.
39:43Mais la souveraine, muette et fort pâle, ne peut chasser de sa mémoire le souvenir
39:48de Rodolphe qui, adolescent, était à ses côtés lors des cérémonies et des inaugurations.
40:00Élisabeth revient parfois à Vienne assumer ses fonctions.
40:04Avec le temps, les liens du couple se sont distendus.
40:07François-Joseph, pour se consoler des absences de l'impératrice, a trouvé en la jeune
40:11comédienne Catharine Achrath une amie.
40:15Cependant, unie par la douleur commune de la perte de Rodolphe, l'empereur et l'impératrice
40:21se ménagent des instants d'intimité, comme les petits-dejeuners qu'ils prennent souvent
40:25tête à tête.
40:27En novembre 1896, le tsar de Russie, Nicolas II, est reçu à la cour de Vienne.
40:41Élisabeth accepte de participer aux cérémonies officielles.
40:50Comme toujours, elle apparaît triste et absente.
40:53Mais pendant le dîner, elle s'anime lorsqu'elle s'entretient avec le tsar de la Hongrie
40:58qui lui tient à cœur.
40:59Le Cap Martin, près de Menton, est un lieu de villégiature prisé par Élisabeth.
41:04C'est une impératrice fatiguée de vivre que l'on aperçoit marchant le long de la mer.
41:09De temps en temps, François-Joseph vient l'y retrouver.
41:14À 59 ans, elle a gardé sa mince silhouette sculptée des années durant par les régimes,
41:19la marche à outrance et l'anorexie mentale.
41:22Au Cap Martin, Élisabeth croise parfois un génie, l'impératrice déchue qui y réside l'hiver.
41:27Les deux femmes en grandeuil ont vécu la même tragédie, la perte de leur fils unique.
41:31Le 4 mai 1897, le destin frappe encore Élisabeth.
41:35Sa plus jeune sœur, Sophie-Charlotte, duchesse d'Alençon, disparaît tragiquement dans l'incendie du bazar de la Charité.
41:41« La malédiction qui pèse sur ma famille grandit et devient toujours plus menaçante. »
41:48Durant l'été 1898, le couple impérial est réuni à Bad Ischl.
42:07Dans la Kaiser-Villa, Élisabeth retrouve l'intimité de son bureau et confie à son journal sa lassitude de vivre.
42:13« J'aspire à la mort. Je ne la crains pas.
42:16Car je ne puis imaginer une puissance, non contente des souffrances de cette vie,
42:20assez cruelle pour arracher l'âme du corps afin de continuer à le torturer. »
42:25Elle se réfugie souvent dans le pavillon qu'elle s'est fait construire au fond du parc.
42:29Elle aime également parcourir les allées avec ce compagnon que le destin lui a assigné et qu'elle n'a pu aimer que de loin.
42:34Elle sent qu'elle n'a pas donné à son mari l'amour qui l'attendait.
42:38« J'ai rêvé cette nuit que tu étais mort, et mon cœur était douloureusement ému.
42:43Est-ce que je n'aurais pas détruit Naguère, ta joie de vivre ? »
42:46Le 16 juillet, l'impératrice, malade, part vers la Suisse, à la rencontre de son destin.
42:51François-Joseph lui écrit ces dernières lignes.
42:53« Tu me manques infiniment. Mes pensées sont près de toi et je souffre à l'idée de s'aimer. »
42:57Les marronniers éditent à la comtesse.
42:59« L'Empereur m'a écrit que cet automne, quelques marronniers poussent en fleurs à Vienne. »
43:03Les deux femmes se hâtent vers le bateau,
43:05lorsqu'elles aperçoivent un inconnu qui se dirige vers elles d'un pas rapide.
43:16S'arrêtant devant l'impératrice, l'homme lui enfonce avec violence une ligne dans la poitrine.
43:21Élisabeth s'affaisse, mais croyant qu'elle a été simplement bousculée,
43:24elle ne réalise pas qu'un coup mortel vient de lui être porté.
43:28Pleine de dignité, elle se relève et se dirige vers le bateau.
43:32C'est sur le pont qu'elle perd connaissance.
43:34Et en dégraffant son corps sage, la comtesse découvre la blessure.
43:38Au milieu des cris, Élisabeth se meurt lentement.
43:41On la transporte sur une civière vers l'hôtel. On espère encore la sauver.
43:49Elle avait pressenti.
43:51« Je m'en irai comme la fumée sans vol. Mon âme s'enfuira par une toute petite ouverture du cœur. »
43:57Dans la panique générale, l'assassin est arrêté.
44:00Il s'appelle Luigi Lucchini.
44:02C'est un anarchiste italien de 25 ans qui s'était juré de tuer une personnalité haut placée.
44:08À l'hôtel Beau-Rivage, Élisabeth s'éteint.
44:11Comme elle a vécu, loin de Vienne et loin des siens.
44:14Ce jour-là, à Schönbrunn, l'empereur écrit à sa femme.
44:18« J'ai été heureux du bon moral qui perce dans ta lettre et de ta satisfaction pour ton appartement.
44:23Tu dois avoir de la terrasse et une vue merveilleuse. »
44:26Soudain, son aide de camp fait irruption avec un télégramme.
44:29« Sa majesté l'impératrice grièvement blessée. »
44:33Puis une seconde dépêche suit.
44:35« Sa majesté l'impératrice décédée à l'instant. »
44:39Accablé par cette nouvelle tragédie, l'empereur s'écrit.
44:42« Rien ne me sera donc épargné sur cette terre. »
44:45Et il confiera plus tard.
44:47« Personne ne saura jamais comme je l'ai aimée. »
45:00Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
45:04Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
45:08Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
45:12Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
45:16Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
45:20Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
45:24Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
45:28Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
45:32Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
45:36Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
45:40Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
45:44Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
45:48Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
45:52Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
45:56Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
46:00Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
46:04Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
46:08Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
46:12Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
46:16Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
46:20Lorsque l'empereur décède, la terre s'écoule.
46:24Ave Maria
46:40Gratia plena
46:49Dominus tecum
46:58et benedictus
47:11et benedictus