Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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00:00Avec toujours Jules Torres du journal du dimanche, l'ancien juge d'instruction et
00:10chroniqueur Georges Fenech pour commenter l'actualité aujourd'hui était un jour bien
00:15chargé pour à la fois les patrons, les patrons réunis avec le MEDEF Salgavo à Paris. Alors la
00:22Salgavo c'est une salle de concert de 800 places donc il y a de la place justement pour réunir tous
00:26ces patrons. Alors c'est pas que les grandes entreprises cotées au CAC, ce sont les petites
00:33PME, les TPE, les ETI, l'Hélicorne, la TEC. Il y a toutes ces entreprises qui étaient très très
00:39intéressées par le grand oral des différentes têtes d'affiches pour les législatives. Ils ont
00:45tous défilé les uns après les autres. Il y avait M. Bardella avec M. Ciotti, il y avait M. Vallaud
00:51avec M. Corbière pour le Nouveau Front Populaire. Je cite ces deux là en premier puisque c'est
00:56le programme économique du RN et le programme économique du Nouveau Front Populaire qui sont
01:02vraiment dans le viseur des patrons, qui se demandent comment faire. D'un côté le NFP qui
01:09dit on demande une contribution aux milliardaires comme ça au moins c'est fait, c'est clair et puis
01:14ils ne s'en cachent pas depuis longtemps même avant les européennes. Et d'un autre côté le
01:20Rassemblement National qui dit on va faire de l'ordre dans les comptes publics. On va regarder
01:25ce qu'il se passe, les dépenses, les recettes. Qu'est-ce que ça vous a inspiré Jules Thorez ce
01:30grand oral ? C'est clair qu'il y a un manque de clarté du côté du RN où on a l'impression
01:39qu'on a cette grande carte magique de l'audit des dépenses de l'État où on dit oui une fois qu'on
01:44sera au pouvoir on va regarder où il y a de l'argent à trouver. Alors ça va être sur les
01:48migrations, sur les dépenses publiques, sur plein d'autres sujets. Et on a de l'autre côté LFI,
01:55le Nouveau Front Populaire, qui dit texto nous ça va être les 500 milliardaires, aucun souci.
02:01Donc c'est aussi la solution magique et donc ça prête le flanc aux critiques. On a évidemment le
02:07patron du Medef Patrick Martin qui a dit que les programmes en tout cas sur l'économie des deux
02:14parties n'étaient pas infinanciables. Mais il a aussi critiqué vertement les propositions de la
02:23majorité présidentielle qui sort un petit peu la carte magique et les propositions avant les
02:29législatives. Gabriel Attal a proposé un certain nombre de mesures qui sont à mon sens difficilement
02:33financiables et qu'il n'a pas fait depuis qu'il est arrivé à Matignon. Donc tout ça c'est un
02:38petit peu quand même de la promesse électorale qui sera jamais tenue et je trouve ça un petit
02:42peu dommage et ce n'est pas en tout cas à la hauteur de l'enjeu à mon sens. Georges Fenech.
02:45Oui alors on n'a pas le temps évidemment d'entrer dans le détail des propositions et des projets
02:51des uns et des autres. De toute façon on ne peut pas aller dans le détail du RN parce qu'il n'y a
02:56pas grand chose. Déjà moi ce qui me paraît... On s'avoue que c'est les renoncements. Ils avaient
03:00dit la TVA, bon finalement plus de TVA. Sur les retraites il y a un renoncement aussi. Bon voilà
03:07on attend le suivant. Oui mais moi ce qui me paraît d'ores et déjà un risque qui peut arriver,
03:14qui arriverait, que ce soit d'ailleurs le Front Populaire qui gagne ou que ce soit le RN qui
03:21gagne, c'est qu'il peut y avoir une réaction très négative des marchés. Exactement. C'est déjà le
03:29cas. On le voit venir. Donc il y aura, qui va nous arriver en pleine figure, peut-être l'augmentation
03:37des taux d'intérêt, peut-être encore l'abaissement de la note de la France et peut-être un risque
03:41économique majeur pour l'avenir. Maintenant ceux qui sont au pouvoir depuis sept ans ont-ils des
03:47leçons à donner quand ils nous laissent finalement mille milliards de dettes supplémentaires par
03:54rapport à ce qu'ils ont trouvé en arrivant ? Donc on vit actuellement une époque extrêmement
03:58périlleuse pour notre pays je crois et je comprends parfaitement la crainte des chefs d'entreprises
04:04français qui croulent déjà sous les charges, les impôts etc. Qu'est-ce qui va nous arriver demain ?
04:10Parce que quand vous regardez le programme de l'extrême gauche et il faut bien le dire le
04:14programme du Rassemble National, il y a des points de convergence quand même. Un petit peu. Il y a des
04:19points de convergence qui ne va pas dans le sens des efforts et dans le sens de redresser le pays.
04:24Dans les TPE, les petites ETI, dans les territoires comme on les appelle, il y a beaucoup de patrons
04:31qui votent RN, qui votent Rassemble National mais de façon historique, qui ont voté Front National
04:36aussi. Alors comment est-ce qu'ils peuvent politiquement être en phase avec le RN et
04:40économiquement dire finalement ça ne me convient pas ? Parce qu'ils ne sont pas seulement séduits
04:44par le discours sur le pouvoir d'achat du Rassemble National et qu'ils ont un certain
04:48nombre de thèmes comme l'arrêt de la supersion migratoire, le retour à l'ordre et à l'autorité
04:55qui sans doute les intéressent davantage. Mais il y a quand même une question que je me pose,
04:59il ne faudrait pas que ce soit le MEDEF qui nous gouverne dans les années à venir. Il ne faut
05:04quand même pas oublier qu'il y a 60% des gens aujourd'hui en France qui votent, quoi qu'on
05:08en dise, pour le RN et pour le Nouveau Front Populaire. Donc moi je veux bien qu'on ait un
05:13retour à l'emploi, un retour à la croissance, mais il faut aussi, et c'est un petit peu ce que
05:17fait le RN, c'est-à-dire mettre de l'eau dans son vin en faisant ce qu'on appelle, oui vous avez
05:22raison Pierre, des reniements, mais il y a aussi une réalité qui est électorale et qui est que
05:28aujourd'hui, je suis désolé, la plupart des Français, on est dans une démocratie, n'est pas
05:32du tout sur les lignes du MEDEF. Et c'est peut-être difficile à entendre pour le MEDEF, mais c'est une
05:36réalité électorale. Et puis mon cher Jules, il y a une réalité que je m'éloigne aussi. Moi je me
05:40souviens en 81, quand il y a eu l'alternance, on avait dit ça va être une catastrophe avec l'arrivée
05:45de la gauche au pouvoir, à leur programme. Et en 83, il a fallu faire un virage à 180 degrés.
05:52Ça a été le virage économique de Mitterrand, vous vous en souvenez. Pourquoi ? Parce qu'il y a une réalité
05:58qui explose en pleine figure et qu'il va falloir incertainement, que ce soit le racisme
06:02national encore une fois, ou que ce soit le Front de Gauche, qu'on tienne compte des réalités
06:06économiques qui sont incontournables. Ou alors, vous êtes sous la tutelle du FMI.
06:10Il y a les deux, il y a la réalité électorale et la réalité économique. Et finalement,
06:14est-ce que ce n'est pas aussi le pari du Rassemblement National qui conserve, en gros,
06:19son programme qui est infinançable aujourd'hui, et qui dans un an, un an et demi, une fois qu'il
06:25sera au pouvoir, s'il est un jour au pouvoir, sera beaucoup plus strict, sera plus sur le côté de la
06:30rigueur budgétaire. Je ne sais pas, mais c'est peut-être une alarme qu'on peut poser pour l'instant.
06:35Pour revenir sur les marchés, vous le disiez, Georges Fenech, tout à l'heure, il y a une autre
06:39donnée qui est, j'allais dire, inhérente à cela, c'est que les grandes entreprises françaises sont
06:46composées, ou en tout cas financées, par des fonds d'investissement étrangers, la plupart du temps
06:51américains. Et les américains, s'ils voient arriver un parti, quel qu'il soit, extrême,
06:57comme ils sont assez, en tout cas, les financiers américains, les fonds d'investissement, je ne dis
07:02pas que l'Amérique est consensuelle, mais eux le sont, généralement, pour la stabilité des marchés,
07:07ils risquent d'enlever leurs billes. Et là, effectivement, on se demande, ce n'est pas pour
07:12rien que Patrick Pouyanné, à un moment donné, a dit pourquoi pas une cotation à Wall Street. Il s'est
07:16fait réprimander par Bruno Le Maire dans la minute qui vient, et par Emmanuel Macron aussi. Mais
07:21ce n'est pas des annonces en l'air. Il y a effectivement cet argent-là qui existe et qui
07:28peut être retiré pour ensuite être vendu aux meilleurs, à peut-être des investissements chinois,
07:36des investisseurs singapouriens, ce qu'on appelle aujourd'hui les pays du sud global, qui représentent
07:43un risque géopolitique et géostratégique majeur. C'est évidemment ça, mais il y a aussi quand même,
07:50évidemment que les marchés vont s'agiter dans les semaines qui vont arriver, parce que le résultat,
07:56les deux parties ou les deux alliances qui sont pour l'instant en tête aux législatives, ne sont
08:01pas tout à fait celles qui sont sur leur ligne. Souvenez-vous, en 2016, les marchés s'étaient
08:06agités pour Trump. On avait eu des grandes alertes, des grands drapeaux rouges de la part des marchés,
08:13et je ne suis pas sûr que le passage de Trump, politiquement c'est sûr qu'il a provoqué un
08:18séisme, économiquement le bilan de Trump n'était pas catastrophique. Donc évidemment que les marchés
08:23s'agitent, ils ont raison, parce qu'ils ne sont pas du tout sur la même ligne, mais bon, je ne suis
08:29pas sûr que la plupart des fonds d'investissement américains partent si Bardella est Premier
08:34ministre ou si un Premier ministre de gauche arrive à mettre... Georges Fenech. Je n'ai pas la même
08:39certitude, mais je crois qu'on a... Vous faites le jeu des marchés, M. Fenech. Non, non, non, mais
08:44c'est vrai qu'on peut s'interroger. Il reste 15 jours de campagne. Je suis un peu plus pessimiste
08:48que vous aussi. Je pense qu'on explique mal aux Français les conséquences réelles si, par
08:57exemple, le Front Populaire, en termes économiques j'entends, arrivait au pouvoir. Mais est-ce que
09:01ce n'est pas évident ? Est-ce que les Français... Ça manque de pédagogie, moi-même je ne suis pas
09:04économiste, mais ça manque de pédagogie. Si jamais, par exemple, il y a une crise effectivement de
09:10confiance par rapport à un programme qui est totalement irréaliste, qui est des taux d'intérêt
09:14qui montent à un point... Est-ce que les Français se rendent compte, et Raffarin l'a très bien dit sur
09:18notre chaîne, le jour, est-ce qu'ils se rendent compte qu'une partie de leur épargne va se
09:23volatiliser ? Qu'ils ne pourront plus emprunter parce que les taux d'intérêt seront tellement
09:27élevés qu'ils ne pourront même plus acheter, comme ils le font encore aujourd'hui avec difficulté,
09:31mais ils le font quand même, un logement principal. C'est ça qu'il faudrait expliquer réellement aux
09:36gens si demain, le taux d'intérêt, qu'il soit sur les comptoirs asiatiques ou qu'il soit aux
09:41Etats-Unis, augmenter de 1 à 1,5, 2%. Actuellement, qui paye les retraites ? Qui paye les fonctionnaires
09:47aujourd'hui ? C'est les Chinois. C'est les fonds. Ce ne sont pas nos argents. On est surendettés et
09:54tout le monde sait, on paye les intérêts de la dette. Là, vous avez raison, Georges, parce que je crois
09:58malheureusement que ça, les gens qui nous écoutent, pour certains, ne le savent pas, mais c'est normal
10:05parce que c'est très technique. C'est ce qu'on appelle vraiment de la microéconomie et pour le
10:11coup, ce n'est pas forcément ce qu'on voit en tête de gondole dans les journaux, dans les kiosques.
10:15Peut-être parce que l'enjeu de ces législatives n'est pas du tout là-dessus.
10:20Oui, mais ça fait partie de la vie quotidienne. Ce que dit Georges, vous touchez une retraite,
10:26elle est financée par une partie, par les pouvoirs publics, l'argent public. Cet argent public,
10:32il a été emprunté parce qu'il y a une dette. On n'arrête pas de le dire, 3 100 milliards. C'est
10:36de l'argent, cette dette. Cette dette, elle est financée par des gens, comment dirais-je,
10:41j'arrête de dire les gens, les gens ne savent rien dire, par des états qui prêtent à la France.
10:45Et ces états, c'est quoi ? C'est des banques, des fonds d'investissement, etc. La chaîne de
10:50commandement, elle est ainsi faite. Et cet argent-là, ensuite, finance la retraite de M.
10:55Untel ou de Mme Untel. C'est de la vie quotidienne, vous ne pouvez pas dire que c'est très loin des
11:01préoccupations. Aujourd'hui, les électeurs, les français qui nous écoutent, ils voient des labels
11:09et des logos sur des affiches électorales et ils se disent, moi je suis plutôt comme ça,
11:15moi je suis plutôt comme ça, moi je suis plutôt à droite. Mais il faut s'interroger sur ce qu'il y
11:20a derrière tout ça. Je suis mille fois d'accord avec vous, votre raisonnement à tous les deux
11:25est implacable, mais j'ai l'impression que justement, même si cette priorité est majeure
11:32chez les français, ce n'est pas du tout la priorité de ces élections législatives. On a à gauche un
11:37grand rassemblement contre la soi-disant extrême droite, je mets des guillemets, à droite on veut
11:43absolument prendre le pouvoir, à droite le rassemblement national, on veut absolument prendre
11:47le pouvoir et tourner d'une certaine manière la page Macron. Et donc, ce qui fait qu'on s'intéresse
11:52assez peu au fond en réalité. Et vous avez complètement raison de poser ce débat-là,
11:58c'est qu'on est en effet sur de l'affichage, du slogan. On a des grands logos, le grand logo avec
12:04le premier ministre Gabriel Attal, le grand logo avec Jordan Bardet d'un côté et le grand logo
12:09de l'annonce de la gauche à gauche. Et la majorité présidentielle dit, si vous votez pour les
12:13extrêmes, ça sera le chaos. Ben oui, mais on a envie de développer un petit peu. C'est le cas
12:17parfois quand on écoute bien et c'était le cas du ministre de l'économie ce matin chez Laurence
12:23Ferrari. On va se retrouver dans un instant, je vous signale également que vous retrouvez bien
12:27sûr Thomas Hill, le camarade Thomas Hill pour Culture, Média de 9h30 à 11h sur Europe 1,
12:33l'émission de référence sur les médias et sur la culture. Demain, vendredi, il sera avec Franck
12:39Dubosc qui présidera la dixième édition du festival de cinéma et de musique du film de la
12:44boule du 26 au 30 juin. A tout de suite sur Europe 1 pour le rappel de l'actualité.