- Le casse-tête de l’union à gauche : quel leader, quelle ligne ?
- Le RN peut-il gagner la bataille des compétences ? En cas de victoire, a-t-il les responsables, les hauts fonctionnaires capables de gérer le pays
- Le RN peut-il gagner la bataille des compétences ? En cas de victoire, a-t-il les responsables, les hauts fonctionnaires capables de gérer le pays
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00:08 Bienvenue dans les informés du matin, votre rendez-vous de décryptage de l'actualité sur France Info, la radio et le canal 27 de la TNT.
00:15 A mes côtés, Renaud Delis. Bonjour Renaud.
00:16 Bonjour Jean-Rémy.
00:17 Et autour de la table, Carole Barjon, éditorialiste politique. Merci Carole d'être avec nous ce matin.
00:22 Bonjour Jean-Rémy.
00:23 Et à vos côtés, Guillaume Darré, journaliste et assiste politique de France Télévisions.
00:27 Merci à tous les deux d'être parmi nous. Le casse-tête de la gauche à l'Union.
00:31 Quel leader, quelle ligne ? Ça a vraiment bougé ces dernières heures, Renaud Delis, avec notamment un programme qui a été signé hier soir.
00:37 La ligne en tout cas s'éclaire effectivement Jean-Rémy. La répartition des circonscriptions aussi.
00:40 D'ailleurs, il y aura un seul candidat de gauche au nom de ce nouveau Front populaire dans les circonscriptions du pays.
00:46 Et puis, un contrat de législature de ce nouveau Front populaire a donc été adopté par les quatre formations de gauche.
00:53 Un vrai programme de rupture effectivement, alors notamment sur le plan économique,
00:58 puisque ce programme demande la suspension, pardon, ce programme demande, réfute le pacte de stabilité européen.
01:09 Prône aussi une augmentation très nette du SMIC. Il y a des mesures d'économie, un blocage des prix des produits de première nécessité
01:16 dans l'alimentation, l'énergie, les carburants. Pardon, la fin des traités de libre-échange.
01:21 Bref, un vrai programme de rupture sur le plan économique.
01:23 Il y a aussi les questions internationales qui sont abordées, notamment le soutien à l'Ukraine.
01:30 Sur la question de Gaza, dont on sait qu'elle a beaucoup divisé la gauche, il y a une condamnation très ferme du gouvernement suprémaciste,
01:39 je cite Netanyahou, et puis des attentats terroristes commis par le Hamas. Hamas qui porte un projet théocratique,
01:47 je cite le texte projet théocratique, que la gauche rejette.
01:51 Autour de ce programme sur lequel on va revenir dans un instant, toute la gauche s'est donc réunie,
01:55 y compris d'ailleurs l'ancien président François Hollande, il l'a fait savoir hier,
01:59 y compris Raphaël Glucksmann, tête de liste socialiste et place publique aux élections européennes.
02:05 Un programme qui inquiète, affole même Bruno Le Maire, le ministre des Économies et des Finances, qui était votre invité il y a quelques minutes.
02:13 Ce qui change quelque chose c'est leur programme, qui est un délire total. C'est 1981 puissance 10.
02:19 C'est l'assurance du déclassement, on parle d'indexation des salaires, du chômage de masse, et l'assurance de la sortie de l'Union Européenne.
02:27 Sortie de l'Union Européenne puisque le programme dit que cette alliance de gauche refusera la contrainte austéritaire du pacte de stabilité.
02:36 L'Union de la gauche refuse la discipline européenne, refuse l'Europe.
02:40 Alors est-ce que ce projet est effectivement un projet de rupture radicale, y compris avec la discipline européenne,
02:45 comme le dit Bruno Le Maire, sur les questions économiques et sociales en particulier ?
02:49 Et puis comment expliquer qu'en l'espace de quelques jours, la gauche ait réussi à se réconcilier à ce point,
02:55 y compris d'ailleurs François Hollande et Jean-Luc Mélenchon réunis autour du même programme ?
03:00 Carole Barjon, éditorialiste politique, quand on a les premiers éléments, donc là on vient d'avoir les premiers éléments sur ce programme,
03:07 c'est le programme du nouveau Front populaire ou c'est le nouveau programme de LFI appliqué à l'ensemble de la gauche ?
03:14 Oui, on sent que la patte de LFI a beaucoup, beaucoup pesé.
03:18 Maintenant, ça a été un peu rééquilibré, effectivement sur les questions internationales,
03:25 par l'influence notamment de Raphaël Glucksmann, mais aussi d'Olivier Faure,
03:32 qui a obtenu aussi plus de circonscriptions parce qu'ils ont fait un score,
03:41 le score de Glucksmann aux européennes était quand même de presque 14%,
03:46 et donc ça a rééquilibré un petit peu les choses.
03:48 Maintenant, la question politique, c'est quand même la question de la cohérence idéologique,
03:56 parce qu'on se souvient qu'il n'y a pas si longtemps,
03:59 déclaration d'Olivier Faure qui expliquait que Jean-Luc Mélenchon rendait impossible toute alliance à gauche après les européennes.
04:10 Ce qui a changé, c'est à la fois évidemment la dissolution,
04:15 parce que là c'est la priorité à conserver ces fiefs dans ces circonscriptions,
04:23 et ce qui a changé aussi c'est le score qu'a obtenu Manon Aubry,
04:28 qui frisait les 10%.
04:31 – Finalement, le rapport de force, si je vous écoute bien,
04:34 le rapport de force est malgré tout retombé du côté de la France Insoumise,
04:38 quel que soit le score, ça a été un peu adouci grâce au score de Raphaël Glucksmann.
04:42 – Un peu adouci, effectivement, on voit que les concessions qui sont faites,
04:47 notamment sur la question du massacre du Hamas,
04:53 qui est là qualifié de terroriste,
04:55 alors qu'on sait qu'il n'avait jamais voulu qualifier le Hamas d'organisation terroriste,
05:01 donc il y a quand même une évolution.
05:03 – Là, pour être précis, c'est le massacre qui est qualifié de terroriste,
05:06 ce n'est pas le Hamas dans le texte.
05:07 – Oui, exact.
05:08 – Le massacre terroriste étant le Hamas qui porte un projet démocratique.
05:11 – C'est important de le préciser.
05:12 – On va revenir dans un instant sur toutes ces questions,
05:14 notamment avec vous Guillaume Darré, il est 9h11,
05:16 c'est l'heure du Fil-Info de Claire Chez Caglini.
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05:20 – Dans 24 jours, le pays peut basculer dans le fascisme,
05:23 toutes les digues morales sautent, alarme lancée par Sophie Binet sur France Info ce matin.
05:27 La secrétaire générale de la CGT appelle à une mobilisation maximale
05:31 contre l'extrême droite, demain dans la rue, 200 rassemblements sont prévus.
05:35 Jordan Bardella a publié hier une vidéo sur le réseau social X,
05:39 le président du RN explique que la réforme des retraites sera revue,
05:43 il n'évoque que la situation des travailleurs ayant commencé leur vie active très jeune,
05:48 ils pourraient donc partir plus tôt.
05:50 Les prix ont augmenté de 2,3% de mai 2023 à mai de cette année,
05:55 chiffre de l'INSEE, l'inflation était donc supérieure de 0,1 point comparé au mois d'avril.
06:01 Ousmane Dembélé, combattif vis-à-vis de l'abstention,
06:04 l'attaquant de l'équipe de France, appelle à aller voter aux législatives,
06:08 lui devra accomplir son devoir citoyen par procuration étant en Allemagne pour l'euro.
06:13 Coup d'envoi ce soir entre la Manchaft et l'Écosse, ce sera à 21h.
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06:29 Les informés de Renaud Delis avec Carole Barjon et Guillaume Darré de France Télévisions.
06:32 Guillaume, il y a quelques minutes sur ce même plateau,
06:34 Bruno Le Maire disait que le programme proposé par l'Union de la Gauche
06:37 est je cite "l'assurance de la sortie de l'Union Européenne".
06:40 Comment il faut comprendre cette attaque évidemment, cette réaction de Bruno Le Maire ?
06:43 Mais on comprend qu'aussi chacun arrive avec son projet économique là,
06:47 d'un coup on se retrouve avec des projets assez précis.
06:49 Absolument, on voit que l'un des axes majeurs de cette campagne extrêmement rapide,
06:52 ça va être la dimension économique avec un gouvernement
06:55 qui effectivement il lui reste peut-être plus que ça, une majorité qui va dire
06:58 ce sont nos idées et nous incarnons le sérieux budgétaire face à ce que eux considèrent
07:03 comme deux irresponsables en quelque sorte à la gauche de la gauche avec ce projet
07:09 et avec le projet entre le Rassemblement National et ceux qui suivront Éric Ciotti.
07:14 On voit bien qu'il cogne en permanence, on a vu Emmanuel Macron au cours de la conférence de presse
07:17 particulièrement sur le programme et notamment la réforme des retraites voulue par Marine Le Pen
07:23 avec un retour à 60 ans ou à 62 ans pour la plupart des Français
07:27 et que dès ce matin effectivement le gouvernement va éplucher toutes les propositions
07:31 de cet accord du nouveau Front Populaire pour dire regardez eux aussi, ils sont irresponsables
07:35 sachant qu'ils vont accentuer cela aussi avec l'appui probablement,
07:39 l'appui en tout cas des organisations patronales qui en coulisses ne cachent pas
07:43 que ce qui leur fait peut-être sur le plan économique je parle, pas des valeurs,
07:46 davantage peur c'est le programme économique de la France Insoumise
07:49 davantage que le programme économique du Rassemblement National.
07:52 Alors les uns et les autres vont éplucher évidemment ce programme
07:55 qui sera présenté très officiellement à la mi-journée
07:57 mais évidemment ce programme vous l'avez déjà Renaud Delis,
07:59 vous l'avez sous les yeux, vous êtes en train de l'éplucher pendant qu'on se parle,
08:02 il y a d'autres points qui vous interpellent ?
08:04 Alors ce qui est très intéressant c'est que la tonalité globale, la couleur globale
08:08 c'est effectivement un programme qui est beaucoup plus proche de la ligne des Insoumis
08:11 que de la ligne des sociodémocrates très clairement,
08:13 d'ailleurs ça se veut être un projet de rupture, on le voit sur les questions économiques
08:17 qu'on a évoqué à l'instance, sur le rapport à l'Europe
08:20 et en particulier donc au pacte budgétaire, aux règles budgétaires européennes,
08:24 on le voit aussi sur les questions institutionnelles,
08:26 il y a l'instauration de la proportionnelle là-dessus, tout le monde était d'accord
08:29 mais il y a aussi par exemple une assemblée constituante pour la VIème République,
08:32 on sait que c'est une revendication historique de Jean-Luc Mélenchon
08:36 à laquelle donc se sont ralliés les autres formations de gauche,
08:40 il y a aussi l'abrogation du 49-3 au passage sur l'aspect institutionnel,
08:44 il y a aussi d'ailleurs la remise en cause d'un certain nombre de choses
08:47 que les socialistes ont fait au pouvoir, ce qui est d'ailleurs assez cocasse
08:49 quand on voit que François Hollande se félicitait hier soir de ce projet,
08:53 dont il reconnaissait d'ailleurs, il se félicitait de l'Union
08:55 mais il reconnaissait hier soir sur le plateau de TF1, François Hollande,
08:58 qu'il n'avait pas le contenu du programme, mais il pourra constater
09:01 qu'il y a d'une part le retour à la retraite à 60 ans,
09:04 ce n'était pas le cas évidemment sous le mandat de François Hollande
09:06 où l'âge légal était fixé à 62 ans,
09:09 il y a aussi l'abrogation de la fameuse loi CASE 9
09:12 qui avait modifié les conditions d'autorisation aux forces de l'ordre
09:17 de pouvoir recourir à leur arme lorsqu'elles se sentaient menacées
09:22 en cas de refus d'obtempérer, cette loi qui avait été votée sous François Hollande
09:26 est abrogée dans ce texte, bref on le voit,
09:28 il y a globalement une tonalité qui penche du côté des Insoumis,
09:31 y compris d'ailleurs sur la question de Gaza,
09:34 parce que certes les massacres sont qualifiés de terroristes,
09:38 ce qui n'avait pas échappé à grand monde, mais le Hamas ne l'est pas,
09:42 et puis il y a globalement surtout une condamnation extrêmement détaillée,
09:45 y compris avec des mesures, la suspension de l'accord d'association
09:48 entre l'Union Européenne et Israël, une condamnation extrêmement ferme,
09:52 et là elle qui va vraiment dans le détail, de la politique israélienne,
09:55 c'est beaucoup moins le cas dans l'autre sens.
09:58 Après il y a quand même deux interrogations qui demeurent extrêmement fortes,
10:01 c'est que, quelle durée de vie si j'ose dire pour cet accord du Front Populaire,
10:05 parce qu'on l'a vu avec la NUP, l'accord électoral avait été parfaitement efficace,
10:09 peut-être qu'il le sera également, mais rapidement la NUP s'est fracassée sur...
10:14 Le Front Populaire en 1936 n'a pas duré si longtemps.
10:16 Les réalités économiques, sur les réalités internationales et autres,
10:19 combien de temps ce nouveau Front Populaire, une fois à l'Assemblée,
10:24 va réussir à survivre avant de se fracasser ?
10:27 Deuxième réserve, il y a quelque chose qui n'est pas évoqué dans cet accord,
10:30 ça n'en était pas l'objet, mais à un moment il faudra quand même qu'ils y arrivent,
10:34 c'est qui à Matignon, si ce nouveau Front Populaire remporte ses élections législatives ?
10:39 Alors ce matin Raphaël Gussman dit "le candidat de la gauche pour Matignon,
10:42 je cite, ne sera pas Jean-Luc Mélenchon".
10:44 Très bien, mais qui alors ?
10:46 Oui, mais ce n'est pas Raphaël Gussman qui décide.
10:49 Ça c'est vu, ces derniers jours, ça c'est vu,
10:51 effectivement ce n'est pas Raphaël Gussman à mon avis qui a rédigé ce problème.
10:54 On a bien vu que dès le soir de l'annonce du président de la dissolution,
11:00 Raphaël Gussman avait disparu, il est apparu ce matin sur France Inter
11:05 pour dire que malgré toutes ses réserves, il soutiendrait le Front Populaire.
11:13 Mais est-ce que finalement les réserves dont vous parlez, elles ne sont pas naturelles ?
11:16 C'est-à-dire que si on écoute par exemple à la fois la gauche d'ailleurs
11:20 et le Bruno Le Maire tout à l'heure, le gouvernement, les macronistes,
11:22 on est face à un péril de l'extrême droite et donc finalement il faut bien trouver un accord.
11:26 Il n'est peut-être pas parfait, je me fais un peu l'avocat du diable,
11:29 mais finalement est-ce que cet accord...
11:31 C'est l'urgence qui commande, c'est clair.
11:34 Donc la question est moins de savoir qui tire les ficelles, de comment est-ce qu'on se rassemble.
11:38 Tout s'est accéléré, c'est l'urgence qui commande, il faut faire barrage au Front National
11:43 et donc quelles que soient les réserves qu'ont pu émettre les uns et les autres,
11:47 à commencer d'ailleurs par François Hollande lui-même,
11:50 qui n'était pas le dernier à critiquer la France insoumise, etc.
11:54 Tout le monde se rallie.
11:56 Maintenant je pense que la question du Premier ministre,
12:01 si c'est la France insoumise qui domine, ce sera probablement Jean-Luc Mélenchon.
12:08 Mais enfin on n'en est quand même pas là,
12:10 parce qu'on est là à discuter au fond d'une éventuelle victoire de ce Front Populaire.
12:16 Alors que les résultats de dimanche montrent quand même que la plus forte probabilité,
12:22 même si ce sont des élections différentes avec un mode de scrutin différent,
12:28 qu'il y a quand même une vague qui porte malgré tout le Rassemblement National
12:33 et que la majorité est menacée de quasi disparition.
12:38 Ce qui est très intéressant et c'est ce qui illustre la période qu'on est en train de vivre,
12:41 c'est-à-dire qu'effectivement ce texte n'a pas grand intérêt.
12:44 Pourquoi ? Personne ne pense vraiment, y compris je pense parmi certains de ses signataires,
12:49 que l'intégralité de ce programme de rupture, si jamais la gauche était amenée à gagner les élections,
12:53 serait mise en œuvre.
12:54 Il y a effectivement des points de désaccord entre les partenaires qui l'ont signé.
12:58 Certes ils l'ont signé, mais on a du mal à imaginer que la coalition en question,
13:02 si elle remporte l'élection législative, puisse mettre en œuvre l'intégralité de ce projet sans se déchirer.
13:06 Donc c'est un accord pour garder des sièges comme pour l'ANU.
13:09 C'est purement tactique pour d'abord essayer de repousser le danger de l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir.
13:15 A gauche, et notamment par socialisme, ça a une histoire, c'est l'histoire du molettisme.
13:18 C'est-à-dire qu'on fait des grandes déclarations de rupture, on signe des projets de rupture.
13:22 Et ça c'est une référence à Guy Mollet en son temps qui parlera aux plus anciens,
13:26 sans forcément croire qu'on les mettra en œuvre.
13:29 Y compris François Mitterrand s'était finalement converti à ce principe.
13:33 Donc quel chef, ça n'est pas réglé, vous l'avez dit,
13:35 mais il y a un principe qui a priori devrait s'imposer, ce sera probablement le plus gros groupe
13:38 si jamais la gauche gagne, qui désignera un candidat pour Matignon
13:43 et à partir du moment où les insoumis ont beaucoup plus de circonscriptions,
13:46 même si ça s'est réduit.
13:47 Mais ça ne sera pas forcément François Ruffin.
13:48 Mais ça serait probablement un insoumis.
13:52 L'autre question c'est quel financement pour ce projet,
13:54 mais c'est vrai que ça n'a pas grande importance.
13:55 On constate qu'il y a quand même sur le plan fiscal un certain nombre de propositions,
13:59 notamment d'ailleurs la réforme des droits de succession pour rendre l'impôt sur l'héritage plus progressif.
14:04 Mais on ne voit pas bien le financement de ce projet.
14:06 Mais en fait, c'est illustre la période. Pourquoi ?
14:08 Parce qu'on constate, juste pour conclure, qu'on vit une période politique
14:11 où les projets n'ont plus grande importance.
14:13 C'est le cas aussi du côté du Rassemblement national.
14:15 On voit bien que pendant la campagne des élections européennes,
14:18 et même au-delà, il y a des failles, des confusions, des changements de pieds
14:22 sans arrêt du côté du Rennes.
14:24 Et il semblerait que le contenu des projets n'est pas forcément, on va dire,
14:28 une conséquence sur les attitudes électorales des uns ou des autres.
14:31 Guillaume Deray, vous qui connaissez bien la Macronie, l'Élysée,
14:34 si je vous donne 20 secondes, est-ce que vous pouvez me dire, finalement,
14:37 est-ce que cet accord de gauche, c'est pas du tout ce que l'Élysée...
14:42 Il t'a mené plutôt sur une division de la gauche, et ça va peut-être vous étonner,
14:45 mais ceux qui sont le plus réjouis de cet accord à gauche, c'est le Rassemblement national.
14:49 Parce qu'ils se disent, on aura finalement deux blocs relativement forts.
14:53 On sait que pour les élections législatives, il faut faire 12,5% des inscrits pour être qualifiés.
14:57 Si la tension est relativement élevée, ce sera les deux premiers.
15:00 Donc, dans des affrontements au second tour entre le nouveau Front populaire et le RN,
15:04 le RN parie que les électeurs de droite voteront pour eux ou resteront à la maison.
15:08 Transition parfaite pour repasser la deuxième partie.
15:10 Dans un instant, on va parler du RN. Peut-il gagner la bataille des compétences ?
15:14 Ce sera le deuxième thème de ces infos. Mais il est 9h21, vous êtes sur France Info.
15:17 Le Fil info, Claire Chescaglini.
15:19 Le refus de la discipline européenne se traduira par une sortie de l'Union des 27.
15:24 Ce matin, sur France Info, Bruno Le Maire fustige les mesures du nouveau Front populaire.
15:28 « Ce programme est un délire total, c'est un effondrement économique garanti »,
15:33 déclare le ministre de l'Économie.
15:35 Les partis de gauche proposent notamment la suppression de la réforme des retraites
15:39 ou encore la mise en place d'un revenu étudiant.
15:42 En cas de triangulaire au second tour, Raphaël Glucksmann, eurodéputé, place publique,
15:47 appelle à un désistement républicain pour barrer la route au RN.
15:52 La Chine inquiète le G7.
15:54 Le soutien de Pékin à Moscou au cœur des discussions entre les principaux dirigeants du monde
15:59 réunis près de Paris en Italie.
16:02 Aujourd'hui, également invité ce vendredi, le pape François,
16:05 attendu pour un discours sur l'intelligence artificielle.
16:08 535 000 élèves de première à l'épreuve ce matin.
16:12 Ils ont débuté depuis près d'une heure et demie leur bac français.
16:16 France Info
16:23 Les informés.
16:24 Renaud Dely.
16:25 Jean-Rémi Baudot.
16:26 Suite et fin des informés du matin avec Renaud Dely,
16:31 Carole Barjon, éditorialiste politique et Guillaume Darré de France Télévisions.
16:35 Renaud, le RN peut-il gagner la bataille des compétences ?
16:38 Car effectivement, en fait, pour d'aventure s'il était au pouvoir,
16:41 il faut quand même rappeler que pour être au pouvoir, il faut aussi avoir des gens,
16:44 un bande-touche dont on dit souvent, c'est aussi une histoire de ressources humaines.
16:47 Un bande-touche qui a même vocation à rentrer sur le terrain, en l'occurrence Jean-Rémi.
16:50 Effectivement, le RN, qui est le favori des élections législatives des 30 juin et 7 juillet,
16:55 n'a évidemment par définition aucune expérience de gestion des affaires nationales,
17:01 aucune culture de gouvernement.
17:03 C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles il fait une cour assez effrénée à LR.
17:10 Il a déjà reçu le ralliement d'Éric Ciotti pour l'instant seul ou quasiment seul.
17:15 Ce qui n'empêche pas Jordan Bardella, qui se voit déjà à Matignon,
17:20 de répéter d'une part que le RN est prêt à gouverner le pays,
17:23 et d'autre part de dire que bien sûr d'autres ralliements vont arriver de la droite.
17:28 Il y aura un certain nombre de députés des Républicains sortants ou investis
17:34 qui seront soutenus par le Rassemblement national.
17:37 Il y en aura plusieurs dizaines.
17:39 Lors de ces législatives, il y a la possibilité de donner à la France
17:42 une majorité nouvelle et un gouvernement patriote d'Union nationale.
17:46 - 77 quoi ?
17:47 - Plusieurs dizaines de députés sortants.
17:49 - Il a dit 70, il a précisé ce matin.
17:51 - Pas de députés sortants en l'occurrence,
17:52 puisque les députés sortants à l'exception de deux,
17:54 les députés sortants LR ont refusé l'accord avec le Rassemblement national.
18:02 En l'occurrence, lorsque Jordan Bardella évoque des candidats qui viendraient de LR,
18:06 ce seraient des candidats qui seraient dans des circonstances qui ne sont pas communes.
18:10 Bref, on le voit, le RN cherche à récupérer à droite des soutiens,
18:15 mais peut-être aussi sans doute des compétences,
18:17 puisque ce parti n'ayant pas de culture de gouvernement,
18:20 il va lui falloir demain, s'il remporte les élections,
18:22 un certain nombre de hauts fonctionnaires capables de gérer le pays.
18:27 Est-ce que le parti d'extrême droite peut combler cette faille ?
18:31 - Qu'en pensez-vous Carole Barjot ?
18:33 - Il est clair que la course est freinée à des ralliements LR
18:38 ou à des débauchages de parlementaires LR
18:42 visent à leur assurer une crédibilité pour gouverner.
18:47 Mais il n'y a pas que ça, il y a aussi une course effrénée,
18:50 enfin une cour en tout cas, effrénée aux hauts fonctionnaires.
18:55 Il ne faut pas oublier que Marine Le Pen...
18:57 - Ils en ont quelques-uns en stock, mais on ne sait pas combien.
18:59 - Ils en ont déjà quelques-uns en stock,
19:01 mais Marine Le Pen, et ça n'est pas un hasard,
19:04 a réitéré sa proposition par exemple de revenir sur la suppression
19:11 du corps préfectoral et du corps diplomatique réforme
19:15 qu'a mis en oeuvre Emmanuel Macron.
19:19 Et évidemment, ça c'est une manière de rassurer les hauts fonctionnaires
19:23 pour leur dire au contraire, nous on va vous redonner votre statut
19:28 et il n'y aura pas de chasse aux sorcières, etc.
19:31 - Il y a quand même cette question, et pardonnez-moi,
19:35 je vais juste demander à Guillaume, parce qu'on arrive bientôt à la fin de l'émission,
19:38 il y a toujours cette idée de savoir, est-ce qu'une administration
19:42 est au pouvoir du service politique, quelle que soit sa couleur.
19:45 La réalité très concrète, c'est que les hauts fonctionnaires
19:47 ou fonctionnaires classiques, de quelque fonction publique que ce soit,
19:51 ils sont là aussi pour faire une continuité de service public.
19:53 - Oui, absolument, et ils sont censés appliquer le programme politique
19:58 du politique qui est élu par les Français.
20:00 Mais c'est vrai que cette question de la compétence, elle est essentielle.
20:03 Et d'ailleurs, ils en sont conscients, Jean-Philippe Tanguy,
20:05 qui est en charge des finances et de l'économie au sein du Rassemblement National,
20:09 me disait hier qu'ils vont être obligés, bien sûr, dans les jours à venir,
20:12 de faire une sorte, non pas d'argumento, mais de mise à jour
20:16 de leurs 3-4 grandes mesures économiques, parce qu'ils savent
20:18 qu'ils sont attaqués là-dessus.
20:19 Ils estiment qu'ils ne se battent pas tout à fait avec les mêmes armes
20:22 que l'Elysée, parce qu'ils me disaient, c'est sûr que nous, en 3 jours,
20:25 on nous demande d'avoir un programme économique pour les 3 ans à venir,
20:28 alors qu'on est sur le terrain en train de réimprimer notre acte
20:30 et de commencer à faire campagne.
20:32 Ensuite, ils savent effectivement qu'ils sont en train de rechercher,
20:35 c'est ce qu'on me dit dans l'entourage à la fois de Jordan Bardella et d'Eric Ciotti,
20:39 qui bien sûr, désormais, échange avec eux, des grands fonctionnaires,
20:42 effectivement des hauts fonctionnaires pour un gouvernement,
20:44 comme on disait, à l'italienne, comme l'avait été Mario Draghi,
20:46 c'est-à-dire un gouvernement avec des responsables techniques
20:48 à la tête peut-être de certains ministères.
20:50 Et enfin, cette preuve de compétence, elle est essentielle,
20:53 parce que derrière Matignon, il y a toujours la perspective de l'Elysée
20:56 pour Marine Le Pen.
20:58 Il faut savoir que quand Eric Ciotti a échangé dimanche soir
21:01 avec Jordan Bardella et Marine Le Pen, il lui a notamment demandé
21:04 "Mais est-ce que vraiment vous voulez y aller à Matignon ?
21:06 Est-ce que ça ne va pas vous empêcher finalement peut-être d'accéder à l'Elysée ?"
21:09 Et elle lui a répondu "Non, il faut qu'on gouverne,
21:11 il faut qu'on montre qu'on peut gouverner."
21:13 - Peut-être qu'au passage, Eric Ciotti, il lui suggérait l'idée
21:16 de se faire nommer lui, peut-être à Matignon,
21:18 en contrepartie de son ralliement, ce n'est pas totalement impossible.
21:22 Juste sur le programme économique, je pense aussi que le RN
21:24 de toute façon ne veut pas présenter de programme économique détaillé,
21:27 on le voit bien, il change de position régulièrement.
21:29 D'ailleurs, il avait promis un programme économique
21:31 pendant sa campagne européenne, Jordan Bardella,
21:33 qui n'a jamais vu le jour. Il a été repoussé sans arrêt.
21:35 Et puis, il caracolait tellement en tête des instituts de sondage
21:37 que finalement le Parti Extrême droite a décidé de ne pas prendre ce risque,
21:39 de présenter des mesures détaillées, susceptibles d'être contestées.
21:42 Juste un dernier point, effectivement, sur cette course aux fonctionnaires
21:45 et pourquoi pas à des ministres techniciens pour assumer le pouvoir demain,
21:50 ça souligne une autre contradiction de fond au sein du RN.
21:53 C'est-à-dire que depuis la nuit des temps, si j'ose dire,
21:56 le Front National et le RN ont toujours dénoncé l'énergie,
22:00 les technocrates qui auraient ruiné ce pays et dont il faudra se débarrasser.
22:06 Et d'abord, dès qu'ils récupèrent un énarque, mais ça ce n'est pas nouveau,
22:09 dès les années 80, ils le brandissent comme un trophée,
22:12 comme une prise de guerre particulièrement viable.
22:14 Et effectivement, aujourd'hui, ils courent après les énarques en quelque sorte
22:17 et au-delà les technocrates en général, au cas où ils seraient amenés à gérer le pays.
22:21 Renaud Delis, Carole Bargeon, éditorialiste politique,
22:23 Guillaume Darré, journaliste au service politique de France Télévisions.
22:26 Merci beaucoup de m'avoir accompagné ce matin pour ces informés.
22:28 Les informés qui reviennent ce soir à 20h avec Bérangère Bonte.
22:31 Je rebondis.