Janvier 1939. La chute de Barcelone consacre la défaite des républicains espagnols. Cinq cent mille d'entre eux choisissent l'exil. Arrivés en France, les hommes sont désarmés puis internés dans des camps. Quant aux familles, l'administration les répartit dans des centres improvisés dont plusieurs en Ardèche. Elles et moi choisit de suivre le destin de la famille Esteva durant ces mois terribles et les cinq années de guerre qui vont suivre.
Tandis que Lluis refuse d'accepter la défaite et rêve de reconquête, Pilar cherche avant tout à survivre et à élever ses enfants Isabel et Igniacio. Elle sait que ce pays nouveau sera le sien pour longtemps et malgré les difficultés, elle tente de s'intégrer. Soixante ans plus tard, Isabel Esteva, devenue une créatrice de mode mondialement célèbre, évoque cette époque troublée...
Téléfilm franco-espagnol
Réalisateur : Bernard Stora
Scénario : Lény Bernard, Bernard Stora
Casting : Ariadna Gil, Astrid Berges-Frisbey, Danielle Darrieux
Année : 2008
Drame, romance
Film complet
Tandis que Lluis refuse d'accepter la défaite et rêve de reconquête, Pilar cherche avant tout à survivre et à élever ses enfants Isabel et Igniacio. Elle sait que ce pays nouveau sera le sien pour longtemps et malgré les difficultés, elle tente de s'intégrer. Soixante ans plus tard, Isabel Esteva, devenue une créatrice de mode mondialement célèbre, évoque cette époque troublée...
Téléfilm franco-espagnol
Réalisateur : Bernard Stora
Scénario : Lény Bernard, Bernard Stora
Casting : Ariadna Gil, Astrid Berges-Frisbey, Danielle Darrieux
Année : 2008
Drame, romance
Film complet
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🎥
Court métrageTranscription
00:00:30C'est ça, c'est ce que j'aime, c'est ce que j'aime
00:00:39Parce que je suis fière de toi, mon amour, tu vois
00:00:48C'est tellement beau, cette nuit
00:00:53C'est tellement beau, cette nuit
00:01:00Parce que je suis fière de toi, mon amour, tu vois
00:01:23Parce que je suis fière de toi, mon amour, tu vois
00:01:30Parce que je suis fière de toi, mon amour, tu vois
00:01:37Parce que je suis fière de toi, mon amour
00:01:44Parce que je suis fière de toi, mon amour
00:01:50Parce que je suis fière de toi, mon amour
00:02:20D'ici quelques semaines, Marseille, sa fierté retrouvée, pourra de nouveau envisager l'avenir avec confiance
00:02:38Cessez de vous agiter, Pilar, je vous vois sautiller comme une puce sur votre tabouret
00:02:44Vous n'attendez pas, monsieur Jeannot ?
00:02:47Il faudrait être sourd, seulement voyez-vous, je possède au plus haut point la capacité de m'abstraire
00:02:52Une chose me déplaît, je la nie, elle n'existe plus en volée
00:02:57Simple effort mental
00:02:59Vous avez de la chance, monsieur Jeannot
00:03:01Moi, ces explosions, ça me rappelle les bruits des bombes à Barcelone
00:03:05Quand on a entendu ça une fois dans sa vie, on ne l'oublie jamais
00:03:09Vous ressassez, Pilar
00:03:11Tournez la page, que diable
00:03:13Regardez devant vous, la vie est belle, je vous assure
00:03:16Encore faut-il y mettre un peu de talent, ce qui n'est pas donné à tout le monde
00:03:33Pilar, aidez-moi, la malle est bourrée comme un oeuf
00:03:37Vous attendez au vieux port, alors arrêtez pas
00:03:39Vous avez tout ? Un fichtre, non ! Jeannot va crier comme un putois
00:03:43Qu'est-ce qu'il a de ses exigences ?
00:03:47Il casse les oreilles, ces oiseaux-là
00:03:52Et où est mon cygne noir ?
00:03:55Le cygne noir, ma cache, dans quinze jours si tout va bien
00:03:58Et le prix, n'en parlons pas
00:04:00Très bien, la robe de mademoiselle Chamberlain
00:04:03La robe de mademoiselle Chamberlain attendra
00:04:06A propos, je l'ai croisée chez le coiffeur de Chamberlain
00:04:09Elle passera à essayer demain vers quinze heures
00:04:11Qu'elle vienne si ça lui chante, moi je m'en lave les mains
00:04:13Voyons, Jeannot, sois raisonnable, c'est la guerre, qu'est-ce qu'on y peut ?
00:04:16Je fais de la résistance, voilà tout
00:04:18Mais t'es pas bien de faire des choses pareilles
00:04:21Et cette robe, où en est-elle ?
00:04:24C'est vrai, le cygne noir c'est mieux, mais...
00:04:27On pourrait peut-être... Enfin, il suffirait...
00:04:31La chenille de soie, c'est bien aussi ?
00:04:33Jamais, vous m'entendez ?
00:04:35Pourquoi pas du lapin, comme les filles des rues, pendant que vous y êtes ?
00:04:38Je vous interdis de toucher d'un seul doigt à cette robe
00:04:43Saboteuse !
00:04:48On n'économise pas sur les accessoires
00:04:52Cela s'appelle le luxe, mesdames, le luxe
00:04:57Mais à quoi bon ? Je prêche dans le désert
00:05:03Comment ça poupait l'air, le Jeannot avec ses grands airs ?
00:05:06Et vous savez ce que m'a dit Mlle Chamberlain ?
00:05:08Qu'il était complètement démodé
00:05:10À Paris, il tiendrait pas huit jours
00:05:12Alors son luxe... Pensez s'il m'en balance
00:05:27Mais je peux?
00:05:50C'est vous Mme Estebart ?
00:05:52Oui, c'est moi, Mme Bonnel
00:05:53C'est curieux, je n'ai pas entendu rentrer Isabel
00:05:55Il est un peu retardé.
00:05:56Il n'y a su non plus du reste.
00:05:58Vous ne devriez pas le laisser traîner.
00:05:59Un jour ou l'autre, il fera une mauvaise rencontre, ce petit.
00:06:02Ce petit a 15 ans.
00:06:04Je ne peux pas le prendre par la main et le conduire à l'école.
00:06:06Il aurait besoin d'un père.
00:06:08Il a un père.
00:06:09Pas bleu, je sais bien qu'il a un père.
00:06:12La guerre, la guerre.
00:06:14Oui, la guerre.
00:06:15Allez, bonsoir Mme Bonnel.
00:06:17Bonsoir Mme Estela.
00:06:19Armand pourra passer vous voir tout à l'heure.
00:06:21S'il vient, c'est prêt.
00:06:22Sauf le manteau, le manteau j'ai pas pu.
00:06:25Je ne m'y attends pas.
00:06:39Ça a coincé la baleine.
00:06:42Un point pour moi.
00:06:44Elle m'épouise.
00:06:48Tu m'aurais vu rentrer tout à l'heure.
00:06:51Un papillon.
00:06:52Toi, tu es légère, tu es jeune, moi, regarde.
00:07:05Alice et son mari donnent une réception chez eux dimanche après-midi.
00:07:09Elle m'a demandé si tu pourrais venir l'aider.
00:07:11Celle-là incapable de vivre sans boniche.
00:07:13Tu gagnerais quatre sous, et puis il y a toujours des restes.
00:07:17Pas pour moi, pour ton frère.
00:07:20Il meurt de faim, le malheureux.
00:07:22Regarde ses yeux, on dirait qu'il va nous dévorer tout crue.
00:07:26Tiens maman, j'irai.
00:07:28Je rapporterai les restes à la maison.
00:07:30Je fouillerai même les poubelles de fois qu'ils auraient laissé un peu de viande après les eaux.
00:07:39C'est Armand qui vient chercher son costume.
00:07:42C'est Armand qui vient chercher son costume.
00:07:44Isabelle, je t'interdis.
00:07:50Je ne vous dérange pas, ma mère m'a dit que je pouvais passer vous voir.
00:07:54Entrez, ne restez pas dehors.
00:07:57Bonjour mademoiselle Isabelle.
00:07:58Bonjour monsieur Armand.
00:08:00Excusez-la, je ne sais pas ce qu'elle a ce soir.
00:08:03Tenez, facile.
00:08:05S'il y a un retouche, je la ferai en vitesse.
00:08:08Entrez dans le champ, ici.
00:08:10Merci.
00:08:16Et toi, au lieu de faire l'essence, mets la soupe à réchauffer.
00:08:19Tu peux ajouter un peu de tapioca pour l'épaissir.
00:08:21Le tiers du paquet, ne l'écart.
00:08:24Entre un tiers et l'écart, il faut tenir jusqu'à samedi.
00:08:30Je peux entrer ?
00:08:31Faites, faites.
00:08:34Quoi ? Il ne va pas ?
00:08:36Si, si, mais il vous change.
00:08:39Et pas en bien, je le vois.
00:08:41Enlevez la veste.
00:08:46C'est le pantalon, il faut le reprendre.
00:08:56Avez-vous eu le temps de lire les livres que je vous ai prêtés ?
00:08:59Victor Hugo un peu, mais c'est difficile.
00:09:02Difficile ? Allons, c'est la simplicité même.
00:09:06Connaissez-vous, ô mon ami, au fond des bois, quelques douces retraites,
00:09:11où le bruit du monde s'arrête, au bord d'un lac, au flot vermeil ?
00:09:16Quoi de plus lumineux voulez-vous me dire ?
00:09:18Un lac au flot vermeil ?
00:09:20Mais vermeil, c'est rouge.
00:09:24L'eau d'un lac, c'est rouge.
00:09:26C'est rouge ? L'eau d'un lac n'est pas rouge ?
00:09:31C'est la liberté du poète.
00:09:34J'ai du mal à imaginer tout cela.
00:09:37Tournez-vous, s'il vous plaît.
00:09:40J'avais supprimé les panses de côté.
00:09:43Vous verrez, il tombera beaucoup mieux.
00:09:46Mais il me faudra un peu de temps.
00:09:49Je vous laisserai tout le temps nécessaire.
00:09:59Je vous laisse.
00:10:02Je vous laisse.
00:10:10Voulez-vous venir vous promener dans les Calanques dimanche ?
00:10:12Nous prendrions le tram jusqu'à Mazargues, et de là, à pied, vers Sormiou.
00:10:16Dimanche ? Mais j'ai affaire.
00:10:20Le ménage en prépare, et puis votre costume.
00:10:23Non, non, c'est impossible.
00:10:24Maman, tu peux te reposer un peu ?
00:10:28Ah, vous voyez, elle est d'accord avec moi.
00:10:31Alors c'est décidé.
00:10:33Je m'occupe du pique-nique.
00:10:40C'est bon ?
00:10:41Oui.
00:11:10Pourquoi ?
00:11:11Tu travaillais tout le temps, tu avais bien le droit d'aller te promener un dimanche.
00:11:15Et puis avec cet armement, tu ne risquais pas grand-chose.
00:11:19Qu'est-ce qui te fait croire ça ?
00:11:20Il vivait avec sa maman, il avait l'air tout sage.
00:11:25Et ses cheveux, qu'il plaquait avec de l'eau sucrée.
00:11:29Franchement, c'était pas un donjon.
00:11:32Tu ne connais rien aux hommes.
00:11:35Maman, tu ne vas pas me dire ?
00:11:37Oh si, c'est la faute de ton père, mais il est seul si longtemps.
00:11:41Quand je pense, tu ne m'en as jamais parlé.
00:11:45Je n'allais pas les chanter sur les toits.
00:11:47Maintenant, tu es vieille, ça n'a plus d'importance.
00:11:50Les chatouilles, toujours les chatouilles.
00:11:59Isabelle, Isabelle, vous qui êtes ici,
00:12:02Isabelle, Isabelle, vous qui êtes à l'avant-garde depuis plus de 50 ans,
00:12:06comment voyez-vous l'évolution de la mode dans les 50 prochaines années ?
00:12:10Les hommes et les femmes iront tous nus à cause du réchauffement de la planète.
00:12:14Pour sortir le soir, les femmes porteront une plume, je pense,
00:12:17et les hommes, un ruban jaune autour du petit robinet qui les rend si fiers.
00:12:23Et ça ne vous fait rien.
00:12:24Merci, merci.
00:12:32Merci.
00:12:49Où tu étais ? Pourquoi tu rentres si tard ?
00:12:51Maman s'est fait un saut d'encre.
00:12:55Réponds, qu'est-ce que tu as fait ?
00:12:56Rien, vise-moi la paix.
00:12:57Comment, rien ?
00:12:59Si papa était là, ça ne se passerait pas comme ça.
00:13:01Tiens, profite.
00:13:02De quoi je profite ?
00:13:03D'une assiette de chaude au tapioca ?
00:13:05Tiens, voilà ce que j'en fais de ta soupe.
00:13:09Mangez ça ou rien, c'est kiff-kiff. Bonne nuit.
00:13:12Bonne nuit.
00:13:26Ignace, Ignace, c'est un petit petit nom charmant.
00:13:31Ignace, Ignace, qui me vient tout droit de mes parents.
00:13:38Oh, tu veux la bagarre ?
00:13:42Ignace, Ignace, c'est un petit petit nom charmant.
00:13:47Ignace, Ignace, qui me vient tout droit de mes parents.
00:13:53Ignace.
00:14:13Rappel, rappel, rappel.
00:14:15D'où elle est ? Vite, vite, viens.
00:14:29Regarde, regarde.
00:14:31Où est-elle ? Où est-elle ?
00:14:33Tu l'as trouvée ?
00:14:37Viens, viens.
00:14:39Qu'est-ce qu'il y a ?
00:14:44Qu'est-ce qu'il dit ?
00:15:01Dis-donc, petit salopard, faut pas te gêner.
00:15:03C'est pas moi, j'ai rien fait.
00:15:05Je vais te faire vider tes poches.
00:15:07Ça va pas traîner.
00:15:08Tu viens vite.
00:15:09Mais je pâtre un peu.
00:15:11Regardez-moi ce dégoûtant qu'en profite.
00:15:15Quoi ? Qu'est-ce que vous dites ?
00:15:17Tu te régales, pas vrai ?
00:15:19C'est pas la première fois que je te vois faire.
00:15:21Tu sais qu'il est au point, son numéro. Il est toujours des jeunes.
00:15:24Il lui faut du tendre.
00:15:25Ça, par exemple ? Tu me parles de cochon ?
00:15:28Fouillez-le, tu vas voir qu'il a sa poche et son portefeuille.
00:15:31Bon signe, lui, père.
00:15:35C'est pas malheureux.
00:15:37C'est pas malheureux.
00:15:53Tiens, on faisait nos comptes.
00:15:55Reglo, qu'est-ce que t'en penses ?
00:16:00Antoine, Tony pour les amis.
00:16:03Et toi ?
00:16:05Ignacio.
00:16:07Ignacio ?
00:16:09Faudra s'occuper de ça.
00:16:24Je vous laisse.
00:16:44Excusez-moi, je marche trop vite.
00:16:46Je ne vous savais pas aussi sportif.
00:16:48Mais oui, Pilar, je suis sportif.
00:16:51De guerre et froid, voire mort.
00:16:53Parfaitement.
00:16:54Nous marchons tout pelon des roues,
00:16:57Où te la main dans la main.
00:17:01Écoutant le soleil du monde,
00:17:04La main dans la main.
00:17:07Oubliant le sac, la soif et la faim,
00:17:10Marchons la main dans la main.
00:17:13Oubliant le sac, la soif et la faim,
00:17:16Marchons la main dans la main.
00:17:19J'aime entendre chanter.
00:17:25Je vais défiler les brigades internationales à Barcelone en 38,
00:17:29Juste avant qu'on les renvoie dans leur pays.
00:17:32Il y avait des français, des russes, des anglais.
00:17:36Ils marchaient sourds de fleurs.
00:17:38Oui.
00:17:39Oui, des kilomètres de fleurs.
00:17:42Tout d'un coup, ils se sont bien chantés en espagnol.
00:17:45El Paso del Ebro.
00:17:47Le Paso del Ebro.
00:17:49Le Paso del Ebro.
00:17:52Et moi...
00:17:54Moi, je me suis mise à pleurer comme aujourd'hui.
00:18:00Plus tard, en France,
00:18:02quand on nous a conduits au camp, en Ardèche,
00:18:05le train s'est arrêté dans une gare.
00:18:08Et on a commencé à pleurer.
00:18:10Et on a commencé à pleurer.
00:18:12Et on a commencé à pleurer.
00:18:14Et on a commencé à pleurer.
00:18:16Et on a commencé à pleurer.
00:18:19Le train s'est arrêté dans une gare.
00:18:22Il y avait une fanfare.
00:18:24Et qu'est-ce que vous croyez qu'il jouait pour nous faire plaisir?
00:18:28El Paso del Ebro.
00:18:30Et j'ai pleuré encore un coup.
00:18:36J'avais décidé de ne plus jamais pleurer en écoutant
00:18:40El Paso del Ebro ou l'International,
00:18:43ou n'importe quelle chanson.
00:18:46Les fascistes en face, ils pleuraient aussi.
00:18:49C'était pas la même chanson, mais ils pleuraient quand même.
00:18:54C'est comme ça qu'on envoie les hommes à la mort.
00:18:58En leur chantant des chansons qui les font pleurer.
00:19:02Je comprends.
00:19:04Non, vous ne comprenez pas.
00:19:07La guerre ou la paix, ça ne change rien pour vous.
00:19:10D'enloter par votre maman les nés dans vos bouquins?
00:19:14Est-ce que vous avez jamais pris les moindres risques dans votre vie?
00:19:19Qu'en savez-vous?
00:19:21Vous ne me connaissez pas.
00:19:23Regardez, nous marchons depuis seulement une heure
00:19:26et vous avez découvert que j'étais un grand sportif
00:19:29et que je chantais à merveille.
00:19:36À merveille, je ne sais pas.
00:19:38Très fort, ça oui.
00:19:41Venez, trouvons un coin où nous asseoir.
00:19:44Nous sortirons nos provisions.
00:19:50Savez-vous ce qu'il y a là-dedans, Pilar?
00:19:57Du vrai café?
00:19:59Oui.
00:20:00Sportif émérite, excellent chanteur
00:20:03et dénicheur pour vous être agréable,
00:20:05de vrai café en pleine restriction.
00:20:09Qu'en dites-vous?
00:20:21Je n'aurais pas dû vous parler d'ourments.
00:20:23Vous êtes un homme très beau.
00:20:29C'est peut-être ce qu'il y a de plus important.
00:20:33Pas les idées,
00:20:35pas les chansons avec lesquelles on part à la guerre.
00:20:39Seulement d'être bon
00:20:41avec ceux qui vous entourent.
00:21:06Sacha Guitry m'avait écrit des couplets délicieux.
00:21:09Et Maurice Chevalier était fou du rôle.
00:21:11Sacha Guitry? Maurice Chevalier?
00:21:13Ne me dites pas que vous avez refusé.
00:21:15J'avais une excellente raison de ne pas quitter Marseille.
00:21:17N'est-ce pas, Werner?
00:21:19Tout à fait.
00:21:20Eh, voilà l'héritier.
00:21:22Mes bons amis, je vous présente mon fils, Patrick.
00:21:25Bonjour.
00:21:26Bonjour.
00:21:27Je vous présente mon fils.
00:21:29Je vous présente mon fils.
00:21:31Je vous présente mon fils.
00:21:33Mes bons amis, je vous présente mon fils, Patrick.
00:21:35Un futur avocat qui nous fait l'honneur d'abandonner ses livres
00:21:37quelques instants pour venir nous saluer.
00:21:39Autorisez-vous une coupe de champagne, exceptionnellement.
00:21:41Mais tu n'as pas à me demander l'autorisation.
00:21:43Tu es un homme, maintenant.
00:21:44Un peu de champagne ne peut pas te faire de mal.
00:21:47Merci, papa.
00:21:48C'est un garçon très raisonnable.
00:21:50Presque trop.
00:21:57Puis-je avoir une coupe de champagne, Isabelle?
00:21:59Servez-vous, c'est gratuit.
00:22:01D'abord, comment vous connaissez mon nom?
00:22:03Je connais le nom de toutes les jolies filles.
00:22:05Alors, vous devez en connaître beaucoup.
00:22:07Il n'y a pas tant d'aussi jolies filles que vous.
00:22:09Moi aussi, des tas.
00:22:13Bon, laissez-moi passer, s'il vous plaît.
00:22:15La patronne va m'engueuler.
00:22:16Alice, ne vous inquiétez pas, c'est ma belle-mère.
00:22:18Vous êtes déjà mariée?
00:22:19Non, je veux dire, c'est la femme de mon père.
00:22:21Enfin, sa deuxième femme.
00:22:24Ma mère est morte quand j'avais deux ans.
00:22:28Alors, c'est vous, Patrice, l'avocat?
00:22:30Vous savez, il n'y a que mon père pour s'imaginer
00:22:32que je passe mes nuits sur des bouquins de droits.
00:22:34En réalité, j'en fiche pas lourd.
00:22:36Je suis ce qu'on appelle un fumiste.
00:22:38Vous n'allez pas me laisser boire tout seul.
00:22:40Vous êtes fou.
00:22:42Et puis, j'aime pas tellement ça.
00:22:44Trempez les lèvres seulement.
00:22:46Tenez.
00:22:54Vous voyez?
00:22:56Vous ne faites rien de mal.
00:23:01Encore un peu.
00:23:08Vous aimez le cinéma?
00:23:11Vous avez vu jouer le voile bleu avec Gaby Morlaix?
00:23:14Vous ne venez jamais au cinéma.
00:23:16Mais je vous emmenerai.
00:23:17Vous verrez, ça fait pleurer.
00:23:19J'aime pas les films qui font pleurer.
00:23:23Bon, montez-vous de là maintenant.
00:23:24Si vous me promettez d'aller au cinéma avec moi.
00:23:26J'appelle.
00:23:27Alors, promis.
00:23:29Pas chez moi.
00:23:30Isabelle!
00:23:31Promettez d'abord.
00:23:32Est-ce que vous êtes collant?
00:23:34Oui, là, vous êtes content.
00:23:38Demain, 7h, à l'Eldorado.
00:23:39C'est à Castellane.
00:23:40Je vous attendrai devant.
00:23:46Eh bien, Isabelle, où étiez-vous passée?
00:23:48Vous en faites une drôle de tête, ça ne va pas?
00:23:50Si, si, juste un peu mal au cœur.
00:23:51Mais ça va, je me sens mieux.
00:23:53Alors, au travail, ma petite.
00:23:56Regardez-moi ce buffet.
00:23:58On dirait qu'un troupeau d'éléphants est passé par là.
00:24:03Votre maman m'a dit que vous dessinez à longueur de journée.
00:24:05Des robes, des tailleurs, des manteaux.
00:24:07Une vraie collection.
00:24:08Pareil, vous avez un talent fou.
00:24:09Il est encore fouillé dans mes affaires.
00:24:11Zut, zut.
00:24:12Comment il va m'entendre?
00:24:13Une maman a tous les droits.
00:24:15Du reste, là, n'est pas la question.
00:24:17Apportez-moi vos cahiers.
00:24:18J'aimerais bien y jeter un œil.
00:24:19Non.
00:24:21Mais comment non?
00:24:22Mais pourquoi non?
00:24:23Parce que je ne veux pas.
00:24:25Ça a des courbettes au rhumbier.
00:24:27C'est mes journées au pied d'épargne, genre.
00:24:29La grande cigale, là-bas, avec son abat-jour sur le dos.
00:24:32Mais cette jambe est rare.
00:24:35Une robe à cent mille francs?
00:24:37Ah bon, c'est une robe?
00:24:38Fallait préciser.
00:24:39Mais quelle toupelle.
00:24:42Montre-moi tes mains.
00:24:44Ça ne va pas mieux que vous me tutoyiez maintenant.
00:24:46Tes mains, je te dis.
00:24:47Immédiatement.
00:24:50Angelure.
00:24:51Augercé.
00:24:52Doigts boudinés.
00:24:53Ongles cassés.
00:24:54C'est bien ce que je pensais.
00:24:55Des mains d'ouvrière.
00:24:57Eh bien, ma petite,
00:24:58si tu préfères gâcher ton temps et ta belle jeunesse à l'usine
00:25:01plutôt que de travailler les fesses au chaud dans ma boutique,
00:25:04c'est que vraiment tu n'as pas beaucoup d'ambition.
00:25:10Mademoiselle Chamberlain n'aime pas la robe.
00:25:13La belle affaire.
00:25:14Elle préfère sans doute les uniformes verts de gris.
00:25:17C'est vous dire le goût.
00:25:19Et l'autre,
00:25:20c'est la robe.
00:25:21Oui, c'est vous dire le goût.
00:25:23Et l'autre petite sotte qui lui emboîte le pas.
00:25:26Vieillot démodé en abat-jour.
00:25:30Non mais je vous demande un peu.
00:25:32Shakespeare est-il démodé ?
00:25:34Et Leonardo da Vinci ?
00:25:36Et Michelangelo démodés ?
00:25:52Venez.
00:25:58Les robes sont moches, les robes sont moches.
00:26:00On peut les mettre en long, en large ou en traseur, ça ne change que pouic.
00:26:03Et puis je ne sais pas ce qui m'arrive, j'ai des nerfs à fleurs de peau ce matin.
00:26:05Ce jeune qui s'entête, c'est bien simple, je ne peux plus le supporter.
00:26:08Il aime tellement son métier.
00:26:09Oui, sans doute.
00:26:10Mais que voulez-vous, il n'a plus rien dans le cibouleau.
00:26:12Et c'est ma faute à moi.
00:26:13D'ailleurs,
00:26:14il n'a plus rien dans le cibouleau.
00:26:15Et c'est ma faute à moi.
00:26:16D'ailleurs,
00:26:17il n'a plus rien dans le cibouleau.
00:26:18Et c'est ma faute à moi.
00:26:19D'ailleurs,
00:26:20Lucette Chamberlain était très claire.
00:26:22Ma petite Alice,
00:26:23si vous voulez couler votre boutique,
00:26:24continuez à faire confiance à cet inverti.
00:26:27Inverti ?
00:26:29C'est comme ça qu'on dit à Paris.
00:26:32Est-ce qu'Isabelle vous a parlé ?
00:26:33Oh ça,
00:26:34je n'ai entendu de toutes les couleurs.
00:26:36Pas commode, la psycho.
00:26:38Et encore,
00:26:39je ne lui ai pas dit que vous ne les aviez montrées, ces femmes au cahier.
00:26:44Il me la faut, vous m'entendez ?
00:26:45Il me la faut.
00:26:46Mais j'ai un nom.
00:26:47La petite fera le travail et lui signera.
00:26:50Je ne me fais pas de soucis, allez.
00:26:51Il comprendra vite son intérêt.
00:27:18Vous êtes Pilar ?
00:27:20Je viens de la part de Louis.
00:27:28Votre mari arrivera prochainement à Marseille.
00:27:30Il s'est évadé il y a trois semaines
00:27:31du camp où il travaillait avec sa compagnie, dans les Cévennes.
00:27:33À Marseille ?
00:27:35Mais où va-t-il se cacher ?
00:27:36Il ne se cachera pas.
00:27:37Il ne se cachera pas.
00:27:38Il ne se cachera pas.
00:27:39Il ne se cachera pas.
00:27:40Il ne se cachera pas.
00:27:41Il ne se cachera pas.
00:27:42Il ne se cachera pas.
00:27:43Il ne se cachera pas.
00:27:44Il ne se cachera pas.
00:27:45Il ne se cachera pas.
00:27:46Il ne se cachera pas.
00:27:47Il osera chez vous, tout à fait officiellement.
00:27:52Louis nous a dit que vous avez un frère
00:27:53qui viendra pendant la France.
00:27:56Kimène, mon frère année ?
00:27:58Il est parti travailler dans une filature à Roubaix
00:28:00juste avant la Guerre civile.
00:28:02Cela fait bien cinq ans que je n'ai plus de ce nouvel.
00:28:05Ni vous, ni personne.
00:28:07Louis s'en prendra sa identité.
00:28:09Il aura tous les papiers nécessaires.
00:28:12Vous direz que votre frère
00:28:13voulait se rapprocher de sa famille
00:28:14d'approcher de sa famille et qu'il loge chez vous en attendant mieux.
00:28:19Vous voulez dire que lui se fera passer pour mon propre frère ?
00:28:24Pour l'oncle de mes enfants ?
00:28:26Je sais bien.
00:28:27Cela ne va pas être facile, ni pour vous, ni pour eux.
00:28:30Mais nous n'avons pas le choix.
00:28:33Lui sera de responsabilité importante.
00:28:36Nous devons lui offrir la meilleure couverture possible.
00:28:38J'ai tellement espéré le retour de mon mari.
00:28:42Et voilà comment ça se passe.
00:28:45Comme une plaisanterie.
00:28:49Vous devez tout préparer dès maintenant.
00:28:51Avertir les voisins, vos amis, vos relations de travail.
00:28:55Il faudra être extrêmement prudente.
00:28:57Demander faux pas aura des conséquences graves.
00:28:59Je connais mon devoir.
00:29:02Vous, mais vos enfants.
00:29:05Ils aiment leur père.
00:29:07Ils ne l'ont pas vu depuis quatre ans.
00:29:09Est-ce qu'on oublie son père ?
00:29:16Je m'appelle Raphaël.
00:29:19Et bien, Raphaël.
00:29:21On peut dire que vous m'apportez des drôles de nouvelles.
00:29:40Bonsoir Mme Bonnel.
00:29:41Bonsoir.
00:29:42J'ai une nouvelle à vous annoncer.
00:29:43Une bonne nouvelle, j'espère.
00:29:44Très bonne.
00:29:45Mon frère a trouvé du travail à Marseille.
00:29:48Il va s'en salir avec nous, au moins quelques temps.
00:29:50Je suis bien contente pour vous.
00:29:52C'est pas comme si c'était votre mari, mais ça fera toujours un homme à la maison.
00:29:57C'est bien.
00:29:59Je vous en prie.
00:30:01Je vous en prie.
00:30:03Je vous en prie.
00:30:06Je vous en prie.
00:30:09Il s'appelle Kimeth.
00:30:10Kimeth Montané.
00:30:11Kimeth.
00:30:13En voilà un nom.
00:30:14Et il n'a pas de famille ce Kimeth.
00:30:17C'est un ours.
00:30:19Aucune femme ne veut de lui.
00:30:20Dommage, il a bon cœur dans le fond.
00:30:22Ce n'empêche pas.
00:30:24Mon pauvre mari, le papa d'Armand.
00:30:26A peine j'y disais trois mots de toute la journée.
00:30:28Bonjour, bonsoir.
00:30:30Et aussi...
00:30:32Ça me fait drôle de vous raconter ça.
00:30:36Il me disait je t'aime.
00:30:37C'est rare les hommes qui disent je t'aime.
00:30:42Allez, bonsoir madame.
00:30:43Bonsoir madame, restez là.
00:30:49Je peux mourir maintenant.
00:30:50Me veux-tu ?
00:30:51Ben oui.
00:30:52Et mes deux petits-enfants ? Qui les élèverait ?
00:30:55Tu as dit tes enfants ?
00:30:56Mais oui.
00:30:58Je ne me l'avais pas dit.
00:30:59Ah, parce que ça aussi c'est une surprise.
00:31:08Bonsoir.
00:31:17Bonsoir.
00:31:38Déjà ?
00:31:40Quel dommage.
00:31:42Comment c'était la deuxième fois ?
00:31:44Je ne sais pas, je n'ai pas vu le film.
00:31:46Et vous, pourquoi ?
00:31:47Je ne regardais que vous.
00:31:51Vous avez les yeux pleins de larmes.
00:31:53Mais je dois être belle.
00:31:55Oui.
00:31:57Très belle.
00:32:03Vous avez l'air sincère.
00:32:05Mais bien sûr, qu'est-ce que vous croyez ?
00:32:07Je ne sais pas.
00:32:13Vous perdez votre temps avec moi.
00:32:15Pourquoi, ça ne vous a pas plu ce soir ?
00:32:17Si, beaucoup.
00:32:18Alors pourquoi vous dites que je perds mon temps ?
00:32:20Si vous sortez avec moi, c'est pour faire ce que les garçons font avec les filles.
00:32:26Et moi, je n'aime pas ça.
00:32:27Moi, je n'ai pas besoin de vous pour ce que vous dites.
00:32:29Des filles, j'en ai autant que je veux.
00:32:31On ne va pas rester à se regarder dans le devant des yeux, vous allez vite en avoir marre.
00:32:35S'il vous plaît, chez moi.
00:32:38Vous êtes différente des autres.
00:32:42Merci.
00:32:43Ça, je le sais.
00:33:05Non !
00:33:11Je n'ai rien fait.
00:33:12Laissez-moi.
00:33:15Laissez-moi.
00:33:22Eh bien, voilà.
00:33:23Une bonne chance de fête.
00:33:26À toi de jouer, mon grand.
00:33:28Merci, Joe.
00:33:29Je t'en voudrais ça.
00:33:31J'y compte bien.
00:33:35Qui c'est, cette grotte de nez ?
00:33:37Lui, c'est Ignacio.
00:33:38Mon lieutenant.
00:33:40Avec un lieutenant pareil, tu as du souci à te faire.
00:33:43Enfin, ça te regarde.
00:33:44Pas vrai ?
00:33:54Ne te frappe pas, va.
00:33:55Ma grotte de nez.
00:33:59Qu'est-ce qu'on lui fait ?
00:34:00Qu'est-ce qu'on lui fait ?
00:34:02Qu'est-ce qu'on lui faire au type, là ?
00:34:03Quel type ?
00:34:05Celui qu'ils ont tabassé.
00:34:07Ça, ce sont les affaires de Joe.
00:34:09Moi, on en sait, mais on se porte.
00:34:11C'est un sérieux, Morales.
00:34:12Crois-moi.
00:34:13T'as pas intérêt de fourrer dans ses pattes.
00:34:32Belle camelote.
00:34:35On va déménager tout ça.
00:34:43C'est quoi, cette odeur ?
00:35:02Ben, s'il s'était fait sa petite popote, le youpin.
00:35:11Qui c'est qui va stopper la cloche ?
00:35:13Mon petit lieutenant.
00:35:31Ça t'a coupé l'appétit ?
00:35:33Faudra t'habituer, mon vieux.
00:35:35Enlève ton béret et mange.
00:35:57Il a pas tort, Joe.
00:35:58T'as vraiment l'air d'une grotte de nez.
00:36:01On va t'habiller un peu.
00:36:03Te couper les cheveux.
00:36:04Grotte de nez, je m'en fous.
00:36:09Tu as dit quelque chose, tout à l'heure.
00:36:12Quelque chose.
00:36:14Qu'est-ce que j'ai dit ?
00:36:16Tu as dit que j'étais ton lieutenant.
00:36:19Ça, tu vois ?
00:36:22Tu peux tout me demander.
00:36:24Tout ?
00:36:31Tout.
00:37:01À qui ?
00:37:02À lui.
00:37:03Tu dis tu ou vous ?
00:37:04Ce que tu veux.
00:37:05De ce papa.
00:37:07Pourquoi je dirais papa, puisque c'est mon oncle ?
00:37:18Regardez.
00:37:21C'est lui ?
00:37:22Mais oui, c'est lui.
00:37:23Tu ne le reconnais pas ?
00:37:26Regarde, imagine.
00:37:27Regarde.
00:37:28Mon oncle ?
00:37:32C'est moi.
00:37:50Ça va bien, je pleure tout le temps, en ce moment.
00:37:53Il ne faut pas faire attention.
00:38:02C'est pas lui, là-bas ?
00:38:04C'est pas lui ?
00:38:05Mieux vaut ne rester pas là.
00:38:07Il n'hésite pas à prendre la valise.
00:38:08Maman ?
00:38:25On rentre se coucher, la vieille ?
00:38:27On rentre, l'oncle.
00:38:29Tu as les yeux.
00:38:30Il faudrait des allumettes pour les tenir ouverts.
00:38:32Ils m'ont bouffé vivante, ces bâtards.
00:38:34Des morts de faim, des mâles élevés.
00:38:36Fais chauffer le moteur, j'arrive.
00:38:38Dépêche-toi, la vieille.
00:38:39On ne fait plus chauffer les voitures, maintenant.
00:38:41Elles sont livrées toutes chaudes.
00:38:58Maman, on va te coucher.
00:38:59Il est tard.
00:39:00Tout le monde est fatigué.
00:39:01Pas moi.
00:39:02Je veux côtrer encore un peu.
00:39:05Est-ce que nous ne sommes pas bien, tous les deux ?
00:39:08Merci de penser à moi.
00:39:11Maman.
00:39:12Tu n'étais même pas à Morseille ?
00:39:14J'étais là à chaque minute.
00:39:16Tu m'entends ?
00:39:18C'est tout de même pas la faute des morts,
00:39:20si les vivants ne font pas attention à eux.
00:39:23Même que j'ai eu honte pour vous,
00:39:25de l'avoir si mal reçu, cet homme-là.
00:39:27Comment ?
00:39:28J'avais préparé du pain à la tomate,
00:39:30et là ce coup d'ailer avec deux beaux morceaux de viande.
00:39:33Tu penses qu'il s'en fichait du pain à la tomate, le malheureux ?
00:39:37Il a tout de suite compris
00:39:39que vous vous étiez très bien débrouillés, celui-là.
00:39:44Si tu veux rendre un homme heureux,
00:39:46tu dois lui faire croire
00:39:48que tout va de travers quand il n'est pas là.
00:39:58Quelle a été longue, cette première soirée.
00:40:02J'ai cru qu'elle n'en finirait plus.
00:40:05Papa, contemplant son assiette d'un air sombre,
00:40:08et masticant interminablement chaque bouchée,
00:40:11et nous qui osions à peine nous regarder.
00:40:15De temps à autre,
00:40:17il levait la tête
00:40:19et nous fixait à tour de rôle
00:40:21pour nous faire croire
00:40:23qu'il n'y avait plus rien.
00:40:24Il levait la tête
00:40:26et nous fixait à tour de rôle
00:40:28sans rien trouver à nous dire.
00:40:41La soirée, c'était rien du tout.
00:40:43Mais l'anouille qui a suivi,
00:40:46il a voulu me prendre.
00:40:48Et tu sais, de ce côté-là,
00:40:50il ne fallait pas lui impromettre à ton père.
00:40:52Maman, je t'en prie.
00:40:54Maman n'en veut plus de reste.
00:40:56Maman.
00:40:58Allez, je veux tout.
00:41:00Toujours est-il,
00:41:02cette nuit-là est bien.
00:41:04J'ai compris, maman.
00:41:05Maintenant, nous sommes comme des frères.
00:41:36Où vas-tu ?
00:41:39Je n'arrive pas à dormir.
00:41:41Je vais faire un tour.
00:41:43Si papa s'en aperçoit.
00:41:45Papa ?
00:41:47Quel papa ?
00:41:51Je ne sais pas.
00:41:53Je ne sais pas.
00:41:55Je ne sais pas.
00:41:57Je ne sais pas.
00:41:59Je ne sais pas.
00:42:01Je ne sais pas.
00:42:03Je ne sais pas.
00:42:05Je ne sais pas.
00:42:31Mets ton casque.
00:42:33Je vous prie, mettez-le sur votre tête.
00:42:35...
00:43:01...
00:43:07Merci.
00:43:09A bientôt.
00:43:10...
00:43:18Il est interdit de traverser la piste. Vous ne savez pas lire ?
00:43:23Je sais lire, mais je n'aime pas obéir.
00:43:26Luis.
00:43:27Manuel.
00:43:29On m'a dit que tu avais un sale caractère, ça m'a l'air tout à fait exact.
00:43:32Attends un peu pour juger.
00:43:34Oui, mais ici, c'est moi le patron.
00:43:36Et tu le resteras, pour tout ce qui concerne ta boutique.
00:43:39Comme ça, c'est d'accord.
00:43:42Camarade.
00:43:46...
00:43:47Encore un peu, encore un peu.
00:43:49Tu as déjà rabioté cinq minutes.
00:43:51Allez, allez, allez, serre-toi.
00:43:54C'est moi qui ai appris à monter un vélo à son père, donc pas ça.
00:43:57Allez.
00:44:00Le Parti a raison, ici, tu crains rien.
00:44:02Personne n'irait imaginer que je suis communiste.
00:44:04Et pourtant, regarde.
00:44:07Le Parti communiste espagnol a été créé le 15 avril 1920.
00:44:11Et moi, ma carte...
00:44:14Pêche-toi. Ici, là.
00:44:15Qu'est-ce que tu vas décrire ?
00:44:1716 avril 1920.
00:44:19Le lendemain.
00:44:21Qui dit mieux ?
00:44:23Tu ne devrais pas garder cette carte ici.
00:44:25T'inquiète pas pour moi.
00:44:27Je te verse un café, de vrai ?
00:44:30Allons, camarade.
00:44:31Tu ferais de tes désirs pour des réalités.
00:44:35Je fais griller des carobes
00:44:37que je mélange avec quelques graines de chicorée qui me restent.
00:44:43C'est pas mauvais.
00:44:48Comment tu trouves ?
00:44:50Chaud.
00:44:54Tu veux ?
00:44:58Alors, personne n'a jamais su que tu étais au Parti ?
00:45:00Personne.
00:45:01C'est le Parti qui a décidé.
00:45:03Quand je suis arrivé en 1927 à Marseille,
00:45:06je travaillais sur le port comme docker.
00:45:09Ça voyait réduire, tu peux me croire.
00:45:13Le Parti m'a dit
00:45:14« Toi, tu te mêles de rien en te gardant en réserve. »
00:45:18Oui.
00:45:21Je suis resté planqué toutes ces années.
00:45:23En réserve.
00:45:25En réserve de quoi ?
00:45:28Quelquefois, je me disais
00:45:29que si je passais sous un tramway, je casserais ma pipe
00:45:32sans savoir à quoi j'ai servi.
00:45:35Pourquoi je suis content de te voir, camarade ?
00:45:38Excuse-moi si je répète souvent ce mot, camarade,
00:45:43mais j'ai été privé pendant 15 ans.
00:45:49Qu'est-ce que tu penses de la situation ?
00:45:52La situation...
00:45:55Les Alliés vont gagner la guerre,
00:45:56il y aura deux vainqueurs, les États-Unis et l'Union soviétique.
00:45:59Franco est au pouvoir pour 35 ans.
00:46:04Heureusement que tout le monde ne partage pas ton point de vue.
00:46:07Et parce que beaucoup sont comme toi,
00:46:09ils prennent leurs désirs pour des réalités, seulement, voilà,
00:46:11elles ne se laissent pas faire à la réalité.
00:46:13Elle est têtue, elle résiste.
00:46:14Et finalement, c'est elle qui l'emporte.
00:46:19La victoire est revenue.
00:46:20Est-ce que tu crois que les Américains auront envie
00:46:22de voir l'Europe coincée entre les communistes à l'Est
00:46:25et les communistes au Sud ?
00:46:27La France s'en tirera peut-être parce que De Gaulle est un grand bonhomme,
00:46:30mais les Yankees boucleront à double tour les grilles de l'Espagne
00:46:33et donneront les clés à Franco.
00:46:38Et d'où sort-tu cette brillante analyse, camarade ?
00:46:45De ma tête, hein, camarade.
00:46:49Est-ce que le parti t'interdirait de faire fonctionner ta tête, par hasard ?
00:46:57Un peu plus courte, les manches, comprenez-vous ?
00:47:00Plus courte, oui.
00:47:02Ou plus longue.
00:47:04Je sais pas.
00:47:06Je raccourcis un peu les manches, M. Tony.
00:47:09Faites comme pour moi.
00:47:18Vous mettrez aussi six chemises, quelques sous-vêtements et des chaussettes.
00:47:21Entendu, M. Tony.
00:47:22Des sous-vêtements, des chaussettes ? Tu crois ?
00:47:24Ben oui, mon cher.
00:47:26J'ai l'intention de t'emmener voir des dames.
00:47:28Et puis que tu vas pouvoir t'exhiber devant ces jeunes beautés
00:47:30avec tes caleçons retenus par un bout de ficelle, tes chaussettes trouées.
00:47:34Pourquoi tu fais tout ça, Tony ?
00:47:36Parce que t'es mon lieutenant, bardi.
00:47:38Pourquoi, moi, spécialement ?
00:47:40Parce que ça me chante.
00:47:41C'est une bonne raison.
00:47:42Moi aussi, c'est une très bonne raison.
00:47:44Le jour où je change d'avis, ma vieux collègue va m'envoyer des sous-vêtements,
00:47:47des chaussettes et des chaussettes trouées.
00:47:49Très bonne raison.
00:47:50Le jour où je change d'avis, ma vieux collègue.
00:47:53Quand même, il devait bien y avoir une raison.
00:47:55Une vraie raison.
00:47:56Cherche. En attendant, boucle-la. Tu me fatigues avec tes questions.
00:48:03Finalement, j'ai lâché la savonnerie et je suis allée travailler à Chiquemode.
00:48:08Alice, fine mouche, avait trouvé le moyen de me convaincre.
00:48:12L'école des beaux-arts de Marseille organisait des cours pour adultes.
00:48:15Elle m'y a inscrite trois fois par semaine, de 7h à 9h du soir.
00:48:21Et moi, qui enrageais devant mes gris-bouzis,
00:48:24tout à coup, je me suis vue artiste.
00:48:28Ça caille.
00:48:30Là, toi, t'as du chauffage, toi, au moins.
00:48:33Ça chauffe que dalle, ce machin-là.
00:48:35Attends un peu.
00:48:38Je te l'approche.
00:48:40J'ai pas envie de te brûler les fesses.
00:48:45Elle était belle, cette fille.
00:48:47Un peu vulgaire, avec son accent traînant.
00:48:50Elle s'appelait Marta.
00:48:52Certains disaient qu'elle était hongroise,
00:48:54d'autres chuchotaient qu'elle était juive.
00:48:57J'admirais ses beaux seins fermes et ses fesses aux plis marqués.
00:49:01Et pourtant, je n'éprouvais absolument aucun désir pour elle.
00:49:06Je me disais...
00:49:08Est-ce possible, ma fille ? Serais-tu guérie ?
00:49:11Guérison que j'attribuais au fils Brunetti que je voyais le samedi
00:49:15et parfois un soir de la semaine,
00:49:17les jours où je n'allais pas au cours de dessin.
00:49:21Il était doux et attentionné.
00:49:23Nous n'avions pas grand-chose à lui dire.
00:49:26Je pensais, c'est ça, l'amour,
00:49:29un peu d'ennui, mêlé de tendresse.
00:49:32Il soupirait.
00:49:34Ah !
00:49:36Si vous vouliez.
00:49:37Je faisais semblant de ne pas comprendre.
00:50:07Il a...
00:50:09Excusez-moi.
00:50:10Je vous ai fait peur ?
00:50:12Je ne m'attendais pas à vous voir d'aussi bonne heure.
00:50:14Ma mère ne va pas fort ces jours-ci, j'essaie de rentrer plus tôt.
00:50:18On ne se voit plus beaucoup depuis que votre frère est revenu.
00:50:21C'est vrai.
00:50:22Je le regrette.
00:50:25Quoi, vous ?
00:50:27Nos conversations, nos lectures...
00:50:30Et cette promenade que nous avions faite dans les collines.
00:50:33C'est un peu...
00:50:34Et cette promenade que nous avions faite dans les collines.
00:50:40J'ai été bien imprudente, Armand.
00:50:43Il faut oublier tout cela.
00:50:45Pourquoi ? Qu'est-ce qui a changé ?
00:50:48Vous êtes quelqu'un d'exceptionnel, Pilar, vous êtes belle.
00:50:50Vous rayonnez, vous êtes faite pour être aimée.
00:50:52Lâchez-moi, Armand.
00:50:54Vous êtes devenu fou.
00:50:55Quoi, vous avez peur que votre frère vous surprenne ?
00:50:58Les mâles espagnols sont très jaloux, dit-on.
00:51:01Les époux de leurs femmes, les frères de leurs soeurs,
00:51:03les cousins des cousines...
00:51:04Vous parlez comme un idiot.
00:51:06Et pourtant, vous ne l'êtes pas.
00:51:07Dieu sait, non.
00:51:08C'est vous qui me rendez idiot.
00:51:11Armand...
00:51:13Armand, revenez sur Terre.
00:51:16Vous vivez dans vos rêves.
00:51:18Le lac au fleuve vermeil, la Terre est bleue comme une orange.
00:51:23Si c'était comme ça, la vie...
00:51:24Mais c'est comment, alors ? Dites.
00:51:26Vous qui savez tant de choses.
00:51:28La vie...
00:51:30C'est dur.
00:51:32Ça fait mal.
00:51:33C'est jamais comme on voudrait.
00:51:36La vie...
00:51:39Quelquefois, on n'en voit pas le bout.
00:51:41La belle philosophie.
00:51:43Autant aller tout de suite se jeter dans le vieux port.
00:51:47Maintenant, Pilar...
00:51:49Ce sont les poètes qui ont raison, figurez-vous.
00:51:51Tournez la tête, ne m'adressez plus la parole.
00:51:53Attendez que je sois rentrée pour sortir, que je sois sortie pour rentrer.
00:51:56Je n'empêcherai jamais de vous aimer.
00:51:58Mais vous me mettez à la fin.
00:51:59Je n'en veux pas de votre amour.
00:52:02J'ai un mari.
00:52:03Ça me suffit bien.
00:52:04Et est-ce qu'il vous aime comme je vous aime ?
00:52:07Est-ce que vous l'aimez encore ?
00:52:08Ça fait deux ans que vous ne l'avez pas vue.
00:52:19Qu'est-ce que tu fais là ?
00:52:21Je parlais avec Armand.
00:52:23Sa maman ne va pas bien du tout.
00:52:25Ma mère est diabétique.
00:52:26On a un mal fou à se procurer de l'insuline.
00:52:29Sauf au marché noir, elle est prix impossible.
00:52:32Votre travail, ça vous plaît ?
00:52:35C'est un travail.
00:52:40Tu viens ?
00:53:02Tu aurais pu être un peu plus aimable.
00:53:04Aimable, pourquoi ?
00:53:05Je n'aime pas ce type.
00:53:08Et je n'aime pas te voir parler avec lui.
00:53:13Tu es jaloux ?
00:53:15Jaloux de lui ?
00:53:20Il me fait penser à un contre-maître à Firmini.
00:53:24Une peau de vache.
00:53:25Un fasciste.
00:53:27Le même genre, binoclard, hypocrite.
00:53:29On l'appelait petit cul.
00:53:34Tiens, je vais l'appeler petit cul, ton Armand.
00:53:37Armand était un bon voisin, tout le temps que tu n'étais pas là.
00:53:41Ce n'est pas bien de démocrater lui.
00:53:44Ce n'est pas mon Armand.
00:53:51Laisse-moi, je suis fatiguée.
00:54:00Je vais être absent quatre ou cinq jours.
00:54:03Je ne partirai après demain.
00:54:05Bon.
00:54:08C'est tout ce que ça te fait ?
00:54:11Pourquoi ? Si je te disais ne pars pas, tout resterait ?
00:54:16Mais c'est impossible.
00:54:17Alors, tout va bien.
00:54:30Il est assis à la table du fond. Je viens de servir les digestifs.
00:54:33Combien de nommes avec lui ?
00:54:35Deux. De Lestra, de Piero Santucci.
00:54:37Déchelé dans la salle ?
00:54:38Non, pas ce soir.
00:54:48Je vais aller chercher les digestifs.
00:54:50Je vais aller chercher les digestifs.
00:54:51Je vais aller chercher les digestifs.
00:54:53Je vais aller chercher les digestifs.
00:54:55Je vais aller chercher les digestifs.
00:54:58Je vais aller chercher les digestifs.
00:55:08Voilà, petit.
00:55:10C'est le moment de montrer ce que tu sais faire.
00:55:12Moi ?
00:55:15Tu veux être aidé nôtre, n'est-ce pas ?
00:55:17Oui.
00:55:20Je veux.
00:55:21Très bien.
00:55:23Alors tu vas entrer dans le restaurant.
00:55:24et tu lui diras, M. Camoin, j'ai un message pour vous.
00:55:28Répète.
00:55:29M. Camoin, j'ai un message pour vous.
00:55:31Là, tu sortiras le revolver, tu viseras le cœur
00:55:34et tu videras ton chargeur sur ce poursaut.
00:55:37C'est clair ?
00:55:42Tu vas pas te dégonfler, dis.
00:55:44Tony Mayer a dit qu'on pouvait compter sur toi.
00:55:46Tu vas pas le faire mentir.
00:55:54Écartez-le.
00:56:24En tout cas moi, j'ai un message pour vous.
00:56:27Bah donne le petit cassatin.
00:56:29Non mais tu s'arrêtes quand même toi.
00:56:32Bah c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?
00:56:50C'est bien petit.
00:56:54C'est bien.
00:57:24Qu'est-ce que t'as fait un tour ?
00:57:29Hein ?
00:57:36Qu'est-ce que t'as fait ?
00:57:38Je comprends pas quand tu parles catalan.
00:57:42Et ça tu comprends ?
00:57:44Ça oui, je comprends.
00:57:47C'est mon fils.
00:57:52Et tu dois le payer pour démontrer que c'est ton fils.
00:58:17Et tout ce qui s'en suit aussi.
00:58:19Arrêtez de gigoter vous.
00:58:21Ou je vais finir par vous piquer.
00:58:25Non mais dites-moi un peu à quoi ça ressemble ce machin-là.
00:58:27Aucune tenue, aucun chic.
00:58:29Ça, une robe, une soutane.
00:58:31Pauvre France.
00:58:33Oh je vous en prie, faites le taire.
00:58:35Ce vieux machin.
00:58:36Aigri, vous êtes un aigri.
00:58:38Werner, Werner, come on, zi bitte.
00:58:40Qu'en pensez-vous très cher ?
00:58:43Ah bah, das ist wunderschön.
00:58:45Wunderschön, exceptionnel.
00:58:48Mademoiselle, je vous félicite.
00:58:50Vous avez beaucoup de talent.
00:58:54Je n'aimerais pas être à votre place.
00:58:56Pour ça, pas de danger.
00:58:58Grimpez-la.
00:59:01J'ai besoin de vous tourner autour.
00:59:02Tourne, tourne ma belle.
00:59:04J'aime qu'on me tourne autour.
00:59:05Merci, tout le monde est au courant.
00:59:07Non, je sais que tu me prends pour une grue.
00:59:09Je ne vous prends pas pour une grue, je vous prends pour une pute.
00:59:13Si tu veux.
00:59:15Mais très chère la pute.
00:59:17Hors de prix.
00:59:32Petite garce, mais tu es devenue folle.
00:59:34Une si bonne cliente.
00:59:35La poule d'un boche par dessus le marché.
00:59:37J'ai honte de toi.
00:59:38Honte ?
00:59:39C'est pas moi qui ai demandé à venir travailler chez vous.
00:59:43Tu parles d'un exploit.
00:59:45Vous verrez, moi, ce dont je suis capable.
00:59:48Retenez bien ce que je suis en train de vous dire.
01:00:05Vous faites une drôle de tête aujourd'hui.
01:00:07C'est l'approche des examens.
01:00:09Il vous reste trois semaines.
01:00:10Si vous vous bûchez sérieusement, rien n'est perdu.
01:00:12Je n'ai pas le cœur à travailler.
01:00:14Oh, mais ça ne va pas du tout.
01:00:16Arrêtons-nous.
01:00:18Racontez-moi.
01:00:21Isabelle, nous deux, ça ne peut pas continuer comme ça.
01:00:23Je vous aime.
01:00:25Vous êtes la première pour qui j'éprouve des sentiments aussi profonds,
01:00:28mais je vous désire aussi.
01:00:30Au point d'en devenir fou.
01:00:32J'en ai honte, j'ai l'impression de vous salir.
01:00:34J'en ai honte.
01:00:36Au point d'en devenir fou.
01:00:38J'en ai honte, j'ai l'impression de vous salir.
01:00:40Que voulez-vous, j'ai beau lutter, rien à faire.
01:00:43C'est affreux.
01:00:44Jamais je n'aurais dû vous dire une chose pareille.
01:00:46Je sais que je suis en train de vous perdre.
01:00:55Et bien, puisque c'est comme ça, allons-y.
01:00:58Où voulez-vous aller ?
01:00:59Chez vous, je suppose.
01:01:01Nous accouper ici comme des animaux, je veux bien.
01:01:03Mais ces braves religieuses y trouveraient sans doute à redire.
01:01:05Isabelle, vous n'y pensez pas.
01:01:06Moi non, mais vous aussi.
01:01:08Tant que ça vous rend incapable d'ouvrir le moindre bouquin.
01:01:11Allez, réglons ça une fois pour toutes.
01:01:13Non, Isabelle, non.
01:01:14Oubliez tout ça.
01:01:15Descendons au port.
01:01:16Je l'aurai une barre que nous pêcherons des coquillages.
01:01:18Vous n'aimez pas les coquillages ?
01:01:21Si, beaucoup.
01:01:23Mais une chose après l'autre.
01:01:25Nous verrons plus tard pour les coquillages.
01:01:35Oh !
01:02:00Ne sois pas triste.
01:02:03Il ne faut pas.
01:02:08Tu m'as rendu un immense service.
01:02:17Je savais enfin qui j'étais.
01:02:19Et mes penchants, j'en étais certaine à présent, n'étaient pas bons ou mauvais.
01:02:23C'était moi.
01:02:25Et il en serait toujours assis.
01:02:28Le soir même, j'accompagnais Christiane, une fille un peu meubelle mais rigolote,
01:02:34dans sa chambre d'hôtel derrière le cours Julien.
01:02:37J'avais beaucoup appris chez les soeurs de Privas.
01:02:40Je constatais vite que je n'avais rien oublié.
01:02:43Christiane fut la première à en profiter.
01:02:57Merci.
01:03:22Assieds-toi.
01:03:23Qu'est-ce qui t'attend ?
01:03:25Mais...
01:03:27Mais ?
01:03:29Tu as bien 17 ans aujourd'hui.
01:03:31Salope.
01:03:39Bon anniversaire.
01:03:43Mon fils.
01:03:45Mais avant de dîner, il faut que tu t'habilles.
01:03:47Que je m'habille ?
01:03:48Oui, regarde. Tout le monde s'est fait beau.
01:03:50De quoi tu as l'air avec tes vieux machins ?
01:03:52Mais j'ai rien d'autre à mettre.
01:03:55Tu crois ?
01:03:56Viens un peu par ici.
01:04:00Ton premier costume.
01:04:04Quoi ?
01:04:05Je vais pouvoir me promener à ton bras sans avoir honte ?
01:04:08Bien sûr, il n'est pas tout à fait neuf,
01:04:10mais c'est un bon tissu.
01:04:12J'ai repris toutes les coutures.
01:04:18Fallait pas.
01:04:20Fallait pas.
01:04:22Ne t'inquiète pas.
01:04:25J'ai eu un prix tout à fait raisonnable.
01:04:28Allez, passe-le vite.
01:04:30Que tout le monde en profite.
01:04:56Tiens, pour aller avec.
01:05:05Une cravate ?
01:05:06Ça se met autour du cou, Isabelle.
01:05:08À table, bon sang.
01:05:10C'est que...
01:05:12Je ne savais pas et...
01:05:14J'avais promis.
01:05:15Quoi ?
01:05:16Qu'est-ce que t'avais promis ?
01:05:18Il ne pouvait pas prévoir.
01:05:20Je te donnais rendez-vous à des amis.
01:05:22Il ne pouvait pas prévoir.
01:05:24Tu te donnais rendez-vous à des amis, c'est ça ?
01:05:26Ben, oui.
01:05:28Bon, tu dînes avec nous et après le dessert,
01:05:30tu ramonterais ton beau costume à tes amis.
01:05:35Du muscle.
01:05:37Du bon.
01:05:41L'année prochaine, Ignacy,
01:05:44nous fêterons tes 18 ans chez nous, à Barcelone.
01:05:48J'en fais le serment devant vous tous.
01:05:52Allez, on y va.
01:06:04Allez, Grille.
01:06:16Au vivant et au mort.
01:06:18A la victoire.
01:06:22Quand la guerre sera finie,
01:06:24j'ouvrirai une maison de couture ici,
01:06:26en France,
01:06:28à Paris.
01:06:33Comment, Isabelle.
01:06:36Tu ne voudras pas retourner dans ton pays ?
01:06:38Où est mon pays ?
01:06:40Là-bas, ici ?
01:06:42Peut-être encore ailleurs ?
01:06:46Je ne sais pas.
01:06:48Je ne sais pas.
01:06:50Peut-être encore ailleurs.
01:06:53La vie est longue et le monde est grand.
01:07:02Et toi, Ignacy ?
01:07:05Moi ?
01:07:07Je ne sais pas.
01:07:10Et toi, Pilar ?
01:07:12Toi aussi, tu veux abandonner ton pays ?
01:07:21Moi, je voudrais qu'il y ait beaucoup de dîners comme ce dîner.
01:07:25Aujourd'hui, c'est fête.
01:07:27Demain, qui sait ?
01:07:29Il n'y aura peut-être pas grand-chose dans l'assiette.
01:07:35Mais qu'on les mange tous ensemble,
01:07:38et je serai heureuse.
01:07:43Salut, mon homme.
01:07:47A vous, mes enfants.
01:07:51Vous êtes,
01:07:54ce sera mon pays.
01:08:21Ils sont trois, mais il y a un blessé.
01:08:23Dépêchez-vous.
01:08:24Trop très vite.
01:08:31Allez, allez.
01:08:51J'ai rêvé d'une terre
01:08:55qui ne mourrait jamais.
01:08:58J'ai rêvé d'un amour
01:09:01qui durerait toujours.
01:09:04Mais il n'est qu'un sensé
01:09:07de rêver de terre.
01:09:10Et je perds l'espoir
01:09:13de revivre un seul jour.
01:09:16Pourquoi, pourquoi, pourquoi,
01:09:18pourquoi ?
01:09:42La fille,
01:09:44l'ex-pony,
01:09:46la plus tendre romance
01:09:48qu'on puisse faire.
01:09:50Le tonneau passe,
01:09:52la mousse se lasse.
01:09:54C'est quoi, ce déguisement ?
01:09:55Le costume de premier communion de ton grand-père ?
01:09:57C'est ma mère qui me l'a fait.
01:09:59Elle voulait me faire plaisir.
01:10:01Tu le mettras quand t'auras des travaux salissants à faire.
01:10:03Maintenant, ramène-toi.
01:10:04Mon amour commence à s'impatienter.
01:10:12Mieux vaut tard que jamais.
01:10:14Heureusement qu'on comptait pas sur toi pour mettre de l'ambiance.
01:10:17Tu le gâtes trop, ton petit protégé.
01:10:19T'en fais pas, je l'ai à l'oeil.
01:10:20Qu'est-ce qu'il a fait de mal, le pauvre chouchou ?
01:10:22Oh, le petit chouchou !
01:10:26On lui presse le nez, il en sort du lait.
01:10:44Erreur épitonnaire.
01:10:47Erreur extrême.
01:10:50Allez !
01:10:59Qu'est-ce que c'est ?
01:11:02Ouvre-la.
01:11:08Tu peux y aller, c'est 100% officiel.
01:11:12Je sais pas si t'as remarqué,
01:11:13ce soir, tu fêtes deux anniversaires à la fois.
01:11:15T'es 17 et t'es 18 ans.
01:11:17Je t'ai fait gagner un an, ça peut toujours servir.
01:11:19Philippe ?
01:11:20Pourquoi Philippe ?
01:11:22À cause du maréchal, cette blague.
01:11:24Ça te fait pas plaisir de porter le prénom du maréchal, peut-être ?
01:11:27Si tu n'aimes pas le maréchal, le maréchal, il t'aime.
01:11:32Tu as la carte.
01:11:38Maintenant, il faut la mériter.
01:11:44Ça me barbe, mais naturellement.
01:11:46Trois pommes sur un torchon.
01:11:47Oh là là, je suis même pas finie.
01:11:49Et toi ?
01:11:50Je dessinais des oranges.
01:11:51Des oranges ?
01:11:52Pourquoi pas, c'est plus joli que des pommes.
01:11:54Mais c'était des pommes qu'il fallait dessiner.
01:11:56Ouais, des pommes oranges.
01:11:57Il fait bon si on allait se promener.
01:11:59Ah non, c'est très tard, je dois rentrer chez moi.
01:12:02Je te raccompagnerai.
01:12:03Ah, certainement.
01:12:05Bon ben, je suis déprimée.
01:12:06Florence ?
01:12:08Florence ?
01:12:19Florence !
01:12:37Florence ?
01:13:07T'as pas bientôt fini de brailler, espèce de petite gourde ?
01:13:38Si on m'avait dit, il y a un an, que j'irais d'hôtel crasseux en hôtel crasseux
01:13:41pour porter à des gens que je ne connais pas, des messages dont je me fiche,
01:13:45qui probablement n'ont aucune espèce d'importance.
01:13:48Alors, pourquoi tu le fais ?
01:13:50À cause des autres.
01:13:51Le vieux schnock pétain.
01:13:53Tellement caca qu'il doit se pisser dans les brailles.
01:13:56Il l'avale avec sa gueule de poisson mort.
01:13:59C'est quoi, ton problème ?
01:14:00C'est qu'il n'y a pas d'hôtel crasseux.
01:14:02Il n'y a pas d'hôtel crasseux.
01:14:04Il n'y a pas d'hôtel crasseux.
01:14:06Non, ceux-là, je les aime pas.
01:14:09Ça, au moins, j'en suis certaine.
01:14:11Ça te suffit.
01:14:13C'est déjà pas mal,
01:14:15savoir ce qu'on ne veut pas.
01:14:18Naturellement, si je savais ce que je voulais, ce serait mieux.
01:14:23Bon.
01:14:25On peut pas demander la lune.
01:14:28Tant pis.
01:14:30On fait semblant d'y croire.
01:14:32On prend un train à Noudres.
01:14:35On débarque au petit matin dans une ville horrible.
01:14:38On rencontre un type
01:14:40dans un café qui pue les pieds et le vin aime.
01:14:43On lui refile un bout de pépi.
01:14:46Il murmure.
01:14:47Merci, camarade.
01:14:51Il sait pas que je m'appelle Florence de Montelier.
01:14:55Pour lui, je suis Réjeanne.
01:14:58Une camarade.
01:15:01Je suis heureuse de t'avoir retrouvée,
01:15:04moineau.
01:15:08Quand le train roulera tout à l'heure,
01:15:10quelque part entre Béziers et Carcassonne,
01:15:15je te dirai qu'il est l'heure de partir.
01:15:19Je t'en prie.
01:15:21Je t'en prie.
01:15:23Je t'en prie.
01:15:25Je t'en prie.
01:15:27Je t'en prie.
01:15:29Peut-être que pour la première fois depuis longtemps,
01:15:31j'aurais pas envie de me flanquer par la portière.
01:15:44Je t'attendais.
01:15:46Depuis toujours.
01:15:48Admirez à présent l'originalité de ce modèle
01:15:51intitulé Nocturne,
01:15:54une robe de soie noire
01:15:56reprenée de motifs en paillettes d'or.
01:16:18Et pour terminer, voici Sensation,
01:16:21un ensemble d'une élégance raffinée
01:16:23pour vos réceptions d'hiver,
01:16:25composée d'une robe de velours de soie noire
01:16:28accompagnée d'une tunique de taffeta plissée à l'ancienne.
01:16:41Et maintenant, mes chers amis,
01:16:43je vous invite à prendre un rafraîchissement
01:16:45mais avant, je tiens à vous présenter
01:16:47la créatrice des modèles que vous venez d'admirer.
01:16:50Elle n'a pas 20 ans mais déjà beaucoup de talent.
01:16:53Elle s'appelle Isabelle Esteva
01:16:55et croyez-moi, vous n'avez pas fini d'en entendre parler.
01:17:16Isabelle Esteva, créatrice des modèles
01:17:19Isabelle Esteva, créatrice des modèles
01:17:43Arrêtez de boire, monsieur Jeannot.
01:17:45Vous allez vous rendre malade.
01:17:47Je suis déjà malade.
01:17:48Oh, et puis vous, je vous retiens.
01:17:50Qu'est-ce que j'ai fait ?
01:17:51Vous avez enfanté ce monstre.
01:17:53Ça ne vous suffit pas ?
01:17:55Cette petite a un brillant avenir devant elle.
01:17:57Non seulement c'est une artiste,
01:17:58mais c'est une femme de tête.
01:17:59Figurez-vous que l'autre jour, j'ai dû lui expliquer par le menu
01:18:02la différence entre une retraite à 90 jours et un billet à ordre.
01:18:05Oui, mais vous n'avez jamais voulu m'apprendre la comptabilité.
01:18:07Mais pardon, je fais du grand plaisir.
01:18:09Si je te disais tout d'un seul coup,
01:18:11adieu nos rendez-vous.
01:18:12Et puis tu sais, petite,
01:18:13la comptabilité, c'est pas gain sorcier.
01:18:15Poche droite.
01:18:16Poche gauche.
01:18:17Et basta.
01:18:18Permettez-vous de vous enlever Isabelle, papa ?
01:18:20Comment refuser ?
01:18:21La jeunesse va avec la jeunesse.
01:18:24Du coup, je n'ai plus rien à boire, moi.
01:18:27Vous savez que je regrette nos promenades.
01:18:29Je me suis conduit comme un lourdeau.
01:18:31Je ne m'en suis pas avancée.
01:18:34Et si on essayait de se revoir ?
01:18:36Vous perdriez votre temps.
01:18:38Et moi aussi.
01:18:42Si vous étiez une femme,
01:18:44je crois que je vous aimerais.
01:18:58Eh bien moi, monsieur,
01:18:59je n'aime pas les Allemands.
01:19:01Voilà.
01:19:05Mais messieurs, c'est votre droit le plus strict.
01:19:09Vous voulez pas me donner un cendrier, s'il vous plaît ?
01:19:14Tout de suite.
01:19:15Tout de suite.
01:19:18Complètement syphoné, ce jeune homme.
01:19:34Une rave se prépare dans toute la ville.
01:19:36Aujourd'hui à 15h.
01:19:37C'est un camarade qui travaille à la préfecture qui nous a avertis.
01:19:40La police, la Gestapo, les SS, tout le monde est mobilisé.
01:19:43Il prévoit des milliers d'arrestations.
01:19:44Nul lieu, Louis.
01:19:46Il faut l'éloigner à tout bruit.
01:19:47Vous n'êtes pas repérée.
01:19:48Vous êtes la seule à pouvoir le prévenir.
01:19:50Merci.
01:20:14Vous voulez faire un tour de vélo, mon bonhomme ?
01:20:16Oui.
01:20:23Un beau vélo pour mon petit ?
01:20:27Celui-là, le vert ?
01:20:28Oui, le vert.
01:20:44À l'astreuse, il y a une batouille dans toute la ville.
01:20:46On va y aller.
01:20:51Fais un bisou aux enfants.
01:21:14Allez, c'est parti, on y va.
01:21:17On n'a pas de pieds, madame.
01:21:21Tramway ?
01:21:22Tramway à 12h du matin.
01:21:23T'as raison, je vais prendre le vélo.
01:21:25Leur chemiselle, il y a une ligne en sable.
01:21:27Tu parles, si je ne rentre pas, 6 mois de vie.
01:21:29Le carré de son casque, il est mort.
01:21:31C'est pas de ta faute, c'est de l'eau de service.
01:21:33C'est vrai.
01:21:35Je le connais quand même.
01:21:36C'est pas de ma faute.
01:21:44Assieds-toi.
01:21:51Alors ?
01:21:53Tu as perdu ta langue ?
01:21:55C'est au sujet de ma mère.
01:21:57Elle a été arrêtée, mais c'est une erreur.
01:21:59Une erreur ? Tiens, tiens.
01:22:01Elle n'était pas au courant.
01:22:03C'est son frère, mon oncle.
01:22:05Il lui avait rien dit.
01:22:07Tu te fous de moi ?
01:22:09Elle n'était pas au courant,
01:22:10mais c'est grâce à elle qu'il s'est diviné.
01:22:14Comment tu expliques ça, toi ?
01:22:21D'ailleurs, tu dis mon oncle.
01:22:24Tu es bien sûr que c'est ton oncle ?
01:22:31D'après mes renseignements, ce serait plutôt ton père.
01:22:34Mon père, je ne sais pas où il est.
01:22:35Ça fait 3 ans qu'on n'a plus de nouvelles de lui.
01:22:37Vous pouvez vérifier.
01:22:43Écoute, on ne va pas perdre notre temps.
01:22:46Avec moi, c'est donnant-donnant.
01:22:48Tu veux que je fasse libérer ta mère ?
01:22:50Très bien.
01:22:52Qu'est-ce que tu proposes en échange ?
01:22:56Je ne sais pas, moi.
01:23:07Il est dur de la comprendre, ton copain.
01:23:10Tu m'as bien parlé d'un gars dans ton immeuble.
01:23:12Armand, un nom comme ça.
01:23:14Il se balade la nuit avec des grands hauquins qui causent une bûche.
01:23:18Ça pourrait t'intéresser, ça joue.
01:23:20Qu'en penses-tu ?
01:23:42C'est bon, c'est bon.
01:24:12Pourquoi elle est fière du mal ?
01:24:13Ce n'est pas nous qui lui faisons du mal, c'est vous, M. Bonnel.
01:24:15Parlez.
01:24:16Elle sera libérée à la minute même.
01:24:19Elle suit un traitement.
01:24:20Si elle n'a pas sa piqûre d'insuline tous les jours, elle risque la mort.
01:24:23A vous d'y réfléchir.
01:24:33Amenez-le.
01:24:43Ça fait trois jours, mon gars.
01:24:45Tu ne vas pas tenir longtemps comme ça.
01:24:49Sauve ta peau.
01:24:50N'insiste pas, ils ne vont pas te lâcher.
01:24:53Si tu savais ce qu'on voit, nous autres.
01:24:56Surtout, c'est pour ta mère.
01:24:58Pardon, je connais lui aussi.
01:25:00Mais je préfère les bouillabaisse.
01:25:02Ah, bouillabaisse.
01:25:04Je ne peux pas manger ça.
01:25:07Qu'est-ce qu'il y a ?
01:25:08Qu'est-ce qu'il y a ?
01:25:09Qu'est-ce qu'il y a ?
01:25:10Qu'est-ce qu'il y a ?
01:25:11Qu'est-ce qu'il y a ?
01:25:12Non !
01:25:39Qu'est-ce qu'il y a ?
01:26:09A peine une tasse de bouillon hier soir, rien du tout à midi.
01:26:12Vous n'êtes pas raisonnable.
01:26:14Vous voyez les beaux livres dans la bibliothèque ?
01:26:17Ceux qui sont reliés.
01:26:18À l'Atolle France ?
01:26:19Oui, à l'Atolle France.
01:26:21Cherchez celui qui s'appelle « Les dieux en soif ».
01:26:28Voici le bras.
01:26:35Tous.
01:26:37Ils sont tous inscrits, là.
01:26:40Les 47 aviateurs anglais que nous avons recueillis,
01:26:43les quarts mois fait passer un Gibraltar.
01:26:47Je me souviens de chacun d'eux aussi bien que si j'avais leurs photos dans les yeux.
01:26:52Dick Clotaire,
01:26:53le visage couvert de taches de rousseur.
01:26:55On riait.
01:26:57On disait qu'il avait été baptisé avec une passoire.
01:27:01Bill Brown,
01:27:03un lieutenant très chic,
01:27:05l'anglais typique.
01:27:10Perry Johnson,
01:27:12un gosse de 20 ans, un amour.
01:27:15Il me plantait un bécot sur chaque joue avant d'aller dormir.
01:27:22Armand est mort maintenant.
01:27:27Et moi, il aurait mieux valu que je meure avec lui.
01:27:29Mais je ne regrette rien.
01:27:32On se sentait utiles, vous comprenez ?
01:27:35Il y avait
01:27:37de la fraternité.
01:27:40Voilà.
01:27:42Ces jeunes gens,
01:27:43si j'y voyais malgré le danger, mon fils et moi, on était comme ça.
01:27:50J'ai été injuste avec Armand.
01:27:53Je lui ai fait tellement de reproches.
01:27:57Qu'il menait sa petite vie tranquille entre ses livres et sa maman.
01:28:01Qu'il manquait de courage.
01:28:02Mais si, c'est ça.
01:28:06Mais aussi,
01:28:07comment j'aurais pu deviner ?
01:28:09Ce n'est pas de votre faute.
01:28:12Et lui, il ne pouvait rien dire, le malheureux.
01:28:15Il en souffrait beaucoup.
01:28:19Parce qu'il vous aimait, Armand.
01:28:21Oui, je peux vous le dire.
01:28:24Il vous aimait.
01:28:26Et vous savez,
01:28:28pour votre frère, que c'était votre mari,
01:28:30il lui a pas fallu longtemps pour comprendre de quoi il retournait.
01:28:37Vous vivez.
01:28:39C'est bien.
01:28:41Il faut vivre.
01:28:43Pour mon fils, pour votre mari.
01:28:49Je vais vous faire votre piqûre.
01:28:59Mais pourquoi est-ce qu'ils m'ont libérée ?
01:29:02Vous pouvez comprendre, vous ?
01:29:05A peine s'ils m'ont posé trois questions,
01:29:10ils m'ont gardée une journée et puis,
01:29:13tout d'un coup, hop,
01:29:15t'es hors.
01:29:20Pourquoi ?
01:29:23Pourquoi ?
01:29:26J'en dors plus, là.
01:29:34Moins de deux semaines après leur débarquement en Provence,
01:29:37les troupes alliées sous le commandement du général Delattre de Tassigny
01:29:41ont enlevé Toulon et Marseille avec l'appui héroïque des populations.
01:29:46A Marseille, du vieux port aux collines d'Alos,
01:29:49d'Aubagne à Notre-Dame-de-la-Garde,
01:29:51les patriotes, au mépris de leur vie,
01:29:53ont harcelé la soldatesque nazie et lui ont fait rendre d'orge.
01:29:58Bel exemple donné aux générations futures d'un peuple fier et rebelle
01:30:02à qui nul ne saurait durablement imposer sa loi.
01:30:32J'ai une fleur qui ne mourrait jamais.
01:30:38J'ai rêvé d'un amour qui durerait toujours.
01:30:45Toute la vie n'est que folie,
01:30:49les plus tendres romans sont décevants.
01:30:53Le bonheur passe, l'amour se lasse,
01:30:57et le désir s'en va au-dessus du vent.
01:31:03J'ai rêvé d'une fleur qui ne mourrait jamais.
01:31:10J'ai rêvé d'un amour...
01:31:13Il manquait plus que toi.
01:31:15Qu'est-ce que tu fais ?
01:31:16Je file, je calque, je mets les bouts,
01:31:18je me fais la cerise et je te conseille d'en faire autant.
01:31:21Tu pars ? Mais où ?
01:31:23En Espagne, tu connais ?
01:31:25Si le cœur t'en dit.
01:31:26En Espagne ?
01:31:29Faut que je réfléchisse.
01:31:30Il est trop tard pour réfléchir.
01:31:32On a perdu, tu as compris ?
01:31:34Ici, on est brûlés et fichus.
01:31:36Jo Morales s'est fait descendre ce matin.
01:31:38Commence par les gros poissons, puis s'occupe des petits.
01:31:41Tu veux finir dans la poêle à frire, prends ton temps, réfléchis.
01:31:44Sinon, j'ai une place pour toi dans ma voiture.
01:32:01Stéphane Pillard ?
01:32:03C'est moi.
01:32:05On peut entrer ?
01:32:07C'est plus commode que de parler sur le pas de la porte.
01:32:19Il paraît qu'on a vu beaucoup de choses.
01:32:21C'est vrai.
01:32:23C'est vrai.
01:32:25C'est vrai.
01:32:27C'est vrai.
01:32:29Il paraît qu'on a vu beaucoup d'Allemands ici pendant l'occupation.
01:32:33Chez vous aussi, est-ce qu'on dit ?
01:32:36Où se cache votre fils, madame ?
01:32:39Se cache ?
01:32:41Pourquoi se cache ?
01:32:43Qui vous dit qu'il se cache ?
01:32:44Parce qu'il aurait des raisons de se cacher, pardit.
01:32:47Est-ce que vous saviez qu'il faisait partie de la milice ?
01:32:49Mon fils, c'est un enfant, il ne s'est jamais occupé des politiques.
01:32:53Et puis la milice, lui avec ses voyous.
01:32:55Non, vous êtes mal renseigné.
01:32:58Oh non, madame.
01:33:00C'est vous qui êtes mal renseigné.
01:33:06Tenez, madame.
01:33:08Il y a des choses qu'il vaut mieux entendre assis que debout.
01:33:20Comment tu l'as su, toi, qu'il était de la milice, Ignazi ?
01:33:24Je te l'ai raconté cent fois, maman.
01:33:27Répète.
01:33:29Eh bien, quand tu as été arrêté, tout de suite, il m'a dit qu'il avait des amis haut placés,
01:33:33qu'il ne fallait pas s'en faire, qu'il allait se sortir de là.
01:33:37Et puis ?
01:33:39Et puis, il m'a fichu sa carte de la milice sous le nez, avec son nom marqué dessus.
01:33:43Philippe Estève.
01:33:47Vous allez lui rendre visite, à lui aussi, quelquefois ?
01:33:50On vient, mais il ne nous voit pas.
01:33:53Il reste assis devant sa maison, du matin au soir.
01:33:58Il ne parle à personne.
01:34:00Personne ne lui parle.
01:34:03Il attend la mort.
01:34:05Quand Franco a cassé sa pipe, il a fait des recherches pour retrouver le corps de son père.
01:34:11On va savoir comment il est arrivé.
01:34:14Il l'a fait enterrer à Barcelone, au cementier de Montjuic.
01:34:19Et chaque jour, il vient le chercher.
01:34:22Il a fait des recherches.
01:34:24Il a fait des recherches.
01:34:26Il a fait des recherches.
01:34:28Il a fait des recherches.
01:34:30Il a fait des recherches.
01:34:31Il a fait des recherches.
01:34:33Et chaque jour, il vient entretenir la tombe.
01:34:38C'est à peu près sa seule activité.
01:35:01...
01:35:25...
01:35:55...
01:36:07...
01:36:19...
01:36:48...
01:37:13...
01:37:22...
01:37:35...
01:37:55...
01:38:22Isabelle !
01:38:23Isabelle !
01:38:25Isabelle !
01:38:35Isabelle !
01:38:42Hé, la vieille !
01:38:53Putain de merde !
01:39:23...
01:39:31Regarde, Isabelle.
01:39:34Regarde comme c'est beau ici.
01:39:36Et comme tout le monde est gentil.
01:39:47Est-ce qu'on s'ennuie pas un peu ?
01:39:50Si, parfois.
01:39:51Alors, on va faire un petit tour sur Terre.
01:39:54C'est très facile.
01:39:56Il suffit de demander la permission quelques jours à l'avance.
01:40:01Et...
01:40:03Je ne vois pas d'hommes. Où sont les hommes ?
01:40:07Euh...
01:40:09Les hommes ?
01:40:11Tu les connais ?
01:40:13Pas très bien, non ?
01:40:16Il faut toujours plus se battre.
01:40:18Sinon, ils ne sont pas contents.
01:40:19Sinon, ils ne sont pas contents.
01:40:24Et alors ?
01:40:26Alors, on leur a ouvert un terrain de jeu par là-bas.
01:40:32Et au lieu de se promener tranquillement,
01:40:35et de bavarder comme nos autres femmes,
01:40:38c'est là qu'ils passent tout leur temps,
01:40:41ces cochons.
01:40:43C'est battre et les chatouiller.
01:40:46Voilà tout ce que les hommes te faissent, les hommes.
01:40:49Qu'est-ce qui pourrait bien les changer ?
01:40:52On se le demande.
01:40:55Malheur de malheur.
01:41:12Malheur de malheur.
01:41:14Malheur de malheur.
01:41:16Malheur de malheur.
01:41:18Malheur de malheur.
01:41:20Malheur de malheur.
01:41:22Malheur de malheur.
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