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00:00Alors, je m'appelle Benoît Millot, j'ai 42 ans, j'ai longtemps été en Ligue de Paris-Ile-de-France,
00:06désormais je suis dans le sud de la France, Ligue Méditerranée et je suis en Ligue 1 depuis 13 saisons
00:12et j'ai eu la chance de faire 10 saisons à l'international.
00:14En fait, comment je suis venu à l'arbitrage, c'est déjà en ayant été joueur,
00:17comme certainement la très grande majorité des arbitres,
00:20avec un petit plus qui était que mon père était lui-même arbitre officiel
00:25et quelque part sa passion de l'arbitrage, je pense, m'a aidé un peu à quelque part
00:29à ce qu'il me transmette le virus.
00:30Concrètement, j'ai commencé l'arbitrage avec le foot à effectifs réduits, petit,
00:35et c'était en 97 et c'est un excellent souvenir puisque quelques mois après,
00:40en France, il y avait évidemment la Coupe du Monde en 98,
00:42plein de matchs, plein de levées de rideaux, de rencontres étaient organisées
00:46et pour moi, le vrai commencement, le début dans l'arbitrage,
00:49ça a été aussi à travers cette Coupe du Monde et des matchs de levées de rideaux.
00:52L'arbitrage pour moi, aujourd'hui, c'est un métier, certes,
00:56mais c'est surtout une passion, une passion pour le foot, globalement.
01:01C'est le fait de se retrouver sur le terrain, au milieu des joueurs,
01:05être un peu au centre du jeu, pas de l'attention, mais au centre du jeu,
01:09d'être à venir prendre des décisions, d'être acteur d'une rencontre,
01:13c'est d'être acteur, acteur du football, à ma mesure.
01:17C'est beaucoup de relationnel, le football, c'est jamais que rencontrer les personnes
01:21de partout, différentes identités, différentes cultures, différents styles,
01:26donc il y a déjà beaucoup d'humains, finalement, dans notre activité.
01:30Qu'est-ce que ça m'apporte, par ailleurs ?
01:32Cette capacité à prendre des décisions, au lieu de le redire,
01:35pas toujours facile, pas toujours populaire,
01:37mais d'être en capacité, au milieu du terrain, au milieu de l'atmosphère d'un match,
01:43d'être acteur, acteur du match, en tant qu'arbitre,
01:47uniquement en tant qu'arbitre, mais acteur du match.
01:49Les années, malgré tout, pratiquent, on apprend un petit peu à mettre de côté les polémiques,
01:54mais autre chose, bien sûr, on est suivi, on est encadré, on est accompagné
01:58par les membres de l'interaction de l'arbitrage, on prépare nos rencontres,
02:02surtout on les débriefe, ce qui nous permet de voir ce qui a fonctionné,
02:05ce qui a moins bien fonctionné, dans l'idée de ne pas reproduire les erreurs
02:08quand on les a commises, et c'est quelque part la meilleure remise en question,
02:12ce suivi qu'on peut avoir par les membres de l'interaction de l'arbitrage
02:15à la Fédération Française de Football.
02:17L'arbitrage n'a fait que se structurer au fur et à mesure des années,
02:20j'y fais partie encore d'une génération quand je suis arrivé en Ligue 1,
02:23où l'arbitrage n'était pas encore professionnalisé, ça s'est mis notamment en place depuis.
02:28Donc, l'arbitrage ne fait qu'avancer, ne fait que se structurer,
02:32et pour nous, les arbitres, c'est un plus, parce qu'encore une fois,
02:35ça permet d'être accompagné, d'être suivi, de préparer, de débriefer nos rencontres,
02:38d'être suivi athlétiquement, d'être suivi d'un point de vue médical, bien évidemment.
02:43Tout est beaucoup plus sous contrôle, on n'est pas seul, on n'est pas du tout isolé,
02:47tout ça est très encadré, que ce soit en rassemblement, ici, à Clairefontaine,
02:51ou à la Fédération Française de Football, dans les maisons de la fédération,
02:54ou alors par nous-mêmes dans nos coins de France, encore une fois avec des outils à distance,
02:59mais tout est structuré.
03:01Rien ne se fait tout seul, tout à l'heure je parlais d'accompagnement
03:03avec les membres de la direction de l'arbitrage,
03:05mais ne serait-ce que sur un terrain, et là en direct, dans le feu de l'action,
03:09l'arbitre central n'est jamais tout seul, il a évidemment ses collègues assistants,
03:14le quatrième arbitre, désormais il y a également aussi l'aide de l'assistance vidéo,
03:18donc les collègues à l'assistance vidéo, bref, on n'est pas tout seul,
03:21l'idée c'est que l'arbitre central soit un peu le patron de son équipe arbitrale,
03:26mettre tout le monde dans une même dynamique pour aller vers la performance,
03:29prendre les décisions les plus justes, les plus attendues sur les terrains,
03:32mais l'arbitre n'est pas isolé, il est entouré de ses collègues
03:36qui effectivement participent de la réussite collective,
03:40parfois malheureusement aussi de l'échec, ça ne fonctionne pas toujours,
03:44mais on fait le maximum pour que ça fonctionne.
03:46L'arbitrage, je ne sais pas si c'est une aventure,
03:49mais en tout cas il n'y a jamais deux rencontres qui se produisent
03:54et qui se passent exactement de la même façon,
03:56les réactions des joueurs, les enjeux d'une rencontre,
03:59les décisions qu'on va être amené à prendre,
04:01rien n'est jamais calqué d'une rencontre à une autre,
04:04déjà il n'y a pas de routine, ça c'est la première chose.
04:07La deuxième, un peu dite auparavant, le challenge un peu permanent,
04:13être en tant qu'arbitre, uniquement en tant qu'arbitre,
04:16mais être acteur d'une rencontre, prendre des décisions,
04:19c'est se soumettre aussi à la difficulté,
04:23parce qu'ils ne font pas toujours l'unanimité,
04:26mais être acteur, être responsable, c'est aussi ça,
04:29être acteur de terrain j'entends évidemment, pas être acteur de cinéma.
04:32Quel est pour toi ton plus beau souvenir en tant qu'arbitre ?
04:36Franchement, j'en vois plusieurs, je suis désolé, je ne vais pas en citer qu'un seul,
04:42j'en vois trois, le premier parce que c'était un peu le démarrage,
04:44je le disais tout à l'heure, les matchs de levée de rideau de la coupe du monde 98,
04:48j'avais 15 ans, je commençais l'arbitrage quelques mois auparavant,
04:51les petits, et ça a été le meilleur booster en fait,
04:54pour se lancer, pour complètement adhérer à l'arbitrage
04:57et au plaisir d'être sur le terrain, de prendre des décisions,
05:00donc ça c'était un peu le point de départ.
05:02Le deuxième, je dirais la finale de la coupe de France 2023,
05:07très grand souvenir, c'est un match très particulier évidemment en France,
05:10c'est l'un des matchs les plus importants de l'année,
05:12c'est aussi rare parce qu'on le partage avec nos proches,
05:14très rarement nos proches viennent dans les stades, nous suivent,
05:17là sur un match un peu particulier comme celui-ci, c'était le cas, c'est un vrai plus.
05:21Et puis le dernier souvenir, parce que c'est le Graal,
05:24j'ai eu le grand privilège d'être sélectionné en tant qu'arbitre vidéo
05:27pour la Coupe du Monde au Qatar en 2022,
05:30et là c'est vrai que c'était un événement mondial,
05:32donc ces trois événements qui quelque part mettent un peu
05:35des différents points sur ma carrière actuelle.
05:38Des regrets, c'est forcément les matchs moins aboutis,
05:42c'est parce qu'on est humain, on est imparfait, faillible, on le sait très bien,
05:49c'est tout l'objet encore une fois d'être accompagné,
05:51de travailler, de retravailler sur ce qui a moins bien fonctionné,
05:54pour ne pas reproduire les erreurs commises.
05:57Maintenant, citer un ou des matchs où ça n'a pas marché,
06:00ce n'est pas l'idée de les mettre sous le tapis, de les oublier,
06:04mais c'est simplement que je préfère retenir les moments positifs,
06:07les grands moments de carrière, c'est vrai.
06:09Donc ce que j'éviterais de refaire, c'est forcément les erreurs commises,
06:13mais chaque match a sa vérité,
06:15on ne sait jamais exactement ce qui se passera la prochaine rencontre.
06:18Avec l'expérience, c'est essayer de ne pas reproduire les erreurs commises,
06:21mais on ne sait jamais ce qui nous attend finalement,
06:23et c'est un peu le challenge dans l'arbitrage.
06:26Rêve ou ambition ? Je suis très privilégié,
06:29j'ai eu la chance déjà de faire beaucoup de compétitions,
06:32françaises, européennes, voire mondiales.
06:35Un challenge que j'aimerais pour 2024,
06:37puisque l'année commence, l'année civile,
06:39pourquoi pas être retenu comme arbitre vidéo
06:41pour le championnat d'Europe, qui se jouera en Allemagne.
06:44Ça, ça pourrait être une ambition.
06:47Ça arrivera ou pas, on verra bien, j'y travaille, j'espère,
06:50mais je ne maîtrise pas la décision finale, on verra bien.
06:54Et puis après, d'essayer de poursuivre une carrière le plus longtemps possible,
06:58en faisant des performances évidemment attendues,
07:01et puis viendra le moment ensuite d'arrêter, de passer la main.
07:05Si j'avais un conseil à donner,
07:07ce ne serait pas de prendre l'arbitrage comme une roue de secours.
07:10On peut être dans le football, joueur, entraîneur,
07:13avoir des fonctions de dirigeant,
07:15en tout cas l'arbitrage n'est pas une voie secondaire.
07:19Moi par exemple, c'est une vraie passion,
07:22et la très grande majorité de mes collègues, je présume que c'est la même chose.
07:26L'arbitrage, ça nous apporte beaucoup de choses dans notre vie au quotidien.
07:29Des aspects humains, on disait, c'est de l'échange permanent, déjà première chose.
07:33La deuxième chose, notamment pour des jeunes,
07:36des aspects parfois de maturité,
07:38être sur un terrain, être le garant des lois du jeu et de leur application,
07:42ce n'est pas si simple, mais en tout cas c'est très enrichissant,
07:46c'est formateur sur soi-même aussi,
07:48sur sa capacité à prendre des décisions pas toujours simples, pas toujours populaires.
07:52Et puis la dernière des choses, le challenge sportif,
07:56l'arbitre est aussi un athlète,
07:58donc de la dépense énergétique qu'il y en a, pas de problème,
08:00il faut s'entraîner, il faut se préparer à ses rencontres.
08:03Donc des conseils, il pourrait y en avoir beaucoup,
08:05mais le plus grand de tous, encore une fois,
08:07c'est prendre du plaisir dans la fonction qui est la sienne,
08:10si c'est d'être un arbitre,
08:13de prendre cette fonction par le bon bout, par la passion du foot,
08:17et d'être au service du jeu.

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