• il y a 6 mois
L'arbitrage français était représenté en Russie par le trio emmené par Clément Turpin. A l'oeuvre lors de 9 matches pour son premier Mondial, celui-ci a notamment dirigé les rencontres Uruguay - Arabie Saoudite et Suisse - Costa Rica, au côté de Nicolas Danos et Cyril Gringore.

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Transcription
00:00On a eu le temps de reposer un petit peu les valises, de retourner un petit peu les pieds sur terre
00:05parce que lorsqu'on vit une aventure comme celle-ci, on en revient arbitralement parlant forcément un petit peu différent.
00:12Le fait de revenir ici, aux sources, ça a permis de remettre les choses tranquillement en place
00:19et puis de très rapidement se projeter sur la suite puisque le début du championnat est presque demain.
00:26Le premier match, pour nous, allait être un match clé.
00:30C'est exactement pareil pour les équipes.
00:32Toutes les équipes avant la Coupe du Monde disaient que le premier match était le plus important.
00:37C'est la porte d'entrée de la compétition et en fonction de ce premier match-là,
00:41peut-être qu'il y en aura un autre ou peut-être qu'il n'y en aura pas.
00:44On est arrivé le jour du match dans les couloirs, en descendant de la voiture,
00:49avec le sentiment de dire « on est super bien aujourd'hui ».
00:52Parce que finalement, toute cette pression-là, on l'a eue avant et on est arrivé le jour du match en disant « on est bien ».
00:59On savait qu'on allait arbitrer un match de Coupe du Monde évidemment,
01:02mais on n'avait pas cette pression qu'on pouvait imaginer avec l'événement
01:07parce qu'on l'avait bien anticipé, parce qu'on l'avait bien digéré
01:11et puis qu'on savait que sur les plans technique, mental, physique,
01:16il y avait forcément une tension particulière,
01:19la boule au ventre était forcément un petit peu plus grosse
01:23parce que c'était une découverte pour nous,
01:25c'était notre premier match dans une compétition comme ça
01:27et c'était la Coupe du Monde.
01:30Avec l'aide des préparateurs techniques de la FIFA,
01:33on avait ciblé un profil de jeu de l'Uruguay qui est quand même assez atypique.
01:38On avait ciblé un profil de jeu de l'Uruguay qui est quand même assez atypique.
01:43Avec un déclencheur derrière qui était souvent Godin,
01:47qui souvent était celui qui très vite envoyait les ballons de vent dans la profondeur
01:53avec Cavani et Suárez qui ont une très grande complicité, on l'a vu.
01:58Donc on savait que lorsque le ballon était en phase défensive du côté de l'Uruguay,
02:02on savait que très vite ça pourrait se projeter vers l'avant
02:04et qu'il y avait un déclencheur derrière qui était souvent Godin.
02:07Donc on savait que lorsque le ballon était en phase défensive du côté de l'Uruguay,
02:10on savait que très vite ça pourrait se projeter vers l'avant avec des combinaisons entre les deux.
02:16Donc tout ça, c'est des choses qu'on avait travaillées.
02:18On avait aussi beaucoup travaillé les coups de pieds arrêtés.
02:20Vous avez vu que pendant la Coupe du Monde,
02:21ça a été une Coupe du Monde où il y a eu énormément de buts sur les coups de pieds arrêtés.
02:26Donc on savait qu'ils étaient également très performants sur ce type de situation.
02:32Preuve en est que le but qui marque, c'est une action suite à un corner.
02:37Donc voilà, on a beaucoup travaillé sur les schémas d'évolution de jeu et sur les coups de pieds arrêtés.
02:42Et côté Arabie Saoudite, on savait que c'était des joueurs d'un petit gabarit,
02:48mais qui aimaient la possession de balles.
02:51Et on s'en est rendu compte durant notre match,
02:53je crois qu'ils étaient à plus de 60 ou 65% de possession de balles,
02:57avec des joueurs avec une très grosse qualité technique au milieu du terrain.
03:01Et puis des joueurs qui étaient un peu blessés dans leur amour-proie
03:04parce qu'ils venaient de perdre leur premier match contre la Russie.
03:08Donc voilà, on savait qu'il y allait avoir un petit côté un peu revanchard de la part de ces joueurs-là.
03:14Donc il y avait des ingrédients sur lesquels il fallait forcément prendre en compte
03:18pour appréhender au mieux cette rencontre.
03:24Sur le jeu en lui-même, j'ai quelques images qui me reviennent d'interactions avec les joueurs.
03:32Je me souviens qu'on finit la première mi-temps
03:35avec un petit désaccord entre Suarez et moi suite à une possible faute ou non.
03:43Et je sens qu'on conclut la première mi-temps avec un petit sentiment,
03:48une petite relation qui n'est pas forcément au top de la confiance entre lui et moi.
03:54Et je me dis à ce moment-là, il faut qu'on arrive à recréer ce lien
04:00qui est tellement important quand on arbitre avec les joueurs, ce lien de confiance.
04:03Et j'ai le souvenir de me dire, tiens, en retour de la deuxième mi-temps,
04:08je vais échanger quelques mots avec Cavani,
04:13avec qui on a plus l'habitude de collaborer au travers du Paris Saint-Germain.
04:19Et puis essayer de remettre un petit peu tranquillement les choses en place.
04:23Et puis qui joue quelque part l'intermédiaire avec Luis Suarez.
04:27Ça s'est parfaitement passé de manière en plus très naturelle, très instinctive.
04:31On s'est recroisés au moment où on rentrait sur la deuxième mi-temps.
04:34On a échangé quelques mots.
04:36Il est allé échanger quelques mots avec Luis Suarez.
04:38Et puis le hasard a fait qu'immédiatement après,
04:41il y a eu une action où Luis Suarez et moi, on s'est retrouvés ensemble.
04:45Et tout de suite, par un regard, on a compris que tout allait bien, aucun problème.
04:49Voilà.
04:50Et ça, c'est des choses qui sont terriblement importantes quand on arbitre.
04:55Effectivement, il faut siffler juste, il faut sanctionner juste.
04:58Il n'y a pas de problème.
04:59Mais si on arrive à créer ce lien de confiance,
05:01cette petite relation qui passe par un regard, par un geste, par une posture,
05:05c'est ça qui est génial dans l'arbitrage.
05:11La protection des joueurs aura vraiment été un fil rouge des feedbacks techniques.
05:20Parce qu'une Coupe du Monde, c'est d'abord les joueurs.
05:24C'est d'abord les artistes.
05:25Et on a besoin de protéger les joueurs.
05:28Et je crois que le message est parfaitement passé tout au long de la compétition.
05:33Puisqu'il y a eu très peu de cartons rouges.
05:354 cartons rouges distribués.
05:38Et sur ces 4 cartons rouges distribués, aucun pour ce qu'on appelle des fautes grossières.
05:43Des fautes qui mettaient en danger l'intégrité physique des joueurs.
05:46Parce que je pense qu'il y a eu beaucoup de prévention de par les arbitres.
05:50Premièrement.
05:51Il y a eu aussi une prise de conscience par les joueurs de l'importance de faire attention à l'engagement physique.
05:58Et puis aussi, je pense que c'est une conséquence de l'apparition de l'arbitrage vidéo.
06:02Sur lesquels ça fait un acte préventif supplémentaire.
06:09La première prestation avait été pleinement aboutie.
06:14On a eu le droit d'avoir une deuxième désignation sur un match important entre la Suisse et le Costa Rica.
06:20La Suisse avait besoin d'un résultat pour se qualifier pour les huitièmes.
06:25Je retiens une situation de fin de match.
06:29Qui a été très intense dans l'analyse technique.
06:33Puisque je siffle le pénalty.
06:37Et puis au moment où je siffle le pénalty.
06:39Cyril lève son drapeau pour m'indiquer.
06:43Et m'indique par l'oreillette Clément.
06:45Avant le pénalty, le joueur qui reçoit le ballon et qui subit la faute.
06:50Il était hors-jeu.
06:51Donc on annonce le hors-jeu.
06:53Et là on applique le protocole vidéo.
06:56Puisque ces situations-là font l'objet d'un revisionnage.
07:01Depuis le Media Center qui était à Moscou.
07:05Et là encore mon collègue arbitre vidéo me dit.
07:08Parfait, il y avait pénalty.
07:10Mais avant il y avait bien hors-jeu.
07:12Donc la décision que vous avez prise est très bonne.
07:15Il s'est passé beaucoup de choses en quelques secondes.
07:19Et là encore on a eu le sentiment d'avoir appliqué l'ensemble des consignes.
07:23D'avoir eu des décisions à la fois justes.
07:26Et un process qui était également juste.
07:28Ça c'était le résultat d'un travail.
07:30C'est ça qui était finalement très satisfaisant dans cette situation.
07:33C'est que c'est vraiment le résultat d'un travail.
07:36Des dernières semaines à la fois avec la FIFA.
07:38Au travers des process.
07:39Et à la fois au travers de la relation qu'on pouvait avoir avec Cyril et Nicolas.
07:42Sur les process qu'on avait mis en place.
07:45Pour au final aboutir à la fois à une décision qui était correcte.
07:50Et des process qui étaient bons.
07:57C'est quelque chose qui était nouveau pour les arbitres.
07:59Le plus difficile c'est d'emmagasiner cette pression.
08:03Parce que quand on est derrière les écrans.
08:05Il y a beaucoup de choses qui se passent.
08:08Il y a une énorme obligation de résultat.
08:10C'est bien plus compliqué de dire qu'il peut encore y avoir des erreurs.
08:13Même si le football reste et notamment beaucoup de situations.
08:17On a beaucoup d'interprétations.
08:19Donc l'interprétation avec des images restera de l'interprétation.
08:23Mais il y a forcément une pression énorme par rapport à ça.
08:28Encore sur le terrain, la pression on peut l'évacuer en courant.
08:32En échangeant.
08:34En faisant des gestes.
08:36Quand on est derrière son écran.
08:38On ne court pas.
08:40On ne peut pas faire un sprint de 10 mètres dans son van ou dans sa cabine.
08:44Donc on emmagasine, on emmagasine, on emmagasine.
08:47Avec une pression aussi temporelle.
08:49Puisque l'une des craintes qu'il y avait.
08:51C'était le temps que ça pouvait prendre d'intervenir.
08:55On a vu que les interventions pendant la coupe du monde étaient très rapides.
08:59Je crois entre 25 et 30 secondes.
09:01C'est extrêmement court.
09:03Mais quand on est derrière les écrans.
09:05Ces 20-30 secondes nous paraissent immenses.
09:07Parce qu'il se passe beaucoup de choses.
09:09La chose la plus difficile c'était ça.
09:11C'était la gestion de l'émotion et la gestion de la pression.
09:14Derrière les écrans.
09:15Sans la possibilité de pouvoir s'extérioriser.
09:18Après ce qui est important à comprendre.
09:20Sur cette assistance vidéo.
09:22C'est que l'homme, l'arbitre sera toujours au début de l'histoire.
09:26Puisque c'est lui qui dit ok.
09:28On ouvre le protocole vidéo.
09:32Et c'est lui qui le conclut.
09:34C'est à lui qu'appartient la décision finale.
09:37Au milieu de tout ça, il y a une aide.
09:39Mais l'arbitre sera toujours au début de l'histoire.
09:41Et à la fin de l'histoire.
09:43Je crois que la coupe du monde a été extrêmement positive.
09:47En ce sens.
09:49Pour montrer à l'ensemble du monde du foot.
09:52Qu'on est bien dans de l'assistance vidéo.
09:54Et certainement pas dans de l'arbitrage vidéo.
10:01Je retiendrai deux choses.
10:03Après il faudra attendre les analyses plus statistiques et techniques.
10:06Mais la projection vers l'avant des équipes.
10:11On a eu beaucoup de buts en phase de contre-attaque.
10:14Ou en 3, 4, 5 secondes.
10:17On passait d'une surface à l'autre.
10:19Avec une vraie situation de danger.
10:23On avait commencé à le toucher lors de la dernière coupe du monde.
10:26Au Brésil.
10:28On a encore enfoncé le clou sur cette compétition là.
10:31Donc ça demande aux arbitres.
10:35En plus d'avoir des qualités de marathonien.
10:38D'avoir aussi des qualités de sprinter.
10:40Parce qu'il va falloir très vite.
10:44Aller d'une surface à l'autre.
10:47Et je crois aussi sur l'importance des coups de pied arrêtés.
10:50Durant cette coupe du monde.
10:52Record de but sur coup de pied arrêté.
10:54Sur corner.
10:56Record de but sur coufran.
10:58Record de but sur pénalty.
11:00Aujourd'hui les coups de pied arrêtés.
11:02Ce sont une vraie arme offensive.
11:04Et les équipes en ont parfaitement conscience.
11:07Elles mettent d'ailleurs beaucoup de stratégie.
11:09Autour de ces coups de pied arrêtés.
11:12Et là encore.
11:14Aux arbitres de bien se préparer.
11:16De bien analyser tout ça.
11:18De savoir quels sont le positionnement.
11:20Et le déplacement des joueurs.
11:24Également pour les arbitres.
11:26Avoir la conviction.
11:29Que lorsqu'on est amené à siffler une faute.
11:32A 20, 30, 35 mètres du but.
11:35Derrière c'est une vraie occasion de but.
11:37Donc je dirais qu'aujourd'hui.
11:39Tous les coups de sifflet.
11:41Valent cher.
11:43Et peuvent avoir des conséquences importantes.
11:45Et ça c'est quelque chose.
11:47Que l'ensemble des arbitres.
11:49On a.
11:51Déjà beaucoup travaillé ça sur les dernières années.
11:53Et il va falloir.
11:55Continuer à en prendre conscience.
11:57Parce qu'aujourd'hui les coups de pied arrêtés.
11:59Sont une vraie arme offensive.
12:01Pour les équipes.
12:07J'ai eu le temps de prendre conscience.
12:09Que ce qu'on a fait.
12:11C'était un magnifique parcours.
12:13J'ai eu le temps de débriefer.
12:15Avec la direction technique de l'arbitrage.
12:17Sur ce qu'on a fait.
12:19Et puis sur ce qui se fera.
12:21Sur le début de la saison prochaine.
12:23Donc voilà.
12:26On a soldé définitivement.
12:28Cet événement.
12:30Parce que je ne veux pas rester sur un nuage.
12:32Certainement pas.
12:34Je pense que ce serait une erreur.
12:36Parce que dès demain.
12:38On a notre championnat national qui reprend.
12:40On va avoir des exigences.
12:42Et des rendez-vous européens importants.
12:44Et puis c'est ça la magie du foot.
12:46C'est que très rapidement on va revenir dans la compétition.
12:48Et tant mieux.
12:50Parce qu'on est les premiers à dire.
12:52Vivement que les vacances arrivent.
12:54Vivement que ça redémarre.
12:56Et là à l'heure où je vous parle.
12:58Vivement la première journée de championnat.
13:00Pour retourner sur le terrain.
13:02Parce que s'il y a bien un endroit où on se sent bien.
13:04C'est le terrain.

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