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00:00Il est 8h moins le quart.
00:027h-9h, Europe 1 Matin.
00:04Le livre du jour, Nicolas Caro ce matin, c'est un livre de cuisine.
00:09Si on veut, un livre de Witold Zablowski, un journaliste qu'on a parfois comparé à l'écrivain Richard Kapuscinski.
00:16Des reportages, oui, mais avec un style alerte, un style qui se rapproche du roman.
00:20Celui de Witold Zablowski s'appelle « Comment nourrir un dictateur » aux éditions Noir sur Blanc.
00:26C'est-à-dire ? Il nous parle du régime alimentaire des dictateurs.
00:28Il parle de ceux qui les cuisinent. Qu'est-ce qu'être cuisinier avec un régime autoritaire ?
00:34Il y a un sous-titre « Saddam Hussein, Idi Amin Dada, Enver Hoxha, Fidel Castro et Paul Pott »
00:39à travers le regard de leurs cuisiniers.
00:41Mais ce n'est pas non plus un livre d'histoire.
00:43Witold Zablowski a retrouvé les cuisiniers en question pour les faire parler de leur vie.
00:47Ce qui n'est pas du tout facile, beaucoup se cachent.
00:49Pourtant, ce sont souvent des gens qui ont été recrutés dans un concours de circonstances
00:52et qui n'ont pas eu le choix, mais ils cuisinaient quand le peuple mourait de faim en général.
00:56Mais ce qui est génial avec cette idée, c'est qu'on approche de près les dictateurs.
01:00C'est quasiment leur intimité.
01:02« Saddam Hussein, par exemple. »
01:04Oula, oui, grand pervers, Saddam.
01:05Il demandait parfois au personnel de rembourser avec leur propre argent les fournisseurs
01:09s'ils avaient mis trop de sel ou mal cuit tel ou tel plat.
01:12Un jour, il invite des amis à un barbecue et il prévient « c'est moi qui cuisine ».
01:15Abou Ali, son cuisinier, sait ce que ça veut dire.
01:17Il va préparer les keftas et Saddam n'aura plus qu'à les planter sur une pique et les faire cuire.
01:22Tout le monde sait le faire. Et c'est parti.
01:23Oui, mais d'une humeur rieuse, le dictateur décide de faire une blague à ses amis
01:27et met énormément de tabasco dans la préparation.
01:29Tout le monde se fait avoir, bien sûr.
01:31Ça hurle et ça rit jaune pendant que Saddam, lui, rit beaucoup de sa super blague.
01:36Et Abou Ali, dans son coin, dit « si c'est moi qui avais fait ça, il m'aurait tué ».
01:39Sauf que Salim, un membre du personnel, répète ça à Saddam,
01:43qui convoque Abou Ali pour lui demander ce qu'il a pensé de ses keftas.
01:46Silence glaçant, mais Abou Ali ne se démonte pas et magnanime, Saddam se met à rire.
01:52Je ne vous l'ai fait pas tous, mais juste Enver Hoxha, un peu oublié,
01:55mais peut-être l'un des plus barjots.
01:57En Albanie, son cuisinier s'appelle Monsieur K.
01:59Il raconte qu'à l'époque, il fallait confesser une faute chaque jour aux équipes du régime.
02:03Et donc lui, il cherchait tout le temps une nouvelle faute imaginaire à avouer.
02:06J'ai mis trop d'épices dans le plat, par exemple.
02:08Ou quand il rentrait chez ses parents, deux ou trois jours dans son petit village,
02:11il était toujours suivi par deux agents pour s'assurer qu'il ne trahissait pas.
02:14Et les deux agents étaient suivis par deux autres agents.
02:17Et il se demande si ces deux autres agents n'étaient pas suivis par deux autres agents encore.
02:21Ça fourmille d'anecdotes dans ce goût-là.
02:23C'est hyper bien écrit, ça se dévore.
02:26Qui gardera les gardiens, qui garde les gardiens.
02:28Vitole Zablowski.
02:29Pas facile de saler et poivrer un plat pour un dictateur.
02:32C'est toujours risqué, c'est ce qu'il faut retenir.
02:34Le livre de Vitole Zablowski,
02:37Comment nourrir un dictateur, aux éditions Noir sur Blanc.
02:40Merci Nicolas.
02:41Les jeux vidéo à présent.
02:42Caroline Speller, deux jeux qui rendent hommage au troisième art, la peinture.
02:46Oui, le premier célèbre l'impressionnisme Éclaude Monet avec The Master Pupil,
02:51traduit en français par l'œil de l'expert.
02:53Disponible sur toutes les consoles et PC, c'est un jeu de plateforme et de casse-tête pas à la main.
03:02À travers le regard de Monet, on l'aide à achever ses œuvres comme le bassin au Nymphéa.
03:07Dans un dédale de lianes, on déplace un bonhomme blanc qui saute,
03:10pousse des obstacles ou traverse des fumées colorées
03:13afin de prendre la bonne teinte pour ouvrir des passages.
03:16Être dans l'œil de Monet, ça veut dire quoi très concrètement Caroline ?
03:21Alors, ce que voulait le créateur du jeu, il voulait nous émerger dans la biographie de l'artiste
03:25à travers sa vision, celle de sa peinture évidemment Dimitri,
03:28mais aussi à travers sa maladie, la cataracte,
03:31ce qui avait altéré sa perception des couleurs en perdant les nuances bleutées
03:34pour voir peu à peu un monde en rouge ocre.
03:37The Master Pupil honore donc l'œil de Monet,
03:40mais aussi ce qu'il reflète, l'émotion du regard.
03:43Alors, le second jeu nous vient d'un studio belge
03:45qui avait détourné des compositions en rouge, jaune, bleu et noir de monde riant.
03:49Oui, Please Touch the Artwork 2 propose à l'occasion
03:52des 75 ans de la mort de James Ansor
03:54de parcourir ses peintures sur PC, smartphone et tablette.
03:58Alors, le principe est super simple,
04:00on aide un artiste squelette à retrouver son chemin
04:02dans les tableaux du maître flamand,
04:04connu pour être un précurseur des expressionnistes et de surréalisme.
04:08De toile en toile, on passe de paysages marins
04:11aux scènes de fêtes burlesques et macadres.
04:14Mais pour les traverser, il faut répondre au requêt
04:16de ses personnages haut en couleur et retrouver des objets cachés.
04:19D'ailleurs, ça se joue plutôt au casque.
04:21Oui, Please Touch the Artwork 2 a recréé toute l'ambiance sonore des tableaux,
04:26mais aussi musicale.
04:27On se laisse alors emporter par le clair de lune de Debussy
04:30pour une belle parenthèse gratuite
04:32où l'oeuvre d'Ansor s'anime sous nos yeux.
04:35Voilà, qui a dit que c'était pas de la culture le jeu vidéo, la preuve !
04:38Et voilà la preuve !
04:39On redonne les titres,
04:40Master's pupil en français, l'œil de l'expert,
04:42et Please Touch the Artwork.
04:44Merci beaucoup Caroline Speller.
04:46On en aura appris des choses, encore une fois, ce matin, grâce à vous trois.
04:49Merci beaucoup Vincent, merci Caroline, merci Nicolas.