• il y a 6 mois

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, le journaliste Jacques Serais apporte son analyse sur la dissolution de l'Assemblée nationale décidée ce dimanche par Emmanuel Macron.

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Transcription
00:00 - Europain - Pascal Proévou - Avec vous de 11h à 13h sur Europain
00:03 Et nous sommes donc avec Jacques Serret qui va pouvoir nous donner des informations.
00:07 L'Elysée a donc décidé hier soir, Emmanuel Macron a décidé de dissoudre.
00:12 A votre avis, quand a-t-il pris la décision ?
00:15 C'est une décision qui a mûri ces derniers jours.
00:19 En tout cas, il y avait un cercle très restreint autour du président.
00:22 On parle de moins de 10 personnes, vraiment des très proches,
00:25 qui réfléchissaient autour de cette potentielle dissolution.
00:31 Après, quand la décision a été prise,
00:33 je pense que le président a attendu d'avoir les premières remontées de résultats,
00:37 et que ça a été tranché, en tout cas ça a été tranché devant témoins,
00:42 hier à 19h15, au moment où Gabriel Attal est à l'Elysée avec plusieurs ministres importants.
00:49 - Et manifestement Gabriel Attal qui n'est pas intervenu d'ailleurs,
00:53 qui n'est pas intervenu depuis hier, mais manifestement lui il a perdu,
00:56 il aura été Premier ministre quelques mois.
00:58 - Oui, et puis il était un peu mis devant le fait accompli,
01:00 c'est-à-dire qu'il a fait savoir au président que ce n'était pas forcément une bonne idée,
01:06 qu'il pouvait remettre un peu en cause lui son poste de Premier ministre,
01:10 c'est-à-dire présenter sa démission, plutôt que de dissoudre l'Assemblée.
01:14 Mais finalement, le président lui a expliqué que c'était tranché,
01:17 et pour dire que Gabriel Attal, lui, n'était pas justement dans cette réflexion de la dissolution,
01:22 et que c'était vraiment quelques intimes auprès du président qu'il l'était,
01:24 c'est qu'à Matignon, hier soir, ils avaient installé un pupitre
01:28 pour que le Premier ministre Gabriel Attal prenne la parole après l'annonce des résultats.
01:31 Donc il y avait un pupitre dans la cour de Matignon qui était installé,
01:33 finalement il n'a servi à rien, ils l'ont rangé parce que c'est le président qui a fait la parole.
01:36 - C'est ça qui est toujours sidérant, effectivement, mais c'est l'univers politique,
01:39 c'est-à-dire que quand tu veux garder un secret, tu parles au moins de gens possible.
01:48 Bon, première chose, à votre avis, la motivation, pourquoi a-t-il fait ça ?
01:51 Est-ce qu'il fait ça pour se sauver lui-même ?
01:53 Est-ce que ce qui lui a été vendu, c'est un scénario à la Mitterrand 86-88 ?
01:59 Un scénario à la Chirac 97-2002 ?
02:04 C'est qu'à chaque fois, ces présidents en cohabitation ont su tirer les marrons du feu,
02:10 et en l'occurrence, Mitterrand et Chirac se sont représentés, ont été vainqueurs,
02:15 ce n'est pas le cas pour Emmanuel Macron, mais il sortira en meilleur état
02:19 qu'il ne sortirait si, pendant trois ans, il y avait un gouvernement qui n'était pas de sa majorité.
02:26 - Pour résumer, le sentiment qui se dégage du côté de l'Elysée,
02:30 c'est que le président est gagnant dans tous les cas.
02:33 Dans tous les cas, pourquoi ?
02:35 Soit il remporte ces élections législatives à la grande surprise,
02:39 ce qui n'est absolument pas attendu, en tout cas dans l'entourage présidentiel,
02:42 tout le monde fait semblant d'en être convaincu, en tout cas de se dire
02:45 finalement, il y a eu 16 européennes, les Français sont en colère,
02:49 ils ont voulu montrer qu'ils n'étaient pas d'accord, ils ont voulu faire un vote contestataire,
02:54 mais au fond, ils ne veulent pas du RN, et cette dissolution va créer un électrochoc,
02:58 et ils vont finir par nous soutenir.
03:00 Certains dans l'entourage présidentiel sont convaincus que ça, donc ils retournent à la table.
03:03 - Ils feignent d'être convaincus parce qu'ils ne veulent pas dire
03:06 peut-être que la vraie décision a été prise pour sauver Macron.
03:09 - Hypothèse numéro 1, le président retourne à la table, le pari est gagnant.
03:14 Soit ils perdent, et là, potentielle cohabitation.
03:19 Et on se retrouve avec deux ans et demi, finalement, de cohabitation avec un RN au pouvoir,
03:24 qui a des mains dans le cambouis et qui est là à prendre les décisions.
03:27 Et ça peut être le meilleur moyen pour Emmanuel Macron
03:32 d'éviter de lui donner les clés de l'Élysée en 2027 à Marine Le Pen.
03:37 - Ça peut aussi être une possibilité de réussite, c'est à double tranchant.
03:41 - C'est à double tranchant, mais le pari est gagnant.
03:43 - C'est préjugé que ça ne marchera pas.
03:44 - Mais le Rassemblement National, ce qui était intéressant hier,
03:48 Marine Le Pen n'a pas hésité une seconde, elle dit "j'y vais".
03:51 Et c'est un discours, d'une certaine manière, qui peut être reçu comme agréable,
03:56 en tout cas intéressant, de dire "elle ne se dégonfle pas".
04:00 Je traduis ça par des termes un peu triviaux.
04:02 "Elle y va, elle est contente d'y aller, ça fait des années qu'elle veut le pouvoir,
04:05 on lui donne, on va voir ce qu'elle va faire".
04:07 - Oui, mais ils ont été pris par surprise.
04:10 C'est-à-dire que côté RN, Jordan Bardella, il réclame la dissolution depuis des semaines,
04:14 des mois, mais pour tout vous dire, au QG du RN hier soir,
04:18 nos reporters d'Europe 1 et de CNews qui y étaient,
04:20 c'était un peu la surprise générale.
04:22 Ils ne s'attendaient pas du moins à ce qu'il y ait une dissolution là, maintenant,
04:24 qui plus est, il y a quelques semaines, des Jeux Olympiques,
04:26 où il y a quand même un très fort enjeu d'un point de vue sécuritaire,
04:28 où on a justement que le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
04:31 a été maintenu lors du précédent remaniement,
04:34 justement parce qu'il y avait ces JO, et là finalement...
04:37 - C'est ça qui est absolument incroyable d'ailleurs,
04:39 d'imaginer qu'on prépare une cérémonie d'ouverture
04:43 qui sera vue par le monde entier,
04:45 et celui qui l'a organisée, qui l'a pilotée, qui l'a accompagnée,
04:48 ne sera peut-être pas là.
04:49 - Potentiellement, peut-être pas.
04:50 - Alors c'est vrai qu'il y a les grands serviteurs de l'État qui sont là,
04:52 le préfet de Paris restera bien sûr,
04:55 mais quand même on peut s'inquiéter,
04:56 on nous dit que c'est à ce point important,
04:58 et ça l'est, la cérémonie d'ouverture,
05:00 de changement, d'avoir un changement de premier...
05:03 Qui est d'ailleurs ministre de l'Intérieur dans les troupes du RN,
05:06 parce que c'est pas rien, on va commencer à imaginer cela.
05:08 Qui tient la corde pour...
05:10 - Alors je n'ai pas cette information à ce cas-là,
05:14 donc je ne voudrais pas vous dire de bêtises.
05:15 Qui serait le potentiel ministre de l'Intérieur ?
05:17 - Alors M. Chenu, il est sur ces questions-là ?
05:19 Sébastien Chenu, il est sur ces questions-là ?
05:21 - Mais après, ils sont beaucoup en tout cas au RN sur ces questions-là,
05:24 puisque ces questions de sécurité...
05:25 - Mathieu Vallée ?
05:26 - Mathieu Vallée, mais est-ce qu'il a cette expérience-là ?
05:29 On l'a souvent eu, c'était un policier...
05:32 - Passé de commissaire à ministre de l'Intérieur,
05:36 ce n'est pas exactement le même monde.
05:38 Il va donner des ordres à ceux qui, il y a encore quelques semaines,
05:42 peut-être leur donnaient.
05:43 Bon, on n'en est pas là bien sûr, et je referme la parenthèse.
05:46 Autre chose, les alliances.
05:47 Alors on commence par la droite.
05:49 Manifestement, est-ce qu'il y a alliance à droite ? Non.
05:51 - Pour l'instant, non.
05:52 - Qui la demande ?
05:53 - Qui la demande ? Reconquête Marion Maréchal,
05:55 elle l'a lancée hier, d'ailleurs, on pouvait voir Éric Zemmour
05:57 qui n'était pas spécialement...
05:59 - C'est le seul qui n'a pas applaudi.
06:01 C'est extraordinaire cette image,
06:03 parce que le seul qui n'applaudit pas,
06:05 lorsque Marion Maréchal dit
06:07 "J'ai bien fait de ne pas attaquer mes adversaires qui sont des concurrents",
06:12 je crois que c'est sa formule...
06:13 - Oui, voilà, et je demande à les rencontrer...
06:15 - Tout le monde applaudit, Nicolas Bay, Guillaume Pelletier a applaudi,
06:18 le seul qui n'applaudit pas, la foule applaudit d'ailleurs,
06:20 le public applaudit, c'est Éric Zemmour.
06:22 - Et on voit sa petite moue un peu gênée, en tout cas on va voir ce que ça va donner.
06:24 - Pour le moins.
06:25 Donc pas d'alliance, Reconquête demande.
06:27 - Reconquête la réclame, ORN, il n'en est pas question à ce stade,
06:29 ils sont très hauts, ils n'ont pas besoin de ça,
06:31 et chez LR...
06:32 - Ils n'en ont pas besoin, ils en auraient peut-être besoin pour gagner.
06:35 - Ils pourraient, mais ils ne sont pas en tout cas dans cette position-là.
06:38 Aujourd'hui, peut-être que ça bougera,
06:40 il faut plutôt se décider rapidement, parce que la campagne va extrêmement vite,
06:43 et côté LR pour l'instant, on ne sait pas d'alliance avec la majorité présidentielle,
06:46 donc la question c'est, est-ce qu'alliance ou pas avec le RN,
06:49 ils n'en sont pas encore là.

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