• il y a 6 mois
Connecter le cerveau à une machine, ce n’est plus de la science-fiction ! Et s’ils porteurs d’espoirs : redonner des capacités physiques, améliorer la mémoire… Les implants neuronaux suscitent également des interrogations éthiques. Mais alors, quelle est la taille de ce marché ? Comment les implants sont-ils testés avant d'être utilisés chez l'homme ? Quels sont les principaux défis techniques encore existants ? Clément Hébert, chargé de recherche à l’institut des neurosciences de Grenoble et la philosophe Elsa Godart répondent à toutes vos questions sur le sujet.

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00:00 *Musique*
00:04 Les implants neuronaux, voilà notre sujet aujourd'hui de discussion.
00:07 On va répondre à toutes vos questions, elles ont été très nombreuses.
00:11 Bon, on va donner évidemment des définitions, on va voir où on en est en termes de technologie,
00:16 qu'est-ce qu'on sait faire, quelles sont les limites encore aujourd'hui,
00:19 puis on va parler de ces fantasmes aussi que nous vend notamment Elon Musk
00:23 à travers les exploits présentés de sa société Neuralink.
00:27 Est-ce que demain on va vraiment fusionner nos cerveaux avec des intelligences artificielles ?
00:31 On va se poser ce genre de questions qui sont aussi des questions éthiques.
00:34 Alors avec moi pour répondre à vos questions, Eza Godard, bonjour.
00:38 Bonjour.
00:39 Vous êtes docteur en philosophie et en psychologie, chercheuse à l'université Gustave Eiffel
00:43 et associée à l'EHESS-CNRS.
00:46 Vous avez créé et vous dirigez un diplôme universitaire éthique et numérique à l'université de Créteil.
00:52 Vous participez à un comité d'éthico-vigilance au sein de la cellule éthique en santé du numérique.
00:57 Vous êtes évidemment auteur de nombreux ouvrages que je ne vais pas citer ici,
01:02 dont quand même "Éthique de la sincérité et les vies vides" en 2023.
01:06 Vous êtes membre de l'Institut du virtuel, vous travaillez depuis de nombreuses années
01:10 sur ces sujets de l'homme augmenté par la technologie et les questions éthiques que cela pose.
01:15 Donc on est ravi de vous avoir, parce qu'on en a des questions là-dessus.
01:19 Avec vous Clément Hébert est en plateau aussi. Bonjour Clément Hébert.
01:23 Docteur en matériaux pour l'électrophysiologie.
01:26 Vous avez travaillé sur des électrodes en diamant pour la mesure et la stimulation du système nerveux.
01:30 Puis avec l'équipe du professeur Garrido à Barcelone,
01:34 vous avez développé de nouvelles électrodes ainsi que des transistors en graphène.
01:39 En 2019, vous obtenez un financement INSERM-CNRS
01:43 pour monter votre équipe sur le développement d'un plan sans fil, sans batterie,
01:47 communiquant par ultrasons. Et donc actuellement vous êtes chargé de recherche,
01:51 responsable de l'équipe "Un plan neurono sans fil" de l'Institut des neurosciences de Grenoble.
01:56 Moi j'avais une première question avant de passer à celle de nos téléspectateurs.
02:00 Connecter notre cerveau à des machines, ce n'est plus de la science-fiction, on est bien d'accord ?
02:06 Alors les connecter à des machines, plus de la science-fiction.
02:10 En fait ça ferme déjà pas mal d'années, ça fait même plus de 50 ans, 60 ans qu'on est...
02:15 À des machines extérieures de notre corps, je veux dire.
02:18 Oui on est capable de faire de l'enregistrement d'activité des neurones à l'intérieur du cerveau,
02:24 ou de envoyer une impulsion électrique pour générer de l'activité électrique à l'intérieur du cerveau.
02:30 Ça on est capable de le faire depuis vraiment 50 à 60 ans.
02:34 Ce qui a vraiment changé au cours des dernières années, au cours des 20 dernières années,
02:37 c'est qu'on a affiné ces dispositifs, qui sont avec un glissement sémantique,
02:41 ce qu'on va appeler des implants neuronaux.
02:43 En fait l'implant neuronal, à la base, c'est juste le dispositif sur lequel sont posées des électrodes
02:49 qu'on va mettre en contact avec le tissu nerveux, et qui va enregistrer ou stimuler l'activité neuronale.
02:54 Alors là je devais vous répondre à la question d'Olivier.
02:56 Olivier nous a demandé sur X, qu'est-ce qu'un implant neuronal et comment fonctionne-t-il ?
03:01 Donc voilà, l'implant neuronal c'est vraiment ça, c'est cette partie qui est en contact avec le cerveau.
03:07 Maintenant c'est composé d'électrodes qui vont collecter ou stimuler l'activité neuronale.
03:10 Et ces électrodes vont être connectées à un système de mesure ou un générateur de signaux.
03:15 Ce système, jusqu'à il y a quelques années, était externalisé.
03:17 Donc en fait l'implant n'était vraiment que la partie des électrodes.
03:20 Ce qui commence à se passer, c'est que la partie externalisée du système
03:24 qui permet d'enregistrer ou de stimuler l'activité neuronale,
03:26 commence à peu à peu être intégrée avec les électrodes pour être placée à l'intérieur du corps.
03:32 C'est pour ça que vous parliez d'implants, c'est plus que les électrodes, c'est aussi les électrodes plus le système d'enregistrement.
03:38 Et une puce finalement électronique ?
03:40 Oui, il y a une puce électronique, mais qui fait des fonctions très très basiques.
03:44 En fait c'est des fonctions qui vont permettre d'envoyer les signaux toujours à un système externe.
03:50 En fait on n'est pas capable à l'heure actuelle de faire les calculs à l'intérieur du corps.
03:53 En fait votre smartphone ou votre ordinateur il chauffe.
03:56 Si on vous met une puce dans le cerveau, ça va chauffer.
03:58 Et ça votre cerveau n'est pas capable de l'accepter.
04:00 Donc tout ce qui est la partie traitement de l'information, la partie décodage,
04:04 elle est toujours externalisée.
04:06 En l'heure actuelle par contre, ce sont les signaux qui vont être envoyés par système sans fil.
04:12 En fait on va envoyer les signaux pour la communication par système sans fil.
04:16 C'est là vraiment la grosse rupture.
04:18 C'est là-dessus que vous travaillez en l'occurrence ?
04:20 Oui, moi je développe une de ces possibilités.
04:24 En fait le sans fil quand on en parle la plupart du temps ça va être les interfaces électromagnétiques,
04:30 le bluetooth, le wifi et autres.
04:32 Sauf que ces ondes là, elles pénètrent très très mal dans le corps.
04:35 Elles sont absorbées. Comme il y a de l'eau, c'est absorbé par le corps.
04:37 Donc nous ce qu'on utilise, c'est une alternative.
04:40 On utilise les ultrasons. Les ultrasons pénètrent très bien dans le corps.
04:42 Et ça permet d'envoyer de l'énergie pour aller dialoguer avec l'implant.
04:45 Alors, quand je dis dialoguer avec l'implant, pour l'instant nous on en est au stade de concept.
04:49 Il y a des chercheurs américains qui en sont plus sur les nerfs périphériques.
04:52 Au niveau du cerveau, on n'y est pas encore.
04:55 On est vraiment sûr à essayer de...
04:57 Enfin de se passer des fils ce serait avantageux pour nos rallying par exemple.
04:59 Parce qu'on a vu un des patients,
05:01 je t'en ai présenté récemment,
05:03 pouvant jouer à un jeu vidéo à distance juste par la pensée,
05:08 a eu un problème de fils.
05:10 Qui ont eu un glissement, qui sont sortis du crâne.
05:13 Donc ça tout à fait, c'est vraiment les problèmes auxquels nous on est confrontés
05:16 et pour lesquels mon équipe essaye de travailler sans les fils.
05:19 Les fils c'est vraiment un des plus gros cauchemars pour les implants neuronaux.
05:23 C'est ce qui prend le plus de place dans l'implant.
05:26 C'est ce qui va générer parfois des infections.
05:28 Comme il y a un fil, ça va être connecté vers l'extérieur.
05:30 Dans le cas de neuralink, tout à l'intérieur aussi.
05:32 Mais il y a toujours cette connexion entre la partie externe,
05:35 qui est vraiment obligée d'être externalisée,
05:37 toujours un problème pour un problème d'échauffement,
05:39 et l'électrode qui elle est à l'intérieur du cerveau.
05:41 Et là ce qui s'est passé dans le cas du patient,
05:43 pourquoi les fibres sont ressorties ?
05:46 Alors là c'est assez flou.
05:48 Moi j'ai été regarder la communication de neuralink autour de leurs implants
05:51 et très très complexe.
05:53 Donc savoir pourquoi...
05:54 On dit que c'est à cause des mouvements à l'intérieur.
05:56 Oui alors ce qu'il faut voir c'est que le cerveau en fait,
05:58 il y a un afflux sanguin en permanence.
06:00 Et c'est comme ça ne bat pas aussi fort que le coeur,
06:02 mais il y a quand même l'afflux sanguin.
06:03 Donc l'implant est en permanence en train de bouger.
06:05 Et les implants qu'il a, ils ne sont pas vraiment ancrés dans le cerveau.
06:08 Ils essayent de les ancrer, mais il y a des probabilités
06:10 que comme il y a quelque chose qui est accroché à la surface du cerveau,
06:13 avec les mouvements mécaniques, au fur et à mesure, l'implant...
06:16 Donc ça c'est comme ça que moi je l'interprète.
06:18 Mais il n'y a pas eu... Ils n'ont pas montré...
06:20 Oui, ce n'est pas documenté.
06:22 Ce n'est pas documenté.
06:23 On a une question de Jean-Paul, sur X.
06:26 Il nous dit "Où en est-on du contrôle de la pensée par stimulus externe,
06:30 au-delà des travaux de Daito Manabe ?"
06:32 J'imagine que vous connaissez un artiste japonais,
06:35 qui est co-directeur aussi de Rizomatics Research.
06:39 Alors là, ça je n'ai jamais entendu parler.
06:43 Alors contrôle de la pensée,
06:45 il n'y a aucun implant à l'heure actuelle
06:47 qui est capable de faire quelque contrôle de la pensée que ce soit.
06:50 Je pense que le contrôle de la pensée,
06:51 il est mieux fait à l'heure actuelle par le smartphone
06:54 que par les implants neuronaux.
06:56 Par les pratiques des plateformes, on va dire.
06:58 Oui.
06:59 Vous vouliez ajouter quelque chose ?
07:01 Non, c'est...
07:02 Je n'ai pas encore de question éthique, mais ça va arriver.
07:03 Non, non, j'écoute avec grand plaisir.
07:05 Je pense que c'est là où on touche justement les problématiques éthiques.
07:09 Qu'est-ce qu'on entend par la pensée ?
07:10 Qu'est-ce qu'on entend par le contrôle ?
07:12 Les dispositifs de contrôle existent d'autres manières,
07:15 tu cites les smartphones.
07:16 Mais on peut aussi imaginer que, en ce qui concerne la pensée,
07:19 on n'est pas prêt d'avoir une main mise dessus.
07:22 C'est une utopie ou une dystopie.
07:24 Ou une dystopie, oui.
07:25 Alors, Olivier encore sur X qui nous demande
07:27 comment les implants neuronaux sont-ils testés et validés
07:30 avant d'être utilisés sur l'homme ?
07:32 Et si vous avez déjà des premiers retours d'expérience ?
07:36 Alors, c'est un parcours qui est très long.
07:39 C'est vraiment très long.
07:40 On commence avec des expériences in vitro.
07:43 En fait, on va tester les dispositifs avec des cellules
07:45 qu'on va faire pousser sur les dispositifs,
07:47 voir s'ils... déjà, ils ne font pas mourir des cellules
07:49 dans des cultures in vitro.
07:50 Ensuite, on va passer sur l'animal,
07:52 généralement le rongeur.
07:53 On va faire une première batterie de test sur plusieurs mois.
07:56 On va regarder la longévité de l'implant,
07:58 la stabilité des performances, le rejet.
08:00 Parce qu'en fait, les implants, un des gros problèmes,
08:02 c'est qu'ils sont rejetés par le corps.
08:04 C'est un corps étranger.
08:05 Donc le corps va vouloir les retirer et les encapsuler
08:08 de façon à se protéger.
08:09 Donc ça, on va regarder toutes ces étapes-là.
08:11 Une fois que c'est validé,
08:12 qu'on regarde que les performances sont bonnes,
08:14 on va passer sur un animal plus important,
08:16 plus proche de l'homme, le cochon ou le primate non humain.
08:19 Et une fois que les tests sont validés,
08:22 on va passer à une phase qui est clinique.
08:26 - Essai clinique ?
08:27 - Essai clinique.
08:28 Donc là, moi, je ne suis pas exactement à la régulation.
08:31 J'ai des collègues à l'Institut qui font ça.
08:33 Moi, j'ai pas encore de...
08:34 Mes implants ne sont jamais passés sur l'homme.
08:36 Ils ne sont pas prêts d'y passer.
08:37 Mais il y a vraiment cette phase clinique
08:40 où les patients sont sélectionnés par des...
08:44 On va regarder leur profil,
08:46 s'ils sont aptes à pouvoir passer ces tests cliniques.
08:49 Et après la validation clinique,
08:51 il y a une validation pour tout ce qui va être
08:53 le marqué HEE ou FDA,
08:55 pour ensuite, éventuellement,
08:56 pouvoir passer en clinique de routine.
08:59 Et les processus, au global,
09:01 peuvent prendre une vingtaine, vingtaine d'années.
09:03 C'est vraiment très long.
09:06 - Alors, on passe à l'éthique.
09:07 Donc Olivier, toujours sur X, nous demande
09:09 quelles sont les considérations éthiques
09:11 entourant l'utilisation des implants neuronaux.
09:13 Tant que c'est dans un cadre,
09:15 on discutait un petit peu avant cette émission,
09:17 avec Clément, tant qu'on est dans un cadre
09:19 qui est du registre de la médecine, et donc du soin,
09:22 on peut imaginer qu'il y a vraiment de l'espoir
09:25 dans ce domaine-là.
09:26 Et c'est toute la grande question
09:27 qui entoure les implants,
09:28 à savoir, est-ce qu'il s'agit d'augmenter ou de réparer ?
09:31 Quand il s'agit de réparer un état antérieur,
09:34 c'est-à-dire de lui redonner sa validité,
09:36 on peut imaginer que, éthiquement parlant,
09:38 c'est tout à fait souhaitable.
09:39 Néanmoins, quand il s'agit d'augmenter,
09:41 cela suppose une lourde réflexion.
09:43 Cela suppose aussi, en amont,
09:45 de savoir ce qu'on entend par un sujet augmenté,
09:48 c'est-à-dire augmenté par rapport à quoi,
09:50 augmenté vers où, et quelles sont les conséquences.
09:53 Et là, on a vu, en écoutant ce discours,
09:55 on a vu que l'enjeu majeur qui se pose
09:58 autour des implants, il y en a deux,
10:00 c'est la question du fantasme,
10:01 c'est-à-dire finalement une humanité augmentée,
10:03 une humanité fantasmée,
10:05 et c'est la question de la limite.
10:06 Et dans la question des limites,
10:08 celle qu'on doit se poser, c'est de savoir,
10:10 jusqu'où est-ce qu'on est conscients des conséquences,
10:13 jusqu'où pouvons-nous imaginer les conséquences
10:16 d'un développement technoscientifique,
10:18 jusqu'où est-ce qu'on va pouvoir le maîtriser,
10:20 et quand est-ce qu'il va nous échapper,
10:22 dans des usages qu'on n'aurait peut-être
10:24 même pas encore pu anticiper.
10:25 C'est l'Académie de médecine qui redoute
10:27 que ces technologies soient détournées
10:29 de leur usage médical, justement,
10:31 à des fins de transhumanisme.
10:32 Alors, il y a la question du transhumanisme,
10:34 mais les problèmes à dire,
10:35 celles-là, ce sont les plus connues.
10:37 Et Elon Musk, je crois savoir,
10:39 il a fait une arche récente pour aller coloniser Mark.
10:42 Enfin, on peut... Il s'inscrit dans cette vision-là.
10:45 Mais il y en a d'autres, il y a des visions sociales.
10:47 Alors là, on rentre dans le champ de la dystopie,
10:49 parce que je crois qu'on a bien compris
10:50 qu'on n'en est pas du tout à ce stade.
10:52 Mais on peut imaginer...
10:53 D'ailleurs, il y avait eu un problème avec Delgado,
10:56 qui était un des pionniers en termes de développement d'un plan.
10:59 Dans les années 70, il y avait eu toute une problématique,
11:03 et notamment, du contrôle d'une certaine population.
11:07 Donc, à l'époque, dans les années 70,
11:09 il y avait eu un énorme conflit aux Etats-Unis
11:11 concernant ce chercheur,
11:13 parce qu'il imaginait pouvoir contrôler certains comportements.
11:15 Il avait fait un test sur les taureaux, si je m'abuse.
11:18 Et donc, dans ce cadre-là,
11:20 on pouvait imaginer contrôler des émeutiers par un plan.
11:24 Donc là, c'est simplement un petit exemple que je vous montre.
11:26 Mais on peut imaginer aussi
11:28 la problématique du conformisme, de l'uniformisation.
11:31 La question de l'équité.
11:33 Est-ce que ces technologies vont être accessibles à tout le monde,
11:35 ou au contraire qu'à une population dotée d'une certaine somme d'argent ?
11:39 Problématique de manipulation, de manipulation des affaires.
11:42 - Vous créeriez une sorte de nouvelle élite, finalement ?
11:44 - Non seulement une nouvelle élite,
11:45 c'est certain, des gens augmentés qui pourraient avoir les moyens
11:47 de se payer ce type de technologies,
11:49 avec tout ce que ça peut impliquer.
11:51 Mais aussi, une forme de contrôle de masse.
11:53 Et puis, on peut imaginer,
11:55 alors ça, on le fait dans d'autres registres.
11:57 A l'époque, je crois que c'était Rosalind Picard
11:59 qui avait travaillé sur des Google Glass
12:01 pour des enfants autistes.
12:03 Et dont on avait vu que finalement,
12:05 elle était parvenue à établir un lien social
12:07 que les enfants autistes avaient du mal à faire.
12:09 Et ces lunettes pouvaient les aider.
12:11 Et puis quand on a mis ces lunettes
12:14 sur des personnes qui n'avaient pas de problématiques particulières,
12:16 on a vu qu'il y avait une augmentation de l'empathie.
12:18 Alors là, on peut faire un parallèle,
12:20 bien plus probant, même si encore une fois,
12:22 on n'est pas du tout dans ce cadre-là.
12:24 Et j'entends bien, on est dans un registre de dystopie.
12:26 Mais on est obligé de penser aussi le devenir potentiel.
12:28 C'est la problématique des affects et des émotions.
12:32 Pourrait-on fantasmer cette idée
12:34 qu'il puisse y avoir, par exemple,
12:36 un contrôle des émotions, une exacerbation ?
12:38 Il y a toute la question des données.
12:40 Mais encore une fois, on en est très très loin de tout ça.
12:42 - Je peux juste ajouter,
12:44 par rapport à toutes ces questions-là,
12:46 nous, sur le développement technologique,
12:48 dans la plupart des gros projets qu'on monte à l'heure actuelle,
12:50 on est entouré de philosophes
12:52 qui interviennent et dès la conception de l'implant,
12:54 on essaye de réfléchir à l'ensemble de ces questions.
12:58 - Juste une chose de précisé,
13:00 c'est que tu t'inscris vraiment dans un registre curatif,
13:02 et non pas du tout dans une problématique d'augmentation.
13:06 Et ce n'est pas du tout le travail de la science actuellement,
13:08 je crois savoir, en tout cas.
13:10 - Sur la recherche académique.
13:12 - Absolument, on œuvre dans le même sens, ça va de soi.
13:14 Néanmoins, on est obligé d'avoir un principe d'anticipation.
13:17 Moi, je développe...
13:19 - Bien sûr, et puis il y a des entreprises privées,
13:21 comme on l'a cité, celle d'Elon Musk,
13:23 qui affichent d'autres ambitions que les ambitions curatives.
13:26 On passe à la question de Jérôme, sur LinkedIn.
13:29 Il se demande, est-ce qu'il est possible
13:31 de pirater ces implants électriques
13:33 et de prendre le contrôle d'un membre robotisé à distance ?
13:37 - Alors, pour répondre, il faut revenir un peu au début
13:39 de ce qu'on racontait.
13:41 Il y a deux choses séparées dans l'implant.
13:43 Il y a la partie électrode, la partie qui va traiter l'information.
13:46 Cette partie qui traite l'information, pour l'instant, elle est externalisée.
13:49 Si cette partie est connectable avec un Wifi ou autre,
13:52 oui, elle est piratable.
13:54 Si elle est juste connectable à l'implant,
13:56 non, elle ne sera pas piratable.
13:58 Elle sera directement connectée à un réseau local.
14:00 - Vincent, sur LinkedIn, nous demande,
14:02 est-il possible de modifier ce que voit l'utilisateur,
14:05 grâce à un implant neuronal,
14:07 par exemple ajouter des éléments digitaux
14:09 directement dans le champ de vision ?
14:11 Alors, ce sera en réalité augmenté.
14:13 - Là, on est dans le pur fantasme.
14:15 À l'heure actuelle, les implants rétiniens...
14:17 - On le fait bien avec des lunettes.
14:19 - Les implants rétiniens, les premiers,
14:21 ont été vraiment posés sur la rétine.
14:23 On a encore du mal à retrouver une activité visuelle
14:26 telle que celle que vous avez, vous et moi, à l'heure actuelle.
14:29 On retrouve des sensations de vue,
14:31 on peut voir des objets passer avec des contrastes de gris.
14:34 On est très loin d'avoir quelque chose
14:36 qui viendrait s'ajouter à la vision.
14:38 Il y a d'autres implants qui sont des implants
14:41 posés sur le cortex visuel,
14:43 où là, on va essayer de projeter une image,
14:45 mais pareil, on est très loin
14:47 de pouvoir ajouter quelque chose à la vision.
14:49 Là, on est vraiment dans le fantasme.
14:51 C'est quelque chose qui est concevable.
14:53 - C'est ça.
14:54 - Mais qui, à l'heure actuelle, n'est pas possible.
14:56 - Mais aujourd'hui, on ne sait pas faire.
14:58 - Là, on est dans le domaine du concevable, mais qu'on ne sait pas faire.
15:00 - Question de Jean-Paul. Est-ce que c'est réversible ?
15:02 Et quelles sont les conséquences si on retire cet implant ?
15:05 - Alors oui, c'est réversible.
15:07 La plupart des implants,
15:08 enfin, les implants qui sont testés chez l'homme,
15:10 sont réversibles.
15:11 C'est-à-dire qu'ils ont vocation à être exploités.
15:13 En fait, c'est simple, il y a des implants
15:15 qui sont utilisés dans le cadre de...
15:17 - Il y a des dommages qui sont causés par cette explantation ?
15:20 - Alors, de l'explantation, je ne sais pas.
15:22 Moi, je n'ai pas de retour,
15:24 donc là, je ne peux pas vraiment vous dire.
15:25 - D'accord.
15:26 - Sur l'insertion, oui, il y a un peu de dommages.
15:28 Mais déjà, les dispositifs sont les plus fins possibles,
15:30 de façon à être le moins invasif possible.
15:32 Mais il y a un peu de dommages lors de l'insertion.
15:34 - Quel genre, dites-nous ?
15:35 - En fait, c'est juste que le tissu neuronal
15:37 autour de l'implant va être endommagé.
15:39 Mais c'est à l'échelle de peu de choses.
15:42 Donc, il y a la fonctionnalité vitale,
15:44 ou même les fonctionnalités de votre quotidien ne sont pas touchées.
15:46 - Allez, encore une question.
15:48 Quels sont les principaux défis techniques
15:50 rencontrés dans le développement des implants ?
15:52 Ça va nous permettre de terminer sur les perspectives.
15:54 On a évoqué quelques limites déjà ensemble.
15:57 - Les défis techniques, à l'heure actuelle,
15:59 c'est vraiment la longévité de l'implant.
16:01 En fait, c'est ce qu'on voit avec Neuralink.
16:03 Une fois que l'implant est mis dans le corps, il est rejeté.
16:05 Donc, il faut développer toutes les technologies
16:07 qui permettent d'éviter le rejet de l'implant.
16:10 Parce que ça, ça va jouer sur la stabilité des signaux.
16:13 C'est vraiment ce qui se passe en ce moment.
16:15 Si l'implant bouge, ou que l'implant est dégradé,
16:17 puisque le corps est assez corrosif, on va perdre les signaux.
16:21 Du coup, ça c'est un des gros points sur lesquels il faut travailler.
16:25 - D'accord. On a des instituts de recherche sur le marché.
16:28 On a quelques grandes entreprises.
16:30 On a Neuralink, il y a un concurrent qui arrive aussi aux Etats-Unis.
16:33 Il a son nom, mais chape, Synchron.
16:35 Mais qui est bien positionné ?
16:38 Est-ce que c'est plutôt un marché, d'ailleurs,
16:40 plutôt dans le privé ou dans le public ?
16:42 Est-ce qu'il y a un retour sur investissement ?
16:44 Il y a un business aujourd'hui de l'implant neuronal ?
16:46 - C'est très impressionnant.
16:48 C'est la vitesse à laquelle des entreprises comme Neuralink
16:50 ont raté l'état de l'art.
16:52 Par contre, ils ont atteint l'état actuel des connaissances
16:56 ou de ce qu'on est capable de faire.
16:58 Ils n'ont pas encore été vraiment au-delà.
17:00 - Pas plus, oui.
17:02 - Il y a un buzz énorme qu'il y a avec.
17:04 La recherche académique a été beaucoup plus modeste
17:06 et avance depuis beaucoup d'années.
17:08 On est capable de faire du décodage de l'intention de parole
17:10 ou autre depuis pas mal d'années.
17:12 On a été plus modeste dans la communication.
17:14 d'avoir répondu à toutes ces questions de nos téléspectateurs. Merci.

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